:
Bienvenue à tous. Nous commençons notre nouvelle étude sur l'infrastructure dans le Nord... et les énormes besoins du Canada. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous réalisons une étude sur les projets et stratégies d'infrastructure dans le Nord. Nous allons essayer de rédiger un rapport complet dans ce qui semble être un délai très court.
Nous nous intéressons beaucoup aux nouvelles technologies, aux nouvelles approches pour offrir ce que nous considérons comme des droits fondamentaux, comme Internet, à tous les Canadiens. Nous avons hâte d'entendre ce que vous avez à dire, vous, les experts, au sujet des approches nouvelles et novatrices.
Avant de commercer, nous reconnaissons toujours que nous nous trouvons sur le territoire non cédé du peuple algonquin, ici, en Ontario. C'est une étape importante pour tous les Canadiens, chaque fois que nous nous rencontrons, chaque fois que nous organisons un événement ou une célébration. Souvenons-nous de notre histoire à une époque où, enfin, nous cheminons vers la vérité et la réconciliation. C'est un mouvement important pour tous les Canadiens.
Voici comment nous procéderons: chaque témoin aura 10 minutes pour présenter sa déclaration. Par la suite, les députés poseront des questions.
Sans vouloir nous retarder davantage, je crois comprendre que nous accueillons un représentant de ce qui est maintenant officiellement le ministère des Affaires indiennes et du Développement du Nord. A-t-il été scindé? Êtes-vous plutôt devenu Développement du Nord?
:
J'aimerais tout d'abord vous remercier de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui devant le Comité.
[Français]
Mon intervention aujourd'hui consistera à décrire ce que nous apprenons concernant les priorités des résidants de l'Arctique, tout en continuant à travailler à l'élaboration d'un nouveau cadre stratégique pour l'Arctique et le Nord.
Le 21 décembre 2016, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé que le Canada allait élaborer un nouveau cadre stratégique pour l'Arctique en collaboration avec les gens du Nord, les gouvernements territoriaux et provinciaux, ainsi que les Premières Nations, les Inuits et les Métis.
L'élaboration du nouveau cadre et du processus d'élaboration conjointe s'appuie sur le travail de Mary Simon, représentante spéciale de la ministre à l'égard de la participation, et sur l'apport de conseils pour une nouvelle approche de leadership dans l'Arctique canadien. Combler les lacunes en infrastructure dans l'Arctique a constitué un thème clé du rapport.
Depuis 2016, nous avons entrepris un processus de consultation et de collaboration avec les résidants et les leaders du Nord ainsi qu'avec d'autres parties intéressées, afin d'appuyer l'élaboration de ce cadre.
Nous travaillons en étroite collaboration avec les gouvernements des territoires et des provinces concernés, les régions d'Inuvialuit, du Nunavut, du Nunavik et du Nunatsiavut, ainsi que d'autres partenaires, pour rédiger une vision et des objectifs communs. Ces derniers guideront les activités du gouvernement fédéral d'ici 2030. Plus de 30 ministères et agences ont participé au processus.
[Traduction]
Le reste de mes commentaires aujourd'hui portera sur ce que nous avons entendu et appris dans le cadre du processus. Pour favoriser la mobilisation, on a élaboré un guide de discussion en collaboration avec des partenaires qui ont cerné six thèmes comme étant des points de départ des discussions sur l'avenir de la politique canadienne du Nord et de l'Arctique, y compris l'infrastructure globale de l'Arctique. Notre guide de discussion, nos conversations dans le cadre des tables rondes et nos autres activités de mobilisation ont eu comme point de départ la reconnaissance des lacunes et des défis. Le fait de reconnaître ces problèmes était et reste important aux yeux de nos partenaires d'élaboration, qui doivent composer avec ces défis au quotidien.
L'environnement hostile, l'évolution des conditions climatiques, la courte durée de la saison de construction et d'expédition, le manque de ressources pour la construction et une assiette fiscale restreinte présentent des défis et des risques de taille pour la construction et le maintien de l'infrastructure dans l'Arctique canadien. Nous reconnaissons que l'Arctique canadien affiche un déficit majeur sur le plan de l'infrastructure, et ce déficit pose des défis importants pour la croissance socioéconomique, la gestion des urgences, la mise en valeur des ressources et la sécurité et la qualité de vie de base des résidants de l'Arctique.
En outre, les changements climatiques accentuent les menaces qui pèsent sur les infrastructures actuelles. Le dégel du pergélisol a des conséquences directes sur l'intégrité des fondations des bâtiments, des routes, des pistes, des oléoducs et de l'infrastructure côtière.
Cependant, nous avons reconnu que des investissements ciblés dans l'infrastructure et des améliorations connexes permettraient d'améliorer les résultats dans de nombreux autres secteurs. Par exemple, améliorer la connectivité aiderait à combler le fossé numérique et générerait des occasions nouvelles et accrues pour les résidants de l'Arctique d'avoir accès à la télésanté, aux services de santé électroniques et aux services d'apprentissage en ligne, tout en renforçant leurs capacités de participer à l'économie numérique et à soutenir le développement économique.
Mais surtout, nous avons demandé aux gens quelles étaient les principales priorités pour leur région. Grâce à cet engagement, nous avons constaté que les préoccupations au sujet de l'infrastructure étaient un thème récurrent, y compris le besoin de réaliser des investissements transformateurs dans l'infrastructure de l'Arctique et du Nord, plutôt qu'adopter une approche corrective qui ne fait que perpétuer un état de crise.
Presque tous ceux et celles qui ont parlé d'infrastructure ont mentionné qu'un accès fiable à large bande à Internet est une priorité, puisqu'il favorise les affaires, la recherche, les études et l'accès aux services de santé. Parmi les autres besoins en matière d'infrastructure, mentionnons les aides à la navigation, de meilleures installations portuaires, de meilleures installations aéroportuaires, des réseaux ferroviaires fiables et des routes pour avoir accès aux ressources minières et aux collectivités.
Les collectivités et les organisations dans le Nord ont souligné leur désir de créer des partenariats et de saisir les occasions qui s'offrent à elles, de façon à pouvoir jouer un rôle constructif dans le secteur des infrastructures. Les gouvernements territoriaux, par l'intermédiaire de leur participation au processus d'élaboration conjointe et dans des documents stratégiques comme la Vision panterritoriale en vue d'un développement durable, ont souligné que des investissements en infrastructure de grande envergure étaient fondamentaux pour créer des occasions économiques et assurer la prospérité des résidants du Nord.
Grâce à leur participation au processus continu d'élaboration et de rédaction conjointes, les partenaires ont défini une vision partagée en matière d'infrastructure d'ici 2030 et au-delà et au sujet d'une infrastructure renforcée dans l'Arctique de façon à répondre aux besoins locaux, régionaux et nationaux. Les objectifs proposés en matière d'infrastructure ratissent large et incluent les transports, l'énergie, la connectivité, l'hébergement, l'infrastructure communautaire, la cartographie, la navigation et la gestion des déchets.
Il convient de souligner que les travaux ne s'intéressaient pas uniquement à la nature des priorités en infrastructure dans le Nord et dans l'Arctique, mais aussi à la question de la façon de procéder. Nos partenaires dans le cadre du processus d'élaboration conjointe cherchent à obtenir des engagements stratégiques pour examiner de nouvelles approches en matière de développement des infrastructures, y compris les modèles de financement, la mise en place de partenariats pour assurer le financement et le fonctionnement et la combinaison de projets d'infrastructure pour obtenir des résultats multiples comme, par exemple, les corridors et l'infrastructure communautaire touchant la production alimentaire.
Nos partenaires mettent aussi l'accent sur les innovations qui permettent d'accroître la durabilité et la résilience des infrastructures à la lumière des changements climatiques et vu, aussi, leur expérience passée de pénurie de matériel et d'expertise à l'appui de la maintenance à long terme des infrastructures.
L'aspect « local » est essentiel en matière d'infrastructure comme il l'est pour les autres thèmes. Les résidants du Nord veulent un cadre axé sur les gens.
En conclusion, nos discussions avec nos partenaires ont d'abord porté sur les défis immédiats et les lacunes, mais ont ensuite rapidement passé au besoin d'adopter des approches à long terme pour relever ces défis et combler ces lacunes, et ce, ensemble. Nulle part ailleurs le besoin d'une approche à long terme fondée sur le partenariat n'est plus évident que dans le cadre des discussions sur l'infrastructure.
Je serai heureux de répondre à vos questions et de continuer de discuter de tout ça avec vous. Je vous remercie. Merci et mahsi.
Merci de nous avoir invités à participer à cette discussion aujourd'hui.
Je m'appelle Nathalie Lechasseur, et je suis directrice générale, Direction de l'intégration des programmes de la Direction générale des opérations des programmes d'Infrastructure Canada. Je suis accompagnée de M. Sean Keenan, directeur général de la Direction de l'analyse économique des résultats de la Direction générale des politiques et des résultats.
Notre ministère, Infrastructure Canada, est responsable de la réalisation du plan d'infrastructure Investir dans le Canada de plus de 180 milliards de dollars, en collaboration avec d'autres ministères partenaires fédéraux.
Ce plan a été conçu pour appuyer cinq grandes priorités en matière d'infrastructure: le transport en commun, les infrastructures vertes, les infrastructures sociales, les infrastructures de commerce et de transport, et les infrastructures des collectivités rurales et nordiques. Ces priorités ont été désignées par nos partenaires provinciaux, territoriaux, municipaux et autochtones comme étant essentielles à la santé, au succès et à la durabilité de leurs collectivités.
Infrastructure Canada a signé des ententes bilatérales avec toutes les provinces et tous les territoires, et ces ententes prévoient l'attribution de 33 milliards de dollars au moyen de différents volets de financement.
Aujourd'hui, mes observations porteront principalement sur les investissements d'Infrastructure Canada réalisés dans les collectivités rurales et nordiques.
Nous savons que les collectivités rurales et nordiques du Canada ont des besoins uniques qui nécessitent une approche plus ciblée. Certains enjeux tels que l'accès routier, la connectivité Internet et la réduction de la dépendance des collectivités au diésel peuvent faire une réelle différence dans la vie des gens et contribuer au succès global du Canada.
C'est pourquoi le plan Investir dans le Canada prévoit un financement dédié de 2 milliards de dollars dans le cadre du volet de financement Infrastructures des collectivités rurales et nordiques, en vue de répondre aux priorités uniques de ces collectivités. Notre approche nous permet de contribuer à la croissance de l'économie locale, de bâtir des collectivités fortes et inclusives, de protéger l'environnement et la santé des Canadiens, tout en tenant compte des priorités des collectivités rurales, éloignées et autochtones.
Dans le cadre de ce volet de financement, les petites collectivités recevront des fonds pour réaliser des projets d'infrastructure visant l'aménagement de routes locales, la mise en place d'une infrastructure à large bande et la construction d'infrastructures aériennes et maritimes ou d'infrastructures visant à assurer la sécurité alimentaire. Ce volet financera également l'amélioration des établissements de soins de santé et d'enseignement, en appui aux appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
De plus, le nouveau Fonds pour l'énergie dans l'Arctique de 400 millions de dollars appuiera l'énergie renouvelable et améliorera les systèmes énergétiques des territoires, notamment dans les collectivités autochtones.
Dans le volet Infrastructures des collectivités rurales et nordiques, nous avons augmenté à 60 % la part fédérale du financement des projets dans les collectivités dont la population est inférieure à 5 000 habitants. Dans les collectivités des territoires, la part fédérale maximale est de 75 %.
En ce qui concerne les projets des collectivités autochtones, la part fédérale maximale s'élève aussi à 75 %. Il est à noter que les bénéficiaires autochtones des projets peuvent combiner des fonds fédéraux provenant de plusieurs sources pour atteindre 100 %. Ainsi, les projets dirigés par des organisations autochtones peuvent faire avancer les priorités locales grâce à cet accès au financement fédéral.
Les collectivités rurales et nordiques ont accès à des programmes de financement administrés par d'autres ministères fédéraux ainsi qu'aux autres volets de financement du plan Investir dans le Canada. Ces collectivités profitent également de programmes et de financement existants gérés par Infrastructure Canada, tels que le Fonds de la taxe sur l'essence du gouvernement fédéral et le Nouveau Fonds Chantiers Canada.
Nous collaborons avec les provinces et les territoires pour appuyer les projets qui contribueront à la santé, à la durabilité et au succès des collectivités rurales et nordiques du Canada.
Je remercie le Comité de nous avoir invités et de nous donner la possibilité de participer aux discussions aujourd'hui. Nous serons heureux, M. Keenan et moi-même, de répondre à vos questions.
:
Bonjour, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Marco Presutti et je suis directeur général de la Direction des ressources en électricité. C'est un plaisir d'être ici et de vous faire part de mon point de vue sur ce sujet.
[Traduction]
Ma direction est responsable des questions stratégiques liées à l'électricité. Nous sommes aussi responsables d'un certain nombre de programmes fédéraux qui soutiennent l'élaboration de nouveaux éléments d'infrastructure énergétique à l'échelle du Canada, y compris dans le Nord.
Un de nos secteurs d'intervention actuels privilégiés et sur lequel nous travaillons actuellement pour soutenir le gouvernement, consiste à aider les collectivités rurales et éloignées à réduire leur dépendance envers le carburant diesel et à miser sur des sources de production électriques nouvelles et plus propres. Pour mettre ce défi en perspective, il y a environ 200 collectivités au Canada qui ne sont pas connectées au réseau électrique nord-américain et qui dépendent entièrement du diesel pour générer de l'électricité. La plupart sont situées loin des grands centres urbains, bien sûr. Il peut être très dispendieux d'essayer de construire une infrastructure de transport pour acheminer de l'électricité vers ces collectivités.
Nous avons mis l'accent sur ces collectivités pour un certain nombre de raisons. Il est onéreux de transporter du diesel jusque-là et d'assurer l'entretien du matériel. Tout ça pose un certain nombre de risques pour la santé humaine et l'environnement. On parle ici de déversements, de gaz à effet de serre et de pollution atmosphérique causée par la combustion. De plus, le gouvernement s'est engagé fermement à soutenir les collectivités autochtones. Les deux tiers des collectivités ciblées ici sont autochtones. Nous savons que les projets énergétiques peuvent avoir un large éventail d'avantages socioéconomiques. La propriété de ces actifs peut être un élément clé de l'autodétermination.
Dans le budget de 2017, le gouvernement a lancé un nouveau programme dirigé par notre ministère. Il s'agit du programme Énergie propre pour les collectivités rurales et éloignées. C'est un programme d'environ 220 millions de dollars sur 6 ans visant à financer des projets d'infrastructure énergétique à même de réduire la dépendance envers le diesel dans les collectivités partout au Canada. Le programme soutient un certain nombre de priorités fédérales, y compris une croissance écologique, la gestion des changements climatiques et la réconciliation avec les Autochtones. Nous ne sommes pas l'unique bailleur de fonds. Un de mes collègues a déjà parlé des autres. Le Fonds pour l'énergie dans l'Arctique et le programme ARDEC Nord en sont d'autres importants.
Pour ce qui est du programme et de là où nous en sommes, il est encore tôt. Nous avons lancé le programme au début de l'année. Depuis, nous avons reçu et examiné environ 130 propositions de projet. Nous avons réduit la liste à 43, et nous évaluons ces propositions aux fins de financement. Nous en sommes à l'étape de la diligence raisonnable pour nous assurer que nous avons choisi les meilleurs projets à l'échelle du pays.
Ce que je peux vous dire, c'est que nous avons constaté une forte demande dans le cadre du programme. Nous avons reçu trop de demandes. Nous avons plus de demandes que ce que nous pouvons financer. Nous étions aussi très heureux de voir que 93 % des projets que nous avons examinés ciblaient des collectivités autochtones et que bon nombre de ces projets étaient dirigés par les collectivités elles-mêmes.
Nous sommes aussi heureux de constater les types de technologies nouvelles et novatrices qui sont proposées. Nous envisageons des projets de démonstration et de mise en place et de génération à petite échelle d'hydroélectricité à partir de biomasse, d'énergie éolienne et d'énergie solaire.
Nous misons sur un processus continu de réception des demandes. Les projets initiaux que nous avons financés ne sont pas les seuls projets qui le seront. Nous sommes encore à la recherche d'autres projets. Nous avons réservé une petite partie du financement, environ 5 % de l'enveloppe, aux projets liés à la capacité communautaire. On vise ici à s'assurer que les collectivités les moins avantagées, les moins prêtes à présenter des projets auront tout de même certains fonds pour préparer leur proposition et travailler en collaboration avec nous.
Je serai bref. Je conclurai en disant que nous sommes très encouragés par la première série de propositions que nous avons reçues. Nous nous efforçons de nous assurer que tout ça est solide. Nous savons qu'il s'agit d'un projet à long terme. Le programme ne permettra pas d'éliminer l'utilisation de diesel au Canada — c'est là un défi beaucoup plus grand —, mais il apportera une contribution importante à cet égard, un acompte, si vous voulez.
Merci.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je représente le Secteur des terres et minéraux de Ressources naturelles Canada.
Nous jouons un rôle important dans le développement qui touche les ressources naturelles dans le Nord, en particulier les politiques relatives au secteur des mines et des levés techniques associés au secteur des terres.
Ressources naturelles Canada travaille en collaboration avec les gouvernements des provinces et des territoires pour élaborer le Plan canadien pour les minéraux et les métaux, un plan national minier ayant pour objectif unique de faire du Canada la nation minière chef de file pas seulement aujourd'hui, mais aussi pour des années à venir.
Le secteur minier fournit des emplois payants ainsi que de la formation et des occasions d'améliorer la qualité de vie des gens du Nord et de bâtir des communautés plus résilientes.
[Traduction]
Le secteur minier a besoin d'investissement dans les routes, les ports, les chemins de fer, les lignes de transmission et de télécommunication surtout dans les collectivités nordiques, isolées et éloignées. Nos intervenants dans le Nord nous ont dit qu'ils ont besoin du soutien du gouvernement en matière d'infrastructure de base afin que plus de projets miniers affichant un bon potentiel puissent être envisagés et réalisés. RNCan joue un rôle de leadership dans l'élaboration du cadre stratégique pour l'Arctique et le Nord. Puisque le cadre vise à combler les lacunes socioéconomiques actuelles dans le Nord, l'exploitation des ressources, surtout les ressources minières, sera un facteur central pour générer un tel changement.
Selon nous, le secteur des géosciences de RNCan constitue un élément fondamental de l'infrastructure du savoir nécessaire pour réaliser la vision du cadre en soutenant directement le secteur de l'exploration dans le Nord. Nous croyons aussi que l'acquisition de nouvelles données géospatiales et du renforcement des capacités des résidants du Nord de façon à ce qu'ils puissent utiliser de telles données et les connaissances qui en découlent sera un facteur déterminant de la prise de saines décisions sur le développement du territoire et des infrastructures dans le Nord.
Le secteur scientifique de RNCan joue aussi un rôle clé pour faire le lien avec les pratiques d'adaptation pour assurer la résilience aux changements climatiques en ce qui concerne, par exemple, l'atténuation de l'érosion côtière, la gestion des catastrophes et les enjeux liés au pergélisol. On sait que les changements climatiques sont un moteur clé de changement dans le Nord, en ce qui concerne tant leurs répercussions sur l'infrastructure actuelle que la façon dont ils augmentent l'accès au Nord, ce qui exige de nouvelles infrastructures. Si vous voulez, je pourrais vous décrire plusieurs exemples de situations où le secteur des sciences de RNCan a permis l'établissement d'infrastructures solides dans le Nord tout en réduisant les risques et les coûts futurs.
De plus, les géosciences publiques peuvent aider à tirer des avantages de la découverte et de l'extraction de nouveaux gisements minéraux, prolongeant la durée de vie des mines actuelles. Nous avons aussi plusieurs exemples de situations où les investissements en géocartographie réalisés par l'intermédiaire des programmes de RNCan ont généré de tels bénéfices.
Je m'efforce d'y aller rapidement, madame la présidente. C'est tout ce que j'avais à dire.
Je remercie le Comité de nous avoir invités à participer à la discussion.
:
J'aimerais remercier les fonctionnaires de leurs présentations. Le sujet de notre étude est très vaste, j'en conviens.
J'aimerais aborder deux aspects, d'abord le numérique et le cellulaire, puis le diésel, sujet dont M. Presutti vient de parler.
[Traduction]
Je crois que je vais commencer par la question du diesel. Je suis très heureux de voir que notre gouvernement a jugé bon d'investir autant d'argent pour assurer le transport d'énergie propre dans les collectivités du Nord et éloignées. C'est vraiment important, et c'est quelque chose que ces collectivités demandent depuis longtemps. J'aimerais savoir quels investissements avaient été faits avant 2015 pour permettre à ces collectivités de délaisser le diesel au profit d'énergie propre. Je ne sais tout simplement pas si c'est la première fois qu'on procède ainsi.
Ensuite, j'aimerais savoir dans quelle mesure les collectivités doivent être situées dans le Sud afin de bénéficier du programme. Par exemple, est-ce qu'une collectivité comme Rapid Lake, qui se trouve dans le Nord du Pontiac, pourrait bénéficier de ce genre de transition, si elle devait demander des fonds pour faire ce changement? Dans le même contexte, il y a peut-être des collectivités qui aimeraient passer à l'hydroélectricité plutôt que de se tourner vers l'énergie éolienne ou solaire, alors il faut les brancher au réseau.
Si telle est la situation, quel genre de soutien offre-t-on à de telles collectivités? Habituellement, elles ne sont pas habituées à payer les tarifs pour l'hydroélectricité. Elles sont habituées d'utiliser du diesel payé par le gouvernement fédéral. Je me demande de quelle façon on procédera à cette transition, lorsque les besoins énergétiques d'une collectivité cesseront d'être comblés par le gouvernement fédéral et que, tout d'un coup, l'énergie sera fournie par une entreprise provinciale.
:
En un mot, oui. La réponse longue, c'est que, ce que nous disent nos partenaires, c'est: adoptez des solutions locales aux défis et problèmes locaux... Des connexions au réseau lorsqu'il est logique de le faire, mais ce n'est pas une nécessité. Certains des projets dont on a entendu parler... certaines possibilités de raccords au réseau au Nunavut, par exemple, passent par Churchill, et il est donc possible qu'il soit logique de prolonger la ligne de transport de Churchill au Nunavut.
À l'heure actuelle, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest tient beaucoup à son projet d'électricité Taltson. Il cherche à l'élargir. Il s'agit là d'une source d'énergie produite localement qu'il cherche à transmettre vers les grands centres de population, et même dans les mines de diamants, jusque dans le Nunavut, dans le centre de l'Arctique.
Je suppose donc que la réponse est la suivante: lorsque c'est logique, c'est-à-dire lorsqu'il y a un potentiel de production locale, la possibilité de construire des centrales hydroélectriques dans le Nord... vous avez raison de dire que, de façon générale, les gens ont l'impression que c'est très dispendieux — peut-être même trop — d'essayer de relier le Sud au Nord. Dans certains cas, nous tenterons plutôt de réduire la dépendance au diesel.
Une des choses que nous avons remarquées et que nous entendons constamment, c'est que l'Alaska est l'un des plus grands producteurs d'énergie renouvelable des États-Unis. S'il est possible de le faire dans l'Arctique, quelles sont certaines des leçons que nous pouvons en tirer? Mon collègue a fait remarquer, à juste titre, que nous n'allons probablement jamais nous défaire complètement du diesel. Nous aurons probablement besoin du diesel comme solution de rechange, mais s'il y a des façons de réduire notre dépendance, c'est quelque chose que nous devons envisager.
L'autre chose qui n'a pas été mentionnée, mais que nous avons souvent entendue dans le cadre de nos activités de mobilisation, c'est le besoin d'examiner le potentiel lié à la gestion des déchets. Encore une fois, on parle d'une technologie de pointe. Certains des pays nordiques brûlent des déchets pour produire de l'énergie. Nous avons des problèmes d'enfouissement partout dans l'Arctique. S'agit-il là de ressources inexploitées, par exemple? Il y a beaucoup de façons novatrices de regarder tout ça.
:
C'est là où je voulais en venir. Je pense que nous devons être novateurs.
Une des questions qui me chicotent concerne le Cadre stratégique pour l'Arctique et le fait de chercher à fournir de l'énergie et toutes les autres choses dont ces collectivités ont besoin en ce qui concerne le transport, l'approvisionnement alimentaire et le logement. Le coût est colossal. Je viens du Nord de l'Ontario et je sais que nos coûts sont énormes en soi, mais j'ai passé un peu de temps dans les Territoires du Nord-Ouest, et, dans l'Arctique, il en coûte énormément d'argent pour faire quoi que ce soit.
Je pense qu'on met un peu la charrue devant les boeufs. Vous voulez que RNCan aide les collectivités à exploiter leurs ressources de façon responsable, grâce à la pleine participation des collectivités autochtones, afin d'aider à payer les services qui sont nécessaires dans le Nord. Dans ma circonscription, particulièrement dans l'Ouest, beaucoup de collectivités autochtones veulent participer pleinement à l'économie, mais elles veulent le faire de leur propre façon. Elles veulent le faire en ayant leur mot à dire dans la façon dont le projet est géré et mis en oeuvre dans l'ensemble de son cycle de vie.
Je sais que les ministères respectent les collectivités en ce qui touche l'élaboration du cadre, mais qu'a fait RNCan avec les collectivités autochtones au chapitre du renforcement des capacités? Quels programmes sont offerts et quelles mesures de soutien existe-t-il pour les collectivités qui veulent participer à l'exploitation des ressources?
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie nos invités d'être ici aujourd'hui.
Comme je viens de l'Alberta, je sais que les infrastructures suivent en quelque sorte l'exploitation des ressources. Les gens découvrent des ressources et ils veulent pouvoir s'y rendre. Cela amène les routes. Une fois que les routes sont là, ils ont besoin d'avoir accès à Internet, donc ils obtiennent Internet, puis, de même, ce sont les lignes d'électricité qui arrivent.
Avez-vous une ventilation des ressources potentielles qui existent? Les sables bitumineux en Alberta, par exemple, contiennent 3 billions de dollars d'actifs. Avez-vous idée du type d'actifs qui traînent dans le Nord et de l'endroit où ils se situent en ce moment? Je sais que, en Alberta, depuis les années 1970 et jusqu'au milieu des années 1990, on faisait des analyses sismiques, et on a donc une image de ce qui se trouve sous le sol pour la province entière. Avons-nous quelque chose du genre pour le Nord, pour le pétrole et le gaz, les minéraux, le cuivre et le diamant?
:
Merci, madame la présidente, de me donner l'occasion de prendre la parole devant le Comité au sujet des infrastructures de transport dans le Nord canadien. Je suis ravi d'être ici aujourd'hui avec ma collègue Marie-Claude Petit, directrice générale, Programmes d'infrastructure de transport.
Il n'est pas surprenant que le transport soit vital pour les collectivités du Nord et un catalyseur essentiel pour le développement économique, y compris les projets de mise en valeur des ressources. En même temps, la construction et l'entretien des infrastructures de transport sont coûteux en raison du climat rigoureux de l'Arctique. Par conséquent, les infrastructures de transport de base sont limitées dans le Nord, ce qui pose des problèmes pour tous les modes de transport et rend difficile, long et coûteux le déplacement des passagers et des biens à destination et en provenance des collectivités du Nord.
Le Nord est unique par rapport au reste du Canada. Cependant, nous devons également reconnaître en quoi chaque territoire est sensiblement différent l'un de l'autre. Par exemple, le Yukon s'appuie principalement sur son réseau d'autoroutes et de routes reliant la région avec les Territoires du Nord-Ouest, le Sud du Canada et l'Alaska. Les Territoires du Nord-Ouest dépendent de divers modes de transport, notamment du transport aérien, d'un réseau de routes de glace et des opérations de barges alors que le Nunavut dépend surtout du ravitaillement par mer et du transport aérien.
[Français]
En 2016, Transports Canada a présenté Transports 2030: Un plan stratégique pour l'avenir des transports au Canada, lequel vise à améliorer le rendement du système de transport, y compris dans le Nord. Dans ce plan, l'un des engagements pris est de collaborer avec les gouvernements territoriaux, les peuples autochtones et les collectivités du Nord pour répondre aux besoins en infrastructures de transport et aider le système local à s'adapter aux changements climatiques.
[Traduction]
À cette fin, en juillet 2017, le gouvernement a lancé le Fonds national des corridors commerciaux, en tant que programme de financement basé sur le mérite et doté de 2 milliards de dollars pour investir dans des projets renforçant l'efficacité et la résilience des corridors de commerce et de transport, y compris dans le Nord.
Dans le cadre du Fonds, un montant maximal de 400 millions de dollars sont affectés aux investissements dans les infrastructures de commerce et de transport dans les trois territoires du Canada. Cette affectation dédiée reconnaît que les besoins en infrastructures dans le Nord canadien sont diversifiés et distincts et que des investissements cruciaux en matière de transport ont le potentiel de créer de nouvelles perspectives sociales et économiques pour les résidents.
Par exemple, en juin dernier, nous avons annoncé un investissement de 102,5 millions de dollars dans le projet d'autoroute de la vallée du Mackenzie du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Cela représente 73 % des coûts estimatifs du projet. C'est un des investissements les plus importants que nous ayons faits en passant par le Fonds national des corridors commerciaux. Ce financement appuiera plusieurs phases clés du projet d'autoroute de la vallée du Mackenzie. Le but ultime de ce projet est de construire une route praticable en toute saison qui reliera les collectivités et les sites de développement le long de ce corridor.
Transports Canada est en train d'élaborer un cadre stratégique multimodal pour le transport dans l'Arctique afin de mieux positionner le ministère pour répondre aux besoins des résidents du Nord. Le cadre favorisera une plus grande cohérence de mesures ministérielles liées aux politiques, aux investissements et aux mesures réglementaires qui soutiennent un système de transport renforcé et de meilleures perspectives sociales et économiques dans la région arctique. Ce cadre s'harmonisera avec le nouveau cadre stratégique fédéral sur l'Arctique et le Nord dirigé par Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada.
[Français]
En fait, Transports Canada a participé étroitement à l'élaboration du cadre stratégique pour l'Arctique et le Nord. L'un de ses thèmes principaux est l'Infrastructure arctique globale, qui donne la priorité à de nouvelles initiatives fondamentales telles que les infrastructures de transport, lesquelles influent sur la vie quotidienne des habitants du Nord tant sur le plan social qu'économique.
[Traduction]
Je voudrais prendre quelques instants pour souligner quelques autres initiatives en cours à Transports Canada qui auront une incidence positive sur les infrastructures et les opérations de transport dans le Nord canadien.
Annoncé en 2016, le Plan de protection des océans est l'investissement le plus important réalisé pour protéger le milieu marin du Canada avec un investissement de 1,5 milliard de dollars sur cinq ans. Le plan de protection des océans est mis en oeuvre en partenariat avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis, et en étroite collaboration avec la collectivité scientifique, l'industrie maritime, les gouvernements provinciaux et territoriaux et d'autres intervenants.
Certains investissements à ce jour comprennent les navires de recherche et de sauvetage, les installations de formation marine et les investissements dans les infrastructures maritimes de base afin d'améliorer la sécurité. Bien que la dernière initiative vise principalement à soutenir les infrastructures de base, telles que les clôtures, l'éclairage et les bornes d'amarrage dans les collectivités nordiques, l'approbation en principe du financement d'un projet de quatre barges à double coque dans les Territoires du Nord-Ouest a récemment été annoncée, le 13 octobre.
Enfin, j'aimerais vous parler d'une étude pertinente que Transports Canada a récemment entreprise.
[Français]
L'évaluation des systèmes de transport dans le Nord de 2019 fournira des données qui nous aideront à approfondir notre compréhension des infrastructures de transport multimodal qui seront nécessaires pour répondre à la demande croissante dans le Nord territorial au cours des 20 prochaines années. Les conclusions de l'étude sont attendues à l'hiver 2020.
Merci.
Je répondrai avec plaisir à vos questions.
:
Bonjour, madame la présidente; bonjour, mesdames et messieurs.
C'est un honneur pour moi d'être ici aujourd'hui et d'avoir la possibilité de vous donner un aperçu des activités importantes que la Garde côtière canadienne mène dans l'Arctique et en particulier dans l'intérêt des résidents du Nord.
[Français]
Je suis fier de pouvoir dire que la Garde côtière canadienne est un symbole de sécurité et de protection reconnu à l'échelle nationale et internationale pour les personnes qui naviguent dans nos eaux.
[Traduction]
Notre travail a des répercussions directes et visibles sur la santé physique, économique et environnementale des gens du Nord. Nos équipes d'experts à bord des brise-glaces assurent une navigation sécuritaire qui permet d'approvisionner les collectivités en fournitures et en biens essentiels et fait en sorte que les navires transitent par l'Arctique en toute sécurité.
[Français]
Grâce à nos aides à la navigation, les marins peuvent emprunter une voie navigable sûre.
[Traduction]
Durant la saison de navigation, nos agents professionnels des Services de communication et de trafic maritimes à Iqaluit identifient, surveillent et contrôlent le trafic maritime et garantissent un lien de communication aux navigateurs en cas d'urgence.
Notre équipement de protection de l'environnement, qui ne cesse d'évoluer, est déployé dans des lieux stratégiques partout dans l'Arctique pour protéger les écosystèmes sensibles de l'Arctique.
[Français]
Cependant, nous ne pouvons le faire seuls. Nos systèmes de sécurité maritime, de sûreté et de protection de l'environnement s'appuient sur:
[Traduction]
des partenariats forts avec les collectivités et les peuples autochtones;
[Français]
des règlements efficaces de la part de nos partenaires fédéraux pour prévenir des événements dommageables;
[Traduction]
une approche solide et à plusieurs niveaux pour la recherche et le sauvetage, en particulier avec nos partenaires, les Forces armées canadiennes et la Garde côtière auxiliaire canadienne; un solide partenariat opérationnel avec la Marine royale du Canada, qui déploie de nouvelles capacités dans le Nord grâce aux navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique ou de la classe de navires Harry DeWolf;
[Français]
la reconnaissance que les pays de l'Arctique doivent agir ensemble lorsque des événements importants grèvent les ressources d'un seul pays.
[Traduction]
Comme l'a appris la Garde côtière au fil de décennies de collaboration avec ses partenaires du Nord, les peuples vivant dans l'Arctique canadien possèdent une compréhension profonde de la mer. Leur survie et, certainement, le succès futur du Canada dans l'Arctique dépendent de cette compréhension. Nous nous sommes engagés sans réserve à travailler avec des partenaires et des intervenants autochtones afin de garantir la sécurité du transport maritime dans l'Arctique tout en respectant la signification culturelle et environnementale du Nord.
En raison de l'allongement de la saison de navigation causé par le changement climatique, on a de plus en plus besoin de nous. Et c'est pourquoi nous investissons dans le Nord, par exemple dans des systèmes d'identification et de surveillance des navires, des capacités sur l'eau, de nouvelles installations de recherche et sauvetage et du nouvel équipement de protection de l'environnement.
[Français]
Grâce au Plan de protection des océans, nous pouvons prolonger la saison d'activité de nos brise-glaces dans l'Arctique. La plupart des Canadiens du Sud ne savent pas que la coque des navires commerciaux qui sillonnent nos eaux nordiques n'est pas à l'épreuve des glaces et que ces navires ne peuvent pas livrer leurs marchandises sans l'aide d'un brise-glace de la Garde côtière.
Sur ces mers, nos brise-glace sont les chasse-neige du Nord.
[Traduction]
Voici des exemples de nos améliorations de la sécurité maritime dans la région.
À l'heure actuelle, 16 unités de la Garde côtière auxiliaire canadienne sont actives dans les collectivités et comptent plus de 350 membres auxiliaires et 25 navires. Ces chiffres augmenteront en 2019 et dans les années à venir.
Dans le but d'améliorer la capacité de transmission de données et de communications vocales dans le cadre de la réduction de l'empreinte environnementale de la région de l'Arctique de la Garde côtière, nous avons fait l'acquisition de 22 modems satellites afin de remplacer les modems désuets et inefficaces existants.
L'équipement réseau des Services de communication et de trafic maritimes d'Iqaluit sera également remplacé en décembre dans le but de moderniser davantage le réseau et d'assurer l'amélioration de sa fiabilité et de sa résilience.
Le 28 juin, nous avons ouvert une station saisonnière de bateaux de sauvetage côtier à Rankin Inlet, où travaillent de jeunes Inuits. J'ai eu le privilège de rencontrer quelques-uns de ces jeunes extrêmement compétents auxquels on avait fait appel en juin de cette année à l'appui du Sommet du G7, et j'ai pu me rendre compte à quel point leur contribution est précieuse.
[Français]
L'Arctique suscite de plus en plus d'intérêt à l'ère où les changements climatiques rendent l'Arctique canadien plus accessible au fret maritime et au développement économique.
[Traduction]
Cet accès que l'on doit au changement de l'état des glaces ne signifie pas toujours moins de risques, car une glace pluriannuelle plus dure et plus dangereuse se déplace vers les eaux du Sud de l'Arctique. Les divers niveaux d'action de nos systèmes de sécurité maritime et de protection de l'environnement relèvent ce défi grâce à de nouveaux investissements.
Notre détermination à soutenir l'Arctique s'inscrit dans notre héritage et elle demeure inébranlable face à l'avenir.
Je vous remercie, madame la présidente, de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole. Je me ferai un plaisir de vous donner les détails supplémentaires que vous souhaitez sur nos programmes de l'Arctique.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui pour éclairer l'étude du Comité sur les projets essentiels d'infrastructure dans le Nord et les stratégies régionales du point de vue de la surveillance et des observations environnementales.
Je m'appelle Dilhari Fernando et je suis directrice générale auprès du Service météorologique du Canada et d'Environnement et Changement climatique Canada. Mon collègue, Chris Derksen, est chercheur scientifique auprès de la Direction générale des sciences et de la technologie du ministère.
Environnement et Changement climatique Canada s'engage à protéger l'environnement, à conserver le patrimoine naturel du pays et à fournir des renseignements météorologiques pour tenir les Canadiens informés et en sécurité. Nos programmes visent à réduire au minimum les menaces que représente la pollution pour les Canadiens et pour leur environnement, à doter les Canadiens des outils nécessaires afin de prendre des décisions éclairées quant aux conditions changeantes du temps, de l'eau et du climat et à préserver et à restaurer l'environnement naturel du Canada.
Environnement et Changement climatique Canada est un ministère à vocation scientifique. Il exploite une infrastructure vaste et diversifiée dans le Nord et dans l'Arctique dans le but de recueillir des données sur l'environnement et de mener des recherches à l'appui de la prestation des services ministériels. De plus, il fournit des renseignements importants pour soutenir le travail de nombreuses autres entités, dont d'autres ministères et organismes fédéraux, d'autres ordres de gouvernement, le milieu universitaire, le secteur privé et la communauté mondiale.
En plus d'être le gardien des bâtiments utilisés pour la recherche, l'entreposage et l'hébergement du personnel, le ministère est le gardien d'une vaste gamme d'infrastructures d'observation qui visent à recueillir des données environnementales portant entre autres sur les précipitations, la pression atmosphérique, la qualité de l'air, etc. Ces données sont utilisées pour la production de prévisions et d'avertissements météorologiques et de renseignements climatiques, ainsi que pour la prestation de services climatiques et de services des glaces, et l'élaboration de dossiers à long terme sur les conditions climatiques.
Dans le cas de l'installation d'Eureka à l'île d'Ellesmere au Nunavut, Environnement et Changement climatique Canada est le principal gardien de la piste, essentielle pour les atterrissages des aéronefs et un important point d'accès pour le personnel du ministère et les scientifiques invités.
Laissez-moi vous donner quelques détails. Le Service météorologique du Canada est la source faisant autorité pour les renseignements et les services concernant la météo, les quantités d'eau, la qualité de l'air et les glaces. Nous fournissons une vaste gamme de services, y compris des prévisions et des avertissements météorologiques publics pour environ 90 collectivités du Nord; la surveillance des débits de glace de mer et l'émission des prévisions, des avis et des avertissements maritimes; le maintien des dossiers à long terme sur la glace et les conditions climatiques; et la collecte d'information sur les niveaux et les débits d'eau dans les grands bassins hydrographiques du Canada, y compris ceux qui se déversent dans l'océan Arctique.
Pour fournir ces services, nous exploitons des réseaux nationaux de surveillance qui visent à fournir de l'information sur les conditions passées et présentes de l'atmosphère, du climat, de l'eau et des glaces. Pour ce qui est du Nord et de l'Arctique, nous exploitons environ 137 stations météorologiques automatisées, 21 stations météorologiques exploitées par des bénévoles, 93 stations de surveillance de l'aviation, 16 stations aérologiques, 11 stations de détection de la foudre, 13 stations de surveillance du climat, 34 bouées dérivantes, une station de réception de signaux satellitaires et 233 stations hydrométriques.
Environnement et Changement climatique Canada effectue également toute une gamme de recherches et d'activités de surveillance dans le Nord canadien et dans l'Arctique afin de générer des renseignements importants qui nous aident à comprendre la nature unique et changeante des écosystèmes du Nord. Dans le cadre de ce travail, nous avons le mandat de mener des recherches scientifiques qui nous permettent de mieux comprendre comment et pourquoi le climat du Canada change et quels sont les changements climatiques à venir. Les observations de surface, les données satellitaires et les modèles climatiques sont essentiels à cette recherche.
Le ministère exploite diverses installations scientifiques et technologiques dans l'Arctique canadien et exécute divers programmes, y compris quatre stations de recherche polyvalentes permanentes dans l'Extrême-Arctique à Eureka, à Resolute, à Alert et à Iqaluit. Environnement et Changement climatique Canada est le principal gardien de l'infrastructure d'Eureka, au Nunavut. Les données fournies par la station Eureka sont importantes pour la modélisation des prévisions météorologiques et sont utilisées à l'échelle mondiale. De plus, Eureka est un emplacement clé pour effectuer des observations dans l'Extrême-Arctique à l'appui d'autres programmes scientifiques et de recherche importants.
En tant que gardiens de cette infrastructure, nous sommes chargés de superviser l'entretien de toute l'infrastructure connexe sur le site, y compris la piste, les bâtiments et l'installation de production d'énergie, et d'assurer des conditions de vie sécuritaires, comme l'approvisionnement en eau potable et les services d'assainissement pour le personnel du ministère, le personnel du MDN et les scientifiques invités.
J'aimerais également attirer votre attention sur la station Alert, qui se trouve à la pointe Nord de l'île d'Ellesmere. Ce site situé à environ 700 kilomètres du pôle Nord est le lieu habité le plus septentrional du monde. En outre, Alert est un site important pour les observations de la haute atmosphère, élément critique des prévisions météorologiques, tant dans le Nord que dans le Sud, et un site sentinelle pour les observations du climat et des gaz à effet de serre.
Étant donné les caractéristiques uniques et fondamentales de sites comme Eureka et Alert, il est important de noter que l'infrastructure dans l'Arctique fait face à des défis opérationnels particuliers et qu'elle est soumise à des coûts et à des risques opérationnels beaucoup plus élevés. En raison de leur emplacement géographique éloigné, des longues périodes d'obscurité et des conditions météorologiques rigoureuses, ces installations doivent être entièrement autonomes pour ce qui est de l'électricité, de l'eau potable et des installations sanitaires. Le transport aérien est le principal moyen d'amener les gens et les fournitures sur place. Il est donc important d'assurer la sécurité des pistes toute l'année. Nous avons aussi besoin d'équipement spécialisé pour les endroits éloignés, ce qui suppose des caractéristiques de conception pour fonctionner dans les conditions uniques du Nord et de l'Arctique, comme dans le froid extrême, et la résilience nécessaire pour composer avec des choses comme les animaux sauvages. Les solutions viables dans le Sud, comme le passage à l'énergie solaire, ne sont pas toujours facilement transférables dans le Nord.
En ce qui concerne les effets des changements climatiques sur les infrastructures dans le Nord, le rapport spécial publié récemment par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, ou l'IPCC, intitulé « Rapport spécial sur un réchauffement planétaire de 1,5 o C », indique que les activités humaines seraient la cause, jusqu'à maintenant, d'un réchauffement de la planète d'environ 1 o C. Le rapport fait également remarquer que les régions vulnérables, y compris l'Arctique, connaissent un réchauffement de deux à trois fois supérieur à la moyenne mondiale.
Pour ce qui est des changements survenus dans le Nord et dans l'Arctique au cours des 40 dernières années, notons la perte de couverture de neige et de glace de mer et les changements de la température du pergélisol. Ces changements correspondent à ceux observés dans d'autres régions du Nord, y compris l'Alaska, l'Europe du Nord et la Russie. Des données probantes provenant de simulations de modèles climatiques indiquent que les changements observés dans l'Arctique et le Nord du Canada continueront de se produire au cours des prochaines décennies.
Lorsqu'on examine les effets possibles des changements climatiques sur les infrastructures dans l'Arctique, certains facteurs importants doivent être pris en compte. Les principaux facteurs sont les suivants: presque tout le Nord canadien repose sur le pergélisol, et l'intégrité de nombreux écosystèmes nordiques et des infrastructures construites dépend de la stabilité du pergélisol; le pergélisol subit des changements rapides, ce qui pourrait menacer la stabilité structurale et la capacité fonctionnelle de l'infrastructure existante; l'affaissement des côtes et la perte de glace de mer augmentent les risques d'inondation en raison de l'élévation du niveau de la mer et des ondes de tempête dans certaines régions.
En conclusion, Environnement et Changement climatique Canada compte sur une vaste gamme d'infrastructures dans le Nord pour recueillir d'importantes observations environnementales qui sont utilisées dans la prestation de services clés, comme les prévisions météorologiques, et pour mener des recherches sur des enjeux, comme les répercussions des changements climatiques dans le Nord. Compte tenu de l'étendue et de l'éloignement du paysage canadien, il est particulièrement difficile d'assurer une densité, une distribution et une gestion du cycle de vie adéquates pour les infrastructures dans le Nord afin de permettre l'observation et la recherche. Cela souligne l'importance d'assurer une gestion de projet judicieuse, de s'adapter aux technologies novatrices et de bien déterminer et atténuer les risques dans l'avenir.
Je vous remercie.
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Je vais en parler. Nous avons tous, autour de la table, un rôle à jouer dans le Plan de protection des océans.
Du point de vue de la Garde côtière canadienne, nous investissons dans des domaines comme la communication. À ce chapitre, nous nous assurons de comprendre où se trouvent les expéditions, de sorte que, lorsque les marins ont besoin d'aide, ils peuvent communiquer avec nous facilement et avec le système SAR, et nous pouvons intervenir efficacement.
Du point de vue réglementaire, ce dont Transports Canada peut parler, nous nous assurons que cela ne se produit pas au final. L'idée, c'est qu'il y a en place des règlements visant à régir la façon dont les navires sont construits afin de supporter la glace, pour éviter que surviennent des problèmes environnementaux. Nous investissons aussi dans de nouveaux équipements de protection environnementale modernes; ainsi, lorsque quelque chose arrive dans l'Arctique, nous pouvons intervenir efficacement.
L'autre élément concernant l'investissement dont j'ai parlé, c'est que nous ne pouvons tout faire seuls. Lorsque quelque chose d'important survient dans l'Arctique, tous les pays de l'Arctique s'unissent pour intervenir, et c'est pourquoi nous avons des forums comme le Conseil de l'Arctique, le Forum des gardes côtières de l'Arctique et des accords dans cette région qui nous permettent non seulement d'intervenir efficacement par rapport à des problèmes qui se produisent dans la partie arctique du Canada, mais aussi de s'entraider lorsque cela se produit sur le territoire arctique d'une autre entité.
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À propos des caches environnementales, nous en avons actuellement 24 dans l'Arctique, y compris une trousse d'équipement d'intervention rapide transportable par avion — nous l'appelons le « RAT pack » — à Hay River.
Les caches, en elles-mêmes, sont quasiment inutiles à moins que des personnes soient formées à leur utilisation. Une de nos priorités est de veiller à ce que les collectivités locales reçoivent une formation. L'équipement est également modernisé. Comme la majeure partie de l'équipement, si vous ne l'utilisez pas, il devient inutile au bout d'un certain temps; il se dégrade tout simplement.
Il y a deux aspects à cette façon de faire. D'une part, nous modernisons l'équipement, réinvestissons dans ces caches et examinons la formation pour nous assurer que les gens sont formés à utiliser l'équipement, absolument. D'autre part, nous examinons l'ensemble du pays, pas seulement l'Arctique, et nous étudions la planification des interventions régionales ou géographiques. Nous examinons les domaines de risque. Comme ce risque évolue, non seulement dans l'Arctique, mais dans l'ensemble du pays, nous évaluons ce que nous devons investir afin de pouvoir faire y face. Il est fort probable que, tandis que les voies de navigation changent, nous investirons dans différentes caches au fil de l'évolution. Donc, oui, absolument.
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Merci, je vais répondre à cette question.
Il existe un rapport de l'OMM que nous devrons mettre à la disposition du Comité au sujet des conséquences des changements dans la glace marine sur la navigation dans l'Arctique; c'est très important.
En ce qui concerne le Canada, je veux souligner un point très important: le centre de l'Arctique est la région qui subit la plus grande réduction de la glace marine. De par l'emplacement de l'Arctique canadien, la façon dont la glace marine dans l'Arctique a tendance à se déplacer, nous avons encore beaucoup de glace de plusieurs années, une glace plus épaisse et plus ancienne, qui se déverse dans les eaux canadiennes. Même si la perception, qui est vraie à bien des égards, est que l'Arctique s'ouvre et qu'il y a moins de glace de mer — le passage du Nord-Ouest a été beaucoup plus ouvert à la circulation maritime ces dernières années qu'auparavant —, mais les risques sont toujours réels, dans le sens où les voies navigables canadiennes, avec leurs chenaux étroits, peuvent être des lieux dangereux pour les opérations, car la glace de mer dérive toujours dans ces chenaux pendant l'été.
Nous assistons à la perte de glace de mer dans l'ensemble de l'Arctique, mais nous devons savoir que le déplacement de la glace de mer sur le territoire canadien entraîne des défis particuliers pour le Canada. C'est vraiment important du point de vue de la navigation.