:
Je présume que vous avez déjà beaucoup de chiffres sur les inégalités salariales entre les femmes et les hommes. Je ne vous donnerai donc pas de chiffres. D'ailleurs, nous vous avons envoyé un document qui date de 2015 et qui fournit plusieurs chiffres à cet égard.
Je vais passer plutôt aux recommandations.
Tout d'abord, nous voudrions que le gouvernement fédéral adopte une loi proactive sur l'équité salariale dans son domaine de compétence et qu'il s'assure que cette loi est bien appliquée. Nous avons maintenant 20 ans d'expérience avec la loi au Québec. Il y a eu certaines lacunes, particulièrement pour les femmes non syndiquées. Je pense que le gouvernement fédéral pourrait profiter de l'expérience de l'Ontario et du Québec pour appliquer immédiatement et vigoureusement la loi.
Ensuite, nous nous rendons compte qu'il y a encore une sous-rémunération des femmes responsables de personnes vulnérables et d'enfants, notamment en ce qui a trait à l'éducation de la petite enfance, au travail dans les résidences pour personnes âgées et aux services de soutien à domicile. Ce sont des domaines de compétence provinciale.
Par ailleurs, j'ai siégé au Groupe d'étude sur la garde des enfants, de 1986. Les recommandations que nous avons faites pour créer un programme pancanadien sur la garde des enfants n'ont toujours pas été adoptées. Le gouvernement actuel a mis en place de petits programmes de subvention à des organismes, mais nous pensons qu'il pourrait faire beaucoup mieux et que les sommes devraient aller seulement aux organismes sans but lucratif publics et certifiés par un gouvernement provincial ou territorial. L'un de leurs objectifs devrait être de rémunérer justement les personnes qui ont une responsabilité très lourde dans les domaines de la santé ainsi que du bien-être des enfants et des personnes vulnérables.
Quant à l'accès à l'emploi, nous pensons que le gouvernement devrait réactiver ses programmes d'accès à l'égalité en emploi, non seulement pour les femmes, mais aussi pour d'autres groupes discriminés, comme les immigrantes récentes de minorités visibles, les Autochtones et les personnes ayant des limites fonctionnelles.
Il y a encore des problèmes d'accès à des cours de langue, particulièrement pour les femmes immigrantes. Il y a aussi de gros problèmes de non-reconnaissance des diplômes acquis à l'étranger. Comme l'immigration est une responsabilité fédérale, le gouvernement pourrait faire beaucoup mieux à cet égard.
En ce qui concerne l'assurance-emploi, nous avons aussi envoyé un texte qui documente le problème de discrimination dans le programme d'assurance-emploi à l'égard des femmes. Je ne peux pas soulever tous ces arguments aujourd'hui, sauf qu'une chose est très claire: le système de critères d'admissibilité basé sur les heures de travail est discriminatoire. Si on travaille 35 heures ou moins par semaine, on a beaucoup moins accès au régime d'assurance-emploi que si on travaille 40 heures par semaine ou même, comme le font les travailleurs masculins saisonniers, 45 ou 50 heures par semaine.
J'espère que vous allez regarder ces documents pour mieux comprendre ces arguments.
En ce qui a trait aux prestations parentales, le Régime québécois d'assurance-parentale a été intégré au Régime d'assurance-emploi du Canada, mais il est mal adapté aux problèmes d'assurance-parentale, notamment parce qu'il y a une période de carence qu'il ne devrait pas y avoir.
Nous suggérons donc d'adopter plutôt le modèle du Régime de rentes du Québec et du Régime de pensions du Canada, pour qu'il y ait un régime fédéral d'assurance-parentale avec des critères adaptés aux prestations parentales.
Finalement, nous réitérons ce que vous avez déjà suggéré: il devrait avoir une meilleure représentation des femmes dans les conseils d'administration à l'échelle fédérale et aussi parmi les candidates aux élections fédérales.
Merci.
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Merci beaucoup de m'accueillir ici.
Je dois admettre que je me sens un peu comme un poisson hors de l'eau. Je ne fais pas de politique et j'ai pour métier de solutionner les problèmes. C'est ce que j'ai fait pendant ma longue carrière chez McKinsey, et je suis maintenant professeure de stratégie à l'Université de Toronto où je me penche sur des problèmes stratégiques. Je travaille également à la promotion des femmes depuis 15 ans. Quand je travaillais chez McKinsey, on m'a demandé de constituer un groupe de travail pour éviter que la firme perde ses employées lorsqu'elles devenaient mères, et il semble bien que ce soit là l'un des problèmes à résoudre.
J'aborde le sujet sous un angle un peu différent. Je me suis demandé à quoi le manque de progrès pourrait être attribué. Nous nous penchons sur la question depuis 20 à 30 ans. S'il s'était agi de tout autre type de problème, les PDG auraient été congédiés pour ne pas avoir réalisé le moindre progrès à l'égard des différents indicateurs. Comment aborder cette problématique sous un autre angle? Il est évident que nous nous contentons de nous attaquer aux symptômes. Je ne pense pas que cela règle le problème. Nous connaissons les symptômes. Je n'ai pas besoin de revenir sur la stagnation; il n'y a pas eu de progression du nombre de femmes occupant des postes élevés. Les femmes ne sont pas plus nombreuses dans les conseils d'administration. La situation a été lamentable ces dernières années. Les préjugés persistent au niveau du recrutement et nous avons toujours une inégalité salariale entre les deux sexes. Nous nous y attaquons depuis au moins 20 ans. Marilyn, vous avez dit que votre comité existait depuis 24 ans. N'est-ce pas tout dire?
Quelques progrès ont toutefois été réalisés sur le plan de la sensibilisation. Nous discutons plus souvent de ce sujet. Davantage d'organismes s'y intéressent et au lieu d'essayer d'y voir un problème féminin, nous considérons maintenant que c'est un problème social. Je vois cela comme un progrès.
Nous n'examinons pas les problèmes systémiques sous-jacents. En toute franchise — veuillez m'en excuser, car je suis une Canadienne d'origine Suisse-Allemande qui aime vivre au Canada — je suis frappée par la mentalité patriarcale qui règne au Canada. À moins de changer cette mentalité, et je pense que le gouvernement peut y contribuer, je ne pense pas que nous réaliserons vraiment des progrès. Nous allons de nouveau remédier à quelques symptômes, prendre quelques mesures ici et là, mais je ne pense pas que nous ferons des progrès réels. Je regarde du côté des autres pays où de vrais progrès ont été réalisés. Avons-nous des leçons à en tirer?
En deuxième lieu, je dirais que même s'il est très bien d'avoir mieux sensibilisé les gens au problème et d'avoir maintenant plus d'organismes qui s'en occupent, les choses ne progressent plus. Nous déployons trop de solutions fragmentées pour essayer de régler la situation. J'ignore combien de témoins le comité permanent va écouter au cours de son existence, mais il y a beaucoup trop d'organisations qui essaient d'obtenir quelques petits résultats sans avoir une stratégie d'ensemble et un objectif global.
Il y aurait deux solutions à envisager, comme je le suggère dans mon mémoire. L'une d'elles consiste à influer sur la mentalité et l'attitude patriarcale au Canada. À mon avis, le gouvernement peut jouer un rôle sur ce plan. Vous avez certainement entendu parler de l'économie comportementale. Je sais que l'économie comportementale joue un rôle au niveau du gouvernement fédéral. Le gouvernement peut vraiment exercer son influence pour aider la société à changer de comportement.
Cela exigera un choc externe et j'envisage, pour le moment, l'établissement de contingents. Les contingents n'ont jamais la cote dans les pays où ils n'existent pas, mais si vous prenez les pays européens qui les ont mis en place, comme la France — je reviens tout juste d'une conférence là-bas — personne n'en voulait au départ, mais maintenant qu'ils sont là, tout le monde les aime. La même chose est vraie dans un grand nombre de pays scandinaves.
Comme je l'ai dit, je pense qu'il faut un choc externe pour modifier la mentalité d'une société. Idéalement, il n'est pas nécessaire que cela reste en place bien longtemps. Ces mesures peuvent être graduelles et il faut prévoir une clause de suspension, mais il faut qu'elles aient un effet radical.
Je voudrais aussi revenir sur un thème dont les deux témoins qui m'ont précédée viennent de parler. La mise en place d'un congé parental obligatoire pourrait aussi entraîner des changements. Il s'agit de rendre obligatoire, et non pas facultatif, pour tous les nouveaux pères de rester à la maison au moins trois mois. Les pays européens qui ont adopté cette approche ont constaté un énorme changement d'attitude dans la société qui, tout à coup, ne trouve plus bizarre que le père emmène le bébé chez le médecin ou au terrain de jeux, ou qu'il gère le foyer et nettoie les toilettes. Je pense qu'il serait extrêmement bénéfique de rendre ce congé obligatoire. S'il reste facultatif, comme c'est actuellement le cas dans la plupart des provinces autres que le Québec, qui est un peu plus avancé, les hommes ne le prendront pas à cause de tous les préjugés qui y sont rattachés, n'est-ce pas?
En troisième lieu, pour changer la mentalité et les attitudes, il faut aider davantage les femmes à retourner au travail après s'être arrêtées. De nombreuses femmes prennent un congé de maternité et restent pendant deux ou trois ans en dehors du marché du travail, selon le nombre d'enfants qu'elles ont décidé d'avoir. Elles cessent parfois de travailler pour s'occuper d'un parent âgé. C'est parfois aussi parce que leur conjoint est muté ailleurs et qu'elles doivent s'occuper seules des enfants. Il est de plus en plus difficile de réintégrer le marché du travail lorsqu'on s'en est absenté pendant deux ou trois ans ou davantage, surtout pour les femmes très diplômées. La plupart des gens trouveront cela absurde, mais c'est vraiment assez difficile. Même si elles sont titulaires d'une maîtrise d'une université canadienne reconnue ou d'une université étrangère, la plupart des femmes ont beaucoup de difficultés à retourner travailler. Je crois qu'on oublie de voir l'impact économique important que cela représente. Surtout pour les femmes qui ont fait des études supérieures, l'impact économique est énorme. Il est donc possible de faire quelque chose.
Je sais que mon temps touche à sa fin, mais j'invite le gouvernement fédéral à créer un organisme-cadre. Nous avons actuellement, en Ontario, un projet pilote appelé « l'alliance ». Je vous suggère de créer un organisme-cadre pour mieux utiliser les ressources financières et établir une stratégie d'ensemble pour tous les merveilleux organismes qui essaient d'améliorer la condition des femmes.
Merci.
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Écoutez, c'est un travail que doivent faire les partis politiques. C'est un travail de longue haleine qui doit aussi être fait en continu par les partis politiques.
Toutefois, au Québec, de plus en plus, on parle de moyens. Il n'y a pas encore de loi provinciale, mais on parle de plus en plus d'une zone de parité à atteindre, soit entre 40 % et 60 % de candidatures féminines aux élections. Cela se ferait en espérant, évidemment, que des femmes incluses dans cette zone de parité soient élues au Parlement.
Je suis tout à fait favorable, personnellement, à l'adoption de ce genre de mesures et d'objectifs, accompagnés de beaucoup d'autres moyens, parce que nous savons que nous combattons une discrimination systémique, une fois de plus. Pour atteindre entre 40 % et 60 % de candidatures féminines et de femmes élues, il faut un ensemble de moyens.
Cependant, le fait d'avoir un objectif très clair est très mobilisant, même un objectif de 50 %, soit la parité. Il y a des partis politiques municipaux et gouvernementaux qui optent maintenant pour l'atteinte du taux de 50 %. Cependant, ce n'est pas un dossier auquel travaille le CIAFT, mon organisme. Comme nous l'avons dit, nous nous intéressons davantage à la question des droits au travail et des programmes d'emplois.
Par contre, c'est un dossier dont on discute beaucoup actuellement au Québec au sein des partis politiques. L'application d'une zone de parité est extrêmement encouragée, mais elle l'est encore à l'aide de mesures volontaires et non pas de mesures coercitives avec des objectifs réels à atteindre par les partis.
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais remercier les témoins de nous avoir livré leur présentation et de s'être préparées en vue de la rencontre d'aujourd'hui.
Ma première question s'adresse à Mme Dart.
On parle de quotas assez fermes. D'autres témoins, notamment le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et le Programme des chaires de recherche du Canada, nous ont dit avoir un objectif de 30 %. Or il semble que, pour les universités canadiennes, la norme soit de 15 %. C'est un problème que vous avez mentionné.
Vous avez beaucoup d'expertise dans le domaine économique.
[Traduction]
Mme Baker, de l'Université York, nous a parlé de microéconomique. Je voudrais savoir ce que vous en pensez. Il est évident que nous devrons changer certaines politiques pour atteindre notre but, avec ou sans quotas. Je voudrais savoir ce que vous pensez du Forum économique mondial qu'elle a mentionné. En examinant la question de l'angle microéconomique, comment apporter des changements dans un gouvernement qui se concentre sur les programmes d'infrastructures et sur l'investissement dans la réparation des routes, et non sur l'aspect social de la vie du pays?
:
Permettez-moi d'abord de faire une observation au sujet du quota. Je suis convaincue qu'il sera nécessaire de fixer un chiffre relativement élevé. Il ne faut surtout pas que la nomination des femmes à des conseils d'administration ou dans l'équipe des cadres ne soit que symbolique ou ne vise qu'à respecter un quota. Ce serait le pire des résultats. La stigmatisation que cela créerait éliminerait tout le progrès que nous cherchons à faire ainsi.
La plupart des pays ont fixé le quota à 40 % parce que s'il y a 40 % de femmes autour de la table, il est difficile de les stigmatiser. À mon avis, ce chiffre est magique, parce qu'il doit être assez élevé. On ne pourra pas l'augmenter graduellement à 10, 20 ou 30 %. On nuirait grandement aux pauvres 10, 20 ou 30 % de femmes qui se trouveraient autour de la table jusqu'à ce qu'il s'y trouve 40 % de leurs collègues. C'est pourquoi je pense qu'il faut fixer tout de suite un chiffre assez élevé afin d'éviter l'ostracisme et les nominations symboliques. J'y vois là une partie de la solution.
Peut-on agir à plus grande échelle ou dans divers secteurs? Nous avons examiné les possibilités. Vous aurez peut-être vu, madame la présidente, la campagne du 30% Club visant à nommer au moins 30 % de femmes à différents rôles. Ce pourcentage varie en fonction des secteurs, naturellement. Nous avons les services professionnels et les banques, qui réagissent à merveille. Au cours de ces 5 à 10 dernières années, leur réaction a été très positive, et ces secteurs ont promu les femmes à un plus grand nombre de postes.
Cette attitude ne se répand pas du tout dans certaines industries où, dirais-je, les PDG n'acceptent pas ce principe. On peut presque les subdiviser en catégories — les PDG qui ont adopté ce principe et qui sont très heureux de l'appliquer, les PDG qui ont adopté ce principe, mais qui ne savent pas de quelle façon l'appliquer, et les PDG qui n'y croient pas du tout et qui ne voient pas du tout intérêt à faire monter les femmes dans la hiérarchie de leur entreprise. Cette dernière catégorie se trouve malheureusement surtout dans le secteur des ressources naturelles et dans les sociétés de technologie énergétique. Il est extrêmement difficile de s'introduire dans ces domaines. Même lorsqu'on essaie d'en discuter, il est difficile de mener une conversation efficace à ce sujet.
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Oui. Je vous remercie de le rappeler.
Nous venons de terminer un projet de trois ans qui était financé par Condition féminine Canada dans le cadre du Programme de promotion de la femme. Ce projet concernait le secteur minier du Québec dans deux régions de ressources naturelles, soit l'Abitibi-Témiscamingue et le territoire d'Eeyou Istchee Baie-James. Dans le cadre de ce projet, qui était très intéressant, on nous demandait de transformer carrément le secteur industriel des mines, en trois ans, et ce, de manière volontaire. En effet, ni mesure coercitive, programme d'accès à l'emploi ou obligation contractuelle ne devait être appliqué.
En trois ans, nous avons tout de même réussi — et nous en sommes fiers — à poser un diagnostic interne avec des partenaires du milieu, soit certaines industries ou compagnies. Nous avons même élaboré un plan d'action sur plusieurs années qui prévoyait un ensemble de mesures pour augmenter la présence des femmes dans l'industrie minière, notamment là où elles sont très peu nombreuses. On parle en effet de 4 % seulement dans les métiers de la production. Dans le cas de ces derniers, des postes d'entrée permettent souvent, grâce à une formation à l'interne, d'accéder à des postes de métier. Nous avons donc élaboré le plan d'action, mais les compagnies minières ont préféré prendre de petites mesures ciblées. Très peu de ces compagnies ont voulu adopter l'ensemble du plan d'action.
Des mesures intéressantes existent, mais ce n'est pas de cette façon qu'on va combattre la discrimination systémique. Cela dit, nous sommes fiers de ce que nous avons pu produire grâce à ce rapport. Nous avons même élaboré un guide des bonnes pratiques dans le secteur minier. Ce sera pour moi un réel plaisir que de faire parvenir au Comité les liens pertinents. Ce guide est hébergé par le site Web du Comité sectoriel de main-d'œuvre de l'industrie des mines, du Québec. Depuis son lancement en novembre dernier, il a été consulté plusieurs centaines de fois. C'est donc dire qu'il y a un besoin.
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Merci d'avoir posé cette question.
Quelques organismes se sont regroupés. Ils mènent tous leurs activités partout au Canada, et leur influence se ressent dans tout le pays. J'ai déjà mentionné Catalyst, Women in Capital Markets, l'Institut des administrateurs de sociétés, le Clarkson Centre, la Coalition canadienne pour une bonne gouvernance et le 30% Club. Nous nous sommes regroupés parce que je vous dirai franchement que nous trouvons que les initiatives sont trop fragmentées. Nous visons tous un même objectif, celui de faire avancer les femmes, mais un trop grand nombre de nos organismes n'ont pas l'envergure nécessaire. Nos budgets sont trop petits pour que nous ayons assez d'influence.
Nous sommes convaincus qu'en collaborant, nous pourrons lancer une stratégie de plus grande envergure pour le Canada. Nous désirons créer une solution qui s'adapte à notre pays. Dernièrement, deux ou trois organismes américains sans but lucratif nous ont suggéré des manières de faire monter les femmes dans la hiérarchie. Tout au fond de moi-même, j'ai pensé « excusez-moi! »
Pourquoi ne pourrions-nous pas créer une solution adaptée à tout le Canada au lieu de n'avoir que de petits organismes éparpillés dans le pays? Nous voudrions fonder une alliance ou un organisme ombrelle. Nous avons déjà lancé cette initiative. Jusqu'à présent, nous avons à nos côtés le gouvernement de l'Ontario, qui adore cette idée et qui considère notre alliance comme une cellule de réflexion sur ses idées et sur ses problèmes et à laquelle il peut demander des recommandations.
Nous voudrions créer une alliance pour tout le Canada, et idéalement nous voudrions l'appui du gouvernement fédéral. Je vous dirai franchement qu'il faut une carotte pour convaincre les gens, et cette carotte prend toujours la forme de budgets.
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En effet, vous n'êtes pas obligées de rester.
Quoi qu'il en soit, on nous a suggéré trois petites corrections.
D'abord, nous parlons, dans le paragraphe 2, de « décisions actuellement consignées, mais qui ne sont pas encore rendues publiques ». Le commentaire vise à ce que nous éliminions tout ce qui suit le mot « décisions » afin de ne pas nous empêtrer dans la définition de ces décisions.
Le deuxième commentaire souligne que dans notre lettre, nous demandons à ce que l'on transmette électroniquement la transcription des audiences de tous les tribunaux. Je crois que l'intention du Comité était de demander que l'on transmette électroniquement uniquement les transcriptions d'audiences portant sur des agressions sexuelles.
Le troisième commentaire indique que notre version préliminaire de la lettre recommande d'étendre la formation aux « juges des cours provinciales ». Il recommande de mentionner les « juges nommés par les provinces » au lieu de citer des tribunaux, qui portent des noms différents un peu partout.
Ces commentaires ne soulignent que des modifications grammaticales.
Y a-t-il des interventions à ce sujet?
Madame Malcolmson.
:
J'ai des questions et d'autres suggestions à présenter. Comme le projet de loi est encore en cours d'adoption, je suggérerais que nous ne hâtions pas ces décisions. Je voudrais que nous soyons sûrs que les gens qui recevront cette lettre comprendront bien ce que nous demandons, et pour quelles raisons nous le faisons. Par conséquent, je préférerais que nous développions un peu nos justifications parce qu'en réalité, cette lettre vise à mettre les autres ministres au courant de ce qu'ils n'ont pas entendu.
Je trouve que dans le premier paragraphe, nous devrions décrire plus en détail les objectifs du projet de loi — nous pourrions ajouter un résumé du contenu par points —, afin que les lecteurs comprennent en quoi consiste le projet de loi .
Dans le deuxième paragraphe, nous devrions décrire nos raisons. Pourquoi est-il nécessaire de divulguer ces transcriptions au plus grand nombre de personnes possible? Si nous nous contentons de faire cette demande sans l'expliquer, elle aura beaucoup moins de poids, à mon avis.
Nous pourrions par exemple choisir un fragment de témoignage si nous n'avons rien d'autre pour décrire cette nécessité. Je voudrais présenter une suggestion. Elaine Craig, de la Faculté de droit de l'Université Dalhousie, a une citation que nous pourrions vous envoyer, si cela peut vous aider et si les autres membres du Comité conviennent que nous devrions entourer cette demande d'un peu plus de contexte.
Ensuite, au paragraphe où nous parlons de formation, je crois que nous devrions utiliser la terminologie du projet de loi. Par exemple, je ne suis pas sûre que l'on y trouve l'expression de « formation tenant compte des traumatismes ». Ici aussi, il serait peut-être bon de citer un témoignage...
Enfin, cette ébauche n'indique pas clairement à qui cette lettre s'adresse. Demandons-nous à la ministre de la Justice de transmettre notre requête aux ministres provinciaux? Ou écrivons-nous à la ministre de la Justice tout en envoyant des copies conformes à tous les ministres provinciaux et territoriaux? Il me semble que nous devrions préciser cela avant d'envoyer la lettre.
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Merci, madame la présidente, de m'avoir offert cette occasion de comparaître devant le Comité aujourd'hui.
Je suis vice-présidente de Stratégie et Partenariats de l'organisme Ingénieurs Canada. J'ai le grand plaisir de vous présenter ce que fait notre société pour protéger la sécurité économique des femmes en promouvant le recrutement des femmes ingénieures et le maintien de leurs effectifs.
Ingénieurs Canada est un organisme national. Il représente les 12 associations provinciales et territoriales qui réglementent l'ingénierie au Canada et qui accréditent les ingénieurs professionnels, dont le nombre dépasse 290 000 au Canada. Notre organisme et ses associations membres veillent aux progrès de notre profession tout en protégeant les intérêts du public.
Depuis longtemps, Ingénieurs Canada cherche à faciliter l'entrée et le succès des femmes en ingénierie. L'embauche et le maintien des effectifs féminins en ingénierie constituent l'un des meilleurs moyens d'améliorer la sécurité économique des femmes. En effet, les domaines de l'ingénierie, des affaires et de la santé comptent parmi les professions les mieux rémunérées au Canada. De plus, l'ingénierie réunit les réalisations des autres professions STEM — les sciences, la technologie et les mathématiques — afin d'améliorer la vie des populations du monde et de les aider. En fait, les résultats du sondage international décrit dans le rapport du Queen Elizabeth Prize for Engineering indiquent qu'au cours de ces 20 prochaines années, l'ingénierie aura pour rôle principal de résoudre les problèmes du monde. Son deuxième rôle sera d'inspirer l'innovation, et son troisième rôle sera d'améliorer la qualité de vie des gens.
Bien que l'ingénierie leur offre d'excellents débouchés, les femmes — qui constituent environ 50,4 % de la population canadienne — ne représentent que 12 % des ingénieurs accrédités et 19 % des étudiants de premier cycle en ingénierie. Il est clair qu'une carrière en ingénierie améliore grandement la sécurité économique des femmes, mais il est également important que notre profession représente adéquatement le public dont elle protège les intérêts. Ensemble, nous devons nous efforcer d'attirer les groupes sous-représentés — notamment les femmes — vers les programmes d'enseignement en ingénierie et de les encourager à se lancer dans cette carrière. En effet, il est crucial qu'elles améliorent leur stabilité économique et qu'elles se fassent reconnaître dans les industries à prédominance masculine.
Plusieurs facteurs découragent les femmes d'embrasser la profession d'ingénieure. Il peut s'agir de l'inégalité des salaires entre hommes et femmes, du manque de souplesse du système actuel de congé de maternité et de congé parental ainsi que de la notion courante qui veut que l'ingénierie soit une industrie à prédominance masculine. Il existe d'autres facteurs dont nous ne sommes pas vraiment au courant ou qui demeurent souvent anecdotiques.
Ces enjeux sont extrêmement importants. Toutefois, je vais axer mon allocution sur le besoin de fonds gouvernementaux pour soutenir la recherche en ingénierie. Cette recherche nous permettra de mieux comprendre les raisons pour lesquelles les jeunes femmes s'écartent de cette profession et de concevoir des initiatives que les décideurs et les intervenants pourront mettre en oeuvre pour aider les femmes à embrasser notre profession. Cette recherche servira aussi à mieux comprendre ce qui entrave le maintien des effectifs féminins dans ce domaine.
Avec tous les organismes de réglementation qu'il représente, Ingénieurs Canada s'efforce de hausser le pourcentage d'agrément des femmes à 30 % d'ici à 2030. Nous appelons cet objectif « 30 en 30 ». À l'heure actuelle, les ingénieures agréées constituent 17 % de la population des ingénieurs, et ce pourcentage n'a pas augmenté au cours de ces trois dernières années.
Afin d'éliminer les facteurs qui éloignent les femmes de notre profession, les intervenants ont besoin que le gouvernement établisse des politiques nationales visant à encourager les jeunes — surtout les filles — à faire des études postsecondaires en ingénierie pour ensuite embrasser cette profession. Ce soutien devrait commencer dès l'école primaire, pour ensuite se poursuivre aux niveaux secondaire et postsecondaire.
S'ils acquièrent des compétences dans les domaines de STEM, les jeunes Canadiens seront prêts à embrasser la carrière de leur choix, quel que soit leur sexe. Malheureusement, bien que la représentation des femmes dans les universités et dans les collèges de notre pays se soit accrue au cours de ces dernières décennies, les étudiantes ne choisissent que rarement des disciplines de STEM, surtout en ingénierie.
Selon les résultats d'une analyse menée par Statistique Canada en 2011, de tous les étudiants qui terminent leur secondaire avec des notes de 80 à 89 %, 52 % des garçons environ choisissent un programme universitaire en STEM, et seulement 22 % des filles le font. De tous les élèves qui ont terminé le secondaire avec des notes inférieures à 80 % et qui sont allés à l'université, 30 % environ des garçons ont choisi un programme de STEM alors que seulement 10 % des filles l'ont fait. On constate donc un grand écart dans le choix de programmes de STEM entre les garçons et les filles qui jouissent du même niveau de réussite scolaire.
Ces taux d'inscription sont même plus bas dans les disciplines de l'ingénierie. On constate un bien moins grand nombre d'étudiantes qui s'inscrivent à des programmes de premier cycle en ingénierie et qui en sortent diplômées que dans les autres disciplines. En 2011, 59 % des diplômés de 25 à 34 ans en sciences et en technologie étaient des femmes, alors qu'en ingénierie, ce taux n'était que de 23 % cette année-là.
Il existe un consensus sur le fait que la participation des jeunes aux matières liées aux STIM est un moyen clé pour accroître l'intérêt d'un enfant à l'égard de l'ingénierie. De nombreuses parties prenantes du milieu interviennent dans la prestation de programmes de sensibilisation pour cette raison, le but ultime étant de promouvoir l'inscription aux programmes d'ingénierie. Ces programmes s'adressent souvent aux jeunes femmes puisqu'elles sont moins susceptibles de choisir une carrière dans ce domaine.
La compréhension des raisons fondamentales pour lesquelles les filles sont moins susceptibles que les garçons de choisir des programmes de STIM après leurs études secondaires permettrait de mieux préparer les parties prenantes du milieu à concevoir des stratégies ciblées visant à mobiliser les jeunes filles à un moment de leur vie où elles pourraient commencer, si elles choisissaient le domaine de l'ingénierie, à se préparer en conséquence.
Pour attirer des jeunes femmes dans des programmes d'ingénierie ainsi que dans la profession, il est nécessaire que le gouvernement fédéral octroie des fonds de recherche afin de nous aider à mieux comprendre pourquoi les jeunes femmes ne choisissent pas ce parcours de carrière. La recherche devrait porter sur les facteurs qui dissuadent les femmes de poursuivre des études secondaires en génie, même lorsqu'elles possèdent les qualités et les compétences requises. Il est important que les gens du milieu disposent de ces données pour être en mesure de supprimer les écueils qui dissuadent les femmes de faire carrière en génie.
Nous encourageons également le gouvernement fédéral à intégrer la recherche dans les critères de financement des programmes fédéraux, comme PromoScience, afin que ces programmes puissent s'attaquer aux causes mêmes du problème. Lorsqu'il est question des STIM, l'accent est trop souvent placé sur les sciences, les technologies et les mathématiques, au détriment de l'ingénierie. C'est pourquoi les programmes examinés pour un financement dans le cadre de PromoScience devraient cibler l'ingénierie.
Le départ des effectifs féminins de la profession menace réellement notre capacité à retenir les femmes dans la profession. En tant qu'ingénieure professionnelle, j'ai moi-même vu des femmes quitter la profession à cause des obstacles auxquels elles se heurtent dans leur milieu de travail. J'ai eu la chance d'avoir pu surmonter bon nombre de ces obstacles dans mon propre parcours professionnel. J'ai fait une belle carrière en génie. Le mois prochain, je recevrai un doctorat honorifique. Malheureusement, de nombreuses femmes n'ont peut-être pas le soutien ou les possibilités dont elles ont besoin pour surmonter ces obstacles qui sont souvent la cause de leur abandon de la profession, par exemple la rigidité du congé de maternité, le manque d'équité salariale et la culture du milieu de travail.
Des études menées aux États-Unis et ailleurs dans le monde démontrent l'exode des femmes de la profession d'ingénieur. Au Canada, à part quelques données empiriques, nous n'avons pas beaucoup d'information sur l'ampleur de ce problème. En absence de données précises pour orienter leurs efforts, les acteurs du milieu de l'ingénierie peuvent difficilement faire des choix éclairés quant aux mesures qui permettraient de retenir les femmes dans la profession.
C'est pourquoi Ingénieurs Canada encourage le gouvernement fédéral à financer la recherche sur les effectifs de notre profession afin de faire la lumière sur les raisons qui incitent les femmes à quitter la profession, de corriger le tir et de multiplier les possibilités offertes aux femmes. Nous voulons offrir à nos professionnelles un emploi stable et bien rémunéré afin de protéger leur sécurité économique. Ingénieurs Canada encourage également le gouvernement fédéral à cibler particulièrement la recherche portant sur les femmes autochtones et des minorités visibles.
Madame la présidente, je vous remercie de m'avoir invitée à exposer notre point de vue devant le comité aujourd'hui sur cet important enjeu.
[Français]
Madame la présidente, honorables membres du Comité, permettez-moi tout d'abord de vous remercier de l'invitation.
À titre de dirigeante principale des finances, je suis heureuse de vous présenter un portrait de la représentation des femmes au sein de l'Agence spatiale canadienne.
L'Agence déploie de nombreux efforts pour assurer une plus grande présence de femmes non seulement au sein de son personnel, mais également dans l'ensemble des professions reliées aux sciences, aux technologies, à l'ingénierie et aux mathématiques.
L'accès à une main-d'oeuvre qualifiée, diversifiée et innovante est une priorité pour nous.
Avant d'aller plus loin, permettez-moi de vous présenter ma collègue Mme Dominique Breden, dirigeante principale, Vérification et évaluation. Elle est également notre championne de l'équité en emploi ainsi que championne du Comité des femmes en sciences, technologies et gestion.
Tout d'abord, je suis fière de vous informer que l'Agence spatiale canadienne atteint les cibles de représentation des femmes dans le domaine scientifique de façon globale.
[Traduction]
Le travail du Comité des femmes en sciences, technologies et gestion depuis quinze ans a permis d'augmenter le nombre de femmes dans des postes scientifiques, techniques et de leadership au sein de l'organisation. Il est à noter qu'en 2002, les femmes représentaient 13 % des employés scientifiques de l'Agence. Et aucune ne faisait partie de la haute gestion.
[Français]
La représentation des femmes dans les postes d'ingénieurs, de techniciens et de scientifiques à l'Agence spatiale canadienne correspond à leur disponibilité dans la population active. C'est donc 14,1 % chez les ingénieurs. La représentation des femmes dans les postes de cadres intermédiaires et dans les postes de haute gestion correspond également à leur disponibilité sur le marché.
Par contre, dans les postes de gestion des secteurs scientifiques et technologiques, elles sont encore sous-représentées. Par exemple, chez les gestionnaires en ingénierie, le taux de représentativité des femmes est environ trois fois moindre que le taux de disponibilité. Nous poursuivons donc nos efforts en portant une attention particulière à ces secteurs particuliers de l'organisation.
Au départ, les initiatives de ce comité visaient principalement à sensibiliser les employés de l'Agence aux difficultés d'accès des femmes aux postes de gestionnaires et à des fonctions exécutives.
En 2014, un cadre de référence, inspiré d'initiatives semblables dans d'autres agences spatiales, notamment la NASA et les agences spatiale européenne et allemande, a été rédigé et entériné par notre comité exécutif qui reconnaît ainsi et appuie l'importance des efforts déployés pour améliorer la présence des femmes dans les postes de gestion.
Les membres de notre comité continuent de suivre les enjeux actuels et émergents à l'Agence et de se tenir au fait des pratiques exemplaires au gouvernement. Elles font des exposés aux employés sur les défis et les possibilités que représentent les questions d'égalité entre les sexes. Elles participent aussi à des activités de réseautage et elles élaborent des plans pour soutenir les femmes dans leur cheminement de carrière. Enfin, elles assistent régulièrement aux réunions du comité exécutif de l'Agence pour faire le point et formuler leurs recommandations.
[Traduction]
Les efforts déployés au fil des ans ont été fructueux. Depuis 2009, le nombre de femmes dans la catégorie scientifique et professionnelle atteint les objectifs d'équité en matière d'emploi.
[Français]
Notre comité des femmes en sciences, technologie et gestion déploie aussi beaucoup d'efforts pour créer un comité national des femmes pour augmenter la visibilité de ce groupe au sein de la communauté fédérale. La proposition pour la création de ce comité national a notamment reçu l'appui de 38 ministères et agences gouvernementales, et a été remise au Secrétariat du Conseil du Trésor pour présentation au greffier du Conseil privé en décembre dernier.
Dans tous nos processus de recrutement, nous mettons tout en place pour aller chercher ces femmes talentueuses qui oeuvrent dans la communauté STIM canadienne, c'est-à-dire la communauté des sciences, technologies, ingénieries et mathématiques. C'est aussi vrai pour nos astronautes.
À cet effet, une stratégie de mobilisation à l'échelle nationale a aussi été mise sur pied pour nous permettre de rejoindre le plus grand nombre possible de Canadiens dans le cadre de la campagne de recrutement d'astronautes présentement en cours. Un effort particulier a été fait pour rejoindre les femmes et les Autochtones, notamment par le truchement des médias et des publications ciblées sur les réseaux sociaux.
Cette stratégie visait à solliciter l'aide des parties prenantes variées dont les universités, des associations professionnelles et des partenaires gouvernementaux comme Condition féminine Canada, pour rejoindre les femmes et les inciter à postuler.
Ces efforts ont permis des gains non négligeables. Lors de la dernière campagne de recrutement en 2008-2009, 18,6 % des candidats qui avaient présenté une demande étaient des femmes. Cette fois-ci, la proportion a atteint 24 %, ce qui demeure tout de même inférieur à la proportion de femmes disponibles dans les secteurs ciblés, c'est-à-dire 32 %. Le processus de recrutement lui-même a également été conçu afin qu'il soit équitable. La proportion de femmes toujours dans la course est de 29,4 % soit 5 candidates sur un total de 17.
[Traduction]
Nos candidates astronautes sont aussi des modèles d'inspiration pour les jeunes du Canada. Chacune possède un parcours unique en STIM et elles sont les ambassadrices des occasions offertes aux femmes dans ces domaines.
[Français]
Nous avons d'ailleurs créé des profils numériques mettant en lumière le parcours, la carrière, les études et les compétences exceptionnelles des 72 meilleurs candidats astronautes. Des enseignants et des conseillers de carrière nous ont même envoyé des messages de remerciement après avoir utilisé ces profits en classe pour mettre un visage sur les possibilités de carrière qui s'offrent à nos jeunes Canadiens.
L'espace possède un grand pouvoir d'inspiration. Lorsqu'ils sont de passage au Canada, nos astronautes visitent les Canadiens dans leur coin de pays afin de promouvoir l'espace, les découvertes scientifiques et les STIM.
Plusieurs porte-parole féminines de l'Agence, scientifiques, ingénieures, participent chaque année à des événements qui s'adressent à des publics variés dont certains typiquement féminins, comme The Sky's No Limit - Girls fly too!, en Colombie-Britannique, et Les Filles et les Sciences, à Montréal.
Nous continuons nos efforts de communication et de sensibilisation pour inspirer, stimuler, encourager et alimenter les jeunes scientifiques, explorateurs et innovateurs de demain.
Grâce à nos efforts pour augmenter la présence des femmes dans des postes clés au sein de notre effectif et pour assurer une plus grande disponibilité d'une main-d'oeuvre qualifiée, nous pourrons, non seulement assurer la réalisation du Programme spatial canadien, mais également contribuer à ce que le Canada se taille une place de choix dans une économie du savoir.
Cela conclut ma déclaration d'ouverture.
Je vous remercie de votre attention. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
Au gouvernement fédéral, comme vous le savez, les objectifs d'équité en emploi pour les différents groupes sont fondés sur la disponibilité au sein de la population active. Cela fait en sorte qu'au sein des organismes, on veut avoir le même portrait qu'on retrouve dans la population active.
Actuellement, concernant les statistiques, chaque ministère doit établir ses propres cibles comparativement aux données statistiques disponibles. Par contre, présentement, les données utilisées par tous les ministères sont celles de 2011. Les données sont mises à jour tous les quatre ans et les nouvelles données qui seront utilisées bientôt seront celles de 2016. On verra peut-être un changement, tout dépendant de la disponibilité au sein de la population canadienne. Toutefois, à ce moment-ci, en ce qui concerne l'Agence spatiale canadienne, le taux est de 36 % de cadres alors que la disponibilité au sein de la population canadienne est de 37 %. L'Agence a donc travaillé très fort au cours des dernières années pour combler les écarts, de façon globale, pour ce qui est des postes de direction. Les efforts ont porté leurs fruits.
Pour ce qui est des domaines scientifiques, comme Mme Guérard le mentionnait plus tôt, beaucoup de travail a également été fait. Comme vous le dites, en 1980, le taux était de 12 %. Le taux de disponibilité actuellement, selon les statistiques de 2011, est de 16 %. Les ministères veulent atteindre la cible et, à l'Agence, nous l'atteignons avec un taux de 17 %.
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Je vous remercie, madame la présidente.
J'ai quelques questions pour Ingénieurs Canada. Comment engager des dépenses en infrastructures, tout en profitant de ce levier pour faire entrer un plus grand nombre de femmes dans la population active? Des témoins précédents nous ont dit que nos investissements pourraient avoir des conséquences non souhaitées, que les investissements dans les infrastructures traditionnelles risquaient de profiter beaucoup plus aux hommes qu'aux femmes, si nous n'envoyons pas de femmes sur le terrain comme ingénieures ou travailleuses.
Il y a quelques mois, le comité a entendu le témoignage d'une professeure de l'Université Simon Fraser qui a relaté une expérience réussie qui s'est déroulée tout près de chez moi, mais que j'avais oubliée parce que c'était il y a 25 ans. Il s'agit de la construction de l'autoroute de l'île de Vancouver qui a fait grimper le nombre d'embauches de femmes dans le cadre de projets d'infrastructures. J'aimerais vous lire quelques extraits de son témoignage. « Le tracé de la route passait par un territoire appartenant aux Premières Nations. Des mesures d'équité ont donc été prises et, à l'époque, le gouvernement était » — il se trouve qu'il était néo-démocrate — « très attaché au respect de l'équité. Puis d'ajouter: « Il faudra que le gouvernement exerce une pression suffisamment forte au départ pour y parvenir, car ni les entrepreneurs ni les syndicats ne souhaitent ces mesures. Il sera extrêmement important que les accords soient assortis de clauses précises sur l'embauche fondée sur l'équité en matière d'emploi, laquelle devra être appliquée en priorité par rapport aux autres types d'embauche. Les plus hauts échelons de direction devront également montrer leur appui à ces clauses. » Elle a ensuite précisé: « Au début, les femmes représentaient 2 % de la main-d'oeuvre et elles ont atteint 20 % à un moment donné. » Elle a terminé son témoignage ainsi: « Je tiens à dire que c'est le genre de chose que nous avons entendue au début de la construction de l'autoroute de l'île de Vancouver et que, par la suite, les employeurs et les syndicats étaient tous très, très satisfaits de ce qui s'était passé. Les femmes avaient été embauchées et l'entreprise était heureuse de les réembaucher par la suite. »
Ce témoignage a été livré le 9 février.
Connaissez-vous d'autres exemples inspirants où l'intervention du gouvernement a fait bougé les choses et ouvert un débouché pour la prochaine génération de femmes et où, durant le processus d'attribution du marché, il a fait savoir qu'il octroierait le contrat au soumissionnaire qui lui démontrerait sa capacité à offrir un certain pourcentage d'emplois à des femmes, des Autochtones, des apprentis?
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Oui, nous en avons, mais ils proviennent surtout de pays européens, notamment de l'Islande et de la Belgique. Nous avons des rapports que nous pouvons vous faire parvenir.
Dans mon allocution, j'ai glissé un mot sur des études menées aux États-Unis sur les facteurs susceptibles d'augmenter ou de diminuer les taux de rétention des femmes dans le domaine de l'ingénierie.
J'aimerais m'arrêter sur un rapport publié sous le titre The Athena Factor, qui soutient que 52 % des femmes quittent leur profession dans les domaines des sciences, de l'ingénierie et des technologies. Les auteures ont étudié leurs trajectoires professionnelles dans de nombreux domaines, dont celui des infrastructures, et défini les facteurs étaient susceptibles de les retenir dans ce domaine particulier.
S'agit-il de mesures immédiates comme celles que vous avez décrites, Sheila, ou de mesures qui requièrent peut-être un délai d'exécution et une certaine planification? L'ouvrage met en évidence plusieurs facteurs importants qui, malgré les efforts déployés pour créer des rôles pour les femmes, n'ont pas empêché ces dernières à quitter la profession. Les auteures ont qualifié ces facteurs d'« antigènes ». Elles en ont identifié cinq, dont la marginalisation des femmes par la culture du milieu de travail, par exemple, le fait d'être la seule femme au sein d'une équipe ou sur un chantier, les aléas des parcours professionnels qui placent les femmes dans une impasse et les systèmes de risques et de récompenses en place dans ce genre de milieux qui peuvent également défavoriser les femmes.
Nous sommes tout à fait d'accord avec le principe ou l'idée de trouver des moyens de piloter un projet de cette nature. Comment devons-nous nous y prendre exactement? Nous sommes également conscients que que nous devons d'abord comprendre les défis que pose le milieu de travail ainsi que leur incidence en matière d'attractivité et de rétention des femmes.
Merci.
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En effet, comme je l'ai mentionné plus tôt, il y a une différence entre les quotas et les objectifs d'embauche.
Quand on a des objectifs d'embauche, on recherche d'abord la compétence. On a des critères d'évaluation, un énoncé des critères de mérite, bref, on définit clairement les exigences pour les postes. On met en place des outils qui permettront, lors de l'évaluation des candidats, d'être équitable envers tout le monde. On veut s'assurer qu'à l'issu d'un processus de dotation, par exemple, personne ne se sent lésé, qu'il s'agisse d'un homme ou d'une femme. Pour chaque processus de dotation, on s'assure de mettre en place des outils d'évaluation neutres pour tous qui permettront d'avoir une évaluation basée sur le mérite.
Quand l'évaluation est complétée, par la suite, à compétence égale, quand des cibles ne sont pas atteintes, on privilégie une femme. Dans ce cas, les gens n'auront pas l'impression que cette personne a été choisie parce qu'elle est une femme.
L'Agence spatiale canadienne s'assure d'adopter les processus appropriés. J'y travaille depuis un certain nombre d'années et nous n'entendons pas le discours selon lequel on a engagé certaines personnes parce qu'elles étaient des femmes. Nous sommes conscients et c'est bien perçu et bien expliqué.
Je pense que tout est fonction de la façon par laquelle on communique, que ce soit avec l'ensemble des employés ou lors des processus de dotation ou, après coup, une fois que les processus sont terminés. La clé est aussi de s'assurer de bien transmettre l'information sur les façons de faire.
Ai-je répondu à votre question?
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Je vous en suis reconnaissant.
Nous avons beaucoup parlé aujourd'hui de la nécessité que le gouvernement investisse ou fasse le nécessaire pour retenir un plus grand nombre de femmes dans l'industrie.
Je commencerai par Mme Southwood. J'ai toujours été d'avis que les personnes qui côtoient les problèmes sont les mieux placées pour nous dire quoi faire, non seulement pour nous aider à composer avec leurs conséquences, mais aussi pour nous permettre de nous attaquer aux sources profondes, qu'il s'agisse des barrières ou d'autres causes.
Que le gouvernement essaie de résoudre certains de ces problèmes, c'est une chose, mais comme beaucoup d'entre nous l'ont dit aujourd'hui, je suis certain que le Comité permanent de la condition féminine s'est déjà penché sur beaucoup de ces questions.
Que fait Ingénieurs Canada à cet égard? Votre organisation propose-t-elle des politiques et des programmes de base pour tenter d'attirer plus de femmes dans les programmes de STIM, et pour les maintenir en poste?
Vous avez dit dans votre exposé qu'à l'université, il y avait beaucoup de femmes dans vos cours d'ingénierie, et vous vous demandez maintenant où sont allées toutes ces femmes. Quels types de programmes Ingénieurs Canada élabore-t-elle pour améliorer la situation? Ce n'est peut-être pas uniquement au gouvernement qu'il incombe d'intervenir; il y a peut-être des choses que vous pouvez faire de votre côté.
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Effectivement. J'aimerais d'abord parler de l'étude que nous demandons. Nous estimons que dans le domaine de l'ingénierie en particulier, cette étude pourtant essentielle n'a jamais été menée. Elle est essentielle non seulement parce que la lettre «I » fait partie de l'acronyme STIM, mais parce que c'est précisément ce «I » qui établit le lien entre les « ST » et les « M ». Sans cet « I », le Canada ne peut tirer pleinement parti des STIM.
Pour répondre à votre question sur ce qu'accomplit Ingénieurs Canada, nous effectuons chaque année une enquête sur le milieu du travail. Cela nous permet de faire le point sur la situation du marché du travail et de connaître les débouchés. Cette information est publiée dans notre portail. Outre le public canadien, les personnes qui immigrent au Canada peuvent la consulter pour s'informer des débouchés existants. Celles qui cherchent un emploi dans un domaine précis de l'ingénierie peuvent ainsi connaître quelle région du Canada répond le mieux à leurs attentes.
Nous avons mis en place l'initiative 30 par 30, qui est notre façon de contribuer à porter à 30 % la proportion de femmes agréées en ingénierie d'ici 2030.
Il y a aussi notre programme Future City, dont les activités sont intégrées au curriculum des classes de 6e, 7e et 8e années et dont le but d'initier les élèves au monde de l'ingénierie. Grâce à ce programme, les jeunes qui n'ont pas la possibilité de s'inscrire à un programme parascolaire ont quand même la chance de se mettre dans la peau d'un ingénieur. L'édition pilote de cette année a été un franc succès et le programme sera élargi.
Une autre initiative d'Ingénieurs Canada est le guide Gérer les transitions, le document dont j'ai parlé un peu plus tôt, conçu pour aider les employeurs et les femmes — les mères — avant et après un congé de maternité et un congé parental.
Il y en a d'autres, nous pouvons en faire une liste et la transmettre au Comité.
Je vous remercie de cette question.