Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait réaliser le rêve de Shannen en: a) déclarant que tous les enfants autochtones ont droit à une éducation de qualité supérieure qui tient compte de leur culture; b) s’engageant à fournir toute l’aide financière et stratégique nécessaire pour soutenir les systèmes d’éducation des Premières Nations; c) fournissant un financement qui placera les écoles situées dans les réserves sur un pied d’égalité avec les écoles provinciales qui ne sont pas situées dans les réserves; d) établissant des procédures transparentes pour la construction, le fonctionnement, l’entretien et le remplacement des écoles; e) travaillant en collaboration avec les leaders des Premières Nations dans le but d’établir des normes équitables et des formules pour calculer la taille des classes et pour financer les ressources pédagogiques, le salaire du personnel, les services d’éducation spécialisée et l’éducation en langue autochtone; f) mettant en œuvre des politiques pour faire en sorte que le système d’éducation des Premières Nations soit de qualité égale aux systèmes d’éducation provinciaux.
— Madame la Présidente, d'entrée de jeu, j'indiquerai que je vais partager mon temps avec la députée d'. Je formule le souhait que ma présente intervention jouisse du même intérêt médiatique que les gestes posés lors des dernières journées.
La présentation de cette motion sera modulée selon l'approche mise en avant lors de mes précédentes allocutions. Vous pourrez en attester, madame la Présidente, j'ai fait plusieurs interventions en cette Chambre depuis mon entrée en scène le 2 mai 2011. D'ailleurs, mes détracteurs et ceux qui seraient intéressés peuvent aller vérifier mon état de compte à l'adresse www.openparliament.org. J'ai près de sept pages compilées en ce qui a trait à mes interventions.
Il est à noter que l'analyse des matières incombant aux conditions de vie des communautés aborigènes au pays se prête bien aux considérations empiriques et à la mise en relief des subtilités culturelles. À l'instar de mes précédentes interventions, je vais ramener le discours à sa plus simple expression et m'attarder aux réalités telles que vécues dans les communautés et les rues de ma réserve natale. C'est un peu en lien avec la culture orale de laquelle je suis issu.
La semaine dernière, j'ai eu la chance d'assister à la conférence de presse tenue par le Panel national sur l'éducation primaire et secondaire des Premières nations. À mon grand étonnement, les porte-parole de l'organisation visée ont abordé nombre de points qui témoignent d'une avancée culturellement pertinente permettant l'identification des éléments faisant obstacle à la scolarisation de la jeunesse dans les réserves indiennes. Quelquefois, dans mes interventions, je fais mention de pertinence culturelle et d'approche culturellement intégrée, et c'est un peu sur ces éléments que je vais insister aujourd'hui, puisque les efforts étatiques qui s'observent dans les communautés afin de favoriser l'adhésion et la poursuite des études auprès de la jeunesse se doivent d'être des mesures qui prennent compte des réalités parfois difficiles telles qu'elles sont vécues par les jeunes des communautés. C'est donc une approche qui doit être de terrain.
Le simple fait que ce panel, lors de la rédaction de son rapport, se soit attardé aux causes réelles de l'absentéisme et du décrochage scolaire dans les communautés se doit d'être acclamé. Lors de cette conférence de presse, les intervenants ont également souligné une des plus grandes forces démontrées par la jeunesse vivant dans des conditions adversatives, à savoir la résilience. C'est d'ailleurs une des plus belles preuves de résilience que je fais ce matin. Malgré le fait que des médias à la solde de l'industrie ont tenté de me mettre à terre, je suis encore là aujourd'hui. Il faut comprendre que j'ai mangé dans les poubelles dans ma jeunesse. Il n'y a donc rien de neuf sous le soleil; ça en prend plus que ça pour essayer de m'écraser.
Ces concepts mêmes d'adversité et de résilience seront les éléments centraux de mon intervention, puisque les obstacles à l'apprentissage se perçoivent au quotidien de la jeunesse des Premières nations. L'un des principaux obstacles réside dans le mode de vie cyclique s'étant graduellement imposé au sein des réserves indiennes canadiennes. Lorsque je fais mention de ce mode de vie cyclique, je fais bien sûr référence, dans ma langue, au mitsham shuniau. En fait, ce sont des prestations d'aide sociale, et la vie dans les communautés, dans les réserves modernes, est modulée selon ce versement d'aide sociale.
Les enseignants dans les communautés pourraient attester de ce fait. L'absentéisme dans les classes est beaucoup plus marqué le 1er et le 15 de chaque mois, puisque les chèques sont déposés à ces dates. Alors, les enfants des parents qui sont dysfonctionnels durant ces périodes — et je vous indiquerai plus tard que c'est quand même une bonne partie de la population qui dépend de ces transferts fédéraux — vont ultimement subir les contrecoups de cette dysfonction et ne se présenteront tout simplement pas à l'école, puisqu'ils ont de la difficulté à s'alimenter le matin et à se préparer. On parle d'enfants en bas âge, de l'école secondaire et de l'école primaire.
Cet état de fait se doit d'être pris en compte lors de la mise en oeuvre de programmes scolaires adaptés aux réalités des communautés aborigènes au pays. La tâche incombant aux enseignants et intervenants appelés à oeuvrer auprès des réserves éloignées et durement éprouvées sur le plan social est une tâche d'envergure. Il importe donc d'insister sur la nécessité d'outiller adéquatement les établissements d'enseignement afin de répondre aux besoins des étudiants au cheminement particulier. Quand je parle de cheminement particulier, je ne fais pas nécessairement référence au cheminement scolaire, mais bien au cheminement de vie. Ce n'est pas ainsi dans toutes les communautés, mais selon mon expérience personnelle, dans les communautés d'Uashat-Maliotenam et de la Basse-Côte-Nord, les enfants, dès leur tout jeune âge, sont régulièrement exposés à des éléments déviants et délétères et à des comportements qui seraient jugés inacceptables selon des normes contemporaines, mais qui sont banalisés dans ces communautés puisque c'est au quotidien.
Ces jeunes ont un vécu qui diffère sensiblement de celui des autres jeunes Canadiens. Les enseignants qui seront appelés à se déplacer pour travailler — ils viennent souvent de l'extérieur de la communauté — devront faire cette étude et être préparés à faire face à cette réalité, comme le témoignent le comportement et la psyché des jeunes.
Le caractère dysfonctionnel de plusieurs communautés autochtones au pays est en partie lié au taux de désoeuvrement et de dépendance à l'endroit des organismes de gestion tribaux. Par exemple, dans ma communauté, plus de la moitié des individus en âge d'être actifs sur le plan financier, soit 16 ans et plus, sont dépendants du Mitsham Shuniau, ou l'argent pour manger. En français, cela signifie les transferts au titre de l'aide sociale. Dans certains cas, cela pousse les dirigeants tribaux à dévier le financement vers d'autres priorités établies par le conseil de bande.
Je vais parler du cas d'une communauté de ma circonscription dont je vais taire le nom, parce que c'est tout de même assez infamant. Elle a annoncé qu'en raison de restrictions budgétaires, elle devait restreindre les jours de classe de l'école secondaire à quatre jours par semaine afin de pallier au manque de liquidités. Ce sont ultimement les jeunes qui vont en subir les contrecoups. C'est un exemple concret.
Les efforts investis dans la mise en oeuvre de politiques portant sur le système d'éducation des Premières nations doivent faire en sorte que les fonds alloués à l'éducation ne seront utilisés qu'aux fins des programmes éducatifs visés.
Loin de limiter mon intervention au cas des élèves fréquentant les établissements d'enseignement de niveau primaire et secondaire situés dans les réserves, je transposerai mon raisonnement aux étudiants de niveau postsecondaire qui doivent le plus souvent s'exiler de leur communauté d'origine afin de poursuivre leur cheminement académique. Ces étudiants, tout comme ceux vivant dans les réserves, ont droit à une éducation de qualité qui tient compte des charges additionnelles incombant aux jeunes aborigènes qui désirent faire des études supérieures.
Je vais parler de mon expérience personnelle. J'ai quitté ma communauté d'origine au début de 2000 pour poursuivre mes études collégiales. Par la suite, j'ai joint les rangs de la Faculté de droit de l'Université Laval. En tout, j'ai passé six années dans la ville de Québec. Mon premier contact ne s'est pas fait sans friction. J'ai eu beaucoup de difficulté à m'adapter à la vie urbaine. La réalité dans laquelle j'avais grandi m'a suivi durant ces années. Concrètement, les jeunes qui doivent étudier à l'étranger ou à l'extérieur sont dépendants des transferts du conseil de bande en matière d'éducation. Ce sont donc des rentiers. Imaginons les problèmes qu'on peut avoir à louer un appartement quand sa seule source de revenu est la rente d'un conseil de bande. On devinera que nombre de portes se sont fermées devant moi. J'ai fini par aboutir en résidence. Ce n'est là qu'une des embûches auxquelles doivent faire face les étudiants qui désirent faire des études supérieures, sans compter la rupture avec le mode de vie traditionnel et la distance qui les sépare de leur communauté d'origine.
Je tiens à préciser que ce n'est pas parce qu'on a la tête penchée sur mon BlackBerry qu'on dort nécessairement à son bureau.
:
Madame la Présidente, je remercie le député de pour ses remarques bien senties. C'est un plaisir de travailler avec lui à ce dossier.
Il me semble à propos de commencer mon intervention en faveur de la motion en citant M. Shawn Atleo, le chef national de l'Assemblée des Premières Nations. Je terminerai en transmettant des messages d'enfants. Shawn Atleo a déclaré:
Il est inacceptable qu'au Canada des enfants autochtones ne puissent pas fréquenter une école sécuritaire et saine. Il est inacceptable que l'éducation des Premières Nations du Canada soit assujettie à des lois et des politiques vétustes et à des programmes de financement qui ne tiennent pas compte de normes minimales. Le temps est venu pour la justice et l'équité. Shannen Koostachin s'est battue pour la justice, pour que les jeunes dans son sillon aient droit à une éducation de qualité dans sa communauté, comme tous les jeunes d'un peu partout au Canada. Le temps est venu pour la justice et l'équité. C'est le moment de réaliser le rêve de Shannen.
Le chef national Atleo a aussi fait part d'une triste statistique aux parlementaires. Au Canada, il y a davantage de jeunes autochtones incarcérés que de jeunes autochtones qui terminent leurs études secondaires. Moins de 50 p. 100 des jeunes autochtones obtiennent un diplôme d'études secondaires. Faut-il s'en surprendre quand on sait qu'en moyenne, les élèves des Premières nations reçoivent de 2 000 à 3 000 $ de moins dans le cadre de leurs études que les autres élèves canadiens. Et c'est sans compter l'absence d'investissement dans des ordinateurs, du matériel de laboratoire, des bibliothèques et autres services de base.
Le directeur parlementaire du budget a rapporté en 2009 que près de 10 p. 100 des écoles des Premières nations étaient des structures temporaires et qu'à peine 49 p. 100 d'entre elles étaient en bon état. Beaucoup n'avaient même pas été inspectées. En Alberta et en Colombie-Britannique, 76 p. 100 des écoles des réserves étaient réputées être en piètre état. J'ai moi-même vu des moisissures dans l'école de la Première nation Lubicon, en Alberta.
L'augmentation du financement de l'éducation des enfants autochtones est plafonnée à 2 p. 100 par année depuis 1996. Je m'étonne que cette mesure ait été imposée l'année suivant la publication du rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones, qui recommandait une hausse marquée des investissements. En 2009-2010, il manquait 620 millions de dollars en financement aux écoles, pour un total cumulatif estimé à 1,2 milliard de dollars depuis 1996.
Le directeur parlementaire du budget a abondé dans le sens d'une conclusion de la vérificatrice générale selon laquelle la formule applicable aux écoles administrées par les bandes était restée inchangée depuis la fin des années 1980 et devait être revue. Dans son dernier rapport, en juin 2011, la vérificatrice générale Sheila Fraser a critiqué l'immobilisme du gouvernement relativement aux disparités croissantes dans les possibilités de scolarisation et les taux de diplomation des enfants des Premières nations. Je la cite:
Ce qui est réellement troublant, toutefois, c’est la stagnation. L’an dernier, le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien a indiqué qu’entre 2001 et 2006, il n’y a eu à peu près aucune amélioration du bien-être des communautés des Premières nations. Dans un pays aussi riche que le Canada, un tel écart est tout simplement inacceptable.
Elle a reproché au gouvernement de ne pas avoir exécuté le plan d'action relatif à l'éducation postsecondaire que le Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes et elle avaient proposé en 2004. De concert, ils avaient préconisé l'adoption d'une stratégie et d'un plan d'action exhaustif pour combler des lacunes criantes. La vérificatrice générale a affirmé que l'éducation joue un rôle capital en vue de porter les autochtones à un niveau socioéconomique comparable à celui des autres Canadiens. Je la cite encore: « L’enseignement postsecondaire pourrait, en effet, accroître les possibilités d’emploi pour les membres des Premières nations. »
En novembre dernier, j'ai demandé au gouvernement quand il s'engagerait enfin à mettre fin à la discrimination dans le financement de l'éducation des enfants autochtones. Le a répondu qu'un autre comité national avait été nommé pour proposer un plan d'action. Ce plan d'action a été rendu public. Ses conclusions et ses recommandations reflètent celles de chaque rapport des dix dernières années. Le document contenait un appel indéniable à une action immédiate, et la motion s'inscrit dans la foulée de ses recommandations.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, la semaine dernière, lorsqu'on a demandé au ministre si le gouvernement allait enfin mettre un terme à la discrimination et investir dans l'éducation et les possibilités économiques pour les enfants des Premières nations, il a répondu qu'à son avis, le rapport traduit de belles aspirations. Même si le gouvernement ignore les rapports qui sont présentés et les inégalités qui persistent depuis des décennies, et même si ses engagements internationaux ne suffisent pas à le pousser à agir dans ce domaine, peut-être qu'il sera à l'écoute des enfants canadiens. Hier, plus de 400 enfants du primaire sont venus sur la Colline du Parlement pour transmettre leur message au gouvernement. Il s'agissait d'un message clair. Les enfants autochtones ont le droit de recevoir une aussi bonne éducation que les autres enfants.
Ces enfants figurent parmi les nombreux enfants du pays qui sont déterminés à poursuivre l'oeuvre de Shannen Koostachin et à réaliser son rêve, qui consistait à offrir aux enfants de sa collectivité, Attawapiskat, et de toutes les collectivités des Premières nations, l'accès à des écoles et à une éducation de qualité. Ce fut pour moi un plaisir de remettre au Cabinet du l'école fabriquée à la main par les enfants, qui était remplie de lettres. Ils attendront impatiemment sa réponse.
Le mois dernier, une délégation d'élèves autochtones s'est rendue à Genève pour exprimer ses préoccupations au Comité des droits de l'enfant des Nations Unies. Ces élèves ont souligné que le gouvernement ne respecte pas son engagement international, qui consiste à mettre fin à la discrimination en ce qui concerne l'accès à l'éducation. Ils se sont dits préoccupés par le fait que le Canada manque aux engagements énoncés dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et la Convention relative aux droits de l'enfant. Ils ont déclaré que le Canada n'avait pas encore pris les mesures nécessaires pour offrir aux enfants des Premières nations l'éducation de qualité à laquelle ils ont droit, qui devra être offerte dans leur propre langue, par leur propre peuple et respecter leur propre culture.
J'aimerais vous lire deux de leurs lettres, qui sont très sincères. La première a été écrite par Christa. Voici ce qu'elle avait à dire:
Il y a très longtemps, nos ancêtres ont conclu un « traité » avec les Blancs, dans lequel il était question d'éducation. À l'heure actuelle, le gouvernement ne nous donne pas le même montant d'argent qu'aux autres; il nous en donne moins. C'est injuste. À mon avis, c'est du racisme. Le moment est venu de tenir tête au gouvernement et de lui rappeler l'existence de ce traité. Nous nous battrons pour cela. Nous voulons avoir accès à l'éducation nous aussi.
Dans sa lettre, qui a été remise au comité des Nations Unies, Jeremy déclarait ceci:
Ça me met en colère que le gouvernement nous prive de cet argent. Il est injuste que nous ne disposions pas des mêmes sommes d'argent que les autres écoles près de notre collectivité. Tout comme eux, nous voulons apprendre. Pourquoi notre situation est-elle différente? Nous aussi, nous avons des rêves, et nous voulons les réaliser. Sans ce financement, certains ne pourront pas aller au collège ou à l'université. Nous devons avoir accès à l'éducation pour réussir dans la vie.
Pour conclure, j'aimerais citer un appel à l'aide que Savannah Thomas, une étudiante autochtone du Manitoba, m'a fait parvenir la semaine dernière. Voici ce qu'elle a écrit:
Je suis une Autochtone de 19 ans qui a passé les trois dernières années à essayer de terminer sa 12e année. J'ai abandonné à deux reprises pour travailler dans un Domino's Pizza. Je gagne un peu d'argent, puis je reprends mes études.
Actuellement, je n'ai aucun revenu. Je vais bientôt obtenir mon diplôme d'études secondaires au University of Winnipeg Collegiate.
J'entends beaucoup parler du fait que tant de jeunes Autochtones ne terminent pas leurs études. Dans mon cas, c'est parce que je manque d'argent, et que je ne reçois l'aide de personne, sauf de mes grands-parents, qui m'ont donné ce qu'ils ont pu ces deux dernières années pour m'aider à rester aux études. Ce sont des pensionnés âgés qui n'ont pas beaucoup à offrir.
Je suis certaine que beaucoup d'autres jeunes doivent faire face à ce genre de problème. Que faire quand personne n'écoute? L'autre jour, en lisant, j'ai appris la réponse du gouvernement à la récente étude sur l'éducation chez les Autochtones. Il paraît qu'elle est aspiratoire, mais ça ne m'aidera pas du tout. Il faut quand même que j'aie de quoi me nourrir et me vêtir pour pouvoir rester aux études.
Nous devons peut-être nous pencher sur des cas particuliers dans tout le pays. À qui peuvent s'adresser les jeunes Autochtones des milieux urbains lorsqu'ils ont besoin d'aide? Dans ma collectivité autochtone, il n'y a pas d'école secondaire. Beaucoup d'entre nous n'ont donc pas le choix de vivre à la ville. Mais dès que nous quittons nos collectivités, nous tombons dans l'oubli. Nos droits sont irrévocables et devraient s'étendre au-delà des limites des collectivités des Premières nations.
Savannah m'a dit que son souhait est de pouvoir obtenir son diplôme d'études secondaires en vue d'étudier les sciences de la Terre pour contribuer à la protection de l'environnement. Que pourrait-il y avoir de plus important qu'investir dans l'avenir de Savannah et de tous les enfants autochtones?
:
Madame la Présidente, d'entrée de jeu, je remercie les habitants de la magnifique circonscription de , particulièrement les membres des 42 Premières nations qui y vivent et les citoyens dévoués qui s'occupent, dans les localités et les villes de la circonscription, du dossier de l'éducation des Premières nations. Je leur suis reconnaissant de la contribution qu'ils ont faite au cours des deux dernières années alors que nous nous employons ensemble à renforcer le système d'éducation pour les membres des Premières nations, dans les réserves et à l'extérieur de celles-ci.
Je remercie le député des observations qu'il a émises et lui sais gré d'avoir attiré notre attention sur cette importante question.
Évidemment, nous avons passablement de choses à dire à ce sujet et je profiterai de mon intervention de ce matin pour les exposer. Nous avons à notre actif des réalisations importantes, dont certaines sont récentes.
[Français]
Je remercie l'honorable député d'avoir présenté cette motion, et je l'informe de mon soutien. L'amélioration de l'éducation offerte aux étudiants des collectivités des Premières nations — et l'amélioration des conditions d'apprentissage de ces enfants — doit être l'une de nos plus grandes priorités ici, à la Chambre. Les enfants des Premières nations doivent avoir accès aux mêmes possibilités que les enfants qui vivent hors réserve.
[Traduction]
Les enjeux sont tout simplement trop élevés pour que nous ne traitions pas l'éducation des Premières nations comme une priorité. En fait, les enjeux ne pourraient pas être plus grands. D'abord et avant tout, une éducation de qualité permet aux gens qui en bénéficient, sans égard à leur origine sociale, de mener une vie plus satisfaisante et plus épanouissante.
[Français]
Nous savons également que dans l'économie d'aujourd'hui fondée sur le savoir, une éducation de qualité est une composante essentielle au succès professionnel et à l'enrichissement de la collectivité. La mondialisation continue et les rapides progrès technologiques exigent de nouvelles compétences et de nouvelles connaissances pour entrer sur le marché du travail. En fait, toutes les études révèlent qu'environ les deux tiers de tous les nouveaux emplois nécessiteront des études supérieures ou une formation poussée.
[Traduction]
Ce qui est peut-être moins bien connu, c'est que dans le monde actuel, il est crucial que les collectivités autochtones bénéficient d'une éducation de qualité. C'est particulièrement crucial pour ces Canadiens compte tenu des importants projets entrepris dans les régions, particulièrement dans le Nord et dans la belle circonscription de Kenora, et du développement rapide d'industries nouvelles et traditionnelles, notamment dans le secteur des ressources minières.
Les Premières nations constituent un groupe beaucoup plus jeune que le reste des Canadiens. L'âge moyen de nos concitoyens autochtones est inférieur de 15 ans à celui des autres Canadiens, soit de 25 ans par rapport à 40 ans. Qui plus est, au cours de la dernière décennie au Canada, la croissance de la population autochtone a été cinq fois supérieure à celle de la population non autochtone.
Autrement dit, les jeunes des collectivités autochtones forment le segment de la population canadienne qui croît le plus rapidement et, dans l'avenir, ce sont eux qui pourraient participer de la façon la plus dynamique au marché du travail. Si le Canada veut éviter les pénuries de main-d'oeuvre, qui sont prévues dans diverses industries, et stimuler l'innovation et l'entrepreneurship, il faut que les enfants autochtones reçoivent une éducation de qualité.
Dans un monde où les emplois les mieux rémunérés sont occupés par des gens qui possèdent non seulement de solides connaissances et des compétences qu'ils sont avides d'utiliser, mais également des esprits vifs qui ne demandent qu'à entreprendre de nouveaux projets, le Canada ne pourra réaliser tout son potentiel que si les jeunes membres des Premières nations sont bien préparés pour s'insérer dans le marché du travail stimulant de l'avenir.
[Français]
Ces propos ont été réitérés à la rencontre entre la Couronne et les Premières nations qui a eu lieu en janvier. Le Gouverneur général a déclaré que notre avenir reposait sur notre capacité de partager avec les autres, d'apprendre les uns des autres et de créer les conditions permettant aux Autochtones comme aux non-Autochtones de prospérer dans l'égalité, selon les espoirs et les rêves de chacun.
[Traduction]
Quel est l'état actuel du système d'éducation destiné aux enfants des Premières nations? Le gouvernement fédéral dépense environ 1,5 milliard de dollars par année pour financer des écoles primaires et secondaires qui accueillent 117 500 élèves dans les réserves indiennes.
[Français]
C'est beaucoup d'argent. Or cet investissement ne nous permet pas d'obtenir les résultats escomptés. Les résultats des étudiants des Premières nations en matière d'éducation ne s'amélioreront pas aussi rapidement qu'ils le devraient.
[Traduction]
Nous collaborons avec nos partenaires des Premières nations pour améliorer le taux d'obtention du certificat d'études secondaires parmi les élèves des Premières nations. Actuellement, ce taux est considérablement inférieur parmi les jeunes qui vivent dans les réserves, comparativement aux autres Canadiens. Nous en sommes conscients. Or, les perspectives sont considérablement moindres sur le marché du travail lorsqu'on n'a pas terminé ses études secondaires.
En outre, le gouvernement consacre actuellement plus de 820 millions de dollars par année aux programmes d'aide sociale. Nous devons trouver des moyens d'utiliser ces programmes pour mieux préparer les Premières nations à s'intégrer au marché du travail.
[Français]
Nous devons prendre des mesures pour inciter un plus grand nombre de filles et de garçons des collectivités des Premières nations à rester à l'école. Nous devons nous efforcer d'améliorer les résultats des filles et des garçons des collectivités des Premières nations en matière d'éducation.
Nous devons aider ces jeunes à terminer leurs études pour leur permettre d'acquérir les compétences dont ils ont besoin pour entrer sur le marché du travail, où l'on prévoit une importante pénurie de main-d'oeuvre d'ici les cinq à dix prochaines années. Il faudrait notamment doter jusqu'à 190 000 postes en Alberta et 80 000 postes en Saskatchewan. Avec une bonne éducation et un soutien approprié, ces jeunes pourront demeurer en permanence sur le marché du travail et profiter pleinement des perspectives offertes par l'économie canadienne.
[Traduction]
Outiller les enfants des Premières nations pour qu'ils réussissent mieux leurs études et qu'ils aient de meilleures chances de réussir par la suite, sur les plans personnel et professionnel, n'est pas une tâche facile. La question de l'éducation au sein des Premières nations est complexe parce qu'elle est gérée par plusieurs administrations publiques, parce que, pour s'instruire, les enfants des Premières nations doivent surmonter des difficultés qui leur sont propres et parce que l'éducation est une question complexe de toute manière.
C'est pourquoi notre gouvernement se concentre sur des partenariats concrets, y compris deux nouveaux programmes qui sont déjà en marche et qui favoriseront l'amélioration à long terme de l'éducation des Premières nations. Ces deux programmes nous aident à mettre en oeuvre des mesures clés, dans les écoles, en nous inspirant de systèmes d'enseignement secondaire à haut rendement qui sont assez répandus ailleurs au pays.
[Français]
Le premier est le Programme de réussite scolaire des étudiants des Premières nations. Ce programme a été créé pour aider les collectivités des Premières nations à élaborer des plans de réussite scolaire, à effectuer des évaluations de l'apprentissage des étudiants et à mettre en place des mesures de rendement qui permettront aux écoles d'évaluer les progrès et de leurs écoles et de leurs étudiants, et d'en rendre compte. Le programme met plus particulièrement l'accent sur les projets que ces écoles peuvent mettre en oeuvre pour améliorer la maîtrise de la lecture, de l'écriture et du calcul, ainsi que la persévérance scolaire chez les étudiants.
[Traduction]
Le programme encourage les Premières nations à travailler ensemble pour réaliser des projets, ainsi qu'à s'aligner sur les provinces en mettant en oeuvre des évaluations comparables et en améliorant les normes générales d'instruction dans les collectivités des Premières nations.
Nous avons également fait avancer les travaux relatifs au Système d'information sur l'éducation. Il s'agit d'un système de données unique conçu pour assurer le suivi du rendement, ce qui permet de répondre directement à l'une des principales préoccupations soulevées par le Bureau du vérificateur général.
[Français]
Je suis heureux de mentionner que 92 p. 100 des étudiants des Premières nations au pays bénéficient du Programme de réussite scolaire des étudiants des Premières nations. L'enthousiasme avec lequel le programme a été adopté montre bien qu'il fonctionne et que les administrateurs, les enseignants et les étudiants des écoles des Premières nations en reconnaissent la valeur.
[Traduction]
Le deuxième programme dont je veux discuter est le Programme des partenariats en éducation. Cette initiative sensée permet d'établir et de renforcer des relations de travail officielles et pratiques entre les fonctionnaires et les éducateurs des organisations et des écoles régionales des Premières nations et ceux des systèmes provinciaux. Je suis heureux d'annoncer que, depuis 2008, le gouvernement s'est servi de ce programme pour conclure cinq protocoles d'entente tripartites sur l'éducation avec des gouvernements provinciaux, ainsi que des collectivités et des organisations des Premières Nations au Nouveau-Brunswick, au Manitoba, en Alberta et à l'Île-du-Prince-Édouard. Nous avons également signé un accord sous-régional avec le Conseil tribal de Saskatoon et, comme je l'ai mentionné dans mon intervention précédente, nous avons aussi conclu récemment un accord avec la Colombie-Britannique.
Grâce à nos efforts, les accords de partenariat pratique entre le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et les collectivités des Premières Nations couvrent maintenant l'éducation d'approximativement 58 p. 100 des collectivités des Premières Nations admissibles qui sont représentées dans les partenariats tripartites officiels.
Le 27 janvier 2012, nous avons signé un accord-cadre tripartite en matière d'éducation avec la Colombie-Britannique et le Comité de coordination de l'éducation des Premières nations. Cet accord tripartite vise à s'assurer que les élèves des Premières nations reçoivent une éducation comparable à celle des autres élèves canadiens afin qu'ils puissent, s'ils sont transférés dans le système provincial, poursuivre leurs études au même niveau. J'ajouterais que c'est un important indicateur de réussite dans les collèges et les universités. L'un de nos principaux objectifs sera évidemment de réduire et, si possible, d'éliminer le nombre d'années de préparation au collège ou à l'université dont les élèves des Premières nations auraient besoin avant de pouvoir entamer un programme dans une faculté.
Nos efforts ne s'arrêtent pas là. Nous sommes actuellement en train de rédiger des accords tripartites avec le Québec, le Labrador, l'Ontario et le Yukon.
[Français]
D'ailleurs, demain, vendredi, je me joindrai à la Première nation de Chisasibi, au Québec, pour la grande ouverture de la nouvelle école élémentaire de cette collectivité. Cette nouvelle école témoigne elle aussi de notre engagement commun à offrir aux étudiants des Premières nations les outils et les installations dont ils ont besoin pour réussir.
[Traduction]
Je suis heureux de dire à mes collègues que pas moins de trois écoles ont été ouvertes dans la merveilleuse circonscription de Kenora ces dernières années et qu'une autre ouvrira sous peu ses portes. Dans certains cas, il s'agissait d'écoles qui auraient dû être remplacées depuis plus de quinze ans, mais qui avaient été oubliées par les administrations et les gouvernements précédents. La Première nation Lac Seul — l'une des Premières nations ayant la plus riche histoire parmi celles de la région de Sioux Lookout — a ainsi pu obtenu sa première école.
Grâce au Programme des partenariats en éducation, plusieurs partenaires collaborent et mettent en commun leur expertise et leurs services. Cette collaboration permet non seulement d'améliorer le milieu de l'éducation, mais, surtout, et personne ne pourra le contester, de veiller — dans le respect du cadre établi — à ce que les Premières nations aient accès à des installations adéquates. Ainsi, les jeunes Autochtones pourront aller à l'école dans de belles installations et célébrer l'apprentissage.
[Français]
C'est toutefois le chef David Peter-Paul de la Première nation de Pabineau, au Nouveau-Brunswick, qui a donné la meilleure raison pour cette approche de partenariat pratique. Il affirme que ces accords avant-gardistes, comme celui qui a été conclu dans sa province, permettent de faire en sorte que les enfants des Premières nations soient mieux instruits et mieux préparés à relever les défis du XXIe siècle.
[Traduction]
Je ne saurais mieux dire. Grâce à ces partenariats en matière d'éducation, on a commencé à surmonter les obstacles structurels aux progrès cernés dans le rapport du vérificateur général. Les députés ne sont évidemment pas obligés de me croire sur parole. Le succès de ces partenariats a été si fulgurant que des chefs de Premières nations et des représentants de provinces de partout au Canada ont affirmé qu'ils souhaitaient établir des ententes tripartites semblables.
Je peux garantir à la Chambre que le gouvernement, en collaboration avec ses partenaires, élaborera d'autres ententes de ce type dans les mois et les années à venir.
[Français]
Nous nous servons aussi du succès de ces accords tripartites comme tremplin pour mettre en oeuvre la prochaine étape de la réforme fondée sur le partenariat. Notre gouvernement continuera de travailler avec des groupes des Premières nations et d'autres partenaires intéressés, afin de surmonter les obstacles qui les entravent.
[Traduction]
Le gouvernement sait qu'il faut travailler en partenariat avec les Premières nations pour surmonter ces obstacles. Il n'y a pas d'autre façon de procéder.
L'été dernier, nous nous sommes joints à Shawn Atleo, chef national de l'Assemblée des Premières nations et grand défenseur de la cause de l'éducation des Autochtones, pour annoncer la mise en place d'un plan d'action conjoint Canada-Premières nations. L'une des priorités de ce plan portait sur l'éducation et sur la création d'un panel national non partisan sur l'éducation primaire et secondaire des Premières nations. Nous avons demandé aux membres du panel de se rendre dans les collectivités des Premières nations de partout au pays, afin de découvrir les points de vue des dirigeants, des parents, des étudiants, des aînés et des enseignants des Premières nations à propos des gestes que nous pourrions poser pour améliorer l'éducation offerte aux enfants vivant dans les réserves. De nombreux autres Canadiens ont aussi pu contribuer à ces travaux importants grâce au site Web du panel.
[Français]
Je me permets de rapporter un commentaire formulé par Kenzie, un élève de 7e année de la Première nation de Cross Lake, au Manitoba, une communauté où j'ai travaillé comme infirmier il y a plus de 7 ou 8 ans. Il disait que, peu importe la forme qu'elle prenait, l'éducation leur était utile, qu'ils devenaient de meilleures personnes et de meilleurs citoyens, et qu'ils pouvaient aussi avoir une meilleure vie.
[Traduction]
Nous sommes reconnaissants aux membres du panel national, dont l'excellent travail guidera nos gestes pendant les mois et les années à venir. Le rapport du panel a été publié la semaine dernière. Il contient d'excellents commentaires et recommandations sur les prochaines mesures à prendre pour améliorer l'éducation dans les réserves. Le panel a rendu un précieux service aux jeunes des Premières nations, puisqu'il propose une série de mesures concrètes et de recommandations qui visent à assurer la réussite scolaire des enfants des Premières nations et à les aider à cultiver leurs talents et à réaliser leurs rêves.
[Français]
Nous allons désormais travailler en collaboration avec l'Assemblée des Premières Nations et d'autres groupes intéressés pour examiner et mettre en oeuvre les recommandations du comité visant à améliorer l'éducation des Premières nations, de la maternelle à la 12e année.
Notre objectif global demeure toutefois sensiblement le même: offrir aux étudiants des Premières nations une éducation de qualité qui leur permette de concrétiser leurs aspirations et d'acquérir les compétences dont ils ont besoin pour entrer sur le marché du travail et contribuer pleinement à la solidité de l'économie canadienne.
[Traduction]
Comme mon temps de parole tire à sa fin, j'aimerais souligner encore que le gouvernement est résolu à ce que les apprenants autochtones puissent profiter des mêmes possibilités que les autres Canadiens. Cette motion représente aussi un point de rencontre entre tous les partis de la Chambre. Elle tient compte du fait que, s'il reste des défis structuraux à relever et des questions à régler en matière de ressources, le succès ne dépend pas exclusivement de ces deux éléments. Elle exige un esprit de partenariat, ici à la Chambre, et des discussions de fond non partisanes sur les façons de travailler avec les collectivités, les dirigeants et les organismes des Premières nations, ainsi qu'avec les provinces, de manière à améliorer le sort des étudiants autochtones et à leur offrir une meilleure éducation.
J'aimerais remercier le pour le dynamisme extraordinaire qu'il déploie dans le domaine de l'éducation et pour ses collaborations importantes avec le chef national Shawn Atleo, les provinces et différents intéressés de partout au pays. Je le remercie aussi de m'avoir donné l'occasion de travailler en étroite collaboration avec lui-même et mes collègues du comité permanent, non seulement au sein du comité mais aussi dans une multitude d'autres contextes. Le caucus nous offre un soutien extraordinaire, qui nous permet de prendre des mesures décisives afin d'améliorer l'éducation dans les collectivités des Premières nations de partout dans notre merveilleux pays.
:
Madame la Présidente, je suis heureuse de prendre la parole aujourd’hui au nom du Parti libéral pour examiner la motion sur le rêve de Shannen, présentée à l’occasion de la journée de l’opposition. C’est une initiative du député de , mais je dois avouer que je suis déçue du geste qu’a posé le député, au début de ce très sérieux débat, alors qu’il tentait sans grand succès de faire de l’humour.
Cela me donne en outre une très belle occasion de remercier les personnes qui m’aident quotidiennement à faire mon travail: le très honorable Paul Martin; notre chef, le député de Toronto-Centre; l’ancien ministre Andy Scott; les membres de la Commission sur les peuples autochtones; les anciens candidats autochtones et en particulier Cynthia Wesley-Esquimaux; nos collègues autochtones au Sénat. Je veux aussi remercier Daniel Rubinstein et Rick Theis, deux membres du personnel de mon bureau. C’est un volumineux dossier, et il me serait tout à fait impossible de le gérer seule.
La motion d’aujourd’hui a été inspirée par les propos courageux et le travail de Mme Shannen Koostachin, de la Première nation d’Attawapiskat, qui a porté à l’attention des Canadiens le fossé qui sépare les systèmes d’éducation des Premières nations et ceux du reste du pays. Elle a perdu la vie tragiquement dans un accident de la route avant d’avoir pu réaliser son rêve et offrir aux enfants autochtones une éducation d’aussi bonne qualité que celle des autres enfants.
Je pense qu’il conviendrait également d’applaudir le dynamisme et le travail inlassable de Cindy Blackstock et de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières nations du Canada, qui Dieu merci est toujours là pour nous encourager à faire mieux. Lorsque des gens partout au pays demandent ce qu’ils peuvent faire, il faut les envoyer sur le site Web de la société. Là ils trouveront de l’information pour comprendre le rêve de Shannen, le principe de Jordan et la campagne « Je suis un témoin » des Premières nations et ils auront le sentiment qu’ils peuvent faire quelque chose pour dénoncer cette situation déplorable, alors que de plus en plus de causes dans notre pays se résument à la promesse de poursuites devant les tribunaux.
[Français]
De la part de mes collègues libéraux, j'aimerais rendre hommage à Shannen Koostachin et réitérer notre appui entier pour le rêve de Shannen et réclamer la fin de l'écart dans le financement de l'éducation des Premières nations.
Nous soutenons le droit de chaque étudiant autochtone à une éducation de qualité et culturellement appropriée. Pour atteindre ce droit, le gouvernement fédéral doit: travailler en consultation et en partenariat avec les Premières nations pour, premièrement, admettre qu'un écart dans le financement existe, ce que refuse de faire le ; collaborer avec les Premières nations afin d'établir un cadre pour le financement de l'éducation fondé sur les besoins et les coûts réels; créer les structures pour garantir le succès et également une imputabilité mutuelle en matière de résultats quant à l'éducation des Premières nations.
[Traduction]
Le récent rapport du Panel national sur l’éducation primaire et secondaire des Premières nations concluait qu’il n’y a pas de système d’éducation des Premières nations au Canada. Ce qui existe plutôt, c’est une mosaïque de politiques et de programmes non coordonnés, sans obligation redditionnelle et sous-financés, qui n’aident en rien les étudiants des Premières nations.
Le panel a entendu les membres des Premières nations exposer de nombreuses lacunes, y compris: l’absence de rapports réguliers sur les réalisations scolaires des enfants; la mauvaise qualité des rapports sur les besoins d’apprentissage; le caractère inadéquat des programmes de littératie et de numératie, quand ce n’est pas leur absence; l’absence de tout système valable ou fonctionnel pour répondre aux besoins spéciaux; le manque de financement ou de soutien pour les programmes de langue et de culture; des installations scolaires inadéquates, y compris au moins 100 écoles qui ne sont pas conformes aux normes sur le plan physique et qui ne sont pas des endroits sûrs pour l’apprentissage; des programmes très limités pour l’apprentissage à distance; le manque de soutien technologique ou de bibliothèque; des écarts importants en matière de rémunération, de soutien institutionnel et d’avantages sociaux pour le personnel des écoles, y compris les enseignants et les directeurs.
Contrairement au système d’éducation provincial, où la loi garantit l’éducation et le financement en fonction des coûts et des besoins réels, aucune loi ne régit l’éducation des Premières nations, et un plafond s'applique actuellement aux hausses du financement.
Étant donné ces écarts majeurs, il n'est pas étonnant que les résultats scolaires des apprenants autochtones dans les réserves soient aussi faibles, une situation inadmissible. Selon le Rapport ministériel sur le rendement de 2010 du ministère des Affaires autochtones, le taux d'obtention de diplômes d'études secondaires chez les autochtones vivant sur une réserve était d'à peine 33,3 p. 100 en 2009-2010. Le taux de diplomation a même chuté de 7 p. 100 de 2008 à 2009.
[Français]
Par comparaison, 77 p. 100 des Canadiens non autochtones ont un diplôme d'études secondaires.
La vérificatrice générale a noté qu'à ce rythme, il faudrait 28 ans pour que les communautés des Premières nations rattrapent leur retard en matière d'éducation.
[Traduction]
La scolarisation insuffisante est directement liée au taux anormalement élevé d'incarcération des Autochtones au Canada. Ainsi, selon le recensement de 2006, en Alberta, le taux d'incarcération des jeunes adultes autochtones sans diplôme d'études secondaires et chômeurs était de 46,1 p. 1000, contre 2,4 p. 1000 pour ceux qui étaient diplômés du secondaire et qui occupaient un emploi.
Le sous-financement chronique de l'éducation des Premières nations est l'un des grands obstacles pour combler cet écart. C'est une honte que le continue de le nier.
Pour sa gouverne, voici les faits. Compte tenu de la croissance démographique et de l'inflation, le financement fédéral de la scolarisation des Premières nations de la maternelle à la fin du secondaire aurait dû croître à raison de 6,3 p. 100 par année. Or, les conservateurs ont maintenu le plafond de financement à 2 p. 100 par année.
[Français]
Parallèlement, le financement provincial de l'éducation de la maternelle à la 12e année a augmenté au rythme de plus de 4 p. 100 depuis 1996.
Cela a créé un déficit de financement d'environ 2 000 $ à 3 000 $ par étudiant et par année.
[Traduction]
Selon les calculs de l'Assemblée des Premières Nations, il manquait 620 millions de dollars en 2009-2010 et 1 milliard depuis 2006 pour financer la scolarisation des Premières nations. Le sous-financement ne tient aucun compte des besoins relatifs aux services de base, notamment les bibliothèques, la formation en langue autochtone, les services de soutien comme l'éducation spécialisée et la conception d'un programme d'études adapté à la culture. Ce sont tous autant d'éléments dont la formule de financement de l'éducation des Premières nations du ministère des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien ne tient pas compte.
Les derniers rapports du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones et du Bureau du vérificateur général, de même que celui du panel national, pressent tous le gouvernement fédéral de mettre un terme à son sous-financement chronique de l'éducation des Premières nations et de fonder plutôt le financement octroyé sur des inducteurs de coûts réels.
Même les provinces appellent le gouvernement à assumer ses responsabilités morales, légales et constitutionnelles en assurant un financement équivalent. Hier encore, dans son rapport au gouvernement de l'Ontario, Don Drummond recommandait d'exercer de fortes pressions sur le gouvernement fédéral pour qu'il finance la scolarisation des Premières nations dans les réserves au moins à parité avec le financement provincial par élève à l'élémentaire et au secondaire.
Dans un même ordre d'idées, le comité sénatorial a conclu ce qui suit, en décembre dernier, dans son rapport intitulé La réforme de l’éducation chez les Premières nations:
[...] nous croyons qu’une nouvelle formule de financement négociée par les parties et fondée sur des inducteurs de coûts réels, doit être élaborée pour remplacer le système actuel des accords de contribution.
La semaine dernière, le panel national a recommandé que le gouvernement veille à fournir les fonds nécessaires pour soutenir un système d'éducation des Premières nations qui répondrait aux besoins des apprenants autochtones, dans les collectivités des Premières nations et ailleurs au Canada. Il a souligné ce qui suit:
[...] il semble évident que la plupart des écoles des Premières Nations ne disposent pas de ressources suffisantes pour aider adéquatement leurs élèves à réussir.
Il est important de souligner que le comité sénatorial et le panel national ont tous deux réaffirmé que le financement à lui seul ne résoudra pas le problème. Il doit être accompagné d'un plan pour créer un nouveau système d'éducation des Premières nations, axé sur une loi sur l'éducation des Premières nations élaborée conjointement. Voilà pourquoi le panel national a recommandé que les mesures suivantes soient mises en place dès le prochain budget: mettre en place un nouveau modèle de financement, conjugué à des normes de reddition de comptes, tant pour les dépenses que pour les résultats; accroître le financement destiné à l’éducation pour l’année scolaire 2012-2013 d’un pourcentage égal au pourcentage de l'augmentation accordée aux écoles publiques de la province; augmenter le salaire des enseignants et des administrateurs afin qu’il rejoigne celui de leurs homologues provinciaux pour embaucher et conserver les éducateurs et investir immédiatement dans des programmes d'alphabétisation chez les jeunes enfants.
Mes collègues libéraux et moi sommes complètement d'accord sur la nécessité de supprimer immédiatement le plafond de 2 p. 100. Nous attendons le prochain budget pour voir si le gouvernement conservateur maintiendra son engagement à l'égard de l'amélioration de la réussite solaire chez les Premières nations.
Les observations du ministre selon lesquelles les recommandations et les échéanciers du panel national sont simplement des « aspirations » remettent cet engagement en question. Cela me rappelle la position du gouvernement sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui établit clairement ce qui suit à l'article 14:
Les peuples autochtones ont le droit d’établir et de contrôler leurs propres systèmes et établissements scolaires où l’enseignement est dispensé dans leur propre langue, d’une manière adaptée à leurs méthodes culturelles d’enseignement et d’apprentissage.
Les autochtones, en particulier les enfants, ont le droit d’accéder à tous les niveaux et à toutes les formes d’enseignement public, sans discrimination aucune.
Les États, en concertation avec les peuples autochtones, prennent des mesures efficaces pour que les autochtones, en particulier les enfants, vivant à l’extérieur de leur communauté, puissent accéder, lorsque cela est possible, à un enseignement dispensé selon leur propre culture et dans leur propre langue.
Même si les conservateurs ont appuyé cette déclaration en novembre 2010, après avoir initialement refusé de le faire, le gouvernement a prouvé depuis qu'il considère que la déclaration est, je le répète, une « aspiration ».
En réponse à une question que j'avais récemment fait inscrire au Feuilleton, le a répondu par écrit que le Canada appuyait la déclaration sans avoir l'intention de créer des exigences légales et que, par ailleurs, la déclaration n'établissait aucunement l'obligation de procéder à des réformes spécifiques. J'espère bien que le fait que le ministre ait utilisé le mot « aspiration » ne signifie pas que le gouvernement a l'intention de faire subir le même sort à la réforme du système d'éducation des Premières nations qu'à la déclaration des Nations Unies.
Pour revenir à la nécessité d'une réforme du financement, les libéraux appuient vigoureusement la recommandation voulant qu'on délaisse le modèle des subventions et des contributions au profit d'un financement pluriannuel obligatoire prévisible et durable, axé sur des coûts véritables. Une telle formule non seulement respecterait la compétence des Premières nations et favoriserait une relation de gouvernement à gouvernement entre la Couronne et les Premières nations, mais elle créerait également une certaine stabilité et améliorerait les résultats.
Il faut également prévoir un financement dédié à l'infrastructure éducative dans les réserves. Le rêve de Shannen a donné à la collectivité d'Attawapiskat l'élan voulu pour réclamer le financement nécessaire à la construction d'une nouvelle école qui remplacera les salles de classe préfabriquées actuellement situées sur des terrains contaminés par le déversement de 50 000 litres de carburant diesel. Après des années d'attente, le gouvernement fédéral a lancé des appels d'offres à plusieurs reprises pour la construction d'une nouvelle école à Attawapiskat, mais une centaine d'autres collectivités autochtones ont des besoins similaires. À défaut d'un financement adéquat au titre de l'infrastructure, l'écart demeurera.
De plus, certaines recommandations portaient sur la création d'un cadre stratégique de reddition de comptes pour évaluer les améliorations et d'une commission nationale pour appuyer la réforme et améliorer les services éducatifs et, enfin, la mise sur pied d'organisations éducatives autochtones régionales.
[Français]
Aujourd'hui, lorsque cette Chambre discute des droits à l'éducation des citoyens issus des Premières nations, nous devons nous souvenir qu'investir dans l'éducation n'a pas uniquement comme objectif l'autosuffisance des communautés autochtones, mais également la performance de l'économie canadienne tout entière.
Le Canada est face à une pénurie critique de main-d'oeuvre qualifiée, qui s'accentuera avec le temps. Les Premières nations peuvent et doivent jouer un rôle de premier plan en comblant cette pénurie, mais seulement si nous travaillons avec elles en ce sens.
Le Centre d'étude des niveaux de vie a noté que le fait d'élever les niveaux d'éducation et les résultats sur le marché des Premières nations pour égaler ceux des autres Canadiens contribuerait au PIB à hauteur de 401 milliards de dollars, augmenterait les revenus du gouvernement de 5,8 milliards de dollars et réduirait les dépenses gouvernementales de 8,4 milliards de dollars sur une période de 25 ans.
Particulièrement dans les communautés du Nord ou éloignées, l'accès à une éducation de qualité signifie que plus d'Autochtones pourront participer au développement des ressources naturelles et à d'autres projets.
[Traduction]
Les libéraux reconnaissent le droit à l'éducation et l'impératif économique qu'elle constitue. Nous avons vigoureusement fait valoir la nécessité de travailler en consultation et en partenariat avec les Premières nations pour améliorer substantiellement le niveau de scolarisation.
Notre parti a collaboré avec les peuples autochtones à l'élaboration de l'accord de Kelowna, qui prévoyait notamment un nouveau financement ciblé de 1,8 milliard de dollars sur cinq ans pour que les résultats scolaires des élèves des Premières nations soient au même niveau que ceux des autres élèves canadiens.
Le débat d'aujourd'hui porte en grande partie sur l'éducation des enfants dans les réserves, de la maternelle à la douzième année, mais nous devons également nous pencher sur l'éducation postsecondaire des membres des Premières nations ainsi que sur les obstacles auxquels sont confrontés les Métis et les Inuits lorsqu'il s'agit d'améliorer les résultats scolaires.
Pour ce qui est de l'éducation postsecondaire, le plafond de 2 p. 100 s'appliquant au Programme d'aide aux étudiants de niveau postsecondaire constitue un obstacle de taille lorsqu'il s'agit d'augmenter la participation des Indiens inscrits et des Inuits.
Il ressort clairement qu'il faut investir davantage dans l'éducation postsecondaire. En 2006, seulement 8 p. 100 des Autochtones étaient titulaires d'un diplôme universitaire alors que la proportion était de 23 p. 100 pour l'ensemble de la population.
Outre l'éducation postsecondaire, j'ai appris, lors d'une récente rencontre avec les représentants de l'Association des collèges communautaires du Canada, qu'il y a une forte demande pour des investissements additionnels dans des programmes de perfectionnement scolaire pour permettre aux Canadiens d'origine autochtone qui n'ont pas terminé leurs études secondaires de le faire plus tard dans leur vie.
S'agissant de l'éducation des Inuits, le rapport sur la Stratégie nationale sur l'éducation des Inuits, qui a été publié récemment et qui s'intituleLes premiers Canadiens, les Canadiens en premier, cerne les facteurs à l'origine de l'écart en matière d'éducation des Inuits et formule des recommandations quant à la voie à suivre.
Le gouvernement fédéral doit aussi travailler en collaboration avec les provinces et les territoires pour mettre en place des programmes d'éducation destinés aux Métis.
Avant de conclure mes observations, j'aimerais communiquer aux députés le contenu d'une lettre rédigée par un jeune garçon autochtone, prénommé Wesley, qui a contribué au rapport parallèle Nos rêves comptent aussi publié par la campagne Rêve de Shannen à l'intention du Comité sur les droits de l'enfant des Nations Unies à l'occasion des troisième et quatrième examens périodiques de l'état de la situation au Canada. Voici ce qu'il a écrit:
Je vous écris cette lettre en tant que jeune homme autochtone qui a quelque chose à dire à propos de son éducation. J'ai fréquenté la maternelle, l'école primaire et l'école secondaire dans ma réserve et je suis conscient des différences entre l'éducation que j'ai reçue et l'éducation que reçoivent les élèves non autochtones à l'extérieur des réserves. Le manque de financement est une préoccupation, le manque de ressources aussi, mais le manque de contenu culturel dans notre école est ce qui m'inquiète le plus.
Si nous avions plus de financement, il serait possible d’ajouter des activités culturelles. Si nous avions une meilleure prise sur notre culture, nous aurions plus confiance en nous-mêmes, ce qui nous aiderait à mieux réussir dans la vie.
J'aimerais que les étudiants autochtones soient traités et financés de la même façon que les étudiants non autochtones parce que nous sommes tous des étudiants, tous des humains. Nous sommes tous égaux et nous devrions être traités ainsi.
J'exhorte les députés à appuyer la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui. Nous avons perdu six longues années au cours desquelles nous aurions pu améliorer les résultats scolaires des Autochtones au Canada. Toutefois, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Nous devons prendre les mesures qui s'imposent. Tout ce qui manque, c'est la volonté politique nécessaire pour que l'on puisse non seulement adopter des mesures justes et équitables, mais aussi assurer l'avenir économique, social et culturel du Canada. Nous devons d'abord mettre fin au sous-financement de l'éducation des Autochtones.
:
Madame la présidente, je partagerai le temps qui m'est accordé avec le député de Timmins—Baie James, qui est un vrai défenseur de la cause des Premières nations.
Je suis fière de prendre la parole aujourd'hui sur une motion qui nous amène à débattre d'un sujet ayant une importance vitale pour les gens de ma circonscription, pour les Premières nations et pour le Canada.
Pour résumer la motion en quelques mots, disons que c'est une question d'égalité des chances. Elle porte sur la mécanique à mettre en oeuvre pour offrir des chances égales aux élèves des Premières nations, qui se voient refuser ce que la grande majorité de nos enfants tiennent pour acquis. Elle jette les balises d'un parcours qui devrait permettre à un plus grand nombre de personnes issues des Premières nations d'améliorer leur sort et, par conséquent, d'améliorer le sort de leur collectivité grâce à l'éducation, ce qui ne peut être considéré que comme une bonne chose.
Ce dont nous débattons aujourd'hui est largement inspiré du rêve de Shannen. De nombreux députés savent que Shannen Koostachin n'a jamais pu aller en classe dans ce que nous qualifierions d'« école normale ». Son école avait fermé parce qu'elle était bâtie sur des sols contaminés. Elle a donc étudié dans une salle de classe portative que l'on qualifiait gentiment « d'école temporaire ».
Shannen rêvait qu'un jour, elle irait à l'école comme tous les autres enfants du Canada. C'est un rêve qui était plutôt élémentaire, quand on y pense. La plupart des enfants n'ont pas ce problème et peuvent rêver à autre chose. Malheureusement, Shannon est morte. Elle a toutefois eu le temps de faire connaître son rêve au public et de sensibiliser la population aux difficultés vécues par elle et d'autres élèves des Premières nations. Elle était extraordinaire et elle voulait simplement une école ordinaire.
C'était à Attawapiskat, la même réserve dont il a été question au Parlement, au moment où l'hiver s'installait dans le Nord de l'Ontario, il y a quelques mois. Les enfants d'Attawapiskat ont lancé il y a neuf ans une campagne pour qu'on leur bâtisse une école. Trois ministres des Affaires indiennes leur ont fait des promesses depuis lors, mais jamais ces promesses ne se sont transformées en nouvelle école.
Malheureusement, nous savons qu'Attawapiskat n'est pas le seul cas. De nombreuses Premières nations sont dans la même situation. L'ex-vérificatrice générale Sheila Fraser nous apprenait qu'il nous faudrait 28 ans pour combler l'écart si nous ne pressions pas le pas, ce qui explique que les néo-démocrates aient fait de cette question une priorité.
Pour de nombreux Canadiens, il est difficile de comprendre que, dans un pays moderne comme le nôtre, nous soyons incapables d'offrir à une partie importante de la population vivant sur les terres des Premières nations le genre d'éducation qui a un effet déterminant sur le développement de l'enfant.
Ce problème chronique n'est plus uniquement préoccupant et ne nécessite plus seulement une attention immédiate. Il est plus juste de dire que c'est un problème très grave auquel on doit s'attaquer de façon urgente. Il y a un coût associé aux problèmes chroniques, et au fil du temps, il pourrait en coûter plus cher de remédier à ces problèmes que de les prévenir. En l'occurrence, à cause de cela, le Canada se prive des avantages d'une population mieux éduquée. Nous ferions un choix à courte vue si nous décidions de ne pas faire dès maintenant les investissements adéquats.
Le Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Grand Nord se penche en ce moment sur l'utilisation des terres et le développement économique durable. Nous entendons beaucoup parler de la formation. La motion d'aujourd'hui porte sur les conditions qu'il faut réunir pour veiller à ce que la formation offerte dans les réserves repose sur de solides assises. J'entends par là une bonne éducation, qui permet à une personne d'apprendre tout au long de sa vie, d'acquérir davantage de compétences et de contribuer activement non seulement à sa propre vie, mais aussi à sa collectivité ainsi qu'à son pays et à l'économie de celui-ci.
En y pensant bien, cette motion cadre bien avec le programme établi par le gouvernement au sein de son propre comité. J'espère que les autres députés verront eux aussi les choses de cette façon.
Loin de moi l'idée de dire aux députés qu'il n'y a aucun exemple de réussite dans les écoles des Premières nations. Ce qui est honteux, c'est qu'il n'y en ait pas davantage. C'est vrai qu'on peut dire la même chose de toute école, mais les problèmes auxquels se heurtent les enseignants et les élèves dans de trop nombreuses écoles des Premières nations sont tout autres et ils semblent persister malgré toute la bonne volonté dont cette Chambre peut faire preuve.
J'aimerais faire connaître à la Chambre certaines des constatations du rapport du Panel national sur l'éducation primaire et secondaire des Premières nations pour les élèves dans les réserves. Je pense que nous pourrons ainsi préciser certaines des grandes questions que soulèvent les néo-démocrates dans leur motion.
Le rapport dit qu'en 2006, environ 50 p. 100 des habitants des réserves âgés de 25 à 34 ans n'avaient pas de diplôme d'études secondaires, comparativement à 10 p. 100 des autres Canadiens du même âge. C'est incroyable. Il n'y a aucun système d'évaluation et de détection rapides des besoins particuliers permettant de dresser des plans d'apprentissage individuels et de prévoir les ressources nécessaires pour les enfants concernés. Au moins 100 écoles ont des installations matérielles qui ne respectent pas les normes et qui ne sont pas des lieux d'apprentissage sécuritaires.
En tant que parlementaires, nous devrions avoir honte de ces constatations. Elles mettent en évidence les défis que nous devons relever et le travail que nous devons réaliser. La motion dont nous sommes saisis contribue beaucoup à l'atteinte de ces objectifs.
Qui donc s'opposerait à ce que les enfants des Premières nations aient de bonnes écoles? Qui s'opposerait aux maints bienfaits de l'éducation? Qui priverait les élèves de mesures de base en matière de santé et de sécurité? Ce serait le comble de l'avarice pour le Canada de ne pas effectuer cet investissement en priorité.
J'ai lu quelque chose en préparant mon discours. Dans un document sur le contrôle par les Indiens de l'éducation des Indiens, Lorna Williams a très bien résumé les bienfaits de l'éducation. Elle a écrit: « L'éducation nous apprend plus que le programme d'études obligatoire. Elle nous apprend à travailler fort et à persévérer, nous apprend l'autodiscipline, l'effort soutenu, la responsabilité, la coopération, la détermination, le respect mutuel et la tolérance. »
Ce sont là des qualités que nous aimerions retrouver chez nos enfants. Pourquoi en serait-il autrement pour les parents qui habitent dans les réserves canadiennes?
J'aimerais prendre quelques instants pour parler à la Chambre d'une jeune fille dans ma circonscription que j'ai rencontrée peu après mon élection. Eden Beaudin appartient à la Première nation M'Chigeeng, sur l'île Manitoulin. Lorsqu'elle avait neuf ans, elle a institué le prix littéraire Pegasus pour encourager les élèves des Premières nations et autres à écrire leurs propres histoires et à poursuivre leurs études. Depuis, je reçois tous les ans une invitation à la cérémonie de remise du prix créé par mon amie, qui est un très bon exemple d'une jeune fille dans une réserve qui reçoit une bonne éducation. Je veux multiplier le nombre de filles comme Eden dans l'ensemble du Canada et je pense que la motion dont nous sommes saisis contribue beaucoup à l'atteinte de cet objectif.
J'espère que la volonté inusitée du gouvernement à collaborer avec l'opposition à l'adoption de propositions raisonnables se maintiendra jusqu'au vote sur la motion.
Je suis heureuse que le secrétaire parlementaire du ministre des Affaires autochtones ait affirmé qu'il nous aidera à faire adopter la motion et que le gouvernement profitera du prochain budget pour fournir les fonds nécessaires. Je pense que c'est le genre de Parlement que les Canadiens veulent et que c'est le type de motion qu'ils voudraient voir à la Chambre de temps en temps.
Les problèmes sont évidents. La croissance constante de l'inflation et la croissance démographique des Premières nations viennent réduire le budget d'éducation et n'aident pas du tout à résoudre les problèmes bien documentés qui existent.
Nous savons que les personnes qui ont seulement terminé 12 années d'études risquent deux fois plus de se retrouver sans emploi, de recevoir de l'aide sociale, d'adopter des comportements antisociaux ou autodestructeurs et d'avoir des démêlés avec le système de justice pénale. Nous savons que, en améliorant l'éducation offerte aux Premières nations, nous leur permettrons de contribuer à l'économie et à la population active.
Nous avons une idée de l'argent nécessaire pour faire tout ce travail, et nous ne devrions pas avoir peur d'investir ainsi à notre avantage. C'est un bon investissement. Nous devrions être fiers de pouvoir dire que nous avons pris des mesures concrètes pour régler la crise de l'éducation qui afflige nos Premières nations.
L'ancien chef national, Phil Fontaine, a posé cette question dans un éditorial de 2008:
Si 88 p. 100 de tous les enfants n'ont pas accès à des programmes d'éducation préscolaire, à des cours de langues, à des bibliothèques et à des ordinateurs à cause d'un manque d'argent, qu'est-ce que cela révèle sur l'importance que le Canada accorde à l'avenir de nos enfants?
Je crois que nous pourrions adopter cette motion, inclure les fonds nécessaires dans le prochain budget et passer à un autre problème. Il y a beaucoup de problèmes à résoudre. Nous avons de grandes attentes à l'égard de nos Premières nations. On n'a qu'à poser la question aux bandes qui doivent prendre des décisions à propos du développement de leurs terres.
:
Monsieur le Président, c'est un grand honneur pour moi de prendre la parole au sujet de la motion sur le rêve de Shannen, au nom des habitants remarquables de la région de Timmins—Baie James, où Shannen Koostachin est née. Aujourd'hui, toutes les collectivités cries se rassembleront à Fort Albany dans le cadre d'une célébration. J'aimerais souligner que les membres de l'excellent groupe de musique les Tragically Hip donneront un spectacle ce soir à Fort Albany car ils ont été inspirés par les jeunes de côte de la baie James.
C'est un moment historique au Parlement et pour le Canada. C'est la première motion qui émane d'enfants. Nous débattons de cette question parce que des enfants de partout au pays ont reconnu que leurs frères et soeurs sont privés du droit fondamental à l'éducation. On cherche à faire passer les enfants d'abord. C'est du jamais vu: tous les enfants du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l'Ontario et de l'Ouest canadien pourraient expliquer aux députés en quoi consiste le rêve de Shannen. Ils le connaissent, ils le vivent et ils sont inspirés par l'histoire de Shannen Koostachin. C'est une occasion historique.
C'est aussi un moment extrêmement important pour les parlementaires à cause de toutes les accusations qui ont été lancées ici et de tous les reproches qui ont été formulés. C'est notre tâche de nous affronter, mais il y a des occasions où, en tant que nation, nous sommes appelés à nous élever au-dessus de nos rivalités partisanes. Une telle occasion m'a été fournie à la dernière législature lorsque les députés se sont ralliés pour la présentation d'excuses aux anciens élèves des pensionnats indiens. Je me souviens que j'étais à la Chambre en cette journée historique et que je me demandais qui allait présenter des excuses aux enfants autochtones de la présente génération.
Cette question est restée sans réponse jusqu'ici, à moins que nous ne réalisions aujourd'hui le rêve de Shannen. Il ne s'agit pas simplement d'appuyer l'idée, mais d'adopter les principes qui ont été énoncés au sujet de la nécessité de combler les écarts de financement et de veiller à ce que l'argent des enveloppes budgétaires ne puisse pas être détourné des projets d'immobilisation auxquels il est destiné, afin que nous puissions commencer à bâtir des écoles et nous assurer que la taille des classes et le rapport enseignant-élèves sont adéquats, comme pour tous les autres enfants du pays. Si, comme parlementaires, nous y consentons, nous faisons un pas historique. Je peux vous garantir que les enfants nous surveillent.
J'aimerais parler brièvement de Shannen Koostachin. George Stroumboulopoulos a choisi cinq adolescentes « qui ont fessé fort ». Je sais que ce n'est probablement pas une expression qui sied à cette enceinte, mais les mots de George Stroumboulopoulos étaient encore plus crus. Il a donc choisi Jeanne d'Arc, Anne Frank, Mary Shelley, Buffy la tueuse de vampires, dont mes enfants m'assurent qu'elle a beaucoup de crédibilité dans la rue, mais je ne sais pas trop pourquoi, et enfin, Shannen Koostachin, son numéro un. C'est tout un exploit pour une enfant d'Attawapiskat, une collectivité démunie.
Shannen ne voulait pas faire l'histoire. Peut-être aurait-elle aimé cela, mais elle ne s'était pas fixé pour objectif de devenir une héroïne. Elle voulait faire partie d'une équipe de volleyball. Elle voulait avoir un casier. Elle voulait prendre des notes en classe. Elle rêvait d'avoir ce qu'elle appelait « une école confortable ».
Un jour, j'ai marché avec Shannen à Cobalt, en Ontario, à la toute petite école catholique St. Patrick. De nos jours, cet établissement ne serait même pas considéré comme une école digne de ce nom, mais c'est un endroit agréable et confortable. Shannen disparaissait constamment de ma vue. Je me suis mis à sa recherche et je l'ai trouvée en train de regarder par la fenêtre d'une classe. Lorsque je lui ai demandé s'il y avait un problème, elle m'a répondu: « J'aimerais pouvoir recommencer ma vie afin de pouvoir fréquenter une école comme celle-ci. » À l'âge de 13 ans, elle se rendait compte que cette possibilité était en train de lui échapper, peut-être à jamais. Voir un tel sentiment d'urgence dans les yeux d'un enfant qui constate que s'il n'a pas la possibilité de s'instruire il ne va jamais améliorer son sort est profondément troublant.
Nous étions au courant du sous-financement. Nous savions que de nombreuses études restaient sur les tablettes du ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord. Ce dossier n'était tout simplement pas une priorité. Personne à la Chambre ne pensait que le fait que des enfants souffrent, que leur éducation était de mauvaise qualité et que ces enfants étaient victimes d'une discrimination systémique fondée sur leur race et sur le fait qu'ils vivaient dans des réserves était une priorité. Ce n'est devenu une priorité que lorsqu'un de ces enfants a dit « ça suffit ». Lorsque Shannen Koostachin a commencé son combat, d'autres enfants l'ont accompagnée dans sa démarche. Un grand nombre de jeunes au Canada l'ont surnommée la Rosa Parks de sa génération. C'est elle qui avait dit: « Assez, c'est assez. Nous ne voulons pas passer une autre journée assis au fond de l'autobus scolaire. »
Dans ce dossier, il est facile de distribuer des blâmes. Toutes sortes d'histoires d'horreur ont été relatées. Je me suis rendu dans des collectivités où je me demande comment les enfants peuvent se rendre à l'école le matin et s'asseoir dans des classes froides et inadéquates. Selon moi, cette résilience est caractéristique des vrais héros. Nous pouvons parler de tout cela ou discuter de la façon dont nous allons nous acquitter de l'obligation qui incombe à notre grande nation.
De temps en temps, j'entends des gens dire: « Quand mettra-t-on un terme à cette situation? Quand aurons-nous fait notre part pour les Premières nations? » Nous sommes engagés ensemble dans une voie. Nous avons avec les Premières nations une relation. Cette relation a été abusive et dysfonctionnelle, mais nous devons poursuivre notre relation.
Il incombe aux députés de la Chambre des communes de se lever aujourd'hui et de dire qu'en tant que Canadiens nous croyons au principe fondamental selon lequel chaque enfant a droit à l'éducation. Chaque enfant a droit à l'accès garanti à l'éducation. Le droit à l'éducation ne se résume pas à avoir accès à l'école. C'est un principe plus fondamental. Les enfants ne devraient pas être obligés de savoir en quoi consiste ce droit lorsqu'ils sont à l'école. Tout comme les droits de n'importe quel enfant de Timmins, de Red Deer ou d'une autre collectivité au pays, leurs droits sont inscrits dans la loi et incluent la taille des classes ainsi que des programmes pour ceux qui souffrent de dyslexie ou d'autisme, ou qui ont des besoins spéciaux, parce que ces jeunes n'ont qu'une enfance et que celle-ci est trop précieuse pour être gaspillée. À cause de l'indifférence bureaucratique des gouvernements qui se sont succédé, nous avons gaspillé la vie et le potentiel de dizaines de milliers de jeunes Autochtones qui n'ont jamais obtenu ce à quoi ils avaient droit.
La motion sur le rêve de Shannen est née au moment de son triste décès, le 31 mai 2010, sur la route 11, au sud de Temagami. Le jour où j'ai appris que nous avions perdu notre leader de la jeunesse a été le pire de ma vie. Des leaders nationaux des milieux de l'éducation et du travail, de même que Cindy Blackstock et d'autres intervenants ont communiqué avec moi pour dire que nous devions prendre le flambeau. La jeune Chelsea Edwards d'Attawapikat m'a téléphoné. Les gens de sa collectivité et de toute la région de la baie James étaient consternés d'apprendre que nous avions perdu cette jeune leader. Ils disaient que nous avions le devoir de terminer le travail entrepris par Shannen.
Le libellé de la motion sur le rêve de Shannen découle de cette tragédie et de la tristesse que celle-ci a engendrée. Nous avons rencontré des membres de l'Assemblée des Premières Nations et de l'association canadienne des conseils scolaires publics, des fiduciaires ainsi que des enseignants, et nous leur avons demandé quelles mesures étaient nécessaires pour s'assurer que la génération actuelle ne soit pas gaspillée.
Shannen aurait maintenant 17 ans. Elle avait un rêve. Certains jours, elle voulait être avocate. Je ne sais pas trop ce qu'elle voulait devenir les autres jours, mais ce qui est certain c'est qu'elle voulait absolument étudier. C'était sa passion et c'était ce en quoi elle croyait. Elle me disait que ce n'était plus pour elle maintenant, mais bien pour ses jeunes frères et soeurs. Je songe à ces jeunes frères et soeurs dans les collectivités que je représente, notamment à Kashechewan, où nous n'avons pas d'école digne de ce nom, et à Attawapiskat, où les enfants attendent toujours une école. Ils veulent que la Chambre des communes agisse.
Nous vivons un moment d'unité, non seulement chez les étudiants autochtones, mais aussi chez les enfants non-autochtones d'un bout à l'autre du pays, qui nous ont dit que si nous travaillons ensemble, nous pourrons améliorer la situation.
Nous sommes ici, à la Chambre des communes. C'est le moment d'agir. J'invite tous les parlementaires à convenir que le moment est venu de s'excuser de ce qui s'est produit et que nous allons aller de l'avant en tant que pays. J'aimerais que chaque député de la Chambre appuie le rêve de Shannen.
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Monsieur le Président, je remercie la Chambre de me permettre d’exprimer mon soutien entier à la motion présentée par le député de .
L’éducation des élèves des Premières nations est de la plus haute importance. Le gouvernement continuera de faire de son mieux pour améliorer le niveau d’instruction des élèves qui fréquentent les écoles des Premières nations.
L’éducation est déterminante dans la préparation au marché du travail. Une éducation de qualité donne à un jeune les compétences et les connaissances nécessaires pour réussir une fois adulte. Il ne fait aucun doute que les élèves des Premières nations devraient pouvoir faire des études qui les aideront à réussir.
L’éducation devrait donner le goût à tous les jeunes Canadiens de poursuivre leurs études. En fin de compte, l’éducation devrait permettre aux élèves d’acquérir les compétences dont ils auront besoin pour intégrer le marché du travail et y réussir et pour profiter pleinement des possibilités économiques qui existent au Canada.
La vérité est que, depuis de nombreuses années, les taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires chez les jeunes des Premières nations sont de beaucoup inférieurs à ceux des autres Canadiens, ce qui signifie que ce segment de la population canadienne, qui se compose de jeunes et est en pleine croissance, a une capacité limitée de contribuer à la prospérité du Canada et d’en bénéficier. Pour qu’il y parvienne, nous devons absolument améliorer le niveau d’instruction des élèves des Premières nations. Malheureusement, il n’y a pas de solution simple. Maints facteurs contribuent au problème.
Le règlement d’un problème aussi complexe nécessite une stratégie à plusieurs volets élaborée en collaboration avec les Premières nations et qui cible en parallèle des facteurs bien définis pour amener un progrès général. Voilà qui décrit bien la stratégie du gouvernement au chapitre de l’éducation des Premières nations. Même s’il reste beaucoup à faire, je suis convaincu qu’avec cette stratégie, nous sommes sur la bonne voie.
Mes observations d’aujourd’hui porteront sur un seul aspect de la stratégie: l’infrastructure.
Dans les réserves, l’infrastructure communautaire appartient aux Premières nations et ce sont elles qui l'exploitent. Elles veillent au fonctionnement et à l’entretien de leurs écoles et s’occupent des rénovations mineures.
Le gouvernement du Canada, par l'entremise d'Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, assume aussi des responsabilités pour l’infrastructure scolaire des Premières nations.
Le ministère offre de l’aide financière et des services consultatifs aux Premières nations pour le développement de l’infrastructure scolaire dans les réserves. Cette aide prend plusieurs formes: investissements dans des projets, construction de nouvelles écoles et installations, travaux de rénovation et de réparation dans les écoles existantes et financement de la conception et de la planification de travaux.
Durant l’exercice 2010-2011, le gouvernement a consacré au total 304 millions de dollars à la construction et à la rénovation d’écoles. Depuis notre arrivée au pouvoir, en 2006, et jusqu’en 2010, nous avons consacré environ 924 millions de dollars à des projets d’infrastructure scolaire. Pour l’exercice 2011-2012, Affaires autochtones et Développement du Nord Canada prévoit des investissements d’environ 198 millions de dollars.
L'ampleur de ces sommes montre que le gouvernement est pleinement conscient des avantages liés à la création de milieux d'apprentissage sûrs et productifs pour les étudiants des Premières nations. Pour bien comprendre la façon dont les décisions en matière d'investissements sont prises, il faut être au courant de quelques programmes et processus clés.
À Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, le principal instrument de financement est le Programme d'immobilisations et d'entretien. Dans le cadre de ce programme, des fonds sont investis dans quatre domaines principaux: le logement, l'éducation, les réseaux d'aqueduc et les réseaux de traitement des eaux usées. On investit également dans d'autres infrastructures communautaires, comme les routes, les ponts et les installations de protection-incendie.
Le budget annuel total de ce programme est d'environ 1 milliard de dollars. Dans le cadre de ce programme, les décisions en matière d'investissements sont prises en fonction de quatre critères. Le premier a trait aux mesures nécessaires pour répondre à des préoccupations immédiates en matière de santé et de sécurité personnelles. Le deuxième critère porte sur les mesures proactives qui permettent de diminuer les risques pour la santé et la sécurité. Le troisième critère touche aux projets de recapitalisation et aux importants travaux d'entretien. Par exemple, on peut se demander si un projet permettrait de prolonger la durée de vie utile d'une installation ou d'un actif, ou encore de maintenir son niveau de service initial. Le dernier critère a trait à la croissance réelle et prévue et à la pertinence des infrastructures existantes par rapport aux besoins actuels et futurs de la collectivité. À l'échelle nationale, on accorde la priorité aux projets de construction ou de rénovation d'écoles, en fonction de facteurs liés à la santé, à la sécurité et à la surpopulation, ainsi que des exigences sur le plan des programmes scolaires.
Pour gérer les décisions en matière de financement, le programme repose sur des plans d'immobilisations quinquennaux régionaux. Chaque plan d'investissement énumère les projets que les Premières nations entendent réaliser à mesure qu'elles obtiennent les fonds nécessaires. Les conseils régionaux de gestion des investissements prennent les décisions finales relatives aux investissements en fonction des critères du programme et des priorités relatives.
L'an dernier, Affaires autochtones et Développement du Nord Canada a produit un rapport d'étape sur les établissements d'enseignement dans les collectivités des Premières nations. Visant la période d'avril 2006 à décembre 2010, le rapport a donné un aperçu pertinent des dernières réalisations. Pendant cette période, on a mené 248 projets scolaires dont la valeur totale s'élevait à environ 415 millions de dollars. Parmi ces réalisations, on compte 22 écoles construites, 22 autres écoles ayant fait l'objet de rénovations majeures, ainsi que 20 résidences pour enseignants qui ont été construites ou qui ont fait l'objet de rénovations majeures. La liste comprend aussi 184 autres projets de rénovations mineures, l'achat et l'installation de salles de classe mobiles, des études de faisabilité et des travaux de conception. Cent autres projets scolaires étaient encore en cours, et ceux-ci comprenaient la construction d'écoles, des rénovations majeures, des résidences pour enseignants, des améliorations apportées à des installations techniques et à des systèmes de chauffage, des réparations de toiture et d'autres rénovations.
J'ai le plaisir d'annoncer que, depuis la publication de ce rapport, la dernière année du Plan d'action économique du Canada a permis de réaliser 12 autres projets de construction et de rénovation d'écoles, ce qui correspond à un investissement de 173 millions de dollars. Dans le cadre du plan Chantiers Canada, 102 millions de dollars provenant du Fonds de la taxe sur l'essence ont été investis dans la construction de cinq écoles et la rénovation de deux écoles dans des réserves. Quatre de ces projets scolaires sont très avancés, et les trois autres progressent bien.
Les données sur les investissements, les programmes et les processus de financement sont des composantes essentielles de la stratégie du gouvernement, mais elles ne donnent qu'un bref aperçu de la situation. Pour vraiment saisir l'importance des améliorations apportées aux infrastructures scolaires des réserves, il faut regarder de plus près chaque projet, ainsi que ses effets sur la collectivité. Prenons l'exemple d'une nouvelle école qui a ouvert ses portes l'an dernier, dans la vallée de l'Okanagan, en Colombie-Britannique. L'école culturelle Outma Sqilxw de la bande de Penticton est un établissement moderne conçu pour mettre en valeur des traditions culturelles anciennes. L'école est déjà devenue un important lieu de rassemblement pour la collectivité. Le chef de la bande de Penticton, Jonathan Kruger, affirme que l'école est très importante pour la collectivité. Dans une entrevue, il a dit ceci au sujet de cette école:
[...] Si nos enfants [...] grandissent dans un environnement qui les soutient davantage, ils auront une base solide pour l'avenir.
Il a ajouté ceci:
Ils grandiront en santé, [...] ils prendront de grandes décisions et ils accompliront de grandes choses.
De telles écoles peuvent améliorer la réussite scolaire parmi les enfants des Premières nations, ce qui accroît leurs chances de se trouver un emploi plus tard et de s'épanouir. Elles constituent le fondement d'une collectivité viable. C'est notamment pour cette raison que, dans le cadre du Plan d'action économique du Canada, nous avons consacré 7 millions de dollars à ce projet.
Une autre école neuve en Colombie-Britannique promet elle aussi d'améliorer la réussite scolaire. En 2011, la Première nation Ahousaht a inauguré l'école Maaqtusiis, qui comprend 11 salles de classe et fournit un environnement sûr, confortable et stimulant aux élèves de la 8e à la 12e année. Le gouvernement a versé 9 millions de dollars dans le cadre du Plan d'action économique du Canada pour la construction de cette école, ainsi que 3,8 millions de dollars issus du Programme d'immobilisations et d'entretien du ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord.
En novembre dernier a eu lieu l'inauguration officielle de l'école primaire Kistapiskaw, qui appartient à la nation crie Peter Ballantyne, en Saskatchewan. Un incendie a détruit la vieille école en 2005. La nouvelle école accueille 250 élèves, soit 170 élèves de la première à la cinquième année et 80 élèves de la maternelle. Une somme de 20 millions de dollars a été accordée dans le cadre du Plan d'action économique du Canada pour la réalisation de ce projet. Elle a servi à la conception et à la construction de l'école, des voies publiques, des terrains de stationnement et des aires de jeu. Les investissements de cette nature constituent un legs bénéfique durable pour les Premières nations et favorisent la création d'emplois.
La Première Nation de Birch Narrows s'est dotée d'une école au prix de 25 millions de dollars, l'année dernière, grâce aux investissements de notre gouvernement, de la province de la Saskatchewan et de la Première nation elle-même. Avant que l'école ne soit achevée, les élèves poursuivaient leurs études dans des écoles hors de la réserve. Voici comment le chef Robert Sylvester décrit les avantages de cette école:
Nous aurons non seulement notre mot à dire dans l'instruction dispensée à nos étudiants, mais nous aurons l'esprit tranquille, en tant que parents, en sachant que nos enfants n'ont plus à sortir de la collectivité pour recevoir cette éducation. L'école améliorera aussi le taux d'obtention de diplômes, ce qui devrait mener à une augmentation dans le nombre d'étudiants qui poursuivent leurs études après la 12e année.
Plus à l'est, un projet majeur de rénovation de l'école de la population innue de Natashquan, au Québec, a déjà commencé à avoir de bons effets. Grâce à un investissement de 9,4 millions de dollars issu du Plan d'action économique du Canada, on a pu remplacer plusieurs classes mobiles de l'école Uauitshitun par des classes permanentes. C'est la Première nation qui a géré le projet. Voici comment le chef François Bellefleur a décrit l'apport du projet, lors d'une entrevue:
Ces travaux constituent une excellente nouvelle pour la collectivité, mais particulièrement pour les élèves. Les jeunes de Natashquan méritent d'étudier dans une école sécuritaire, saine et moderne. Au bout du compte, la modernisation de l'école, particulièrement en ce qui concerne les nouvelles classes, pourra certainement contribuer à la réussite scolaire de nos jeunes.
Plusieurs projets d'infrastructure scolaire ont eu des répercussions positives similaires dans des collectivités du Nord-Ouest de l'Ontario. En novembre dernier, la Première nation Wabaseemoong a ouvert une école de 16 salles de classe pour les élèves de la maternelle à la 12e année. L'école Mizhakiiwetung Memorial peut accueillir 460 élèves. Ce projet a été rendu possible grâce à un investissement de 25 millions de dollars dans le cadre du Plan d'action économique du Canada.
Le chef Eric Nelson Fisher a dit ceci:
Je me réjouis à l'idée de voir des générations d'apprenants fréquenter cette école et réaliser leur plein potentiel.
En septembre dernier, la Première nation de North Spirit Lake en Ontario a également ouvert une nouvelle école dont la construction a été rendue possible grâce à un investissement de 14,4 millions de dollars dans le cadre du Plan d'action économique du Canada et de 1,5 million de dollars dans le cadre du Programme d'immobilisations et d'entretien d'Affaires autochtones et Développement du Nord Canada.
Voici le commentaire qu'a fait la chef Rita Thompson au sujet du projet:
Les enfants de la Première Nation de North Spirit Lake ont maintenant une magnifique école toute neuve où ils pourront apprendre et grandir. Ces installations constitueront un atout pour les générations actuelles et futures de notre collectivité.
Puisqu'il est question du rêve de Shannen, j'ajoute que la Première nation d'Attawapiskat, qui se trouve également en Ontario, a commencé à planifier la construction d'une nouvelle école élémentaire. Le gouvernement a prévu un financement pour les trois prochaines années pour appuyer ce projet. La Première nation, en partenariat avec le ministère, est responsable de la gestion de tous les aspects du projet, notamment les appels d'offres et le choix des entrepreneurs. Les deux premières étapes du plan de travail pour la construction de cette nouvelle école sont maintenant terminées. L'étude de planification des immobilisations et la conception détaillée de l'édifice ont été approuvées le 25 janvier 2012. La construction peut maintenant commencer. On prévoit que l'école ouvrira ses portes pour l'année scolaire 2013-2014.
Je suis ravi de signaler que le député de appuie ce calendrier. La Presse canadienne a d'ailleurs rapporté, dans un article publié le 20 mai, que le député a dit ceci:
[...] l'échéancier fixé à 2013 est satisfaisant; on ne pourrait pas construire une école là-bas plus rapidement [...]
Le gouvernement du Canada a bon espoir que le rêve de Shannen continuera d'avoir une incidence positive sur la Première nation d'Attawapiskat et, éventuellement, sur d'autres Premières nations à l'échelle du Canada.
Tous ces faits font ressortir le lien important qui existe entre les écoles et les Premières nations, entre l'infrastructure scolaire et l'âme des membres de la collectivité.
Étant donné que 400 000 jeunes Autochtones entreront sur le marché du travail d'ici 2020, la population autochtone est bien placée pour répondre aux futurs besoins du Canada en matière d'emploi. On doit fournir aux jeunes Autochtones une formation de qualité pour qu'ils puissent profiter des débouchés qui s'offrent à eux. Or, tout cela commence par les bâtiments eux-mêmes.
Dans le cadre de sa stratégie globale visant à améliorer les résultats scolaires des jeunes, le gouvernement continuera d'investir dans les projets d'infrastructure scolaire. Nous sommes déterminés à collaborer avec les Premières nations et les parties intéressées pour que les enfants autochtones puissent recevoir une éducation de qualité.
J'invite les députés à souscrire à la motion dont nous sommes saisis et à appuyer les efforts du gouvernement visant, en collaboration avec les Premières nations, à améliorer les résultats scolaires des jeunes.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole.
Je félicite les députés qui ont travaillé très fort sur cette question. Bon nombre se sont déjà adressés à la Chambre.
Je prends la parole pour appuyer la motion de l'opposition. La motion demande au gouvernement de réaliser le rêve de Shannen en:
a) déclarant que tous les enfants autochtones ont droit à une éducation de qualité supérieure qui tient compte de leur culture; b) s’engageant à fournir toute l’aide financière et stratégique nécessaire pour soutenir les systèmes d’éducation des Premières nations; c) fournissant un financement qui placera les écoles situées dans les réserves sur un pied d’égalité avec les écoles provinciales qui ne sont pas situées dans les réserves; d) établissant des procédures transparentes pour la construction, le fonctionnement, l’entretien et le remplacement des écoles; e) travaillant en collaboration avec les leaders des Premières nations dans le but d’établir des normes équitables et des formules pour calculer la taille des classes et pour financer les ressources pédagogiques, le salaire du personnel, les services d’éducation spécialisée et l’éducation en langue autochtone; f) mettant en œuvre des politiques pour faire en sorte que le système d’éducation des Premières nations soit de qualité égale aux systèmes d’éducation provinciaux.
Shannen Koostachin de la Première nation d'Attawapiskat avait un rêve: offrir aux enfants autochtones une éducation fondée sur la culture et des écoles sécuritaires et « douillettes » comme elle le disait. Pendant sa courte vie, Shannen est devenu la voix des enfants autochtones habitant dans des réserves qui ont été privés de leur droit à l'éducation.
La collectivité d'Attawapiskat s'est battue pendant dix ans pour obtenir la construction d'une école dans sa réserve. Elle a refusé d'accepter que le gouvernement ne pouvait lui offrir une meilleure solution que des salles de classe préfabriquées posées sur un sol si toxique et si contaminé que les enfants s'évanouissaient à cause des vapeurs de benzène.
Pendant un certain temps, il a semblé que les efforts de la collectivité allaient être récompensés et qu'une école allait finalement être construite pour les enfants d'Attawapiskat. Cependant, en 2007, le gouvernement fédéral a renié son engagement et a choisi de poursuivre dans la voie de la mauvaise gestion chronique et du sous-financement de l'éducation pour les enfants des Premières nations.
L'absence d'éducation adéquate chez les Premières nations est inextricablement liée au problème généralisé et persistant de la pauvreté. Au Canada, le fait d'être Autochtone est souvent synonyme de pauvreté. Chez les Premières nations, un enfant sur quatre grandit dans la pauvreté, ce sont 25 p. 100 d'entre eux.
Pourquoi en est-il ainsi? Un grand nombre de facteurs contribuent à ce taux élevé et inadmissible de pauvreté. Le taux de chômage des Autochtones est de presque dix points de pourcentage supérieur à celui des non-Autochtones. Les jeunes Autochtones sont moins susceptibles de terminer leurs études secondaires, comme l'a fait remarquer plus tôt aujourd'hui mon collègue de . Les conditions de vie et l'état de santé sont également bien inférieurs à ceux des moyennes canadiennes.
Des sources attestent que l'espérance de vie des Autochtones est plus courte, en partie parce qu'ils présentent des risques plus élevés de maladies comme l'obésité, le diabète et les maladies du coeur.
Nous savons que l'éducation peut rompre le cycle de la pauvreté.
Nous devons aussi comprendre l'importance d'une éducation culturellement adaptée. À l'époque des pensionnats indiens, les enfants autochtones étaient obligés de s'assimiler à la société canado-européenne. Leurs traditions culturelles et leurs langues leur ont été enlevées d'une façon que certains décriraient comme un génocide culturel.
Aujourd'hui, les éducateurs qui travaillent auprès d'enfants des Premières nations doivent reconquérir le patrimoine culturel des Premières nations afin que les enfants puissent de nouveau en être fiers.
Ma circonscription compte eux communautés des Premières nations: la Première nation Kwikwetlem et la Première nation Qayqayt.
La Première nation Kwikwetlem tire son nom du saumon qui remontait autrefois la rivière Coquitlam. Littéralement, « Kwikwetlem » signifie « poisson rouge qui remonte la rivière ». Sa culture s'apparente à celles de la nation Stó:lo et des peuples salish de la côte Nord-Ouest. Ses traditions sont étroitement liées aux bassins hydrographiques et au cycle de vie du saumon. Après sa rencontre avec les Européens, ses traditions spirituelles, linguistiques et culturelles ont été mises en danger. Elle a perdu le droit de vendre et d'échanger du saumon, ses enfants ont été placés dans des pensionnats indiens et un système de règlements et de protocoles a été imposé sur son territoire par Ottawa. Le processus de reconquête de ces droits et de ces traditions est long et complexe.
Je vais maintenant parler de la Première nation Qayqayt, établie à New Westminster. À la fin du XIXe siècle, elle comptait quelque 400 membres. Toutefois, en 1913, elle ne comptait plus qu’une seule membre orpheline. Le gouvernement fédéral a saisi la majeure partie des terres de réserve de la bande et a envoyé l'orpheline, Marie Lee Bandura, dans un pensionnat où elle était punie lorsqu’elle parlait sa langue maternelle. Le poids de la honte l’a accablée toute sa vie. Sa fille, la chef Rhonda Larrabee, a un jour découvert l’histoire de sa famille et, au terme d’un long processus, elle a pu revendiquer son statut de membre de la Première nation Qayqayt.
Les histoires des Premières nations Kwikwetlem et Qayqayt montrent qu’aujourd’hui, plus que jamais, le gouvernement fédéral doit former un partenariat avec les Premières nations de tout le Canada pour que les enfants aient accès à une éducation adaptée à leur culture de sorte que les élèves puissent renouer avec leurs traditions, leur langue et leur culture et en tirer de la fierté.
Nous connaissons les problèmes et nous connaissons les solutions. Ces solutions ont été répétées maintes fois au cours des deux dernières décennies. Au cours du mandat de dix ans de l’ancienne vérificatrice générale, Sheila Fraser, son bureau a produit 31 rapports de vérification sur les questions autochtones. Dans ces rapports, Mme Fraser a souligné les différences entre l’éducation des Premières nations et celle des autres Canadiens, déclarant que la situation empirait au lieu de s’améliorer.
Elle a également mentionné qu’entre 1991 et 1999, au moins 22 études ont recommandé les mesures suivantes pour améliorer la qualité de l’éducation des Premières nations: régler la question de la survie des langues autochtones, améliorer les programmes d'études pour répondre aux besoins des Premières nations, augmenter le financement destiné aux classes spécialisées, aux services de counselling et aux services de bibliothèque, combler les lacunes dans des secteurs comme les services offerts par des spécialistes, la technologie et l'orientation, et améliorer la formation des enseignants.
Dans son rapport final de 2011, Mme Fraser a critiqué le gouvernement de ne pas avoir pris de mesures en réponse à ses rapports précédents, signalant que, en dépit des 30 rapports produits au cours de la décennie, les gouvernements successifs ont fait bien peu pour remédier aux inégalités.
Ce mois-ci, le Panel national sur l’éducation primaire et secondaire des Premières nations a publié son rapport final, conformément au mandat qu’il avait reçu de consulter les collectivités des Premières nations en vue d’élaborer des recommandations sur la façon d’améliorer l’éducation des enfants des Premières nations. Le rapport recommande que soit créée conjointement une loi sur l’éducation des Premières nations, qui énoncerait les responsabilités de chaque intervenant dans le système et reconnaîtrait et protégerait le droit des enfants des Premières nations à leur culture et à leur identité, ainsi qu’à une éducation de qualité, et prévoirait le financement du système et le contrôle des Premières nations sur leur éducation.
Le rapport recommandait, en outre, un financement prescrit par la loi qui serait dicté par les besoins et qui serait prévisible, renouvelable et destiné expressément à l’éducation.
Les rapports qui se sont succédé ont recommandé au gouvernement fédéral de prendre des mesures pour protéger les droits des enfants des Premières nations. Combien de dizaines d’autres rapports faudra-t-il pour que le gouvernement prenne de vraies mesures?
Je crois que le fait que la situation d'Attawapiskat a attiré l'attention de tous les Canadiens cet hiver a fouetté le gouvernement. J'aimerais remercier mon collègue de d'avoir travaillé sans relâche et d'avoir attiré l'attention sur cette situation.
Le Sommet des Premières nations, qui a eu lieu à Ottawa en janvier, était un pas dans la bonne direction. Le moment est maintenant venu pour le gouvernement de tenir parole et de prendre immédiatement des mesures concrètes. Il doit d'abord commencer par rétablir les liens de confiance avec les Premières nations et travailler en partenariat avec elles pour mettre fin au statu quo.
J'espère qu'aujourd'hui, tous les députés de la Chambre conviendront que le moment est venu d'apporter des changements.
Je vais terminer en lisant les mots de Shannen Koostachin afin qu'ils soient consignés dans le hansard:
J'aimerais vous faire comprendre ce que représente, pour un enfant, le fait de ne jamais voir une vraie école. J'aimerais vous faire comprendre ce que c'est que de ne jamais avoir l'occasion d'être heureux à la perspective d'étudier. C'est pour cette raison que certains de nos élèves abandonnent l'école en quatrième et en cinquième année. Ils cessent tout simplement d'y aller. Peut-on imaginer cela? Peut-on imaginer qu'un enfant aussi jeune croit déjà qu'il n'a aucun avenir? Nous voulons que nos jeunes frères et soeurs fréquentent l'école et se disent que c'est le moment de former des espoirs et des rêves pour l'avenir. Tout enfant mérite cela.
C'est le rêve de Shannen, et nous devons le réaliser.
:
Monsieur le Président, c'est avec énormément de tristesse que j'interviens au sujet de cette motion.
De 1984 à 1992, j'ai enseigné dans une école du centre-ville de Nanaimo qui accueillait un pourcentage très élevé d'élèves autochtones. J'ai été témoin des difficultés que ces élèves vivaient.
Après un certain nombre d'années, je suis devenue conseillère à l'école. Je me suis rapidement aperçue du nombre d'élèves autochtones qui quittaient l'école très tôt, qui disparaissaient complètement, devrais-je dire. Je me suis questionnée sur la raison de ce décrochage scolaire. Comment se faisait-il qu'autant d'élèves autochtones du secondaire abandonnaient les études? Nous n'avions aucun moyen de savoir ce qu'il leur arrivait.
En apprenant à connaître de nombreux élèves, j'ai commencé à m'apercevoir des difficultés auxquelles ils étaient confrontés. Je me suis aussi rendu compte que pour résoudre ces problèmes, nous devions parler d'équité, pas d'égalité. Il nous fallait offrir des services qui étaient indispensables pour les élèves des Premières nations, mais pas nécessairement pour tous les élèves de l'école. J'ai aussi remarqué un manque de modèles et de mentors. J'ai été témoin de l'aliénation que les jeunes Autochtones ressentaient lorsqu'ils circulaient dans les couloirs des écoles publiques.
J'ai quitté cette école en 1992, mais j'y suis retournée en 2007. Au cours de cette période, les gouvernements fédéral et provinciaux ont fait toutes sortes de déclarations sur ce qu'ils ont fait pour améliorer la situation. Lorsque je suis retournée dans cette école, c'est avec énormément de tristesse que j'ai constaté que la situation avait en fait empiré pour les élèves des Premières nations. C'était pire 15 ans après mon départ.
Je dois dire qu'il y avait davantage de travailleurs des Premières nations. J'ai remarqué que les rapports avec la collectivité s'étaient améliorés et resserrés. J'ai toutefois aussi remarqué qu'un nombre plus élevé d'élèves ne se berçaient plus d'illusions et ne s'intéressaient pas à leur apprentissage. Des raisons fondamentales expliquent ce désintérêt. Nous tentions d'instruire ces jeunes dans un cadre non adapté à leur réalité culturelle. Par l'entremise de notre propre système d'éducation, nous tentions sans le vouloir de les coloniser. C'est ce qui se produisait. Le cursus et l'enseignement quotidien ne renfermaient pratiquement rien sur les collectivités ou les langues autochtones. Il est très important pour une culture de conserver sa langue et, par conséquent, il est impératif d'essayer de préserver de nombreuses langues des Premières nations.
Le rêve de Shannen n'était pas seulement de fréquenter une belle école. Elle voulait également une éducation axée sur l'identité et les différences culturelles des jeunes des Premières nations. La connaissance de leurs ancêtres laisse entrevoir l'histoire, les rêves et les aspirations de ces jeunes.
Cela m'a rappelé un peu mes premières années d'enseignement. Il y avait un merveilleux programme en Angleterre, la méthodeLadybird. Les histoires étaient très bien écrites. Jane et Peter, qui étaient tous les deux de race blanche, avaient un chien qui se nommait Pat. Ils faisaient de très beaux pique-niques. Ils dressaient une nappe. Ils allaient au parc. Ils menaient une vie magnifique.
Ce programme de lecture a été envoyé dans les Caraïbes. Après avoir connu tant de succès en Angleterre, ce merveilleux programme n'a pas fonctionné dans les Caraïbes parce que l'apparence physique de Jane et Peter et les activités que ceux-ci faisaient n'étaient pas familières aux enfants de là-bas. Ils n'avaient pas la même structure familiale que Jane et Peter. L'été, ils n'allaient pas tous les dimanches voir une partie de cricket ou faire un pique-nique.
Au cours de mes années d'enseignement, j'ai appris que, si nous voulons vraiment qu'un enfant s'investisse dans son apprentissage, nous devons établir un rapport avec lui. Les gens qui décident de devenir des enseignants le font peut-être pour enseigner un sujet. Cependant, je peux assurer à la Chambre que les personnes qui ont une passion pour ce métier et qui continuent de l'exercer le font parce qu'elles aiment travailler avec des enfants.
J'affirme depuis longtemps maintenant que la seule façon d'être un bon enseignant est de cultiver des relations avec les élèves et de comprendre leur situation particulière. Le rôle de l'enseignant est de faire sentir à chaque élève qu'il est quelqu'un d'unique. Nous en sommes conscients dans notre société multiculturelle. Encore aujourd'hui, cependant, je pense que les Canadiens manquent de sensibilité à l'endroit des Premières nations.
Attawapiskat fait souvent les manchettes ces jours-ci. Je remercie mon collègue, le député de , non seulement de son courage, mais aussi de sa passion pour la justice sociale et l'équité. Il n'a abandonné ni le dossier, ni la localité. Il s'est rendu sur place et nous a brossé un portrait de la situation.
Et maintenant, les yeux du monde sont rivés sur Attawapiskat. Les Nations Unies se penchent sur la situation. La Croix-Rouge aussi. Tous les Canadiens ont pris conscience que certains de leurs compatriotes, en sol canadien, connaissent ce que je qualifierais de conditions de vie dignes de ce qu'on voit de pire au tiers monde. Les Canadiens sont en colère. Ils veulent qu'on se mette à l'oeuvre.
Les Canadiens ne veulent plus qu'on leur fasse des promesses à long terme. Les enfants ne peuvent pas attendre. J'ai beaucoup de mal à accepter l'idée que ce plan pourrait s'étaler sur 20 ans. Nous devons le mettre en oeuvre sur-le-champ. Ce plan doit être majeur, et il devra assurer des services.
Douze ans, c'est long. Imaginez le temps qui s'écoule entre la naissance d'un enfant et son 12e anniversaire; pendant tout ce temps, Attawapiskat a rêvé d'avoir une école. Malheureusement, Shannen est décédée avant d'avoir réalisé son rêve.
J'encourage instamment tous mes collègues des deux côtés de la Chambre à visionner la vidéo très émouvante sur le site www.shannensdream.ca. J'encourage tous les députés à s'engager à travailler ensemble pour faire du rêve de Shannen une réalité.
Tous les enfants canadiens, qu'ils viennent du Nord, du Sud, du Centre, de l'Est ou de l'Ouest du pays, qu'ils soient autochtones ou autres, méritent une éducation de qualité. Il est sensé, sur le plan économique, de leur offrir une telle éducation. Puisqu'une meilleure éducation entraîne des économies pour le système de santé, une productivité accrue et une augmentation des recettes fiscales, force est de constater qu'il s'agit d'un enjeu non seulement humanitaire mais aussi économique. Les conservateurs devraient être capables de le comprendre.
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Monsieur le Président, je suis reconnaissant d'avoir l'occasion d'intervenir à la Chambre au sujet de cette importante question et de parler de l'engagement du gouvernement à l'égard de l'éducation des Premières nations.
La Chambre a pu constater que le gouvernement est déterminé à obtenir des résultats pour les enfants des Premières nations, pour leur famille et pour les collectivités autochtones qui sont présentes dans nombre de nos circonscriptions. Personnellement, je suis fier de représenter 32 Premières nations.
Les députés de ce côté-ci de la Chambre reconnaissent que l'éducation constitue un outil clé d'habilitation personnelle susceptible de mener à la prospérité. Nous comprenons fort bien qu'un niveau satisfaisant d'éducation et de compétences et un emploi permettent aux gens de réussir. Ce n'est qu'ainsi que les collectivités peuvent échapper à la pauvreté et que l'économie des Premières nations peut prospérer. La vigueur économique et un bon niveau d'éducation vont de pair.
Il ne fait aucun doute que le gouvernement est déterminé à veiller à ce que les élèves des Premières nations bénéficient des mêmes possibilités que les autres Canadiens. Les élèves autochtones méritent de recevoir une éducation leur assurant de posséder, au moment de l'obtention de leur diplôme, les compétences nécessaires pour réussir dans les emplois d'aujourd'hui et de profiter pleinement des mêmes possibilités que les autres Canadiens.
Voilà précisément pourquoi nous avons créé, l'an dernier, en partenariat avec l'Assemblée des Premières Nations, le Panel national sur l'éducation des Premières nations. À l'automne 2011, le panel a sillonné le Canada pour consulter les chefs des Premières nations, les parents, les aînés, les élèves, les enseignants, les autorités provinciales et des représentants du secteur privé concernant la manière d'améliorer l'expérience de l'école primaire et les résultats scolaires des élèves des Premières nations, à l'échelle du pays.
Nous remercions le panel de son travail remarquable. Dans son rapport final, le groupe propose des idées pour améliorer les résultats scolaires des élèves autochtones. En ce moment, nous examinons attentivement ce rapport et les recommandations qu'il contient pour savoir quelles seront les prochaines étapes.
Plusieurs budgets fédéraux successifs ont confirmé que l'éducation des Premières nations constitue une priorité de premier plan aux yeux du gouvernement. Nous investissons chaque année environ 1,5 milliard de dollars au poste des programmes d'éducation de niveaux primaire et secondaire destinés à 117 500 élèves des Premières nations partout à l'échelle de notre grand pays. Cet investissement appuie les services structurels, l'éducation spécialisée, les centres culturels éducatifs et les initiatives ciblées offerts aux élèves des Premières nations. Les conseils de bande et les organisations éducatives autochtones assurent la gestion et la prestation de ces programmes et services dans quelque 520 écoles situées dans les réserves.
Nous investissons également 200 millions de dollars par année dans les infrastructures scolaires, afin d'offrir un milieu d'apprentissage sûr et sain aux enfants des Premières nations. Des projets de construction sont en cours dans des collectivités partout au pays. Je sais qu'il y en a plusieurs dans la province et la circonscription que je représente. Il s'agit notamment de nouvelles écoles polyvalentes, comme celle de la Première nation de Birch Narrows qui vient d'ouvrir en Saskatchewan, la nouvelle école communautaire de la Première nation de North Spirit Lake, en Ontario, et l'école Mah-Sos de la Première nation de Tobique, au Nouveau-Brunswick, qui vient d'ouvrir ses portes. Le gouvernement a réalisé 248 projets d'école depuis le 1er avril 2006.
Nous ne nous contentons pas d'émettre des chèques; nous travaillons aussi en étroite collaboration avec les collectivités des Premières nations et les provinces pour veiller à ce que chacune des écoles autochtones connaisse un bon départ. Nous savons que les ressources financières ne suffisent pas pour relever les défis auxquels les étudiants des Premières nations sont confrontés.
Le budget de 2008 illustre bien cette philosophie. Il prévoyait un investissement dans l'éducation des Premières nations, qui ne consistait pas simplement à injecter plus d'argent dans des mécanismes de financement existants, mais qui mettait plutôt l'accent sur des initiatives concrètes, qui donnent des résultats concrets dans les salles de classe. Dans le budget, on a annoncé la création de l'Initiative de réforme de l'éducation des Premières nations, qui jette les bases de l'amélioration à long terme des programmes d'éducation des Premières nations.
Par exemple, dans le cadre du Programme de réussite scolaire des étudiants des Premières nations, on a confié aux décideurs locaux les outils nécessaires pour renforcer l'éducation à l'intérieur des réserves. Ce programme aide les éducateurs des Premières nations à planifier des améliorations et à les apporter dans les trois secteurs prioritaires que sont la maîtrise de la lecture et de l'écriture, celle du calcul et la persévérance scolaire. Plus de 90 p. 100 des étudiants des Premières nations bénéficient maintenant de ces initiatives.
Les écoles participantes élaborent des plans de réussite scolaire taillés sur mesure pour accroître les efforts dans ces domaines prioritaires. Elles reçoivent de l'aide pour élaborer ces plans, évaluer les élèves et mesurer le rendement, de manière à pouvoir apprécier et consigner les progrès réalisés par l'école et les élèves. Les écoles appliquent une méthode d'évaluation des apprentissages approuvée par les autorités provinciales et issue des systèmes établis de mesure du rendement. Ces mécanismes ainsi que de solides méthodes d'enseignement aident les enseignants à fixer des priorités en s'appuyant sur l'évaluation et à planifier en conséquence, pour hausser le degré de réussite des élèves à long terme.
Notre gouvernement sait que la langue et la culture jouent un rôle important quand vient le temps d'aider les élèves des Premières nations à avoir davantage confiance en leurs moyens et à améliorer leur estime de soi. Ce sont des facteurs importants pour garantir la réussite scolaire.
Les élèves des Premières nations seront plus enclins à poursuivre leurs études s'ils sont fiers de leur patrimoine et de leur culture. C'est pourquoi Affaires autochtones et du Développement du Nord Canada consacre 9,5 millions de dollars aux programmes éducatifs culturels, qui contribuent à la préservation et au renforcement de la culture, des traditions et des langues autochtones.
Les Premières nations peuvent aussi obtenir de l'aide grâce à des programmes comme le programme Nouveaux sentiers, qui permet aux organismes des Premières nations d'élaborer spécialement pour leurs écoles des programmes d'études culturellement adaptés à leur population scolaire.
Le gouvernement du Canada affecte en outre une somme de 5 millions de dollars chaque année à l'Initiative des langues autochtones, ce qui permet de financer des projets locaux visant à préserver et à revitaliser les langues des Premières nations, des Inuits et des Métis.
Au-delà de ces activités importantes, le gouvernement est conscient que des changements structurels plus profonds sont nécessaires pour fournir aux jeunes Autochtones un enseignement comparable à celui que dispensent les réseaux scolaires publics, mais nous ne pouvons pas y arriver seuls. L'amélioration des résultats scolaires est une responsabilité partagée par les autorités publiques, les populations locales, les enseignants, les familles et les élèves, qui ont tous un rôle important à jouer.
Parmi les mesures clés que nous avons prises se trouve également le Programme des partenariats en éducation, qui vise à renforcer la collaboration entre les Premières nations, les provinces et Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, pour que nous puissions collectivement améliorer la réussite scolaire des élèves.
De nombreuses écoles des Premières nations fonctionnent en vase clos, sans être reliées les unes aux autres, ni rattachées aux systèmes provinciaux. Par conséquent, ces écoles sont privées de certains outils essentiels pour améliorer les résultats des élèves, respecter les normes provinciales en matière d'éducation et voir à ce que les élèves puissent passer d'une école des Premières nations à une école provinciale sans que leurs résultats scolaires en souffrent.
Le gouvernement du Canada pense que la coopération entre les Premières nations et avec les autres administrations publiques est essentielle pour fournir aux élèves des Premières nations les mêmes avantages que les autres élèves canadiens. Ces partenariats à trois permettent aux Premières nations de gérer elles-mêmes leurs écoles, tout en leur offrant de nouveaux modèles de responsabilisation pour obtenir des résultats et tout en leur permettant de se rapprocher des normes provinciales applicables aux élèves et aux enseignants.
Le Programme des partenariats en éducation soutient la mise en oeuvre de plans d'action conjoints dans le cadre desquels les responsables des Premières nations et des provinces échangent des services et mettent leur expertise en commun. Cette approche vise à garantir que les élèves des Premières nations reçoivent une éducation comparable à celle des autres Canadiens et obtiennent des résultats semblables, qu'ils fréquentent un établissement situé à l'intérieur ou à l'extérieur des réserves.
Jusqu'à présent, nous avons conclu sept partenariats tripartites en éducation au Canada, et le gouvernement a signé cinq protocoles d'entente tripartites depuis la mise en oeuvre de l'Initiative de réforme de l'éducation des Premières nations.
Depuis 2008, des partenariats ont ainsi été établis entre les Premières nations et les gouvernements du Nouveau-Brunswick, du Manitoba, de l'Alberta et de l'Île-du-Prince-Édouard, et un accord sous-régional a été conclu avec le Conseil tribal de Saskatoon. Ces ententes s'ajoutent aux partenariats qui avaient été conclus auparavant avec la Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique. Les partenariats tripartites permettent aux collectivités des Premières nations de fournir des programmes d'études assortis de normes élevées et d'adopter des stratégies qui tiennent compte de leur culture et de leurs aspirations uniques.
Je suis heureux de signaler que des négociations sont en cours concernant de nombreux autres accords du genre. Nous sommes notamment sur le point de signer un protocole d'entente tripartite avec le Conseil de l'éducation des Premières nations au Québec et les Innus du Labrador à Terre-Neuve-et-Labrador.
Des progrès encourageants sont aussi réalisés en vue de la ratification d'un protocole d'entente avec les Chefs de l'Ontario. Plusieurs accords sous-régionaux sont en voie d'être réalisés et des négociations sont en cours avec les Premières nations du Yukon. Nous sommes particulièrement enthousiastes à l'égard du travail qui s'accomplit en Colombie-Britannique; c'est un parfait exemple des avantages de l'approche tripartite.
Dans le budget de 2010, le gouvernement du Canada a investi 30 millions de dollars dans l'éducation des Premières nations pour permettre aux élèves de ce groupe de recevoir un enseignement comparable à celui de l'ensemble des élèves canadiens. Nous avons commencé par offrir la formule tripartite en Colombie-Britannique, parce qu'on y trouvait des partenariats bien établis entre la province et le First Nations Education Steering Committee.
Ce comité est une société autonome qui représente 88 Premières nations réparties à l'échelle de la province et qui offre des services administratifs à leurs écoles. Les Premières nations de la Colombie-Britannique et le First Nations Education Steering Committee ont uni leurs efforts et mis sur pied un système d'éducation qui assure un soutien aux élèves des Premières nations. Ce faisant, ils ont démontré leur capacité de gérer des programmes et des services éducatifs.
Le 27 janvier, un nouvel accord de deuxième génération, l'Accord-cadre tripartite sur l'éducation, a été signé par le gouvernement en Colombie-Britannique et par le comité directeur de l'éducation des Premières nations. En vertu de cet accord, le comité directeur appuiera la prestation de programmes et de services d'éducation de qualité satisfaisant à des normes qui permettent aux élèves, le cas échéant, de passer d’une école de Première Nation à une école publique provinciale, à des niveaux de réussite similaires, sans que leurs études en soient pénalisées.
Ce qui est le plus prometteur, c'est que cet accord de partenariat est accompagné d'un nouveau modèle de financement. Le financement alloué à l'éducation des Premières nations sera comparable à celui alloué à une école de taille similaire, située dans un secteur similaire, mais qui fait partie du système public de la Colombie-Britannique. Des mesures progressistes de ce type permettront de combler l'écart en ce qui concerne les résultats scolaires et le taux de diplomation des élèves des Premières nations et des autres élèves canadiens.
Toutes les Premières nations d'une province peuvent se prévaloir de l'Accord-cadre tripartite sur l'éducation pour obtenir de l'aide afin d'administrer leurs écoles. À l'heure actuelle, les collectivités de la Colombie-Britannique négocient des ententes sur l'autonomie gouvernementale en matière d'éducation qu'elles pourront ensuite entériner, de même que le cadre qui donnera forme aux ententes sur l'autonomie gouvernementale.
Je tiens à souligner qu'environ 21 nations et collectivités inuites ont choisi de négocier la reconnaissance de leur champ de compétence en matière d'éducation hors du cadre de la Loi sur les Indiens, aux termes d'une entente de portée plus vaste ou de traités modernes où il est question d'autonomie gouvernementale et de revendications territoriales globales.
Le gouvernement est déterminé à offrir aux élèves autochtones les mêmes possibilités qui sont offertes aux autres Canadiens. Nous allouons les fonds nécessaires pour que les gens et les collectivités puissent avoir accès à l'éducation. Surtout, nous travaillons en partenariat avec les collectivités des Premières nations et les provinces pour procéder à d'importantes réformes de l'éducation, qui permettront aux élèves de réussir à long terme.
Nous savons que, grâce à l'éducation, les Premières nations pourront devenir autonomes et prospères, prendre leurs propres décisions, gérer leurs affaires et contribuer grandement à leur collectivité et à l'économie nationale.
Je ne prétends pas que les initiatives que j'ai mentionnées aujourd'hui sont la solution à tous les problèmes, mais il ne fait aucun doute qu'elles sont essentielles et vont dans la bonne direction.
Il ne fait aucun doute que le gouvernement est résolu à continuer de marquer des progrès. Comme le montrent nos investissements et notre participation à des partenariats fructueux, nous croyons que l'éducation des enfants et des jeunes des Premières nations est importante et nécessaire. Nous sommes prêts à faire notre part et nous avons hâte de collaborer avec des partenaires de bonne volonté afin d'obtenir de meilleurs résultats.
Je sais que tous les députés conviennent que les enfants des Premières nations ne méritent rien de moins. Étant donné que les jeunes des Premières nations représentent le segment de notre population qui connaît la croissance la plus rapide, nous voulons nous assurer qu'ils acquièrent les connaissances et les compétences nécessaires pour jouer un rôle dans l'économie et la société canadiennes, qui sont en croissance.
Je puis affirmer à l'opposition que le gouvernement continuera de travailler avec ses partenaires des Premières nations comme il l'a fait jusqu'ici, afin d'obtenir des résultats tangibles et durables et de faire en sorte que les Premières nations puissent contribuer pleinement à la vigueur de l'économie canadienne.
J'espère seulement que les enfants et les adolescents des Premières nations pourront compter sur la volonté de tous les partis à la Chambre de travailler ensemble à faire avancer ce dossier.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d'intervenir à la Chambre sur cette motion très importante. Je vais partager mon temps de parole.
Je veux souligner le bon travail des députés de et d'. Je tiens plus particulièrement à remercier la famille de Shannen Koostachin de permettre que le nom de leur fille soit évoqué dans cet endroit ainsi qu'à rendre hommage au travail que Shannen a réalisé durant sa très courte existence.
Comme je vais aussi parler du principe de Jordan, je tiens également à saluer particulièrement d'autres personnes, à savoir la famille de Jordan River Anderson et la Nation crie de Norway House.
En 2007, j'ai eu l'honneur d'intervenir à la Chambre et de proposer la motion no M-296:
Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait immédiatement adopter le principe de l’enfant d’abord, d’après le principe de Jordan, afin de résoudre les conflits de compétence en matière de services aux enfants des Premières nations.
Étant donné que bon nombre des députés ici présents ne siégeaient pas à la Chambre en 2007, je tiens à signaler que la motion à été adoptée à l'unanimité. Tous les partis l'ont appuyée. Cette motion faisait essentiellement état du fait que l'on accorderait la priorité aux enfants.
Même si je remercie le député de d'avoir présenté la motion, nous voilà encore aujourd'hui à débattre d'une motion qui porte sur le fait que les enfants des Premières nations reçoivent une éducation inférieure à celle des autres enfants au pays. Je veux citer le paragraphe 14(2) de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones:
Les autochtones, en particulier les enfants, ont le droit d’accéder à tous les niveaux et à toutes les formes d’enseignement public, sans discrimination aucune.
De nombreux députés ont néanmoins parlé avec beaucoup d'éloquence du fait que les enfants des Premières nations au pays fréquentent souvent des établissements dans un état si pitoyable qu'il est impossible d'énumérer tout ce qui ne va pas, que ce soit des portes qui ne ferment pas, le manque de chauffage qui oblige les élèves à porter des vestes, des mitaines et des manteaux en hiver ou encore le fait que des enfants n'ont pas de manuels scolaires. La liste est aberrante.
Dans certaines de ces collectivités, la tragédie des pensionnats indiens se répète car les enfants, pour obtenir une éducation adéquate, doivent quitter leurs collectivités. Les aînés disent que la situation ressemble à celle des pensionnats indiens parce qu'encore une fois, les enfants sont contraints de quitter leurs collectivités, même s'ils le font volontairement, pour recevoir une éducation.
Il me semble que, en 2012, avec toutes les technologies et les ressources que nous avons au pays, nous devrions sûrement être en mesure de fournir à ces enfants une éducation équitable qui respecte leur culture, leurs langues et leurs traditions. Pourtant, ce n'est pas le cas, et nous devons de nouveau nous pencher sur cette question.
La députée d' a signalé à juste titre les études que nous avons menées. Nous pourrions probablement recouvrir la Chambre au complet avec toutes les études qui ont été effectuées et, malgré cela, il y a encore des enfants qui reçoivent une éducation de piètre qualité au Canada. Je pense notamment aux enfants des Premières nations et aux enfants inuits. Quand cette situation changera-t-elle?
Le gouvernement parle de la productivité et de la pénurie de main-d'oeuvre. Nous avons rencontré des dirigeants des Premières nations dans l'ensemble du pays. Ils nous ont dit qu'ils voulaient que nous éduquions leurs enfants pour qu'ils puissent faire partie de la population active. Ils ont ajouté qu'ils voulaient prendre leur place dans l'économie canadienne, et que nous devrions leur donner les outils nécessaires à cette fin.
Pire encore, parce que nous ne pouvons pas obtenir de la justice dans ce pays, les organisations sont forcées de faire appel aux organismes de l'ONU afin de parler de l'état de l'éducation au Canada. J'aimerais citer le document Nos rêves comptent aussi: Les droits, la vie et l'éducation des enfants des Premières nations, un rapport parallèle publié par la campagne Rêve de Shannen à l'intention du Comité sur les droits de l'enfant des Nations Unies à l'occasion des troisième et quatrième examens périodiques de l'état de la situation au Canada. Je n'ai évidemment pas le temps de lire le rapport au complet, mais je tiens à me pencher sur deux recommandations. Voici ce que le préambule dit.
Inspirés par notre amie Shannen Koostachin, nous demandons respectueusement au comité d’entendre nos voix et de nous appuyer dans nos démarches pour que le gouvernement du Canada (MAINC) respecte nos droits et ses obligations envers les enfants, les jeunes et les communautés des Premières nations. Nous grandissons actuellement et nous ne pouvons pas attendre que le gouvernement canadien se décide à poser les bons gestes.
L'une des recommandations porte sur le principe de Jordan:
Veillez à ce que le Canada mette en oeuvre le « principe de Jordan » pour tous les services gouvernementaux fournis aux enfants et aux jeunes des Premières nations. Cette mesure nous éviterait des niveaux inéquitables de services, des temps d’attente excessive et le refus de soins médicaux urgents ou d’autres soins simplement parce que les gouvernements fédéral et provinciaux n’arrivent pas à s’entendre sur lequel des deux devrait défrayer le service.
Ce sont les enfants du pays qui le disent.
Les membres des Premières nations ne sont pas les seuls à parler du principe de Jordan. La vérificatrice générale, dans son rapport de mai 2008, a dit que les services à l'enfance et à la famille des Premières nations reflètent les iniquités qui règnent au Canada dans la prestation de services d'aide à l'enfance dans les réserves. Elle a signalé que le principe de Jordan accorde la priorité aux enfants des Premières nations. Elle a dit:
À notre avis, un mécanisme de résolution de conflits ne fonctionnera pas en cas de différends irréconciliables et sans un changement dans les autorités de financement. De tels problèmes doivent être réglés avant qu'on puisse offrir, en temps opportun, de meilleurs services aux enfants des Premières nations.
J'aimerais citer quelques passages de Mener le juste combat: Le principe de Jordan. Ce document explique le contexte et ce qui a été accompli jusqu'à présent.
De nombreux enfants des Premières nations sont pris au piège par des conflits de financement entre le gouvernement fédéral et provincial ou entre gouvernements provinciaux. Ces conflits peuvent avoir de lourdes conséquences sur leur accès aux services médicaux et de santé essentiels.
Soit dit en passant, ce n'est pas seulement entre les gouvernements fédéral et provinciaux qu'on constate des conflits, mais aussi entre les ministères fédéraux. Santé Canada affirme que le problème ne relève pas de son domaine de compétence. Affaires autochtones et Développement du Nord Canada affirme la même chose. Tandis que ces deux ministères se renvoient la balle, les enfants attendent qu'on s'occupe d'eux.
Le principe de Jordan ne concerne pas seulement les besoins médicaux complexes. C'est pourquoi je l'invoque dans le contexte de l'éducation. Les enfants des Premières nations devraient avoir accès à une éducation de qualité, au même titre que le reste des Canadiens.
Mais revenons au document sur le principe de Jordan. Un certain nombre d’organisations et de personnes ont mené le juste combat pour remédier à cette situation.
Le principe de Jordan fut adopté par la Chambre des communes en décembre 2007. Ce principe de l’enfant d’abord veut que, en cas de conflit de compétence relatif au financement de services publics destiné à un enfant indien inscrit, le gouvernement auquel on s’est adressé en premier est tenu de financer les services requis sans délai ni interruption.
Ce principe a été nommé en l'honneur de Jordan River Anderson, un enfant de la nation crie de Norway House, au Manitoba, qui avait des besoins médicaux complexes à sa naissance. Il a passé plus de deux ans à l'hôpital inutilement, parce que les gouvernements fédéral et provincial n'arrivaient pas à décider qui devrait payer le coût de son hébergement dans un foyer d'accueil spécialisé de sa collectivité.
Jordan est décédé après avoir passé toute sa vie à l'hôpital. C'est un crime dans ce pays; c'est même plus qu'un crime. La famille de Jordan River Anderson a dû se résigner à le confier à des services provinciaux parce que le gouvernement fédéral refusait d'assumer le coût des soins dans sa collectivité.
Tout d'abord, il a fallu deux ans d'hospitalisation avant que l'état de Jordan soit assez stable pour qu'il puisse vivre dans un foyer d'accueil spécialisé. À ce jeune âge, alors qu'il aurait pu aller vivre dans un climat familial et y recevoir tout l'amour et le soutien d'un environnement familial, les gouvernements fédéral et provincial ont déclaré: « Ce n'est pas à moi d'assumer cette facture. Quelqu'un d'autre doit en prendre la responsabilité. » Jordan a passé les deux années suivantes à l'hôpital, puis il est décédé. Il aurait suffi qu'un ordre de gouvernement prenne les choses en main et décide: « Nous allons payer les soins dont cet enfant a besoin. On pourra se chamailler à propos de l'argent plus tard. » Mais ce n'est pas ce qui s'est produit.
Les Canadiens de partout au pays devraient être scandalisés que des enfants — des enfants des Premières nations, métis et inuits — puissent être traités de cette manière dans notre pays aujourd'hui.
Je constate avec tristesse que, depuis 2007, ce dossier n'a pas progressé autant qu'on pourrait l'espérer quand une motion est adoptée unanimement à la Chambre des communes. On s'attendrait à ce que les députés de tous les partis disent: « Nous sommes d'accord, les enfants des Premières nations doivent passer en premier dans ce pays. Nous allons verser l'argent et nous déterminerons plus tard qui assumera la facture. »
Ce n'est pas ce qui s'est produit. Cinq ans se sont écoulés, et rien ne s'est passé. J'exhorte tous les députés à appuyer le rêve de Shannen, montrant ainsi que nous croyons que les enfants des Premières nations, métis et inuits ont droit à l'égalité.