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Madame la présidente, je suis très honorée de m’adresser aux membres d’un comité aussi important. Mon domaine de spécialisation est celui des soins aux aînés, tant rémunérés que non rémunérés, et c’est ce sur quoi mes remarques d’aujourd’hui porteront.
La discussion concernant le travail non rémunéré est actuelle et essentielle. Cependant, elle n’a rien de nouveau. Le livre canadien par excellence sur le sexe et le travail non rémunéré, The Double Ghetto, a été rédigé il y a près de 40 ans. Son auteure s’est fondée sur des données de Statistique Canada pour examiner le travail distinct des femmes et des hommes à la maison et à l’extérieur. Une seconde édition récente souligne certains des gains réalisés par les femmes sur le plan de la scolarité et sur le marché du travail. Cependant, il révèle, en termes cinglants, la distinction persistante qui existe toujours des années plus tard, surtout en ce qui concerne les soins.
Il en est de plus en plus question dans les médias populaires. À titre d’exemple, dans la foulée de l’article d’Anne-Marie Slaughter dans Atlantic Monthly, Melinda Gates a utilisé sa lettre annuelle de 2016 pour jeter l’éclairage sur le travail non rémunéré. Elle a écrit:
L’expression travail non rémunéré décrit tout à fait la réalité: il s’agit de travail, et non de loisirs, pour lequel vous ne recevez aucun paiement... Vous pouvez considérer qu’il se divise en trois principales catégories: la cuisine, l’entretien ménager et le soin des enfants et des personnes âgées. Qui prépare votre goûter? Qui récupère les chaussettes poisseuses de sueur dans votre sac de sport? Qui embête le centre de soins infirmiers afin de s’assurer que vos grands-parents reçoivent ce dont ils ont besoin?
Les discussions concernant le travail non rémunéré gravitent souvent autour du soin des enfants, tandis que celui des aînés est moins visible. Le soin des aînés, tant rémunéré que non rémunéré, peut comprendre l’aide avec les soins corporels, l’aide avec les repas et l’organisation, par exemple, des rendez-vous médicaux et des finances, les transports et l'aide à la maison, notamment le nettoyage et l’entretien.
Point important, les soins à la famille et les soins par un compagnon offerts dans les habitations collectives et financées par le secteur public comme les centres de soins infirmiers font moins souvent l’objet de discussions. Dans mes remarques, j'insisterai sur les soins rémunérés et non rémunérés et je préciserai lorsqu’il s’agit de financement public ou privé.
Le domaine des soins est sexospécifique: ce sont les femmes qui en offrent généralement le plus et qui exécutent des tâches qui prennent plus de temps et qui sont moins flexibles que celles que les hommes exécutent lorsqu’ils prodiguent des soins. À titre d’exemple, les femmes font plus de travaux ménagers et de préparation de repas, et elles offrent plus de soins personnels et médicaux. Les hommes s’occupent plus du transport et de l’entretien du domicile, comme le déneigement.
Selon Statistique Canada, en 2012, 5,4 millions de Canadiens offraient des soins à un aîné souffrant d’une maladie chronique, d’un handicap ou d’un problème relatif au vieillissement.
L’endroit où les soins sont prodigués est aussi un point important. Plus des deux tiers des répondants offraient des soins à un aîné qui vivait dans une maison privée. Dans 16 % d’autres cas, les aidants prodiguaient ces soins à un aîné vivant avec eux, contre 14 % à un aîné vivant dans un centre de soins.
Plus souvent qu’autrement, ce sont les filles et les conjoints qui prodiguent ces soins aux femmes qui vivent en milieu résidentiel. Les données du recensement de 2016 montrent qu’environ 70 % des personnes qui vivent dans des centres de soins et des résidences pour personnes âgées sont des femmes.
Nombre de Canadiens passent aussi un temps considérable à prodiguer des soins. Plus de la moitié des familles ou des amis qui vivent avec un aîné offrent plus de 10 heures de soins par semaine. Près du quart consacrent plus de 10 heures par semaine aux soins d’un aîné vivant dans un centre de soins où sont donnés des soins financés par le secteur public.
Nous ne pouvons pas non plus ignorer les répercussions des soins offerts. Un peu plus du tiers des personnes qui aident des aînés vivant dans un centre de soins et environ le tiers des personnes vivant avec un aîné qui nécessite des soins ont parlé de la pression exercée sur les relations familiales, pressions aussi ressenties par le cinquième des personnes qui offrent des soins à des aînés vivant dans un ménage distinct et environ le cinquième de celles qui aident des aînés vivant dans des logements supervisés.
Les femmes subissent, en outre, des conséquences plus négatives des soins qu’elles prodiguent, sur des domaines aussi variés que leurs finances, leur santé et leur vie sociale.
Il est particulièrement important de tenir compte des soins que nécessitent les personnes atteintes de démence. À l’heure actuelle, plus d’un demi-million de personnes souffrent de démence au Canada, et on estime que ce chiffre doublera presque d’ici à 2031. On estime qu’il faut consacrer 19,2 millions d’heures de travail par année pour prendre soin des personnes atteintes de démence. Il s’agit de travail non rémunéré, et il faudrait compter 1,2 milliard de dollars au bas mot pour remplacer ces aidants naturels. Les spécialistes nous préviennent qu’il faut s’attendre à ce que le temps consacré aux soins double en fonction du nombre de personnes atteintes de ce trouble. Une très grande partie des coûts des soins non rémunérés offerts aux personnes souffrant de démence sont assumés par les familles, car le système public ne couvre qu’une fraction des coûts totaux associés à cette maladie.
Il faut accorder plus d’attention aux besoins variés de diverses femmes. À titre d’exemple, en raison d’enjeux culturels, la plupart des familles d’immigrants prodiguent des soins dans les maisons privées, même lorsque la démence est un facteur, alors elles ne placent pas des membres de leur famille dans des centres de soins. Il faut aussi se pencher davantage sur les besoins non comblés. Les familles sont dispersées sur le plan géographique. En plus, l’unité familiale a changé au fil du temps, si bien qu’il y a maintenant moins d’enfants pour s’occuper de leurs parents.
Selon Statistique Canada, près d’un demi-million de Canadiens nécessitent des soins pour des troubles chroniques, mais ne les reçoivent pas. Un quart des personnes dont les besoins ne sont pas comblés ont plus de 65 ans.
Le travail rémunéré est aussi une considération clé. Il s’agit d’une occupation féminisée. Dans l’ensemble, 80 % des soignants rémunérés sont des femmes, et les femmes représentent plus de 85 % des travailleurs rémunérés dans les centres de soins. Il existe une grande proportion de femmes de diverses populations ethniques et immigrantes qui prodiguent des soins aux aînés dans un cadre communautaire. Ces femmes se retrouvent souvent à offrir ces types de soins, surtout lorsque d’autres femmes ne sont pas prêtes à faire le travail.
Les milieux où des soins sont offerts figurent aussi parmi les lieux de travail les plus risqués. Nos travaux de recherche révèlent que les travailleurs de la santé au Canada sont fréquemment exposés à des taux élevés de maladies, de blessures et de violence. Chez nous, les conditions sont bien pires que dans les pays nordiques, par exemple. Environ les deux tiers des travailleurs dans les centres de soins et les résidences au pays sont syndiqués, mais les taux se situent entre un minimum de 40 % à Terre-Neuve-et-Labrador et un maximum de 65,9 % en Colombie-Britannique. Malgré cela, la majeure partie du travail reste mal payée et à temps partiel, et elle n’offre pas suffisamment d’avantages.
Il manque de soins financés par le secteur public à la maison et en milieu résidentiel. Nos travaux de recherche dans les centres de soins montrent que des nombres croissants de familles paient de leur poche afin d'embaucher des aidants pour offrir des soins individualisés dans les centres de soins. Cela est, en grande partie, attribuable aux niveaux insuffisants de dotation en personnel dans les milieux où les soins sont financés par le secteur public. Il est important de noter que ce travail est précaire, souvent payé au noir et non conforme aux normes du travail.
Comme les soins prodigués par les aidants et les rôles des aides-soignants membres du personnel se chevauchent parfois entièrement, les aidants sont souvent risqués pour les résidents, le personnel rémunéré et les familles. La plupart des installations n’ont même pas de règles de base concernant les soins payés par des fonds privés, y compris concernant des questions élémentaires, mais importantes comme des insignes d’identité, le devoir de présenter des rapports au personnel ou la conformité aux procédures de vaccination ou de prévention des infections. Ces paiements privés représentent aussi un énorme fardeau économique pour les familles.
En terminant, les soins rémunérés ou non rémunérés constituent une des questions les plus importantes qui touchent la vie quotidienne des femmes au Canada. Bien que nombre d’aînés aient besoin de soins, un nombre croissant d’entre eux ont des besoins qui ne sont pas comblés. Les soins rémunérés et non rémunérés ne sont pas sans risques. Les familles et les amis supportent un fardeau physique et financier croissant pour prodiguer des soins. Il manque de soins financés par le secteur public, et ce sont surtout les femmes âgées qui sont touchées. Les familles paient de leur poche pour compenser les niveaux insuffisants de soins financés par le secteur public offerts dans les centres de soins.
Merci beaucoup de m’avoir donné l’occasion de soulever ces points auprès de vous aujourd’hui.
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Notre dernier récit est celui d’une cliente merveilleusement perspicace que j’ai nommée Flora. C’est une soignante réticente, et nous avons eu de nombreuses discussions concernant le manque d’options qui s’offrent à elle. Dans sa frustration, elle compare la situation actuelle des soignants au Canada à la génération perdue de jeunes hommes qui ont servi pendant la Première Guerre mondiale. Bien qu’elle ne cherche pas à manquer de respect à leur service ou aux sacrifices qu’ils ont consentis, elle parle avec passion de la génération de femmes d’âge moyen qui perdent leur vie à prendre soins des autres.
Dans le cadre de cette discussion, nous avons comparé les deux groupes. Les soldats s’étaient portés volontaires ou avez été enrôlés de force, confiants qu’on leur donnerait les outils et qu’on leur apprendrait les compétences dont ils avaient besoin pour réussir. Ils ont reçu un chèque de paie. C’était un indicateur de la valeur de leur temps et de leurs efforts et un moyen de compenser le revenu qu’ils avaient perdu autrement. Ils ont été formés dans des camps d’entraînement pour savoir à quoi s’attendre sur le terrain et comment se protéger eux-mêmes et leurs compagnons d’armes. Ils ont reçu des fusils, de l’équipement de protection, des cartes et des rations, et on leur a montré comment les utiliser. L’ennemi était défini et identifiable par son uniforme. On leur a appris comment l’ennemi pensait et agissait et comment anticiper ses actions. On leur a donné un commandant de peloton qui les a guidés et dirigés, et a contribué à assurer leur sécurité et à les préparer à se battre. Dans un bureau lointain, il y avait un stratégiste qui travaillait à un plan pour vaincre l’ennemi et ramener les soldats au bercail sains et saufs. Lorsque ces soldats sont rentrés, on avait mis en place des plans, des programmes et des services pour les aider à réintégrer la vie civile et à être productifs.
En revanche, il arrive plus souvent que la soignante moyenne ait été enrôlée de force au lieu de se porter volontaire pour le poste, et il lui manque la confiance nécessaire pour assumer la tâche qu’elle entreprend. Elle ne reçoit aucun chèque de paie pour reconnaître la valeur de son temps ou compenser le revenu qu'elle a perdu. Elle n’est pas formée pour assumer ce rôle, mais elle a été conditionnée par elle-même et la société à croire qu’elle devrait savoir ou qu’elle apprendra, en quelque sorte, à faire le travail. Même si des personnes bien intentionnées lui rappellent souvent de prendre soin d’elle, elle ne connaît pas bien les dangers que présente la prestation de soins au plan personnel.
Bien que l’ennemi soit un trouble médical, il arrive fréquemment qu’il y ait peu de renseignements pour l’aider à comprendre les caractéristiques de la maladie ou ce à quoi s’attendre. Parfois, il y a un ennemi secondaire déguisé en système de soins de santé surchargé, en membres de la famille peu coopératifs ou en bénéficiaire de soins qui résiste aux services. Il n’y a ni commandant pour l’aider en cours de route, ni stratégiste avec une vue d’ensemble et un plan global, et lorsque son être cher décède, lorsqu’elle est brisée aux plans physique, mental et financier, elle n'a accès à aucun service. Il n’y pas de GI bill pour l’aider à réintégrer sa vie et aucune gloire qui l’attende à son retour au bercail, seulement de la douleur et du chagrin.
Je voudrais mentionner que, par souci de respect du temps, je ne lirai pas complètement le mémoire de quatre pages que j'ai déposé. Je sauterai certains paragraphes du mémoire pour respecter les sept minutes allouées.
C'était une remarque à l'intention des interprètes.
Au nom de l'Afeas, soit l'Association féminine d’éducation et d’action sociale, je tiens à remercier le Comité permanent de la condition féminine de nous avoir invitées à participer aux audiences dans le cadre de l’étude sur la sécurité économique des femmes au Canada.
Dans un premier temps, je vais vous présenter brièvement l'Afeas. Dans un deuxième temps, je vais cibler les deux grands axes à partir desquels il faut mettre en place des solutions pour éviter que les Canadiennes soient pénalisées tout au long de leur vie sur le plan économique.
Organisme sans but lucratif fondé en 1966, l'Afeas regroupe 8 034 Québécoises qui travaillent bénévolement au sein de 225 groupes locaux répartis dans 11 régions du Québec.
Depuis la fondation de l'Afeas, l'égalité entre les femmes et les hommes dans toutes les sphères de la société demeure incontestablement son leitmotiv. Conséquemment, elle travaille sur différents enjeux concernant les Québécoises et les Canadiennes, comme ceux-ci: l'accès des femmes aux instances démocratiques à tous les niveaux; la sécurité financière des femmes tout au long de leur vie professionnelle et au moment de leur retraite, entre autres grâce à la reconnaissance du travail non rémunéré des femmes au sein de la famille, comme mères et aidantes; l’accès à l’éducation et à la formation, à l’équité salariale, aux métiers non traditionnels et à des mesures de conciliation famille-travail-études; l’accès à des milieux de vie sécuritaires et à des mesures pour contrer la violence envers les filles et les femmes.
Selon l'Afeas, afin d’assurer la sécurité économique des femmes, il faut prendre en compte à la fois le travail non rémunéré et le travail rémunéré des femmes canadiennes.
Dès sa fondation en 1966, l'Afeas s’interroge sur le travail des femmes au sein de la famille et sur les conséquences de sa non-reconnaissance. Déjà, lors de la Commission Bird, en 1968, l'Afeas présente son dossier sur les femmes au foyer.
Une de ses premières campagnes vise à faire reconnaître l’apport des femmes collaboratrices de leur mari dans l’entreprise familiale. En 1974, l'Afeas a gain de cause.
D’autres campagnes suivent et des gains permettent d’améliorer les conditions de vie des femmes québécoises et canadiennes.
Trente-cinq ans plus tard, le 1er avril 2001, l'Afeas crée la Journée mondiale du travail invisible. Dans le cadre de cette campagne annuelle tenue le premier mardi d’avril, l'Afeas sensibilise le public et les décideurs à la valeur sociale et économique de ce travail. Selon l'Afeas, la reconnaissance de cette contribution au sein de la famille et de la communauté permet de mettre en place des mesures sociales et financières et, donc, d’éviter l’appauvrissement des femmes.
Le 1er avril 2010, à la demande de l'Afeas, la députée fédérale Nicole Demers a déposé une motion pour que le premier mardi d’avril soit dorénavant reconnu comme la Journée du travail invisible, c'est-à-dire une journée soulignant l'ampleur du travail non rémunéré. Cette motion, malgré son adoption, n’a pas été mise en vigueur depuis.
Voici donc quelques recommandations concernant le travail non rémunéré, dit invisible.
Tout d'abord, nous recommandons que le Parlement canadien fasse du premier mardi d’avril la Journée nationale du travail non rémunéré, l’intègre au calendrier des journées nationales et la souligne chaque année.
Ensuite, nous recommandons que Statistique Canada évalue et comptabilise la valeur du travail non rémunéré au Canada pour montrer son importance dans le produit intérieur brut, et ce, à partir de l’Enquête sociale générale de 2015 portant sur l'emploi du temps. Une telle évaluation n’a pas été faite depuis 25 ans, soit depuis 1992.
Nous recommandons également que Statistique Canada réintègre la question sur les activités à la maison dans le questionnaire long lors du Recensement de 2021, afin de permettre aux personnes qui y répondent de prendre conscience de l’ampleur de ce travail dans leur vie quotidienne.
Par ailleurs, nous recommandons que le gouvernement fédéral s’assure que toutes lois, toutes politiques et tous programmes sont soumis à l’analyse comparative entre les sexes afin de mettre en lumière leurs effets sur les femmes, notamment sur leur sécurité économique.
De plus, nous recommandons que le gouvernement canadien adopte une politique de conciliation famille-travail-études applicable dans toutes les sphères de la société, tant dans les institutions publiques que dans les entreprises privées relevant du gouvernement fédéral.
Ensuite, nous recommandons que le gouvernement canadien crée, avec les provinces et territoires, un régime d'assurance familiale couvrant les mères ou les pères lors de la naissance ou de l'adoption d'un enfant ainsi que les aidantes ou aidants lors d'une absence du travail destinée à prodiguer des soins à un proche en perte d'autonomie, handicapé ou malade.
Nous recommandons également que le gouvernement fédéral crée, avec les provinces et territoires, un programme national de garderie à coût modique pour permettre aux femmes de retourner sur le marché du travail si tel est leur choix.
Pour ces deux dernières mesures, chaque province ou territoire doit pouvoir se retirer d'un tel programme, moyennant des ententes appropriées, comme ce fut le cas du Québec lors de la mise en vigueur du Régime québécois d'assurance parentale en 2006. De la même façon, étant donné que le Québec a son propre système de garde, il n'a pas besoin d'un régime pancanadien.
Nous recommandons aussi que le gouvernement canadien prévoie, pour les personnes n'ayant aucun revenu d'emploi, des crédits de rente de retraite équivalant à 60 % du salaire industriel moyen pour la durée de la période consacrée à un jeune enfant ou à un proche.
Enfin, nous recommandons que le gouvernement fédéral prévoie la transformation des crédits d'impôt non remboursables pour les mères au foyer et les aidantes en crédits d'impôt remboursables.
J'aimerais maintenant aborder la question du travail rémunéré.
Les femmes canadiennes sont entrées massivement sur le marché du travail vers la fin des années 1960. Dès lors, les employeurs ont considéré leur apport à la famille comme étant complémentaire à celui de leur mari et, pour cette raison, leur ont octroyé un salaire moindre.
À l'heure actuelle, le salaire des femmes est encore généralement inférieur à celui des hommes, même pour un poste équivalent. Cette situation, soit le manque d'équité salariale pour de très nombreuses femmes, a des répercussions sur leur sécurité économique, et ce, tout au long de leur vie. Elles subissent des contrecoups négatifs lorsqu'elles demandent des prestations de maternité, parentales ou de retraite, pour ne nommer que celles-là.
L'Afeas vous présente, dans son mémoire, quelques recommandations concernant le travail rémunéré.
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Je pourrais dire beaucoup de choses à ce sujet.
L'une des premières choses que nous devons comprendre, c'est que les maisons de soins infirmiers ne sont plus ce qu'elles étaient il y a 15 ans. À l'époque, on offrait énormément de services sociaux aux personnes âgées fragiles, principalement des personnes très âgées qui avaient besoin de soins médicaux. De nos jours, les maisons de soins infirmiers sont vraiment une solution de rechange aux hôpitaux, ce qui signifie qu'on y trouve des personnes qui auraient été prises en charge par les hôpitaux il y a 15 ans. Nous y trouvons de plus en plus de cas médicaux complexes, de personnes qui se retrouvent dans ces maisons à la toute fin de leur vie. Je parle du Canada. Ce n'est pas nécessairement ainsi dans les pays nordiques ou dans le reste de l'Europe, où l'on offre plus de services sociaux dans ces établissements.
Quand je parle du déficit de soins, je parle des soins que nous offrons au moyen de fonds publics et de la façon dont ce manque est comblé. Dans les maisons de soins infirmiers, le manque est comblé grâce aux familles, au travail des étudiants et des bénévoles, ou nous nous attendons à ce que le personnel rémunéré fasse bénévolement des heures supplémentaires. De plus, les familles embauchent elles-mêmes des compagnons. Elles payent de leur poche des soins privés qui sont offerts dans des maisons de soins infirmiers financées par l'État. Ces travailleurs du domaine de la santé font le même travail que le personnel rémunéré, ce qui fait courir énormément de risques aux employés, aux résidents et aux familles.
Les familles sont également soumises à d'énormes pressions et portent un fardeau accablant. Par exemple, il est possible que la mère de quelqu'un soit devenue un peu agressive parce qu'elle est atteinte de démence et que la maison de soins infirmiers ne puisse plus s'en occuper à moins qu'une personne soit payée pour la surveiller jour et nuit.
Les familles font face à ce genre de fardeau, et elles doivent composer avec une situation qui devient extrêmement difficile à tous les égards.
À propos du rôle du gouvernement fédéral, la Commission Romanow a parlé des soins à domicile, mais pas du tout des maisons de soins infirmiers. Ces maisons sont pratiquement invisibles. Elles offrent des soins de santé prolongés. Comme vous le savez, le gouvernement fédéral envoie de l'argent aux provinces, mais il ne s'attarde pas nécessairement à la mesure dans laquelle les provinces financent les soins offerts dans ces maisons.
Pour vraiment changer la donne, le gouvernement fédéral devrait réfléchir non seulement aux soins à domicile, mais aussi aux maisons de soins infirmiers. Il est vrai que les gens veulent rester chez eux, mais ils doivent avoir un bon domicile et assez de services de soutien à cette fin — comme la popote roulante, des services de transport et une aide au logement. Certaines personnes ont absolument besoin de soins infirmiers 24 heures sur 24, et les maisons de soins leur sont vraiment essentielles. Je pense qu'en omettant de nous pencher sur ce besoin, nous négligeons plus de 200 000 personnes qui ont recours chaque année aux soins qui y sont offerts. Le manque de personnel dans ce domaine se traduit également par des risques énormes et un fardeau pour les femmes, qui sont majoritairement celles qui font ce travail.
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Dans le dossier qui nous préoccupe, à savoir la reconnaissance du travail non rémunéré, il s'agissait principalement de données fournies en réponse à la question portant sur les activités à la maison. On parle ici du temps que l'on consacre notamment aux enfants ou à un proche qui est dans le besoin. Cela touche donc aussi le travail des aidantes.
Bien sûr, il y avait aussi les questions portant sur le bénévolat, qui est une autre forme de travail non rémunéré. Il y avait en plus dans ces volets des sous-questions sur le temps alloué au ménage ou consacré directement aux enfants, aux personnes dans le besoin, et ainsi de suite.
Lors de chaque recensement, ces données nous permettent de dresser un portrait du travail non rémunéré, qui n'est pas nécessairement le plus complet, comme nous le dit Statistique Canada, mais qui nous donne une idée de ce qui se passe au Canada. Cela fait que les personnes ayant l'obligation de remplir le long questionnaire, soit 20 % de la population, peuvent prendre conscience du travail qu'elles font à la maison pour leurs proches.
Le meilleur outil, selon Statistique Canada, serait l'Enquête sociale générale sur l'emploi du temps. Statistique Canada en a fait une en 2015. Nous souhaitons que, comme en 1992, cette enquête serve à préciser la valeur de ce travail non rémunéré de la population canadienne dans le produit intérieur brut. De cette façon, tout ce que font les Canadiens et les Canadiennes est rendu visible.
Premièrement, je vous remercie infiniment de me permettre de m'entretenir avec vous aujourd'hui de cet enjeu très important.
En tant que femme canadienne qui a l'extrême chance de jouir d'une carrière stable et enrichissante au service des autres, je suis très emballée par le nouveau défi que j'ai à relever pour attirer les filles et les femmes dans les STIM, soit dans les sciences, la technologie, l'ingénierie et les mathématiques.
Depuis 17 ans, j'ai la chance d'encourager des filles et des femmes à se surpasser grâce à la famille de programmes de FIRST Robotics. FIRST est un acronyme qui signifie favoriser l'inspiration et la reconnaissance des sciences et de la technologie. C'est une famille de programmes qui se veulent un catalyseur d'apprentissage pour les élèves de la première à la douzième année. Des équipes représentant des écoles ou formées de simples citoyens y participent partout au Canada. Il y a quatre membres du comité FEWO qui ont des équipes FIRST dans leur circonscription, pour un total de 11 équipes. Il y a cinq provinces où l'on trouve des équipes FIRST de niveau secondaire.
À titre de mentor fondatrice de l'équipe de filles la plus ancienne et ayant connu le plus de succès à l'échelle nationale comme internationale dans les concours FIRST, j'appuie fièrement cette initiative. Je suis la première femme à accéder au poste de présidente du conseil d'administration de FIRST Robotics Canada, et même à ce genre de poste dans le monde, si bien que je joue un rôle privilégié à l'échelle nationale pour aider les filles à réaliser leurs rêves dans les STIM.
Quel est le problème? Voici les statistiques. De plus en plus de filles obtiennent un diplôme d'études postsecondaires dans les domaines des STIM. Elles réussissent très bien dans les programmes de formation universitaires, collégiaux et professionnels. Nous leur disons qu'elles peuvent tout faire, et elles savent qu'elles peuvent tout faire. Elles nous croient. Quand elles font leur entrée dans le monde du travail, toutefois, quelque chose les pousse à remettre leur choix en question. Bien des femmes quittent ces domaines à un moment ou un autre de leur carrière.
À quoi est attribuable cette attrition? Elles ne bénéficient pas du soutien de leurs collègues masculins. Elles sont frustrées des préjugés sexistes conscients ou inconscients à leur endroit, à l'embauche comme au moment d'obtenir une promotion. Les femmes sont stigmatisées dans le domaine des STIM, qui est souvent perçu comme non féminin. Elles manquent de réseaux d'aide. Elles n'ont pas de modèles de qui s'inspirer ni d'associations. Elles subissent une iniquité salariale, selon les statistiques de Statistique Canada, dans tous les domaines des STIM. En fait, au Canada, les femmes touchent 72 ¢ pour chaque dollar que touche un homme pour le même emploi.
On ne voit pas de femmes aux postes de direction, elles n'arrivent pas à réaliser leur plein potentiel comme leurs collègues, alors qu'il y a 12 % de femmes en génie. Elles sont frustrées. Elles sont très performantes, mais 64 % d'entre elles soutiennent devoir faire davantage leurs preuves que leurs collègues masculins, surtout lorsqu'elles demandent une promotion.
Selon le centre de données américain pour la collecte de données et la recherche, le NCWIT, soit le National Center for Women and Information Technology, les femmes n'ont rien à changer, ce sont les hommes qui doivent devenir leurs alliés et leurs défenseurs.
On entend souvent parler du phénomène du tuyau percé. Les petites filles se lancent avec passion dans les domaines des STIM. Je l'ai remarqué. Or, plus elles avancent dans leur parcours, plus elles remettent en question leurs aptitudes, jusqu'à perdre confiance. Sans l'appui de leurs pairs et des adultes, elles finissent par quitter les STIM. Les statistiques sont claires: celles qui continuent représentent une minorité dans les programmes postsecondaires.
L'attrition se poursuit davantage en milieu de travail, pour toutes les raisons déjà énumérées. C'est triste pour le Canada. Il est prouvé que la diversité enrichit la réflexion, stimule l'innovation, qu'elle crée des équipes plus fortes et qu'elle a un effet profond sur notre PIB.
Quel est l'effet de FIRST Robotics Canada? Notre plus récent plan stratégique met en valeur l'équité, la diversité et l'inclusion et vise à appuyer les filles ou les anciennes participantes au programme, mais nous sommes dans une impasse. Nous appuyons les filles, mais nous ne rendrons pas service à ces extraordinaires jeunes femmes qui sont les futurs leaders du Canada dans les domaines des STIM si nous ne nous concentrons pas sur leurs futurs milieux de travail.
La mise sur pied, cette année, du Conseil consultatif exécutif des filles dans les STIM, un groupe stratégique axé sur les résultats, a trois principaux objectifs: appuyer les jeunes femmes participant aux programmes FIRST; changer la culture de leurs futurs milieux de travail et étudier l'influence des hommes et des pères sur l'attitude de leurs filles.
La stratégie de FIRST est d'atteindre le premier objectif. La fin de semaine dernière, nous avons tenu notre première fin de semaine des filles de FIRST. Soixante-cinq filles membres de 25 équipes de la province et 35 adultes se sont réunis pendant deux jours. L'objectif était de les aider à acquérir diverses compétences personnelles, comme la résilience, la confiance, le courage, l'aptitude à voir l'échec comme une occasion d'apprentissage et la lutte au perfectionnisme (un trait commun à tant de femmes) pour favoriser leur succès dans le monde des STIM.
Au programme, nous avions des présentations et discussions entre experts, notamment des modèles de rôle et des leaders de l’industrie. Si vous la voyez, vous pouvez être comme elle. Les obstacles ont été abordés. Les participantes pouvaient participer à des ateliers pour discuter de problèmes, acquérir des compétences, rêver à l’avenir, créer des réseaux et suggérer avec assurance la façon dont elles souhaiteraient procéder. L’objectif n’est pas de corriger les filles, mais de leur permettre d’acquérir de nouvelles compétences. Notre stratégie a été conçue et mise de l’avant par des adultes, qui forment la tête de la comète, et les filles forment la queue de la comète. Les prochaines étapes se dessinent.
Pour atteindre le deuxième objectif, les filles des STIM qui siègent au comité exécutif consultatif demandent à ce que des changements systémiques soient apportés dans les milieux de travail où les postes sont habituellement occupés par des femmes. Nos présentations visent à accroître la sensibilisation, à dénoncer les préjugés sexistes et à faire croître le mouvement des hommes alliés, défenseurs de la cause et champions pour la cause afin de démontrer clairement que l’équité, la diversité et l’inclusion ne sont pas seulement utiles pour les femmes, mais aussi pour la société et l’économie. Il s’agit d’un impératif économique.
Nous devons lutter contre les médias pour changer l’image selon laquelle les scientifiques sont des hommes en sarraus blancs.
Nous souhaitons attirer l’attention sur le statu quo, soit que 22 % des employées dans les STIM sont des femmes, une augmentation de seulement 2 % en 30 ans. Nous savons que cela créera un certain inconfort, mais nous n’y voyons aucun inconvénient.
Pour atteindre le troisième objectif, nous offrons aux hommes des ateliers sur leur rôle dans la vie des filles pour qu’ils puissent prendre conscience de l’impact qu’ils ont sur leurs filles et leur fournir des stratégies pour soutenir leurs filles.
Ce sont les objectifs ambitieux de FIRST Robotics Canada pour améliorer la situation de la génération actuelle de jeunes femmes en les aidant et en remettant en question les attitudes systémiques qui existent. Si nous ne faisons rien, tout le travail visant à encourager les filles n’aboutira à rien.
Quel est le portrait national? Nous avons besoin de femmes dans les STIM et celles-ci doivent rester dans les STIM. Nous devons réduire l’écart entre les hommes et femmes. Ce n’est pas seulement la chose à faire, c’est la chose intelligente à faire. C’est ce que l’on entend partout dans le monde. Nous avons besoin d’un soutien systémique pour trouver des solutions et demander des changements. Ce sera difficile, mais ensemble, nous pouvons y arriver. Nous avons besoin de stratégies nationales pour renverser la tendance. Ce n’est pas seulement une bonne chose pour la société, ce l’est aussi pour la stratégie d’innovation du Canada, l’économie nationale et notre place sur l’échiquier mondial, et c’est aussi une bonne chose pour 50 % de la population.
J’aurais quelques recommandations à formuler: remettre en question le statu quo en poussant les PDG et conseils d’administration à rendre des comptes sur la démographie de leurs organisations et pousser les organisations à apporter des changements systémiques; retenir les fonds et autres ressources, comme l’a proposé la ministre en ce qui a trait aux universités; réunir les organisations qui soutiennent les femmes des STIM; créer des réseaux; imposer des quotas pour atteindre un certain équilibre — cela a été démontré par le projet de quotas volontaires, en Suède. Ces quotas peuvent être très efficaces pour encourager la diversité et apporter des changements systémiques —; solliciter la participation des hommes à la conversation afin qu’ils puissent devenir des défenseurs de la cause; habiliter les femmes et solliciter la participation des hommes. Le gouvernement fédéral devrait encourager le développement d’organisations, comme Athena SWAN, en Australie et au Royaume-Uni, et NCWIT, aux États-Unis, toutes des organisations qui soutiennent les femmes dans les STIM. Pour l’heure, le Canada accuse un retard à cet égard. Cela doit changer.
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Bonjour et merci de m’avoir invitée à comparaître.
J’ai grandi sur une ferme, au Manitoba. Je suis diplômée de l’Université du Manitoba en agriculture et en gestion de l’agriculture et j’ai travaillé toute ma carrière dans l’industrie agricole.
En 2000, j’ai fondé mon entreprise et je travaille depuis dans les communications et la mise en marché de l’agriculture, et je me spécialise dans les conférences agricoles.
En 2014, j’ai réuni un groupe de femmes dirigeantes de l’industrie agricole de partout au pays pour parler des occasions pour les femmes dans l’industrie agricole et des défis auxquels elles sont confrontées, et des compétences et des outils nécessaires pour accroître leurs compétences en leadership.
Ce groupe de femmes a clairement mis en évidence le besoin qu’ont les femmes d’écouter et d’apprendre des expériences d’autres femmes de tous âges et à diverses étapes de leurs carrières, des femmes de tous les secteurs agricoles et de l’alimentation qui ont réussi, de créer des réseaux avec d’autres femmes qui partagent la même passion pour l’agriculture et l’alimentation, et d’acquérir des compétences de vie et professionnelles pour jouir du meilleur avenir possible. Il s’agissait d’une occasion pour les femmes d’investir dans leur avenir et servir les intérêts de leur famille, de leurs entreprises, de leurs communautés et de l’industrie en général.
En nous appuyant sur tout cela comme principe directeur, en avril 2014, nous avons créé la Conférence sur l’avancement des femmes en agriculture à laquelle ont participé plus de 400 femmes de plus de six provinces représentant plus de 130 organisations. Il s’agissait d’un risque énorme pour moi personnellement, un risque peu rentable, mais très enrichissant.
Le programme met l’accent sur ce que j’appelle les compétences clés en leadership et les occasions de perfectionnement dont les femmes ont besoin dans la société d’aujourd’hui: les communications, y compris le mentorat, l’encadrement et le réseautage; la gestion et l’autonomie financières; la santé physique et mentale; l’équilibre entre les stratégies de vie et la planification professionnelle et l’établissement d’objectifs dans les deux cas.
Les conférencières ont été choisies en fonction de leur expertise et expérience. Elles étaient issues non seulement de l’industrie agricole, mais aussi de l’industrie en général.
En raison de la demande, au cours de la dernière année, nous avons élargi le programme des ateliers agricoles afin d’inclure le réseautage, la planification de la relève, l’encadrement, la gestion financière et la gestion du risque.
À mon avis, le moment n’a jamais été plus favorable pour les femmes en agriculture. Les femmes changent quotidiennement l’industrie, que ce soit à la ferme, dans les associations, dans les universités et dans les salles de conférence des agroentreprises en Amérique du Nord.
Pour accomplir ce changement, les femmes ont besoin de réseaux et de compétences solides pour être confiantes, comme l’a souligné Dorothy, motivées et inspirées et accroître la reconnaissance des femmes dans l’industrie par l’entremise d’articles, d’affiches et de leurs efforts quotidiens. Elles ont besoin d’exemples concrets pour réaliser que c’est possible. C’est à cet égard qu’Advancing Women prend les devants.
Aujourd’hui, notre public est composé de représentants de tous les secteurs de l’industrie et des 4-H, d’étudiants universitaires, d’agriculteurs et d’entrepreneurs.
Depuis 2014, nous avons organisé six conférences en Alberta et en Ontario. Plus de 3 000 femmes — soit une moyenne de 500 femmes par conférence — de partout au pays y ont participé, représentant plus de 350 organisations au Canada. De toute évidence, cette initiative comble un grand besoin, comme en font foi non seulement le nombre de participantes, mais aussi le parrainage que nous recevons du secteur privé, y compris des organisations agricoles, institutions financières, agroentreprises et une grande variété d’intervenants privés des secteurs agricole et de l’alimentation au pays.
De nombreuses organisations participent non seulement par l’entremise de parrainage, mais aussi en inscrivant bon nombre de leur personnel et de leurs clients aux conférences d’Advancing Women. Ils s’en servent comme complément à leurs programmes de formation et de marketing.
Le principal objectif d’Advancing Women était d’offrir des occasions d’apprentissage et un programme exceptionnel de conférencières. À ce jour, nous avons respecté notre engagement et, selon la rétroaction obtenue des participantes, nous avons dépassé les attentes.
Notre deuxième objectif était d’organiser une conférence aussi abordable que possible pour toutes les femmes de l’industrie. Nous sommes non seulement reconnaissantes envers nos parrains de l’industrie privée qui nous ont aidés à atteindre cet objectif, mais aussi envers les gouvernements de l’Ontario, du Manitoba et de la Saskatchewan qui ont classé notre conférence dans la catégorie des programmes de formation permettant aux producteurs, agriculteurs et transformateurs de se faire rembourser une partie des frais d’inscription et de leurs dépenses.
Notre troisième objectif est d’aider à bâtir une communauté et industrie agricoles plus robustes. À cette fin, nous parrainons de jeunes étudiantes universitaires et collégiales en agricultures, des membres des 4-H et toutes celles qui en font la demande dans la communauté, et payons leurs frais d’inscription et leurs chambres d’hôtel. Je parraine moi-même ces femmes, avec l’aide d’intervenants de l’industrie qui souhaitent m’appuyer dans cette initiative. À ce jour, nous avons parrainé plus de 50 étudiantes de partout au pays.
L’AWC est reconnue comme une conférence qui soutient, célèbre et reconnaît la contribution des femmes à l’industrie. Les participantes repartent plus confiantes, enthousiastes et motivées et donc mieux équipées pour défendre l’industrie et participer davantage aux associations et comités de l’industrie.
Nous avons soutenu de nombreux réseaux de femmes en Alberta, en Saskatchewan et en Ontario et créé un réseau pour aider, par exemple, les veuves qui élèvent seules leurs familles et souhaitent garder la ferme pour leurs enfants. Nous avons mis sur pied un réseau de soutien de plus de 25 agriculteurs au Canada et aux États-Unis.
On nous a demandé d’organiser notre conférence aux États-Unis et en Afrique. D’autres industries nous ont approchés, comme les industries de l’assurance, de l’énergie, de l’alimentation, de la restauration et hôtelières. Nous soutenons également des groupes de jeunes pour qu’ils participent non seulement aux 4-H, mais aussi à d’autres groupes.
Notre objectif général est que les femmes des secteurs agricole et de l’alimentation puissent profiter des conférencières qui participent à l’AWC, mais aussi des autres participantes. Aujourd’hui, nous sommes considérés comme la plus importante conférence pour les femmes en agriculture où les participantes peuvent se joindre à une communauté de leurs paires pour écouter, apprendre, créer des réseaux et grandir.
Nous comptons plus de 2 800 membres sur Twitter, plus de 860 membres sur Facebook et plus de 9 000 relations sur LinkedIn. Notre page YouTube, créée l’an dernier, accueille des milliers de visiteurs qui écoutent les vidéos de nos conférencières.
Merci beaucoup.
Je tiens à vous remercier toutes les deux d’avoir accepté notre invitation et d’être des pionnières pour ce qui est d’encourager les jeunes femmes à considérer une carrière dans des domaines où les femmes ne travaillent habituellement pas.
Je vais d’abord m’adresser à Dorothy, que je connais depuis des années. Elle est vraiment une source d’inspiration pour des générations de jeunes femmes.
Dorothy, merci d’être venue.
J’ai vu une photo sur votre fil Twitter — le week-end dernier, si je ne m’abuse — intitulé « FIRST est important pour moi. » Des jeunes femmes y ont réagi en écrivant, par exemple: « FIRST m’aide à avoir plus confiance en moi », « FIRST me permet de me sentir égale », et « Nous sommes l’avenir. Faisons en sorte qu’il soit beau. »
C’est merveilleux, mais, comme vous l’avez dit et comme nous l’avons déjà entendu, peu de femmes poursuivent leur carrière dans ce domaine. En vous appuyant sur votre longue carrière à St. Mildred et, maintenant, à FIRST Robotics, savez-vous si les premières filles à s’être jointes à l’équipe de robotiques à St. Mildred travaillent toujours dans les STIM?
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Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui.
Je vous remercie également, madame Meck, d'avoir abordé la question du point de vue de l'agriculture. Je viens de Lethbridge, en Alberta, où l'agriculture est d'une grande importance, tant sur le plan de la production agricole que sur le plan des sciences et de la technologie. J'ai un profond désir de comprendre cette industrie, et je souhaite également voir un plus grand nombre de femmes oeuvrer dans ce secteur. J'aimerais donc commencer par présenter quelques observations à ce sujet.
Madame Byers, vous avez notamment parlé de l'écart du revenu chez les femmes. Je suis tout à fait d'accord avec vous là-dessus. Les femmes ont un revenu moins élevé que les hommes, mais j'aimerais préciser quelque chose, car nous avons de nouvelles données de Statistique Canada, données qui démontrent que le salaire horaire des femmes qui travaillent à temps plein correspond à 88 % de celui des hommes, et non à 0,72 dollar par dollar gagné par les hommes, comme vous l'avez indiqué, je crois. Les données de Statistique Canada démontrent également que lorsque l'on compare des groupes d'hommes et de femmes ayant les mêmes caractéristiques, sur les plans de la démographie, de l'emploi et du milieu de travail, le salaire des femmes correspond en réalité à 92 % de celui des hommes. Il y a donc une augmentation. La tendance est positive. Je ne dis pas qu'il ne reste pas de travail à faire — c'est certainement le cas —, mais je pense que nous faisons des gains et qu'il convient de le reconnaître et de s'en féliciter.
Je tiens à soulever un point à cet égard. Fait intéressant, lorsqu'on regarde les périodes pendant lesquelles les gains les plus importants ont été faits, pour la période entre 1976 et 2016, on constate que les gains les plus notables ont été faits entre 1988 et 1994, lorsque Brian Mulroney était au pouvoir, puis de 2004 à 2008, sous le gouvernement de Stephen Harper. Je pense qu'il y a là un point intéressant à soulever: les programmes économiques qui ont été mis en oeuvre pendant ces périodes étaient, sur le plan de la gestion fiscale, fondés sur l'équilibre budgétaire et la responsabilité économique. Je pense que cela a une incidence, car il convient d'examiner la question dans une perspective plus large. Nous voulons évidemment favoriser l'entrée des femmes dans des industries précises et défendre la cause des femmes, mais je pense que nous devons également nous soucier de l'ensemble de l'économie. Il y a également beaucoup à dire à cet égard, si nous voulons assurer la prospérité du pays, c'est-à-dire notre succès à l'échelle nationale et internationale.
Cette longue mise en contexte m'amène à la question suivante. Iris, vous avez parlé des 4-H, dont j'ai pu voir l'incidence dans ma circonscription. J'ai également été élevée sur une petite ferme en milieu rural et j'ai participé activement à diverses initiatives communautaires. J'ai donc pu constater l'incidence des 4-H sur les jeunes, sur les plans du cheminement professionnel, de la confiance, des compétences, des habiletés et même de leur capacité de prendre des décisions lorsqu'ils arrivent sur le marché du travail, à l'université ou au collège.
Je me demande si vous pourriez présenter vos observations sur les divers avantages de ce programme, en particulier dans le contexte de cette étude, soit les décisions des femmes et des filles concernant la poursuite d'études universitaires et collégiales, et leur choix de carrière.
Pour en revenir à mon cas, j'aimerais dire que, même si ma collègue semble garder de bons souvenirs des gouvernements précédents, je ne voudrais pas, pour ma part, retourner à une époque où un de mes collègues masculins devait obtenir la permission du siège social pour que je puisse l'accompagner à une réunion, ni revenir à la situation en 1993, lorsque les femmes handicapées n'avaient pas le droit de voter. Je crois qu'il est important pour nous tous de reconnaître les progrès réalisés, tout en essayant d'apporter les changements possibles à l'avenir.
Dorothy, vous avez parlé des candidatures anonymes, mais notre gouvernement mène justement un projet pilote à ce sujet pour déterminer comment, le cas échéant, une telle approche permet de changer la donne. Nous avons beau parler du recrutement fondé sur le mérite, il n'en demeure pas moins que j'ai souvent entendu des collègues du monde des affaires dire que, s'ils avaient à choisir entre un homme et une femme, ils embaucheraient l'homme parce qu'une jeune femme finira par avoir des enfants. Il y a donc naturellement un préjugé contre l'embauche de femmes.
Une des choses dont j'ai beaucoup entendu parler, c'est que les jeunes filles apprennent à ne pas prendre des risques. Vous avez expliqué comment, dans les cours de sciences, les garçons ont le nez dans les éprouvettes, alors que les filles se contentent de prendre des notes. Je me demande à quel point il est important, selon vous, d'apprendre dès le jeune âge à prendre des risques pour que, plus tard dans la vie — que ce soit en affaires, en politique, en sciences ou en génie —, une femme fasse un saut dans l'inconnu en postulant pour un emploi ou encore, dans le contexte agricole, pour qu'une femme dise « oui » et passe à l'action.
Dans quelle mesure est-il important que nous cessions de protéger les jeunes filles et de leur apprendre à ne pas prendre de risques ou à ne pas faire un saut dans l'inconnu? J'aimerais que vous répondiez toutes les deux à cette question. Que pouvons-nous faire pour aider à inculquer cette mentalité aux jeunes femmes?
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J'ai moi-même fait un saut dans l'inconnu en lançant FIRST Robotics dans une école pour filles. J'appelle cela mes moments à la « Thelma et Louise ».
Des voix: Ah, ah!
Mme Dorothy Byers: Mais nous finissons par atterrir, vous savez. Nous ne savons pas trop où nous atterrirons ni comment nous nous y prendrons, mais je crois qu'en tant que modèles féminins, nous aidons les jeunes filles à comprendre que la prise de risque est une bonne chose. Les petites filles, en particulier, sont tellement curieuses de découvrir le monde. Elles n'ont peur de rien. Nous devons maintenir ce désir de tester les limites, d'aller plus loin et de remettre en question l'état des choses, sans craindre d'échouer, sachant que l'échec est la meilleure forme d'apprentissage. Il vous donne l'occasion de comprendre comment vous pourriez changer les choses pour améliorer la situation.
Cela va à l'encontre du perfectionnisme chez les filles. Comme société, nous devons faire tout notre possible pour aider les filles, dès le plus jeune âge et jusqu'au bout, à comprendre qu'elles n'ont pas besoin d'être parfaites. Elles doivent être braves. Elles doivent être courageuses. Elles doivent savoir comment briser le plafond de verre auquel elles feront face. J'adore le plancher collant, mais le plafond de verre signifie également qu'elles se heurteront à des obstacles qu'elles ne sauront pas comment surmonter ou même déceler, mais elles iront de l'avant parce qu'elles sont résilientes, parce qu'elles possèdent les compétences voulues et parce qu'elles n'ont pas peur d'échouer. Elles poseront leur candidature.
Alors, Pam, je crois que plus nous en ferons pour les jeunes femmes afin de leur donner des occasions, mieux ce sera: ainsi, elles n'auront pas peur d'échouer et elles sauront qu'il y a un réseau, des mesures de soutien et des moyens d'agir, tout en comptant sur l'engagement des hommes qui les appuieront alors qu'elles s'apprêtent à voler de leurs propres ailes.