La Chambre passe à l’étude du projet de loi , dont le comité a fait rapport avec des propositions d’amendements.
(au nom du ministre des Ressources naturelles)
propose que le projet de loi soit lu pour la troisième fois et adopté.
— Monsieur le Président, je suis très fière d'avoir l'occasion de joindre ma voix à ceux et celles qui appuient cette importante loi.
[Traduction]
Sur le plan du développement énergétique, s'il y a une chose que notre gouvernement a toujours affirmée sans aucune équivoque, c'est bien que la santé et la sécurité publiques et la protection environnementale sont des priorités incontournables. C'est le principe même du développement raisonnable des ressources.
Nous sommes résolument déterminés à créer des emplois de qualité, à stimuler la croissance économique, et à assurer la prospérité à long terme de tous les Canadiens. Or, le secteur énergétique a certainement fait tout cela pour les Canadiens de l'Atlantique au cours des dernières années.
Depuis que l'industrie gazière et pétrolière a commencé à exploiter les gisements extracôtiers de Terre-Neuve-et-Labrador à la fin des années 1960, l'économie de la région a connu une transformation radicale. En 2010, cette industrie a généré des salaires, des traitements et des avantages sociaux d'une valeur de 291 millions de dollars, rien que dans la province de Terre-Neuve. Il est donc clair que ce secteur est une source de revenus importante pour les travailleurs, et qu'il contribue aussi à améliorer le niveau de vie de tous les résidants de la région. Nous sommes par ailleurs tout à fait conscients qu’il serait irresponsable de notre part de promouvoir le développement sans avoir l’assurance que la santé et la sécurité publiques, ainsi que l’environnement, seront adéquatement protégés. C’est là précisément la raison d’être du projet de loi , puisqu’il va permettre d’assurer la sécurité des travailleurs du secteur pétrolier et gazier, dans la zone extracôtière de l’Atlantique.
L’Association canadienne des producteurs pétroliers estime que plus de 5 000 personnes travaillent actuellement dans l’industrie du gaz et du pétrole de Terre-Neuve-et-Labrador. Près d'un millier d’autres travaillent dans l’industrie du gaz et du pétrole de la Nouvelle Écosse, et les perspectives à court terme sont bonnes pour ce qui est de la création d’emplois et de la croissance économique. En effet, la découverte récente de nouveaux gisements extracôtiers suscite un regain d’activité dans toute la région atlantique.
D’où l’importance particulière du projet de loi , car les travailleurs de cette industrie ont besoin de protection, vu les conditions dangereuses dans lesquelles ils souvent amenés à travailler.
Le Code canadien du travail prévoit que les travailleurs doivent être protégés contre les dangers que présente leur milieu de travail. Cette protection comprend le droit fondamental de refuser de faire un travail dangereux. L’écrasement tragique, en mars 2009, d'un Cougar effectuant le vol 491, qui emmenait des travailleurs sur une plateforme extracôtière, et le naufrage catastrophique de la plateforme d’exploitation Ocean Range, en 1982, nous ont cruellement rappelé que la sécurité des travailleurs doit rester la priorité absolue.
Je tiens à assurer aux députés que notre gouvernement est fermement résolu à protéger la santé et la sécurité publiques ainsi que l’environnement. C’est la raison pour laquelle nous proposons ce nouveau régime pour les milieux de travail dans la zone extracôtière de l’Atlantique.
[Français]
Avant de présenter ces améliorations plus en détail, je vais d'abord préciser le rôle que joue le gouvernement fédéral en ce qui a trait à cette question.
[Traduction]
Le gouvernement du Canada partage la responsabilité de la gestion des ressources extracôtières avec le gouvernement de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador. Les modalités de cette responsabilité sont énoncées dans des accords bilatéraux conclus avec chaque province, à savoir la Loi de mise en œuvre de l'Accord Canada — Nouvelle-Écosse sur les hydrocarbures extracôtiers, et la Loi de mise en œuvre de l'Accord atlantique Canada — Terre-Neuve.
L'industrie des hydrocarbures extracôtiers est réglementée par l'Office Canada — Nouvelle Écosse des hydrocarbures extracôtiers, et par l'Office Canada — Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers. Ces offices s'assurent que les opérateurs et les entrepreneurs en forage respectent les exigences prévues dans les lois de mise en œuvre auxquelles ils sont assujettis, et qu'ils prennent toutes les précautions voulues pour éviter des marées noires au large des côtes canadiennes.
Les accords atlantiques existent depuis les années 1980, mais ils ont perdu de leur actualité et ont besoin d'être modernisés. Les responsables du Programme du travail, ainsi que les représentants de Ressources naturelles Canada, des ministères provinciaux de l'Énergie et du Travail, et des offices provinciaux des hydrocarbures extracôtiers se sont entendus sur les principales améliorations à mettre en place.
Premièrement, le projet de loi prévoit que la responsabilité en matière de santé et de sécurité au travail relève des lois de mise en œuvre. S'il est adopté, le projet de loi mettra en place, dans les lois de mise en œuvre, un dispositif de protection de la santé et de la sécurité au travail.
[Français]
Le nouveau régime viserait la sécurité des travailleurs sur les lieux de travail et dans les installations de forage en mer, ainsi que la sécurité des travailleurs durant le transport en provenance ou à destination d'une plateforme de forage en mer.
[Traduction]
Le nouveau régime s'appliquera à la fois aux personnes qui sont en train de travailler sur une plateforme extracôtière et aux personnes qui se dirigent vers une plateforme ou qui en reviennent. Son application sera supervisée à la fois par le et par les ministres provinciaux de la Santé et de la Sécurité au travail de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador.
[Français]
Ce régime serait appliqué par leur propre office des hydrocarbures extracôtiers.
[Traduction]
Les offices auront la responsabilité de s’assurer que les opérateurs ont adopté des plans adéquats pour protéger leurs employés et pour prévenir les dangers. Cela comprend aussi bien la manutention sécuritaire des matériaux dangereux que l’application de procédures appropriées pour l’utilisation et la gestion des équipements. Au moyen de vérifications et d’inspections, nous nous assurerons que toutes les exigences relatives à la santé et à la sécurité au travail sont respectées, et que, en cas de lacunes, les mesures correctrices sont prises. Les offices se verront confier des pouvoirs supplémentaires, notamment en ce qui concerne le contrôle de l’application de la loi par les agents de santé et de sécurité au travail.
[Français]
Ces pouvoirs de mise en application comprendraient entre autres le droit de réaliser des inspections et des enquêtes, d'appliquer les dispositions et d'imposer des mesures punitives créatives en cas de situations dangereuses.
[Traduction]
Aux termes du projet de loi , le ministre du Travail fournira des services d’experts, par exemple pour l’élaboration de règlements, l’envoi d’instructions aux offices, et des recommandations sur la nomination d’agents spéciaux.
[Français]
Les agents spéciaux seraient nommés afin d'éviter de graves risques imminents pour la santé et la sécurité des travailleurs extracôtiers.
[Traduction]
C’est là le scénario qui sera suivi, après approbation conjointe des ministres provinciaux compétents et du ministre des Ressources naturelles, sur la recommandation du ministre du Travail.
En collaboration avec le , le ministre du Travail aura également la responsabilité de nommer six membres d'un conseil consultatif de 13 membres représentatifs des employeurs, des employés et des deux ordres de gouvernement. Ce conseil servira de tribune à des échanges d'idées sur la santé et la sécurité au travail, afin d'assurer l'application efficace de la loi.
Le projet de loi contient également des amendements corrélatifs à la Partie II du Code canadien du travail. En cas d'accident, le projet de loi prolonge le délai autorisé pour entamer des poursuites, le faisant passer de un an à deux ans, conformément aux lois sur la santé et la sécurité au travail d'un grand nombre de provinces. Le ministre du Travail aura également le droit de communiquer de l'information au public sur des questions de santé et de sécurité au travail.
Les amendements proposés donneront enfin au ministre du Travail le pouvoir de transmettre des informations aux ministères fédéraux et provinciaux ainsi qu'à des organisations internationales, s'il estime que cela sert l'intérêt public en général ou le dossier de la santé et de la sécurité au travail en particulier. Cela facilitera les échanges d'informations lors d'une enquête du coroner ou de poursuites provinciales. Je tiens à préciser, cependant, que les informations à caractère personnel continueront d'être protégées.
Je dois parler aussi de plusieurs amendements mineurs qui ont été apportés à la mesure après le débat à l'étape de la deuxième lecture.
Pour la plupart, ce sont des amendements de forme, comme l'ajout du mot « Canada » dans le titre du règlement, et la renumérotation des dispositions de la loi qui étaient mal numérotées.
Certains amendements étaient nécessaires pour harmoniser les lois fédérales et provinciales. Par exemple, nous avons dû remplacer le titre de la loi néo-écossaire sur la santé et la sécurité au travail pour le remplacer par le nouveau titre qui lui a été donné récemment par le gouvernement de la province, c'est-à-dire la Labour Board Act. Il faut évidemment faire concorder la loi fédérale avec les lois provinciales.
Plusieurs amendements sont attribuables à l'adoption du projet de loi , la deuxième loi d'exécution du budget, et de modifications à la partie II du Code canadien du travail.
Les amendements proposés en vertu du Code sont des dispositions de coordination. Ainsi, on remplacerait « agent de santé et de sécurité au travail » ou « agent régional de santé et de sécurité au travail » par « ministre du Travail » afin de rendre compte du pouvoir du ministre de déléguer des pouvoirs et des fonctions auparavant confiés aux agents de santé et de sécurité au travail. Précisons que, dans le cadre du processus de délégation, des décisions continueront d'être prises par les agents de santé et de sécurité au travail possédant l'expertise nécessaire.
Il faut harmoniser les dispositions concernant les protections inscrites dans le code au sujet des témoignages du ministre dans le cadre de procédures civiles. Ainsi, on a modifié les dispositions en question pour qu'elles parlent désormais des « procédures civiles et administratives », ce qui comprend les audiences d'arbitrage.
Les améliorations que j'ai soulignées donnent suite à des commentaires reçus lors de vastes consultations menées en 2010 et 2011. Les provinces, et des groupes représentant des industries et des employés, ont fermement appuyé les modifications que nous avons proposées, car ils reconnaissent que ces changements permettront de veiller à ce que les activités industrielles extracôtières effectuées au Canada soient menées de façon sécuritaire, selon les normes environnementales les plus rigoureuses.
Le projet de loi créerait un régime de santé et de sécurité au travail moderne qui tient compte de la réalité actuelle de l'industrie du pétrole et du gaz extracôtiers. Plus important encore, il établirait un cadre de protection plus rigoureux pour assurer la santé et la sécurité des travailleurs de l'industrie pétrolière et gazière.
Des milliers de travailleurs du Canada atlantique veulent que nous veillions à leur bien-être et à leur prospérité de façon durable. Par conséquent, nous exhortons tous les partis à appuyer le projet de loi et à inscrire ces modifications dans la loi.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre la parole à l'étape de la troisième lecture du projet de loi , une mesure législative précieuse pour les industries des hydrocarbures extracôtiers de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse, qui revêtent énormément d'importance non seulement pour ces provinces, mais également pour l’ensemble du Canada, comme l’ont fait remarquer des orateurs précédents.
Comme on l’a dit, l’industrie produit 35 % du brut léger canadien; elle est un joueur important dans notre industrie pétrolière et elle a une incidence considérable sur l’économie de Terre-Neuve-et-Labrador. Nous sommes fiers d’avoir une industrie très vigoureuse comme celle-là, une industrie qui offre un appui considérable à notre main-d’œuvre, à nos universités, à notre système d’éducation et aux gens qui peuvent tirer un très bon moyen de subsistance de sa mise en valeur.
L’expérience s’est révélée positive, mais nous savons que le travail sur les plates-formes en mer est, de par sa nature même, dangereux. Des accidents très tristes sont revenus par le passé. Il y a eu notamment la catastrophe de l’Ocean Ranger survenue en février 1982, où 84 travailleurs ont perdu la vie, la plate-forme d'exploration ayant sombré au large de Terre-Neuve et, bien sûr, plus récemment, l’écrasement d’un hélicoptère Cougar en 2009, qui a coûté la vie à 17 personnes. Un autre hélicoptère s’est également écrasé à la fin des années 1980. Nous savons donc que cette industrie comporte beaucoup de risques de blessures et de pertes de vie, comme nous l’avons malheureusement vu.
Voilà ce à quoi le projet de loi s’attaque. Il a pour objet d’intégrer des mesures de sécurité dans la loi; ce qui ne s’était encore jamais fait pour cette industrie, croyez-le ou non. Nous n’avons eu jusqu’à maintenant qu’un projet de règlement. Il est un peu difficile de croire que toute la production des hydrocarbures extracôtiers à Terre-Neuve-et-Labrador et en Nouvelle-Écosse a été régie par un projet de règlement, qu’on ait pu croire que les employeurs, les joueurs de l’industrie et les compagnies se sentiraient obligés de prendre ce projet de règlement pour des lignes directrices à suivre.
Il n’y avait pas de mécanisme d’application du règlement si ce n’est la possibilité d’ordonner la suspension des travaux de forage. La mesure était radicale. On ne pouvait pas réellement faire d’inspections et invoquer le règlement pour faire apporter des améliorations ou imposer une amende dans les cas de violation, ou encore recourir au processus utilisé pour la santé et la sécurité afin de faire respecter les règles.
J’ai une certaine expérience du travail auprès de la main-d’œuvre de cette industrie. Lorsque j’étais avocat, j’ai représenté des travailleurs extracôtiers de Terre-Neuve-et-Labrador qui voulaient se syndiquer. Ils ont en fait été les premiers travailleurs extracôtiers en Amérique du Nord à négocier une convention collective. Naturellement, les salaires et les conditions de travail constituent des segments importants des négociations collectives, mais les travailleurs étaient aussi extrêmement soucieux d’avoir des comités de sécurité, de connaître les mesures prises par les compagnies et les employeurs pour gérer la sécurité et de participer pleinement à la mise en place de ces mesures, soit individuellement, soit par l’entremise d’organismes élus par eux.
Nous avons vu également que la mise en œuvre de recommandations importantes, comme celles formulées à la suite de la catastrophe de l’Ocean Ranger, a beaucoup tardé. L’une de ces recommandations était de stationner un hélicoptère de secours dans le secteur le plus proche de la plate-forme pour que l’appareil soit disponible dans un délai de 45 minutes. Cela n’a pas été fait. Cette recommandation a été formulée en 1985 et elle n’a été mise en œuvre que l’an dernier environ, après que le juge Wells eut déclaré qu’il voulait que la mesure soit mise en œuvre sans tarder. Nous disposons maintenant d’un hélicoptère de secours à St. John’s qui peut s’élancer en 20 minutes en tout temps, alors qu’un autre hélicoptère transporte des travailleurs à destination ou en provenance des plates-formes pétrolières et des plates-formes de forage. Il a fallu 20 ou 30 ans pour mettre cette mesure en place.
Les négociations au sujet de cette mesure législative durent depuis 13 ans. C’est ahurissant.
Le ministre a dit que la santé et la sécurité des travailleurs extracôtiers est une priorité absolue pour lui; les retards accusés pour mettre ce règlement en place sont donc scandaleux. Voilà quelque chose qui préoccupe beaucoup les travailleurs et cela, depuis de nombreuses années.
Nous avons encore des appréhensions, tout comme les travailleurs, au sujet des vols de nuit des hélicoptères. Pendant l’enquête sur l’accident d’hélicoptère, le juge Wells, un juge à la retraite, a formulé une recommandation provisoire pour l’arrêt des vols de nuit. Des éléments de preuve ont été présentés au cours de l’enquête qui montraient que le sauvetage de personnes pendant la nuit est considérablement plus difficile et que le taux de pertes de vie est 65 à 70 p. 100 plus élevé lorsqu’un hélicoptère fait un amerrissage forcé pendant la nuit par rapport à un amerrissage de jour. À la suite de cette recommandation, l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers a interdit les vols de nuit. Les compagnies cherchent maintenant à reprendre les vols de nuit, ce à quoi plusieurs parties en cause, dont les travailleurs et leurs représentants, s’opposent avec force. Il y a donc encore des problèmes à ce niveau.
Toutefois, je le répète: nous appuyons le projet de loi parce que ce sont les représentants des travailleurs visés directement par le travail sur les plates-formes et la Newfoundland and Labrador Federation of Labour qui l’ont réclamé. Ils ont pris part aux négociations en Nouvelle-Écosse. Ils sont intervenus pour que les travailleurs affectés aux plates-formes profitent des mesures de sécurité qui s’appliquent sur terre, à savoir le droit d’un travailleur de refuser un travail dangereux et de participer à des comités de santé et de sécurité. Voilà toute une réalisation. Il n’est donc pas étonnant que les gens appuient ce projet de loi, qui est une avancée par rapport à ce qui a cours aujourd’hui. Le règlement serait mis en œuvre. Il aurait force exécutoire. Un système serait mis en place pour cela et les représentants des travailleurs seraient mis à contribution de façon plus rigoureuse dans les comités de santé et de sécurité. Ce serait une réussite.
Nous appuyons donc le projet de loi. Nous l’avons appuyé à l’examen qui en a été fait en comité. Nous voulions évidemment des améliorations. Je vais vous donner un exemple du genre de témoignage que nous avons entendu à ce sujet. J’aimerais citer un extrait de l’exposé de Mme Lana Payne, directrice d’Unifor pour l’Atlantique, qui a été présidente de la Newfoundland and Labrador Federation of Labour pendant un certain nombre d’années.
Dans son témoignage devant le comité, Mme Payne a déclaré:
[...] nous sommes heureux d'enfin avoir ce régime de sécurité pour les travailleurs du secteur pétrolier extracôtier, mais nous pensons néanmoins qu'un organe indépendant, autoritaire et autonome de sécurité et de protection de l'environnement n'est pas seulement nécessaire mais absolument essentiel pour assurer une plus grande sécurité dans le secteur pétrolier et gazier extracôtier de Terre-Neuve-et-Labrador.
C'est ce qu'a déclaré Mme Payne au cours du témoignage qu'elle a présenté devant le comité le 9 décembre dernier. Elle a ainsi fait écho à la recommandation no 29 du juge Wells, qui a dit qu'il s'agissait de sa recommandation la plus importante. Elle a fait suite à son étude des régimes en vigueur dans d'autres pays, comme le Royaume-Uni, l'Australie et la Norvège. Même les États-Unis ont reconnu qu'il était nécessaire d'établir un régime distinct, de telle sorte que la santé et la sécurité des travailleurs du secteur pétrolier extracôtier soient traitées séparément dans la réglementation de l'industrie, ce qui nécessite une collaboration très intense. Le juge Wells a qualifié cette préoccupation de « détournement de la réglementation ».
Cette expression est utilisée pour décrire ce qui peut se passer si l'organe de réglementation entretient des liens tellement étroits avec l'industrie qu'il ne peut plus être indépendant et respecter sa seule priorité, soit assurer la santé et la sécurité des travailleurs.
C'est pourquoi le juge Wells a formulé cette recommandation. C'est aussi pourquoi les pays qui disposent de régimes éprouvés en matière d'exploitation pétrolière et gazière, comme la Norvège et le Royaume-Uni, dans la mer du Nord, y ont donné suite, conscients que cela était nécessaire pour s'assurer d'avoir, comme Lana Payne l'a si bien dit, « [...] un organe indépendant, autoritaire et autonome de sécurité et de protection de l'environnement ». Voilà ce qui est nécessaire. Le gouvernement de Terre-Neuve a appuyé cette recommandation. Il s'agit vraiment d'une situation bilatérale ici. La ministre ne nous a pas expliqué pourquoi le gouvernement du Canada avait dit non. Pourquoi a-t-il dit non? Dans son discours aujourd'hui, la ministre n'a pas du tout expliqué pourquoi le gouvernement avait exprimé son refus, et ce, même si deux — ou peut-être même trois — questions lui ont été posées à cet égard.
Le juge Wells est toujours convaincu de la pertinence de ses recommandations. Le gouvernement de Terre-Neuve tient absolument à ce que soit mis en place un organe indépendant chargé des questions touchant la santé et la sécurité des travailleurs du secteur pétrolier extracôtier et, j'ajouterais, de la protection de l'environnement, comme Lana Payne l'a souligné avec raison.
Évidemment, nous avons des réserves à ce sujet. Nous pensons que, même si le gouvernement ne voulait pas appliquer la recommandation no 29 et mettre sur pied un organisme indépendant de réglementation, il aurait pu accepter l'amendement suivant:
Au plus tard cinq ans après la date d’entrée en vigueur de la présente loi, le ministre des Ressources naturelles fait déposer devant chaque chambre du Parlement un rapport sur l'application et la mise en oeuvre de la présente loi, lequel porte notamment sur l'opportunité de créer un organisme indépendant de réglementation en matière de zones extracôtières.
Ainsi, le gouvernement se serait vu rappeler plus tard la possibilité de créer un organisme indépendant de réglementation. Dans cinq ans, le ministre aurait eu à répondre aux questions suivantes, au Parlement: « Quel constat pouvez-vous dresser de l'application de cette loi, compte tenu de la recommandation de créer un organisme indépendant de réglementation? Pouvez-vous nous montrer que la loi produit de bons effets, même sans un tel organisme? Sinon, êtes-vous d'avis qu'il faudrait établir un organisme indépendant de réglementation de l'exploitation des hydrocarbures extracôtiers? »
Nous avons fait un effort important et nous croyions que, dans l'optique de la gestion des affaires de l'État, nous aurions l'accord du gouvernement sur cet amendement, surtout lorsqu'on sait qu'il répond à une solide recommandation et que le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador, le partenaire du gouvernement fédéral dans ce dossier, est très favorable à cette idée. Mais non, les députés ministériels membres du comité ont balayé l'amendement du revers de la main, sans même prendre le temps de justifier leur refus.
Mais un tel comportement n'est pas inhabituel de la part du gouvernement actuel. Lors des réunions des comités, le gouvernement accueille constamment nos propositions de cette manière, même lorsque nous les étayons d'arguments convaincants, en ayant recours à des témoins et des experts.
Les choses n'ont pas toujours été ainsi. Je siégeais déjà comme député fédéral, dans les années 1980, à l'époque où un autre gouvernement, progressiste-conservateur, était au pouvoir. Lors des réunions des comités, nous pouvions suggérer des amendements. Nous en débattions. Certains étaient acceptés et d'autres, rejetés. Notre travail se faisait dans une ambiance plus collégiale, si vous me permettez l'expression, que l'ambiance qui règne avec le gouvernement actuel.
Chaque fois que le gouvernement fait une proposition, elle doit être considérée comme parfaite au départ. Du moins, jusqu'à ce que le gouvernement se rende compte qu'il a fait erreur et apporte lui-même toute une série d'amendements, comme il l'a fait dans ce cas. Je crois qu'il a apporté 10 amendements au projet de loi, en fin de compte: « Oh, il faudrait corriger ceci ou cela, et encore ceci. » Toutefois, lorsqu'un député d'un autre parti fait une suggestion, le gouvernement répond: « Mais non. Le projet de loi est parfait comme ça. Inutile d'en changer quoi que ce soit parce que, bien entendu, nous ne l'aurions pas présenté s'il n'avait pas déjà été juste et bon. »
C'est une attitude bien malheureuse. Je ne sais pas si c'est de la paranoïa, de l'immaturité, un manque d'assurance ou juste de l'entêtement, mais le gouvernement actuel ne semble pas admettre que de bonnes suggestions peuvent venir d'ailleurs que de son parti ou du Cabinet du premier ministre.
C'est peut-être que toutes les suggestions doivent venir du Cabinet du premier ministre plutôt que de députés de l'opposition qui écoutent ce qui se dit en comité, admettent que les arguments sont sensés et conviennent qu'il faudrait peut-être amender légèrement la mesure législative pour l'améliorer.
C'est à cela que servent en théorie les débats et les amendements. Les amendements servent à améliorer les mesures législatives, et non à les modifier de manière à en changer l'intention. Si un amendement va à l'encontre de l'intention initiale de la mesure législative, il est déclaré irrecevable. Les seuls amendements admissibles dans la procédure parlementaire sont ceux qui ne dépassent pas la portée du projet de loi et qui sont proposés pour mieux atteindre les objectifs du projet de loi.
Le but de cette mesure législative est d'avoir un régime de santé et de sécurité dans les zones extracôtières qui tienne compte des besoins des travailleurs de l'industrie et de l'industrie elle-même. Il vise à créer un régime fiable qui garantisse la sécurité de tous les travailleurs et qui assure le bon fonctionnement des opérations, comme la ministre l'a mentionné, à la fois sur le site et durant les déplacements jusqu'aux plateformes et aux installations de forage.
Comme on l'a mentionné, trois plateformes sont déjà en fonction et une quatrième, actuellement en chantier, devrait commencer ses activités en 2017. Le champ pétrolifère Hebron-Ben Nevis se trouve plus loin, à quelque 400 kilomètres des côtes. C'est une distance énorme. Bien que les hélicoptères ne volent pas lorsque le temps est vraiment mauvais, ils font le trajet dans toutes sortes de conditions maritimes qui rendent tout amerrissage forcé de l'hélicoptère difficile, si jamais cette manoeuvre est nécessaire. Dans le cas qui nous intéresse, l'hélicoptère utilisé est le seul de sa catégorie qui soit incapable de voler à sec pendant 30 minutes s'il se produit une perte d'huile de la boîte de transmission principale. Une norme exige que tous les hélicoptères puissent fonctionner à sec, donc sans huile dans la boîte de transmission, pendant 30 minutes. Cette exigence, d'une grande importance pour la sécurité, s'applique aussi aux hélicoptères militaires, et certains peuvent fonctionner à sec pendant une heure ou plus. La norme minimale s'établit toutefois à 30 minutes.
Quand Sikorsky a conçu cet hélicoptère, elle a bénéficié d'une exemption parce qu'on a supposé que ce problème ne se produirait jamais, ou peut-être une seule fois en 10 millions d'heures de vol. Toutefois, pendant les 100 000 premières heures de vol de ce type d'appareil, ce problème s'est produit deux fois, soit en Australie à l'été 2008, et au large de Terre-Neuve en mars 2009. Lorsque cet incident s'est produit en Australie, l'hélicoptère survolait heureusement la terre ferme; les pilotes ont pu atterrir rapidement et éviter la catastrophe. Le deuxième incident, au large de Terre-Neuve, a eu des conséquences tragiques. Malheureusement, la documentation de l'appareil indiquait qu'il pouvait fonctionner à sec pendant 30 minutes. Les pilotes se sont donc dirigés vers la terre ferme, pensant qu'ils disposaient de 30 minutes de vol, alors qu'ils avaient en réalité moins de 12 minutes. L'hélicoptère est tombé en panne et s'est écrasé dans l'océan, entraînant la mort de 17 des 18 personnes à bord. Une personne a survécu par miracle.
Comme on l'a dit, le projet de loi représente un grand pas dans la bonne direction. Il mettrait en place un régime de santé et de sécurité applicable au large des côtes. Les travailleurs auraient le droit de refuser des tâches dangereuses et de prendre part à des comités de santé et sécurité. Nous espérons que le régime sera utile et efficace. Nous regrettons toutefois qu'on ne prévoie pas créer d'organisme de réglementation indépendant, comme l'avait recommandé le commissaire Wells, une suggestion soutenue par le gouvernement et la population de Terre-Neuve-et-Labrador de même que les travailleurs extracôtiers. Il est dommage que le gouvernement ne veuille pas s'engager à réexaminer cette possibilité dans cinq ans. Quoi qu'il en soit, nous appuyons ce projet de loi.
:
Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir au sujet du projet de loi . Il s'agit de la deuxième journée de débat à la Chambre à être consacrée à une mesure législative visant le secteur extracôtier, un secteur très important pour les gens du Canada atlantique, notamment pour mon collègue, le député de , qui vient de prendre la parole, et le député d', qui lui a posé une question. Ce secteur fait tourner notre économie et assure un gagne-pain à ceux qui y travaillent. Il est donc extrêmement important que les activités et le transport d'une plateforme à une autre s'effectuent en toute sécurité.
Le secteur extracôtier comporte des dangers. Si de nombreuses mesures sont mises en place afin de le rendre le plus sûr possible, des risques sont néanmoins présents. Les activités qui y sont menées sont dangereuses. Nous en avons vu de malheureux exemples au fil des ans. Chaque jour, des femmes et des hommes courageux effectuent un travail très difficile.
[Français]
Ce doit être une priorité importante pour nous tous de s'assurer que ces gens travaillent dans un milieu sécuritaire et qu'ils retournent chez eux, dans leur famille. À cet égard, le projet de loi est un pas dans la bonne direction.
Cependant, j'espère que le gouvernement va écouter les experts concernant le projet de loi , dont on a discuté mardi, car il n'a pas écouté les experts concernant le projet de loi , dont on discute aujourd'hui.
[Traduction]
Lorsque nous avons débattu à la Chambre du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, le député de m'a demandé si, à mon avis, la mesure législative allait assez loin pour répondre aux préoccupations soulevées par la commission royale d'enquête Wells.
Je ne croyais pas — et je ne crois toujours pas — qu'il va assez loin. Le projet de loi ne tient pas compte de la recommandation 29 du rapport de la commission Wells qui a fait suite au terrible écrasement d'un hélicoptère au large de Terre-Neuve, et c'est, à mon avis, une source de préoccupation. Il en a été un peu question ce matin.
Lorsque le projet de loi a été renvoyé au comité, j'espérais qu'un amendement y serait proposé afin de tenir compte de la recommandation 29, qui préconisait la mise en place d'une organisation distincte ayant pour seul et unique mandat d'examiner la question de la santé et de la sécurité des travailleurs, un exercice absolument nécessaire.
Le commissaire Wells a témoigné devant le comité l'automne dernier. Il a dit « j'avais l'impression qu'il était préférable de créer une autorité indépendante en matière de sécurité ». Il a ensuite ajouté que, à son avis, ce n'est pas tout le monde qui approuverait une telle recommandation. C'est raisonnable. Il a même proposé une solution de dernier recours, soit créer une division distincte au sein de l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers. Évidemment, cette mesure législative viserait également l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers.
Même si la position de repli a été adoptée, j’estime qu’elle ne répond pas tout à fait aux besoins. C’est encore une autre occasion perdue pour ce gouvernement néo-conservateur. Malheureusement, le comité a renvoyé le projet de loi à la Chambre en ne proposant que quelques modifications techniques qui corrigent des inexactitudes dans le libellé d’un certain nombre de dispositions.
Il est également fort regrettable, à mon avis, que les conservateurs membres du comité aient refusé d’appuyer les efforts tendant à clarifier le sens du mot « danger » dans la loi. Ce mot est particulièrement important, tout comme l’interprétation qu’il convient de lui donner dans une mesure législative de ce genre.
Le projet de loi ne définit pas certains termes tels que « danger ». Il faudra donc les définir dans la réglementation fédérale sur recommandation du et de la , et avec l’approbation des ministres provinciaux compétents.
Au comité, j’ai proposé un amendement préconisant la tenue de consultations avec les provinces et les principaux intervenants sur la définition de « travail dangereux », définition jugée importante par différents témoins. J’estimais que cet amendement donnait suite aux témoignages que nous avions entendus quant à l’importance de tenir des consultations sur le sens du mot « danger ». C’est une question critique pour tous les éléments du secteur extracôtier du pétrole et du gaz ainsi que pour les hommes et les femmes qui travaillent sur les plates-formes de forage.
Même si le projet de loi améliore les choses et constitue un pas dans la bonne direction, il aurait pu être meilleur. Il aurait été possible de le renforcer, il aurait fallu l'amender. À titre de législateurs, il est de notre devoir non seulement d’examiner soigneusement les projets de loi et de chercher des moyens de les améliorer, mais aussi d’entendre des témoignages, de connaître l’avis des experts et de s’en inspirer pour apporter les changements nécessaires. Nous ne sommes pas ici pour obéir aux ordres qu’essaient de nous donner les gamins du Cabinet du ou aux instructions qu’ils communiquent aux députés conservateurs.
On nous demande souvent de trouver l’équilibre entre le succès économique du secteur pétrolier et gazier, les droits des employés et, bien sûr, la santé de notre environnement. Le projet de loi est un des nombreux outils destinés à réaliser cet équilibre. Je crois que le Parlement du Canada et tous les parlementaires devraient s’efforcer de donner l’exemple au reste du monde en établissant clairement qu’ils accordent au moins autant de valeur au capital humain qu’aux avantages monétaires que nous procurent nos ressources naturelles. C’est la raison pour laquelle le Parti libéral a appuyé cette mesure législative.
Le projet de loi réglera les problèmes de compétence qui entourent la santé et la sécurité au travail dans le secteur canadien du pétrole et du gaz. Jusqu’au terrible accident d’hélicoptère qui s’est produit au large de Terre-Neuve, on ne savait pas exactement quel ordre de gouvernement était responsable. Le projet de loi tranche cette question, ce qui est important. C’est sûrement un progrès, qu’il nous a fallu 10 ans pour réaliser.
Le projet de loi mettra également en place un processus rationalisé de règlement des problèmes de santé et de sécurité et de répartition des responsabilités. Cela est important car nous ne voulons avoir aucun doute quant aux responsabilités de chacun en cas d’accident extracôtier. En effet, il est absolument critique d’être en mesure de réagir à un accident ou à un déversement au large des côtes. Toutefois, nous laisserons ce débat pour un autre jour, tout en espérant que nous aurons l’occasion de le tenir.
Le projet de loi est axé sur le droit à un lieu de travail sûr. C’est un droit important dont tous les Canadiens devraient jouir. La plupart des Canadiens — et c’est certainement le cas des parlementaires — ont la chance d’avoir un milieu de travail très sûr. Le plus souvent, ils exercent leurs activités à l’intérieur, debout ou assis à un bureau. Leurs conditions de travail ne sont sûrement pas comparables à celles d'autres travailleurs ailleurs au pays.
Pensons à ceux qui travaillent à l’extérieur par une journée froide comme celle-ci ou encore aux gens du Canada atlantique. Je vois en face mes collègues du Nouveau-Brunswick et je songe à nos familles, chez nous, et à d’autres familles du Canada atlantique qui s’extirpent d’une terrible tempête et subissent toujours des vents violents, certaines étant même privées d’électricité. Je songe aussi aux techniciens des compagnies d’électricité, aux chauffeurs de chasse-neige et aux autres qui travaillent d’arrache-pied afin de ramener la situation à la normale. Nous devrions penser que nous avons beaucoup de chance de travailler dans un endroit comme celui-ci et de faire le travail qui est le nôtre.
Les Canadiens n’ont pas tous un milieu de travail sûr, mais les gouvernements ont collaboré par le passé avec des groupes intéressés afin d’améliorer les conditions de travail.
[Français]
Évidemment, c'est un travail incroyablement important. Le projet de loi est un exemple de ces efforts. Dans ce cas, ce sont les efforts conjoints de niveaux de gouvernement provincial et fédéral; on ne voit pas assez de cela. En effet, ce gouvernement n'est pas bien connu pour travailler avec les gouvernements provinciaux. Toutefois, c'est notre responsabilité collective, comme législateurs, employeurs, employés et comme société en général de s'assurer que le droit à un lieu de travail sécuritaire est respecté.
[Traduction]
C’est absolument vital. Les conditions de travail de ceux qui travaillent à des projets de forage en mer devraient être comparables à celles des travailleurs qui travaillent à terre. Il est certain que les installations de forage, en mer ou sur la terre ferme, sont un milieu très dangereux.
Les employés et leurs familles peuvent avoir l’assurance que ce qui est proposé dans le projet de loi , pour ce qu’il apporte, améliorerait les régimes de santé et de sécurité dans les projets pétroliers et gaziers au large des côtes. Les députés de mon parti n’en pensent pas moins qu’il faut établir une séparation entre les préoccupations en matière de santé et de sécurité et celles de la production et de la rentabilité. Le juge Wells l’a dit clairement et avec beaucoup plus d’éloquence que moi.
Nous reconnaissons que ces deux éléments sont très différents, mais l’un d’eux l’emporte sur l’autre: la santé et la sécurité doivent primer. Nous devons veiller à ce que, au besoin, ces préoccupations en matière de santé et de sécurité aient la priorité, comme elles doivent l’avoir.
Le projet de loi devrait garantir que le délégué à la sécurité qui y est proposé ait de solides moyens d’enquête afin de pouvoir exiger des comptes des exploitants. À notre avis, un régime d’autoréglementation ne suffirait pas. J’ai déjà dit que, selon nous, la formule de délégué à la sécurité n’est pas forcément l’idéal. Le commissaire Wells a fait d’autres recommandations. Mais puisque nous nous engageons dans cette voie, tâchons de rendre ces dispositions aussi robustes que possible.
Les décisions du délégué à la sécurité ne doivent pas être influencées — cela devrait être évident — par des préoccupations de rentabilité ou par des pressions politiques. Le délégué doit être le champion d’un milieu salubre et sûr pour tous les employés qui travaillent dans notre secteur pétrolier et gazier en mer ou dans d’autres activités semblables.
Le projet de loi a survécu aux remplacements des partis au pouvoir aux niveaux fédéral et provincial. Il a reçu un soutien provincial indéniable et les assemblées législatives de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador ont rapidement avalisé les projets de loi qui font pendant au projet de loi fédéral. En appuyant le projet de loi , nous avons l’occasion d’améliorer une loi qui a déjà répondu à certaines des préoccupations des provinces.
Si nous tenons compte de tous les éléments qui se rattachent à la santé et à la sécurité des employés, des accords initiaux sur les ressources extracôtières, du projet de loi et de ces autres projets de loi, nous pourrions avoir ici un modèle pour les négociations à venir entre le gouvernement fédéral et d’autres provinces, par exemple le Québec, qui envisage de développer ses secteurs pétrolier et gazier.
Je conclurai en disant que, même si le projet de loi constitue un progrès, nous devrions reconnaître qu’il y a encore du travail à faire. J’espère qu’il ne faudra pas attendre encore une dizaine d’années pour agir.
Je n’apprendrai rien aux Canadiens en disant que notre pays accorde une grande importance économique à l’exploitation des ressources naturelles. En effet, les produits forestiers, le gaz naturel, l’hydroélectricité, le pétrole et le gaz sont la pierre angulaire de nos exportations et contribuent immensément à la création d’emplois, ce qui, bien entendu, nous semble très important. Nous voulons que les Canadiens aient la bonne qualité de vie qu’apportent les emplois et les débouchés économiques. Il nous faut toutefois veiller à ce que les ressources soient exploitées de façon responsable et durable. Reconnaissons que la santé et la sécurité au travail sont primordiales.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir débattre du projet de loi après certains de mes collègues. J'ai été membre du Comité des ressources naturelles pendant huit ans, et ce projet de loi fut la dernière mesure législative que j'ai eu la chance d'étudier avec mes collègues des différents partis. Malheureusement, j'avais déjà quitté le comité lorsqu'il a examiné le projet de loi article par article, ce qui aurait été intéressant. J'ai malgré tout entendu bon nombre de témoignages donnés au comité. D'excellents témoins ont comparu, des discussions très cordiales ont été tenues et de très bonnes propositions ont été formulées. Les travaux en comité ont été des plus productifs.
Je parlerai pendant quelques minutes de l'importance des activités extracôtières. J'expliquerai ensuite la genèse du projet de loi ainsi que son importance. Enfin, je parlerai des principales mesures du projet de loi et de certains des commentaires formulés par le juge Wells.
Comme bien des gens l'ont souligné aujourd'hui, nous savons pertinemment que les ressources naturelles sont d'une importance capitale pour notre pays, en particulier pour la côte Est. Mon collègue d' vient tout juste de souligner que bien des gens travaillent en haute mer et que le potentiel d'expansion des ressources aide non seulement les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse, mais aussi ceux de l'Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick; cela se traduit par la prestation de services et par l'arrivée de travailleurs. Dans certains cas, il est plus profitable pour les familles d'aller vivre dans l'Est que dans l'Ouest.
Voilà pourquoi nous souhaitons, dans l'intérêt à long terme des Canadiens, continuer à favoriser les investissements axés sur le marché dans le secteur des ressources naturelles du Canada. Nous veillerons à ce que les emplois, les débouchés et la croissance économique engendrés par nos ressources naturelles bénéficient à l'ensemble des Canadiens. Les zones extracôtières de l'Atlantique sont riches en ressources énergétiques, surtout en pétrole et en gaz naturel. Le secteur de l'énergie au Canada est vigoureux, mais ce n'est rien à comparer à ce que l'avenir nous réserve.
Les Canadiens des provinces de l'Atlantique le savent: une industrie énergétique dynamique est synonyme de meilleure qualité de vie. L'exploitation pétrolière et gazière en zone extracôtière a complètement transformé l'économie de Terre-Neuve-et-Labrador. Ainsi, en 2011, le secteur énergétique représentait là-bas près de 5 000 emplois et à peu près le tiers du PIB nominal provincial. De 1997 à 2013, la province a touché environ 7,8 milliards de dollars en redevances issues du pétrole et du gaz extracôtiers. À l'aube de 2014, l'avenir s'annonce encore plus prometteur. Le secteur énergétique extracôtier de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse poursuit son expansion, et l'industrie continue à investir des milliards de dollars dans de nouveaux projets.
Le gouvernement favorise les projets d'infrastructures énergétiques qui créent des emplois et stimulent l'économie au profit des Canadiens, à condition qu'on ait prouvé qu'ils sont sans danger pour la population et qu'on ait procédé aux études qui s'imposent.
Notre engagement envers la valorisation durable des ressources repose sur des considérations aussi bien environnementales qu'économiques. Notre plan rendra l'industrie plus sûre en imposant de lourdes amendes aux entreprises qui ne se conforment pas à la réglementation en matière d'environnement et mettra en place des mesures de premier ordre afin de renforcer les régimes canadiens de sécurité maritime et de sécurité des pipelines. Il ne faut toutefois pas oublier que la protection des personnes est l'un des éléments fondamentaux d'un régime de réglementation rigoureux. C'est ce qui explique que nous ayons présenté le projet de loi : nous veillons à ce que les industries extracôtières mènent leurs activités en toute sécurité.
Je tiens à citer le témoignage de Jeff Labonté, directeur général de la sûreté énergétique et de la sécurité au ministère des Ressources naturelles:
L'élaboration de l'ensemble de mesures législatives qui ont été déposées au Parlement a commencé il y a presque 12 ans. Un accident de travail mortel survenu en Nouvelle-Écosse en a été le déclencheur. Les lois de mise en oeuvre établissaient, à l'origine, une distinction entre la sécurité opérationnelle, les activités des unités techniques et les activités menées sur les installations extracôtières — lesquelles relevaient des lois de mise en oeuvre — et la santé et la sécurité au travail, qui relevaient des dispositions législatives provinciales.
Tout à coup, on s'est retrouvé avec une zone grise. Difficile alors de déterminer à qui incombait la responsabilité de la tragédie, quelles en seraient les conséquences et qui devait maintenant légiférer en la matière. Il s'en est suivi un processus qui a duré 12 ans et dont le projet de loi marque l'aboutissement.
Ce projet de loi compte quelques 270 pages. Les députés qui siégeaient au comité et qui l'ont étudié savent qu'environ 200 pages sont dédiées à l'incorporation des règlements sur la santé et la sécurité au travail aux lois de mise en oeuvre des accords. De cette façon, la loi fédérale reflétera les lois provinciales en la matière. Nous voulons que les industries extracôtières respectent les normes les plus rigoureuses. Il faut décrire et préciser les choses, et c'est pour cette raison que nous avons procédé de la sorte.
Fait intéressant, nous avons entendu plus tôt des observations à propos du temps qu'il a fallu pour en arriver là. Le processus a commencé en 2002 et il a duré 12 ans. À la Chambre, nous sommes nombreux à comprendre, même si nous sommes ici depuis peu de temps, que la négociation d'ententes entre les provinces et le gouvernement fédéral peut prendre du temps. Ce qui s'est produit, c'est que les travaux ont progressé pendant une certaine période et ce, jusqu'en 2007. Puis, on s'est rendu compte qu'il restait encore du travail à faire sur le plan de la gouvernance dans le projet de loi. Il a fallu revenir en arrière, et de nombreuses versions ont évidemment circulé entre les provinces et le gouvernement fédéral pour s'assurer que la mesure législative était alignée adéquatement sur les lois provinciales.
Ces choses ont pris du temps. Pendant cette période, les gouvernements minoritaires ont donné lieu à certains problèmes.
Je pense qu'un gouvernement néo-démocrate était au pouvoir en Nouvelle-Écosse lorsque cette province a adopté son projet de loi et, du côté de Terre-Neuve, c'était un gouvernement conservateur qui était au pouvoir. Ces provinces attendent maintenant que l'étude du projet de loi suive son cours.
Les lois de mise en oeuvre des accords prévoient déjà les piliers réglementaire de toutes les activités pétrolières et gazières dans les zones extracôtières de l'Atlantique. Elles donnent aux organismes de réglementation indépendants, les deux offices des hydrocarbures extracôtiers dont nous avons parlé ce matin, l'autorisation légale de réglementer les activités pétrolières et gazières au nom des gouvernements du Canada, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador.
Les exigences en matière de santé et de sécurité sont clairement établies au sein des lois de mise en oeuvre des accords. Quant aux questions fondamentales liées à la santé et à la sécurité au travail, ainsi qu'à la sécurité des opérations au large des côtes, le projet de loi clarifie les rôles et les responsabilités de toutes les parties concernées: gouvernements, organismes de réglementation, employeurs et travailleurs.
La mesure législative a aussi d'autres avantages pratiques et accorde de nouveaux pouvoirs aux inspecteurs des offices des hydrocarbures extracôtiers pour accroître la sécurité. Par exemple, les inspecteurs seront désormais autorisés à tout inspecter, à prélever des échantillons et à rencontrer des personnes en privé. En outre, les inspecteurs disposeront maintenant du pouvoir d'effectuer des vérifications de conformité sur les navires utilisés pour transporter les travailleurs et, si ces derniers ont des inquiétudes sur le plan de la sécurité, le projet de loi leur permettra de refuser d'être transportés vers leur lieu de travail.
J'aimerais parler des pouvoirs du délégué à la sécurité. Ses pouvoirs ont été renforcés. Selon mon expérience, chaque fois que j'ai eu l'occasion d'aller dans un chantier de construction dans mon ancienne vie, les délégués à la sécurité avaient pleinement le pouvoir de fermer un chantier. Ces délégués avaient pour ainsi dire carte blanche. Ils étaient indépendants. Même s'ils relevaient des gestionnaires du projet, ils avaient en fait un rôle et un pouvoir supérieurs.
Je reprends encore une fois un passage du témoignage de M. Jeff Labonté:
Pour terminer, je formulerai quelques observations concernant le délégué à la sécurité. Tout d'abord, le projet de loi énonce que le poste de délégué à la sécurité ne peut jamais être occupé par le premier dirigeant de l'office, et ce, pour que l'on puisse s'assurer que les considérations relatives à la sécurité soient toujours représentées. En outre, le délégué à la sécurité devra examiner toutes les autorisations opérationnelles et formuler par écrit des recommandations en matière de sécurité. Cela officialisera un processus que les deux offices exécutent déjà, et constituerait une pratique permettant de garantir que la sécurité constitue une priorité. De plus, le délégué à la sécurité aurait le pouvoir d'autoriser des mesures réglementaires de remplacement [...].
Puisqu'il est question de mesures réglementaires de remplacement, tout le monde sait que la technologie progresse très rapidement dans le secteur extracôtier. Lorsqu'une nouvelle pièce d'équipement permet d'améliorer la sécurité des travailleurs, le délégué à la sécurité aurait le pouvoir d'autoriser le remplacement du matériel existant.
Il s'agit de mesures importantes pour que les travailleurs soient en sécurité, et le projet de loi et la réglementation y voient.
Le juge Wells a parlé du projet de loi lorsqu'il a comparu devant le Comité des ressources naturelles en décembre dernier. Il a dit:
Quelqu'un a trimé dur pour l'élaborer — en fait, je soupçonne qu'il s'agit de l'oeuvre de plusieurs personnes. Je sais qu'on envisage l'élaboration d'un tel projet de loi depuis un certain nombre d'années. Bien honnêtement, j'estime qu'il s'agit d'un bon texte, et je pense qu'il aidera à officialiser quelques-unes des notions auxquelles réfléchissent depuis quelque temps des experts de l'industrie et du secteur de la réglementation. Le fait d'inscrire ces notions dans une loi — comme ce sera le cas, du moins je l'espère — est une bonne chose.
Il y a deux choses qui m'ont vraiment impressionné. La première tient à ce que le projet de loi aborde la question de la participation des travailleurs aux procédures de sécurité et rend cette participation obligatoire. Il s'agit d'un élément qui avait de l'importance à mes yeux au cours de la commission d'enquête que j'ai dirigée pendant deux ans et trois ou quatre mois.
Le juge Wells a précisé clairement au comité qu'il était satisfait de la loi sur la santé et la sécurité dans la zone extracôtière. Il a également établi clairement que l'adoption de ses recommandations par le gouvernement avait entraîné de bons résultats.
Au comité, nous avons aussi parlé longuement à deux personnes: Scott Tessier, président et premier dirigeant de l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers, et Stuart Pinks, chef de la direction de l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers. Nous avons eu amplement l'occasion de les questionner. L'un d'entre eux était un ancien délégué à la sécurité. Je lui ai demandé quelles compétences devaient posséder les délégués à la sécurité, quelles tâches ils devaient remplir, et quel processus était utilisé. Il a dit qu'il avait été délégué à la sécurité pendant un certain nombre d'années, et que le processus de sélection est rigoureux. Les délégués à la sécurité sont souvent des employés de longue date qui restent dans ces offices très longtemps et qui accumulent des connaissances institutionnelles afin de pouvoir continuer à faire leur travail efficacement.
Les deux témoins ont également parlé des exigences en matière de protection des renseignements personnels. Ils ont précisé qu'ils n'avaient pas le droit de publier des renseignements relatifs à la sécurité. Cette mesure législative leur permettrait de divulguer ces renseignements au public.
On a beaucoup parlé du fait que ces règlements protègent non seulement les travailleurs, mais aussi leur famille. Il faut toujours penser aux familles. Elles ont le droit de savoir qu'il n'y a aucun danger. Ce que nous faisons est important pour les familles également.
Le juge Wells et les deux PDG ont aussi parlé des forums sur la sécurité, qui ont maintenant commencé. Ils viennent de terminer le cinquième de ces forums. Ils ont reçu toute une rétroaction de la part des travailleurs, qui, aux termes de cette importante mesure législative, bénéficient de trois principaux droits: le droit de savoir, le droit de participer aux discussions et le droit de refuser un travail dangereux. Ce sont tous des avantages très importants pour ces travailleurs. Les forums sur la sécurité permettent à ce type de discussion d'avoir lieu et aux mesures indiquées d'être prises. J'ai parlé plus tôt du matériel de sécurité et des substitutions.
On a reçu de très bons commentaires. Le représentant d'Unifor a parlé de l'organisme de réglementation en matière de sécurité. Je suis sûr qu'on me posera une question là-dessus durant la période des questions et observations.
Essentiellement, il ne fait aucun doute que le projet de loi améliorerait considérablement la sécurité des travailleurs des exploitations extracôtières en établissant un régime de sécurité beaucoup plus transparent assorti de responsabilités claires pour toutes les parties concernées. Le gouvernement conservateur a travaillé avec ses partenaires provinciaux à l'élaboration de ce projet de loi. Je tiens à souligner qu'il est le fruit d'un partenariat, car n'oublions pas qu'une telle loi doit avoir un équivalent provincial. Elle nous permettra d'établir un régime de sécurité dans les exploitations extracôtières beaucoup plus moderne, efficace et rigoureux, renforcé par de bonnes lois et des normes sans égal.
Le gouvernement conservateur croit en la libéralisation du commerce et au maintien d'un marché ouvert propice aux investissements. Il est déterminé à établir un régime réglementaire encadrant les grands projets qui soit juste, transparent et prévisible. Il est déterminé à stimuler la compétitivité du Canada dans le secteur économique.
Je suis très heureux de constater que les députés d'en face comptent appuyer le projet de loi; je trouve cela encourageant. Le projet de loi contribuera beaucoup à l'amélioration de la santé et de la sécurité des travailleurs extracôtiers et du bien-être de leur famille. Je remercie les députés de leur soutien. Avec un peu de chance nous pourrons adopter cette mesure rapidement.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir encore sur cette importante question. J'ai eu l'occasion d'en parler à l'étape de la deuxième lecture. J'avais alors indiqué que j'appuyais ce projet de loi et les mesures qu'il contient. J'ai constaté avec plaisir que les deux ordres de gouvernement — les deux gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral — sont finalement arrivés à s'entendre. La province de Terre-Neuve-et-Labrador et la province de la Nouvelle-Écosse ont adopté des lois semblables et le gouvernement fédéral en fait maintenant autant.
J'aimerais surtout parler aujourd'hui de la prochaine étape. Il est extrêmement important que nous ayons la meilleure loi possible pour pouvoir atteindre les buts énoncés dans cette mesure législative. Toutefois, à défaut de l'appliquer et en l'absence d'une volonté politique en ce sens, à vrai dire, nous retournerons des décennies en arrière, lorsqu'il n'y avait qu'un projet de règlement pour encadrer les activités au large de la côte Est. Nous retournerons à une situation que nous voyons bien trop souvent dans le privé, surtout dans les secteurs qui comportent beaucoup de dangers. Je parle de la conformité volontaire en vertu de laquelle les gouvernements s'attendent à ce que les entreprises et les personnes actives dans un secteur observent des pratiques sûres et ne fassent pas courir de danger aux travailleurs.
Nous savons que les entités du secteur public et du secteur privé font chaque fois des analyses de risques avant de mettre en place des mesures qui contraignent leurs pratiques. Avant d'instaurer, dans ce cas-ci, des mesures de sécurité ou d'autoriser l'utilisation de matériel de sécurité, une entreprise privée fera une analyse méticuleuse des possibilités qu'un incident survienne, qu'il y ait des problèmes et qu'une personne perde un membre ou la vie et examinera, même à ce point, dans quelle mesure la compagnie aura à en assumer la responsabilité.
Voilà pourquoi il est très important que les gouvernements prennent au sérieux leur responsabilité de protéger les plus vulnérables, que ce soit des citoyens, des clients ou des travailleurs. Personne n'a protégé les 84 travailleurs de l'Ocean Ranger qui ont perdu la vie, ni les 17 personnes qui ont péri lors de l'écrasement de l'hélicoptère Cougar. Personne n'a fait les efforts nécessaires pour obliger les entreprises privées à prendre des mesures pour protéger ces travailleurs dans le cadre de leurs fonctions. Voilà pourquoi nous devons non seulement mettre en place des mesures législatives pour prévenir ce genre d'événements, mais aussi veiller à leur application, afin qu'il y ait une volonté politique et des dispositions législatives pour que les personnes ou les entreprises qui enfreignent la loi soient tenus responsables.
En Nouvelle-Écosse, 26 mineurs ont perdu la vie lors d'un événement tragique survenu en 1992. On a alors tenu une commission royale qui a donné lieu à plusieurs recommandations, puis à la présentation du projet de loi , que le Chambre a adopté en 2004, si je ne m'abuse.
Ce projet de loi, qu'on a appelé le projet de loi Westray, visait à tenir les sociétés responsables. Ces dispositions législatives tiennent tous les décideurs d'une entreprise responsables des résultats d'une mauvaise décision ou de décisions ayant causé la mort. Cependant, depuis 2004, soit 22 ans après cette catastrophe, il y a eu quelques accusations, mais pas la moindre condamnation.
Voilà qui corrobore ce que j'affirme. Nous devons faire en sorte que les responsabilités soient inscrites dans la loi. Nous devons appliquer la loi. Nous devons également veiller à ce que les gens soient tenus responsables. Au bout du compte, c'est une question de volonté politique.
Ce projet de loi ne réglerait qu'une partie du problème. Nous ne faisons que commencer à prendre les mesures nécessaires pour que l'industrie applique un régime et des règles convenables en matière de santé et de sécurité.
Cependant, nos responsabilités ne s'arrêtent pas là. À mesure que la situation évolue, nous devons redoubler d'efforts pour que les gens qui travaillent dans cet environnement — et l'environnement lui-même — soient protégés.
J'aimerais citer Lana Payne, directrice d'Unifor pour la région de l'Atlantique, qui a témoigné au Comité des ressources naturelles: « le Canada est encore très en retard sur d'autres économies pétrolières industrialisées comme la Norvège, le Royaume-Uni, l'Australie [et] les États-Unis [pour ce qui est de] séparer l'application des règles de sécurité et des lois environnementales [...] »
Le député qui a pris la parole avant moi a semblé dire qu'il n'existe pas encore ici d'organisme de réglementation indépendant parce que nous n'en avons pas besoin étant donné que le territoire visé est petit, plus petit que l'Arctique, la côte Ouest, et même que certains pays. Le député devrait dire cela aux 82 familles qui ont perdu des êtres chers dans le naufrage de l'Ocean Ranger et aux 17 familles des travailleurs qui ont perdu la vie lors de l'écrasement de l'hélicoptère Cougar.
Si des activités d'exploitation sont menées au large des côtes de notre pays, nous devons voir à ce que des mesures de protection adéquates soient en place, comme on le fait dans d'autres pays. Nous n'avons pas déployé suffisamment d'efforts en ce sens. Nous devons faire davantage. Le Nouveau Parti démocratique fera tout ce qu'il peut pour que notre pays fasse mieux à cet égard.
Il est essentiel que le gouvernement fédéral poursuive sa collaboration avec les provinces et les offices des hydrocarbures extracôtiers. Il n'y a aucun doute là-dessus.
J'aurais souhaité que le gouvernement ait examiné l'amendement proposé par les membres néo-démocrates du Comité des ressources naturelles. Cet amendement aurait prévu un examen quinquennal. Nous aurions ainsi pu savoir non seulement si la mesure législative atteignait le but visé, mais si le gouvernement manifestait la volonté politique de la mettre en oeuvre et d'assurer une reddition de comptes. D'autres mesures législatives sont soumises à un tel examen. Ce n'est pas quelque chose d'inhabituel. Les choses évoluent et, malgré tous nos efforts, il se peut que des dispositions que nous aurions dû inclure nous aient échappé. Un examen quinquennal nous indiquerait si des difficultés se sont posées et nous permettrait de garantir dans 10 ou 13 ans que nous avons fait preuve de toute la diligence voulue pour y parvenir.
Je vous renvoie au témoignage de mon amie, Mme Susan Dodd, auteure du livre The Ocean Ranger: Remaking the Promise of Oil . Susan a perdu son frère lorsque l'Ocean Ranger a sombré. À l'étape de la deuxième lecture, j'ai parlé passablement en détail du travail de Susan dans ce domaine, mais je tiens à répéter l'estime que j'ai pour son opinion et pour les recherches exhaustives qu'elle a effectuées dans la préparation de son livre.
Devant le comité, Susan a déclaré ceci, à juste titre: « l'absence de réglementation mène non seulement à la perte de vie et à la destruction de l'environnement, mais à la perte de confiance de la population envers la légitimité du gouvernement. » Les catastrophes comme celle de l'Ocean Ranger, celle de la mine de charbon Westray, dans le comté de Pictou — où s'est produite, en 1992, l'explosion dont j'ai parlé — ainsi que celle de la plateforme Deepwater Horizon, sont également des catastrophes politiques. Les gens ont cherché à savoir en toute légitimité, pourquoi il y avait absence de règles ou pourquoi les règles n'étaient pas assez strictes. Pourquoi le système comportait-il de telles lacunes et pourquoi ne s'en était-on pas déjà occupé des années auparavant?
Souvent, les changements dans le domaine de la santé et de la sécurité sont effectués en réaction à un accident plutôt que sous forme de mesures préventives. Je pense que cela doit changer.
Pendant que je préparais ma présente intervention, je me suis penché sur le cas de la mine Westray. J'étais député à l'assemblée législative, en 1992, lorsque la catastrophe s'est produite. Un ou deux jours plus tard, je me suis trouvé avec les familles des victimes, à Stellarton. Elles essayaient de comprendre l'ampleur de la catastrophe et de savoir si leurs êtres chers avaient encore des chances d'être vivants. Dans les premiers jours, les efforts convergeaient vers le sauvetage des victimes.
Une commission d'enquête a eu lieu, et le rapport n'a été déposé qu'en 1998. Il contenait 74 recommandations, et la 73e fut à l'origine du projet de loi C-45.
J'ai parlé de la nécessité de tenir les décideurs responsables. Dans le cas de la mine Westray, on s'est aperçu que l'explosion et les pertes de vie étaient le résultat de décisions qui avaient été prises ou qui n'avaient pas été prises. Tout le monde s'est rendu compte que les gens qui avaient la responsabilité de prendre certaines décisions ne les ont pas prises ou qu'ils ont pris des décisions en sachant quels pouvaient en être les résultats, soit une catastrophe, une explosion, comme cela s'est produit. Ces gens doivent rendre des comptes, et c'est pourquoi le projet de loi C-45 a été adopté.
Nous voici 22 ans plus tard, et nous ne sommes toujours pas capables d'exiger que les responsables de telles catastrophes en milieu de travail rendent des comptes. C'est pourquoi je m'inquiète beaucoup de notre sentiment de satisfaction lorsque nous adoptons un projet de loi comme celui que nous étudions présentement.
Voilà 13 ans que nous travaillons là-dessus. Nous avons collaboré avec les autres gouvernements et nous sommes arrivés à un projet de loi. Lorsqu'il aura été adopté par la Chambre et qu'il aura reçu la sanction royale, nous aurons fait notre travail. Mais ce ne sera qu'un début. C'est ce que j'essaie de dire: ce n'est qu'un début. Nous devons en faire beaucoup plus pour remplir notre devoir en tant que représentants des gens de ce pays.
Qu'on me comprenne bien: je ne prétends pas détenir toutes les réponses en matière de protection de l'environnement ou des travailleurs de l'industrie extracôtière. C'est pourquoi je tiens à dire, en tant que simple député et parlementaire, qu'il nous faut demeurer vigilants, rester à l'écoute et ouvrir l'oeil, de façon à agir et apporter les correctifs nécessaires rapidement, non seulement parce que nous représentons les travailleurs de cette industrie, mais aussi parce que nous devons protéger l'environnement, dans l'éventualité d'un déversement. Comme l'a fait remarquer mon collègue de , une troisième plate-forme d'exploration et de production sera en activité en 2017, et elle sera encore plus éloignée des côtes de Terre-Neuve. Des travaux d'exploration ont repris au large des côtes de la Nouvelle-Écosse et dans le golfe. Il est peut-être inévitable que l'exploitation de ces ressources se poursuive, mais nous ne pouvons pas aller de l'avant sans assurer la protection de l'environnement et des travailleurs de l'industrie. En effet, lorsqu'un désastre se produit, des vies sont perdues et l'environnement en souffre, parfois pour toujours.
Je me permettrai de faire quelques suggestions.
Tout d'abord, je demande au gouvernement actuel — à tous les gouvernements — d'appuyer les recommandations présentées à Transports Canada visant à ce que tous les avions et les hélicoptères utilisés pour des opérations de recherche et de sauvetage et le transport de travailleurs à destination et à provenance des plate-formes pétrolières puissent voler à sec pendant une heure après avoir épuisé leurs réserves de carburant. Cette recommandation — qui était en fait de 30 minutes, je crois — n'a toujours pas été appliquée et ce, même après que l'on ait déterminé que c'était l'une des causes à l'origine de l'accident de l'hélicoptère Cougar. À mon avis, il est extrêmement important de mettre en place un règlement. Nous savons d'ailleurs qu'il s'agit d'une exigence assez répandue pour les hélicoptères qui volent au large des côtes, pour qu'ils aient le temps d'atterrir en toute sécurité.
Ensuite, le gouvernement doit annuler les compressions visant les opérations de recherche et de sauvetage et veiller à ce que les équipes de recherche et de sauvetage aient l'équipement nécessaire — et en bon état — pour effectuer leurs missions le plus rapidement possible. Au Canada atlantique et sur l'ensemble des côtes, ces gens répondent à des situations de vie ou de mort. Il arrive trop souvent que des missions de recherche et de sauvetage soient entravées en raison du mauvais fonctionnement d'équipement désuet ou parce que les équipes ne peuvent se rendre sur place assez rapidement.
Je crois qu'il est également important de parler de l'environnement. Comme je l'ai déjà dit, le Canada accuse encore une fois un retard à cet égard. Le gouvernement a récemment présenté un projet de loi pour hausser à 1 milliard de dollars la limite de responsabilité en cas de déversement de pétrole ou de gaz, mais ce montant est bien modeste en comparaison des coûts réels du nettoyage et des répercussions sur l'environnement et les économies locales.
En conclusion, il y a encore beaucoup à faire pour renforcer la sécurité des travailleurs de l'industrie extracôtière et la protection de l'environnement. Le projet de loi est un pas dans la bonne direction, mais je crois qu'il incombe au gouvernement de continuer de travailler avec les provinces, les intervenants et l'industrie pour éviter de nouveaux désastres.
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Monsieur le Président, je prends aujourd'hui la parole au nom des électeurs de Surrey-Nord au sujet du projet de loi , Loi sur la santé et la sécurité dans la zone extracôtière.
Ce projet de loi est l'aboutissement de 12 ans de négociations — elles ont débuté en 2001 — entre le gouvernement fédéral et les gouvernements de Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador. Nous savons tous qu'aucun projet de loi n'est parfait, et c'est le cas de celui-là. Toutefois, comme on l'attend depuis 13 ans, il était temps qu'il voie le jour. Je me réjouis du pas dans la bonne direction qu'il nous permet de faire.
Il était plus que temps que ce régime législatif sur la sécurité dans la zone extracôtière soit mis en oeuvre. Tous les travailleurs, qu'ils travaillent sur la terre ferme ou sur une plateforme extracôtière, méritent de travailler dans un milieu sûr et de savoir que leurs droits seront protégés. Ce projet de loi confie à l'exploitant la responsabilité générale de la santé et de la sécurité des travailleurs. Autrement dit, c'est à l'employeur de voir à la mise en oeuvre et à la coordination des mesures de santé et sécurité, même si les employés doivent malgré tout prendre tous les moyens raisonnables à leur disposition pour respecter les règles en vigueur à cet égard.
Le projet de loi repose sur trois grands principes: premièrement, les protections fournies aux travailleurs extracôtiers par les lois sur la santé et la sécurité en milieu de travail doivent être aussi rigoureuses que celles sur la terre ferme; deuxièmement, les droits des employés doivent être protégés; et troisièmement, il faut qu'en matière de santé et sécurité au travail, la culture des entreprises repose sur le principe des responsabilités partagées.
Ces grands principes englobent les protections dont devraient jouir l'ensemble des travailleurs. C'est honteux que les travailleurs extracôtiers aient dû attendre aussi longtemps avant qu'on en arrive là.
Je ne suis pas étonné outre mesure que les conservateurs aient attendu aussi longtemps avant de saisir la Chambre de cette mesure législative. Ce n'est pas la première fois qu'ils traînent les pieds et retardent indûment des projets de loi attendus depuis longtemps.
Maintenant que nous pouvons finalement garantir aux travailleurs extracôtiers les protections qu'ils méritent, ce projet de loi représente une nette amélioration par rapport au régime actuel de santé et sécurité en zone extracôtière, en ce sens qu'il inscrit enfin les pratiques de sécurité dans la loi.
Mes collègues néo-démocrates et moi-même demandons depuis plusieurs années que le régime soit renforcé, et c'est avec fierté que nous allons appuyer le projet de loi à la présente étape.
Je disais à l'instant que le projet de loi n'est pas parfait. Je m'explique: sa principale lacune tient au fait que le gouvernement fédéral refuse de donner suite à la recommandation no 29 du rapport Wells. La commission d'enquête présidée par M. Wells faisait suite à l'écrasement, en mars 2009, d'un hélicoptère à une trentaine de milles marins au large de St. John's. Au total, 17 personnes sont mortes, et une seule a survécu.
Voici ce que dit le juge Wells à propos de la recommandation no 29:
Je suis d'avis que la recommandation qui suit la présente note explicative sera la plus importante de tout le rapport.
Je cite textuellement les propos de l'auteur de cette enquête, qui a formulé cette recommandation. Il a signalé que la recommandation 29 était la plus importante de toutes. Voici ce qu'il a dit:
29. a) Il est recommandé qu'un nouvel organisme autonome et indépendant soit établi pour réglementer la sécurité [...]
Une autre option était aussi recommandée dans ce rapport. Or, malheureusement, le projet de loi ne met en oeuvre aucune de ces deux options. Il semble que le gouvernement n'ait pas la volonté de mettre en oeuvre cette réforme nécessaire et de combler l'écart qui subsiste.
De ce côté-ci de la Chambre, nous sommes résolus à collaborer avec les gouvernements de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador pour renforcer la santé et la sécurité et ce, en nous employant à créer un organisme de réglementation de la sécurité indépendant et autonome, comme le recommandait la Commission d'enquête Wells.
Notre pays devrait s'efforcer de donner l'exemple au reste du monde. Nous devrions être des leaders sur la scène internationale. Cependant, nous sommes sans cesse confrontés à des situations qui montrent que nous ne suivons pas les pratiques exemplaires mondiales. Cela saute au yeux.
L'autre jour, j'ai prononcé un discours dans le cadre du débat sur le projet de loi . Le Canada ne suit pas les normes établies à l'échelle internationale en matière de responsabilité dans le secteur nucléaire et dans le secteur du gaz extracôtier. Je vais donner un exemple qui montre que nous ne faisons même pas payer les pollueurs. J'ai parlé de mon fils et de ma fille et des éléments du projet de loi qui sont liés à la responsabilité.
Actuellement, la limite de responsabilité pour les déversements de gaz et de pétrole extracôtiers, ainsi que pour les désastres nucléaires, est d'environ 75 millions de dollars, et nous voulons la porter à 1 milliard de dollars. Nous avons vu les cas du désastre nucléaire au Japon et du déversement dans le golfe du Mexique. Récemment, on commémorait le 25e anniversaire de la marée noire de l'Exxon Valdez sur la côte Ouest, d'où je suis originaire. On sait que le coût de la catastrophe nucléaire au Japon est d'environ 250 milliards de dollars. Pour le golfe du Mexique, on parle de plusieurs dizaines de milliards de dollars, et il en va de même pour la catastrophe de l'Exxon Valdez dans le Pacifique, au large de la Colombie-Britannique.
Nous augmentons la limite de responsabilité en cas de catastrophe de ce genre à 1 milliard de dollars pour les sociétés, notamment celles qui produisent du pétrole et du gaz, et pour les industries privées qui exploitent les centrales nucléaires, et ainsi de suite. Je vais faire tout à l'heure une analogie avec ma propre maison. Le montant de 1 milliard de dollars est loin d'être suffisant pour payer les opérations de nettoyage après une catastrophe qui a fait des centaines de milliards de dollars de dégâts. Autrement dit, les sociétés s'en tirent à bon compte en cas de catastrophe, et devinez qui devra payer la facture? Ce sont les contribuables, les Canadiens, qui devront prendre en charge le reste des travaux.
On ne s'est pas inspiré des autres pays, ni des normes qu'ils appliquent. On pourrait regarder ce qui se fait, par exemple, en Allemagne et dans d'autres pays européens, où la limite de responsabilité pour les éventualités de ce genre est beaucoup plus élevée.
L'autre jour, j'ai cité l'exemple de mes enfants. Mon fils a sept ans. Il fait un dégât et ne veut pas le nettoyer. Il en nettoie une partie, et il voudrait que sa soeur nettoie le reste. Sa soeur vient me voir et me dit: « Non, c'est son dégât et c'est à lui de le nettoyer ». Ma femme et moi, nous avons expliqué à mon fils que c'était lui qui avait fait un dégât, et que c'était à lui de le nettoyer. Il ne peut pas le faire nettoyer par quelqu'un d'autre.
Pourtant, c'est ce que nous faisons. Nous ne tenons pas compte des autres normes. C'est ce que nous faisons en matière de responsabilité en cas de catastrophe nucléaire, pétrolière ou gazière.
Il faut regarder ce qui fait ailleurs, chez nos partenaires, y compris au sud de la frontière, pour trouver de meilleures formules. C'est particulièrement vrai dans le cas présent, où l'on a notamment recommandé le recours à une autorité indépendante de réglementation, comme l'a fait le juge Wells. Il nous faut une nouvelle autorité de réglementation de la sécurité, qui soit indépendante et autonome, et il faut également s'inspirer des meilleures formules en usage dans d'autres pays. Nous n'avons pas fait nos devoirs. C'était là l'une des recommandations formulées par la commission d'enquête Wells, qui a bien insisté sur ce point. Encore une fois, les conservateurs n'en ont pas tenu compte.
Des pays comme le Royaume-Uni, l'Australie, la Norvège et les États-Unis ont reconnu la valeur d'une autorité indépendante de réglementation extracôtière, et ils ont agi en conséquence. Pourquoi faudrait-il qu'au Canada, l'industrie gazière extracôtière et les travailleurs soient traités différemment? Voilà la question que je pose aux conservateurs. Pourquoi nos industries et nos travailleurs extracôtiers devraient-ils être traités différemment de leurs homologues chez nos partenaires étrangers, que ce soit en Europe ou au sud de la frontière?
Au lieu de donner l'exemple, au lieu que le Canada soit le chef de file dans un domaine donné et que les autres pays suivent son exemple, nous tirons de l'arrière. Il est temps d'inverser cette tendance.
Voici un autre exemple. Nous sommes un chef de file mondial pour ce qui est de la tenue de scrutins. Même si nous sommes un modèle pour d'autres pays, nous tirons également des leçons de ce qui se fait ailleurs. Nous utilisons certaines de leurs pratiques exemplaires et ils utilisent certaines des nôtres. En tant que Canadien, je suis très fier que notre modèle électoral serve d'exemple pour la tenue d'élections intègres dans le monde entier. Que faisons-nous dans notre pays? Les trois principales autorités électorales — à savoir le commissaire aux élections, des représentants d'Élections Canada et M. Neufeld — ont témoigné au comité que les modifications proposées par les conservateurs dans la loi sur le manque d'intégrité des élections ne renforcera pas notre système électoral actuel. En fait, elles priveront des centaines de milliers de Canadiens de leur droit de vote. Ce n'est pas l'exemple que nous voulons donner. Nous voulons aller dans la bonne direction. La bonne direction consiste à améliorer nos systèmes et à protéger non seulement nos valeurs démocratiques, mais également nos travailleurs extracôtiers, afin qu'ils soient autant en sécurité que ceux qui travaillent sur la terre ferme. Le gouvernement a lancé une tendance très inquiétante. Nous devons améliorer la sécurité de nos travailleurs, sur la terre ferme et en mer.
Le projet de loi ne crée ni un organisme de réglementation indépendant et autonome, ni une division de la sécurité autonome au sein de l'Office des hydrocarbures. Qui plus est, les membres conservateurs du comité ont rejeté notre proposition visant à faire en sorte que le projet de loi fasse l'objet d'un examen dans cinq ans. Cela montre, encore une fois, que les conservateurs ne tiennent pas à renforcer le projet de loi. Un examen dans cinq ans aurait permis de réévaluer la nécessité de créer un organisme indépendant de réglementation de la sécurité. Même si le projet de loi du gouvernement ne créé pas d'organisme de réglementation, nous avons demandé, au comité, d'intégrer une disposition d'examen après cinq ans. D'ici-là, on aura peut-être la preuve qu'il faut mettre en place un organisme indépendant de réglementation de la sécurité.
Puisqu'il est question de preuve, il est très clair que les données scientifiques et les données factuelles ne figurent pas vraiment dans l'équation conservatrice, que ce soit pour l'environnement ou les emplois. Le gouvernement utilise des faits tirés de Kijiji pour gonfler le nombre d'emplois créés au Canada. Comme je n'ai jamais utilisé Kijiji, j'y ai donc jeté un coup d'oeil aujourd'hui. C'est un site Web destiné aux gens qui échangent des biens et articles. En fait, il est possible d'acheter une cravate usagée sur Kijiji, ou encore des souliers usagés, et on y trouve plein d'autres choses. Que le gouvernement, qui est allergique à la recherche et aux faits, utilise Kijiji, parmi tous les sites Web possibles, pour gonfler le nombre d'emplois disponibles au Canada, nous fait douter des autres faits qu'il avance.
J'ai parlé de la loi sur le manque d'intégrité des élections. Les conservateurs affirment qu'il y a eu beaucoup d'irrégularités et que nous devons renforcer notre loi électorale. Ils disent: « Nous devons la rendre plus juste car il y a eu 15 000 irrégularités ». Quand on leur demande combien de gens ont été accusés depuis la Confédération d'avoir voté frauduleusement ou d'avoir utilisé de fausses cartes d'identité pour voter, la réponse est zéro. Le gouvernement est incapable d'en donner un seul exemple. Oh, il invente bien des exemples. Je sais que le député de a cité des faits et qu'il a dû se rétracter ensuite parce qu'ils étaient faux. Voilà les faits et les chiffres que les conservateurs inventent. C'est regrettable.
S'ils voulaient admettre les faits, ils concéderaient qu'ils ne doivent pas nommer un responsable de la réglementation tout de suite, mais que nous devrions examiner la question plus avant. Il serait logique de réexaminer la situation dans cinq ans pour voir si nous avons besoin d'un tel organisme. Mais les conservateurs ont refusé. Je siège maintenant ici depuis plusieurs années et des milliers et des milliers de recommandations ont été faites aux comités pour améliorer des projets de loi. Nous avons entendu des témoins experts et des intervenants qui suppliaient le gouvernement d'apporter des changements à l'avantage des intervenants, les gens mêmes qui seraient touchés par les lois en question, et nous avons vu très peu sinon aucun amendement adopté à l'étape de l'étude en comité.
Je sais que tel n'a pas toujours été le cas. Habituellement, les députés étaient en mesure de proposer des amendements aux projets de loi afin de les améliorer. C'est la tâche du Parlement d'améliorer les projets de loi qui lui sont présentés. C'est mon travail de faire valoir les vues de mes électeurs et des gens qui sont touchés au premier chef par les projets de loi. Malheureusement, les conservateurs se voient dicter leur conduite puisqu'ils reçoivent leurs ordres du Cabinet du . Nous avons vu la même situation au comité lors de l'étude de la loi sur le manque d'intégrité des élections. Des amendements raisonnables ont été proposés pour améliorer le projet de loi, mais les conservateurs ont une fois de plus choisi de rejeter les amendements pour des raisons techniques. La diligence raisonnable et la bonne gouvernance exigent l'examen des lois, en particulier dans ce cas-ci, puisque nous avons affaire à une mesure législative complexe faisant intervenir plusieurs paliers de gouvernement. Le comportement affiché en l'occurrence montre que les conservateurs refusent d'envisager des amendements qui renforceraient les projets de loi présentés à la Chambre. Ce n'est pas la première fois que nous sommes placés devant une telle situation et je peux vous garantir que ce ne sera pas la dernière fois non plus.
Enfin, soulignons qu'il est réconfortant d'être saisi d'un projet de loi issu de la collaboration des provinces et du fédéral, et ce, même s'il a fallu attendre huit ou neuf ans avant qu'il atteigne la présente étape. Je suis heureux que les conservateurs aient enfin été en mesure de collaborer avec les provinces.
Je peux vous donner des exemples de dossiers où les conservateurs ont refusé de collaborer. Je suis très heureux que les activités aient repris au port Metro Vancouver. Il s'agit de l'un des plus grands ports du Canada, et il emploie directement ou indirectement 60 000 travailleurs. Le port a été secoué par une grève qui a duré quatre semaines. Or, le conflit couve depuis 2005. Les camionneurs avaient attiré l'attention du gouvernement sur un certain nombre de problèmes au cours des huit ou neuf dernières années. Qu'ont fait les gouvernements? Rien. Pendant sept ans, ils n'ont rien fait pour régler ces problèmes.
La semaine dernière, le s'est rendu à Vancouver, et il a dit que ce problème ne relevait pas du gouvernement fédéral, mais de la Colombie-Britannique. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a dit que ce n'était pas son problème, que c'était plutôt la responsabilité du gouvernement fédéral. Ce conflit a donc couvé pendant huit ou neuf ans sans que le gouvernement fédéral ou le gouvernement provincial puissent déterminer qui devait régler le problème. Des millions de dollars ont été perdus à cause de la grève, et j'en impute l'entière responsabilité au gouvernement conservateur qui n'a pas été capable de collaborer avec la province.
Répétons que cette mesure législative pourrait être grandement renforcée, notamment par l'inclusion de la recommandation 29, qui n'a pas été retenue, laquelle proposait la création d'un organisme de réglementation indépendant.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir intervenir dans le débat à l'étape de la troisième lecture du projet de loi .
Je tiens à préciser d'entrée de jeu que je partagerai mon temps de parole avec mon collègue, le député de .
Bien évidemment, venant de la côte Ouest, je connais mal le secteur économique de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse, qui a vraiment pris de l'ampleur depuis une génération. C'est pourquoi j'ai été très impressionné par les discours si passionnés des députés de et de sur l'incidence du secteur pétrolier et gazier extracôtier sur leur circonscription et par le fait qu'ils aient rappelé aux Canadiens de l'ensemble du pays l'importance de cette industrie pour notre économie nationale. Environ 35 % du brut léger du Canada est produit par ce secteur, proportion qui ne cesse d'augmenter.
J'ai eu l'occasion de me rendre — pour la première fois, je l'avoue — à St. John's il y a quelques mois, où j'ai constaté de mes propres yeux l'incidence considérable de ce secteur sur la province, ainsi que sur la Nouvelle-Écosse, et j'ai appris combien les habitants de la région sont fiers de leur contribution à l'économie. Pour cette raison, il est d'autant plus important pour nous de nous intéresser à la question de la sécurité des travailleurs de ce secteur.
J'ai été choqué d'apprendre que toute une génération de travailleurs dans ces deux provinces ne bénéficiaient d'aucun cadre législatif protégeant leur sécurité. Essentiellement, l'industrie a fonctionné sans aucun régime officiel de protection de la santé et de la sécurité des travailleurs pendant une génération, se fiant seulement à un projet de règlement. Comme l'a très bien fait remarquer mon collègue de , la seule chose que l'on pouvait faire en cas de problème était de stopper toutes les opérations, chose que les organismes de réglementation répugnent souvent à faire.
Enfin, nous voici saisis d'un projet de loi exhaustif qui viendrait remplacer ce régime. C'est un projet de loi élaboré en collaboration avec la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador de manière à établir un régime uniforme régissant ce secteur en pleine croissance. Je pense que c'est pour cette seule raison que l'opposition officielle reconnaît sans réserve la nécessité d'adopter le projet de loi en question.
Si je dis cela, c'est qu'il a fallu attendre plus de 10 ans avant que la Chambre soit enfin saisie d'un projet de loi. Je suis conscient du fait qu'il a fallu travailler en étroite collaboration avec les provinces à cet égard, ce que le gouvernement fédéral n'a peut-être pas toujours fait. Toutefois, je pense que les faits sont éloquents: le régime proposé par le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a obtenu la sanction royale, et c'est ce qui s'est aussi produit dans le cas de Terre-Neuve-et-Labrador en mai dernier.
Les gouvernements fédéral et provinciaux joignent le geste à la parole, et c'est que les travailleurs souhaitent que nous fassions. Tous les Canadiens sont certainement conscients de la nécessité d'adopter un régime aussi complet que celui qui nous est proposé aujourd'hui.
Il est important de signaler que l'exécution de la loi est vraiment cruciale ici. Des députés ministériels et des députés de l'opposition ont déjà parlé d'un certain nombre de principes importants qui figurent dans le projet de loi. À mon avis, nous adhérons tous à trois de ces principes.
Premièrement, les lois sur la santé et la sécurité au travail dans les zones extracôtières doivent assurer aux travailleurs de ces zones une protection au moins aussi bonne que celle dont bénéficient les travailleurs oeuvrant sur la terre ferme. Il ne fait aucun doute que cela est à la fois juste et approprié.
Deuxièmement, le projet de loi protégera le droit des employés de savoir qu'un travail est dangereux, d'accepter ou de refuser de l'accomplir, ainsi que d'être protégés contre les représailles. Ce principe constitue un élément important du droit du travail au Canada depuis deux ou trois décennies, et il est grand temps que les travailleurs des plateformes extracôtières de Terre-Neuve-et-Labrador et de Nouvelle-Écosse jouissent des mêmes droits.
Troisièmement, des mesures sont prévues pour favoriser une culture qui est axée sur la santé et la sécurité au travail et qui reconnaît qu'il s'agit d'une responsabilité partagée. On peut toujours parler de lois et édicter des lois — dans le cas présent, elle est très volumineuse —, puis prendre une multitude de règlements d'application. Toutefois, s'il n'existe pas de culture axée sur la sécurité au travail, tout cela ne sert à rien.
Quand il est question d'un régime de ce genre, la manière de le mettre en application est également cruciale. C'est Shakespeare qui a dit: « ... plein de bruit et de fureur, mais qui ne signifie rien ». Si cette loi n'est pas mise en oeuvre avec prudence, de manière responsable et dans l'esprit de cette culture de santé et de sécurité qu'on a évoquée, elle ne vaudra guère plus que le papier sur lequel elle est écrite et personne ne veut qu'il en soit ainsi. Personne ne le veut, quand on songe avec tristesse à la catastrophe de l'Ocean Ranger ou à l'écrasement d'un hélicoptère en 2009 qui a coûté la vie à 17 personnes. Voilà qui met en relief l'importance d'avoir un régime de réglementation robuste. C'est de cela qu'il est question en l'occurrence.
De manière plus générale, ce projet de loi est un excellent exemple du fédéralisme coopératif à son meilleur. L'idée que nous puissions rassembler les provinces, qui ont leurs propres champs de compétence, le gouvernement fédéral, qui a son propre champ de compétence, et les offices extracôtiers, fédéraux et provinciaux, qui ont été créés, afin qu'ils puissent travailler ensemble et produire une telle mesure, voilà l'un des éléments qui font du Canada un pays aussi extraordinaire. Notre volonté de travailler ensemble rend notre pays extraordinaire.
Il est triste qu'il ait fallu aussi longtemps pour ce faire. Il ne semble pas que ce soit prioritaire pour le gouvernement conservateur. Étant donné le retard, il ne semble pas que ce soit une priorité, comme on aurait pu s'y attendre, mais néanmoins, nous sommes heureux d'avoir l'occasion aujourd'hui de discuter d'une mesure législative aussi importante.
J'ai évoqué les trois principes qui m'apparaissent tellement essentiels dans cette mesure législative. Je rends hommage au travail du juge Wells, qui a formulé un certain nombre de recommandations après l'écrasement de l'hélicoptère, recommandations qui ont reçu l'appui d'intervenants de tous les partis à la Chambre aujourd'hui. Il a travaillé dur. Il est révélateur et triste à la fois, et nous l'avons entendu déjà dans le cadre du débat aujourd'hui, que la recommandation qu'il jugeait la plus importante ne fasse pas partie de ce projet de loi.
Le juge Wells a déclaré ceci dans son rapport: « Je suis d'avis que la recommandation qui suit la présente note explicative sera la plus importante de tout le rapport ». Quelle est cette recommandation? La recommandation no 29, qui dit « ...qu'un nouvel organisme autonome et distinct soit chargé de réglementer les questions de sécurité dans le secteur extracôtier ».
Si cela n'était pas jugé faisable, le juge Wells a proposé une solution de rechange, à savoir que le gouvernement « ... crée une division de la sécurité, indépendante et autonome, au sein de l'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers, dotée de son propre budget, d'une direction distincte et d'une structure organisationnelle conçue pour s'occuper uniquement des questions de sécurité ».
Le juge Wells, l'architecte qui a attiré l'attention des organismes de réglementation sur ce problème avec une telle acuité, a dit que l'élément le plus important est une entité de réglementation indépendante et le gouvernement du Canada a malheureusement refusé d'accepter ce que le juge lui-même considérait comme la recommandation la plus importante du rapport tout entier.
De toute évidence, ce projet de loi ne peut pas nous satisfaire entièrement, bien que nous nous réjouissions qu'il ait enfin été présenté, lorsqu'il manque une pièce aussi capitale du casse-tête, une pièce qui se retrouve pourtant déjà dans la législation de tant de nos partenaires dotés d'une industrie de l'exploitation pétrolière et gazière extracôtière, comme la Grande-Bretagne avec la mer du Nord, la Norvège, l'Australie et les États-Unis. Pourtant, le Canada croit pouvoir s'en passer.
S'il y a une chose que nous comprenons de la culture réglementaire, c'est la notion de capture réglementaire. La plupart des gens, du moins ailleurs dans le monde, tiennent apparemment pour acquis qu'il faut confier le travail à un organe indépendant. Or, pour une raison qui m'échappe, le gouvernement semble croire que ce n'est pas pertinent, même si tant d'acteurs, comme les provinces et les travailleurs, réclament cette mesure. Hélas, elle ne figure pas dans le projet de loi.
Le projet de loi pourrait être bien meilleur, mais nous l'appuierons néanmoins en toute fierté étant donné qu'il est le fruit d'une collaboration avec les travailleurs. Il y a eu des consultations. J'espère simplement que cette collaboration se poursuivra.
J'aurais préféré qu'on prévoie un examen quinquennal, comme on l'a proposé au comité, car d'autres gouvernements conservateurs l'ont fait, ce qui s'est avéré très efficace. Or, le gouvernement conservateur actuel ne croit pas en cette démarche. Il reste qu'il est essentiel d'envisager un tel examen ultérieurement, lorsqu'il y aura, inévitablement, des changements à apporter à la loi. Peut-être pourrions-nous mieux faire les choses. Peut-être pourrions-nous appliquer la plus importante recommandation selon le juge Wells. Peut-être pourrions-nous mieux protéger les travailleurs qui occupent ces emplois dangereux au large des côtes du Canada atlantique.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de me lever aujourd'hui pour parler du projet de loi . Son titre est très long, mais cette loi très importante est attendue depuis maintenant plus de 13 ans, notamment par le NPD. En effet, on exigeait la mise en oeuvre de plus de normes de sécurité et de santé pour les travailleurs de l'industrie des hydrocarbures extracôtiers.
Avant même d'aborder le projet de loi, je voudrais mentionner l'excellent travail de mes collègues du NPD en comité, qui ont fait avancer le projet de loi afin qu'il soit étudié aujourd'hui. Il s'agit entre autres du député de , qui a fait un excellent travail, de la députée d', de la députée d', qui a travaillé très fort, non seulement sur la question des ressources naturelles, mais aussi en environnement, et qui connaît beaucoup de choses dans ce domaine, du député de , du député de , qui a fait un excellent discours aujourd'hui, et du député de , qui a aussi étudié ce document.
Si je le mentionne, c'est parce que le travail en comité est peu connu de la part de nos concitoyens. Je parle souvent à mes concitoyens de Drummond de l'importance du travail remarquable du NPD en comité. On souhaite toujours que le travail en comité soit le plus objectif possible, qu'il ne soit pas teinté de partisanerie et qu'il vise le bien de la population.
Mes concitoyens savent que je siège au Comité permanent de l'environnement et du développement durable presque depuis mon élection, en 2011. Depuis trois ans, je m'efforce de collaborer avec mes collègues de façon la plus profitable pour les citoyens, non seulement de la grande région de Drummond, mais aussi de partout au Canada, afin d'améliorer les projets de loi et de faire des études qui vont améliorer la qualité de l'environnement et du développement durable.
Le Comité permanent des ressources naturelles a étudié le projet de loi pour améliorer la santé et la sécurité des travailleurs de l'industrie des hydrocarbures extracôtiers. Il est important de saisir la grande importance du travail qui a été fait par mes collègues du NPD. Ils ont amené un amendement visant à améliorer le projet de loi en y incorporant une disposition enjoignant le ministère à examiner la mise en oeuvre du projet de loi dans les cinq ans suivant son adoption.
Ce projet de loi intéressant apporte des améliorations, et je donnerai quelques détails tout à l'heure, mais il pourrait être perfectionné. Voilà donc l'importance d'une période de révision, même si nous appuyons le projet de loi à cette étape. Pour tout projet de loi important, il y a une période de révision.
Par exemple, pour la Loi canadienne sur la protection de l'environnement bénéficie, il y a une période de révision. D'ailleurs, celle-ci devrait être en cours. Je ne sais pas ce que les conservateurs font. Ils dorment encore au gaz. Ils oublient de faire la révision de certaines lois. De toute façon, lorsqu'ils la font, cela m'inquiète beaucoup.
Lorsqu'ils ont fait la révision de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, ils l'ont complètement ruinée. On est passé de milliers d'évaluations environnementales à quelques dizaines. À cause de cela, on a maintenant de graves problèmes, comme l'acceptation de l'oléoduc d'Enbridge. L'inversion du flux de l'oléoduc s'est faite sans qu'il y ait eu d'évaluations environnementales dignes de ce nom.
La même chose se produit avec le projet de loi . Celui-ci ne fera pas l'objet d'une bonne révision, puisque les conservateurs n'ont pas accepté notre amendement qui demandait une révision d'ici cinq ans.
Le projet de loi corrige des lacunes de longue date dans la législation et les pouvoirs de prise de règlements associés aux normes de santé et de sécurité au travail et à leur application aux travaux de mise en valeur des hydrocarbures extracôtiers dans la région de l'Atlantique.
Le projet de loi modifie l'Accord atlantique Canada afin d'enchâsser le régime de santé et de sécurité du travail dans la loi. Il s'agit d'une mesure importante que le NPD va appuyer.
Par contre, le projet de loi ne respecte pas la recommandation 29 de la Canada-Newfoundland and Labrador Offshore Helicopter Safety Inquiry. Comme on le sait, il y a eu un grave accident. À la suite de cet accident, les gens de la région ont été très préoccupés. Il y a eu une enquête présidée par l'honorable Robert Wells.
Le projet de loi ne prévoit pas la création d'un organisme autonome. Plusieurs de mes collègues l'ont mentionné aujourd'hui. Ils ont d'ailleurs fait un excellent travail. J'ai des collègues qui connaissent le dossier beaucoup mieux que moi. Ils ont très bien expliqué l'importance des travailleurs et celle de se soucier de la santé et de la sécurité de ces derniers, entre autres, les pilotes d'hélicoptère et les autres membres de l'équipage.
Le projet de loi ne prévoit pas donc la création d'un organisme autonome et distinct de réglementation en matière de sécurité ni la mise sur pied de divisions autonomes chargées de la sécurité au sein des conseils d'administration des sociétés pétrolières.
C'est vraiment décevant, parce que le NPD avait fait de grands efforts visant à assurer le réexamen du projet de loi après cinq ans. Cela pouvait donner la possibilité de créer un office indépendant extracôtier. Je ne sais pas de quoi ont peur les conservateurs et pourquoi ils ont ce besoin de tout contrôler et de vouloir tout gérer à partir de leurs petits bureaux. En effet, on pourrait confier cela à un organisme de réglementation autonome et distinct. Cela permettrait d'assurer une plus grande sécurité et une meilleure santé pour nos travailleurs. On sait que ces gens vivent des difficultés. Ils font un travail périlleux et sont très courageux. Ces professionnels font un excellent travail pour leur région et pour s'occuper de leur famille. Toutefois, il faut s'assurer de leur santé et de leur sécurité.
Ce projet de loi est un pas dans la bonne direction, mais il ne permet pas une révision après cinq ans, qui aurait pu permettre la mise en place d'un organisme indépendant et autonome. C'est malheureux.
Bien que les conservateurs refusent de mettre en oeuvre la recommandation 29 de l'enquête Wells, le projet de loi est malgré tout une amélioration constructive et nécessaire du régime actuel de santé et de sécurité au travail dans les zones extracôtières, car il enchâsse les pratiques de sécurité dans la loi. C'est un bon point.
Les néo-démocrates sont d'ailleurs très fiers d'appuyer le projet de loi , puisqu'ils réclament ce régime renforcé depuis plusieurs années. C'est un projet de loi qui a tardé à se rendre à destination. En fait, ça fait plus de 13 ans qu'on demande que le projet de loi puisse avancer et soit mis en oeuvre. Malheureusement, ça a beaucoup tardé.
Je veux mentionner aussi qu'il est préoccupant pour le NPD que tout ce travail ne se fasse pas assez souvent avec les gouvernements provinciaux. C'est très important que le gouvernement fédéral respecte les gouvernements et ses homologues provinciaux.
En ce qui concerne le cas de la santé, le gouvernement fédéral impose malheureusement de nouvelles façons de faire dans ce domaine, sans s'asseoir avec les ministres provinciaux de la santé. C'est une très mauvaise pratique. Ici, au moins, il a conclu une entente avec ses homologues provinciaux. C'est une bonne chose qu'ils devraient faire tout le temps.
Comme je vois qu'il ne me reste plus de temps, je suis disposé à répondre aux questions.