La Chambre reprend l’étude, interrompue le 27 février, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité, et de la motion portant que la question soit maintenant mise aux voix.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui pour participer au débat concernant la Loi sur la croissance économique et la prospérité -- Canada-Panama.
Notre gouvernement reconnaît que le commerce et l’investissement constituent les piliers du succès économique pour notre pays. Au Canada, 60 p. 100 de notre PIB et un emploi sur cinq dépendent du commerce. Même si notre économie a surclassé beaucoup des économies du monde ces dernières années, nous ne pouvons pas tenir le succès pour acquis. Les travailleurs canadiens comptent sur nous pour développer les marchés et ouvrir les portes à nos entreprises afin de favoriser leur succès partout dans le monde. Voilà à quoi tend notre plan d’encouragement du commerce. C’est le plan le plus ambitieux de son genre dans l’histoire du Canada.
La Loi sur la croissance économique et la prospérité — Canada-Panama que nous débattons aujourd’hui est une autre des mesures que notre gouvernement prend pour aider les Canadiens à soutenir la concurrence et à réussir dans l’économie mondiale. Les entreprises canadiennes nous demandent depuis longtemps de resserrer nos liens avec le Panama. Notre gouvernement répond à l’appel.
Le Panama a une économie novatrice, dynamique et à croissance rapide qui offre d’énormes perspectives commerciales aux entreprises canadiennes. D’après un rapport récemment publié par le Centre de l’aviation pour l’Asie-Pacifique, le CAPA, le Panama a l’économie qui croît le plus rapidement en Amérique latine, et cette situation devrait se maintenir pendant les cinq prochaines années. En 2010, le PIB panaméen a enregistré une croissance réelle de 7,5 p. 100. Ce taux devrait également se maintenir en 2011.
Cette croissance, qui est favorisée par l’expansion du canal de Panama ainsi que par d’autres grands projets d’infrastructure, crée d’extraordinaires possibilités pour les entreprises canadiennes. Il est important que ces entreprises établissent assez tôt une présence dans ce marché émergent et nouent des relations solides qui leur assureront un avantage concurrentiel. Toutefois, le phénomène économique remarquable qui se produit au Panama n’est pas la seule raison pour laquelle notre gouvernement cherche à resserrer ses liens avec ce partenaire régional. Grâce à son canal, le Panama occupe une place unique et influente dans le système commercial mondial. Il constitue le point d’entrée d’une grande région, ouvrant ainsi l’accès aux marchés voisins. Le Canada et le Panama ont des relations positives croissantes fondées sur des valeurs communes. Nos politiques et nos objectifs dans la région correspondent bien. Le Panama est pour nous un partenaire d’optique commune qui a fait la preuve de son engagement à aligner ses lois et sa réglementation sur les normes internationales.
Par exemple, le Panama a fait d’importants progrès au chapitre de la transparence dans le domaine fiscal. En reconnaissance de ces améliorations, l’OCDE a officiellement placé le Panama, en juin 2011, sur sa liste des pays qui ont pratiquement mis en œuvre les normes internationales d’échange de renseignements fiscaux. C’est là un important jalon, qui montre que le pays a fait des progrès en vue d’honorer ses engagements relatifs à la lutte contre l’évasion fiscale internationale.
Une fois adoptée, la Loi sur la croissance économique et la prospérité — Canada-Panama ouvrira un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays. Nous avons négocié un accord de libre-échange complet et de grande qualité qui couvre tout, depuis l’accès aux biens jusqu’au commerce des services, à l’investissement et aux marchés publics. Cet accord aiderait les entreprises et les travailleurs canadiens à soutenir la concurrence et à réussir sur le marché panaméen. Il contribuerait aussi à resserrer les liens entre les deux pays à l’avenir.
La Loi sur la croissance économique et la prospérité — Canada-Panama créera de nouvelles occasions pour les entreprises et les producteurs du Canada en supprimant les principales barrières tarifaires auxquelles étaient assujetties les marchandises canadiennes arrivant sur le marché panaméen. À l’heure actuelle, Panama applique un tarif moyen de nation la plus favorisée de 6,2 p. 100 sur les produits non agricoles et des tarifs de 10 p. 100 ou plus sur un certain nombre de produits que le Canada souhaite exporter.
Le Panama a accepté d’éliminer les tarifs sur 89 p. 100 de ses importations canadiennes de produits non agricoles. Les tarifs restants seraient progressivement éliminés au cours des 5 à 15 prochaines années. Cela réduirait très sensiblement les barrières tarifaires, ce qui profiterait à un grand nombre de secteurs de l’économie canadienne, dont le poisson et les fruits de mer, les produits du papier, les véhicules et les pièces de rechange, les matériaux et le matériel de construction ainsi que les machines industrielles et électriques.
Les exportations canadiennes de produits agricoles profiteraient également de cet accord. À l’heure actuelle, les tarifs panaméens s’appliquant aux principales exportations agricoles du Canada — porc, légumineuses et arbres de Noël — s’échelonnent entre 0 et 70 p. 100. Une fois l’accord mis en œuvre, 89 p. 100 des exportations agricoles canadiennes seraient immédiatement admises en franchise. Les Panaméens pourraient ainsi acheter des arbres de Noël canadiens sur lesquels aucun droit de douane n’aurait été acquitté. C’est une excellente nouvelle pour le secteur canadien des arbres de Noël, de même que pour nos secteurs du porc et du bœuf.
Les produits tels que le bœuf et le porc ainsi que les pommes de terre surgelées et les légumineuses entreraient au Panama en franchise dès la mise en œuvre de la loi. Les autres exportations agricoles canadiennes seraient soumises à des tarifs dégressifs, qui seraient complètement éliminés en 5 à 15 ans.
Ce n’est pas tout. Le secteur canadien des services profiterait lui aussi de cette loi. L’accord assure aux fournisseurs canadiens de services un environnement sûr, prévisible, transparent et réglementé qui faciliterait l’accès au marché panaméen des services dont la valeur annuelle s’élève à 20,6 milliards de dollars. Le Panama a une économie axée sur les services, qui offre d’intéressantes occasions aux fournisseurs canadiens, particulièrement dans les secteurs des finances, de l’ingénierie, des services d’extraction minière et pétrolière, de la construction, des projets d’immobilisations et des services environnementaux.
Dans le domaine de l’investissement, l’accord de libre-échange assurerait aux investisseurs l’accès à un mécanisme de règlement des différends transparent, obligatoire et impartial grâce à un arbitrage international. Les obligations énergiques prévues dans l’accord autoriseraient le libre transfert des capitaux liés à des investissements, protégeraient contre l’expropriation sans une indemnisation rapide et suffisante et garantiraient un traitement non discriminatoire des investissements canadiens. Le Panama est une destination établie d’investissements directs canadiens, surtout dans les secteurs de la banque, des services financiers, de la construction et des mines. L’accord intensifierait le flux bilatéral d’investissements.
Parmi les principales priorités à considérer en vue du resserrement des relations commerciales avec le Panama, il faut noter les occasions remarquables qui existent dans le secteur des marchés publics.
À part l’actuel projet d’expansion du canal qui doit coûter 5,2 milliards de dollars, le gouvernement panaméen prévoit réaliser de nombreux projets d’infrastructure, qui sont actuellement soit au stade de l’étude soit en cours de réalisation, afin de construire et d'améliorer des routes, des hôpitaux, des logements sociaux, des ponts et des aéroports. Ces projets font partie d’un plan d’investissement stratégique 2010-2014 de 13,6 milliards de dollars. Il y a lieu de signaler que le gouvernement panaméen a l’intention, dans le cadre de ce plan, de construire à Panama même un métro qui doit coûter 1,5 milliard de dollars.
Les occasions sont déjà là ou sont sur le point d’être annoncées. En vertu de cet accord, les fournisseurs canadiens bénéficieraient d’un accès non discriminatoire à une vaste gamme de marchés publics, y compris ceux qui relèvent de l’Autorité du canal de Panama. Les entreprises canadiennes possèdent les compétences que le Panama cherche à développer. Cet accord leur permettrait de présenter des soumissions concurrentielles lorsque ces marchés seraient annoncés.
Toutefois, il importe de signaler que beaucoup de ces projets sont déjà en cours de réalisation. Si nous retardons la mise en œuvre de l’accord, les sociétés canadiennes risquent de perdre d’importants marchés publics parce qu’elles n’auront pas la possibilité de se prévaloir des dispositions de l’accord de libre-échange. Par conséquent, il est critique d’adopter sans tarder la Loi sur la croissance économique et la prospérité — Canada-Panama.
Je sais que des députés se sont inquiétés de l’impact que les accords commerciaux pouvaient avoir sur les travailleurs. Les avantages de l’accord de libre-échange à l’étude aujourd’hui sont clairs. Le Canada a besoin de plus d’emplois et d’une croissance plus vigoureuse. Mais je dois rassurer la Chambre: le gouvernement actuel estime que la croissance et les emplois ne doivent pas être acquis aux dépens des droits des travailleurs ou de l’environnement. Voilà pourquoi la Loi sur la croissance économique et la prospérité — Canada-Panama doit s’accompagner d’un important accord parallèle qui témoigne de notre engagement commun à l’égard de la responsabilité sociale des entreprises, des droits des travailleurs et de la protection de l’environnement naturel.
Parallèlement à l’accord de libre-échange, le gouvernement a signé avec le Panama de solides accords sur l’environnement et la main-d’œuvre. Il se trouve aujourd’hui des députés pour penser que le projet de loi devrait faire l’objet d’un long débat. Ils demandent pourquoi le gouvernement est si pressé de le faire adopter. La Loi sur la croissance économique et la prospérité — Canada-Panama a été conclu et signé il y a près de deux ans. Nous avons déjà laissé passer des occasions extraordinaires parce que nous avons tardé à mettre l’accord en œuvre.
Un projet de loi visant à mettre en œuvre l’accord de libre-échange entre le Canada et le Panama a été présenté au cours de la 40e législature. Il a été débattu pendant 15 jours et près de 30 heures. Le Comité permanent du commerce international a étudié à fond l’accord commercial pendant la législature précédente et il en a fait rapport à la Chambre sans propositions d’amendement.
Cette fois-ci, j’espère sincèrement que les députés travailleront de concert afin d’achever rapidement le débat à l’étape de la deuxième lecture. Nous ne pouvons pas continuer de perdre des occasions en or parce que nous tardons à mettre l’accord en œuvre. Il est temps que la Chambre mène à bien l’étude du projet de loi.
Il importe de signaler que le Canada n’est pas le seul à s’efforcer d’établir des relations économiques plus étroites avec l’économie panaméenne. D’autres pays ont remarqué le potentiel du Panama et ils souhaitent se donner l’avantage d’être les premiers sur ce marché vigoureux et en croissance.
Le Canada ne peut pas se permettre de rester en touche tandis que d’autres pays cherchent avec énergie à conclure des accords commerciaux afin d'obtenir l’accès au marché panaméen pour leurs produits et services. Le Panama a un programme intense et ambitieux en faveur du commerce, qui englobe des négociations de libre-échange avec toute une série de partenaires. Des négociations sur un accord de libre-échange entre le Panama et l’Union européenne ont eu lieu en mai 2010. L’accord devrait être signé au printemps et pourrait entrer en vigueur d’ici la fin de 2012.
Ce qui est plus important encore pour le Canada, cependant, c'est que son principal concurrent sur le marché panaméen, les États-Unis, a conclu un accord de libre-échange avec le Panama, accord que le Congrès américain a déjà approuvé. L’accord de promotion du commerce entre les États-Unis et le Panama pourrait fort bien entrer en vigueur cette année. Si la Chambre n’agit pas promptement et de façon décisive, les entreprises canadiennes auront un désavantage concurrentiel non négligeable. Elles perdront une part de marché au Panama si les entreprises américaines peuvent tirer parti d’un accès préférentiel au marché panaméen tandis que des droits continueront de frapper les produits canadiens.
Nous devons agir dès maintenant si nous voulons que les entreprises canadiennes puissent affronter la concurrence à armes égales et demeurer compétitives sur le marché panaméen. Des liens économiques plus étroits avec le Panama promettent de rapporter des avantages aux exportateurs, investisseurs et consommateurs canadiens et à l’ensemble de notre économie. Les avantages d’un accord commercial avec le Panama sont clairs. Un tel accord favoriserait l’emploi au Canada en renforçant notre capacité d’exporter davantage de produits et de services vers ce marché.
ParlAmericas est l’une des associations avec lesquelles je travaille. J’ai eu l’occasion de me rendre au Panama pour discuter avec les diputados de là-bas de cet accord et de ce qu’il représente pour eux. L’été dernier, j’ai fait un voyage personnel là-bas et j’ai passé du temps avec un diputado, qui m’a fait visiter des quartiers à haut risque, dans les banlieues très pauvres de Panama. Il m’a montré à quel point les Panaméens comptent sur le commerce. Ils y voient une chance pour les enfants de quatre, cinq ou six ans qui s’attroupaient autour de nous pour avoir des bâtons de baseball ou des jouets. Leurs parents et leurs familles veulent de bons emplois. Ils disent qu’ils auraient des débouchés s’ils pouvaient livrer concurrence dans le monde. Ils m’ont demandé pourquoi le Canada ne signait pas cet accord de libre-échange, pourquoi il fallait attendre si longtemps.
Les Panaméens s’y connaissent en commerce, et ils n’en ont pas peur. Ils comprennent que le commerce leur rapporterait des avantages, tout comme il nous en donnera à nous. Voilà pourquoi il s’agit d’un accord commercial équitable, et les Panaméens nous demandent depuis longtemps d’adopter cette mesure. L’ambassadeur du Panama au Canada travaille sans relâche pour amener tous les députés à comprendre à quel point cet accord est bénéfique pour les deux pays. Il marque un progrès et il est important pour nos sociétés et nos entreprises.
Lorsque nous parlons de croissance au Canada et de notre place dans le monde, nous ne devons pas oublier qu’il faut continuer à conclure des accords commerciaux comme celui que nous avons élaboré pour le Panama. Nous devons continuer également à conclure des accords commerciaux comme l’Accord de partenariat transpacifique dans des régions comme celles de l’Inde et de la Corée. Nous devons être disposés à permettre à nos entreprises de livrer concurrence en ayant un accès juste et sans entraves aux marchés. Voilà à quoi le gouvernement s’emploie.
Je tiens à rendre hommage au pour ce qu’il fait à cet égard. Voilà un ministre qui comprend. Il saisit l’importance du commerce. Il comprend parce qu’il discute avec les hommes et femmes d’affaires au Canada. Il leur demande ce qu’il peut faire pour les aider à faire croître leurs entreprises, à les renforcer, à faire en sorte qu’elles continuent à engager du monde. Ses interlocuteurs lui disent qu’ils veulent avoir accès aux marchés du Panama, de la Colombie et des États-Unis. Ils veulent avoir l’assurance que, lorsqu’ils ont accès au marché et que des différends surgissent, ils auront les moyens de les régler. Ils disent vouloir simplement avoir un accès juste aux marchés. Les entreprises canadiennes ne demandent pas mieux que de livrer concurrence, et elles adorent le faire.
Dans ma circonscription, une circonscription agricole, on cultive beaucoup de légumineuses. Et les producteurs sont pleins d’enthousiasme. Ils entrevoient une excellente occasion de vendre leurs légumineuses sur le marché panaméen. Ils estiment que Panama est une bonne tête de pont pour finir par atteindre toute l’Amérique latine et y vendre leurs produits. Ils n’ont pas peur de livrer concurrence. Les Panaméens considèrent la qualité des légumineuses du Canada et leur teneur en protéines. Ils y voient un excellent produit, et ils sont enthousiastes. Si l’accord de libre-échange n’est pas mis en œuvre, c’est un autre pays qui fournira ce marché.
Croyez-vous que les autres pays restent là sans rien faire? Ils sont aussi conscients de l’importance stratégique du Panama et se disent qu’ils doivent s’y implanter, qu’ils ne peuvent pas laisser les Canadiens leur damer le pion. Et qu’est-ce que le Parlement a fait? Il a fait traîner les choses en longueur. Il y a eu des élections et d’autres choses qui ont entraîné des retards et dont il ne faut pas blâmer les parlementaires, mais j’ajoute du même souffle qu’il n’y a plus de raison de temporiser.
Nous devons aller de l'avant dès maintenant. Nous devons voir cette entente aboutir. Nous devons permettre à nos entreprises de se rendre en Amérique latine, en particulier au Panama, et d'y établir des relations. Lorsque nous traitons avec le Panama ou tout autre pays de l'Amérique centrale ou de l'Amérique du Sud, nous devons comprendre que les relations sont fondamentales pour ces pays. Les entreprises canadiennes ont besoin de temps pour aller là-bas et nouer des relations personnelles avec chacun des partenaires avec lesquels ils peuvent travailler. Il leur faut du temps. Elles ont besoin que cette entente soit conclue afin de pouvoir se rendre là-bas et profiter de toutes les occasions d'affaires dont j'ai parlé. Ce n'est que la pointe de l'iceberg.
Il nous suffit de penser au potentiel de croissance du Panama, à sa situation géographique, au canal de Panama, à l'aéroport de la ville de Panama, que le transporteur aérien Copa dessert et qui deviendra une plaque tournante internationale pour tous les pays de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud. Le potentiel est immense. Je n'aimerais vraiment pas que nous empêchions nos entreprises d'en profiter le plus tôt possible.
C'est pourquoi j'encourage vivement tous les députés à se tourner vers l'avenir et à parler à leurs électeurs. Nous devons conclure cette entente dès que possible et renvoyer le projet de loi au comité.
Je rappellerai aux députés qu'il a déjà été examiné à fond par le comité. Celui-ci ne devrait donc pas tarder à le renvoyer à la Chambre. Il devrait pouvoir examiner les témoignages déjà entendus et comprendre les questions.
Je rappelle également à la Chambre que le comité nous l'a déjà renvoyé sans un seul amendement, et que c'était quand le gouvernement était minoritaire. Les représentants de tous les partis à ce comité ont cherché à le faire adopter.
J'invite mes collègues à collaborer comme ils l'ont fait alors pour faire adopter ce projet de loi et permettre ainsi aux entreprises canadiennes de profiter du marché panaméen et aux habitants du Panama de découvrir les produits que nos entreprises ont à leur offrir.
Nos entreprises en profiteront. Des emplois seront créés. L'économie du Canada en sera renforcée. Nos électeurs nous remercieront.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui pour participer au débat sur l’accord commercial entre le Panama et le Canada. Toutefois, avant de commencer, je voudrais dire quelques mots au sujet de la politique commerciale du gouvernement en général.
Quelqu’un a dit à la Chambre que pour la première fois depuis 30 ans, sous le gouvernement conservateur, nous avons des déficits commerciaux. Cette situation est en partie attribuable à notre dépendance excessive à l’économie des États-Unis et au ralentissement de cette économie, mais aussi dans une certaine mesure au fait que le gouvernement n’a pas su défendre efficacement les intérêts canadiens, l’économie canadienne, les sociétés canadiennes et les travailleurs canadiens contre les mesures protectionnistes des États-Unis. Nous savons que le protectionnisme est un réflexe aux États-Unis, quelle que soit l’allégeance politique: démocrates, républicains, tenants du Tea Party et indignés, tous en sont atteints. On se rabat automatiquement sur le protectionnisme quand les temps sont difficiles, et nous savons que la situation n’est pas rose actuellement aux États-Unis.
Nous devons améliorer nos relations aux deux extrémités de l’avenue Pennsylvania: c’est-à-dire d’un côté, l’administration, la Maison-Blanche, et de l’autre, le Congrès. Nous devons mieux défendre les intérêts canadiens entre législateurs, entre sénateurs et députés canadiens et sénateurs et membres du Congrès américains, de gouvernement à gouvernement, de ministre à ministre, de premier ministre à président. Les relations entre les présidents et les premiers ministres ont déjà été plus cordiales qu’elles ne le sont entre l’actuel président des États-Unis et l’actuel .
C’est simple, le Canada doit mieux défendre ses intérêts contre le protectionnisme américain. Les États-Unis ont déjà adopté plusieurs ensembles de mesures législatives qui comportaient des dispositions protectionnistes et qui ont menacé, affaibli et même éliminé des emplois canadiens et écarté les entreprises canadiennes des marchés publics américains. Ces mesures ont eu un effet pernicieux, et de nouvelles dispositions de ce type viennent d’être proposées aux États-Unis. L’inquiétude est vive parmi les manufacturiers canadiens.
Si l’on regarde l’ensemble de l’économie canadienne, force est de reconnaître que même si les statistiques macroéconomiques sont relativement satisfaisantes dans certains secteurs, une fois ventilées par région elles révèlent une très étrange reprise au Canada. En fait, le monde ne traverse pas un cycle ordinaire de récession et de reprise, mais plutôt une période de restructuration de l’économie mondiale.
Une partie de ce qui se passe au Canada reflète cette restructuration de l’économie mondiale, avec la montée de la Chine et de l’Inde et la demande accrue de ressources naturelles, notamment le pétrole, le gaz, la potasse et les minéraux de toutes sortes. À bien des égards, nous avons de la chance, car notre pays regorge de richesses naturelles. C’est évidemment un avantage que d’avoir toutes ces richesses naturelles et d’être en mesure de répondre à la demande pour ces ressources. Nous nous en tirons bien dans ces secteurs et dans les provinces où se trouvent ces ressources.
Prenons l’Alberta, la Saskatchewan et certaines régions de Terre-Neuve. L’économie y paraît beaucoup plus dynamique que dans le centre économique traditionnel du Canada, c’est-à-dire l’Ontario, le Québec et les Maritimes, où nous constatons un net repli, un recul. En fait, on peut dire que notre pays souffre de ce que certains appellent le syndrome hollandais : notre dollar s’apprécie en raison de la demande de ressources naturelles, et les emplois manufacturiers et à valeur ajoutée disparaissent. C’est un problème sur lequel notre pays doit se pencher. Nous, les parlementaires, devons examiner cette question. Nous devons comprendre la disparité croissante entre les provinces riches et les provinces pauvres.
L’une des façons de remédier au problème consiste à adopter une politique commerciale plus musclée. Pendant ses trois premières années au pouvoir, l’actuel gouvernement conservateur a sermonné la Chine et il a complètement ignoré l’Inde. Le gouvernement a récemment effectué un virage en ce qui concerne les relations avec la Chine et avec l’Inde. Il faudra toutefois du temps pour reconstruire les liens avec la Chine. Les relations du Canada avec la Chine sont actuellement au plus bas, alors que depuis 40 ans, depuis que le premier ministre Trudeau a ouvert la porte de la Chine, en 1968, elles étaient excellentes. Trudeau a été le premier dirigeant occidental à nouer des relations diplomatiques avec la Chine postrévolutionnaire. Avant même que Nixon établisse un pont vers la Chine, Trudeau y était.
Cette bonne entente a considérablement souffert pendant les trois premières années du gouvernement conservateur actuel. Je constate que le gouvernement travaille maintenant assidûment pour reconstruire ces relations, et c’est ce qu’il faut faire. Toutefois, il importe de reconnaître les dommages infligés à cette relation au début du règne conservateur.
Nombre de spécialistes de l’économie mondiale sont d’avis qu’au cours des 10 ou 15 prochaines années, la croissance viendra de l’Afrique, un continent qui offre d’immenses perspectives. Nous avons toujours entretenu une relation d’aide avec l’Afrique, mais nous devrions maintenant dépasser cette relation d’aide et resserrer nos liens commerciaux. C’est un continent avec lequel le Canada a toujours eu des liens d’amitié. Nous devons les cultiver plus encore. Nous devons reconnaître les vastes possibilités commerciales que présente l’Afrique, des possibilités qui peuvent profiter tant à la population africaine qu’à la population canadienne. Nous pourrions devenir des partenaires et participer au progrès de l’Afrique.
Le gouvernement conservateur s’est surtout intéressé à l’Amérique latine. Le renforcement de nos relations commerciales avec l’Amérique latine n’est pas une mauvaise idée, mais cela n’exclut pas pour autant une intensification des échanges avec la Chine, l’Inde et l’Afrique.
Selon moi, le Canada a là une occasion de faire sa marque dans le domaine des échanges mondiaux, de s’imposer comme chef de file du commerce mondial, et ce, pour diverses raisons.
Premièrement, nous avons le meilleur système bancaire et les meilleurs services financiers au monde. Nos banques réussissent non seulement au Canada, mais aussi à l’étranger: en Chine, en Inde et en Amérique latine. Les banques canadiennes se sont installées dans certaines des économies les plus dynamiques du monde et elles y prospèrent. Il y a quelques mois, la Banque de la Nouvelle-Écosse a acheté 20 p. 100 de la Banque de Guangzhou, en Chine. Il y a un peu plus d’un an, la Banque de la Nouvelle-Écosse achetait tous les actifs colombiens de la Royal Bank of Scotland. Récemment, la Banque de la Nouvelle-Écosse a acquis une importante entreprise de détail en Colombie. La Banque de Nouvelle-Écosse a des bureaux partout en Amérique latine et dans les Caraïbes. Et il n’y a pas que la Banque de la Nouvelle-Écosse: la Banque Royale, la Banque de Montréal et la Banque TD sont également actives à l’étranger, en particulier aux États-Unis.
L'un des facteurs qui sous-tendent notre influence à l’étranger est la présence et la vigueur de notre secteur des services financiers. Nous pourrions mieux exploiter les succès de notre secteur des services financiers pour promouvoir le changement positif et exercer plus d’influence dans ces pays.
Deuxièmement, comme je l'ai déjà dit, le Canada a la chance de posséder des ressources naturelles considérables dont des pays comme la Chine et l'Inde ont besoin. Nous sommes devenus des spécialistes de l'extraction. Notre expertise dans ce domaine n'a pas d'égale dans le monde, non seulement pour le pétrole et le gaz naturel, mais aussi pour les ressources minières. La mise en valeur des industries minière, pétrolière et gazière au Canada nous a permis d'exporter des méthodes et des technologies dans d'autres pays désireux d'exploiter leurs abondantes ressources naturelles.
L'Amérique latine est très riche en ressources naturelles. Bien des pays de cette région se heurtent à des obstacles que nous avons mis des décennies à surmonter au Canada. Beaucoup regorgent de richesses naturelles et doivent maintenant prendre conscience qu'il existe une demande sans précédent pour ces ressources afin de pouvoir saisir les occasions qui s'offrent à eux. Nous pouvons les aider ainsi que collaborer et conclure des partenariats avec eux.
Comme le Canada, la Colombie a beaucoup de ressources minières, pétrolières et gazières. Les deux pays se ressemblent également sur le plan historique: ni l'un ni l'autre n'a été un pays colonisateur. Les deux ont été colonisés. Tous deux comptent aussi des populations autochtones.
Il y a 30 ans, la plupart des Autochtones et leurs chefs étaient contre l'exploitation des ressources naturelles et l'extraction du pétrole et du gaz naturel au Canada. Aujourd'hui, ce sont des partenaires d'affaires et des partenaires financiers qui participent à la mise en valeur de ces industries extractives. J'aimerais que nous fassions équipe avec les gouvernements d'Amérique latine pour cerner des pratiques exemplaires afin d'exploiter les richesses naturelles d'une manière durable et d'en faire profiter les peuples autochtones.
Dans ces pays et au Panama, il y a encore des défis à relever. Il y a des problèmes liés aux paradis fiscaux au Panama. Il y a eu des progrès, mais il faut en faire davantage. Je suis d'avis que, tout comme en Colombie, où des problèmes subsistent, il faut se demander, en tant qu'étrangers, comment s'y prendre pour avoir la meilleure influence possible et faire évoluer la situation. Je crois que les accords de libre-échange assortis de cadres solides, fondés sur des règles à l'égard des pratiques environnementales et de la protection des droits de la personne et des droits des travailleurs, peuvent renforcer notre capacité à apporter des changements positifs et à créer des partenariats avec les habitants honnêtes de ces pays, qui veulent aller de l'avant et aider leur peuple à aller de l'avant. Les accords de libre-échange assortis de cadres solides protégeant les droits des travailleurs et l'environnement nous rendent plus influents et nous permettent d'aider ces pays, pas seulement en vue de favoriser la prospérité des propriétaires d'entreprises canadiennes ou de créer des emplois pour les Canadiens, mais aussi pour aider ces pays à développer leur économie et leur société.
Je partage les inquiétudes d'autres députés, parfois de tous les partis, concernant les défis passés et présents dans ces pays. Le trafic de la drogue en est un exemple. Si nous n'offrons pas de débouchés commerciaux légitimes à ces pays, une seule voie s'offre aux habitants des villages et des villes pour gagner leur vie, se livrer au trafic de la drogue, au narcoterrorisme. Si la situation nous préoccupe, l'une des meilleures façons d'aider les gouvernements et la population à lutter contre le narcoterrorisme et le narcotrafic est d'offrir des débouchés commerciaux légitimes. Si nous ne sommes pas prêts à le faire, nous abandonnons à leur sort un grand nombre de gens qui auront sans doute pour unique bouée de sauvetage le narcotrafic qui détruit leur pays et leur société.
Les accords de libre-échange reposant sur une approche solide, fondée sur des règles protégeant les droits des travailleurs, les droits de la personne et l'environnement, peuvent contribuer à libérer certains pays des activités criminelles qui font malheureusement partie de leur histoire depuis trop longtemps. La Colombie a fait beaucoup de progrès. En Amérique latine, des pays comme la Colombie et le Panama ont connu une croissance économique exponentielle au cours des dernières années.
Pendant des décennies, la situation économique des pays d'Amérique était tout simplement désastreuse. Chaque fois que le Forum économique mondial se réunissait pour discuter de cette région, c'était toujours pour déterminer ce que nous allions en faire. Il y avait toujours une autre crise financière, un autre gouvernement à soutenir financièrement, un autre pays défaillant. L'an dernier, j'ai fait partie d'un comité sur l'avenir de l'Amérique latine avec le président Martinelli du Panama. Toujours l'an dernier, à l'occasion du Forum économique mondial, les discussions ont porté sur la remarquable croissance de l'Amérique latine ainsi que sur les occasions et les progrès qui y sont associés.
Je peux affirmer à la Chambre que de nombreux chefs d'État, comme les présidents Santos, de la Colombie, et Martinelli, du Panama, parlent ouvertement des défis que doivent relever leur pays, des problèmes que représentent la corruption, le crime organisé, le narcoterrorisme, les activités des FARC et des autres organisations du genre. Mais ils ne font pas qu'en parler ouvertement: ils se sont dotés d'un plan d'action tourné vers l'avenir.
Puisque la question du narcotrafic a été mentionnée dans le cadre de ce débat, je voudrais parler, en guise de conclusion, de l'effet pernicieux qu'ont sur l'Amérique latine les politiques en matière de drogue adoptées par le Canada, les États-Unis et une grande partie des pays développés. Deux comités distincts, dirigés par deux groupes d'anciens présidents latino-américains et réunissant des pays comme le Panama, la Colombie et le Mexique, ont étudié les répercussions des politiques antidrogue nord-américaines sur leurs pays et les effets déstabilisateurs considérables qu'entraînent chez eux la lutte contre la drogue que nous menons chez nous.
Je vais présenter quelques faits. À l'époque, la prohibition n'a pas vraiment produit les résultats escomptés. Au cours de celle-ci, les Américains n'ont pas cessé de boire, mais la plus grande distillerie de bourbon du monde se trouvait à Chihuahua, au Mexique. Lorsque la prohibition a pris fin, la distillerie est aussitôt retournée au Kentucky. Il ne faut pas se leurrer: les interdictions, les interventions policières et les peines d'emprisonnement n'ont pas fonctionné pour la prohibition et elles ne fonctionnent pas non plus pour la lutte contre la drogue que nous menons. Celle-ci est extrêmement coûteuse, tant du point de vue économique que social, et très déstabilisante pour les pays d'Amérique latine.
Le succès qu'a connu la Colombie est largement attribuable au Plan Colombie, lancé par le président Pastrana et le président Clinton, puis maintenu par le président Uribe et le président Santos, qui était alors ministre. La lutte antidrogue a été efficace en Colombie, mais elle a amené les cartels de la drogue, qui sont très mobiles, à se déplacer au Mexique. C'est l'une des raisons pour lesquelles le Mexique et le président Calderon ont dû faire face à des problèmes de ce genre au cours des dernières années. On peut éradiquer la production et la distribution de la drogue dans un pays, mais cela ne fait que déplacer le problème ailleurs.
En fait, il faut élaborer des politiques rationnelles de lutte antidrogue au Canada et aux États-Unis et bien comprendre que les mesures d'interdiction et l'incarcération des gens ne seront pas aussi efficaces que le fait d'aborder le problème de la drogue comme une question de santé et de toxicomanie. Si on investissait dans le traitement de la toxicomanie ne serait-ce qu'une fraction des sommes qu'on consacre aux services de police et aux mesures d'incarcération dans le cadre de notre lutte antidrogue, et qu'on abordait le problème de la toxicomanie comme une question de santé — en traitant les maladies mentales et en aidant les toxicomanes —, on obtiendrait de meilleurs résultats au Canada et on cesserait de pénaliser les gens de l'Amérique latine à cause de l'inefficacité de la lutte antidrogue au Canada.
À mon avis, lorsqu'il est question de cette région, il est important de faire preuve d'ouverture à l'égard de tous les aspects de notre engagement. La politique antidrogue du Canada et des États-Unis a notamment des répercussions négatives sur les rapports que nous entretenons avec l'Amérique latine.
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Monsieur le Président, je commencerai par parler de l'approche du NPD en matière de pratiques commerciales équitables. Comme le savent les députés, pendant des années, nous avons proposé à la Chambre des pratiques exemplaires provenant du monde entier dans ce domaine. Nous avons ainsi traité à la Chambre des obligations sociales contraignantes imposées par le Mercosur, par des États sociodémocrates d'Amérique du Sud qui ont uni leurs forces et institué ces obligations afin de réduire la pauvreté. Lorsque nous en avons parlé à la Chambre, les conservateurs — qui ne veulent pas entendre parler ni de près ni de loin de quelque accord commercial équitable et progressiste que ce soit — nous ont toujours opposé un refus catégorique. Nous avons proposé d'inclure les dispositions progressistes et contraignantes en matière de droits de la personne que l'Union européenne a intégrées à des accords commerciaux qu'elle a conclus avec des pays n'appartenant pas à l'Union européenne — encore une fois, c'est le résultat d'une démarche et de principes sociodémocratiques forts — afin de garantir que ces accords prévoient des obligations en matière de droits de la personne. Les conservateurs et les libéraux ont dit qu'ils ne voulaient pas en entendre parler.
Nous avons souligné quelques innovations sociales-démocrates. L'Australie, par exemple, a indiqué qu'elle n'adopterait pas de dispositions investisseur-État, car elles empêchent les gouvernements démocratiquement élus de gouverner. Dans une approche du commerce international digne des Pierrafeu, qui nous ramène des siècles en arrière, le gouvernement conservateur continue de dire: « Même si nous sommes le seul pays au monde où de telles dispositions investisseur-État inventées par la droite sont en vigueur, nous comptons bien les garder, Fred Caillou. Nous continuerons de favoriser ces mauvais éléments, de nature primitive, que tous les autres pays ont abandonnés, y compris les États-Unis ». Après avoir signé l'ALENA, les États-Unis ont commencé à prendre leurs distances par rapport aux dispositions investisseur-État si chères aux conservateurs. Nous avons proposé cette innovation aux conservateurs, mais ils ont continué de refuser.
Nous avons proposé toutes ces approches progressistes et équitables en matière de commerce international. De tels accords commerciaux sont en train de disparaître dans le monde, mais, chaque fois, les conservateurs ont refusé nos propositions. Ils sont incapables de dire autre chose que non devant un accord commercial progressiste et équitable.
Nous avons donné des exemples comme celui du pacte de l'automobile, que nous avons fermement appuyé dans le passé. Ce pacte nous a permis de maintenir et de bâtir notre secteur de l'automobile. Les conservateurs refusent ce type d'accord commercial progressiste et équitable. Les conservateurs n'ont jamais vu un accord commercial équitable qui leur plaise. Ils n'ont jamais voulu adopter un projet de loi progressiste sur le commerce international. Ils conservent en la matière leur approche à la Fred Caillou, avec l'infrastructure et les modèles vétustes que le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international a pondus il y a 30 ans.
Les députés conservateurs rétorqueront peut-être que, même si le modèle à la Fred Caillou est vétuste, il crée des emplois. Alors, examinons les faits. Voyons quelles ont été les effets de l'approche des conservateurs en matière de commerce international, au fil des ans. Les députés savent que nous avons présentement les pires déficits de la balance commerciale de toute l'histoire du pays. Nous n'exportons plus de produits fabriqués, mais nous les importons. Nous créons des emplois dans d'autres pays, bien sûr, et le résultat dans notre pays est une hémorragie des emplois dans le secteur secondaire, c'est-à-dire des bons emplois qui, autrefois, faisaient vivre des familles un peu partout au pays. Le secteur secondaire a perdu près d'un demi-million d'emplois à cause du gouvernement.
Le gouvernement pourrait dire qu'il exporte des ressources naturelles et, bien entendu, que les emplois pleuvent. Cependant, si on examine la situation globale et le solde actuel de la balance des paiements du Canada, on constate que le Canada connaît le pire déficit de son histoire. Je dirais même que le gouvernement est absolument incapable de gérer ses relations commerciales de manière à créer des emplois au Canada.
Nous avons le pire déficit commercial, et le déficit courant de la balance des paiements est tout aussi épouvantable. Ces faits se passent de commentaires. Pas un seul conservateur n'a de solution à proposer. C'est un échec monumental. Les conservateurs ne peuvent qu'agiter le drapeau blanc et avouer qu'ils ont échoué. J'en vois quelques-uns sourire et hocher la tête: ils comprennent qu'ils ont fait fiasco.
Le résultat? Évidemment, une hémorragie des emplois dans le secteur manufacturier. Qu'est-ce qui a remplacé les emplois disparus? Je reviendrai dans un instant aux faux chiffres des conservateurs en matière d'emplois, mais quand on regarde ce qu'ils ont fait sur le plan de l'économie, on s'aperçoit qu'ils ont fait disparaître des emplois et que ceux qu'ils ont créés étaient des emplois à temps partiel et temporaires. Ce qui est le plus tragique, c'est que les emplois qu'ils ont réussi à créer rapportent en moyenne 10 000 $ de moins par année que ceux qu'ils ont éliminés.
Après six ans au pouvoir, les conservateurs essaient de nous faire adopter un très mauvais modèle tout à fait dépassé et n'assurent pas le suivi voulu. Il s'ensuit qu'ils ont réussi à créer une économie où nous éliminons les bons emplois et parvenons, au mieux, à obtenir des emplois temporaires et à temps partiel qui rapportent 10 000 $ de moins par année.
Quelle a été l'incidence de ces mesures sur la famille canadienne moyenne?
Les députés et les gens qui suivent ce débat savent qu'au cours de la dernière année, le revenu réel de la famille canadienne moyenne a diminué d'environ 2 p. 100. Le revenu réel est en chute libre. Il s'agit d'une baisse importante, qui se répercute non seulement sur les familles, mais aussi sur les PME dans l'ensemble des collectivités et, par le fait même, sur les régions et les provinces. Les répercussions se font sentir d'un bout à l'autre du pays. Les familles canadiennes de la classe moyenne, les familles pauvres et durement éprouvées, doivent composer avec une diminution de 2 p. 100 de leur revenu réel. Les Canadiens doivent faire face à un problème grave.
Malheureusement, partout au pays, les familles doivent maintenant assumer un niveau d'endettement jamais vu dans notre histoire. Ce niveau d'endettement a une incidence incroyablement importante sur les familles canadiennes moyennes. Les familles ont un revenu de moins en moins élevé en raison de certaines politiques économiques et commerciales du gouvernement. Qui plus est, leur marge de manoeuvre est de plus en plus restreinte en raison de leur niveau d'endettement.
Nous devons nous pencher sur ces résultats économiques dans le cadre de notre débat sur le bilan du gouvernement depuis son arrivée au pouvoir, il y a six ans. Ces résultats sont les suivants: le pire déficit commercial, le pire déficit courant de la balance des paiements et le plus haut niveau d'endettement de l'histoire de notre pays. Voilà ce que donnent les politiques économiques des conservateurs.
Les conservateurs affirmeront qu'ils ont créé des emplois. Ce sont de petits emplois, des emplois à temps partiel, mais ils insistent quand même pour dire qu'ils les ont créés. Toutefois, selon Statistique Canada, il manque un quart de million d'emplois au gouvernement pour pouvoir maintenir le niveau d'emploi que nous avions sur le marché du travail en mai 2008. Près de 450 000 Canadiens sont arrivés sur le marché du travail depuis mai 2008, mais seulement 200 000 d'entre eux ont trouvé un emploi. Cela s'est produit avant les six derniers mois catastrophiques que nous venons de connaître sous le gouvernement actuel.
Nous avons observé des pertes d'emplois et des fermetures d'usines, comme celles de White Birch Paper, d'Electro Motive Diesel et de bien d'autres. Durant cette même période, 60 000 emplois à temps plein ont disparu, ce qui signifie que 60 000 familles ont perdu leur moyen de subsistance. Voilà le bilan du gouvernement conservateur.
Les conservateurs affirment que leur politique commerciale met l'accent sur la création d'emplois. Ils pensent que ces accords commerciaux créeront magiquement des emplois. Toutefois, presque toutes les fois que le Canada a signé des accords commerciaux sous le règne des conservateurs, les exportations vers ces marchés ont diminué après la signature des accords.
La seule exception est le Mexique. Je ne reviendrai pas sur les observations de mon collègue de , à savoir l'effondrement catastrophique de l'économie rurale du Mexique, qui a mené à des guerres entre trafiquants de drogue qui ont causé la mort de dizaines de milliers de personnes et qui se poursuivent jusqu'à ce jour. Cela est dû en partie aux politiques économiques du gouvernement mexicain, ainsi qu'à l'abolition des droits de douane qui ont détruit un grand pan de l'agriculture rurale du Mexique.
Dans tous les cas, nous constatons une baisse des exportations vers ces marchés, en chiffres réels, chiffres que les conservateurs se gardent bien de citer. De plus, comme ils ont conclu une série d'accords commerciaux catastrophiques où dans pratiquement tous les cas nos exportations vers les marchés de nos partenaires sont en baisse, force est de se demander ce que les conservateurs font de travers, mis à part leur approche rétrograde axée sur des modèles commerciaux vieux de 30 ans, qui a été mise de côté par la plupart des pays progressistes. Par ailleurs, les conservateurs ne joignent pas le geste à la parole lorsqu'il s'agit de venir en aide aux industries exportatrices.
En recherche et développement, nous arrivons au dernier rang des pays industrialisés pour ce qui est du financement public et de l'exploitation des brevets et à l'avant-dernier rang pour ce qui est des projets au niveau doctoral. En fait, avant même de parler de la capacité en matière de recherche et de fabrication, si l'on examine ce que les conservateurs investissent dans le secteur de l'exportation, on constate que ce sont des miettes comparativement à ce que nos principaux concurrents investissent pour soutenir la promotion des produits dans ces marchés d'exportation. L'Australie dépense un demi-milliard de dollars à ce titre et le Canada, 13 millions de dollars.
Lors des voyages que j'ai faits un peu partout dans le monde avec le Comité du commerce et d'autres comités, j'ai rencontré des délégués commerciaux qui n'ont même pas de budget pour offrir un café à un acheteur éventuel des biens et services canadiens. Les conservateurs n'ont tout simplement pas joint le geste à la parole. Ils ont sabré dans l'appui dont ont besoin les industries exportatrices pour faire la promotion des produits.
Voilà qui nous amène à parler du Panama. Les conservateurs ont fait chou blanc quant à leur stratégie commerciale. Ils n'ont pas joint le geste à la parole lorsqu'il fallait appuyer nos industries exportatrices. C'est la troisième fois qu'ils présentent une mesure législative sur un accord avec le Panama, cette fois, il s'agit du projet de loi .
Qu'y a-t-il de mal à conclure un accord avec le Panama? Nous en avons déjà discuté. Le département d'État américain a dit très clairement que le Panama est l'un des pays qui affiche l'un des pires bilans en ce qui concerne le blanchiment d'argent provenant du trafic de la drogue.
Le gouvernement ne pense pas aux conséquences. Il n'y pense jamais. Il n'évalue jamais en profondeur quelles seraient les conséquences d'une nouvelle entente commerciale avec un autre pays, ce qui correspond bien à son approche digne des Pierrafeu en matière de commerce. Il ne fait pas d'évaluation avant de signer une entente et n'en fait pas non plus une fois l'entente signée. En fait, les chiffres que j'ai cités, en termes réels, à propos du développement des exportations, ne proviennent même pas du MAECI. Nous avons dû obtenir ces chiffres par nous-mêmes. Du côté des conservateurs, pas une seule personne ne surveille ce qui se passe après la signature d'une entente commerciale.
Nous nous retrouvons donc avec une entente signée par le gouvernement qui ne tient aucunement compte d'un problème fondamental du Panama: le blanchiment d'argent qui s'y fait de façon continue et à très grande échelle. De nombreux organismes l'ont souligné, dont l'IRS et le département d'État aux États-Unis et l'OCDE. Ils ont tous déclaré que le Panama est un paradis fiscal pour les narcodollars et les narcotrafiquants de la Colombie et du Mexique.
Le gouvernement éprouve une telle panique devant sa piètre performance économique qu'il jette cette entente sur le plancher de la Chambre sans même avoir la décence d'exercer une diligence raisonnable avant de soumettre le tout à l'évaluation des députés.
De ce côté-ci de la Chambre, le caucus néo-démocrate fait des évaluations approfondies. Nous lisons les projets de loi. Nous prenons note de ce que dit le gouvernement et nous lisons tout afin de connaître les retombées réelles. Comme le gouvernement n'exerce pas la diligence voulue et n'évalue pas les conséquences de l'entente, nous devons procéder nous-mêmes à cette évaluation.
Une chose est très claire: dès que le gouvernement a soulevé cette idée, nous avons dit que le Canada ne devrait pas signer d'entente commerciale avec le Panama à moins qu'il y ait aussi une entente solide et exécutoire à propos de l'échange de renseignements fiscaux. Pour utiliser une image concrète, il ne faut pas que nous importions du Panama des narcodollars ni le blanchiment d'argent effectué dans ses institutions financières. Nous l'avons déclaré très clairement quand le gouvernement a proposé de négocier une entente. Dès le départ, nous avons dit qu'il faudrait une entente sur l'échange de renseignements fiscaux.
À la décharge du gouvernement, ce dernier a envoyé une lettre au gouvernement panaméen dans laquelle il disait qu'il pensait que le Panama devrait essayer d'éliminer les narcodollars et le blanchiment d'argent. Ce n'était qu'une suggestion. Le député de a dit plus tôt que les conservateurs ne voulaient pas faire la morale aux narcotrafiquants. Je dois dire que de ce côté-ci de la Chambre, nous sommes d'avis qu'il faut faire preuve de fermeté lorsqu'il s'agit de narcotrafiquants. Nous ne devrions pas simplement leur faire la morale, mais les conservateurs ne semblent pas de cet avis.
Il s'agit d'une politique économique assez fondamentale mais, surtout, d'un reflet des valeurs canadiennes. C'est aussi un principe que nous prenons très au sérieux de ce côté-ci de la Chambre. Nous croyons qu'il faut joindre le geste à la parole. Lorsqu'il est question de développement économique, nous croyons en l'instauration de mécanismes permettant d'assurer la croissance et la prospérité économiques du Canada. Lorsqu'il est question de lutte contre les narcotrafiquants, nous ne disons pas que nous allons tenter de lutter contre les gangs ici, au Canada, mais que ça ne fait rien s'ils sont au Panama en train de blanchir de l'argent, pour ensuite signer un accord commercial qui ne contient aucune disposition empêchant cet argent blanchi d'entrer au Canada. Nous croyons qu'il faut joindre le geste à la parole et être cohérent.
Nous avons dit qu'il fallait signer l'accord d'échange de renseignements fiscaux. Nous avons été très clairs à ce sujet dès le début.
Diverses personnes sont venues témoigner au sujet de l'accord commercial au Comité du commerce. Il est important que les députés, en particulier les conservateurs, comprennent ce que les témoins ont dit au sujet de cet accord et de la signature d'un accord ne prévoyant aucun mécanisme destiné à empêcher le blanchiment d'argent.
M. Todd Tucker, directeur de la recherche de l'organisme Public Citizen's Global Trade Watch, a déclaré ceci:
[...] le Panama est l'un des pires paradis fiscaux au monde. On estime que ce pays abrite 400 000 sociétés, dont des entreprises étrangères et des filiales de multinationales. [...] D'après l'OCDE, le gouvernement panaméen ne dispose d'aucun pouvoir juridique ou presque qui lui permettrait de vérifier l'information essentielle relative à ces sociétés étrangères, par exemple, à qui elles appartiennent. Le secret qui protège les opérations financières au Panama font également de ce pays un haut lieu du blanchiment d'argent. D'après le département d'État américain, les principaux cartels de la drogue de la Colombie et du Mexique, ainsi que des groupes armés illégaux de la Colombie, utilisent le Panama pour faire du trafic de drogue et du blanchiment d'argent. Les fonds provenant de ces activités illégales peuvent être blanchis par le truchement des banques panaméennes, de projets fonciers, etc.
De plus, Mme Teresa Healy, chercheuse principale au Service des politiques économiques et sociales du Congrès du travail du Canada, a parlé du contexte actuel du droit du travail au Panama. Elle a déclaré ceci:
[On] a annoncé des modifications unilatérales du droit du travail, afin de contrer l’impression dans la communauté internationale que les lois du travail panaméennes sont rigides et découragent l’investissement étranger. [...] La loi a [...] autorisé les employeurs à licencier les travailleurs en grève et à leur substituer des briseurs de grève, criminalisé les barricades de rue, et mis la police à l’abri des poursuites. L’ampleur de cet assaut contre les droits du travail a donné lieu à des grèves et à des manifestations, auxquelles la police a répondu avec une extrême dureté.
C'est ce qu'elle a déclaré en 2010. Elle a poursuivi en déclarant ceci: « Au moins six morts ont été enregistrées, des manifestants ont été gravement blessés, et le gaz lacrymogène et la violence policière ont aveuglé beaucoup de gens. »
Ce sont là des questions qui ont été soulevées devant le Comité du commerce et des préoccupations qui ont été exprimées à propos du projet de loi .
De l'autre côté de la Chambre, les conservateurs affirment qu'il faut ouvrir des marchés d'exportation. Cependant, lorsqu'on examine les pratiques et le bilan du gouvernement, on constate que dans tous les cas, sauf un —et dans cette situation, survenue au cours des dernières années, le gouvernement conservateur n'a pas conclu d'accord —, on a enregistré un déclin de nos marchés d'exportation après la conclusion de tels accords.
Nous sommes confrontés à une situation difficile. La capacité du secteur manufacturier diminue, tout comme le nombre d'emplois et le revenu réel, et notre pays est aux prises avec un niveau d'endettement sans précédent. Nous devons adopter une approche différente et novatrice en ce qui concerne le commerce, non une approche rétrograde, vieille de 30 ans, car il est clair qu'elle n'a pas permis d'obtenir les résultats escomptés. La nouvelle approche commerciale proposée par le NPD pourrait bel et bien permettre de créer des emplois au Canada et de faire profiter notre pays d'une nouvelle prospérité.
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Monsieur le Président, je me demande pourquoi nous débattons aujourd'hui d'un accord de libre-échange entre le Panama et le Canada. J'aurais préféré débattre du projet de loi , la Loi améliorant la sécurité ferroviaire, par exemple. C'est une grande priorité pour moi.
Le projet de loi dont nous discutons permettrait aux conservateurs de faire preuve d'indulgence envers les criminels. Comment ferait-il cela? Il permettrait aux criminels de dissimuler de l'argent obtenu de manière illégale dans le paradis fiscal qu'est le Panama. En fait, les conservateurs ne veulent pas vraiment surveiller cet argent obtenu de manière illégale. Ils ne voient aucun inconvénient à conclure un accord commercial avec le Panama même si ce dernier a refusé de signer un accord d'échange de renseignements fiscaux qui empêcherait les criminels de dissimuler leur argent dans ce pays.
Actuellement, il n'existe aucune transparence. Dans un petit pays comme le Panama, il y a 400 000 entreprises, et un grand nombre d'entre elles sont seulement là-bas pour cacher leur argent obtenu illégalement. On pourrait se demander à quelles activités illégales se livrent ces entreprises au Panama. Le Panama est utilisé pour blanchir des narcodollars, détourner de l'aide, graisser la patte au gouvernement, financer des groupes paramilitaires, frauder les actionnaires, détourner des fonds publics, se livrer à la traite des personnes et faire le commerce d'armes illégales. Ces activités criminelles sont intolérables, et leurs auteurs devraient être punis.
Toutefois, cet accord commercial permettrait non seulement aux criminels de ne pas payer d'impôts, mais également de blanchir de l'argent et de dissimuler leurs fonds. En effet, d'après le département de la Justice des États-Unis et d'autres organisations, le Panama joue un rôle financier de premier plan dans les activités de blanchiment d'argent des trafiquants de drogues du Mexique et de la Colombie. Laissez-moi vous lire une note de l'ambassade des États-Unis au Panama, qui a été publiée par WikiLeaks.
Avec ses services bancaires évolués, le Panama demeure un environnement propice au blanchiment d'argent provenant d'activités criminelles et au financement d'activités terroristes.
C'est l'ambassade américaine qui a tenu ces propos, pas le NPD. Voici ce que dit la note:
Le processus de blanchiment d'argent, qui comporte le placement (placer l'argent dans une institution financière légitime), la dispersion (éloigner l'argent de son origine) et l'intégration (réintroduire l'argent dans l'économie d'une façon en apparence légitime) est parfaitement reproduit au Panama.
Le placement, la dispersion et l'intégration, voilà comment les criminels cachent leur argent au Panama. Il n'y a pas que cette note, qui date de 2006. Il y a aussi, en 2009, un câble dans lequel l'ambassade américaine signale que le Panama a omis de faire état du blanchiment des narcodollars par le baron panaméen de la drogue David Murcia Guzman. C'est incroyable. Ces criminels utilisent l'argent qu'ils ont fait en vendant de la drogue et en détruisant des vies. Ils peuvent prendre l'argent provenant du trafic de stupéfiants et le cacher au Panama.
Les conservateurs ont dit que c'était tout à fait acceptable. Ils vont fermer les yeux et ne chercheront même pas à savoir qui se cache derrière les entreprises. Ils ne veulent pas savoir quel genre de personne cache de l'argent. Ils ne veulent pas entendre parler des activités illégales. Ils pensent que cela ne les regarde pas. Ils ne verront rien et ne diront rien, parce que les choses se passent dans un autre pays. Ils laisseront les criminels poursuivre leurs activités et ils s'en laveront les mains. C'est inexcusable.
Comment l'accord commercial empirerait-il encore les choses? L'accord commercial entre le Canada et le Panama aggraverait le problème des refuges fiscaux. Comme l'a fait remarquer l'OCDE, signer un accord commercial sans d'abord résoudre le problème du secret des transactions financières au Panama ne fera que favoriser davantage l'évasion fiscale par les sociétés étrangères.
Il y a lieu de croire que l'accord commercial n'aura pas seulement comme effet d'accroître les abus d'évasion fiscale, mais qu'il rendra la lutte contre ces abus encore plus difficile. Comment est-ce possible? C'est que même en parvenant à convaincre le gouvernement d'adopter une mesure législative fixant un délai à l'intérieur duquel le Panama devrait faire le ménage, faute de quoi il s'exposerait à des sanctions, et même en interdisant aux banques canadiennes de transférer de l'argent à leurs filiales, l'article 9.10 de cet accord précise que chacune des parties permet que les transferts se rapportant à un investissement visé soient effectués librement et sans délai vers son territoire et à partir de celui-ci.
Qu'entend-on par là? Qu'on accélère le transfert de fonds illégaux et qu'on donne aux criminels une plus grande marge de manoeuvre pour tricher. Cela signifie qu'on s'assure que ceux-ci pourront cacher leurs fonds sans aucune restriction. En outre, tant le chapitre 9 que le chapitre 12 de l'Accord de libre-échange contiennent des dispositions antidiscriminatoires qui protègent les investisseurs enregistrés au Panama. Ainsi, les criminels sont à l'abri des Canadiens ou de toute personne qui tenterait de s'en prendre à eux.
L'article 12.06 énonce que le Canada autorisera toujours les Canadiens à se procurer des services financiers auprès de banques exploitées au Panama.
Voilà le genre d'accord dont il est question.
Qu'est-ce qu'un paradis fiscal? C'est un endroit où les gens n'ont pas à peu près pas d'impôt à payer sur leur revenu imposable. Ils n'ont pas à donner d'information sur leur revenu. Il y a un manque de transparence. Les contribuables n'ont pas à se livrer à des activités substantielles dans ces pays. Voilà la définition que donne l'OCDE d'un paradis fiscal. Les critères de cette définition s'appliquent parfaitement au Panama. Il est reconnu pour cela.
Pourquoi concluons-nous un accord commercial avec ce pays? J'ai vérifié le volume des échanges commerciaux entre le Panama et le Canada. J'ai remarqué que ceux-ci sont de moins de 1 p. 100. Ce pays n'est pas un partenaire commercial important du Canada.
En 2008, la valeur du commerce de marchandises entre les deux pays n'a atteint que 149 millions de dollars, et cela correspondait à moins de 1 p. 100 de la valeur totale des échanges commerciaux internationaux que le Canada effectue. Par conséquent, pourquoi s'empresser de faire du commerce avec le Panama? Je comprendrais qu'on veuille discuter de commerce avec la Chine. C'est un grand marché. Mais le Panama n'est pas vraiment un grand pays, et il est réputé comme étant un paradis fiscal.
On est en train de négocier cet accord commercial en un temps record, sans aucune consultation. Peut-être que le gouvernement fait cela notamment pour ne pas que les gens s'opposent à ce qu'on protège les criminels et à ce qu'on fasse preuve d'indulgence envers ces derniers. C'est peut-être pour cette raison que nous débattons de ce projet de loi.
Le Panama est reconnu comme un pays où les gens sur le point de déclarer faillite peuvent transférer leur argent et leurs actifs dans une société étrangère anonyme pour ne pas avoir à payer leurs créanciers. Ils ont une grosse facture à payer, et ils doivent beaucoup d'argent à beaucoup de gens, alors ils dissimulent leurs actifs dans une société au Panama. Ce n'est pas surprenant que ce pays compte des dizaines de milliers de sociétés de ce genre qui fonctionnent très bien.
Le Panama est également connu comme un pays où les gens peuvent transférer des profits vers ces centres étrangers. D'ailleurs, en 2008, la société Goldman Sachs a payé un impôt fédéral de 1 p. 100. C'était avant qu'elle s'effondre. Aux États-Unis, elle aurait payé 35 p. 100, mais elle a payé seulement 1 p. 100, parce qu'elle a pu transférer une grande partie de son argent au Panama.
L'organisme Global Financial Integrity estime que, dans le monde entier, 1,2 billion de dollars sont mis à l'abri dans des paradis fiscaux. Un tiers de cet argent, soit 33 p. 100, provient de l'activité criminelle. En outre, 3 p. 100 de cet argent est le produit de la corruption. À l'échelle mondiale, c'est donc 335 milliards de dollars provenant de l'activité criminelle qui sont cachés dans des paradis fiscaux. À cause de ces paradis fiscaux, on pourrait se demander quel est le montant des revenus fiscaux qui échappent aux gouvernements, y compris le gouvernement du Canada. En tout, les gouvernements mondiaux perdent 165 milliards de dollars en revenus fiscaux. C'est de l'argent qu'on pourrait utiliser pour combattre le sida, aider les pauvres, fournir des médicaments aux enfants d'Afrique, instruire les femmes, créer des emplois ou bâtir des infrastructures dans le monde entier. Mais cet argent ne sert pas à cela, à cause d'un grand nombre de paradis fiscaux comme le Panama.
Le Panama est aussi célèbre pour l'enregistrement des navires. Il occupe le premier rang au chapitre des pavillons de complaisance. Ces navires pourraient être canadiens. Certains d'entre nous se souviennent peut-être d'un Canadien célèbre dont les navires n'arborent pas le pavillon canadien. Ils hissent plutôt des pavillons de complaisance.
Les députés savent-ils combien de navires sont enregistrés au Panama? Il y en a 8 000 et cela évite à leurs propriétaires de payer trop d'impôts. Je préférerais que certains de ces navires — ceux qui appartiennent à des Canadiens — soient enregistrés au Canada et que leurs propriétaires paient des impôts au Canada, afin que nous puissions utiliser une partie de cet argent pour, entre autres, fournir des soins de santé aux aînés. Nous pourrions utiliser de bien des façons l'argent de ceux qui pratiquent l'évasion fiscale.
Une partie des 8 000 navires qui y sont enregistrés — ils y sont enregistrés, mais ils n'y vont jamais — se contentent de battre pavillon de complaisance. L'équipage de certains de ces navires comprend des Panaméens. D'où proviennent-ils? Environ 40 p. 100 sont des travailleurs migrants chinois qui gagnent moins de 3 000 $ par an. Parce qu'ils sont enregistrés au Panama, des navires de pêche illégaux peuvent se soustraire aux règlements régissant la pêche et aux contrôles. Certains de ces navires de pêche peuvent pêcher illégalement en utilisant des méthodes interdites par les lois internationales. Puisqu'ils se cachent au Panama et battent pavillon de complaisance, ils ne sont réglementés. Je me concentre principalement sur ces activités illégales.
En novembre de l'année dernière, dans le cadre d'un discours qu'il a prononcé à la fin d'une conférence du G20 tenue en Suisse, le président français, Nicolas Sarkozy, a déclaré que le Panama est l'un des pays qui posent vraiment problème. Il a dit que les paradis fiscaux seraient tenus à l'écart par la communauté internationale.
Ils seraient tenus à l'écart par la communauté internationale, sauf peut-être par le Canada, parce que le gouvernement conservateur du Canada veut être un bon ami du Panama. Il ne veut pas mettre un frein à ces activités illégales. Il fait l'autruche et ne veut rien savoir des groupes armés illégaux qui utilisent le Panama pour faire du trafic de drogue. Le gouvernement ne veut rien savoir des fonds provenant des activités illégales et qui sont blanchis par l'intermédiaire des banques, des projets immobiliers et diverses sociétés.
Le Panama est un pays d'extrêmes. Il compte environ 3,4 millions d'habitants, dont 40 p. 100 sont pauvres. Parmi ces personnes pauvres, 27 p. 100 — soit près de trois personnes sur dix — sont extrêmement pauvres. Le taux de pauvreté extrême est particulièrement élevé chez les populations indigènes. Ni les ajustements structuraux importants apportés au cours des dernières années dans le pays, ni la libéralisation et la privatisation à grande échelle ne se sont traduits par des avantages économiques pour la population. Je suis certaine que cet accord commercial, lorsqu'il aura été adopté par la Chambre des communes, n'aidera pas à sortir de la pauvreté les 4 Panaméens sur dix qui sont pauvres. Il aidera les criminels, les narcotrafiquants, les marchands d'armes, les personnes impliquées dans des activités illégales et les fraudeurs.