Opera.ca est l'association nationale pour l'opéra au Canada, qui représente 14 compagnies professionnelles de production de partout au pays ainsi que des entreprises affiliées, des sociétés et des personnes. Nous sommes reconnaissants de la possibilité de nous adresser au Comité concernant la question de la parité hommes-femmes et le félicitons d'étudier cet enjeu important.
La parité hommes-femmes est une question que le secteur de l'opéra prend aussi au sérieux que le gouvernement, et nous avons mis en œuvre plusieurs initiatives visant à apporter un changement dans ce domaine, lesquelles sont harmonisées avec un grand nombre de nos recommandations. Je vais d'abord lire nos recommandations, puis je vous expliquerai un peu ce qu'elles veulent dire et comment Opera.ca leur a donné suite.
Notre première recommandation, c'est que le ministère du Patrimoine canadien commande une recherche d'analyse portant sur la représentation des sexes et la diversité afin que l'on puisse mieux comprendre l'étendue et la profondeur du problème et qu'il communique ces conclusions. Dans le secteur de l'opéra, collectivement, nous n'avons pas encore atteint la parité hommes-femmes parmi les cadres supérieurs et dans les conseils d'administration. J'affirmerais que, dans le milieu de l'opéra, ce sont les directeurs généraux, et non pas les directeurs artistiques, qui sont souvent les plus hauts dirigeants. Les chiffres actuels concernant la proportion de femmes à l'échelon des directeurs généraux se situent à 43 %. Comme notre secteur est petit, cela correspond à six femmes. À l'exception d'une seule, ces femmes dirigent toutes les plus petites organisations. La proportion de femmes aux conseils d'administration des entreprises au Canada est d'en moyenne 46 %, ou 90 postes sur 200.
Ces chiffres montrent une amélioration au cours des trois dernières années, car le secteur de l'opéra a récemment fait l'objet de nombreux changements à l'échelon des cadres supérieurs, lesquels ont amélioré notre parité. Des femmes ont été nommées à trois des huit postes de haute direction qui ont dû être pourvus au cours des trois dernières années. Nous avons également recueilli des données sur la parité dans le secteur, qui s'étendent au-delà de la haute direction et des conseils d'administration, jusqu'à des domaines tels que les chefs d'orchestre et les metteurs en scène, où il y a beaucoup de travail à faire avant que l'on puisse atteindre la parité. C'est très important parce que le Comité étudie l'aspect administratif et lié à la gouvernance de la situation et que nous nous penchons également sur la direction artistique.
Les recherches à venir comprendront des statistiques sur la parité dans tous les postes de direction d'une compagnie d'opéra afin que l'on puisse comprendre pleinement la profondeur du problème. La recherche est essentielle, non seulement pour ce qui est de comprendre le problème, mais aussi en tant qu'étape clé de l'établissement d'une base de référence afin que nous puissions mesurer les améliorations au fil du temps et établir des résultats ou attentes explicites relativement à la parité hommes-femmes.
Notre deuxième recommandation, c'est de travailler avec les organisations du secteur et avec des organismes nationaux de services dans le domaine des arts afin d'établir des cibles et des échéanciers réalistes et atteignables et d'échéanciers réalistes et qui peuvent être respectés pour l'atteinte de la parité hommes-femmes, si l'on adopte un modèle de quotas ou une approche norvégienne. En tant qu'association représentant le secteur de l'opéra, nous nous concentrons sur le changement en ce qui a trait à la parité hommes-femmes et sommes en train non seulement de déclarer des initiatives de changement, mais aussi d'établir pour le secteur des cibles et des échéanciers qui pourront être acceptés par les compagnies membres. Nous le faisons parce que nous comprenons qu'il est important que les déclarations de changement soient appuyées par des plans d'action, des cibles et des échéanciers.
Toutefois, en tant qu'association fondée sur l'adhésion, nous nous concentrons sur l'incitation au changement, car nous manquons de leviers pour le rendre obligatoire, mais nous croyons savoir que le ministère du Patrimoine canadien, en tant que bailleur de fonds, pourrait choisir une approche axée sur les quotas. Nous recommandons que, si un modèle de quotas est envisagé, le ministère du Patrimoine canadien travaille avec les organisations du secteur à l'établissement de cibles réalistes et atteignables, compte tenu du fait que la durée du mandat des membres du conseil d'administration de ces organisations et leurs contrats d'emploi ne sont pas tous les mêmes.
Notre troisième recommandation, c'est de fournir un financement destiné à des programmes de ressources humaines qui éliminent les obstacles perçus à l'avancement des femmes jusqu'à des postes de direction et qui mettent l'accent sur le mentorat et sur les postes d'adjoint. La controverse récente au sujet des postes supérieurs dans le milieu des arts et de la culture au Canada qui seraient occupés par des étrangers — et un article est paru pas plus tard qu'il y a quelques mois à ce sujet dans le Globe and Mail — est exacerbée par le fait que des hommes blancs étrangers ont été nommés à la plupart de ces postes. On utilise souvent la perception que l'on manque de Canadiens qualifiés et, par extension, de femmes qualifiées pour occuper ces postes supérieurs afin de justifier cette situation. Certains formulent l'hypothèse selon laquelle le bassin de talents du Canada est trop petit, et d'autres se plaignent du manque de postes d'adjoint. Il s'agit d'un problème lié au cheminement professionnel qui mène à ces postes de direction. En outre, de plus en plus de données probantes indiquent un préjugé lié au genre relativement à ce dont un dirigeant doit avoir l'air, c'est-à-dire principalement d'un homme. C'était un article du New York Times paru en mars.
Dans son récent article intitulé « Canadian Performing Arts Leadership Audit », qui faisait partie d'un document important de recherche final pour sa maîtrise en administration des affaires, la consultante Jeanne LeSage a souligné que les réponses données dans un sondage à des suggestions concernant la sélection, le perfectionnement et la formation de la prochaine génération de dirigeants du secteur comprennent des notes élevées pour le mentorat et les postes d'adjoint.
En ciblant la perception selon laquelle un dirigeant est un homme et qu'on manque de mentorat offert dans le cadre de postes d'adjoint, Opera.ca est en train d'élaborer un programme de réseautage et d'observation au poste de travail pour les femmes. Il jumelle des dirigeantes dans le domaine à des protégées, qui acquièrent de l'expérience à titre d'adjointe. Dans le cadre de ce programme, nous espérons également renforcer et banaliser la perception selon laquelle les femmes peuvent être des dirigeantes. Il ne s'agit là que d'un type d'investissement dans les ressources humaines qui, selon nous, pourrait générer un changement significatif en ce qui a trait à la parité hommes-femmes.
Notre quatrième et dernière recommandation concerne l'établissement d'un partenariat avec des organisations de services afin d'offrir du perfectionnement professionnel et du soutien à la formation sur la gouvernance de conseils d'administration dans des sujets comme les préjugés liés au genre, les pratiques inclusives, l'équité, la diversité et l'accessibilité.
Malgré nos intentions et nos efforts, nous reconnaissons que ce sont non pas les associations qui prennent les décisions relatives à l'embauche, mais bien les conseils d'administration. Il pourrait exister des préjugés inconscients dans les pratiques d'embauche. Dans le secteur de l'opéra, les conseils d'administration n'ont eux-mêmes pas atteint la parité. Afin d'inciter le changement et s'attaquer aux préjugés implicites et inconscients dans les pratiques d'embauche, notre organisation instaure une nouvelle série de documents sur la gouvernance concernant l'équité et l'inclusion à l'intention des membres de conseils d'administration dans le secteur de l'opéra. Cette série de documents portera principalement sur la notion de responsabilité organisationnelle, une définition élargie de la gouvernance organisationnelle qui comprend la responsabilité à l'égard d'un éventail d'intervenants, y compris les employés, les bénévoles, le gouvernement et la collectivité. On étudiera précisément la façon dont la représentation des sexes et la diversité aux conseils d'administration contribue à une plus grande responsabilité organisationnelle. Ce programme est un exemple de la façon dont un investissement dans la formation des membres des conseils d'administration pourrait contribuer à l'atteinte de la parité hommes-femmes.
En guise de dernier commentaire, j'affirmerais que cet investissement pourrait être combiné à l'annonce récente d'une formation sur la création de lieux de travail sans harcèlement dans le secteur des arts et de la culture.
Merci.
Bonjour. Je suis très heureuse de comparaître devant vous aujourd'hui. Je suis la directrice et chef de la direction de la Galerie d'art d'Ottawa, et je suppose que je représente aussi les nombreuses galeries d'art municipales et régionales de partout au Canada. Certains d'entre vous ont peut-être entendu dire que nous avons ouvert notre nouvelle galerie en fin de semaine passée et que cela a été un énorme succès.
De nombreuses personnes, y compris les médias, ont été agréablement surprises du rôle dominant qu'ont joué les femmes dans notre projet. Notre équipe professionnelle, principalement composée de femmes, et moi-même, ainsi que nos partenaires du secteur privé dirigés par des femmes et les membres clés de l'équipe du projet de construction, avons réalisé un projet incroyablement complexe de 100 millions de dollars. Il semble que nous ayons fait voler en éclats certains préjugés concernant qui doit participer et ce qu'il faut pour mener un projet à bien.
Comme notre organisation accueille favorablement cette période de transition et de croissance, le moment est propice pour réfléchir à cette culture de changement vers la parité hommes-femmes en ce qui a trait au leadership, aux obstacles qui pourraient encore exister dans le secteur et à ses conséquences sur le mouvement en faveur d'un travail décent dans le milieu des arts. Il est certain que les annonces récemment faites par Patrimoine canadien, par le Conseil des Arts du Canada et par le Conseil des ressources humaines du secteur culturel concernant l'appui de la formation et le financement de l'admissibilité en ce qui a trait à des environnements de travail respectueux et sans harcèlement nous ont encouragés. Il s'agit d'une étape cruciale dans le travail visant l'établissement d'un nouvel environnement de leadership dans le domaine des arts pour améliorer la situation.
Selon une étude récemment menée par un magazine d'art canadien et fondée sur la liste des bénéficiaires d'un financement de base établie par le Conseil des Arts du Canada, les directeurs et les conservateurs des galeries d'art visuel canadiennes sont des femmes dans une proportion de 70 % et des hommes dans une proportion de 30 %. Cela semble être une bonne nouvelle, jusqu'à ce que l'on commence à examiner les postes importants au sein des institutions les plus puissantes du Canada et de l'Amérique du Nord dans son ensemble. C'est à ce moment-là que l'on observe une situation complètement inverse, où très peu de femmes occupent des postes supérieurs et où elles touchent 20 % de moins que leurs homologues masculins. Il semble malheureusement y avoir un plafond de verre dans les grandes institutions. Toutefois, il existe des exceptions dignes de mention — passées et présentes —, en particulier au Québec.
Des mesures doivent être prises aux plus hauts échelons des organisations de partout au Canada afin que plus de femmes soient nommées à des postes de direction. Les agences de recrutement de cadres doivent étendre leurs bassins et présenter plus de candidates, et les personnes qui prennent les décisions relatives à l'embauche des directeurs généraux des galeries et des musées doivent examiner consciemment leurs préjugés et reconnaître que l'expertise peut être obtenue à l'intérieur du Canada et détenue par des femmes.
Un grand nombre des rapports de recherche en RH que j'ai lus donnent à penser que les hommes font plus forte impression au moment de formuler leur vision et pour ce qui est d'incarner la confiance et l'expérience; ils donnent donc l'impression d'être des candidats plus solides. Il s'agit d'un préjugé que notre secteur perpétue. Dans le cadre de ma propre expérience des pratiques d'embauche, j'ai vu des candidates qui étaient bien équipées pour diriger. En entrevue, elles adoptent généralement un style différent. Elles pourraient affirmer leur expérience tout en reconnaissant les risques, en attribuant le mérite à d'autres personnes et en reconnaissant les aspects à améliorer.
Ces qualités doivent être attribuées non plus à de la faiblesse ou à un manque de confiance, mais plutôt à une force et à la capacité de communiquer honnêtement les activités et la situation dans leur ensemble. Être visionnaire ne consiste pas à gonfler son ego ou à employer un jargon sophistiqué afin de faire adopter à une organisation des plans qui ne sont pas viables. Être visionnaire, c'est reconnaître l'ensemble unique de circonstances qui touchent une organisation et qui, collectivement, la font avancer.
Dans l'ensemble du Canada, le secteur des arts profite de dirigeantes exemplaires qui ont apporté des changements positifs au sein de leur organisation. Parmi les exemples de ces changements, mentionnons le sauvetage de galeries et de musées en crise, des améliorations importantes des capacités organisationnelles, la construction et l'agrandissement d'installations, la collecte de fonds importants et l'augmentation considérable du nombre de visiteurs. Ce style de leadership préconise souvent des qualités comme une direction et un mentorat partagés et axés sur la compassion, la capacité d'adopter le changement et de rendre une organisation plus réceptive, et le talent nécessaire pour assurer une gestion financière saine.
En 2017, le Conseil des Arts du Canada a mis à jour ses politiques et exigé que les candidats au financement s'engagent à créer des politiques et des programmes organisationnels et artistiques qui reflètent la diversité de leur collectivité et de leur région géographiques. Maintenant, il demande que nous assurions la diversité au sein du personnel et — ce qui est encore plus important — au sein des conseils d'administration.
Aux échelons municipal et régional du pays, le secteur des arts est dominé par des dirigeantes qui ont monté dans la hiérarchie, qui ont établi des liens solides avec leur communauté et qui ont adopté un style de leadership authentique qui mène souvent à une excellence durable.
Les femmes mènent la charge pour s'assurer que les organisations du secteur des arts établissent et maintiennent des liens significatifs qui sont maintenant officiellement encouragés par les bailleurs de fonds et les gouvernements et qui encouragent implicitement, depuis des décennies, les organismes sans but lucratif du secteur à se responsabiliser à l'égard de leur mission et de leur collectivité. Pourtant, souvent, cet engagement à l'égard de la diversité n'a été ni reconnu ni appuyé; pire encore, il a parfois été miné par des membres de la direction. Il s'agit d'une situation très malheureuse.
Ce style de leadership authentique, qui a été reconnu par les organisations syndicales nationales dans leurs indicateurs, relatif au travail décent se retrouve de plus en plus au premier plan. De fait, notre propre organisation a été reconnue pour son travail dans le cadre du mouvement en faveur d'un travail décent par l'intermédiaire du réseau des organismes sans but lucratif de l'Ontario, dans son étude des pratiques prometteuses.
Plusieurs de nos pratiques ont été mentionnées, y compris l'équité et l'égalité salariales; une plateforme pour le partage des responsabilités liées au processus décisionnel, à la planification et à l'établissement de budget; des environnements de travail flexibles qui respectent les contraintes relatives au fait de prendre soin d'un enfant, d'un conjoint ou d'un parent; moins de postes contractuels et plus de postes permanents à temps plein, de mentorat et de possibilités de promotion; et des journées du mieux-être pour remplacer les congés de maladie.
Certes, nous savons qu'il y a des aspects à améliorer, notamment de meilleurs régimes d'assurance-santé et d'avantages sociaux ainsi que des politiques relatives au harcèlement qui comprennent un examen des mauvaises pratiques et des mauvais comportements.
En conclusion, je voudrais répéter l'appel lancé par d'autres organisations, comme celui de mon collègue de la Coalition canadienne des arts, afin que vous envisagiez d'adopter les recommandations suivantes: encore une fois, donner pour directive au ministère du Patrimoine canadien d'effectuer une analyse documentaire de la parité hommes-femmes dans le milieu des arts, en prêtant attention aux directeurs et aux conseils d'administration, car le secteur a besoin d'un tableau complet du problème; travailler avec le secteur des arts pour encourager les agences de recrutement offrant des services aux entreprises à s'assurer que toutes les recherches de cadres comprennent des candidats qui sont non seulement de sexe féminin, mais aussi des Autochtones, des handicapés, des allosexuels, des transgenres et des personnes de couleur; encourager le Conseil des Arts du Canada à étudier les pratiques exemplaires et à recueillir des données concernant les groupes prioritaires, car nous avons vraiment besoin de données complètes; fournir un financement destiné aux programmes de ressources humaines qui s'attaquent aux obstacles perçus à l'avancement des femmes; et offrir des possibilités de mentorat.
Merci beaucoup.
:
Merci, madame la présidente.
Bonjour, membres du Comité.
[Traduction]
Merci de m'avoir invitée à m'adresser au distingué Comité aujourd'hui au sujet de la parité hommes-femmes dans les organisations du secteur des arts aux échelons du conseil d'administration et de la direction artistique. Debbie Collins m'a gentiment offert de m'accompagner aujourd'hui, au cas où les députés souhaiteraient approfondir des questions sur le programme des droits de la personne et les enjeux touchant la parité au sein de notre organisation.
Nous voudrions remercier chacun des parlementaires ici présents de son aimable soutien à l'égard du Centre national des arts.
Le CNA est toujours heureux de s'adresser aux députés au sujet d'occasions qui s'offrent à lui et d'enjeux auxquels il fait face. Même si nous sommes situés juste en bas de la Colline du Parlement, nous sommes une organisation nationale qui agit à titre de catalyseur pour la diffusion, la création et l'apprentissage.
Chaque jour, nous collaborons avec des artistes et des organisations du domaine des arts de partout au Canada, et nous nous efforçons de changer les choses dans les collectivités de l'ensemble du pays. Notre rôle national accru est chapeauté par notre président et chef de la direction.
[Français]
M. Peter Herrndorf quittera son poste le mois prochain. Reconnu comme un leader et un visionnaire, il a fait rayonner les arts de la scène partout au pays.
[Traduction]
Il est également un chef de file dans un autre domaine: la diversité de genre. Grâce au plein appui du conseil de fiduciaires du CNA, notre équipe de la haute direction, dont 11 des 21 membres sont des femmes, s'est assurée que la parité hommes-femmes avait été atteinte.
L'équipe de la haute direction comprend Mme Jayne Watson, la chef de la direction de la Fondation du CNA, notre organe de financement privé.
Quant à notre équipe de direction artistique, cinq des sept membres, ou à peu près 71 %, sont des femmes. Il s'agit notamment de Cathy Levy, de Montréal, productrice générale, Danse; de Brigitte Haentjens, aussi de Montréal, qui dirige notre Théâtre français; de Jillian Keiley, de St. John's, Terre-Neuve, qui dirige le Théâtre anglais; de sa concitoyenne terre-neuvienne Heather Moore, qui est la productrice artistique de notre Fonds national de création; et, enfin, de Heather Gibson, une Manitobaine habitant à Halifax, qui dirige notre série des spectacles CNA Présente, mettant en vedette des musiciens canadiens.
De plus, trois de nos directeurs artistiques associés sont des femmes.
[Français]
Ces femmes, ces leaders, font partie des équipes de direction administrative et artistique du CNA. Elles nous aident à raconter les histoires du Canada et à mettre en valeur des voix féminines à l'échelle du pays. Elles inspirent les dirigeants et les futurs leaders du monde des arts et elles donnent l'exemple aux organisations artistiques d'ici et d'ailleurs.
[Traduction]
En outre, depuis quelques années, le CNA maintient une très bonne représentation générale des femmes au sein de ses effectifs. Selon le dernier rapport d'étape sur l'équité en matière d'emploi préparé par la Commission canadienne des droits de la personne en janvier 2016, les femmes sont bien représentées dans tous les groupes professionnels du CNA, et près de la moitié des postes sont occupés par des femmes. C'est un taux supérieur à la moyenne de l'industrie. À cet égard, nos bons résultats contribuent à une meilleure représentation des femmes dans l'ensemble de l'industrie.
Malheureusement, lorsque nous regardons le nombre de femmes occupant un poste de directrice artistique au Canada en général, nous avons encore beaucoup de chemin à faire. À un certain moment, l'an dernier, nous avons été surpris d'apprendre que Jillian Keiley, directrice de notre Théâtre anglais, était la seule directrice artistique parmi les plus grands théâtres sans but lucratif au Canada, en conséquence d'un certain nombre de changements qui sont survenus au cours des dernières années. Depuis, heureusement, nous avons vu la nomination d'un certain nombre de femmes brillantes au titre de directrice artistique. Il s'agit notamment d'Ashlie Corcoran, aux Arts Club de Vancouver, et d'Eda Holmes, au théâtre Centaur de Montréal. Quoi qu'il en soit, parmi les grands théâtres, les directeurs artistiques demeurent majoritairement des hommes.
Dans le monde orchestral, les directeurs musicaux sont principalement des hommes. Toutefois, les chiffres augmentent à l'échelon de la direction générale. Soixante pour cent des directeurs généraux des 10 grands orchestres du Canada sont des femmes.
[Français]
Dans le monde de la danse, on voit plusieurs femmes chorégraphes à la tête de compagnies, qu'elles ont parfois fondées elles-mêmes. Mais quand on se tourne vers les grands ballets, on voit que les femmes occupant des postes élevés, par exemple Karen Kain, au Ballet national du Canada, et Emily Molnar, au Ballet BC, sont plutôt rares.
[Traduction]
Dans l'industrie de la musique enregistrée, il y a une représentation importante des femmes aux échelons de la direction générale et de la direction artistique dans les grands festivals sans but lucratif, mais très peu de femmes sont aux commandes de festivals commerciaux. Pour qu'il y ait plus de femmes, un plus grand nombre d'entre elles doivent avoir la possibilité d'effectuer des stages et des formations en apprentissage et d'acquérir de l'expérience dans des postes de soutien. Toutefois, la plupart des organisations ne peuvent pas se permettre d'investir dans des employés à cet échelon, et les fonds destinés aux formations en apprentissage sont limités. Afin de contribuer à accroître le nombre de directrices artistiques, il faudra créer davantage de possibilités de formation.
Dans le domaine du théâtre, nous sommes encouragés de constater qu'un plus grand nombre de possibilités de formation deviennent accessibles. À Montréal, cette formation comprend le nouveau programme de direction artistique offert à l'École nationale de théâtre et le programme de maîtrise en gestion internationale des arts offert aux HEC. Il y a aussi le programme de maîtrise en leadership dans le domaine des arts de l'Université Queen's. Un autre programme sera bientôt offert dans l'Ouest, dont je n'ai pas encore le droit de parler à quiconque, et il s'agit d'une très bonne nouvelle.
Passons maintenant à un autre sujet et abordons les conseils d'administration. L'atteinte de la parité hommes-femmes à l'échelon des conseils d'administration est cruciale, en particulier dans les grandes institutions comme les centres des arts d'interprétation, les festivals, les orchestres et les musées. La bonne nouvelle, c'est qu'un grand nombre des organisations du secteur des arts du Canada tentent de se rapprocher de la parité hommes-femmes au sein de leur conseil d'administration. Dans le cadre de son initiative d'engagement, la Professional Association of Canadian Theatres a mis au défi les organisations du secteur de s'attaquer à l'inégalité entre les sexes, y compris au sein de leur conseil d'administration.
Il existe un mouvement semblable dans l'industrie de la musique canadienne. Comme vous le savez peut-être, le groupe Across the Board, dirigé par les chefs de file de l'industrie musicale Keely Kemp et Joanne Setterington, travaille avec un certain nombre de conseils d'administration sur la parité hommes-femmes dans l'espoir de créer une industrie plus saine pour tous. La cible de ce groupe de défense des droits est de 50 % de femmes aux conseils d'administration des organisations d'ici l'an 2020.
Nous croyons que le gouvernement fédéral fait de l'excellent travail pour ce qui est de s'occuper de la question de la parité hommes-femmes aux conseils d'administration d'organisations artistiques et culturelles au moyen de son processus ouvert de demande d'emploi et de nomination par le gouverneur en conseil. Grâce à ce processus, en partenariat avec le gouvernement fédéral, le Centre national des arts a été en mesure de recruter des membres remarquablement talentueux au sein de son conseil d'administration, qui a atteint la parité hommes-femmes. Il compte cinq fiduciaires de sexe féminin travaillant aux côtés de la présidente: notre vice-présidente, Susan Glass, de Winnipeg; Gail O'Brien, de Calgary, qui préside nos comités de la Planification financière — comme vous le savez, nous avons mené une importante campagne de construction —; Kim Bozak, de Toronto, experte en marketing, qui préside ce comité; et Tracee Smith, experte financière par définition, de Toronto. Parmi les hommes formidables qui siègent à notre conseil d'administration, mentionnons Don Walcot, de Montréal, qui préside les comités de vérification et des finances; et Enrico Scichilone, avocat, qui préside notre comité de la gouvernance, des nominations et de l'éthique ainsi que notre comité des ressources humaines. En outre, Maxime Pedneaud-Jobin, maire de Gatineau, et Jim Watson, maire d'Ottawa, sont membres d'office du conseil d'administration.
Mesdames et messieurs, voici ce qui est peut-être un fait nouveau utile. De surcroît, un grand nombre d'institutions à l'échelon du gouvernement possèdent des règlements administratifs qui leur permettent d'ajouter à leurs comités des conseillers ou des membres du conseil provenant de l'extérieur, tout comme on le fait dans le secteur privé. Ces membres ont droit de vote à l'échelon du comité et, comme vous le savez, les recommandations d'un comité sont des appuis solides pour un conseil d'administration. Nos membres du conseil d'administration provenant de l'extérieur comprennent également un certain nombre de femmes brillantes, y compris Toby Greenbaum, anciennement de Travaux publics; Susan Cartwright, qui a dirigé la fonction publique — les deux sont d'Ottawa —; Elizabeth Roscoe, de Chelsea; et Louise Sicuro, une leader culturelle exceptionnelle du Québec.
Enfin, madame la présidente, le président et chef de la direction et les équipes de la direction artistique et de la haute direction du CNA communiquent fréquemment avec leurs collègues de partout au pays, et ils fournissent parfois de l'aide à l'égard de questions touchant des affaires de gouvernance, quand on leur demande. Partout au Canada, des organisations du secteur des arts travaillent à l'amélioration de la représentation des femmes à l'échelon du conseil d'administration et de la direction artistique. Nous félicitons le gouvernement fédéral de prêter attention à cet enjeu, et nous sommes heureux de contribuer à cette cause importante de toutes les manières possible.
Pour conclure, au CNA, selon notre expérience, il est essentiel d'avoir une culture qui accorde de la valeur à la diversité pour atteindre la parité hommes-femmes au sein d'une organisation. Comment créer une telle culture? Eh bien, il faut commencer au sommet. Si une direction solide tente d'obtenir de la diversité au sommet — c'est-à-dire aux échelons de la haute direction, du conseil d'administration et de la direction artistique —, elle inspire le reste de l'organisation. Le résultat est une organisation plus équilibrée et inclusive qui reflète véritablement notre société.
[Français]
Merci beaucoup. Je serai ravie de répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Merci à tous. Ce sont des présentations très éloquentes, parce que je pense que le milieu culturel est — en tout cas, on peut le croire — de nature progressiste au départ, et probablement plus que d'autres secteurs.
Madame Burns, vous avez évoqué le fait que cela devait venir d'en haut. Bien évidemment, vous êtes un parfait exemple de cela, vous-même et votre conseil d'administration. Par contre, je me demande parfois si nous n'avons pas un problème de gestion intermédiaire dans la société lorsqu'il s'agit d'atteindre la parité.
En effet, nous pouvons avoir des organisations comme la vôtre qui mettent cela en avant concrètement, de haut en bas, mais nous avons un problème. Pourrions-nous faire quelque chose pour générer de l'intérêt pour ces postes chez les candidates susceptibles de se manifester afin de les occuper?
Je pense, par exemple, au témoignage d'une bénévole du Musée de la femme à Longueuil, qui a un jour organisé une activité pour les femmes afin de les inciter à participer au conseil d'administration d'entreprises qu'elle connaissait, et à présenter leur candidature.
L'entrepreneur Alexandre Taillefer a pris la peine de faire une présentation pour inciter des femmes à le faire. Ce genre d'initiative serait-il un exemple de ce que nous pourrions accomplir? D'après moi, vous avez de beaux exemples à exploiter et à démontrer. Toutefois, les candidatures naturelles ne semblent pas courir les rues.
Je tiens aussi à vous remercier de nous avoir invités à participer à cette discussion.
La Rosebud School of the Arts est une organisation unique, et les questions que vous abordez sont très intéressantes, puisque je crois que les gens ont chacun leur opinion sur le sujet. Par exemple, prenons la définition d'un centre culturel: nous sommes beaucoup plus que cela. Nous sommes les rayons de la roue. Notre théâtre et notre école sont les raisons pour lesquelles notre collectivité peut continuer d'exister. Nous nous trouvons à environ une heure de Calgary, dans un petit hameau comptant environ 100 habitants. Tout le monde dans le village travaille d'une façon ou d'une autre pour notre organisation ou pour notre théâtre, que ce soit les chambres d'hôte, les terrains de camping pour véhicules récréatifs ou le reste. Bien sûr, à la base, notre groupe a une visée éducative, et c'est parce qu'il y a une école qu'il y a un théâtre. Nous récoltons des fonds grâce au théâtre, et cela nous permet d'offrir un programme d'éducation.
Nous sommes une collectivité transformationnelle. Nous changeons complètement la vie de nos étudiants, et nous offrons à nos clients l'occasion de profiter de la culture et des arts en milieu rural et de visiter des sites patrimoniaux très intéressants, comme notre opéra.
On nous demande quel rôle le gouvernement devrait jouer. Je crois que l'une des choses que je dois mettre en relief aujourd'hui — je suis certain que vous avez aussi accès à toutes les notes et à l'information contextuelle —, c'est que nous sommes uniques, et, puisque nous sommes uniques, nous sommes un peu différents des nombreux autres centres culturels que l'on peut parfois cerner clairement dans les centres urbains et qui sont subventionnés à hauteur de 60 ou 70 %. Le financement que nous recevons, puisque nous nous trouvons dans un milieu rural, dans une collectivité rurale, représente environ 2 % de notre budget. Nous passons bien trop de temps à amasser des fonds pour pouvoir poursuivre nos activités. Et je crois que nous nous débrouillons plutôt bien, puisque nous sommes ici depuis 40 ans à offrir une éducation, à monter des pièces de théâtre professionnelles et à montrer à nos étudiants quelles sont les possibilités du milieu.
L'argent demeure un vilain mot. C'est quelque chose que nous soulignons, parce que nous ne croyons pas que l'art et l'accès à la culture sont des choses réservées aux centres urbains. Ils doivent être offerts dans tout le Canada. Nous croyons que les étudiants devraient y avoir accès autant dans les milieux ruraux que les milieux urbains du Canada. C'est très important qu'ils y aient facilement accès.
Je vais poursuivre, parce que je ne veux pas prendre trop de temps.
Les obstacles les plus importants concernent le financement, comme je l'ai mentionné, mais il est aussi difficile d'attirer les commandites du secteur privé, vu notre manque de visibilité. Nous nous trouvons dans une minuscule collectivité, loin des sentiers battus. Comme je l'ai mentionné, nous n'avons pas accès au même financement, et nous devons promouvoir ce que nous faisons auprès d'un plus large public. Nous accueillons plus de 30 000 personnes au théâtre Rosebud, dans notre petite collectivité, et comme je l'ai mentionné, nous devons attirer les foules des plus grands centres urbains. Il faut trouver une façon de piquer vraiment l'intérêt du public, surtout puisque les gens doivent se débrouiller seuls pour venir, il n'y a pas d'autres options de transport. Nous avons toutefois la chance de pouvoir compter sur certaines personnes, des mécènes, qui nous ont été d'une grande aide.
Un des avantages, bien sûr, est que cela tisse des liens entre les organisations. Notre collectivité présentement est plus qu'un centre, comme je l'ai dit. Elle existe grâce à l'art et à la culture. Cela attire toutes sortes de gens, et nos étudiants peuvent voir des professionnels à l'oeuvre. Nous attirons des professionnels d'un bout à l'autre du pays grâce à nos productions, et c'est une expérience très enrichissante.
Je vais m'arrêter ici, mais je suis prêt à répondre à toutes vos questions.
Frank est l'un de nos experts.
À nouveau, merci beaucoup de nous avoir invités à témoigner aujourd'hui.
:
Merci à vous, madame la présidente, et merci aux membres du Comité de me donner cette occasion.
J'aimerais dire que j'ai l'honneur de siéger au conseil de Rosebud, vous devriez donc souligner tout ce que vous venez d'entendre, et plus encore. J'aimerais ajouter le plus d'éclat possible à son exposé. Il s'agit d'une organisation absolument remarquable qui mérite tout le soutien qu'elle peut avoir.
Certains d'entre vous connaissent peut-être Arts Commons de nom. C'est ce qu'on appelait autrefois le Calgary Centre for Performing Arts. À une autre époque, on l'appelait le EPCOR Centre for the Performing Arts. Depuis quatre ou cinq ans, on l'appelle Arts Commons. J'en parlerai un peu plus dans une minute.
Cet établissement a ouvert ses portes au centre-ville de Calgary en 1985. On y trouvait trois théâtres pour trois troupes à demeure; c'était vraiment un centre des arts d'interprétation typique de la première génération, ou, comme nous l'appelons dans l'industrie, un palais pour les arts. Il était quelque peu exclusif, quelque peu à l'écart — ou peut-être très exclusif.
Depuis, nous avons ouvert nos portes. Nous comptons maintenant sept troupes à demeure. Nous avons six salles de spectacle officielles, deux espaces communautaires ou d'enseignement de même que des galeries d'arts visuels et médiatiques. Nous avons un café-théâtre, des salles de répétition et des espaces communautaires. Nous sommes maintenant ce que j'appellerais un espace de rassemblement typique de cinquième génération.
Dans notre industrie, nous suivons l'évolution de ces espaces et des différents rôles qu'ils jouent au fil du temps au sein des collectivités, au pays et en Amérique du Nord.
Arts Commons se trouve au coeur du quartier créatif de Calgary. Il est situé à cinq minutes à pied d'un grand nombre d'attraits culturels. Si vous connaissez Walk Score, qui suit l'accessibilité piétonnière, Arts Commons obtient une note de 97 sur 100. C'est ce qu'on appelle en réalité un paradis du marcheur, ce qui veut dire que nous sommes près de l'hôtel de ville, de la bibliothèque centrale, du musée Glenbow, du Centre des congrès Telus, du Centre national de musique, du théâtre Vertigo, du théâtre Lunchbox, du théâtre Junction Grand, de l'Olympic Plaza, du Théâtre Plaza et du Stephen Avenue Walk.
Au cours d'une année moyenne, nous organisons environ 1 500 événements, et plus de 200 groupes d'utilisateurs communautaires fréquentent maintenant notre établissement sur une base régulière, en plus des six troupes à demeure et de notre propre troupe. Nous servons environ 600 000 personnes chaque année. Selon Deloitte, qui a réalisé une étude de l'incidence économique il y a quelques années, nos retombées économiques annuelles sont de 87 millions de dollars.
Nous sommes très fiers de rejoindre plus de 43 000 étudiants grâce à une programmation liée au programme d'enseignement, et nous embauchons chaque année plus de 1 400 artistes. Ce sont entre autres des artistes de spectacle et des artistes des arts visuels et médiatiques. Nous employons à peu près 234 ETP. Les membres de notre collectivité consacrent chaque année environ 23 000 heures de bénévolat.
À la lumière de tout ce que je viens de dire, je crois que vous conviendrez que nous sommes réellement un centre culturel au sein d'un quartier culturel ou créatif. Notre mission est de donner vie aux arts et d'offrir à tous un lieu de rassemblement inclusif et stimulant, d'où le mot « commons ». Cela inclut les nouveaux Canadiens, à qui nous offrons des programmes particuliers pour les accueillir dans notre ville et notre pays.
Nous devons agrandir Arts Commons en raison de la population de la ville qui a doublé depuis notre ouverture en 1985, de la diversité toujours croissante à Calgary et de la demande accrue en matière de possibilités et de lieux de rassemblement culturels. Nous sommes face à un délicieux problème. Nous devons revitaliser le quartier culturel urbain du centre-ville de Calgary. À cette fin, depuis deux ans, nous travaillons avec tous les ordres de gouvernement sur un projet de transformation et de développement du capital de Arts Commons, ou ACT. Cela contribuera à l'accès, à l'inclusion et à la durabilité financière fort nécessaires, et offrira un lieu de rassemblement souple et multifonctionnel aux publics et aux utilisateurs actuels et futurs de tous genres.
Ce qui pourrait contribuer, je crois, à l'élaboration de nouveaux centres culturels et à la durabilité de ceux qui existent déjà, comme Arts Commons, c'est la rationalisation, le traitement accéléré et l'harmonisation des diverses applications et des divers programmes de financement du gouvernement; l'abaissement du seuil d'accès, particulièrement pour les nouvelles organisations communautaires artistiques et les personnes; et l'amélioration de la durabilité prévisible grâce à un financement pluriannuel des projets et à l'exploitation et l'entretien des lieux.
Nous pourrions aussi recommander qu'on élabore une certification nationale pour les espaces culturels, les programmes culturels et les gens qui investissent dans ces programmes, comme les promoteurs, les architectes, les concepteurs et ainsi de suite, et qu'on les reconnaisse comme tels, afin de créer des mesures incitatives, une langue commune, des critères que nous comprenons tous et une vision partagée.
Une autre chose qui pourrait aider, c’est de faciliter les choses, en diminuant la bureaucratie, et d’élaborer et mettre en œuvre de nouvelles idées novatrices et créatives, qui présentent un risque dès le départ. Pour ce faire, on pourrait miser sur l’urbanisme, l’aménagement, les codes, les permissions, le financement, et j’en passe, et rendre le processus plus harmonieux.
J'ai deux autres recommandations à formuler, si vous me le permettez.
La première consiste à essayer d’éliminer une grande partie des risques que présente le lancement d’une microentreprise dans les domaines des arts et de la culture pour les nouveaux artistes ou les communautés diversifiées et autochtones. Cette activité présente un immense risque pour les personnes et les nouveaux groupes. Si ce risque pouvait être éliminé ou atténué grâce à certaines mesures gouvernementales, un genre de système de subventions, quelque chose comme un fonds pour les risques en création, cela pourrait certainement contribuer à l'innovation créative tout en évitant que les gens qui mènent ces activités à des fins non lucratives ne subissent de risques injustifiés.
Enfin, je recommande que l'on finance les promoteurs d’espaces culturels. Le président du conseil auquel je siège est un promoteur qui connaît beaucoup de succès à Calgary. Il a le cœur à la bonne place, mais je crois que ce sera très difficile pour lui de mettre en place un espace culturel moins rentable sans mesures incitatives. Je sais qu’il le ferait s’il bénéficiait de certaines mesures incitatives, pour le bien de tous. Je crois que le plan Investir dans le Canada est une bonne initiative, mais les relations et les priorités provinciales ne sont pas toujours prévisibles. De tels établissements phares — qui pourraient être mis sur pied grâce à des incitatifs appropriés et de la motivation — ont le potentiel économique de miser sur leurs actifs et leur revenu pour promouvoir le développement du secteur local et les artistes du secteur privé, et d’accroître l’incidence sociale. En fin de compte, c’est ce dont il s’agit.
Merci.
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Merci de m'avoir invitée à témoigner aujourd'hui.
Aujourd'hui, au nom de l'Association canadienne des foires et des expositions, je représente 800 foires, expositions et sociétés agricoles à l'échelle du Canada, de l'Exposition nationale canadienne à Toronto jusqu'à la foire de Havelock, au Québec, qui dure une journée. Ensemble, nous voyons environ 35 millions de visiteurs chaque année.
Les foires sont à l'image de la vie et des époques qui les entourent. Elles suscitent des rapprochements culturels, traditionnels et émotionnels chez les gens de la région et font naître un sentiment d'appartenance à la communauté.
En fait, il y a plusieurs exemples de foires qui sont plus anciennes que le Canada lui-même. Il y a la foire agricole du comté de Hants, en Nouvelle-Écosse, qui date de 252 ans. Nous avons aussi la foire de Williamstown, en Ontario, vieille de 206 ans, et l'Expo Lachute, au Québec, qui existe depuis 193 ans.
J'insiste sur ce point, car dans un pays aussi jeune, il peut parfois être difficile de déterminer ce qui est réellement canadien. Nous nous identifions avec Tim Hortons, notre diversité, nos coutumes et notre hockey, mais cela ne fait qu'effleurer la surface de notre culture.
Les foires sont des institutions qui ont grandi au même rythme que leurs collectivités durant des décennies de progrès et d'évolution. Toutefois, je dirais que les foires sont un des premiers centres culturels à avoir existé au Canada et qu'ils sont l'un des meilleurs reflets de la culture canadienne. Notre culture transparaît dans notre histoire collective, mais aussi dans nos histoires et nos valeurs qui évoluent. Sur une courte période, même dans la plus petite collectivité rurale, nous avons des répercussions importantes. Dans le cadre de nos foires, nous présentons des arts et des divertissements locaux, nous sensibilisons la population à toutes sortes de sujets, et nous faisons aussi partie des quelques lieux de rassemblement social dont les visiteurs, les choix d'aliments et même les activités qui sont proposées reflètent la diversité des Canadiens.
Par exemple, cette année, l’Exposition nationale canadienne a créé un programme unique intitulé The Silk Road to the CNE, qui célèbre les cultures de l'ancienne route de commerce établie par Marco Polo. On y présentera le plus grand festival mondial extérieur de lanternes, ainsi que des personnages de fables et de contes pour enfants venant de ces pays. Il y aura aussi des plats culturels, des prestations d’artistes et un marché nocturne asiatique, de même qu’un forum commercial de trois jours axé sur le commerce mondial, au cours duquel on insistera particulièrement sur l’exportation vers la Chine.
À Winnipeg, les responsables de l'exposition Red River ont accompli des progrès considérables au chapitre de la participation des nouveaux arrivants en les invitant à l'événement et en leur permettant de pique-niquer sur place pour qu'ils se sentent les bienvenus.
Vous êtes plusieurs à organiser des foires dans vos circonscriptions, je suis donc convaincue que vous comprenez à quoi je fais allusion quand je parle de la vitalité de ces événements. Si vous ne le savez pas, je vous encourage fortement à vous rendre dans une foire cet été, car la meilleure façon de vous présenter nos événements, c'est de vous les faire vivre en personne.
Toutefois, notre difficulté tient au fait que nous ne sommes pas souvent reconnus comme centre culturel; par conséquent ce que je recommande aujourd'hui, c'est que le ministère du Patrimoine canadien reconnaisse activement les foires et les expositions en tant que centres culturels.
Les arts sont un reflet de la culture, mais la culture ne tient pas exclusivement aux arts. La culture se traduit par les traditions, les arts et le patrimoine. Il s'agit essentiellement d'un grand portrait fidèle de la société. Les centres culturels sont des lieux permanents et temporaires qui reflètent la société. Les foires en sont le parfait exemple.
Quant à la façon dont le gouvernement peut aider les centres culturels, j'ai écouté les autres témoins s'exprimer au cours des dernières semaines, et je suis tout à fait d'accord avec de nombreux points qu'ils ont soulevés, y compris le financement opérationnel, qui est toujours apprécié, la nécessité de sensibiliser les conseils et les bénévoles et le besoin d'une plus grande souplesse à l'égard des termes utilisés en ce qui concerne les possibilités de subventions et de financement.
En ce qui a trait à ce dernier exemple, il y a du financement propre aux festivals. Toutefois, nombre de mes membres ne sont pas admissibles en raison de la formation ou des restrictions en place. Un autre excellent exemple est le Fonds Canada 150. Plusieurs de mes membres ont présenté une demande de financement, mais n’en ont pas reçu, principalement en raison du fait qu’ils étaient considérés comme une foire agricole plutôt qu’un événement culturel. Comme je l'ai expliqué, nous représentons bien plus que la foire agricole unidimensionnelle.
En dernier lieu, je recommande que le gouvernement aide les foires et les expositions en nous aidant à recueillir des données au sujet des événements que nous organisons. Cela s’applique aux centres culturels également. Nous avons eu la chance d’obtenir du financement pour une étude réalisée en 2008, mais les renseignements recueillis dans cette étude sont maintenant considérés comme considérablement dépassés. Une nouvelle étude nous aiderait à défendre notre influence et notre incidence. L’étude de 2008 a démontré, entre autres, que 89 % des visiteurs d’une foire s’entendent pour dire que les foires constituent un rassemblement social majeur pour la collectivité, 94 % des répondants reconnaissent que les événements du genre sont importants pour les traditions canadiennes, et 88 % d'entre aux sont d’accord pour dire que ces événements améliorent la qualité de vie des gens dans les régions. Ces chiffres nous sont extrêmement utiles, mais je suis certaine qu’ils ont augmenté, au même titre que le nombre de bénévoles qui jouent un rôle actif et nos retombées économiques.
Dans l'ensemble, je félicite le Comité d'entreprendre cette étude, car cet aspect fait partie intégrante de la société canadienne. En tant que l'un des centres culturels les plus anciens et les plus modernes au Canada, l'Association canadienne des foires et expositions est impatiente de travailler avec vous dans le cadre de ce processus.
Merci.
Je m'appelle Martin Théberge. Je suis président de la Fédération culturelle canadienne-française, ou FCCF. Je suis accompagné de Marie-Christine Morin, directrice générale par intérim de la Fédération.
La FCCF est la voix nationale des arts et de la culture dans la francophonie canadienne. Elle a pour vision d'inspirer, de mobiliser et de transformer le Canada grâce aux arts et à la culture.
Son réseau rassemble sept regroupements nationaux de services aux arts, 13 organismes qui se consacrent au développement culturel et artistique dans 11 provinces et territoires du Canada ainsi qu'un regroupement de réseaux de diffusion des arts de la scène et une alliance de radios communautaires. Forte de son réseau de 22 membres au Canada, la FCCF chapeaute 3 125 artistes et plus de 150 organismes, en provenance de plus de 180 communautés d'expression française. Depuis 40 ans, elle fait la promotion de l'expression artistique et culturelle des communautés francophones et acadiennes.
Je tiens d'entrée de jeu à vous remercier de l'occasion qui nous est offerte aujourd'hui de comparaître devant vous. Nous allons centrer nos propos sur le concept de centres créatifs, sur leur pertinence et sur leur potentiel en regard de nos objectifs communs pour appuyer le développement et favoriser l'épanouissement des communautés francophones et acadiennes partout au Canada.
Je suis venu vous présenter un rêve, une vision liée au développement de notre secteur et de nos communautés en situation minoritaire.
Je ne suis pas en mesure de vous parler aujourd'hui de faits accomplis, parce que le concept de centres créatifs en francophonie canadienne n'est pas encore une réalité, mais plutôt un potentiel qui s'ouvre sur de nombreuses possibilités.
À la FCCF, nous cheminons, et nous voulons vous faire part du fruit de notre réflexion, qui se poursuit et qui est appelée à se concrétiser de plus en plus par l'action.
Je vais commencer l'histoire par son début. À la suite de l'annonce, par le gouvernement, de la vision « Un Canada créatif », la FCCF s'est positionnée comme faisant partie de la solution, comme championne des idées nouvelles pour actualiser son secteur, pour effectuer un « vrai » rapprochement entre le gouvernement et ses partenaires communautaires.
C'est dans cet esprit que nous avons avancé des concepts tels que la mise sur pied d'équipes de design de solutions, de centres d'innovation tels que des laboratoires vivants et des centres créatifs.
Nous avons poussé plus loin le concept du « par et pour ». Des centres créatifs par et pour la francophonie canadienne, mais nous y avons ajouté « avec ». C'est sur cet élément que je vais insister au cours des prochaines minutes.
La FCCF se fait championne des idées novatrices. Nous avons fait preuve de toute la créativité qu'on nous connaît pour imaginer notre meilleure contribution à l'innovation, soit un réseau de centres créatifs dans toute la francophonie.
Nous avons osé poussé le concept de centres créatifs plus loin en ajoutant un centre d'innovation sociale à ces centres créatifs. Nous avons créé une forme de mariage conceptuel entre les centres créatifs et le développement des communautés francophones et acadiennes. Nous avons ajouté un centre d'innovation sociale animé par une équipe de design mobile, qui permet d'activer ces espaces et de rallier non seulement des acteurs de notre secteur, mais aussi les usagers et la communauté, afin de trouver des solutions qui résonnent, qui rassemblent, qui unissent.
Prenons un exemple concret. Imaginons un centre créatif où les acteurs du milieu se rassemblent et partagent des ressources. Imaginons une équipe mobile de design de solutions qui s'active dans cet espace de collaboration qui pourrait, par exemple, être situé au Centre culturel Aberdeen, à Moncton. Imaginons une session d'idéation sur le développement de jeunes publics visant la petite enfance pour toute l'Acadie.
Tout à coup, c'est toute la communauté des utilisateurs qui est rassemblée pour trouver des solutions: des éducateurs et des éducatrices en garderie, notre réseau de diffusion en Acadie RADARTS, nos artistes, le ministère de l'Éducation, l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, ou APECA, la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Moncton ou de l'Université Sainte-Anne et le ministère du Patrimoine canadien.
Tout le monde est là pour trouver des solutions qui assureront le développement et l'épanouissement de la communauté. Ces solutions, nous pourrons les tester à petite échelle avant de faire des investissements majeurs, les évaluer et les déployer à plus grande échelle par la suite.
Notre réseau est prêt à activer ces centres culturels et ces centres d'innovation sociale, qui vont contribuer à l'actualisation du secteur.
Cela aura un grand impact sur un ensemble d'enjeux qui touchent les communautés, en plus de favoriser les échanges intersectoriels. Il y a un intérêt, et l'expertise est là.
Si on prévoyait des investissements qui ne soient pas uniquement liés à l'infrastructure, comme c'est présentement le cas avec le Fonds du Canada pour les espaces culturels, et qu'on ajoutait du financement pour animer ces centres au moyen d'équipes mobiles, on se donnerait un véritable espace et les moyens de créer et de réfléchir autrement, c'est-à-dire de façon plus globale. C'est ce que nous voulons dire quand nous parlons de « par, pour et avec ».
Par le concept de design, nous sommes déjà en lien avec les acteurs de nos milieux. Des mesures pouvant servir de leviers sont nécessaires pour activer l'expertise du terrain, animer les espaces et les faire vivre, afin qu'ils aient tout l'effet souhaité sur le développement de nos communautés.
Nos centres culturels, artistiques et communautaires sont des lieux et des espaces privilégiés tout indiqués pour abriter ces centres. Les moyens technologiques que nous envisageons pour déployer de telles plateformes créatives seraient installés et offerts au plus grand nombre possible de citoyens dans nos communautés.
Les centres créatifs représentent un moyen nouveau et différent de favoriser la création, et d'encourager les partenariats et l'interdisciplinarité. Ils nous engagent sur le terrain de l'innovation et représentent un potentiel jusqu'ici sous-exploité pour ce qui est des possibilités uniques que nous offrent notre petite taille et nos petits nombres.
Les centres créatifs représentent une ouverture vers des initiatives structurantes susceptibles de nous ouvrir de nouvelles possibilités. Nous visons idéalement la mise sur pied d'un réseau de centres créatifs et de centres d'innovation dans des pôles culturels bien définis de la francophonie canadienne.
Nous voyons plus grand que les espaces; nous voyons au-delà du béton. Pour nous, c'est l'occasion de nous doter d'un espace de travail privilégié pour relever les défis et répondre aux besoins spécifiques de la francophonie canadienne. Et pour que cet espace soit vivant, il doit être animé.
L'expertise en innovation sociale requise pour animer ces lieux doit être pensée et financée dans le cadre de ce projet de développement social que le Canada veut se donner. Le développement du secteur des arts passe aussi par l'innovation. L'avenir est là, les possibilités sont là. La francophonie canadienne veut se déployer.
Pour que les centres créatifs fonctionnent, il faut que des gens les animent et fassent réfléchir ceux qui habitent ces lieux autrement. Cela prend des vecteurs de changement, des gens qui pensent en dehors des cadres habituels et qui engagent les différents acteurs dans la recherche de solutions. C'est l'élément qui manque dans le projet actuel. Cet élément est vital, si l'on veut que nos infrastructures aient tout leur sens.
L'ensemble de notre réseau est enthousiaste à l'idée des retombées positives et des avantages que pourraient éventuellement constater nos communautés grâce à l'apport d'un réseau de centres créatifs dans la francophonie canadienne.
Je vous remercie de votre écoute active.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Merci à tous de vos présentations.
En fait, Arts Commons est un parfait exemple de centre culturel tel que nous pouvons l'imaginer dans le programme qu'on nous demande d'examiner.
Je tiens à vous féliciter de votre passion, madame Franc, parce que ce n'est pas chose facile de venir faire une présentation ici. Cela m'a fait penser à l'enthousiasme avec lequel mon collègue nous a parlé de l'exposition de voitures anciennes, au tout début de cette étude. C'est vrai que tout cela fait aussi partie de la culture.
Nous ne pouvons pas douter de l'importance du regroupement social. Chaque année, à l'Action de grâces, quand je passe dans le village d'Ayer's Cliff, il se tient le dimanche une espèce de marché des fermiers. On voit bien que toute la communauté s'y retrouve, et c'est vrai qu'il s'agit d'un moment d'échange, qui contribue à la qualité de vie. Cela répond un peu aux objectifs du programme de centres culturels.
Par contre, je vous invite à être très créatifs et à contribuer de manière importante à l'étude en cours si vous voulez faire partie de ce programme. De cette façon, on pourra alors espérer un engagement relativement au déploiement de la culture, des arts ou d'une communauté.
Évidemment, quand nous parlons de foire, où tout le monde échange des recettes de tarte à la citrouille, ce peut être très local, mais cela va de soi qu'il s'agit d'une activité culturelle. Toutefois, est-ce bien le cas quand il s'agit d'un événement où il y a des manèges, une grande roue, et ainsi de suite?
Si nous voulons investir dans une communauté francophone, il faudrait nous adapter et non pas seulement passer comme un rouleau compresseur avec tout un équipement d'un endroit à un autre. Ce qui est intéressant, c'est de penser en dehors des sentiers battus. C'est cela qui nous fait avancer.
Quant à votre présentation, monsieur Théberge, elle était tout à fait charismatique et vibrante, et je vous en félicite. Cela me fait un peu penser aux premières fois que des groupes représentant des intérêts culturels — des céramistes ou des musiciens, comme ceux représentés par Music Canada, par exemple — viennent témoigner.
Nous avons une importante communauté francophone, qui est répartie à la grandeur du pays et qui vit des moments souvent très difficiles parce qu'elle se retrouve isolée en région éloignée. Croyez-vous que, dans le programme de centres culturels, la communauté francophone du Canada peut espérer bénéficier d'un critère additionnel pour pouvoir promouvoir l'échange en français?
Par exemple, aimeriez-vous voir inclure une dimension plus mobile ou voyez-vous cela du point de vue d'un voyageur? Je pense, par exemple, à Charlottetown, où il y a un magnifique centre culturel — qui n'est pas encore désigné comme tel, mais qui l'est dans les faits. Des bourgeons apparaissent un peu partout, et parfois un peu plus que des bourgeons — pour ce qui est d'Arts Commons, c'est très clair que cela fonctionne bien.
À mon avis, la FCCF doit faire face à l'un des enjeux qu'il faut mettre en avant pour maintenir la survie et l'épanouissement de la culture francophone. Qu'en pensez-vous?
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Je crois que cette question comporte deux volets.
Pour ce qui est du premier, que vous avez abordé, il peut en effet y avoir des partenariats dans le cas des foires agricoles ou dans les activités culturelles tenues dans la communauté. Par exemple, avant que j'occupe mes fonctions actuelles, j'ai participé à la Hants County Exhibition, qui en est à sa 252e année. Bref, des partenariats avec les organismes culturels existent.
Cela étant dit, si l'on parle d'un centre créatif au centre-ville de Calgary, par exemple, il faut savoir que, pour des raisons démographiques, la communauté anglophone va automatiquement prendre le dessus. Il ne faut pas se leurrer. Le Plan d'action pour les langues officielles fait état de quelques statistiques. Il indique notamment que notre population, par rapport à la population globale, est passée de 6 % à 3,4 %. Si rien n'est fait, en 2036 je crois, le pourcentage passera à 3 %. Il faut faire quelque chose. Je vais être un peu cru en disant qu'en omettant d'appliquer la lentille francophone dans votre étude aujourd'hui, vous contribuez d'une certaine manière à l'assimilation que nous sommes en train de vivre.
L'autre élément est le suivant. Si vous appliquez cette lentille francophone, nous vous demandons de comprendre notre réalité, notre géographie et notre démographie. Vous pourrez pousser votre réflexion au-delà de la première étape, qui se concentre sur les lieux physiques, notamment le quartier et le bâtiment. C'est très bien. Nous ne nous opposons nullement à ce concept. D'ailleurs, je pense que personne ne s'y est opposé au cours des discussions qui ont eu lieu.
Ce que nous vous demandons, c'est de pousser plus loin la réflexion en abordant dès maintenant l'aspect social et l'aspect technologique. Il s'agit de se demander en quoi consistera la deuxième phase du projet et comment ces bâtiments seront animés. Si la question consiste à savoir comment se fera l'animation, je vous amène à la question qui suit immédiatement, à savoir comment il sera possible de le faire, dans la francophonie canadienne, alors que nous sommes une très petite communauté, très éparpillée et très éloignée. À mon avis, ce sera fait par une équipe mobile, suivant une dimension sociale, et par une équipe de design de solutions qui va non seulement prendre en compte la solution, mais qui va placer au coeur de cette solution les utilisateurs, c'est-à-dire les citoyens, les créateurs, les artistes et l'organisme communautaire.