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Monsieur le Président, je suis heureux aujourd'hui d'appuyer l'accord de libre-échange Canada-Honduras.
Depuis 2006, le gouvernement conservateur se concentre sur les priorités des Canadiens: la création d'emplois, la croissance et les possibilités économiques pour tous. L'ouverture de nouveaux marchés pour les entreprises est l'un des moyens que nous avons utilisés pour atteindre des résultats concrets pour les entreprises canadiennes.
L'économie canadienne dépend du commerce international. Plus de 40 000 entreprises canadiennes exportent déjà leurs produits. Alors que l'économie mondiale est de plus en plus interreliée, les chaînes de valeur gagnent en importance et de plus en plus de nos entreprises étendent leurs activités à l'échelle internationale. Au Canada, un emploi sur cinq dépend des exportations. Aujourd'hui, les activités liées au commerce représentent plus de 60 % du produit intérieur brut du Canada.
Les entreprises canadiennes font partie des meilleures entreprises au monde. Non seulement sont-elles concurrentielles, mais elles peuvent aussi s'imposer sur le marché mondial. Le gouvernement crée des conditions qui favorisent la réussite de nos entreprises, et nous leur devons d'agir.
Le Canada a toujours été actif sur le plan du commerce international. Étant donné la crise économique mondiale et la menace toxique du protectionnisme accru, la nécessité de l'ouverture des marchés est plus évidente que jamais.
Les entreprises canadiennes ont généralement appuyé les accords sur le commerce et l'investissement. Ces accords avantagent directement les petites et moyennes entreprises pour lesquelles les formalités administratives et les retards peuvent être particulièrement lourds. Notre gouvernement conservateur continue de défendre ardemment le libre-échange sur la scène mondiale. En fait, le a récemment annoncé que le Canada va se joindre à 13 membres de l'Organisation mondiale du commerce, dont la Chine, l'Union européenne, le Japon et les États-Unis d'Amérique, pour mener des négociations en vue de conclure un nouvel accord plurilatéral de l'Organisation mondiale du commerce sur les biens environnementaux. Une plus grande liberté commerciale dans le secteur des biens environnementaux va accroître la disponibilité et favoriser la baisse des coûts des biens environnementaux comme les turbines hydrauliques, les appareils de traitement de l'air et de l'eau, et le matériel de gestion des déchets ou de recyclage. C'est un accord ambitieux qui va grandement faciliter l'atteinte des objectifs des économies de l'Organisation mondiale du commerce en matière de croissance verte et de développement durable en créant une situation avantageuse pour le commerce et l'environnement.
Au lieu d'adopter une attitude attentiste et d'espérer que tout ira pour le mieux, le Canada a décidé de s'attaquer de manière proactive à la diversification de nos relations commerciales en concluant des accords de libre-échange régionales et bilatérales. Sous la direction du et du , 2013 a été la meilleure année de l'histoire canadienne pour le commerce.
En octobre dernier, le gouvernement conservateur a conclu une entente de principe au sujet de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne. C'est une grande réalisation. C'est un point tournant dans le programme canadien des négociations commerciales internationales. Grâce à l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne, les entreprises canadiennes obtiendront un accès préférentiel à un marché de plus de 500 millions de consommateurs nantis et à un produit intérieur brut total de 17 billions de dollars. Une étude menée conjointement par le Canada et l'Union européenne a conclu que l'accord accroîtrait le PIB du Canada de 12 milliards de dollars par année et ferait croître le commerce bilatéral de 20 %.
En plus de cette entente de principe historique avec l'Union européenne, nous avons conclu, depuis 2006, des accords avec l'Association européenne de libre-échange, qui comprend la Norvège, la Suisse, l'Islande et le Liechtenstein, ainsi qu'avec le Pérou, la Colombie, la Jordanie et le Panama. Nous avons tout récemment conclu des négociations avec la Corée. De plus, nous négocions activement avec les membres du Partenariat transpacifique et nous menons des négociations bilatérales avec le Japon et l'Inde.
Depuis 2007, pour aider les investisseurs canadiens, nous avons conclu ou mis en vigueur 22 nouveaux accords sur la promotion et la protection des investissements étrangers. Ce ne sont là que quelques exemples de nos réalisations en matière de commerce international.
Comparons cela avec le bilan libéral en matière de commerce: les libéraux n'ont signé que trois accords de libre-échange, que le gouvernement conservateur est en train d'élargir et de moderniser, et ils n'ont proposé que de coûteuses séances de photos à saveur politique, qui n'ont malheureusement donné aucun résultat concluant et qui n'ont rien rapporté. La décennie de négligence du commerce par les libéraux est maintenant chose du passé. Pour remédier à la situation, nous avons tenu des consultations d'un bout à l'autre de ce grand pays. Nous avons fait appel à environ 400 intervenants des milieux des affaires et de l'industrie. Il ne s'agissait pas uniquement de grosses sociétés; on y trouvait aussi de petites et moyennes entreprises, qui sont le moteur de l'économie canadienne.
C'est pourquoi nous sommes si fiers du Plan d'action sur les marchés mondiaux, que nous avons lancé en novembre 2013. Il ne s'agit pas d'un exercice bureaucratique. C'est un plan concret pour les entreprises canadiennes, élaboré avec celles-ci. Le Plan d'action sur les marchés mondiaux met l'accent sur nos engagements économiques internationaux, en identifiant des secteurs et des marchés prioritaires. Il souligne également l'importance de la diplomatie économique et, évidemment, vise à aider les petites et moyennes entreprises canadiennes à étendre leur rayonnement dans le monde.
Grâce à ces initiatives du gouvernement, nous soutenons les sociétés canadiennes exportatrices de biens et de services, et celles qui veulent investir, pour qu'elles soient compétitives sur ces nouveaux marchés.
À propos de nouveaux marchés, le gouvernement reconnaît depuis longtemps l'importance croissante des Amériques. C'est ce qu'a confirmé le lorsqu'il a fait du continent une priorité de notre politique étrangère en 2007. Le renforcement du commerce et l'engagement commercial s'inscrivent dans la vision du premier ministre d'un hémisphère plus prospère, plus sûr et plus démocratique, et c'est sensé pour les entreprises canadiennes. Le commerce entre le Canada et les autres pays du continent américain a augmenté de 34 % entre 2007 et 2013, sans parler des investissements canadiens directs, qui ont fait un bond fantastique de 58,6 % entre 2007 et 2012.
Où se situe le Honduras dans notre ambitieux programme de libre-échange visant à créer des emplois et des débouchés à l'intention des Canadiens? Voilà une bonne question. En 2011, le a annoncé que nous avions négocié un accord de libre-échange avec le Honduras. J'aimerais énoncer trois raisons fondamentales qui expliquent pourquoi il était important, pour le Canada, de conclure cet accord.
Premièrement, les sociétés canadiennes étaient désavantagées sur le plan de la concurrence au Honduras. C'est incontestable. Depuis 2006, les sociétés américaines bénéficient d'un accord de libre-échange avec le Honduras.
Écoutez ce qu'a dit César Urias, le directeur de Canada Porc International pour l'Amérique latine, au comité du commerce international, lorsque celui-ci étudiait l'accord de libre-échange entre le Canada et le Honduras. Il a déclaré:
En 2004 [...] le Canada a exporté 1 345 tonnes métriques de porc, pour une valeur évaluée à 2,2 millions de dollars, soit environ le tiers des importations totales de porc du Honduras. En 2006, elles sont tombées à zéro, à la suite de l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange entre les États-Unis, l'Amérique centrale et la République dominicaine.
Cette situation inéquitable s'est aggravée lorsque l'Union européenne a conclu son accord de libre-échange avec l'Amérique centrale, y compris le Honduras, en 2010. L'accord s'applique de façon provisoire avec le Honduras depuis l'été 2013. Nos entreprises doivent rattraper leurs homologues des États-Unis et de l'Union européenne. L'accord de libre-échange entre le Canada et le Honduras les mettrait sur un pied d'égalité, comme elles l'ont demandé.
Prenons par exemple ce qu'a dit Vincent Taddeo, le vice-président international des Fermes Cavendish. Il a affirmé que:
Le gouvernement canadien doit faire de l'établissement rapide de négociations sur le libre-échange une plus grande priorité pour fournir à nos exportations et nos exportateurs des conditions plus équitables. [...] il doit être proactif et faire preuve de détermination dans le cadre des négociations et de la mise en place d'autres accords de libre-échange.
Je peux garantir à nos éleveurs et à nos producteurs de porc ainsi qu'à ceux qui travaillent pour des entreprises comme les Fermes Cavendish que le gouvernement conservateur entend leur demande.
Deuxièmement, lorsque nous négocions un accord de libre-échange, nous examinons le potentiel futur des échanges commerciaux. De 2009 à 2013, nos échanges commerciaux bilatéraux avec le Honduras ont augmenté de 59,2 %. Cette tendance témoigne de la possibilité de faire croître davantage nos relations commerciales avec ce pays. Dès que l'accord de libre-échange entrera en vigueur et que nos entreprises commenceront à comprendre les avantages de l'élimination des tarifs douaniers, on peut s'imaginer les meilleures possibilités qu'elles auront. Quand nos entreprises font du commerce, elles créent des emplois et des débouchés pour les travailleurs d'ici au Canada.
Pour avoir une idée de ce que cet accord signifie pour nos producteurs de porc, je vais citer encore une fois les commentaires de M. César Urias, qui a dit que:
L’accord de libre-échange avec le Honduras devrait générer des ventes de 5 millions à 7 millions de dollars durant l’année qui suivra sa mise en oeuvre.
On parle seulement de la première année. Ce genre de commentaires de notre industrie prouve que cet accord doit être conclu le plus rapidement possible. Je répète: le plus rapidement possible.
Ce que le Nouveau Parti démocratique, qui s'oppose au commerce, ne comprend pas, c'est l'ampleur des avantages que cela représente pour les Canadiens, même après ce qu'a clairement exposé M. Urias aux membres du comité quand il a expliqué que:
[...] [l'accord de libre-échange] bénéficie à la base, aux gens qui sont au coeur du secteur de la production, de même qu'aux agriculteurs, aux distributeurs, aux transporteurs par train, par camion, ou autre chose. Il bénéficie même aux entreprises de services financiers, aux compagnies d'assurance et à l'industrie du crédit. Il y a un effet important et vaste qui touche bon nombre d'autres industries, et non pas seulement [l'industrie du porc]. Ce n'est pas seulement un effet ponctuel. Il se répand partout.
En améliorant l'accès des produits au marché et en incluant dans l'accord des dispositions relatives aux investissements, aux services et aux achats gouvernementaux, nous avons créé les conditions propices pour que les entreprises canadiennes réussissent sur ce marché.
Les investisseurs profiteront également de cet accord. En effet, l'accord de libre-échange Canada-Honduras comprend des dispositions visant à protéger les investissements bilatéraux grâce à des obligations légales et à garantir que les investisseurs seront traités de façon juste et non discriminatoire. L'accord de libre-échange offrira aussi aux investisseurs des mécanismes de résolution des différends transparents, impartiaux et exécutoires. Les dispositions relatives aux investissements qui figurent dans cet accord de libre-échange appuieront un cadre juridique stable visant à protéger les investissements canadiens au Honduras, et vice-versa. Elles garantiront notamment le transfert des capitaux d'investissement et constitueront une protection contre les expropriations sans indemnisation prompte et suffisante.
Enfin, cet accord met en évidence la volonté du Canada de poursuivre son partenariat avec le Honduras. Le Honduras est un pays qui est aux prises avec de nombreux problèmes. Il serait donc facile, comme le NPD le réclame sans cesse, de tourner le dos à ce pays en raison des problèmes qui s'y posent du point de vue des droits de la personne et de la sécurité. Cependant, le gouvernement croit fondamentalement à l'engagement, et non à l'isolement. Ce n'est que de cette façon qu'on peut obtenir des résultats. C'est en poursuivant nos efforts pour établir un dialogue ouvert et sérieux avec ce pays que nous pourrons favoriser des changements positifs là-bas.
Même Jim Bannantine, le président et directeur général d'Aura Minerals, une société minière canadienne qui mène des activités au Honduras, est d'accord. Voici ce qu'il a déclaré:
L'accord de libre-échange, grâce à l'intégration économique et aux emplois, est ce qu'il y a de mieux pour la sécurité au Honduras. Vous savez, le principal facteur positif touchant la sécurité au Honduras, et de loin, et ce qui nous permet de mettre en pratique notre cadre de [responsabilité sociale des entreprises] et de travailler librement, ce sont les emplois, la croissance économique. Les emplois sont la meilleure solution pour contrer cette violence.
Cet engagement à générer des changements positifs est évident dans les relations bilatérales multidimensionnelles entre le Canada et le Honduras, que ce soit dans les rapports entre nos peuples, le programme de développement du Canada ou nos négociations sur l'accord de libre-échange. C'est la raison pour laquelle il est important pour le Canada que l'on inclue des dispositions relatives à la responsabilité sociale d'entreprise et à la lutte contre la corruption et que l'on négocie des accord auxiliaires sur le travail et la coopération environnementale.
Durant son témoignage, M. Bannantine a dit très clairement que les Honduriens voient des résultats:
On trouve de nombreux exemples de responsabilité sociale des entreprises. Chaque année, quelques millions de dollars sont investis dans la communauté locale.
Pour ces raisons, l'accord de libre-échange est la pierre angulaire de nos relations bilatérales. L'accord de libre-échange entre le Canada et le Honduras serait tout à fait avantageux pour les deux pays.
J'exhorte tous les députés à appuyer la mise en oeuvre de l'accord de libre-échange entre le Canada et le Honduras. Travaillons ensemble et adoptons le projet de loi le plus rapidement possible.
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Monsieur le Président, je comprends du précédent discours de mon collègue sur le projet de loi , concernant l'accord de libre-échange entre le Canada et le Honduras, que pour les conservateurs, c'est la quantité qui compte et non pas la qualité. Les Canadiens savent qu'il faut négocier des accords commerciaux qui offrent des conditions gagnantes pour le Canada, ce que les conservateurs n'ont pas fait.
J'aimerais me prononcer contre ce projet de loi. J'ai aussi eu le plaisir d'être membre du Comité permanent du commerce international où on a étudié ce projet de loi. Tout d'abord, qu'on me laisse réitérer que le NPD est en faveur du commerce international. Nous voulons échanger avec d'autres pays. Nous voulons conclure des accords avec des démocraties autour du monde qui peuvent aider des manufacturiers canadiens et notre économie. Cependant, notre approche n'est pas la même que celle des conservateurs. Nous, nous pensons qu'il faut négocier des accords qui observent des critères importants.
Qu'on me permette de parler encore une fois à la Chambre des trois critères auxquels tous les accords de libre-échange doivent être soumis avant d'avoir l'appui du NPD. Premièrement, il faut se demander si le partenaire proposé respecte la démocratie et les principes des droits de la personne. Le partenariat permet-il aux deux pays d'instaurer et d'avoir des normes adéquates en matière de travail et de protection de l'environnement? Si ce n'est pas le cas, est-ce vraiment une bonne idée d'appuyer cet accord commercial? Dans ce cas, la réponse est non.
Deuxièmement, il faut voir si le partenariat proposé a une valeur importante pour le Canada et s'il va vraiment lui bénéficier. On voit que les conservateurs n'ont pas fait leurs devoirs à ce sujet. En fait, le Honduras arrive actuellement au 104e rang du marché des exportations du Canada, sur le plan la valeur des exportations. Nous savons que c'est une économie encore plus petite que celle d'Ottawa-Gatineau. Cela donne une idée de la valeur stratégique d'un échange commercial avec le Honduras.
Troisièmement, il faut voir si les modalités de l'accord proposé sont satisfaisantes. Ce n'est pas le cas non plus en ce qui concerne l'accord de libre-échange entre le Canada et le Honduras.
Comme moi, on peut se demander pourquoi le gouvernement a choisi le Honduras pour négocier une entente commerciale. C'est une question que plusieurs Canadiens se posent aussi. Mon collègue conservateur a vanté le nombre d'accords de libre-échange que le gouvernement conservateur a signés. En fait, cela démontre à quel point les conservateurs sont tellement désespérés, car ils ont une position affaiblie sur la scène internationale.
J'aimerais donner un petit résumé des raisons pour lesquelles on en est arrivés à négocier une entente de libre-échange avec ce pays qui a une si petite économie et qui bafoue les droits humains.
Nous savons qu'après être arrivés avec peine à conclure une entente multilatérale avec les économies de l'Amérique centrale au grand complet, le Canada s'est tourné vers le plus faible joueur politique, le Honduras, pour négocier un accord ponctuel dans le cadre d'une quête idéologique aux accords de libre-échange.
C'est en août 2011 que le a annoncé l'aboutissement des négociations entre le Canada et le Honduras et, en novembre 2013, le et son homologue hondurien ont signé l'accord de libre-échange.
C'est donc parce qu'on a échoué dans les négociations avec les autres pays dans la même région qu'on a finalement dû négocier une entente avec un pays comme le Honduras, un pays qui d'ailleurs ne respecte pas les droits humains et qui n'a quasiment pas d'institutions démocratiques fiables.
Je vais maintenant expliquer que les bénéfices économiques d'un accord de libre-échange avec le Honduras sont minimes. Ce n'est pas comme le député conservateur a dit. Selon des analyses internes réalisées par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, l'économie canadienne tirerait très peu de l'accord. On constate que les conservateurs ne tiennent même pas compte des rapports qui émanent de leur propre ministère.
Comme je l'ai mentionné, le Honduras se classe présentement au 104e rang des marchés des exportations du Canada, sur le plan de la valeur des exportations. Selon des statistiques de 2011, les exportations des marchandises totalisaient seulement 38 millions de dollars, tandis que les importations se chiffraient à 218 millions de dollars, ce qui représente un déficit commercial important.
On se demande si les conservateurs ont même pris le temps de faire une analyse d'impact pour voir s'il y a vraiment des bénéfices qui découlent de cet accord, surtout en sachant que les tarifs sont déjà très bas avec le Honduras. En fait, la majorité des tarifs sont au-dessous de 5 %. On se demande pourquoi les conservateurs s'empressent de négocier cet accord.
Les témoins ont soulevé une autre préoccupation au Comité permanent du commerce international, et c'est le manque de transparence.
On sait que l'accord a été négocié sans aucune transparence. Malgré les demandes répétées de la société civile au Canada, le gouvernement du Canada n'a pas rendu publics les textes de l'entente durant le processus de négociation.
Qu'on me permette d'ouvrir ici une parenthèse. On voit que les conservateurs ont adopté une façon particulière de négocier des ententes de libre-échange: ils ne consultent pas adéquatement les Canadiens, ils ne consultent pas la société civile, les travailleurs, les Premières Nations et d'autres groupes, et ils ne rendent pas le texte public.
Le Comité permanent du commerce international a étudié aussi notre accord de libre-échange avec l'Europe ou l'Union européenne. Pendant ces réunions, des témoins ont soutenu que les consultations n'avaient pas été suffisamment vastes.
Qu'on me permette de citer Jerry Dias, le président national d'Unifor:
[...] nous déplorons la façon dont cet accord a été négocié, sans la participation pleine et entière des syndicats, des ONG environnementales et d'autres groupes de la société civile du Canada.
Dans le cadre de l'accord de libre-échange avec l'Union européenne, le texte a été rendu public dans d'autres juridictions. Les décideurs américains ont eu accès à des textes de négociation, les parlementaires européens ont aussi eu accès à ces textes. Le gouvernement conservateur nous a demandé de lui faire confiance, et il nous a empêché d'avoir ces textes de négociation.
Je trouve que ce manque de transparence est déplorable. Cela me préoccupe beaucoup parce que c'est une habitude de ce gouvernement conservateur. C'est une habitude qui empêche les groupes de la société civile de consulter les députés, de donner des conseils au gouvernement, et de fournir aux négociateurs des faits et des informations qui peuvent les aider à négocier les ententes de libre-échange dans le meilleur intérêt des Canadiens.
Il faut aussi mentionner que l'évaluation environnementale bidon de l'accord de libre-échange Canada-Honduras, rendue public en octobre 2013, faisait fi de l'incidence des investissements canadiens au Honduras. Ces données ont été jugées confidentielles.
En outre, les accords parallèles dans le domaine de l'environnement et du travail sont inadéquats. Cela a été réitéré par plusieurs témoins à l'occasion des séances de comités. Les accords parallèles sont inadéquats, parce qu'ils ne sont pas accompagnés de mécanismes concrets permettant d'en assurer l'application. Effectivement, comme on dit en anglais, it lacks teeth. Il leur manque le pouvoir d'être appliqués.
Conformément à la section sur les investissements de l'accord de libre-échange Canada-Honduras, les entreprises peuvent poursuivre les gouvernements devant les tribunaux internationaux, ce qui porte atteinte à la capacité des gouvernements de prendre des décisions visant à protéger le bien public.
Or le gouvernement fédéral canadien doit pouvoir prendre des décisions pour protéger le bien public sans que les entreprises aient un droit de veto. C'est nécessaire.
Maintenant, j'aimerais aller au coeur de mon argument, qui porte sur les droits de la personne, car cela me tient à coeur et c'est un sujet qu'on s abordé plusieurs fois dans ce débat.
On peut très bien parler des effets économiques de cet accord de libre-échange. Cependant, le Canada a aussi le devoir de se comporter comme un citoyen responsable sur la scène internationale. Il a un rôle à jouer dans la promotion des droits de la personne, et en tant que députés, nous devons encourager le gouvernement à jouer ce rôle.
Au Honduras, en 2011, il y eu 85,5 homicides par tranche de 100 000 personnes. Cela veut dire qu'en 2011, le Honduras était le pays le plus dangereux au monde. C'est un constat très sérieux. J'aimerais en dire davantage sur la question de la liberté de presse, afin d'expliquer à quel point la situation des droits de la personne est désastreuse dans ce pays.
Les journalistes et les défenseurs des droits de la personne se sentent en général menacés et croient que, dans le meilleur des cas, l'État n'a pas les moyens de les défendre ou n'en a pas envie. Dans le pire des cas, ces personnes le pensent complice de ces débordements, et c'est le sentiment général ressenti par une grande majorité de la population. Entre 2003 et 2013, deux condamnations seulement ont été obtenues tandis que 38 journalistes ont été assassinés, ce qui correspond à un taux d'impunité de 95 %.
Il convient de remarquer que, selon les témoins qui sont venus au comité parlementaire, il n'y aurait pas de véritable enquête au Honduras, et cela complique l'attribution de responsabilités pour ces assassinats de journalistes. On a pu recevoir de témoins de PEN Canada, un groupe de la société civile qui étudie les droits de la personne et ceux des journalistes.
PEN Canada a déposé son rapport devant le comité. Ce rapport, intitulé « Honduras: Journalism in the Shadow of Impunity », n'est malheureusement disponible qu'en anglais. À tous ceux qui écoutent ce soir, je suggère fortement de lire ce rapport très informatif. Il contient beaucoup d'informations utiles. Le rapport a notamment étudié des sujets couverts par les journalistes au moment où ils ont été assassinés, et le rapport a trouvé des thèmes communs, comme la corruption, les affaires politiques et le crime organisé.
Quant à la participation de l'État, à cause des liens entre le crime organisé et les forces de sécurité honduriennes, qu'il s'agisse de la police ou de l'armée, il est très difficile de ne pas associer les actes violents attribués à ces acteurs non étatiques aux violations des droits de la personne commises par les agents de l'État. Dans certains cas, on a vu que la preuve circonstancielle donne sérieusement à penser que l'État était complice ou qu'il se trouvait derrière les assassinats de journalistes.
Quand on étudie la situation des pays dans la région, on constate que le Honduras est dans une situation pire que celle des actuels partenaires commerciaux du Canada dans la région. Ce n'est pas un pays comme les autres. Il faut vraiment le voir comme un cas d'exception.
Pour donner une idée de sa situation par rapport aux autres pays, il faut savoir que selon les palmarès de la liberté de presse dans le monde établis pour 191 pays par Freedom House, le Canada arrive au 29e rang.
Le Chili arrive au 64e rang, le Pérou est au 89e rang, et même la Colombie, un autre pays aux prises avec le narcotrafic, arrive en 112e place. Le Honduras, quant à lui, se trouve au 140e rang sur 191 pays, à égalité avec l'Égypte, un pays où les droits des journalistes ont été régulièrement bafoués depuis les manifestations d'il y a quelques années,
Cet accord ne s'inscrit pas dans la continuité des affaires courantes pour le Canada. Le Honduras présente un bilan en matière de liberté de presse nettement plus mauvais que celui de ses voisins et d'autres partenaires commerciaux préférentiels du Canada.
PEN Canada a aussi souligné qu'un grand nombre des dossiers à cause desquels les journalistes sont en danger concernent le commerce, l'investissement et les échanges. Tout indique que les journalistes qui écrivent sur des sujets beaucoup plus controversés et plus délicats, comme l'environnement, les ressources naturelles et les conflits fonciers, sont beaucoup plus à risque que leurs collègues d'être victimes de violence ou d'être assassinés.
Les conservateurs continuent de dire qu'en signant un accord de libre-échange, on va améliorer la situation des droits humains au Honduras. Honnêtement, ils croient à la magie. Non seulement les institutions honduriennes ne sont pas parvenues à protéger les droits fondamentaux de la personne pour les Honduriens, mais l'implication du gouvernement dans les violations des droits de la personne est une tradition.
Quand j'ai demandé à Mme Karen Spring, qui a témoigné au comité, si elle pensait que l'accord de libre-échange aurait ou non un effet positif sur la question des droits humains, elle m'a répondu ceci:
Je vous répondrais que même les mécanismes exécutoires prévus par la loi hondurienne ne sont pas du tout appliqués en raison d'une impunité galopante. Par conséquent, je dirais que la situation des droits de la personne sera déplorable si l’on encourage davantage les intérêts économiques dans des secteurs traditionnellement liés à des violations massives des droits de la personne qui n’ont pas suscité l’intervention de l’État.
J'ai aussi demandé à Mme Spring si elle pensait que les Honduriens pourraient bénéficier de cet accord. Voici ce qu'elle m'a répondu:
[...] je dirais que ce sont les entreprises étrangères, les capitaux privés et environ 10 ou 12 familles [honduriennes] qui traditionnellement dirigent l’économie et la politique au Honduras [et qui vont en bénéficier].
Alors, selon les experts, ce ne sont même pas les Honduriens qui vont bénéficier de cet accord de libre-échange.
Malheureusement, il ne me reste pas assez de temps pour développer d'autres sujets. Je m'oppose à ce projet de loi et j'invite mes collègues à s'y opposer.
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Monsieur le Président, j'aimerais expliquer ce soir pourquoi le Parti libéral appuie le libre-échange en tant qu'élément important et essentiel de la stratégie économique du Canada. Je vais dire pourquoi nous sommes favorables à cette entente de libre-échange avec le Honduras. J'évoquerai certains problèmes qu'elle pose et dont il faut être conscient. Nous pensons qu'il s'agit d'une entente qu'on doit aborder les yeux grands ouverts, et j'évoquerai certains des problèmes généraux que nous voyons apparaître dans la stratégie commerciale appliquée par le gouvernement.
Je vais commencer en parlant un peu du libre-échange, et dire pourquoi il est essentiel pour le Canada. Quatre-vingt pour cent de notre économie est, d'une façon ou d'une autre, liée au commerce international. Géographiquement, nous avons un grand pays, mais nous ne sommes pas nombreux. En cette période d'économie mondialisée, il est absolument essentiel que le Canada soit ouvert à l'économie mondiale. Environ 19,2 % des emplois au Canada sont directement liés au commerce. En outre, chaque emploi dans les secteurs qui exportent occasionne 1,9 emploi supplémentaire; le commerce est donc un élément essentiel de notre stratégie économique pour assurer la croissance du Canada.
Dans le cas particulier de l'entente avec le Honduras, on a parlé de la taille relative de l'entente et de la taille relative de l'économie hondurienne, qui ne représente qu'une petite pièce dans l'ensemble de notre casse-tête commercial. C'est tout à fait vrai, mais il est également important de bien commercer avec le Honduras. En fait, actuellement, je dois malheureusement dire que nos relations commerciales avec le Honduras ne sont pas particulièrement bonnes. En 2012, nous avons exporté des biens vers le Honduras pour un total de 39 millions de dollars, alors que nous en avons importé de ce pays pour une valeur de 219 millions de dollars.
Plus tôt, au cours du débat, on a parlé de Ricardo et du fait qu'en matière de commerce, il ne fallait pas trop s'inquiéter d'un déficit commercial. En définitive, tout s'équilibre. Le commerce est fondamentalement bon. C'est sans doute une belle théorie et un point de vue intéressant, mais à mon avis, en ce qui concerne l'emploi au Canada et le sort des Canadiens de classe moyenne, il est absolument essentiel d'avoir une économie forte et stimulée par les exportations. J'invite les personnes qui s'intéressent aux travaux de Ricardo, si elles en ont pris connaissance, à considérer l'expérience plus récente de certaines économies florissantes comme celle de l'Allemagne, où une croissance très puissante et très stratégique, axée sur les exportations, a apporté la clé du succès à la classe moyenne. À mon avis, on commet une grave erreur en prétendant que les déficits commerciaux sont sans importance.
J'aimerais maintenant dire quelques mots au sujet de l'accord avec le Honduras et des avantages qu'il présente — un aspect important que nous devrions garder à l'esprit. Comme je l'ai mentionné, nous appuyons cet accord. Nous croyons au commerce et nous croyons aux échanges commerciaux mondiaux, mais il est important de souligner que le Honduras est un pays qui affiche un bilan peu reluisant sur le plan politique et en matière de droits de la personne. Nous ne pensons cependant pas que c'est une raison de ne pas commercer avec ce pays, car nous sommes convaincus que la collaboration et que le commerce peuvent offrir un moyen au Canada, un pays démocratique, d'aider d'autres pays à s'engager dans la voie de la démocratie. C'est un résultat que nous avons observé dans bien des régions du monde.
Nous croyons également qu'il est primordial d'être dès le départ au courant de ces problèmes, d'entrer dans cette relation commerciale en toute connaissance de cause et d'avoir un plan pour les surveiller. Alors que nous débattons de l'élargissement de nos relations commerciales avec le Honduras, j'exhorte tous les députés à se rappeler l'exemple de la Russie, un pays que je connais très bien et que j'aime vraiment beaucoup.
Lorsque la Russie s'est libérée du communisme au profit de l'économie de marché et de la démocratie, nous avions présenté un argument similaire, à savoir que le commerce et la collaboration seraient des bons moyens d'aider la Russie à devenir une société plus ouverte, et je crois qu'elle s'est engagée dans cette voie pendant de nombreuses années. Il arrive cependant que cela échoue. Force est de constater que la Russie a pris une décision lourde de conséquences à l'égard de l'Ukraine en novembre 2013 et, plus tragique encore, à l'égard de la Crimée en février 2014: elle s'est isolée de la communauté internationale.
Cela a eu pour conséquence que les pays qui avaient conclu ce pacte avec la Russie, qui disaient vouloir entretenir des liens d'amitié et une relation commerciale avec ce pays, doivent aujourd'hui faire marche arrière, avec les coûts économiques que cela implique. Ce soir, j'aimerais que tous les députés, en particulier ceux qui, à l'instar du Parti libéral, appuient cet accord avec le Honduras, s'engagent à faire en sorte que nos valeurs soient au coeur de l'accord.
Évidemment, l'accord se fonde en partie sur l'économie canadienne et l'importance des échanges commerciaux, mais nous devons également nous engager à surveiller de très près le sort réservé à la démocratie, aux journalistes, aux syndicalistes, aux peuples autochtones, aux femmes, et à la communauté LGBT. Si les problèmes atteignent un seuil critique, nous devons être prêts à mettre fin à cette relation commerciale, même si cela implique des coûts économiques. Je n'insisterai jamais assez sur l'importance de faire en sorte que les valeurs de notre pays soient au coeur de cet accord.
Maintenant que j'ai parlé du Honduras, j'aimerais aborder de façon plus générale la place que le libre-échange occupe dans l'économie canadienne. À l'instar de tous les députés, j'ai été immensément déçue et surprise d'apprendre que le pays accusait en avril un déficit commercial que Statistique Canada évaluait à 638 millions de dollars. Ce piètre résultat est très inquiétant.
Je suppose que mes estimés collègues, en particulier les députés d'en face, ne sont pas prêts à me croire sur parole en ce qui concerne l'état des relations et des activités commerciales au pays. Il y a un organisme qui retiendra probablement votre attention, messieurs, puisque je constate qu'il n'y a que des hommes ce soir — nous pourrions parler d'égalité entre les sexes, mais pas pour le moment. Je crois, messieurs, que vous vous intéressez probablement à...
Pourquoi faut-il que vous rameniez tout à l'égalité entre les sexes?
Je crois, messieurs, que vous vous intéressez probablement à...
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Monsieur le Président, c'est ce que je ferai, mais je vous demanderais de veiller à ce que tous les partis aient un comportement plus respectueux des règles de la collégialité.
J'imagine que les députés d'en face ne mettront pas en doute la crédibilité ou l'importance d'un rapport de la Chambre de commerce du Canada, l'un des principaux organismes représentant le secteur privé au pays. En mai 2014, elle a publié un rapport intitulé « Un point tournant: Comment rétablir notre succès commercial sur les marchés étrangers ». Ce titre devrait nous inquiéter. On dirait un verdict peu reluisant.
Le premier chapitre s'intitule « Retard commercial du Canada ». En voici un extrait:
Le commerce international est pour les entreprises canadiennes un des moyens les plus rapides et les plus efficaces de faire croître leurs affaires, de créer des emplois et de contribuer à l’économie. Cependant, l’augmentation des exportations et des investissements extérieurs est lente depuis quelques années, et la diversification ciblant les économies émergentes est limitée.
[...] plusieurs mesures indiquent que le Canada est en retard sur les pays comparables. La valeur des exportations a augmenté lentement [...] malgré les prix beaucoup plus élevés que reçoivent les producteurs canadiens de produits énergétiques, [sans lesquels] le volume des marchandises expédiées à l’étranger en 2012 était en fait de 5 % inférieur à ce qu’il était en 2000, malgré une hausse de 57 % des échanges à l’échelle mondiale.
Aux yeux d'un parti comme le Parti libéral, qui croit fermement à la prospérité de la classe moyenne ainsi qu'au commerce international comme moyen de parvenir à cette prospérité, ces données sont accablantes.
Le rapport dit encore ceci:
D’autres pays se sont révélés aussi des investisseurs internationaux plus actifs. Exportation et développement Canada (EDC) rapporte une progression importante des ventes des filiales étrangères de sociétés canadiennes [...] mais tout porte à croire que le niveau des ventes des entreprises américaines, britanniques, japonaises et australiennes est plus élevé.
En plus d'avoir régressé depuis 2000, malgré une mondialisation robuste de l'économie, nous avons pris du retard par rapport aux pays comparables au nôtre. C'est pourquoi le Parti libéral croit fermement au commerce et c'est pourquoi aussi nous tenons tant à ce que le gouvernement adopte des politiques canadiennes et prenne des mesures canadiennes, plutôt que de se borner à lancer des slogans et à tenir des séances de photos. Il nous faut une approche stratégique et des gestes concrets.
Cela m'amène à parler de ce dont nous avons déjà passablement discuté cette semaine, soit l'accord commercial avec l'Europe. En octobre, notre s'est rendu à Bruxelles en grandes pompes et à grands frais, pour signer un accord de principe concernant nos échanges commerciaux avec l'Europe. Je suis très désolée de constater que, malheureusement, l'accord commercial comme tel n'a pas encore été conclu, même si le premier ministre s'est encore rendu à Bruxelles cette semaine et qu'il aurait donc pu saisir cette belle occasion pour conclure cet accord très important.
J'ai d'autres nouvelles inquiétantes à signaler. Nous avons demandé au gouvernement de nous fournir les documents proprement dits que le premier ministre avait signés. Nous pouvons d'ailleurs voir le premier ministre signer un document dans un extrait vidéo sur l'événement du 18 octobre. Voici la réponse que nous avons obtenue du Bureau du Conseil privé:
Une recherche approfondie des dossiers relevant du Bureau du Conseil privé a été faite en votre nom; cependant, aucun dossier se rapportant à votre demande n'a été trouvé.
Nous aimerions bien savoir, à un moment donné, ce que le premier ministre a réellement signé et ce qui s'est passé avec cette entente. Nous estimons que l'accord de libre-échange avec le Honduras est important, mais évidemment, l'accord de libre-échange avec l'Union européenne l'est beaucoup plus.
Pour conclure, nous croyons fermement — surtout aujourd'hui, en 2014, à l'ère de la mondialisation, en cette époque où la technologie a brouillé les frontières économiques à l'échelle mondiale — que le Canada n'a d'autre choix que de devenir une nation commerçante dynamique et stratégique. C'est ainsi que nous pourrons assurer la prospérité de notre classe moyenne et, si nous faisons ce qui s'impose, de bonne foi et avec intelligence, nous pourrons miser sur le commerce pour encourager la progression de la démocratie dans la société civile partout dans le monde.
Malheureusement, je constate que, dans le cadre de notre programme commercial actuel, le Canada prend du retard. Comme la Chambre de commerce du Canada l'a conclu il y a à peine un mois, notre rendement économique est en perte de vitesse. Je le dis parce que nous mettons beaucoup trop l'accent sur des séances de photos, au cours desquelles il se peut fort bien qu'aucun document n'ait réellement été signé. Nous aimerions en savoir plus à ce sujet.
Par contre, nous avons une stratégie beaucoup moins claire quand vient le temps de cibler les grands partenaires commerciaux et les régions du monde qui affichent la plus forte croissance, et nous n'arrivons pas à faire un suivi efficace. Nous aimerions beaucoup que le gouvernement concentre ses efforts sur l'Afrique, par exemple.
Voici de quoi a besoin le Canada: d'une politique de commerce mondial à caractère stratégique, c'est-à-dire une politique qui est assortie d'une stratégie mondiale et qui confère au Canada une place dans l'économie mondiale; une politique qui ne perd jamais de vue l'idée que nous ne pouvons être une nation commerçante efficace sans faire passer nos valeurs en premier; et enfin, une politique qui ne repose pas uniquement sur des séances de photos, mais qui permet réellement de sceller un accord.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de partager mon temps de parole avec mon collègue de Toronto—Danforth.
J'ai l'impression d'avoir parlé hier de ce projet de loi. En fait, c'était il y a deux jours, et je parlais de ce même projet de loi.
Je voudrais dire tout d'abord à quel point je suis déçue qu'on veuille faire adopter ce projet de loi à toute allure, alors qu'il concerne la nécessité de respecter le processus démocratique, contrairement à ce que nous faisons à travers cet accord, et contrairement à ce qui se passe au Honduras, et alors que ce projet de loi nous oblige à nous interroger sur le fondement même de cet accord commercial. Fondamentalement, il n'apportera pas d'avantages aux Canadiens, mais il va profiter à quelques intervenants de secteurs bien spécifiques et proches du gouvernement.
Je suis inquiète, non pas simplement en tant que députée, mais également en tant que Canadienne, de voir que le Canada s'embarque dans une relation avec un pays qui, ces dernières années, a fait la preuve de son mépris total pour les principes mêmes sur lesquels nous nous guidons en cette Chambre: la démocratie, le respect de la suprématie du droit et les droits de la personne. Nous entrons dans une relation qui va profiter à ceux-là mêmes qui ont imposé un régime d'oppression, parfois impliqué dans des actes de persécution et situé véritablement aux antipodes de l'ensemble des valeurs canadiennes.
Je prends la parole à la Chambre en ayant à l'esprit non seulement le fait que cet accord de libre-échange n'avantage pas les Canadiens, mais aussi la réalité à laquelle les Honduriens sont confrontés. Bien que le Honduras ne soit pas un pays que j'ai eu la chance de visiter, j'ai quand même voyagé en Amérique centrale et j'ai vu ou entendu la très sombre histoire que les peuples d'Amérique latine ont vécue, émaillée de coups d'État militaires, marquée par la lutte pour la démocratie et pour la défense des droits de la personne. C'est triste à dire, mais même si beaucoup de pays de l'Amérique centrale, comme le Chili et l'Argentine, ont réussi à mettre aux oubliettes cette sombre période de leur histoire, le Honduras vient par contre de s'embourber de nouveau dans cette même ornière non démocratique de la dictature.
Comme on le sait, le Honduras est un pays très pauvre qui a un bilan déplorable en matière de droits de la personne et une histoire politique marquée par la répression et l'absence de démocratie. Le gouvernement démocratiquement élu du président gauchisant Manuel Zelaya a été renversé par un coup d'État militaire en 2009 et les interventions gouvernementales et les élections qui ont suivi ont été dénoncées par les observateurs internationaux car elles ne respectaient pas les normes démocratiques acceptables. En 2009, il y a à peine cinq ans, le Honduras a subi un coup d'État militaire, et il demeure aujourd'hui un milieu répressif et rétrograde. Grâce à l'actuel gouvernement, nous nous apprêtons maintenant à entamer avec ce pays des relations de libre-échange,
Nous avons beaucoup entendu parler de l'économie souterraine. Nous avons entendu parler de la prédominance du commerce des drogues illicites. On nous a parlé de l'absence de possibilités économiques légitimes et favorables pour les habitants du Honduras. Nous avons également entendu que cet accord de libre-échange ne fera rien pour changer cette réalité. En fait, à bien des égards, il ne fera que continuer à légitimer un régime qui opprime le peuple hondurien. À titre de néo-démocrate, je suis fière de me prononcer contre ce projet de loi.
Nous croyons que les accords commerciaux doivent être évalués sur la base de trois critères d'une importance fondamentale.
Premièrement, le partenaire proposé respecte-t-il la démocratie, les droits de la personne, des normes environnementales et du travail acceptables et les valeurs canadiennes? S'il y a des problèmes dans ces domaines, le partenaire est-il sur une trajectoire positive vers l'atteinte de ces objectifs? Nous savons que le Honduras a échoué à cet égard.
Deuxièmement, l'économie du partenaire proposé a-t-elle une valeur importante ou stratégique pour le Canada? Nous savons que le gouvernement canadien s'intéresse particulièrement au secteur minier et à certains secteurs agricoles, mais pour l'essentiel, étant donné que le Honduras ne représente qu'environ 1 % de notre commerce, il est impossible d'imaginer que cet accord puisse influer sensiblement dans un sens ou dans l'autre sur l'économie canadienne, de sorte que le deuxième critère n'est pas respecté.
Troisièmement, les modalités de l'accord proposé sont-elles satisfaisantes? Encore une fois, c'est un échec retentissant.
Cet accord commercial, comme tous les autres accords commerciaux négociés par le gouvernement actuel, s'est fait derrière des portes closes, sans le genre de processus transparent auquel nous, les parlementaires, devrions avoir accès et, surtout, auquel les Canadiens devraient pouvoir participer.
Pour ces trois raisons, ces trois échecs, nous, au NPD, ne pouvons appuyer cet accord de libre-échange.
Aux fins du compte rendu, j'aimerais citer les propos de gens très au fait de la situation qui règne au Honduras et qui ont dénoncé cet accord avec véhémence lorsqu'ils sont venus témoigner au Parlement.
Stacey Gomez, la coordinatrice du Groupe d'orientation politique pour les Amériques du Conseil canadien pour la coopération internationale, a dit:
Nous avons longtemps maintenu que, dans les bonnes conditions, le commerce pouvait générer de la croissance et soutenir la réalisation des droits de la personne. Malheureusement, ces conditions n'existent tout simplement pas au Honduras. Tant et aussi longtemps que des améliorations vérifiables à la gouvernance démocratique et à l'état des droits de la personne n'auront pas été mises en place [...] l'ALE Canada-Honduras continuera de faire plus de mal que de bien.
Je cite le Comité des familles des détenus et des disparus du Honduras:
Les assassinats, les agressions physiques et les menaces contre les défenseurs des droits de la personne constituent l'un des principaux problèmes au Honduras. C'est une tendance lourde qui touche notamment les dirigeants des associations d'Autochtones, de personnes d'origine africaine ou de paysans, les activistes qui militent pour les droits des homosexuels, des bisexuels, des transsexuels et des intersexués, les avocats ainsi que les journalistes. Les crimes sont commis dans l'impunité quasiment totale.
Le 10 avril, Carmen Cheung, une chercheuse de l'International Human Rights Program, a dit au comité:
Au cours des cinq dernières années, on a assisté a un recul sur le plan de la défense de la liberté d'expression au Honduras. Les journalistes sont menacés, ils sont harcelés, attaqués et assassinés presque en toute impunité et, parfois, dans des circonstances qui donnent sérieusement à penser que des agents de l'État sont derrière ces affaires. [...] Les journalistes et les défenseurs de droits de la personne avec qui nous nous sommes entretenus se sentent en général menacés et croient que, dans le meilleur des cas, l'État n'est pas en moyen ou n'a pas envie de les défendre; dans le pire des cas, ils le pensent complice de ces débordements.
Ce sont des paroles effrayantes de la part de personnes qui ne parlent pas de façon abstraite. Elles travaillent en étroite collaboration, sur le terrain, avec des syndicalistes, des journalistes, des militants pour les droits des gais et des lesbiennes et des Autochtones, et elles sont conscientes des pertes de vies, ainsi que de la perte des droits démocratiques, de la liberté d'expression et de la liberté d'association, qui ont découlé de ce coup d'État militaire au Honduras. C'est pourquoi elles déclarent, sans équivoque, qu'elles ne peuvent pas appuyer cet accord de libre-échange.
Je tiens tout particulièrement à mettre l'accent sur les remarques de Mme Cheung, ainsi que sur celles du Comité des familles des détenus et des disparus du Honduras, qui font référence à la façon dont les agents de l'État sont complices de ces violations.
Le gouvernement actuel souhaite nouer des relations avec les agents de l'État, qui, d'après ce que nous entendons, participent à ce genre de violations des droits de la personne. Il veut appuyer ces gens.
Qu'est-il arrivé au Canada? Au fil des années, les Canadiens ont toujours insisté pour que le respect des droits de la personne nous guide dans nos activités internationales, que ce soit les échanges commerciaux ou notre participation dans des institutions multilatérales, et ont toujours affirmé que ce principe était un aspect fondamental de notre identité canadienne. Cependant, cela n'est pas reflété clairement dans le projet de loi , dans cet accord de libre-échange, ainsi que dans toute une série d'autres mesures prises par le gouvernement depuis son arrivée au pouvoir.
C'est pourquoi je suis fière d'intervenir à la Chambre pour citer les propos de défenseurs des droits de la personne qui nous demandent de nous opposer à l'accord de libre-échange, et qui réclament quelque chose de mieux pour les Canadiens et les habitants du Honduras, et je suis fière d'être députée d'un parti qui, tous les jours et tous les soirs, à la Chambre, se bat pour les mêmes principes qui, pour de nombreux Canadiens, font partie intégrante de notre identité canadienne, à savoir le respect des droits de la personne et le principe fondamental de la démocratie.
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Monsieur le Président, je prends la parole au sujet du projet de loi , fort de mon expérience au Honduras. J'ai été membre de la Comisión de la Verdad, une des deux commissions sur la vérité créées après le coup d'État en 2009. Je m'en suis retiré lorsque j'ai été élu à la Chambre, mais j'ai suivi ses travaux depuis, y compris le rapport qu'elle a publié en octobre 2012, auquel je me reporterai de temps en temps.
Il est important de mettre les choses dans le contexte des droits de la personne. Mes collègues ont donné une foule de raisons pour lesquelles les droits de la personne, la primauté du droit et l'ensemble des structures de gouvernance dans un pays comptent quand il s'agit de conclure un accord de libre-échange. Toutefois, il est important de se rappeler que 65 % des Honduriens vivent dans la pauvreté et environ 46 %, soit près de la moitié, vivent dans une extrême pauvreté. Comme notre ancien ambassadeur au Costa Rica et au Honduras, Neil Reeder l'a dit: « Le pays souffre d'une distribution extrêmement inégale des revenus. »
C'est un pays qui non seulement a de graves problèmes au chapitre du respect des droits socio-économiques de sa population, mais qui est aussi devenu très répressif, en dépit d'un mince vernis de démocratie depuis le coup d'État et les élections subséquentes six mois après. Selon un rapport de Human Rights Watch publié en 2013, 23 journalistes ont été tués depuis 2010 et, en 2014, un rapport de PEN International nous apprenait que 34 journalistes avaient été tués depuis le coup d'État, en 2009.
Le COFADEH, qui est probablement le principal organisme de défense des droits de la personne au Honduras et dont la directrice est Bertha Oliva, a dit au comité avoir consigné des preuves qu'au moins 16 activistes ou candidats du principal parti d'opposition avant les dernières élections, le parti appelé « LIBRE », avaient été assassinés depuis juin 2012, et 15 autres s'étaient fait attaquer.
L'Economist Intelligence Unit, qui, en gros, réalise des enquêtes tous les ans sur des pays et la situation générale de ceux-ci, a déclassé le Honduras, l'ayant décrit comme un régime hybride en 2012 après l'avoir désigné comme une démocratie imparfaite en 2008. C'est un régime qui n'est même pas une vraie démocratie. À la lumière de mon expérience dans ce pays, après huit visites, je peux affirmer que cette description n'est pas exacte.
Ma collègue de a mentionné à quelques reprises, comme l'a fait mon collègue d' dans son discours, que la communauté LGBTQ du Honduras se trouve depuis longtemps dans une situation extrêmement précaire. Les membres de cette communauté n'ont jamais eu la vie facile. Les transsexuels, en particulier, ont toujours été la cible de grandes violences. Pendant les 18 mois qui ont suivi le coup d'État de 2009, donc entre 2009 et la première partie de 2011, 35 membres de la communauté LGBTQ ont été assassinés à cause de leur appartenance à ce groupe et parce que celui-ci, dans l'ensemble, appuyait l'ancien gouvernement et s'opposait au coup d'État. Le coup d'État a eu pour effet, dans une certaine mesure, de donner à des groupes paramilitaires et à des factions conservatrices le droit de commettre des meurtres en toute impunité.
J'aimerais rendre hommage à trois personnes avant d'aborder des questions économiques.
Walter Trochez est en quelque sorte le symbole de la communauté LGBTQ du Honduras. J'ai parlé à son colocataire de la nuit où il est mort, tué par balle. Walter a téléphoné à son colocataire juste avant de mourir. Il a dit, littéralement, « ils m'ont tué, ils m'ont tué ». Avant ce jour fatidique, il avait été détenu par la police à d'innombrables reprises; il avait aussi été enlevé par des hommes masqués d'une cagoule. Chaque fois, y compris lors des trois ou quatre occasions documentées par la Comisión de la Verdad , il s'est fait injurier et traiter de marica ou maricon, des insultes qu'on pourrait traduire par « pédé ».
[Le député s'exprime en espagnol et fournit la traduction suivante:]
Les pédés n'ont aucune valeur. Les pédés n'ont aucun droit.
Lorsqu'il a réussi à s'enfuir après avoir été enlevé par quatre hommes armés, son nom a été associé à la résistance contre le coup d'État. Résultat: en fin de compte, il a été assassiné non seulement parce qu'il militait pour les droits des personnes LGBTQ, mais aussi parce qu'il avait osé soutenir politiquement la résistance au coup d'État.
J'aimerais rendre hommage à Walter Trochez, qui symbolise la souffrance de cette communauté.
J'aimerais aussi parler d'Eddy, qui était le gardien de sécurité principal de la Comisión de la Verdad. Il a failli être la seule personne à perdre la vie pendant les travaux de la commission. Il y a eu quelques commissaires honduriens qui ont dû fuir le pays et Eddy a failli mourir.
Il a été abordé par quatre hommes armés de pistolets qui ont essayé de le pousser dans une voiture en pleine rue, sous les yeux des badauds. Grâce à son courage et parce qu'il savait ce qui arriverait si jamais il entrait dans la voiture, il s'est sauvé à toutes jambes. Les hommes lui ont tiré dessus pendant qu'il courrait dans la rue. Il s'en est tiré, non sans séquelles psychologiques, mais il est resté en vie.
La dernière personne à laquelle je veux rendre hommage est Eva, une habitante de Toronto—Danforth. Elle a récemment obtenu le statut de réfugiée au Canada, après s'être fait tirer dessus à plusieurs reprises, pendant qu'elle s'occupait de sa petite entreprise à Tegucigalpa, par une personne portant des vêtements ordinaires, mais qui était policier aux dires de tous les voisins.
Voilà contexte en matière de droits de la personne au sens large. Il est important de savoir que, du point de vue économique, le Honduras est un pays où il est très extrêmement difficile d'investir, d'envoyer des représentants de nos entreprises et de s'attendre à faire de bonnes choses au lieu de causer du tort.
Comme l'a rapporté la Comisión de la Verdad — je vais traduire la page 47 du rapport —, les politiciens de carrière ont accédé aux demandes des entrepreneurs et des dirigeants des clans politiques, créant et reproduisant les discours et les valeurs du milieu des affaires et de l'industrie, sans mettre en place les conditions nécessaires pour assurer la prospérité économique du reste du pays. De plus, de nouveaux intérêts ont commencé à interagir avec les partis politiques au point où ces derniers travaillent avec des groupes de parties prenantes internationaux pour proposer la création de zones entières, appelées « villes modèles », qui seraient totalement soustraites à l'administration hondurienne. Dans les faits, il s'agirait de capitales multinationales souveraines.
Il existe une interpénétration entre les six à neuf vieilles familles et les groupes récents qui interagissent avec divers intérêts mondiaux. Franchement, toutes les analyses indiquent que ces groupes ont entièrement pris le contrôle de l'appareil de l'État, des deux partis principaux, du pouvoir exécutif en ce qui concerne la fonction publique et, je regrette de le dire, une grande partie de la police et de la magistrature.
Dans ce contexte, il est important de souligner que la situation au Bas Aguan est en quelque sorte représentative de la problématique. Elle correspond à l'une des pires situations, mais elle donne également un aperçu de ce qui peut se passer.
En février 2014, l'organisme Human Rights Watch a publié un rapport intitulé « There Are No Investigations Here », qui révèle qu'entre 150 et 200 homicides survenus dans la région du Bas Aguan auraient été commis par des forces de sécurité embauchées par les grands propriétaires fonciers. Bon nombre de ces propriétaires exploitent la terre pour des entreprises agro-industrielles qui cultivent la palme africaine en vue d'en exporter l'huile.
Le rapport indique également que les paysans qui ont été tués de la sorte n'ont bénéficié d'aucune protection de la part de la police, des procureurs ou du système judiciaire.
Il y a quelques mois à peine, l'ombudsman du Groupe de la Banque mondiale a statué que la Banque mondiale elle-même avait versé de façon inappropriée 15 millions de dollars d'un prêt accordé de 30 millions à la société Dinant, qui appartient à la famille Facussé. L'ombudsman a déclaré que le Groupe de la Banque mondiale n'aurait jamais dû accorder de l'argent à cette société en raison de son implication dans les expulsions des fermiers du Bas Aguan de leurs terres et les actes de violence commis contre les fermiers dans les plantations et aux abords de celles-ci, y compris de multiples meurtres.
En conclusion, j'ajouterai qu'en février 2013, le Groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires de l'ONU a aussi statué que les forces de sécurité privées embauchées par les grandes entreprises agricoles et autres sociétés du Honduras étaient responsables, ou étaient raisonnablement soupçonnées d'être responsables, de l'importante répression exercée dans ce pays. On observe une tendance. Ce n'est pas un environnement dans lequel les entreprises canadiennes devraient faire des affaires en vertu d'un accord de libre-échange.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'être ici ce soir et d'avoir l'occasion de parler du projet de loi , Loi portant mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et la République du Honduras et d'autres accords de coopération dans le domaine de l'environnement et dans le domaine du travail.
Pour commencer, qu'on me permette de m'écarter de la question du Honduras et de cet accord en particulier pour remettre la discussion dans son contexte en parlant du programme commercial global du gouvernement et de son bilan en matière de commerce.
Lorsque les conservateurs sont arrivés au pouvoir en 2006, ils ont hérité d'un excédent courant de 18 milliards de dollars. Cela veut donc dire que le commerce nous a permis de nous enrichir comme pays, si on fait abstraction pour le moment de la question de l'équité en ce qui concerne la distribution de cet excédent. Il s'agissait bel et bien d'un excédent, qui totalisait 18 milliards de dollars. Ce n'est quand même pas une somme dérisoire.
Aujourd'hui, huit ans plus tard, sous le règne du gouvernement conservateur, nous avons accumulé un déficit courant de 62 milliards de dollars. Cela veut donc dire que nous devons composer avec une différence de 80 milliards de dollars, une différence négative ou encore une perte, quel que soit le nom qu'on donne à ce déficit. Une partie du problème réside dans le fait que nos échanges commerciaux sont fondés sur des produits d'exportation bruts ou à peine transformés, ce qui réduit l'importance des exportations à valeur ajoutée.
De toute évidence, en se concentrant uniquement sur l'exportation des ressources, le gouvernement cause des difficultés économiques aux Canadiens.
Récemment, j'ai eu l'occasion, à titre de président du Groupe d’amitié parlementaire Canada-Bangladesh, de faire un discours à l'Université d'Ottawa sur les problèmes de développement qui touchent plus particulièrement le Bangladesh.
Les gens qui ont été invités à prendre la parole par Son Excellence Kamrul Ahsan étaient des experts de différents milieux et domaines de spécialité. J'ai eu l'occasion à ce moment d'examiner de près les relations commerciales entre le Canada et le Bangladesh, qui me semblent assez représentatives du régime de commerce du Canada. Ce ne sont pas des liens commerciaux très importants, car la valeur des produits que le Canada importe du Bangladesh est à peine supérieure à 1 milliard de dollars, tandis que les produits que le Canada exporte là-bas représentent à peu près la moitié de cette somme.
On constate que le Bangladesh nous envoie non seulement quelques hélicoptères, mais aussi des produits à valeur ajoutée. Il s'agit surtout de vêtements, mais il ne faut pas non plus oublier que ce pays développe sa propre industrie de construction navale et que son industrie pharmaceutique est en plein essor. En retour, nous envoyons là-bas des ressources naturelles et des produits agricoles non transformés.
Il est intéressant de souligner que le Honduras enregistre un déficit commercial, mais que, semble-t-il, il a un excédent commercial avec le Canada.
Ce lamentable bilan commercial, que l'on doit au gouvernement actuel, mérite une reconnaissance spéciale. Entre 2006 et 2012, le Canada a enregistré le pire déficit courant, si on compare sa performance sur le plan commercial à celle de 17 pays semblables.
Avant que les optimistes s'empressent de penser que nous avons atteint le fond du baril, qu'on a stoppé l'hémorragie et que les choses s'améliorent, je signale qu'au cours de 23 des 24 derniers mois, nous avons connu un déficit sur marchandises. Cela me rappelle la définition de la folie donnée par Einstein, je crois: c'est refaire constamment la même chose en s'attendant à un résultat différent.
C'est ce que nous voyons avec le gouvernement ce soir et lorsque nous discutons d'accords commerciaux et du nombre d'accords qui ont été signés. C'est reparti avec le projet de loi
Contrairement aux clips sonores de 14 secondes qui viennent de l'autre côté, ici, nous ne sommes pas contre le commerce. Ce serait adopter une position idéologique et éluder tous les objectifs et toutes les considérations pratiques. Ce n'est pas ce que nous voulons.
C'est ce que font les gens d'en face et ce que font aussi les libéraux, comme nous l'avons constaté ce soir, même s'ils se plaisent à semer la confusion en se disant préoccupés. Ils semblent croire que les accords de libre-échange sont comme les cartes de hockey ou d'autres objets de collection et que nous devrions continuer de les signer l'un après l'autre et de claironner bien fort, comme si c'étaient des fins en soi. Tant pis si, avec chacun d'eux, le déficit courant semble se creuser.
Les conservateurs ne prennent même pas la peine de les lire. Le contenu ne leur importe pas, pas plus que les résultats du reste. Rien ne semble avoir de l'importance pour eux, sauf signer ces accords.
Mais le plus drôle, c'est que plusieurs annonces ont été faites concernant l'Accord économique et commercial global de principe avec l'Union européenne. Le gouvernement ne pouvait tout simplement pas attendre pour annoncer cet accord. Il ne restait, semble-t-il, que quelques détails à régler.
En entendant la nouvelle, le chef du troisième parti a bondi de son siège avec enthousiasme afin d'exprimer son admiration et son appui au gouvernement pour avoir ratifié l'accord. Or, personne, de ce côté-ci de la Chambre, pas même le chef libéral, n'a pu lire l'accord pour pouvoir juger s'il est avantageux, digne de réjouissances et susceptible d'améliorer le Canada et la vie des Canadiens. Le paradoxe des libéraux, qui demandent ce soir à voir cet accord avec le Honduras alors qu'ils se sont réjouis de l'accord avec l'Union européenne sans même l'avoir lu, ne nous échappe pas.
Il y a une raison très simple à tout cela. Les conservateurs ont fait une annonce sur rien, et les libéraux les ont chaudement applaudis et félicités d'avoir annoncé un accord qui n'existe même pas.
Il semble que le fasse maintenant des pieds et des mains en Europe en ce moment pour rescaper l'accord, mais nous lui souhaitons bonne chance pour conclure une entente qui servira l'intérêt du Canada et des Canadiens. Au bout du compte, n'est-ce pas le seul intérêt d'un accord commercial? Voilà une question concrète et ouverte. Nous connaissons la réponse des conservateurs et des libéraux: ils ont embrassé un accord presque fictif, qu'ils n'ont pas lu parce qu'il n'existe pas.
Voilà le réflexe simpliste et idéologique de ces deux partis, conservateurs et libéraux, le réflexe qu'Einstein qualifiait de folie. Ce réflexe a porté le déficit courant à 62 milliards de dollars, ce qui signifie que, par nos échanges commerciaux, il y a plus d'argent qui sort du pays qu'il n'en rentre. Ce réflexe nous ramène à une époque où nous cherchions à prendre notre essor, où nous faisions ce qui était plus facile et où nous faisions ce que le reste du monde réclamait de nous: exploiter puis expédier. Évidemment, pour prouver leur point et se conforter dans leur réflexe idéologique, les conservateurs citent un économiste né en 1772.
L'heure du changement a donc sonné. Il est temps de faire une analyse plus réfléchie du commerce et des avantages qu'il devrait procurer au Canada. Il est temps d'examiner nos objectifs. Il est temps de jeter un regard suffisamment nuancé sur le commerce pour être capable de faire une distinction entre les partenaires et le genre d'accord adapté aux différentes relations commerciales.
Il se peut que l'accord économique et commercial global soit un modèle adapté pour un grand marché, un marché sophistiqué et développé, comme l'Union européenne. Nous ne le savons pas encore. Nous verrons s'il nous sert bien lorsque nous aurons la chance de l'examiner, si cela se produit un jour, mais ce même accord n'est peut-être pas le modèle qui convient pour un accord commercial avec le Honduras. En fait, l'établissement d'une relation commerciale avec le Honduras n'est peut-être même pas la bonne façon de traiter avec le Honduras.
Notre parti croit qu'il faut se poser trois questions fondamentales pour évaluer un accord commercial. Premièrement: est-ce que le partenaire proposé respecte la démocratie et les droits de la personne, et ses normes environnementales ainsi que ses normes du travail sont-elles adéquates? Si la réponse n'est pas oui, il faut se poser la question suivante: le partenaire proposé est-il, à tout le moins, en voie d'atteindre ces objectifs? Deuxièmement: l'économie du partenaire proposé revêt-elle une importance ou une valeur stratégique pour le Canada? Finalement, si la réponse à cette question stratégique est oui, il faut se poser une question très pratique: les modalités de l'accord proposé sont-elles satisfaisantes? Autrement dit, cet accord est-il une bonne affaire? Cet accord aura-t-il des retombées pour le Canada? Lorsqu'on se pose ces questions en lien avec le projet de loi , les problèmes sautent immédiatement aux yeux.
Permettez-moi d'examiner le Honduras de plus près. Voyons non seulement avec qui nous faisons affaire, mais à qui nous proposons d'accorder un traitement préférentiel en adoptant ce projet de loi.
Pour ce qui est du premier critère, c'est-à-dire la démocratie ou le respect des droits démocratiques, nous savons que le gouvernement démocratiquement élu du président Zelaya a été renversé en 2009 lors d'un coup d'État largement condamné partout dans le monde, y compris par l'ensemble des pays d'Amérique latine, l'Union européenne, les États-Unis, et l'Assemblée générale des Nations Unies. Nous savons que 94 membres du Congrès américain ont demandé au département d'État américain de mettre fin à tout soutien militaire au Honduras, compte tenu de la violente répression politique qui sévit dans le pays.
Selon l'indice de démocratie publié par l'Economist Intelligence Unit, le Honduras se classait au 85e rang sur 160 pays en 2003, et son classement est demeuré le même en 2012. Comme le député de l'a dit dans son discours, le pays est encore gouverné par un régime « hybride ». Ce classement se fonde sur des lacunes dans la plupart des catégories « [...] en raison d'un faible niveau de développement institutionnel, d'un piètre système judiciaire, d'un niveau de corruption élevé [...] et d'un niveau constant de violence liée à la drogue et aux gangs [...] ». Je viens de citer un extrait du rapport de l'Economic Intelligence Unit sur le Honduras.
Selon d'autres sources, comme Human Rights Watch, en décembre 2012, le Congrès hondurien a renvoyé de façon arbitraire quatre juges de la Cour suprême et adopté d'autres mesures législatives pour s'accorder le pouvoir de destituer les juges et le procureur général. De plus, en novembre 2011, le Congrès a décrété l'état d'urgence pour permettre aux militaires d'assumer des fonctions liées à la sécurité publique, et ce décret a été prolongé depuis ce temps. Peut-on s'attendre à des relations commerciales qui respectent la primauté du droit quand un régime destitue ainsi des juges de la Cour suprême?
Tous ces problèmes sont clairement liés aux droits de la personne. Dans le rapport mondial publié par Human Rights Watch, le chapitre sur le Honduras commence ainsi: « Le Honduras est aux prises avec des problèmes généralisés de criminalité et d'impunité à l'égard des atteintes aux droits de la personne. » Voilà ce qu'on dit au début de ce rapport.
D'autres intervenants, comme Tasleem Thawar, directrice exécutive de PEN Canada, ont témoigné devant le Comité permanent du commerce international il n'y a pas si longtemps, soit le 10 avril 2014. Je cite Mme Thawar:
[...] non seulement les institutions honduriennes ne sont pas parvenues à protéger les droits fondamentaux de la personne pour les Honduriens, mais l'implication du gouvernement dans les violations des droits de la personne est une tradition. Notre recherche a fait ressortir que, non seulement l'État ne fait pas enquête au sujet des crimes [à l'endroit] de journalistes, mais que, dans bien des cas, des acteurs étatiques ont été complices de ces crimes.
Je cite de nouveau le rapport publié par Human Rights Watch en 2014:
Les journalistes, les paysans militants et les membres de la communauté LGBTI sont vraiment très vulnérables aux attaques, et pourtant, le gouvernement ne fait rien de sérieux pour poursuivre les coupables et offrir une protection aux personnes à risque.
On y lit ensuite ceci:
L'impunité des graves exactions commises par les policiers est un problème chronique. Entre janvier 2011 et novembre 2012, les policiers ont tué 149 civils, dont 18 jeunes de moins de 19 ans [...]
[...] une enquête publiée en mai 2013 porte à croire que les policiers seraient impliqués dans au moins cinq cas d'exécution extrajudiciaire et de disparition [...]
[...] plus de 90 membres de la communauté LGBTI ont été assassinés entre 2009 et 2012, et de nombreux autres ont été la cible d'attaques et de harcèlement. La participation présumée des forces policières honduriennes à certains de ces actes de violence est particulièrement préoccupante.
Tous ces renseignements se trouvent dans le rapport de 2014 de Human Rights Watch.
En ce qui a trait à l'environnement et au travail, les renseignements que j'ai obtenus récemment au moyen de questions inscrites au Feuilleton me portent à éprouver un profond scepticisme à l'égard des accords de coopération.
Le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux clame qu'il a une politique visant à lui permettre de s'assurer que les biens qu'il se procure sont fabriqués dans le respect de la législation ouvrière locale. J'ai donc demandé à la ministre si le ministère achète des vêtements fabriqués à l'étranger et, dans l'affirmative, de quel pays ils proviennent. La réponse que j'ai obtenue, c'est que le gouvernement achète des vêtements fabriqués partout dans le monde, notamment en Chine, au Pakistan, au Bangladesh, et, effectivement, au Honduras.
J'ai aussi voulu savoir si les ministères savaient dans quelles usines ces vêtements étaient fabriqués. Tous les ministères m'ont répondu « non », à l'exception de Travaux publics, qui m'a dit que cette information était considérée comme des renseignements de tiers.
Ils nient avoir connaissance du lieu de fabrication des vêtements, ce qui rend la mise en oeuvre de la politique gouvernementale totalement impossible et tourne en dérision toute l'affaire. En somme, pour ces questions, notre gouvernement exerce sa responsabilité sociale sur papier seulement. Voilà qu'on nous demande de nous pencher sur de prétendus accords de coopération dans les domaines du travail et de l'environnement. Nous sommes censés y trouver une certaine satisfaction et un certain réconfort.
J'avais posé ces questions en lien avec l'effondrement de l'édifice Rana Plaza, au Bangladesh, où se trouvait un certain nombre d'usines de vêtements. Cet écroulement a causé la mort de 1 135 travailleurs et en a blessé 2 500, s'ajoutant ainsi à la longue liste de tragédies qui se sont produites dans l'industrie du vêtement.
Au moins, on s'entend pour dire que les lois sur le travail et le code du bâtiment du Bangladesh sont formulés adéquatement et protégeraient les travailleurs s'ils étaient appliqués correctement.
La situation n'est pas la même au Honduras. Selon le centre de solidarité AFL-CIO, les militants syndicaux du Honduras sont régulièrement victimes de menaces, d'intimidation, de harcèlement et même de meurtre pour avoir tenté de former des syndicats, et les criminels sont rarement poursuivis. Depuis le coup d'État de 2009, 31 militants syndicaux ont été assassinés et plus de 200 ont été blessés dans des agressions violentes.
Il importe de souligner qu'en réponse aux autres questions inscrites au Feuilleton, la a déclaré qu'on n'avait aucunement vérifié si les lois du travail sont respectées, parce qu'il n'y avait aucune raison de le faire. Peu importe qu'une usine se soit effondrée et ait tué 1 135 personnes. Peu importe que le centre de solidarité AFL-CIO signale sur son site Web que l'on intimide et tue les militants syndicaux. Tout cela aurait dû susciter de l'intérêt dans la façon dont le gouvernement fait l'achat de vêtements, afin de vérifier si ces transactions respectent les lois locales en matière de travail.
Monsieur le Président, combien de temps me reste-t-il? Deux minutes. Je vois que le semble s'amuser. Nous avons remarqué au cours des trois dernières années combien son sens de l'humour est étrange.
Je saute directement à ma conclusion, parce que je veux être certain de la dire.
Manifestement, le Honduras ne respecte aucunement le critère que notre parti a établi pour déterminer si un pays devrait bénéficier d'un traitement de faveur en matière commerciale. Faisons remarquer que, même s'il respectait ce premier critère, il ne respecterait pas le second, qui porte sur l'importance de l'économie, ou sur la valeur stratégique d'une entente établissant des relations commerciales privilégiées avec le pays visé. À l'heure actuelle, le Honduras est le 104e marché d'exportation du Canada pour ce qui est de la valeur des exportations.
Au cours de la période allant de 2007 à 2012, les exportations annuelles canadiennes vers le Honduras se situaient en moyenne à 50 millions de dollars, et les importations annuelles provenant de ce pays s'élevaient à 161 millions de dollars. On peut déduire du déficit courant actuel que nous ne sommes mêmes pas capables de maintenir des échanges commerciaux de valeur égale sous le gouvernement conservateur. Même les analyses internes du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international confirment que cet accord ne générera que des avantages marginaux pour l'économie canadienne. Il n'y a absolument rien qui milite en faveur de l'adoption du projet de loi.
Ce serait toutefois une erreur de prétendre que son adoption serait inoffensive. Je termine en citant la coordonnatrice du Groupe d'orientation politique pour les Amériques du Conseil canadien pour la coopération internationale, Stacey Gomez:
Nous avons longtemps maintenu que, dans les bonnes conditions, le commerce pouvait générer de la croissance et soutenir la réalisation des droits de la personne. Malheureusement, ces conditions n'existent tout simplement pas au Honduras. Tant et aussi longtemps que des améliorations vérifiables à la gouvernance démocratique et à l'état des droits de la personne n'auront pas été mises en place, le Canada ne devrait pas signer d'accord de libre-échange avec ce pays, car l'ALE Canada-Honduras continuera de faire plus de mal que de bien.
Ce projet de loi vide de leur substance les notions de partenariat et de collaboration. Il ne s'agit ni plus ni moins que de l'expression pure d'une idéologie. Il va de soi que nous ne croyons absolument pas que le libre-échange en soi — sans condition aucune — permette d'améliorer les choses au lieu d'engendrer corruption et pauvreté; qu'il aidera d'une façon ou d'une autre le gouvernement à accroître ses capacités au lieu de profiter de sa faiblesse; que les entreprises, en l'absence de législation en matière de droit du travail, prendront l'initiative de contribuer à l'essor financier du Honduras, contribuant du coup au progrès social et économique du pays.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir ce soir à propos du projet de loi . Je partagerai mon temps de parole avec le député de .
D'entrée de jeu, je souligne avec insistance que les néo-démocrates ont conscience de l'importance que revêt le commerce pour notre économie. Nous sommes pour l'élargissement des perspectives commerciales. Ce n'est d'ailleurs pas d'hier que nous appuyons les fabricants et les exportateurs canadiens qui cherchent des débouchés au pays et à l'étranger.
Cela dit, les néo-démocrates préféreraient que l'intensification de nos activités commerciales vise des pays qui adhèrent aux mêmes valeurs que le Canada, surtout en ce qui concerne les droits de la personne et les conditions de travail sécuritaires. De plus, nous estimons que les accords commerciaux doivent avoir des retombées évidentes pour l'économie canadienne, par exemple en créant davantage d'emplois ici même, chez nous.
Les néo-démocrates sont partisans d'une politique commerciale stratégique où l'on reprendrait les négociations multilatérales en vue de signer des accords de libre-échange avec des pays développés qui appliquent des normes élevées ainsi qu'avec des pays en développement progressistes. Je parle de pays comme le Japon, le Brésil ou l'Afrique du Sud, par exemple, mais certainement pas du Honduras, où les narcotrafiquants évoluent en quasi-impunité, les droits de la personne sont couramment bafoués, la démocratie est menacée et les normes de travail et de production sont très faibles, ce qui risque de porter atteinte à l'économie canadienne et de l'entraîner dans une course à la médiocrité des salaires et des droits des travailleurs.
Appelons un chat, un chat: le Honduras est un pays antidémocratique caractérisé par un gouvernement corrompu, des institutions précaires, des standards peu élevés, une valeur stratégique insignifiante et un bilan peu reluisant au chapitre des droits de la personne. Les ONG ont d'ailleurs documenté ces graves atteintes aux droits de la personne. Les assassinats, les milliers d'emprisonnements arbitraires, les restrictions radicales qui s'appliquent aux manifestations et à la liberté d'expression ainsi que l'ingérence dans les affaires judiciaires sont tous autant de faits bien établis.
Selon Transparency International, le Honduras est le pays le plus corrompu de l'Amérique centrale et une plaque tournante du trafic de drogue réputée pour les liens que la classe dirigeante et les services policiers entretiennent avec les narcotrafiquants.
Les témoignages d'experts devant le Comité permanent du commerce international ont accentué les préoccupations des néo-démocrates au sujet des violations des droits de la personne au Honduras et étayé notre refus d'appuyer un accord commercial élargi avec un gouvernement qui a été directement impliqué dans les mauvais traitements infligés aux opposants au commerce, à des journalistes et aux membres de la communauté LGBT.
La directrice exécutive de PEN Canada a déclaré:
[...] non seulement les institutions honduriennes ne sont pas parvenues à protéger les droits fondamentaux de la personne pour les Honduriens, mais l'implication du gouvernement dans les violations des droits de la personne est une tradition. Notre recherche a fait ressortir que, non seulement l'État ne fait pas enquête au sujet des crimes de journalistes, mais que, dans bien des cas, des acteurs étatiques ont été complices de ces crimes.
Non seulement le régime hondurien est un délinquant multirécidiviste au chapitre des droits de la personne, mais ses politiques ont presque exclusivement pour effet d'accentuer les inégalités dans le pays d'Amérique latine où elles sont déjà les plus grandes.
Mme Rosemary Joyce, spécialiste du Honduras de réputation internationale et professeur à l'Université Berkeley, a déclaré:
Depuis le jour du coup d'État jusqu'à aujourd'hui, les problèmes gouvernementaux les plus frappants sont liés aux mesures qui ont été prises pour enrichir une petite élite fortunée au détriment de la majorité des Honduriens, ce qui a engendré les inégalités les plus importantes de l'Amérique latine.
Enfin, en juin 2013, 24 sénateurs américains ont signé une lettre exprimant leurs craintes relativement à la situation des droits de la personne au Honduras, demandant au secrétaire d'État John Kerry de faire tous les efforts raisonnables pour s'assurer que les élections de novembre 2013 au Honduras seraient libres, justes et pacifiques.
De plus, 94 membres du Congrès ont exhorté le département d'État américain à cesser toute aide militaire au Honduras étant donné la violente répression des activités politiques.
Le gouvernement semble déterminé à conclure, coûte que coûte, un accord commercial avec un régime corrompu et violent dont le seul but est d'enrichir un petit groupe de loyalistes et d'élites du milieu des affaires aux dépens de 99,9 % de la société hondurienne.
Je suis absolument convaincu que la conclusion de l'accord ne fera que renforcer la mainmise du régime et serait contraire aux valeurs que, selon les Canadiens, le gouvernement devrait promouvoir à l'étranger.
Les Canadiens s'attendent à ce que le gouvernement fédéral fasse figure de leader sur la scène internationale. C'est pourquoi la plupart des Canadiens conviendraient que le fait d'accorder un traitement commercial préférentiel à des pays corrompus et non démocratiques qui répriment toute dissidence, violent les droits fondamentaux de leurs citoyens et facilitent le narcotrafic ne correspond pas à une bonne politique commerciale.
Je me permets de répéter que les néo-démocrates reconnaissent le rôle important du commerce pour notre économie. Nous sommes en faveur de nouveaux débouchés commerciaux. Cependant, avant d'appuyer un accord commercial, nous préférons nous assurer qu'il présente des avantages clairement définis pour l'économie canadienne; tentons donc de nous faire une idée de l'impact qu'aura l'accord commercial Canada-Honduras sur l'économie canadienne.
À l'heure actuelle, le Honduras est le 104e marché d'exportation du Canada pour ce qui est de la valeur des exportations. En 2012, les exportations de marchandises ont totalisé un maigre 38 millions de dollars et les importations, 218 millions de dollars, ce qui représente un déficit commercial fort important.
Ces chiffres montrent que le Honduras n'est certainement pas un partenaire commercial stratégique. Par conséquent, la décision de ne pas ratifier l'accord ne nuira pas à l'économie canadienne, alors que la décision de le ratifier se fera à peine sentir par les exportateurs canadiens.
Depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs, les exportations ont perdu beaucoup de terrain; en effet, la balance commerciale du Canada est maintenant très déficitaire, alors qu'elle était excédentaire auparavant. Mes collègues conservateurs se vantent souvent du nombre d'accords qu'ils ont conclus, mais le fait est qu'ils n'en ont pas conclu un seul avec un marché d'importance qui offrirait des avantages considérables aux Canadiens.
D'ailleurs, d'après des rapports du ministère des Affaires étrangères qui auraient été rendus publics à son insu, la détermination des conservateurs à conclure des accords insignifiants comme celui avec le Honduras monopolise les ressources et affaiblit la capacité du Canada à conclure des accords avec des économies performantes qui créeraient de véritables débouchés pour le Canada, comme le Japon.
Voilà une illustration frappante du bilan des conservateurs au chapitre du commerce. Lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir, ils ont hérité d'un excédent courant de 18 milliards de dollars, mais 8 ans plus tard, voilà que le déficit courant du Canada s'élève à 62 milliards de dollars. C'est une baisse totale de 80 milliards de dollars ou, en moyenne, de 10 milliards de dollars par année.
Le bilan commercial du Canada par rapport à celui des autres pays montre l'incapacité du gouvernement conservateur à accroître les échanges commerciaux axés sur l'exportation, l'un des principaux moteurs de l'économie canadienne par le passé. Entre 2006 et 2012, le Canada a enregistré le pire déficit courant, si on compare sa performance sur le plan commercial à celle de 17 autres pays.
Tandis que les conservateurs continuent à critiquer le NPD parce qu'il désire des accords commerciaux équilibrés et mutuellement avantageux, leur bilan commercial, comme leur bilan dans beaucoup d'autres dossiers économiques importants, est éloquent.
En conclusion, je crois que cet accord commercial est inacceptable et qu'il arrive au mauvais moment. Le bilan du Honduras en matière des droits de la personne est atroce. Ses dirigeants sont corrompus, et ils continuent à se servir des institutions publiques du pays pour avantager quelques privilégiés. De plus, la signature de cet accord ne favorisera pas considérablement l'économie canadienne.
Au lieu de nous concentrer sur des accords comme celui-ci qui ne généreront que des avantages marginaux pour l'économie canadienne, nous devrions chercher à renforcer nos relations commerciales avec des économies qui peuvent offrir de réels avantages au Canada, tels qu'une réduction des coûts d'importation et une augmentation des exportations de produits manufacturés, et pas seulement des matières premières.
Voilà pourquoi je vais continuer à m'opposer à ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je remercie tout d'abord mon honorable collègue de de partager son temps de parole avec moi. J'aimerais également féliciter mon honorable collègue de pour son merveilleux discours. Si nous l'avons écouté, nous avons compris tout de suite de quoi il s'agissait.
D'emblée, j'entre dans la thématique principale de mon discours au sujet du projet de loi . Je vais commencer par remonter un peu dans l'histoire. Je n'irai pas jusqu'au XIXe siècle, mais il faut tout de même se rappeler que le Honduras est un pays indépendant depuis 1821.
Cela fait donc 193 ans que ce pays est indépendant. Il a fait des progrès et il a connu des hauts et des bas, mais il s'est quand même maintenu. Récemment, il y a eu beaucoup de problèmes à l'intérieur du pays qui y ont énormément dégradé la qualité de vie. Le coup de massue a été le coup d'État, que le pays a précisément subi en 2009, contre le président élu démocratiquement Manuel Zelaya.
Ensuite, une certaine conjonction militaire a embobiné le pays pendant quelques années, et une autre élection s'est tenue. Actuellement, le gouvernement ne représente véritablement aucun secteur authentique de la société hondurienne. Il y a beaucoup de corruption et les droits de la personne sont pratiquement bafoués. Bref, personne n'a pas vraiment la garantie d'une vie acceptable dans ce pays.
Quand ce gouvernement conservateur se vante et se pète les bretelles parce qu'il va avoir un traité de libre-échange et d'échanges commerciaux avec le Honduras, c'est pratiquement une gifle qu'il donne à tout ce que l'on peut considérer de bienfaisant dans le libre-échange international.
Pourquoi? Malgré tous les avantages et désavantages qu'on peut tirer d'un traité de commerce international entre pays, je crois que les conservateurs ne regardent pratiquement que la partie économique, la question du profit et ce qu'ils peuvent en tirer, car traditionnellement, ce commerce a toujours eu une balance commerciale déficitaire. Nous le savons. Les chiffres ont déjà été mentionnés. Cela n'a pas de sens. Il n'y a vraiment aucun intérêt économique pour le Canada, et les conservateurs ne respectent pas les critères principaux, comme nous l'avons déjà répété ici.
Selon un de ces critères, il faut se demander si l'économie en partenariat propose une valeur importante ou stratégique pour le Canada. Or je ne vois pas de réponse positive à cette question. Selon un autre critère, les modalités de l'accord proposé sont-elles satisfaisantes? Aucune réponse positive pour cela non plus.
Pour toucher exactement à la partie où un bon économiste s'attaquerait principalement à toute la négociation commerciale, que ce soit entre pays ou strictement local, il faut beaucoup plus de critères à analyser.
Parmi ces critères, à part l'aspect économique que je viens de soulever, il y a également le critère qualitatif. Le caucus du NPD veut faire comprendre aux conservateurs que c'est ce critère qu'ils ne respectent pas. Ils n'en tiennent pas compte. Quelles seront les conséquences de cet accord de libre-échange qu'ils essaient de signer avec le Honduras?
Dans toute l'Amérique du Nord, 25 organismes reconnus ont essayé d'avertir les conservateurs des risques concernant la signature de cet accord. Ils ne les ont pas écoutés. Ces organismes ont très bien exposé et documenté les conséquences tangibles que cet accord aurait sur l'ordre social. Ils ont averti les conservateurs que la signature de ce contrat contribuerait davantage au conflit social qui existe actuellement. Tout le monde le sait ici, et cela a été répété à maintes reprises.
Présentement, le Honduras a des problèmes. Les inégalités s'accroissent d'année en année. Je ne crois pas que ce soit une bonne affaire de signer un traité de libre-échange commercial avec un pays qui est dans cette situation. Un pays développé comme le nôtre, qui a l'une des plus importantes économies du monde, ne devrait pas faire ce type de négociation sachant qu'en réalité, cela ne va profiter qu'à une toute petite oligarchie de ce pays. Cela s'explique par le fait que les importations canadiennes sont énormes et que les exportations vers le Honduras ne représentent rien du tout.
Une autre chose qu'il faut voir sous ce tapis noir — ou bleu, pour la couleur des conservateurs —, c'est l'intention perverse de permettre à cette oligarchie qui possède le pouvoir de s'enrichir davantage.
Au moment où ils ont fusionné, l'Agence canadienne de développement international et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international ont fait une étude sur cet accord. Ils ont conclu dans leur rapport que cet accord comportait un élément intéressant. Si je ne m'abuse, à la base, il s'agissait d'une certaine protection des intérêts miniers canadiens dans la région.
Le résultat de ce traité de libre-échange serait une continuité des expériences commerciales que le Honduras a déjà eu avec les États-Unis, notamment avec une firme en particulier, Rosario Mining, qui a fait des ravages partout où elle est passée.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
En 2013, alors que je siégeais au Sous-comité des droits internationaux de la personne, nous avons abondamment étudié le cas du Honduras. Je crois donc être en mesure d'avoir les faits nécessaires pour m'opposer à ce projet de loi qui est inacceptable.
Le régime despotique qui règne sur le Honduras se caractérise par ses pratiques antidémocratiques, sa corruption, ses institutions défaillantes et ses antécédents de violation des droits de la personne. Le Canada ne devrait donc pas signer d'accord de libre-échange avec ce pays.
Au NPD nous croyons qu'il y a trois critères d'une importance fondamentale à prendre en compte pour évaluer tout accord commercial. Premièrement, le partenaire proposé respecte-t-il la démocratie et les droits de la personne, les normes environnementales et du travail acceptables et les valeurs canadiennes? Deuxièmement, l'économie du partenaire proposé a-t-elle une valeur notable ou stratégique pour le Canada? Et troisièmement, les modalités de l'accord proposé sont-elles satisfaisantes?
L'accord proposé avec le Honduras ne respecte aucun de ces critères. Nous l'avons amplement démontré dans les précédents débats, et ce, même si les conservateurs se servent de leur majorité pour restreindre le temps que nous avons pour étudier ce projet. Seulement cinq heures de débat sur un traité qui a été négocié pendant trois ans, c'est ridicule. De plus, j'ai du mal à comprendre pourquoi les députés libéraux acceptent que l'on conclue un accord avec le Honduras.
Nous sommes en train de promouvoir un accord avec une dictature brutale, et je pèse bien mes mots. En signant un tel accord, nous donnons une légitimité à un régime mis en place à la suite d'un coup d'État. Au Sous-comité des droits internationaux de la personne, nous avons entendu plusieurs témoins du Honduras et des experts sur la question. J'y ai entendu des horreurs. Depuis le coup d'État au Honduras, ils tuent les journalistes, les représentants syndicaux et les gens qui veulent plus de démocratie. Au fond, ils tuent tout ce qui leur déplaît. Le Honduras est la capitale du meurtre à l'échelle mondiale, et la plupart de ces meurtres ne font même pas l'objet d'une enquête policière sérieuse.
Le professeur Gordon, de l'Université Wilfrid Laurier, témoignant à notre comité, disait qu'il faut douter que les élections au Honduras soient libres. Les membres des partis de l'opposition ont été assassinés. En 2013, il y a eu en moyenne 10 massacres par mois. Selon la professeure Dana Frank de l'Université de Californie, 80 % des crimes au Honduras restent impunis. Bon nombre de documents font état de la corruption au sein de la police. Entre janvier 2011 et novembre 2012 seulement, la police a procédé à 149 exécutions sommaires de civils. En janvier 2013, les Nations Unies ont demandé le renvoi de quatre juges de la Cour suprême du Honduras pour cause de violation des normes internationales et de risque grave pour la démocratie. En février 2013, le Groupe de travail des Nations Unies sur l'utilisation de mercenaires a indiqué que le gouvernement du Honduras avait négligé de réglementer adéquatement les entreprises de sécurité privées. Ces entreprises sont impliquées dans les cas répandus de violation des droits de la personne, incluant meurtres, disparitions, expulsions forcées et viols.
De plus, au Honduras, la censure est fréquente. La corruption de journalistes et la manipulation de la publicité seraient utilisées pour assurer une couverture positive et faire taire les opposants.
Selon la commission nationale des droits de l'homme du Honduras, 29 journalistes ont été tués depuis le coup d'État.
Je me pose ainsi la question: si des ingénieurs miniers canadiens étaient assassinés, quel serait le recours du Canada? Il n'en aurait aucun. Comme il n'y a pas de justice, les assassins ne sont même pas poursuivis. Les minières canadiennes ont intérêt à avoir un certain cadre juridique au Honduras, mais je leur pose la question: à quoi sert un cadre juridique lorsqu'il n'y a pas d'État de droit dans le pays?
Le Canada doit-il soutenir, par l'entremise d'un traité commercial, un gouvernement de bandits? Le régime du Honduras est corrompu. Tous les intervenants ont soutenu la même chose, et même les représentants du Sénat américain ont reconnu que c'était inacceptable.
Est-ce que ce traité va profiter à la population du Honduras? J'ai de gros doutes. Deux ans après le coup d'État, 100 % de l'augmentation des revenus a bénéficié à seulement 10 % de la population, tandis que la pauvreté a augmenté de 26 %. Cet accord ne va bénéficier qu'à une élite corrompue.
Le Canada était autrefois un chef de file mondial au chapitre des affaires étrangères et de sa capacité à aider d'autres organisations et d'autres pays à devenir plus démocratiques, plus libres, plus justes envers leurs citoyens et plus respectueux des droits de la personne. Toutefois, des accords comme celui-ci, appuyés par les conservateurs et les libéraux, vont nous faire régresser.
La conclusion d'un tel accord avec un gouvernement corrompu se soucie bien peu des droits de la personne et envoie le message aux pays semblables que le Canada accepte cela. Le gouvernement conservateur et ses partenaires, les libéraux, trouvent cela acceptable. Nous sommes en train de débattre d'une entente avec un régime brutal, et ce, sous une motion d'attribution de temps.
On est en train de fouler au pied la démocratie, ici comme ailleurs, et je me désole de voir les députés libéraux appuyer ce processus. Le gouvernement conservateur a imposé 68 motions d'attribution de temps pour mettre fin aux débats. Est-ce un signe que le gouvernement est en train de s'éloigner de la démocratie?
L'accord avec le Honduras a été négocié sans aucune transparence, malgré les demandes répétées d'intervenants de plusieurs secteurs d'activité économique canadiens. Le gouvernement du Canada n'a jamais voulu rendre public le texte de l'entente durant le processus de négociation. Face à ces constats, je me désole que mes collègues des autres partis veuillent appuyer ce traité. Cet accord est taché du sang des Honduriens.
Sur le plan international, nous risquons de nuire à la réputation du Canada si nous nous engageons dans un partenariat avec un tel régime. Les gens de Brome—Missisquoi m'ont envoyé ici dans l'espoir de construire un Canada différent.
En raison des faits que nous avons établis, et ce, malgré le temps restreint imposé par les conservateurs, je ne vais pas donner mon appui au projet de loi . J'espère que les Canadiens vont se souvenir que les libéraux et les conservateurs ont voté pour un accord de libre-échange avec une dictature brutale.