Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous poursuivons l'étude sur une politique alimentaire pour le Canada. C'est notre dernière rencontre sur ce sujet, qui a accaparé beaucoup de notre temps au cours des dernières semaines. Je vous remercie beaucoup d'être ici.
Nous avons deux groupes de témoins aujourd'hui. Dans le premier groupe, deux témoins sont ici par vidéoconférence et un autre est sur place. Il s'agit de Mme Christina Franc, directrice exécutive de l'Association canadienne des foires et des expositions.
Bonjour et bienvenue.
Nous entendrons aussi Mme Hilal Elver, rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation du Conseil des droits de l'homme des Nations unies. Elle comparaît à titre personnel par vidéoconférence en direct d'Istanbul, en Turquie, où il est 22 h 30.
Madame Elver, je vous remercie beaucoup de faire ce petit sacrifice pour nous aujourd'hui.
Également par vidéoconférence, mais de Calgary cette fois, nous recevons le vice-président de l'Association nationale des engraisseurs de bovins, M. Casey Vander Ploeg.
Merci beaucoup et bonjour.
Je rappelle aux témoins qu'ils ont sept minutes pour faire leur présentation.
Mme Franc va commencer, et par la suite, nous entendrons nos deux témoins par vidéoconférence.
:
Je vous remercie, mesdames et messieurs, de me donner l'occasion de m'exprimer aujourd'hui au nom de l'Association canadienne des foires et expositions. Je représente 800 foires, sociétés agricoles et expositions dans l'ensemble du pays, du Stampede de Calgary à la foire de Havelock, au Québec, qui dure une journée.
Les foires sont à l'image de leur temps, ancrées dans l'agriculture et animées par des bénévoles. Elles maintiennent des liens culturels, traditionnels et affectifs profonds avec la population locale et définissent un sentiment d'appartenance. Les foires et les expositions sont, depuis des décennies, des chefs de file en matière d'innovation, tout en perpétuant les traditions. Dans le passé, les collectivités comptaient sur elles pour leur apporter les dernières informations et les techniques les plus récentes, des techniques agricoles au tout dernier système de divertissement.
Nos foires ont traversé dernièrement une période de déclin, mais elles connaissent un nouvel essor dû à une évolution culturelle. Les gens veulent savoir et comprendre d'où viennent leurs aliments. Or, où mieux le faire que dans une foire, où on expose du bétail et des produits agricoles et où l'éducation sur l'alimentation et l'agriculture occupe une place de choix.
Ce qui m'amène à mon premier point. Dans la planification de la politique alimentaire nationale, je vous encourage vivement à consulter et à soutenir les foires et les expositions dans tout le Canada. Une étude de 2008 montrait que nous avons, bon an, mal an, accès à 35 millions de Canadiens. Nous sommes un des rares endroits où vie urbaine et vie rurale se rencontrent. Prenez la Royal Agricultural Winter Fair. Des centaines d'agriculteurs et d'entreprises agricoles s'y pressent chaque année, au centre-ville de Toronto, lieu on ne peut plus urbain. Quelques citadins au moins s'y rendront.
Ces événements petits et grands comprennent des projets éducatifs très intéressants sur l'agriculture et l'alimentation. Ainsi, la Norfolk County Fair, en Ontario, a un passeport agricole pour les enfants qui remportent des prix s'ils trouvent les réponses à des questions sur l'élevage et l'agriculture.
Nos événements passent presque toujours inaperçus parce que nous n'avons pas les moyens de nous représenter et de nous faire entendre. À vrai dire, je suis certaine que c'est la première fois, ou la deuxième, que la plupart d'entre vous entendez parler de mon organisation, malgré le fait que vous avez, pour la plupart, j'en suis sûre, une foire locale ou quelque chose de ressemblant dans votre propre circonscription.
Ce que je veux dire, c'est que les foires et les expositions ont les outils, les connaissances et la passion nécessaires pour soutenir la politique nationale de l'alimentation et éduquer le public à son sujet. Éduquer est quelque chose que nous faisons depuis des décennies en partenariat avec toutes sortes d'intervenants, ce qui m'amène à mon deuxième point.
Il sera essentiel, dans l'élaboration de cette politique, de mettre l'accent sur l'éducation. Par là, j'entends qu'il est essentiel de donner accès à des aliments sains et sûrs, et j'y suis tout à fait favorable. Cependant, comme le dit le proverbe, « Donne un poisson à un homme, il aura à manger pour un jour; apprends-lui à pêcher, il aura à manger pour tous les jours de sa vie ». Il se révélera beaucoup plus utile à long terme d'informer les Canadiens sur les choix alimentaires sains par-delà tous les bavardages et la désinformation sur les réseaux sociaux et dans d'autres médias.
Selon la province, les foires et les expositions ont droit à des fonds pour l'éducation agricole, mais ces fonds risquent toujours d'être réduits et aujourd'hui, plus que jamais. C'est dommage parce qu'ils ont permis de mettre sur pied d'excellents projets, y compris de réaliser des vidéos sur les activités agricoles et des agriculteurs locaux, ainsi que des expositions interactives sur le développement des cultures et de l'élevage et la transformation de leur produit, entre autres.
Ces projets sont très bien accueillis et contribuent énormément à l'information de nos visiteurs. Aider les gens à comprendre leur alimentation par l'éducation encouragera aussi une évolution culturelle qui aidera également les agriculteurs, les gens comprenant mieux d'où vient leur alimentation. Par conséquent, une éducation stratégique constitue un élément essentiel de cette politique.
Enfin, cette politique permettra de donner aux Canadiens ce qu'ils veulent de façon novatrice et stratégique. Surtout, nous pouvons le faire de manière proactive plutôt que réactive. On voit trop souvent de mauvaises nouvelles sur l'agriculture. Il est temps d'inverser la tendance.
Cette politique peut aider à façonner les perceptions culturelles avant que les mauvaises nouvelles fassent la une. Cela ne peut marcher que si l'on tient compte, dans l'élaboration de cette politique, du volet du marketing et de ce qu'il faut faire pour séduire les masses. Oui, les gens veulent savoir d'où viennent leurs aliments, mais en général, ils veulent plus savoir comment sont traitées les vaches que connaître les conséquences de l'Accord de libre-échange nord-américain.
J'espère que, pour garantir le succès de cette initiative, le gouvernement accordera beaucoup de poids à ce que la population veut savoir par rapport à l'information qu'il souhaite diffuser. Il faut trouver un équilibre qui satisfasse toutes les parties.
Globalement, je suis impatiente de voir où nous mènera cette politique. C'est une formidable occasion et elle s'appuie sur un souhait croissant exprimé par la population.
Pensez à nous, les foires et expositions canadiennes, quand vous irez de l'avant, notamment en ce qui concerne l'éducation et le rayonnement. Nous nous réjouissons à l'idée de collaborer avec vous tout au long de ce processus, du producteur au consommateur.
Je vous remercie.
:
Je vous remercie infiniment.
Distingués membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes, mesdames et messieurs, j'aimerais pour commencer féliciter le gouvernement canadien d'ouvrir le tout premier débat sur la politique alimentaire nationale du Canada. Une telle initiative est, malgré son importance stratégique, assez rare dans les pays développés, en particulier dans ceux qui, comme le Canada, ne connaissent pas de réels problèmes d'insécurité alimentaire et possèdent un système agricole établi.
L'insécurité alimentaire, toutefois, surtout en ce qui a trait à l'élimination de toutes les formes de malnutrition, est devenue depuis peu un problème universel qui concerne les pays développés et certainement le Canada, qui est un des premiers producteurs mondiaux de denrées alimentaires et qui se classe parmi les pays les plus riches du monde.
Quelques faits montrent bien l'importance de la malnutrition dans la réalité canadienne. Un Canadien sur quatre est obèse. Le diabète de type 2 gagne rapidement du terrain. Par ailleurs, 1,15 million de petits Canadiens vont à l'école la faim au ventre parce que les aliments frais, complets et nutritifs sont soit trop chers, soit inexistants. Ces formes de grave insécurité alimentaire sont particulièrement présentes dans le Nord du pays, surtout dans les collectivités isolées dans lesquelles vivent la plupart des Autochtones.
Il convient aussi de féliciter le Comité permanent d'avoir adopté une approche holistique qui relie judicieusement la santé de la population et la santé de la planète. La politique agricole et les systèmes alimentaires sont traités ensemble, ce qui est un pas en avant important, étant donné surtout l'importance des changements climatiques et les pénuries de ressources qui s'annoncent.
J'aimerais profiter de cette occasion de parler avec vous pour souligner l'engagement international qu'a pris le Canada de défendre le droit à l'alimentation. Ce droit, qui est un des principes fondamentaux énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, est à présent considéré comme un droit inscrit dans les principes du droit international coutumier qui est obligatoire pour tous les États, qu'ils en aient ou pas ratifié le contenu.
Le Canada est un leader pour ce qui est de confirmer le caractère obligatoire du droit à l'alimentation. Il a, en effet, ratifié en 1976 le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, qui reconnaît légalement le droit de chacun à une alimentation adéquate et à une vie à l'abri de la faim.
Le Canada a également ratifié plusieurs autres instruments juridiques internationaux qui confèrent à des segments particuliers de la population, comme les femmes et les enfants, un droit à une alimentation adéquate.
Plus récemment, le Canada s'est engagé à adopter un plan national pour la réalisation de l'Agenda 2030 pour le développement durable. Le deuxième objectif, qui affirme la volonté d'éliminer la faim, d'assurer la sécurité alimentaire, d'améliorer la nutrition et de promouvoir l'agriculture durable, est particulièrement pertinent. Cet engagement est au coeur même de l'évolution du regard que le Canada porte sur la sécurité alimentaire nationale et internationale.
Malheureusement, pendant très longtemps, le gouvernement du Canada n'a rien fait pour intégrer les engagements pris en droit international dans des lois nationales en ce qui concerne le droit à l'alimentation. Je considère que cette initiative offre au Parlement canadien une occasion importante de montrer le sérieux de son engagement à respecter ses obligations en matière de droits de la personne.
Permettez-moi maintenant de parler de questions précises concernant les pesticides qui me semblent capitales pour la politique alimentaire du Canada.
Les quatre volets de la politique alimentaire nationale devraient porter non seulement sur l'accès à des aliments abordables, la santé et la sécurité alimentaire, mais aussi sur la façon dont sont produits les aliments, ce qui devrait toujours être considéré comme un élément fondamental lorsqu'on veut garantir la sécurité alimentaire.
Les principaux éléments des normes désirables en matière de production agricole sont, notamment, des sols, une eau et un air propres et sains, ainsi que l'utilisation de semences variées et la garantie de la diversité biologique. La monoculture est un exemple du type de production agricole le plus intensif. Il s'agit, en fait, d'un ennemi des écosystèmes qui amène souvent à gaspiller des ressources naturelles vitales.
C'est pourquoi nous devrions chercher à concilier production agricole et durabilité. Cet équilibre, certes délicat, permet de planifier la sécurité alimentaire à long terme et de ne pas s'arrêter à la seule rentabilité à court terme.
Augmenter la production sans penser aux générations futures est égoïste et peu prévoyant du point de vue des intérêts agricoles nationaux à long terme du Canada. La diversité de l'agriculture canadienne est précieuse et devrait être soigneusement protégée.
Augmenter l'utilisation excessive de pesticides synthétiques est donc une des questions les plus controversées et les plus cruciales de l'agriculture industrielle actuelle. La meilleure façon de réduire les risques au minimum, c'est de moins recourir aux pesticides et, dans le cas de ceux dont il est démontré qu'ils sont dangereux pour la santé humaine et l'environnement, l'interdiction pure et simple est la seule mesure responsable. Les ouvriers agricoles, les enfants et les communautés autochtones qui vivent dans des zones rurales éloignées sont les plus exposés aux pesticides et à leurs effets chroniques et nocifs qui sont souvent très insidieux, car il est tellement difficile de les diagnostiquer dans les premiers temps de l'exposition.
L'obstacle de la langue pour les travailleurs migrants fait aussi que les étiquettes de mise en garde ne les aident pas à prendre des mesures de sécurité, situation aggravée par le fait que les ouvriers agricoles travaillent généralement sous pression pendant de longues heures pour gagner un salaire horaire, ce qui est leur plus grande priorité. Pour éviter les effets nocifs à long terme sur la santé humaine et sur l'environnement, le principe de précaution devrait être appliqué en ce qui concerne les pesticides qui risquent de causer des dommages et qui en causent.
Malheureusement, on utilise davantage de pesticides synthétiques, ce qui donne à penser qu'il faut renforcer la sécurité et la réglementation. Cela peut se révéler difficile face à la vive résistance opposée par de puissants groupes d'intérêts, surtout en ce qui a trait aux organismes génétiquement modifiés qui sont maintenant très courants dans la monoculture. En fait, la surutilisation de pesticides est mauvaise à la longue pour l'agriculture, car elle fait baisser les rendements au lieu de les augmenter. Cela est aujourd'hui scientifiquement prouvé.
Au Canada, les sols sont beaucoup moins fertiles à cause de l'utilisation problématique de pesticides qui accroît aussi les problèmes dans les bassins hydrographiques et menace la vie aquatique, de même que la qualité de l'eau potable. La diminution des populations de pollinisateurs, comme les abeilles et les papillons, à cause de l'exposition à des insecticides synthétiques, nuit directement et gravement à la sécurité alimentaire future...
:
Je vous remercie, et bonjour, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Casey Vander Ploeg et je suis vice-président de l'Association nationale des engraisseurs de bovins. Je remercie le Comité de me donner l'occasion de présenter notre point de vue sur l'élaboration d'une politique nationale de l'alimentation.
L'ANEB a été créée en 2007 pour être la voix nationale des engraisseurs de bovins du Canada. Nos activités portent sur trois domaines prioritaires: premièrement, assurer la croissance et la viabilité de notre secteur; deuxièmement, augmenter notre compétitivité nationale et internationale; et troisièmement, faire preuve de leadership pour l'industrie bovine canadienne. Ce trio — croissance et viabilité, compétitivité et leadership — se retrouve dans une certaine mesure dans les thèmes cernés dans les documents pour une politique alimentaire nationale.
J'aimerais parler principalement de trois points cet après-midi: premièrement, ce en quoi la documentation actuelle sur la politique alimentaire nationale voit juste, selon moi; deuxièmement, ce à quoi toute politique alimentaire nationale doit répondre pour donner de bons résultats; et troisièmement, ce qui me semble manquer. Sur le premier point, en juillet 2017, nous avons fait savoir au que nous sommes entièrement favorables à l'idée d'une politique alimentaire nationale et que les quatre piliers énoncés par le gouvernement sont autant d'objectifs que l'ANEB soutient tout à fait.
Dans la documentation, deux autres points sont soulevés et, même s'il ne s'agit pas forcément de piliers, nous sommes convaincus qu'ils sont tout aussi importants. Il est souligné, par exemple, qu'une politique peut servir d'instrument pour « aborder les enjeux liés à la production, à la transformation, à la distribution et à la consommation des aliments ». Dans la mesure où une politique nationale peut aider l'agriculture à régler quelques-uns de nos problèmes très particuliers, c'est tant mieux.
La documentation souligne aussi qu'un accès suffisant à des aliments abordables, nutritifs et salubres ne suffit pas en soi. De plus, les Canadiens, et là encore, je cite les documents, « ont besoin d’information pour faire des choix alimentaires sains », et nous sommes entièrement d'accord. Cela explique aussi pourquoi nous avons participé aux consultations avec Santé Canada sur le nouveau Guide alimentaire canadien.
Cependant, pour qu'une politique alimentaire nationale soit fructueuse et utile dans la vie des Canadiens, elle doit, à notre sens, réunir plusieurs éléments. Tout d'abord, les producteurs agricoles doivent y occuper une place fondamentale. Il ne suffit pas qu'ils soient un des « piliers » ou qu'ils soient simplement « consultés ». Les producteurs jouent un rôle fondamental. Sans la base de dizaines de milliers d'agriculteurs canadiens qui produisent des aliments salubres et de qualité de manière compétitive et durable, il ne reste pas grand-chose d'une politique alimentaire nationale, si ce n'est déterminer comment on va s'y prendre au juste pour nourrir quelque 35 millions de Canadiens.
Le manque de représentation agricole à certaines des tables rondes de la consultation et le ton qu'a parfois pris ce dialogue nous ont quelque peu préoccupés. Quand nous entendons dire des choses comme l'agriculture ne devrait pas être le moteur d'une politique alimentaire, nous nous demandons si on reconnaît bien le rôle fondamental des producteurs.
Ensuite, il est très important de reconnaître que les producteurs agricoles admettent et respectent les points de vue des autres intervenants et, même si quelques tensions naturelles se font sentir, tout le monde doit comprendre que les producteurs s'investissent déjà pleinement dans les quatre piliers et y sont attachés. Par exemple, nous voulons tous un accès à des aliments abordables. L'industrie bovine actuelle est très novatrice et évoluée. Elle utilise un certain nombre de technologies de production éprouvées et sûres, comme les implants de croissance, les vaccins, les rations soigneusement calculées, les suppléments alimentaires spécialisés avec vitamines et minéraux, les étiquettes à radiofréquence, les méthodes de gestion de pointe et même des ordinateurs à côté des glissières équipés de logiciels de traçage des animaux. Tout cela améliore notre efficacité et notre productivité et réduit au minimum les coûts de production, ce qui nous permet d'élever plus de bovins de qualité en utilisant moins de ressources et de le faire d'une manière sécuritaire et abordable.
Les producteurs travaillent chaque jour avec ces quatre piliers. Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas faire mieux, mais que les Canadiens doivent se rappeler que l'agriculture et l'agroalimentaire, c'est aussi du commerce et que la politique alimentaire ne doit pas désavantager les producteurs sur le plan économique. Sans cela, nous mettons en danger la production alimentaire du pays. Si nous voulons produire plus d'aliments et qu'ils continuent d'être abordables, nous devons nous concentrer sur notre compétitivité, ce qui veut dire continuer d'investir dans la recherche, le développement, l'innovation et la technologie, et régler un certain nombre de problèmes de compétitivité, qu'il s'agisse de trouver de la main-d'oeuvre, d'alléger le fardeau réglementaire ou même d'investir dans l'infrastructure rurale.
Enfin, nous devons faire en sorte que toutes les politiques fédérales, et même provinciales, soient harmonisées. L'accent est clairement mis sur l'agriculture dans le budget de 2017. Nous avons le rapport Barton. Nous avons le nouveau programme Partenariat canadien pour l'agriculture. Nous avons le nouveau Guide alimentaire canadien, et maintenant l'idée d'une nouvelle politique alimentaire nationale. Toutes ces initiatives doivent fonctionner ensemble et être harmonisées.
À tout bien réfléchir, nous oublions peut-être un cinquième pilier — il a été mentionné plus tôt cet après-midi — relatif à l'éducation, à l'information, à la confiance du public et au pacte social. Dans leur immense majorité, les Canadiens n'ont pas la moindre idée ou presque de la façon dont leurs aliments sont produits et de la raison pour laquelle ils sont produits de cette façon. Il y a là une immense lacune à laquelle une politique alimentaire nationale doit, me semble-t-il, remédier.
Le gouvernement a dans une large mesure renoncé à éduquer le consommateur en ce qui concerne l'agriculture, mais il pourrait renouer avec ce rôle en en faisant un point fort de la politique alimentaire nationale. Les Canadiens devraient avoir le choix par rapport à leurs aliments, mais ce choix devrait aussi être éclairé.
Je voudrais juste donner deux exemples avant de terminer.
Par exemple, certains Canadiens pensent que le boeuf nourri à l'herbe est tout simplement supérieur au boeuf fini au grain. Cependant, est-ce que ces Canadiens savent que les bovins nourris à l'herbe produisent cinq fois plus de méthane que ceux nourris au grain? Savent-ils que le méthane est un gaz à effet de serre au potentiel de réchauffement égale à 25 fois celui du dioxyde de carbone? Savent-ils que dans les années 1950, il fallait 10 unités d'intrants pour produire une unité de boeuf, alors qu'aujourd'hui, il en faut seulement six? Savent-ils que si nous utilisions les techniques des années 1950 pour produire le boeuf aujourd'hui, il nous faudrait 45 autres millions d'acres?
Ce sont autant de données importantes qui conduisent à un choix éclairé. Fin septembre...
:
Bonjour, mesdames et messieurs.
Je vais partager mon temps de parole avec mon collègue Martin Shields.
J'ai plusieurs questions à vous poser. Je suis nouvellement arrivée au Comité permanent de l'agriculture et j'ai reçu beaucoup d'informations. Une chose me préoccupe. On parle beaucoup des aliments à prix abordable.
La nouvelle génération, dont les membres sont un peu plus jeunes que nous, manque de temps entre les enfants, l'école et les sports, et elle achète beaucoup de produits congelés. C'est une réalité répandue dans nos communautés. On veut des aliments abordables, or le gouvernement impose de nombreuses taxes. Je représente une circonscription rurale, et les agriculteurs s'inquiètent de la nouvelle taxe. Comment peut-on pallier cela?
Quand on va dans les épiceries, les bons aliments et les fruits et les légumes sont toujours un peu plus chers que les croustilles, le chocolat et le cola. Il faut donc éduquer les jeunes, mais comment doit-on le faire? Comment pouvons-nous tous faire pour nous garantir une alimentation saine et abordable?
On se tourne de plus en plus vers les produits biologiques, ou bios, or ils sont beaucoup plus chers que les produits ordinaires. Le prix d'une carotte bio et celui d'une carotte ordinaire ne sont pas tout à fait les mêmes. Alors, comment peut-on faire pour avoir des aliments à la fois sains et à prix abordable, tout en s'adaptant à la nouvelle vie d'aujourd'hui, au manque de temps des parents qui achètent de plus en plus des produits congelés? J'aimerais connaître votre opinion là-dessus.
Vous pouvez tous me répondre.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Très brièvement, il me semble qu'on a mentionné la partie éducation, mais des partenariats sont essentiels pour que cela marche. Je sais, par exemple, que la politique de l'Association nationale des engraisseurs de bovins en matière de code d'éthique des exploitants de parcs d'engraissement est de tout premier ordre et qu'elle est appliquée. Voilà un partenariat que vous avez fait en sorte de développer. Pour revenir à la partie éducation, comme le disent les foires, « comment et où? ».
L'Alberta a depuis cinq ans environ des journées portes ouvertes dans les exploitations, les Alberta Open Farm Days. La foire mondiale de Toronto était un classique dans mon enfance, mais plus personne n'en entend parler. Ça ne marche pas. Nous devons trouver un autre mécanisme. Les journées portes ouvertes en Alberta sont l'occasion de faire découvrir les fermes, et les Albertains s'y pressent par centaines.
Casey, y a-t-il une réponse à donner aux producteurs et comment est-ce que cela fonctionnerait dans votre industrie?
:
Il y a, évidemment, une corrélation étroite entre les deux. La durabilité est liée, comme nous le savons tous, à l'utilisation des ressources, mais dans l'agriculture, c'est d'eau, de sols et de semences dont nous avons besoin. Ce sont des ressources très précieuses, or, elles sont aussi menacées par l'agriculture. L'agriculture en a besoin, et elles font aussi partie de l'équation et des problèmes environnementaux. À propos des changements climatiques, les témoins ont parlé très clairement du genre d'aliments que nous consommons et de la quantité de gaz à effet de serre que nous produisons. Il s'agit d'une question extrêmement importante.
Quand nous parlons de sécurité alimentaire, de long terme, nous devons d'abord comprendre comment on produit les denrées alimentaires. Une alimentation durable veut dire plus de produits biologiques, plus de systèmes agroécologiques que beaucoup de pays utilisent. Je suis certaine que beaucoup d'agriculteurs canadiens pratiquent aussi l'agroécologie, mais le problème est que le gouvernement devrait vraiment appuyer ces types de projets et ces types de pratiques agricoles.
De plus en plus, avec l'agriculture intensive dans laquelle nous nous engageons, nous produisons de plus en plus de denrées alimentaires, mais notre système alimentaire ne fonctionne pas. Par exemple, un des députés parlait d'abordabilité. Des aliments nutritifs, des aliments surgelés, voilà une question importante et sérieuse parce que c'est là que doit aller notre argent en tant que gouvernement. Si nous voulons soutenir les petits agriculteurs ou l'agroécologie ou les producteurs de denrées alimentaires durables, c'est le meilleur investissement possible, plutôt que d'encourager l'agriculture à grande échelle tournée vers l'exportation.
:
Je sais que mon collègue d'en face a parlé de gaspillage alimentaire. Il se trouve que je soulève le sujet à la Chambre depuis 2012. Le Canada ne fait pas figure d'exemple dans la lutte contre ce type de gaspillage. Je comprends qu'une grande partie du gaspillage alimentaire est domestique et que nous ne pouvons pas contrôler ce que les gens font chez eux, mais il me semble que le gouvernement fédéral peut beaucoup faire au chapitre de l'éducation.
Par ailleurs, d'autres pays ont décidé d'adopter des lois interdisant le gaspillage alimentaire. Je ne parle pas de donner aux Canadiens des produits avariés et de les rendre malades, mais il y a des projets fantastiques au Québec. À Montréal, en Mauricie et dans la région de Lanaudière, il existe des partenariats remarquables entre des supermarchés et des banques alimentaires. J'aimerais beaucoup qu'un jour, il n'y ait plus de banques alimentaires, que plus personne ne vive dans la pauvreté, mais le gouvernement fédéral doit prendre des mesures.
Pouvez-vous nous parler du gaspillage alimentaire?
Je ne sais pas combien de temps il me reste, mais s'il m'en reste, j'aimerais aussi que vous nous parliez de l'importance de l'agroécologie. Il en a été question plusieurs fois au Comité au cours de cette étude. Le gouvernement informe-t-il assez les agriculteurs pour les amener à renoncer à une utilisation excessive de pesticides ici, au Canada?
:
L'agroécologie est également liée, de manière générale, au gaspillage alimentaire. On entend par agroécologie le fait de ne pas produire plus qu'on ne consomme. Nous parlons d'une activité de production plus responsable.
Dans les pays développés, le gaspillage alimentaire se produit au niveau des consommateurs. Si vous allez dans les pays en développement, on y gaspille aussi une grande quantité d'aliments, mais plus au niveau local. En fait, faute d'infrastructures, les producteurs n'ont pas accès au marché. Ce qui n'est pas le cas au Canada.
En fait, nous pouvons nous occuper des supermarchés. Nous devrions peut-être nous pencher sur le conditionnement parce que le gouvernement peut le réglementer. Par exemple, nous pourrions nous intéresser aux dates de péremption. Il est possible de les réglementer, car très souvent, les produits sont encore consommables après la date qui est apposée dessus, qui est donc une fausse date. Ainsi, quand on achète des pâtes au supermarché, on lit sur le paquet « À consommer avant 2018 », mais on peut très bien les manger en 2020. Je ne parle pas des produits laitiers ou de la viande parce que leur cas est très différent.
Le gouvernement doit réglementer la question des dates de péremption en travaillant véritablement en collaboration pour éduquer les consommateurs, de concert, évidemment, avec les agriculteurs. En gros, mieux vaut acheter nos produits alimentaires sur les marchés fermiers. C'est certes plus cher, nous le savons. Mais on consomme moins et on gaspille moins de denrées alimentaires parce que c'est à une plus petite échelle, au lieu d'aller au grand supermarché acheter des tomates pour 10 familles.
:
Non, ce n'était pas exactement ma question.
Nous voulons mettre en place une politique alimentaire, mais, en même temps, nous savons que nous avons fini de payer nos aliments ou le panier d'épicerie en moyenne à la mi-février. Parallèlement à cela, en ce qui concerne l'aspect planétaire, nous savons que, dès la mi-septembre, nous avons fini de consommer tout ce qui a été produit. Tôt ou tard, ce problème va nous rattraper.
Bien sûr, le Canada est un important pays producteur qui exporte beaucoup de ses produits. Toutefois, la situation planétaire va nous rattraper un jour.
J'aimerais donc savoir si vous connaissez une façon de faire ou des mesures que nous devrions mettre en place dans le cadre de notre politique alimentaire pour prévoir ce qui nous attend.
:
Je vous remercie de me poser cette question. Elle est importante parce qu'il existe une gouvernance mondiale autour de la sécurité alimentaire. C'est très récent. Peut-être vous rappelez-vous qu'il y a eu en 2008 une grave crise des prix des denrées alimentaires dans le monde et qu'il y a eu beaucoup d'émeutes.
C'était dans les pays en développement et, soudain, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé qu'il devait faire quelque chose. Le système alimentaire est très important et étroitement lié à notre sécurité. Dans le cadre de la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture qui a son siège à Rome...
En fait, Rome est une ville très importante. Nous y avons quatre organisations des Nations unies. Il y a la FAO, le Programme alimentaire mondial et le Fonds international de développement agricole, le FIDA, qui comprend les activités financières de l'ensemble du processus agricole, plus le Comité de la sécurité alimentaire mondiale.
Le Comité de la sécurité alimentaire mondiale est un modèle de gouvernance mondiale très intéressant. C'est le seul modèle onusien qui inclue des mécanismes du secteur privé et de la société civile, ce qui est très intéressant.
:
Je m'appelle Dag Falck. Je représente Nature's Path, entreprise familiale privée qui produit des aliments tous certifiés biologiques. Nous sommes la plus grande entreprise de produits biologiques pour le petit-déjeuner et les collations d'Amérique du Nord et nous sommes une entreprise sociale attachée à un triple résultat. Notre entreprise figure régulièrement sur la liste des meilleurs employeurs du Canada et nous exportons vers plus de 40 pays. Nous sommes propriétaires de 6 500 acres consacrées à l'agriculture biologique en Saskatchewan et au Montana. Nature's Path sert aussi de transformateur à de nombreuses exploitations biologiques familiales indépendantes qui représentent environ 100 000 acres en superficie agricole biologique.
L'alimentation joue un rôle essentiel dans la santé et le bien-être des Canadiens, mais elle a aussi un impact direct sur notre environnement, notre économie et nos collectivités. L'intégration de principes biologiques dans une politique alimentaire permet de régler des problèmes liés à la production, à la transformation, à la distribution et à la consommation des produits alimentaires. Une politique alimentaire qui adopterait l'éthique de Nature's Path, c'est-à-dire toujours laisser la terre en meilleur état que nous ne l'avons trouvée, aiderait le Canada à servir la cause de la population de la planète sur le chemin de la durabilité.
La part du marché des aliments biologiques est passée à 2,6 % dans la catégorie générale des aliments et des boissons dans les magasins de détail traditionnels. Elle était de 1,7 % en 2012. Par ailleurs, 66 % des Canadiens achètent chaque semaine des aliments biologiques et 88 % déclarent qu'ils maintiendront ou augmenteront leurs achats dans l'année à venir. En tant que producteur et importateur d'ingrédients biologiques bruts et qu'entreprise qui vend au Canada et à l'étranger, je dirais que la croissance des 8,7 % de part de marché des produits biologiques au Canada depuis 2012 ne fera qu'augmenter, les Canadiens continuant de réclamer des aliments qui correspondent à leurs valeurs et à leur mode de vie et ces produits devenant de plus en plus disponibles dans toutes les collectivités du pays.
Le Canada a une occasion de montrer l'exemple en adoptant la production biologique et en créant, dans le cadre de la politique alimentaire pour le Canada, des possibilités nationales et internationales qui donneront un triple résultat, c'est-à-dire qui profiteront à l'environnement, à l'économie et à la santé.
La faim est en augmentation dans le monde pour la première fois depuis plus de 10 ans, d'après la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Quelque 815 millions de personnes, soit 11 % de la population mondiale — principalement des enfants — souffrent encore d'insécurité alimentaire, la faute à qui, à un accès limité, à des infrastructures insuffisantes et aux changements climatiques. La macroéconomie et la stabilité politique constituent un gros défi dans la lutte contre la faim. L'augmentation des maladies d'origine alimentaire, de l'obésité, du diabète, et la résistance croissante aux antibiotiques pèsent lourdement sur les systèmes de santé dans des pays développés comme le Canada.
Malgré le caractère imprévisible de facteurs tels que les changements climatiques, les pertes de récoltes et l'instabilité des prix des matières premières agricoles, qu'aucun modèle de production ne permet encore de maîtriser, l'agriculture biologique représente une des grandes innovations du siècle écoulé en matière d'alimentation et d'agriculture. Elle repose sur une approche de systèmes socialement inclusifs et résilients sur le plan économique et écologique pour la production de denrées alimentaires et de matières brutes renouvelables. Son succès mondial est démontré par l'existence, en 2015, de quelque 2,4 millions d'exploitants répartis dans 179 pays qui contribuent à la production alimentaire en utilisant des ressources locales, ce qui réduit leur dépendance à l'égard d'intrants extérieurs et augmente leur propre résilience face aux chocs externes, aux fluctuations monétaires, au prix du pétrole et aux catastrophes naturelles.
Il est temps de reconnaître que l'agriculture biologique est un modèle efficace pour combattre les changements climatiques, ainsi que pour préserver la biodiversité, la fertilité des sols et la santé publique dans notre système alimentaire canadien.
:
Une politique alimentaire pour le Canada doit soutenir la prochaine génération, promouvoir la diversité des pratiques agricoles, la production et l'accès à des aliments sains. La politique alimentaire nationale devrait inclure et soutenir le développement de l'agriculture biologique comme modèle de production durable qui favorise la résilience des populations locales, en particulier des jeunes et des femmes, face aux changements climatiques et à l'insécurité alimentaire. La confiance du public dans les produits biologiques est au plus haut et 44 % des Canadiens estiment que les normes biologiques canadiennes tiennent leurs promesses.
Les nouveaux arrivants dans l'agriculture — des milléniaux et des femmes notamment — et les entrepreneurs sont attirés par la production biologique à une époque où on voit d'importantes pénuries de main-d'oeuvre dans les exploitations classiques et dans le secteur de la fabrication agroalimentaire. Cela tient non seulement au rapport supérieur associé à la vente de produits biologiques, mais aussi à la demande de produits biologiques et aux méthodes biologiques qui correspondent souvent à leur éthique. Selon les données du recensement de 2016, 29 % des exploitants qui pratiquent l'agriculture biologique déclarent un revenu agricole supérieur à 500 000 $. L'agriculture biologique offre donc une méthode viable pour lutter contre la pauvreté rurale et faire s'installer dans les campagnes des unités de fabrication de produits biologiques à valeur ajoutée.
Accroître l'accès à des aliments de qualité plus abordables et en augmenter la production doit concerner aussi les aliments biologiques. Il ressort d'une étude récente d'IPSOS que les Canadiens, tous revenus confondus, achètent toutes les semaines des produits biologiques, ce qui dissipe l'idée fausse selon laquelle les produits biologiques ne sont à la portée que des revenus plus élevés. En fait, 64 % des consommateurs dont le revenu est inférieur à 40 000 $ achètent des produits biologiques toutes les semaines, contre 70 % de ceux dont le revenu est supérieur à 100 000 $. Toutes régions confondues, au moins 60 % des personnes qui font leur épicerie achètent chaque semaine des produits biologiques, qui ne sont cependant pas encore accessibles pour tout le monde, que ce soit à cause de la méthode de production et du manque d'approvisionnement dans une région donnée. Le Canada doit adopter des politiques qui permettent aux consommateurs, où qu'ils se trouvent et quel que soit leur revenu, d'avoir accès à des aliments biologiques.
Afin d'atteindre tous les objectifs que nous avons proposés aujourd'hui, nous nous joignons à nos partenaires pour demander la création d'un conseil de la politique alimentaire nationale pour veiller à ce que des approches appropriées soient adoptées et à ce que la politique alimentaire nationale soit appliquée avec succès. Le conseil de la politique alimentaire nationale proposé serait un organisme parapublic auquel siégeraient divers intervenants issus du système alimentaire afin de superviser ensemble la mise en oeuvre et l'évaluation continue d'une politique alimentaire pour le Canada. En collaboration...
:
Je remercie les membres du Comité de nous donner l'occasion de présenter notre projet.
Je m'appelle Marc Allain. J'assume la direction générale pour la phase d'implantation de la Coopérative agroalimentaire du Nouveau-Brunswick. Mon vrai travail est celui de directeur général du Carrefour communautaire Beausoleil, à Miramichi. J'apporte cette précision, parce qu'il s'agit d'un élément pertinent de l'histoire que je vais vous raconter.
Je vais vous raconter une histoire qui s'est produite au Nouveau-Brunswick et qui a rapidement atteint les frontières des autres provinces. Les conclusions que nous en tirons sont pertinentes de façon globale.
La situation de la sécurité alimentaire au Nouveau-Brunswick est pour le moins préoccupante, pour ne pas dire pitoyable. Nous produisons présentement environ 13 % de notre nourriture. Il y a 40 ans, nous en produisions tout près de 75 %. Nous ne sommes donc pas dans la bonne voie.
Nous connaissons des difficultés en ce qui a trait à la disponibilité des produits, à l'entreposage et au transport. En fait, nous connaissons des difficultés liées à toute l'infrastructure qui apporte la nourriture là où on en a besoin. Ces obstacles sont collectifs, massifs, substantiels et difficiles à aplanir au moyen d'une seule initiative.
Or je vais vous parler de la situation opposée, c'est-à-dire de plusieurs initiatives qui, depuis quelque temps, ont été mises sur pied afin d'augmenter la consommation de produits locaux. Ces initiatives ont principalement cours dans les écoles, et elles sont presque exclusivement chapeautées par des organismes à but non lucratif. Nous avons regroupé ces forces, afin de créer le projet dont je vous parle. Le projet est la création de tous les partenaires que vous trouverez ici. Je vais laisser Google vous en apprendre beaucoup plus sur tous nos partenaires, car je n'ai pas le temps de le faire en sept minutes. Quelques recherches vous permettront entre autres d'apprendre que les trois plus grandes associations agricoles du Nouveau-Brunswick et trois fournisseurs de services alimentaires scolaires approvisionnent 32 écoles du Nouveau-Brunswick. Trente-deux écoles, cela ne semble pas être un nombre élevé, mais cela représente 10 % des écoles du Nouveau-Brunswick membres de la coopérative.
Le but de la Coopération agroalimentaire du Nouveau-Brunswick est de régler les problèmes que nous avons mentionnés plus tôt. Il s'agit d'un organisme incorporé en tant que coopérative à but non lucratif. Les membres votants de cette coopérative sont tous des organismes à but non lucratif. Il n'y a aucune obligation d'être membre pour faire affaire avec la CANB. Un membre n'a aucun autre privilège que le droit de payer sa cotisation et de siéger au conseil d'administration. Un membre et un non-membre traitent avec la compagnie sur le même pied.
Le mandat de la Coopération agroalimentaire est de fournie les produits alimentaires du Nouveau-Brunswick afin de répondre aux demandes du marché; de développer les marchés existants et les nouveaux marchés; et de veiller à ce que l'infrastructure se développe. En ce qui a trait aux écoles, pour paraphraser la chanson New York, New York,
[Traduction]
« If you can make it there, you can make it anywhere », autrement dit, si tu y arrives là-bas, tu y arriveras n'importe où.
[Français]
Nous vendons une assiette 5 $ ou 5,50 $, mais si nous décidions de la vendre 6 $, les parents nous lyncheraient. Si nous pouvons le faire dans une école, nous pouvons le faire n'importe où. Nous le faisons présentement dans 32 écoles, et nous allons approvisionner 60 écoles supplémentaires d'ici la fin de l'automne. Ainsi, un total de 92 écoles du Nouveau-Brunswick seront approvisionnées par cette coopérative qui redéfinit la façon de faire de la nourriture.
Nous commençons dans les écoles, mais nous ne nous y limitons pas. Notre but était de percer le marché des restaurants, des cafés et des services de traiteur au cours de la deuxième année, mais ces organismes se sont tournés vers nous au cours de la première année.
L'autre jour, notre gérant et moi avons réalisé que la coopérative était opérationnelle depuis 45 000 minutes. Nous avons obtenu le financement le 31 août 2017, et deux semaines plus tard, les écoles ouvraient leurs portes. En ce moment, nous devons faire du rattrapage, mais cette semaine, nous avons livré de la nourriture à 32 écoles, et cette nourriture provient du Nouveau-Brunswick.
Je porte maintenant mon chapeau de directeur général du Carrefour communautaire Beausoleil, à Miramichi. L'an dernier, nous avons acheté 1 500 livres de tomates et environ 500 livres de légumes variés de la Ferme Pouce vert, située à 30 kilomètres du Carrefour. Cette année, nous avons acheté 15 000 livres de tomates et 5 000 livres de légumes variés de la même ferme.
L'année dernière, M. Richard était bien content de notre commande. Cette année, notre commande a changé la réalité de sa production. Maintenant, nous sommes en mesure de distribuer ces produits-là, de les transformer et de les rendre disponibles à tous nos partenaires, qui, eux, sont en train de faire la même chose avec les produits dans lesquels ils se spécialisent. Nous avons un chef exceptionnel qui se spécialise dans la préparation de sauce tomate et de légumes congelés.
En septembre, tout le monde peut acheter des produits du Nouveau-Brunswick, mais en janvier, c'est un peu plus difficile. Pour remédier à la situation, nous les congelons d'avance pour qu'ils soient disponibles en janvier. Nous faisons notre part, tout comme l'Early Childhood Community Development Centre, à Fredericton, avec ses quatre écoles et un café, donc cinq cuisines commerciales.
Notre école compte 279 élèves. L'an dernier, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 193 000 $. Ce ne sont pas les enfants qui ont mangé toute cette nourriture. Il y en avait dans les cafés et dans les restaurants de Miramichi. Dans le cadre d'un seul événement de traiteur, en septembre de l'an dernier, nous avons réalisé le même chiffre d'affaires que celui qui a été généré par la cafétéria pendant le même mois.
Les marchés existent et ils sont accessibles. Il s'agit de lever les obstacles, et Coopération agroalimentaire du Nouveau-Brunswick est là pour ça.
:
Nakur,miik. C'est un honneur de m'exprimer devant vous en qualité de dirigeant inuit national sur le sujet très important de la politique alimentaire pour le Canada.
On nous considère souvent, nous Inuits, comme très exotiques, que ce soit parce que nous vivons dans l'Inuit Nunangat, l'Arctique canadien, ou parce que nous mangeons du béluga, du narval, de la baleine boréale ou de l'omble chevalier. Cela fait rêver les Canadiens et le reste du monde. Malheureusement, dans la dernière génération, au cours des 20 à 30 dernières années, il est devenu plus difficile de continuer de manger nos aliments, notre nourriture traditionnelle. Quant à l'insécurité alimentaire, les inégalités sont énormes dans nos collectivités.
Nous ne manquons pas de résultats d'études, parfois contradictoires, sur le taux d'insécurité alimentaire dans nos communautés. Selon le type d'étude, l'endroit où elle a été réalisée et les populations visées, il va de 24 % dans le Nunavik, dans le Nord du Québec, en fonction des questions posées et des méthodes utilisées, à 70 % au Nunavut, d'après l'enquête sur la santé des Inuits et celle sur la santé des enfants. De manière générale, d'après les données de l'Enquête auprès des peuples autochtones, l'EAPA, environ 52 % des Inuits du Canada déclarent que leur foyer souffre régulièrement d'insécurité alimentaire. L'écart est énorme avec les Canadiens non inuits à ce chapitre.
Entre autres chiffres qui expliquent cette situation, il y a l'écart de revenu médian. Dans l'Inuit Nunangat, il est de 60 000 $, soit 18 000 $ pour les Inuits et 78 000 $ pour les non-Inuits qui vivent dans l'Inuit Nunangat, territoire inuit qui réunit les quatre régions visées par nos traités modernes ou par les ententes sur les revendications territoriales globales.
Le problème est frappant, car comment fait-on pour aller acheter de la nourriture au magasin quand on a un revenu médian inférieur au seuil de pauvreté? De plus, notre alimentation traditionnelle dépend de l'environnement et de notre interaction avec l'environnement sur fond de changements climatiques et aussi d'évolution sociale où nous dépendons plus à présent des Ski-Doo et des bateaux, et de tout l'argent qu'il faut pour pêcher et chasser autrement. Nos modes de vie traditionnels et nos liens traditionnels avec l'environnement sont compromis. Une politique alimentaire canadienne ne veut pas nécessairement dire que nous allons changer tout cela dans le cadre de la politique, mais je crois que nous devons aller dans la bonne direction.
Ce sont des milliards de dollars de subventions qui sont versés chaque année dans ce pays pour amener la nourriture dans l'assiette des Canadiens, mais il n'y a pas eu à ce jour de débat approfondi pour trouver des solutions pour que les Inuits connaissent la sécurité alimentaire et que ce soit dans le respect de notre vision du monde et aussi par rapport à notre réalité. Nous avons des programmes de subventions, comme Nutrition Nord Canada, qui essaient de faire baisser le prix des aliments sur le marché au sein de nos communautés, mais nous manquons toujours énormément d'infrastructures.
Beaucoup des aliments qui arrivent dans nos communautés ne sont pas frais. Une grande partie est abîmée et pratiquement immangeable à l'arrivée à cause de l'organisation et de la façon dont, faute d'infrastructures pour acheminer les fruits et légumes d'Ottawa à Rankin Inlet ou à Pond Inlet, il faut passer par plusieurs aéroports qui n'ont pas d'unité de réfrigération. Je ne connais pas beaucoup d'autres Canadiens ni beaucoup d'autres détaillants dont une partie des fruits et légumes se retrouvent sur un traîneau, un komatic, ou à l'arrière d'un pick-up par -40 °C.
Nous souhaitons aussi beaucoup préserver nos traditions. Dans le passé, et même aujourd'hui, les provinces et les territoires où vivent les Inuits versent des subventions pour permettre un nouveau mode de pêche et de chasse de nos espèces traditionnelles pour que nous puissions utiliser les ressources durables que nous avons dans nos territoires au mieux de nos capacités.
Nous chassons le caribou. Nous chassons le phoque et le boeuf musqué, et nous pêchons l'omble. Mais c'est difficile pour tout le monde, surtout à cause du manque de politique claire sur le fonctionnement des subventions. Ce n'est pas comme si nous allions avoir un jour des marchés d'aliments traditionnels rentables dans tout l'Inuit Nunangat, étant donné la taille de notre territoire, 3,3 millions de kilomètres carrés, notre petite population, 60 000 personnes réparties dans 53 communautés, et le fait que toute activité, entretien ou bâtiment en dur est très cher dans nos communautés.
Il existe des solutions communautaires, mais il faut avoir de l'imagination. Pour travailler dans l'Inuit Nunangat, il faut penser différemment les programmes, les conditions, le financement, les subventions et leur raison d'être.
On ne produit pas de blé dans l'Inuit Nunangat. On n'y trouve pas de grandes cultures que vous allez prendre en considération dans votre étude, mais nous avons un espace homogène qui constitue 33 % de notre masse terrestre, 50 % de notre littoral et un groupe autochtone qui cherche une nouvelle voie et veut des aliments qui viennent du Sud, mais tient aussi à protéger son mode de vie, sa société et sa culture.
Nakurmiik.
:
Bonjour à tous. Je vous remercie d'être ici.
Monsieur Obed, je vous remercie de nous avoir éclairés sur ce que vous vivez. Ici, nous sommes dans notre monde, dans notre bulle, et très peu de gens ont eu la chance de visiter le Nunavut. De mon côté, j'ai eu la chance d'y aller il y a huit ans, et je me rappelle avoir été très surprise du prix élevé des aliments là-bas.
Quand il est question d'aliments abordables, plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, notamment la distance, comme M. Obed l'a dit. Il y a aussi les produits biologiques. De plus en plus de personnes achètent ces produits, mais ils ne sont pas toujours abordables pour le commun des mortels. Pourquoi les tomates biologiques, par exemple, coûtent-elles quatre fois plus cher que les tomates ordinaires? Les personnes qui n'ont pas beaucoup de moyens achèteront des tomates non biologiques parce que, dans leur esprit, c'est tout de même des tomates.
J'aimerais que vous m'expliquiez pourquoi les aliments biologiques coûtent beaucoup plus cher que les aliments non biologiques. Que faudrait-il faire pour que les aliments biologiques soient à des prix abordables pour le commun des mortels?
:
Plusieurs facteurs interviennent dans la production d'aliments biologiques qui sont un peu différents de ce qui se passe dans le cas des aliments courants ou non biologiques. Il y a notamment la question des coûts de production, car nous n'avons pas un arsenal d'outils aussi pratiques pour relever les défis de l'agriculture. Nous devons utiliser des méthodes qui ne sont peut-être pas aussi rentables. Dans bien des cas, il faut plus de main-d'oeuvre. C'est un des facteurs qui entrent en ligne de compte.
Il y a, par ailleurs, le coût de la certification, les frais à engager pour être certifiés et pour tenir les papiers à jour parce qu'il s'agit d'un système de garantie. Il faut garantir qu'on utilise une certaine quantité, les méthodes prescrites, et pas des méthodes qui ne sont pas prescrites ou autorisées. Cela demande un engagement supplémentaire et suppose aussi des coûts en plus.
Le troisième facteur est qu'il y a moins d'aides parce qu'il s'agit encore d'un marché relativement spécialisé. Comme c'est un petit segment de l'agriculture qui est biologique, le système de soutien à cette forme d'agriculture n'est pas aussi développé. Il y a moins, voire pas, de subventions et l'infrastructure n'est pas aussi développée. Il y a moins, par exemple, d'établissements de nettoyage des semences pour céréales qui sont en mesure de les séparer des autres, et ainsi de suite. Pour toutes ces raisons, il y a un coût supplémentaire.
Nous revendiquons souvent, entre autres, la qualité. Nous sommes fiers de produire des aliments de la meilleure qualité. Si nos aliments sont de meilleure qualité, ils apportent sans doute plus de bienfaits au poids que les aliments courants. Si tel est le cas, ou si les consommateurs choisissent de croire que tel est le cas ou le croient, ils ont le sentiment que cela fait partie de ce qu'ils obtiennent, alors le prix n'est pas forcément aussi élevé en comparaison.
Dans notre entreprise, Nature's Path, nous considérons, comme vous dites, que tout le monde devrait avoir accès à des aliments et que nous ne devrions pas fixer les prix de sorte que tout le monde n'ait pas accès à nos produits. Notre coût supplémentaire est généralement de 10 % à 15 % sur les céréales. Si on prend différentes catégories d'aliments, on voit que le supplément dépend des coûts de production et de tous les autres facteurs que j'ai mentionnés. Il est beaucoup plus élevé pour la viande. On peut aller jusqu'au double pour les fruits et légumes, mais pas forcément. C'est aussi le double ou plus pour les produits laitiers en général. La gamme est large.
:
Merci monsieur le président. Vous faites du beau travail. C'est bien de vous voir occuper cette position aujourd'hui.
Je remercie chacun de nos témoins, qui ont fourni des témoignages très intéressants en vue de proposer une politique alimentaire à notre gouvernement.
Je vais laisser une minute de parole à Mme Dabrusin à la suite de mes questions.
Je vais commencer par vous, monsieur Obed. Vous avez parlé d'accès à la nourriture et d'insécurité alimentaire. Monsieur Falck, vous avez également parlé d'insécurité alimentaire chez les enfants. Selon certaines recherches, un grand nombre de Canadiens vivent dans l'insécurité alimentaire. On parle de près de 4 millions de personnes, soit un enfant sur six. C'est très malheureux, en effet, et c'est évidemment encore pire dans les régions nordiques, comme celle où vous vivez, monsieur Obed.
Je voudrais qu'on reprenne la discussion pour savoir comment les communautés du Nord, en coopération avec le gouvernement du Canada, peuvent mettre des stratégies en place. Je considère que c'est un élément extrêmement important.
Comment pouvons-nous travailler ensemble pour élaborer des stratégies, des solutions, ou des solutions de rechange pour faire face à la situation?
:
De plus, au Nouveau-Brunswick, c'est dans la région de Miramichi que le problème est le plus criant. C'est un problème extrêmement présent chez nous, et c'est l'une des raisons d'être du Carrefour communautaire Beausoleil et de son engagement.
Le Carrefour a joué un rôle prédominant dans notre projet, et vous venez de mentionner une des raisons principales pour lesquelles nous l'avons mis sur pied. Il y a évidemment le besoin de se nourrir, et le développement économique ainsi que le développement communautaire sont importants, mais il y a d'abord et avant tout la santé de nos enfants.
Il y a deux ans, nous avons fait le choix de reprendre en main nos services alimentaires, de dire « non, merci » à la compagnie qui les gérait à ce moment. Nous avons embauché un chef cuisinier avec 35 ans d'expérience, qui travaillait auparavant dans un foyer pour personnes âgées. Nous l'avons recruté pour qu'il réinvente la façon dont nous nourrissons nos enfants. Cela ne s'arrête pas à ce qu'on met dans l'assiette, cela ne suffit pas.
Les enfants nous arrivent à l'âge de 2 ans. Nous avons un programme de maternelle, mais il y a aussi un service de garde pour les plus jeunes. Notre chef a offert des ateliers sur la nourriture aux enfants du service de garde, les plus jeunes, ceux de 2 ans. Il en a aussi offert aux jeunes du secondaire. C'est là qu'il faut commencer à redéfinir notre rapport à la nourriture. Si nous voulons nous attaquer à des problèmes aussi profonds et aussi systémiques...
:
Les envois n'ont plus de secret pour quiconque vit dans l'Inuit Nunangat. Tout le monde sait comment acheter en ligne, ce qu'il ne faut pas expédier et ce qu'il faut expédier. Amazon Prime et d'autres avant lui ont offert la livraison gratuite dans certains cas, dans certains endroits, mais c'est difficile du point de vue de la viabilité. Expédier même un tout petit colis d'un kilo, un kilo et demi, de pas plus d'un pied de diamètre, de la capitale du Nunavut, Iqaluit, à Ottawa peut coûter jusqu'à 50 $.
Quand des entreprises comme Amazon Prime offre la livraison gratuite, les gens accourent et les utilisent davantage que dans le Sud. Il y a toujours un risque, cependant, que le service soit supprimé à tout moment.
Le problème, c'est que la circulation des marchandises dans ce pays n'est pas équitable, surtout en ce qui concerne les biens et les services essentiels. Sur nos 53 communautés, seule une est desservie toute l'année par une route. Nos ports, nos pistes d'atterrissage constituent notre infrastructure essentielle. Nous n'avons pas de réseau ferré. L'absence de tous ces éléments d'infrastructure fait augmenter le prix de tout ce qui arrive dans nos communautés, périssable ou non périssable.
Je pense que nous en sommes encore, dans l'Arctique canadien et l'Inuit Nunangat, à l'étape de la construction de la nation. Cet exemple d'une entreprise de vente au détail en ligne en particulier et de la livraison gratuite qu'elle propose n'est qu'un élément d'un tableau beaucoup plus grand dont nous devons, à mon sens, régler les problèmes.
:
C'est excellent. Je vais prendre cela en note en vue d'une recommandation.
Lors du 41e Parlement, ma collègue Mme Quach a déposé un projet de loi sur l'achat local. Malheureusement, le gouvernement conservateur de l'époque a voté contre. Cependant, elle va déposer son projet de loi de nouveau.
Pouvez-vous nous parler brièvement de l'importance qu'aura l'achat local dans la prochaine politique alimentaire?
[Traduction]
S'il me reste assez de temps, j'aimerais poser une autre question sur la façon dont cette stratégie alimentaire peut soutenir le secteur des produits biologiques. Il me semble que de plus en plus de Canadiens sont curieux de savoir d'où viennent leurs aliments. Quand ils en ont les moyens financièrement, ils achètent bio, ils posent des questions, et ils réclament un étiquetage obligatoire des OGM.
Pouvez-vous en dire un peu plus à ce sujet?
Je ne sais pas combien de temps il me reste.