[Traduction]
Bienvenue à la réunion numéro 46 du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire. L’étude que nous menons actuellement porte sur les barrières non tarifaires à la vente de produits agricoles visés par des accords de libre-échange.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à Mme Jenny Kwan, du NPD, qui remplace Mme Brosseau. Je pense que de notre côté, nous sommes tous là pour l’instant. Il reste une place de vide, mais elle sera vite occupée.
Nous accueillons aujourd’hui le Conseil canadien du canola. Il a déjà participé à différentes études avec nous, et nous sommes heureux d’accueillir son représentant, M. Brian Innes, vice-président des relations gouvernementales.
De la Canadian Canola Growers Association, nous recevons M. Brett Halstead, président, et Mme Catherine Scovil, directrice des relations gouvernementales, qui est aussi originaire de ma belle province du Nouveau-Brunswick, je pense.
Bienvenue à tous. Nous allons commencer par entendre vos déclarations liminaires de 10 minutes.
Je pense, monsieur Halstead, que vous aimeriez commencer, alors je vous donne 10 minutes. Merci.
:
Bonjour et merci de m’avoir invité à venir témoigner devant vous encore une fois. C’est pour moi un plaisir d’être ici.
Je m’appelle Brett Halstead. Comme vous l’avez dit, j’occupe actuellement le poste de président de la Canadian Canola Growers Association. J’exploite une ferme près de Nokomis, en Saskatchewan, où je cultive une gamme de céréales et d’oléagineux, et où j’élève un troupeau de bovins.
Je suis accompagné de Catherine Scovil, qui est notre directrice des relations gouvernementales ici à Ottawa. La CCGA est l’organisme national qui représente les producteurs de canola. Nous comptons 43 000 membres et nous défendons les intérêts de ces agriculteurs au regard des questions, des politiques et des programmes nationaux et internationaux qui influent sur la réussite de leurs opérations agricoles. Nous sommes aussi membres du Conseil canadien du canola, qui est représenté ici aujourd’hui.
Dans le cadre de mon mandat comme président de la CCGA et de ma participation à divers conseils agricoles, le libre-échange est demeuré un des principaux intérêts des producteurs de céréales. Le Canada est doté d’une excellente production agricole, mais nous avons besoin d’une clientèle internationale pour que nos exploitations agricoles puissent être prospères. C’est particulièrement important dans le cas du canola, car nous exportons 90 % de notre production sous forme de graines, d’huile ou de tourteaux. Ces exportations canadiennes se chiffraient à 10,2 milliards de dollars l’an dernier.
Par le passé, le commerce et les accords commerciaux portaient sur les droits de douane, mais nous constatons maintenant qu’il faut mettre les barrières non tarifaires à l’avant-plan. En plus de se pencher sur les droits de douane, les agriculteurs doivent de plus en plus gérer l’incidence des nouvelles barrières tarifaires et de celles qui existent déjà. Leurs effets peuvent se manifester de nombreuses façons, notamment par l’intermédiaire d’exigences sanitaires et phytosanitaires non scientifiques, de retards dans les approbations de nouvelles cultures issues de la biotechnologie ou d'intrants des cultures, ou d’autres exigences opérationnelles imposées à nos exportateurs canadiens.
Chacune de ces barrières crée de l’incertitude dans nos exploitations, et influe sur la demande pour les cultures que nous produisons, le prix que nous recevons et les intrants agricoles que nous pouvons utiliser. L’incertitude supplémentaire que ces risques soulèvent a des répercussions sur toutes nos opérations; qu’il s’agisse de décider des cultures que nous allons faire pousser, de déterminer quelles graines ou quels intrants agricoles nous allons acheter ou de choisir la façon dont nous commercialisons nos cultures, elle suscite des questions du genre: « Est-ce que la Chine achètera nos graines de canola cette année? », « Est-ce que les États-Unis ont approuvé l’utilisation d’un certain produit chimique sur les produits importés? », et « Est-ce que la fermeture des marchés fera baisser les prix? »
On demande de plus en plus aux agriculteurs de gérer les exigences concurrentes du marché et d’ajuster leurs opérations en conséquence.
La situation avec la Chine l’été dernier illustre ce point. Elle a signalé que sa solution au problème du charbon symptomatique était de réduire les taux d’impuretés. Alors que le charbon symptomatique est une maladie fongique qu’on retrouve dans les champs de canola, les impuretés se rapportent aux éléments dans les graines de canola autres que la plante, c'est-à-dire les mauvaises herbes, la paille ou toute autre matière étrangère. Les normes canadiennes permettent un taux d'impuretés de 2,5 %. Bien que de nombreuses entreprises négocient et fixent ces taux dans les contrats, la Chine demandait un taux de 1 %.
La règle des Chinois allait à l’encontre des conclusions des travaux de recherches scientifiques qui montraient qu’il était très peu probable que le charbon symptomatique soit propagé par les impuretés. La Chine a toutefois continué à exercer des pressions pour qu’on réduise les taux d’impuretés.
Pendant l’été 2016, les intervenants de l’industrie se sont inquiétés de perdre notre deuxième marché d’exportation — qui se chiffre à 2,7 milliards de dollars — et principal marché pour nos graines non traitées. L’incertitude dans les marchés a entraîné une fluctuation des prix pendant l’été. Certains agriculteurs ont dû garder le canola à la ferme plus longtemps que prévu ou le vendre à un prix réduit. Je fais partie du nombre. Ceux qui ont dû vendre pour avoir des liquidités ont dû accepter un prix moindre.
Les intervenants de l’industrie étaient reconnaissants que l’on trouve une solution et ils veulent souligner le travail des ministres Freeland et MacAulay ainsi que celui du dans ce dossier. Cependant, tous les ordres de gouvernement ont dû participer à la solution; il arrive que ce soit nécessaire. Si le Canada compte vraiment tirer parti des avantages commerciaux, nous devons nous engager à régler la question des barrières tarifaires. Les relations entre les partenaires commerciaux doivent être gérées, et les ministères et tous les ordres de gouvernement doivent faire de la question des barrières tarifaires une priorité.
Les accords commerciaux permettent de régler la question des droits de douane et ils servent aussi de plus en plus à régler celle des barrières commerciales non tarifaires. L’AECG et le PTP en ont offert des exemples. La CCGA est favorable à l’AECG avec l’Union européenne et a hâte qu’il soit mis en oeuvre. L’AECG éliminera immédiatement les droits de douane sur l’huile de canola brute et raffinée, ce qui créera de nouveaux débouchés pour le canola. Cependant, pour vraiment tirer parti de l’AECG, il faudra que l’élimination des droits de douane soit faite dans le cadre d’un système réglementaire de l’Union européenne qui soit rapide et prévisible pour composer avec les variétés issues de la biotechnologie et les produits d’intrants agricoles.
Dans le cadre de l’AECG, le Canada et l’Union européenne conviennent de renforcer la coopération dans le domaine de la biotechnologie et ont signé des lettres parallèles dans lesquelles l’Union européenne s’est engagée à mener un processus rapide et efficace pour le commerce des produits issus de la biotechnologie. L’AECG diffère des anciens accords bilatéraux que le Canada a signés, car il élargit les droits de douane antérieurs et tient compte d’autres facteurs qui influent sur le commerce. S’il fonctionne, il sera un exemple de cas dans lequel il est possible d’intégrer des questions non tarifaires à pareils accords.
Le gouvernement du Canada doit continuer à exercer des pressions sur l’Union européenne pour qu’elle honore son engagement, pas seulement sur papier, mais aussi dans les faits. C’est un projet en cours.
Le PTP visait aussi à instaurer de meilleures règles commerciales. L’accord établit de nouvelles règles pour gérer les barrières relatives à la biotechnologie afin d’engager les signataires du PTP à accroître la coopération, à échanger des renseignements et à suivre un processus plus transparent. Pour traiter les questions susceptibles de surgir, nous nous réjouissons à la perspective de travailler avec le gouvernement à trouver des façons de profiter des avantages qui ont été négociés dans le cadre du PTP et de maintenir l’accès aux marchés de l’Asie-Pacifique.
Alors que le Canada cherche à conclure un accord potentiel avec la Chine, les deux pays doivent discuter des droits de douane et des barrières commerciales non tarifaires. Au-delà d’accords précis, il faut trouver des solutions pour gérer des questions aussi vastes que celle des limites maximales de résidus ou de la présence de faibles concentrations dans les produits issus de la biotechnologie, soit par l’intermédiaire d’accords commerciaux bilatéraux ou multilatéraux, soit par la reconnaissance d’organismes internationaux de normalisation, comme le Codex Alimentarius. Le Canada prend les devants pour régler des questions comme les limites maximales de résidus manquantes ou incohérentes et promouvoir la politique relative à la présence de faibles concentrations, et il devrait continuer de le faire.
En tant que producteurs, nous faisons notre part pour faciliter le commerce. Nous attendons que les nouvelles technologies et les nouveaux intrants agricoles soient reconnus dans nos principaux marchés d’exportation avant de les utiliser. Cela signifie souvent qu’on ne s’adapte pas aux meilleures et aux plus récentes technologies dans nos exploitations agricoles. Ces technologies ont peut-être été jugées sûres et efficaces par nos organismes de réglementation canadiens, que nous estimons être parmi les meilleurs au monde, mais nous le faisons pour protéger nos marchés d’exportation.
Nous faisons notre part, mais nous avons aussi besoin que le gouvernement canadien s’engage fermement à conclure des accords commerciaux et à régler la question des barrières commerciales non tarifaires dans tous les ministères et dans tous les ordres de gouvernement. Nous avons besoin que nos gouvernements soient concurrentiels lorsqu’il est question de régler les obstacles au commerce.
Nous accordons la priorité au commerce transparent et fondé sur des principes scientifiques. Grâce aux accords de libre-échange, aux travaux continus pour régler la question des obstacles au commerce et au leadership du Canada sur la scène internationale, toutes les conditions sont réunies pour que nous soyons concurrentiels et que nous accroissions nos exportations.
Merci de m’avoir permis de témoigner devant vous. Je me réjouis à la perspective de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Merci beaucoup de m’avoir invité à venir témoigner devant vous ce matin.
Premièrement, j’aimerais expliquer brièvement ce que fait le Conseil canadien du canola et notre industrie. Le Conseil canadien du canola est une organisation de chaîne de valeur qui représente l’ensemble de l’industrie du canola, dont 43 000 producteurs, les concepteurs qui créent les graines, les transformateurs qui transforment les graines de canola en huile destinée à la consommation humaine et en tourteaux utilisés dans les aliments du bétail, et les exportateurs qui envoient les graines de canola chez des transformateurs à leur destination finale.
Notre industrie a élaboré un plan pour répondre à la demande mondiale croissante pour des huiles et des protéines saines: « Keep it Coming 2025 » nous permettra de répondre à cette hausse de la demande par l’intermédiaire de la production durable et de l’amélioration du rendement, pour en arriver à produire 26 millions de tonnes d’ici à 2025.
Permettez-moi de mettre ces 26 millions de tonnes en perspective. Notre industrie a doublé sa production au cours des 10 dernières années, si bien qu’elle produit maintenant 18 millions de tonnes de canola annuellement. Nous sommes motivés par la demande internationale et continuerons à y répondre, mais nous n’y arriverons que si nous pouvons avoir un commerce stable et ouvert avec les marchés qui accordent le plus de valeur à nos produits. Voilà pourquoi le commerce stable et ouvert est un des principaux piliers de notre stratégie de croissance, de concert avec une production durable et une valeur différenciée.
Plus de 90 % du canola que nous produisons au Canada est exporté sous forme de graines, d’huile ou de tourteaux. Ces exportations ont généré plus de 10 milliards de revenus d’exportation pour le Canada l’an passé, ce qui est environ trois fois plus qu’il y a 10 ans. Nos exportations tirent parti des marchés internationaux pour stimuler la croissance au Canada. L’accès à une gamme de marchés en franchise de douane et sans barrières non tarifaires est essentiel pour permettre à notre industrie de faire fructifier le plus possible nos exportations.
Nous avons réussi à améliorer l’accès aux marchés du canola en collaborant avec le gouvernement et nous avons un plan pour accéder aux marchés à l’avenir. Le Conseil canadien du canola a accordé la priorité aux principaux enjeux liés à l’accès aux marchés auxquels notre industrie est confrontée. Pour améliorer cet accès, nous avons élaboré un plan à long terme qui porte sur les droits de douane; la biotechnologie et l’innovation; les mesures sanitaires et phytosanitaires; et la durabilité.
Côté innovation et biotechnologie, on vise à s’assurer que ces technologies soient réglementées en fonction de principes scientifiques, y compris les innovations. On vise à faire en sorte que les mesures sanitaires et phytosanitaires conçues pour protéger la santé végétale, animale et humaine soient prévisibles et fondées sur des données scientifiques. Pour ce qui concerne la durabilité, on veut faire en sorte que les pratiques de notre industrie soient reconnues comme étant durables.
La collaboration de l’industrie et du gouvernement a été fructueuse et elle doit se poursuivre. À titre d’exemple, le soutien à l’accès aux marchés qu’offre le gouvernement du Canada a été primordial pour nous permettre de stabiliser l’accès de nos graines de canola au marché chinois jusqu’en 2020. Notre réussite avec la Chine témoigne de l’engagement du gouvernement à l’égard de la réglementation et des règles régissant le commerce fondées sur la science.
L’ancienne ministre du Commerce international , le ministre de l’Agriculture et le ont tous contribué à cette réussite, et on doit pouvoir continuer à bénéficier de soutien pour pouvoir régler les questions d’accès aux marchés à l’avenir.
Dans le cadre de ces efforts, nous avons été à même de constater que l’accès aux marchés est véritablement un effort collectif. Nous avons eu du succès parce que nous avons travaillé ensemble, tant au sein de l’industrie qu'entre l'industrie et le gouvernement. À titre d’exemple, en travaillant au dossier des barrières non tarifaires avec le Secrétariat de l’accès aux marchés à Agriculture et Agroalimentaire Canada, nous avons conservé des marchés d’une valeur de 2,7 milliards de dollars en 2016. Ces discussions portaient sur les barrières non tarifaires, comme l’accès des graines de canola au marché chinois et notre accès aux marchés des biocarburants dans les pays de l’Union européenne et aux États-Unis. En éliminant ces barrières non tarifaires, rien qu'en 2016, nous avons conservé l’accès à des marchés d’une valeur de 2,7 milliards de dollars.
Le Secrétariat de l’accès aux marchés réunit des ressources de partout au gouvernement du Canada, y compris de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada, d’Agriculture Canada, ainsi que d’Affaires mondiales, des provinces et de nos ambassades à l’étranger.
De façon similaire, notre industrie a montré que nous pouvons nous unir et collaborer avec le gouvernement pour régler ces questions, mais il reste du travail à faire. Les barrières non tarifaires limitent la croissance de notre industrie, et les accords commerciaux peuvent nous aider.
Mes commentaires porteront sur deux points précis. Je vais d'abord donner un exemple de ce qui a fonctionné par le passé; ensuite, je vais suggérer des éléments qu'on devrait intégrer aux accords commerciaux futurs.
À titre d’exemple, nous avons réussi à promouvoir les politiques visant à prévenir les risques commerciaux occasionnés par la présence de faibles concentrations, qui fait allusion à la présence d’une culture issue de la biotechnologie approuvée dans un pays exportateur, mais pas encore dans un pays importateur.
Nous avons observé cette réussite dans un certain nombre d’initiatives. Prenons le Partenariat transpacifique et l’Accord économique et commercial global Canada-Union-européenne. Le libellé des deux accords mentionnait la présence de faibles concentrations. Il y a aussi une initiative mondiale sur la présence de faibles concentrations, menée par le Canada, qui promeut les solutions stratégiques avec 15 pays partageant les mêmes vues. Le Canada a publié une politique modèle sur la façon dont les pays peuvent favoriser la stabilité commerciale tout en respectant leurs obligations réglementaires.
Si nos efforts dans le dossier de la présence de faibles concentrations ont été couronnés de succès, c’est grâce à une approche pangouvernementale et aux directives claires que nous ont données les parlementaires et les ministères. L’industrie a aussi travaillé étroitement avec le gouvernement pendant ce processus. Ces trois éléments sont nécessaires à la réussite: une approche pangouvernementale, des directives claires de la part des parlementaires et la participation de l’industrie au processus.
À la perspective d’éventuelles négociations de libre-échange avec la Chine, nous remarquons que ce pays est un marché très important pour le canola, mais aussi pour l’agriculture en général, et les céréales et les oléagineux en particulier. Il est clairement possible de conclure un accord de libre-échange pour prévenir les barrières non tarifaires qui nuisent à notre industrie. On en a mentionné deux. Je vais élaborer un peu sur ce point.
Les principaux exemples se rapportent à la biotechnologie et aux produits antiparasitaires. Comme Brett l’a énoncé, avant que les producteurs canadiens puissent utiliser ces nouvelles semences issues de la biotechnologie ou ces nouveaux produits antiparasitaires, ceux-ci doivent répondre aux exigences chinoises. Comme les approbations prennent beaucoup plus de temps et sont moins prévisibles en Chine qu’ici, cela signifie que les agriculteurs canadiens n’ont pas accès à ces innovations.
Les accords de libre-échange permettent de trouver des solutions à ces barrières non tarifaires. Par exemple, il est possible pour le Canada et la Chine de mieux définir ce dont les deux pays ont déjà convenu par le truchement de l’OMC — élaborer des mesures sanitaires et phytosanitaires fondées sur des principes scientifiques qui restreignent le moins possible le commerce.
Dans le cas des produits antiparasitaires, cela pourrait vouloir dire que si une limite de résidus n’existe pas pour un produit donné dans un pays, la norme de l’autre pays — ou la norme internationale — pourrait s’appliquer provisoirement en attendant que le pays importateur mène à bien son processus national.
Ce n’est qu’un exemple, mais il est important de comprendre que le fait de se débarrasser de ces barrières non tarifaires profitera à la chaîne de valeur en entier. Il créera un climat d’investissement plus prévisible pour les concepteurs de semences et les entreprises de sciences de la vie, ce qui stimulera l'innovation. Il rehaussera les options des producteurs pour contrôler les parasites, comme les insectes et les mauvaises herbes, et améliorera l’accès à de nouvelles variétés de semences. Il accroîtra la prévisibilité pour les exportateurs et les transformateurs, ce qui réduira les risques et sera plus profitable au Canada.
En terminant, le commerce du canola a pris de l’expansion parce que nous sommes un exportateur concurrentiel qui a accès aux marchés mondiaux. Il fait une contribution annuelle de plus de 19 milliards de dollars à notre économie et génère un quart de million d’emplois stables. Le maintien et la croissance de cette prospérité dépendront de notre capacité de surmonter les futurs problèmes d’accès aux marchés et barrières non tarifaires.
Je me réjouis à la perspective de répondre à vos questions.
[Français]
Merci.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour. Merci de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui pour parler des obstacles non tarifaires au commerce. Je m'appelle Tia Loftsgard. Je suis directrice générale de l'Association pour le commerce des produits biologiques.
Je suis accompagnée de mon collègue, Wallace Hamm, directeur général de Pro-Cert, l'un des principaux organismes canadiens de certification des produits biologiques. Après mon exposé, il vous parlera des secteurs où des mesures sont requises immédiatement pour éliminer les obstacles autogènes au commerce dans l'industrie des produits biologiques.
L'Association pour le commerce des produits biologiques, un organisme national constitué de membres, est la voix du commerce des produits biologiques au Canada. Nous consacrons nos activités à l'accès aux marchés au moyen de missions commerciales internationales. Nous avons collaboré avec le gouvernement fédéral à l'évaluation des normes étrangères sur l'agriculture biologique et des ententes d’équivalence concernant les produits biologiques.
Nos membres sont issus de tous les maillons de la chaîne de valeur des produits biologiques, y compris les agriculteurs, les fabricants, les importateurs, les exportateurs, les distributeurs et les organismes provinciaux. Nous menons également des initiatives de sensibilisation auprès de l'industrie et des consommateurs, en plus de recueillir des données pour la Table ronde sur la chaîne de valeur de l'industrie des produits biologiques et pour le secteur de l'agriculture biologique.
Actuellement, la valeur de l'industrie de l'agriculture biologique à l'échelle mondiale se chiffre à 80 milliards de dollars américains. On estime qu'elle connaîtra une croissance de 16 à 25 % d'ici 2020. Le Canada possède le cinquième marché de produits biologiques en importance, avec des ventes de 4,7 milliards de dollars. Il fait figure de chef de file mondial pour l'exportation de nombreux produits biologiques.
Le secteur de l'agriculture biologique est un sous-secteur particulier des secteurs canadiens de l'agriculture et du commerce, car il utilise exclusivement des méthodes de traçabilité dans l'ensemble des chaînes d'approvisionnement des produits biologiques. De plus, le secteur fait l'objet de mesures beaucoup plus rigoureuses que l'agriculture classique, notamment pour les règlements, les normes, les inspections par des tiers et les inspections sur les limites maximales de résidus. Notre secteur est le plus rigoureusement réglementé de l'industrie agricole canadienne, ce qui explique probablement pourquoi il est celui qui inspire le plus confiance.
Étant donné que plus de 22 millions de Canadiens achètent des aliments biologiques chaque semaine et que les produits biologiques représentent 5 % des ventes mondiales d'aliments, le secteur canadien de l'agriculture biologique devrait se positionner de manière à continuer de satisfaire à la demande mondiale et à devenir un chef de file mondial en agriculture. Toutefois, le secteur ne peut atteindre ces objectifs à lui seul, puisqu'il finance lui-même les activités liées à l'établissement des normes, aux inspections et à la certification, en plus d'assumer tous les risques commerciaux.
Dans sa version actuelle, le nouveau Règlement sur la salubrité des aliments au Canada comporte de nombreuses menaces pour notre secteur, et nous continuerons de le souligner dans le cadre du processus continu de consultation. Les règles du jeu de l'assurance-récolte ne sont pas équitables et, contrairement à beaucoup de nos partenaires commerciaux, aucune mesure incitative n'est offerte pour la transition aux produits biologiques. En outre, les coûts du maintien du processus d'examen des normes canadiennes sur l'agriculture biologique pour notre secteur totaliseront plus d'un million de dollars d'ici 2020. Au Canada, ces coûts sont entièrement assumés par l'industrie, tandis qu'aux États-Unis et dans l'Union européenne, ces activités sont entièrement financées par les gouvernements.
Le commerce des produits biologiques comporte de nombreux risques en raison des sources limitées d'approvisionnement, des risques inconnus découlant de modifications possibles à l'ALENA — nos deux principaux partenaires commerciaux du secteur des produits biologiques — et des tests supplémentaires sur les limites maximales de résidus requis pour l'expédition de produits biologiques canadiens vers les marchés étrangers, surtout en raison de la politique de tolérance zéro dans l'industrie.
Ces obstacles non tarifaires au commerce limitent à la fois la croissance de notre secteur et sa capacité de tirer parti des occasions qui lui sont offertes. Le secteur canadien des produits biologiques devrait à tout le moins avoir la capacité de rivaliser avec ses principaux partenaires commerciaux. Il convient donc d'éliminer les obstacles non tarifaires existants liés à la réglementation.
Deuxièmement, le gouvernement recueille une masse d'informations et de données sur la production agricole et sur le commerce d'importation et d'exportation, mais il parvient rarement à y extraire efficacement des données relatives au secteur des produits biologiques. Le manque de données fiables nous empêche d'évaluer les occasions d'affaires ou les pertes de débouchés pour les producteurs, les fabricants et les entreprises du Canada. Étant donné qu'un système harmonisé est utilisé pour négocier des ententes commerciales, maintenir des statistiques sur le commerce et cibler les marchandises et les envois qui menacent la santé, la sûreté et la sécurité du Canada, le secteur des produits biologiques a une capacité très limitée de faire un suivi des tendances, d'évaluer le flux des échanges commerciaux et d'obtenir des données concrètes.
Nous considérons que le manque de données sur le secteur des produits biologiques représente un risque pour le gouvernement et pour l'industrie, et que cela empêche les deux parties de prendre des décisions éclairées sur le plan des affaires, des accords commerciaux et des programmes pour ce secteur du portefeuille de l'agriculture. Il importe de souligner que les dernières données de recensement exhaustives pour le secteur des produits biologiques datent de 2011.
Les accords commerciaux comme l'ALENA et l'AECG sont d'une grande importance pour l'ensemble du secteur agricole. Le secteur des produits biologiques fait l'objet d'autres accords commerciaux, comme les accords sur l'équivalence des produits biologiques.
Le Canada a négocié des ententes d’équivalence concernant les produits biologiques avec 90 % de ses principaux partenaires commerciaux, dont les États-Unis, l'Union européenne, la Suisse, le Costa Rica et le Japon, et il négocie actuellement des accords avec le Mexique et la Corée du Sud. Pour assurer la prospérité du secteur de l'agriculture biologique, le gouvernement canadien doit prendre des décisions éclairées concernant les ententes d’équivalence sur les produits biologiques et en comprendre les répercussions sur l'industrie.
Nous recommandons les mesures suivantes: la création d'une liste des 100 nouveaux codes d'importation et d'exportation du SH prioritaires, de façon à avoir une meilleure compréhension du flux des échanges commerciaux au pays; l'utilisation de questions plus détaillées sur les produits biologiques dans le Recensement de l'agriculture et d'autres enquêtes nationales annuelles liées à l'agriculture; l'amélioration des consultations avec l'industrie des produits biologiques au sujet des ententes d’équivalence concernant les produits biologiques conclus avec des pays étrangers; l'élaboration, en collaboration avec l'industrie des produits biologiques, d'une stratégie nationale sur la collecte de données sur l'agriculture biologique, notamment en ce qui concerne la production, le rendement du système biologique, les ventes et les prix des principaux produits biologiques.
Je vais maintenant céder la parole à mon collègue. Il vous fournira des renseignements supplémentaires et des exemples sur l'incidence des obstacles non tarifaires au commerce sur notre secteur.
Je m'appelle J. Wallace Hamm. Je suis le fondateur de Pro-Cert Biologique, un organisme pancanadien de certification biologique qui en est à sa 27e année d'exploitation. Je précise, même si cela ne figure pas dans le document, que je suis aussi un producteur de grain de la Saskatchewan.
L'industrie canadienne des produits biologiques est en plein essor, même si le Régime Bio-Canada — le RBC — en place depuis huit ans doit être revu en profondeur. Cette modernisation est en grande partie liée à l'élimination des obstacles non tarifaires au commerce autogènes intégrées au RBC. Le Comité représente donc pour l'industrie des produits biologiques la tribune idéale pour demander des changements. Vous avez bien entendu: j'ai parlé d'obstacles non tarifaires au commerce autogènes.
Dans les prochaines minutes, je vais aborder divers obstacles commerciaux en m'inspirant d'un document provisoire. Il s'agit d'un livre blanc intitulé COR Enhancements Needed to Ensure Organic Integrity, Increase Consumer Confidence in the Canada Organic Logo and Reinforce our Equivalency Arrangements. C'est un long titre.
Il s'agit d'un document provisoire dans lequel on traite des principaux besoins de l'industrie des produits biologiques pour l'adoption d'un cadre réglementaire plus concurrentiel et moins lourd, dans le contexte de l'intégration du Règlement des produits biologiques, ou RPB, dans la Loi sur la salubrité des aliments au Canada. Le RPB, une partie de la Loi sur les produits agricoles au Canada — la LPAC —, deviendra la partie 14 du règlement de la Loi sur la salubrité des aliments au Canada. Il sera bientôt distribué à toutes les parties concernées, mais avant le 21 avril 2007, la date limite pour l'envoi de commentaires sur ce règlement récemment publié dans la Gazette du Canada.
Voici quelques exemples d'obstacles au commerce autogènes liés à l'équivalence. Le premier est l'Accord sur l'équivalence des produits biologiques conclu entre le Canada et les États-Unis en 2009. La certification de produits agricoles canadiens aux termes du National organic program — le NOP de l'USDA — n'est plus autorisée, à la demande du Bureau Bio-Canada. Cela a eu des répercussions continues pour l'exportation de produits biologiques canadiens vers des pays qui reconnaissent le NOP, mais pas le RBC. La certification NOP est requise pour les produits qui ne sont pas visés par le Régime Bio-Canada, comme les produits alimentaires de santé naturels et les aliments pour animaux. Cet obstacle commercial auto-imposé n'est aucunement justifié.
Le deuxième est l'Accord sur l'équivalence des produits biologiques entre le Canada et l'Union européenne, qui date de 2011. La certification aux normes européennes n'est pas autorisée, à la demande du Bureau Bio-Canada. Cela a eu des effets négatifs similaires pour les exportations canadiennes vers des pays de l'UE et d'autres pays, qui recherchent le logo de l'UE. Encore une fois, il n'existe aucune justification d'ordre pratique pour l'adoption d'un règlement arbitraire nuisant au commerce.
Parmi les mesures nécessaires, notons l'élimination immédiate des dispositions d'interdictions du RBC concernant la certification aux normes sur l'agriculture biologique des États-Unis, de l'UE et d'autres pays, ainsi qu'une consultation et une participation accrue des spécialistes de l'agriculture biologique pour la négociation de tout accord d'équivalence, et ce, avant et après la négociation.
Un autre exemple d'obstacle au commerce auto-infligé est l'absence de sanctions pour les fausses allégations sur la nature biologique des produits. Le Règlement sur les produits biologiques, le RPB, ne prévoit aucune sanction ou amende pour les fausses allégations. Il en va de même pour la partie 14 proposée du Règlement sur la salubrité des aliments au Canada, le RSAC, qui ne prévoit aucune sanction ou amende précise en cas d'infraction. Il est incertain que le paragraphe 39(1) de la Loi sur la salubrité des aliments au Canada s'applique à la partie 14 du règlement. Le RPB et le RSAC proposé ne prévoient aucune période d'exclusion pour la présentation d'une nouvelle demande de certification pour les producteurs ayant fait une fausse allégation.
:
Merci, monsieur le président. Je remercie le Comité de se pencher sur cet enjeu si important. Notre industrie y consacre l'essentiel de son temps.
L'Association souhaite vous informer, au nom des 68 500 producteurs de bovins de boucherie du Canada, des difficultés auxquelles l'industrie est confrontée pour l'exportation de ses produits partout dans le monde.
L'industrie canadienne des bovins de boucherie génère près de 10 milliards de dollars de recettes monétaires agricoles, dont près de la moitié provient des ventes à l'exportation. Les États-Unis sont notre principal client à l'exportation, suivi du Mexique, du Japon, de la Chine et de la Corée. Cela dit, nous exportons chaque année nos produits vers 80 à 100 pays, selon les conditions du marché.
Les ventes à l'exportation augmentent la valeur de bovins engraissés. Les animaux sont nourris de façon à obtenir une viande de grande qualité, de catégorie AA, AAA, ou de qualité supérieure. Les ventes à l'exportation augmentent la valeur d'environ 450 $ par animal, ce qui nous permet évidemment d'accroître le volume de boeuf que nous pouvons produire, assurant ainsi la prospérité de notre industrie dans presque toutes les provinces canadiennes.
Cette valeur ajoutée découle de la vente de divers produits qui ne sont pas prisés au Canada, mais qui sont considérés comme des mets raffinés dans d'autres marchés du monde. À titre d'exemple, notons la poitrine courte, le bout de côtes, la langue, la viande de hampe, le flanc, le pied entier, les lèvres et le foie. Je pourrais poursuivre et vous énumérer quelque 300 produits pour chaque animal que nous produisons. Pour maximiser la valeur, nous devons trouver le marché idéal pour chacun des produits.
La demande pour des découpes de haute qualité est aussi en hausse en raison de la croissance de la classe moyenne dans les pays en développement. On prévoit une augmentation des importations de boeuf de 26 % d'ici 2024, à l'échelle mondiale. Plus particulièrement, on estime que les importations de la région de l'Asie-Pacifique augmenteront de 44 %. Les débouchés qui s'offrent à nous dans cette région sont la raison principale pour laquelle nous appuyons toujours l'Accord de partenariat transpacifique et les efforts pour le sauver.
Aujourd'hui, je suis venu vous parler des obstacles et des barrières qui empêchent le Canada de maximiser les débouchés dans ces marchés. En général, le boeuf et les produits de boeuf sont considérés comme des « produits sensibles », ce qui signifie qu'ils sont davantage protégés par divers obstacles tarifaires et non tarifaires.
Malgré les progrès sur le plan de la réduction des droits de douane, les obstacles non tarifaires au commerce demeurent souvent en place. Nous sommes également aux prises avec un nouveau mouvement de protectionnisme, d'où l'émergence de nouveaux obstacles. En général, on tente de dissimuler ces mesures en évoquant la prudence scientifique, alors qu'en réalité, elles découlent en grande partie de décisions politiques et protectionnistes.
Je vais brosser un tableau de la situation à l'aide d'exemples. Nous avons consacré sept ans à une procédure devant l'OMC pour un litige sur l’inscription obligatoire du pays d’origine sur l’étiquette aux États-Unis, une mesure qui visait à contrecarrer les importations de bovins et de porcs vivants. Nous avons gagné notre cause, heureusement, mais il est fort possible que cet épineux problème se pose à nouveau. Nous revenons de Washington. Nous avons fait reconnaître nos droits juridiques et nous avons maintenant le droit d'exercer des mesures de représailles si les États-Unis instaurent de nouveau de telles mesures. Nous devons demeurer prêts à cette éventualité.
Le processus de réinspection à la frontière, un processus désuet et coûteux, devait être éliminé graduellement. Cela n'a pas été fait; depuis, nous avons mis en oeuvre les systèmes HACCP les plus modernes du monde.
En ce qui concerne l'Europe — j'examine nos divers partenaires de libre-échange —, l'interdiction des hormones de croissance y est en vigueur depuis les années 1980, alors que l'Europe avait un important surplus de boeuf. Le Canada et les États-Unis ont remporté le recours devant l'OMC sur cette question, mais l'Europe a refusé de se conformer.
En outre, l'Europe a exclu la question de l'hygiène des viandes des négociations de l'accord d'équivalence, ce qui empêche l'approbation des systèmes. Notre système est l'un des meilleurs au monde. Pour ce qui est des approbations, la plupart des autres pays — y compris la Chine — n'inspectent pas chacune des usines; ils approuvent l'ensemble du système. C'est ce que nous préférerions, car c'est plus logique. L'approbation à la pièce des interventions en matière de salubrité des aliments est un processus extrêmement long. Après tous les travaux de nature scientifique, chaque demande est soumise au Parlement, ce qui en fait un processus hautement politisé. Les producteurs doivent se soumettre à un programme de certification détaillé et coûteux pour produire des animaux admissibles au programme.
En ce qui concerne la Chine — et c'est vrai pour de nombreux autres pays —, elle ne respecte pas les lignes directrices de l'OIE pour l'ESB. Le boeuf ou les abats ne peuvent toujours pas avoir accès au marché s'ils ont plus de 30 mois. La Chine ne se conforme pas aux normes Codex convenues à l'échelle mondiale pour les LMR. Vous avez mentionné plus tôt la nécessité... Il y a des critères très sensibles, des parties par milliard, que vous pouvez... Si vous ne suivez pas les LMR appropriées... Dans ce cas-ci, c'est la ractopamine. Essentiellement, il vous faut de l'équipement à usage réservé pour qu'il n'y ait aucun risque quelconque d'exposition par hasard.
Ils traitent le boeuf réfrigéré comme du boeuf congelé, si bien que nous ne pouvons pas avoir accès au marché des produits frais. Nous devons expédier le boeuf congelé, et il est plus que congelé. Les produits doivent être congelés à une température plus froide et plus rapidement. On doit suivre des techniques inhabituelles.
Là encore, nous revenons aux installations qui doivent être approuvées, plutôt que les systèmes. Cela peut prendre beaucoup de temps, 11 ou 12 mois, chaque fois que vous êtes inscrit sur la liste avant d'obtenir l'approbation. Nous réglons ces problèmes avec le temps, mais lorsque nous concluons ces accords, l'approbation des systèmes résout ce problème.
Nous avons conclu un accord de libre-échange avec la Corée du Sud. Malheureusement, nous sommes désavantagés sur le plan tarifaire, mais je ne vais pas aborder ce sujet. Là encore, le pays ne respecte pas les lignes directrices de l'OEI pour l'ESB non plus. Il impose la restriction que le boeuf doit être âgé de moins de 30 mois, alors qu'il devrait autoriser du boeuf de tous les âges. Le processus d'examen est très long. Lorsque nous avons relevé un cas en février, il a fallu jusqu'à la fin de décembre pour terminer l'examen. Avec d'autres pays, tout est réglé en l'espace de deux ou trois semaines, dans la majorité des cas, mais il y a quelques pays où il a fallu 10 ou 11 mois pour rouvrir la procédure.
Ils interfèrent également... Il y a une particularité avec les États-Unis, à savoir l'importation de bovins gras du Canada — si vous êtes de l'Ontario, vous pourriez avoir vu des rabais beaucoup plus élevés. C'est parce qu'un certain nombre d'usines américaines ne soumissionnent pas pour les bovins de l'Ontario en raison des exigences de certification pour l'exportation en Corée, même si l'entente prévoit que ces animaux sont admissibles et... ils ne devraient pas l'être. Je n'irai pas plus loin sur cette question, mais je dirai seulement que c'est un problème.
Il y a le Japon, Taiwan et d'autres pays où l'on ne respecte pas les lignes directrices de l'OIE pour l'ESB. Je vais terminer mes observations en vous donnant quelques exemples supplémentaires. Ces dernières années, les installations... La Chine et ces autres pays voulaient se rendre dans toutes les usines. C'est un processus qui coûte très cher et, à l'heure actuelle, une grande partie de ces coûts sont refilés à l'industrie. Nous paierons un certain montant, mais vient un point où nous n'avons pas les moyens de payer pour toutes les inspections qui sont effectuées. Dans ces cas-là, les usines ne sont pas inspectées et approuvées, si bien que cela nuit à certaines usines qui sont admissibles à l'exportation.
L'une des exigences que nous nous sommes imposées, comme on nous l'a dit plus tôt, a trait à la main-d'oeuvre. Si vous allez en Europe — où l'on se prépare pour l'AECG —, la majorité de ces pays s'attendent à un produit plus dépouillé et dégraissé. C'est un produit à valeur ajoutée plus intensif en main-d'oeuvre. Si nous avons une pénurie d'employés, nous devons soit réduire le nombre d'animaux que nous transformons, soit cesser nos exportations en Europe. Nous devons régler la question de la main-d'oeuvre. Je n'en dirai pas davantage.
Je veux conclure mes remarques en vous faisant part de quelles sont, à mon avis, quelques-unes des solutions. J'espère, après avoir pris connaissance du rapport Barton, que nous commençons à constater un changement de culture dans le secteur agricole au Canada et à voir les énormes possibilités qui se présenteront dans le futur. Nous estimons que nous pouvons être un important moteur économique pour le pays. Nous sommes l'un des fournisseurs alimentaires les plus dignes de confiance dans le monde également.
Nous aimerions voir que nous maintenons et augmentons la visibilité, l'influence et le financement du Secrétariat à l'accès aux marchés. Plus tôt, tout le monde a souligné à quel point c'est important.
Une autre solution serait de maintenir et d'élargir le rôle des vétérinaires de l'Agence canadienne d'inspection des aliments et des experts en salubrité des aliments en poste à l'étranger. Ils instaurent un lien de confiance important dans les relations, ce qui contribue à prévenir les problèmes. C'est toujours le meilleur résultat que l'on peut obtenir — lorsqu'on empêche une situation de se produire ou que l'on règle un problème rapidement.
Au sein de l'agence, nous aimerions qu'il y ait une culture qui ressemble davantage à celle en Australie. Avec sa structure à l'AQIS, il y a le président, puis les mises en quarantaine sont d'un côté et les exportations sont de l'autre. À notre Agence d'inspection des aliments, vous devez mentionner le terme « importations » à la haute direction avant de pouvoir parler d'« exportations ». Si vous voulez créer cette culture... Je veux dire que les importations font partie de votre système de mise en quarantaine, de votre biosécurité et des mesures que vous adoptez. Nous aimerions avoir ce genre de culture.
On nous l'a dit plus tôt, et je vais le répéter: continuez de jouer un rôle de premier plan dans les organismes de normalisation internationaux tels que l'OIE, l'Organisation mondiale de la santé animale, le Codex Alimentarius et le Comité mixte FAO/OMS d'experts des additifs alimentaires.
Au besoin, on peut intenter des recours par l'entremise de l'Organisation mondiale du commerce — j'ai évoqué la mention obligatoire du pays d'origine sur les étiquettes — et continuer de faire la promotion des avantages d'un système commercial mondial fondé sur la science et des données probantes. Je pense que le Canada se trouve dans une position idéale.