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Bienvenue tout le monde à la 103
e réunion du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Nous poursuivons notre examen prévu par la loi de la Loi sur le droit d'auteur.
Je vous signale que nous sommes télévisés aujourd'hui; vous pouvez donc saluer de la main tous ceux qui sont sur les ondes.
Nous accueillons aujourd'hui Glenn Rollans, président, et Kate Edwards, directrice générale, de l'Association of Canadian Publishers. De la Fédération canadienne des associations de bibliothèques, nous avons Victoria Owen, bibliothécaire en chef de l'Université de Toronto à Scarborough, et Katherine McColgan, directrice générale. De la Writers' Union of Canada, nous avons John Degen, directeur exécutif. Enfin, de Collèges et instituts Canada, nous accueillons Denise Mayot, présidente-directrice générale et Mark Hanna, doyen associé de la Business School, Humber Institute of Technology and Advanced Learning.
Nous commencerons par l'Association of Canadian Publishers.
Chaque organisation dispose de sept minutes.
Monsieur Rollans, vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président et membres du Comité.
Je m'appelle Glenn Rollans et je suis président de l'Association of Canadian Publishers, ou l'ACP, et copropriétaire et éditeur de Brush Education à Edmonton. Je suis accompagné de Kate Edwards, directrice générale de l'ACP. Nous reconnaissons que nous nous réunissons aujourd'hui sur les terres traditionnelles non cédées du peuple algonquin Anishinabe.
L'ACP représente près de 120 éditeurs canadiens de livres de langue anglaise partout au Canada, dans les médias imprimés et numériques, de tous les genres, pour des lecteurs dans le monde entier. Les éditeurs canadiens publient environ 80 % des nouveaux livres d'auteurs canadiens chaque année. Nous sommes des investisseurs en capital-risque dans les livres et des partenaires créatifs. Nous occupons, dans le monde des livres, le rôle qu'ont les cinéastes dans le monde du cinéma.
Le droit d'auteur est d'une importance considérable dans notre monde, pour les créateurs canadiens et les secteurs de la création, et pour notre désir commun d'être un pays unique et important dans le monde.
La Loi sur la modernisation du droit d'auteur nous a causé du tort. Nous ne vous demandons pas de revenir en arrière; nous vous demandons maintenant de libérer les contributions uniques de notre secteur au Canada. Cela ne se fera pas si vous ne réparez pas notre marché. Autrement dit, premièrement, éclaircissez la notion d'utilisation équitable aux fins d'éducation en mettant fin à la reproduction déloyale. Le fait d'avoir ajouté l'éducation en tant que but pour l'utilisation équitable a causé l'écrasement d'un système peu onéreux qui fonctionnait harmonieusement. Deuxièmement, encouragez le retour aux licences collectives dans le secteur de l'éducation. Ce système fonctionne; il est simple. Troisièmement, augmentez les dommages-intérêts établis pour décourager la violation systématique. Quatrièmement, veillez à ce que le Canada respecte ses obligations au titre des traités internationaux et, cinquièmement, encouragez le fonctionnement efficace de la Commission du droit d'auteur.
Je tiens à souligner qu'il ne s'agit pas ici d'un concours à somme nulle entre les créateurs et les utilisateurs du droit d'auteur. Les droits que vous protégez pour mes collègues et moi ne sont enlevés à personne. Tout le monde est protégé. Nous voulons des lecteurs et les lecteurs veulent les oeuvres que nous créons et publions. Il y a équilibre réel quand les deux côtés sont gagnants. C'est souhaitable et c'est possible.
Les preuves de ce qui est copié en réalité dans le système d'éducation ont été présentées devant la Cour fédérale dans l'affaire Access Copyright c. Université York. La Commission du droit d'auteur en a été saisie. Les faits sont les faits. Les écoles, universités et collèges du Canada paient certaines choses qu'ils copient au-delà de la limite autorisée par la loi, mais pas toutes. Les pratiques changeantes dans les classes n'ont pas changé le fait qu'ils utilisent nos ouvrages bien au-delà de la limite autorisée par la loi, sans payer l'usage qui dépasse cette limite. Cela crée une zone franche à laquelle nous ne pouvons simplement pas nous mesurer.
Le fait que la reproduction déloyale a causé des dommages-intérêts aux éditeurs canadiens a été mis à l'épreuve à la Cour fédérale, et celle-ci a établi que nous avons subi des dommages. Un appel ne changera pas ces faits.
Je dois vous dire aussi clairement et catégoriquement que possible que si vous ne voulez pas de dommages, vous devez prendre la direction de la situation, mettre fin à cet état de choses et renverser la vapeur. En ma qualité d'éditeur actif, je suis déçu de voir que les dommages que nous avions prévus avant la modification apportée en 2012 se sont concrétisés. Je suis déçu que notre gouvernement nous ait ensuite demandé de prouver les dommages par le truchement d'études et, quand nous l'avons fait, il nous a demandé d'attendre la décision dans l'affaire Access Copyright c. Université York. Et quand nous l'avons fait, il nous a demandé d'attendre les résultats d'un appel. Maintenant, on nous demande d'attendre les résultats de cet examen, et on nous demandera peut-être ensuite d'attendre les résultats d'une élection.
Mes collègues et moi-même subissons en temps réel les dommages causés par cette loi. Les diplômés et universités et collèges du Canada perdent des occasions d'exercer des professions créatrices.
Vous avez entièrement le pouvoir de procéder aux changements nécessaires. Ceux-ci produiront beaucoup de bien et ne causeront aucun mal. Le juste paiement de contributions valables à leur éducation ne nuira pas aux étudiants canadiens. Il contribuera à garantir leur réussite future. Ce ne sont pas les documents publiés qui poussent à la hausse du coût de l'éducation. Le système des licences collectives, en particulier, est probablement la meilleure affaire dans le domaine de l'éducation. Il offre tout un monde d'ouvrages protégés par le droit d'auteur au coût de quelques dollars par année, permettant d'éviter tous les autres coûts.
Un autre sujet important... Je n'ai pas le temps, ni l'autorisation de la communauté, de parler correctement du sujet du droit d'auteur autochtone, mais il est important que ce groupe reconnaisse que les Autochtones au Canada insistent sur l'importance de l'indemnisation quand il s'agit d'utiliser le savoir traditionnel ou de la communauté.
Enfin, je vous encourage à considérer les industries et professions canadiennes tributaires du droit d'auteur comme étant un secteur qui devrait croître, prospérer et avoir un apport unique à notre projet national, notre caractère national. Nous créons la propriété intellectuelle. Nous appuyons les collectivités, la culture et l'éducation. Nous faisons partie de l'avenir. Appuyez-nous, et notre contribution sera de loin supérieure à ce que nous coûtons.
Nous répondrons à vos questions avec plaisir.
Merci, monsieur le président.
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Monsieur le président, monsieur le vice-président et membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie de nous avoir invités à nous adresser à vous cet après-midi. Je m'appelle Victoria Owen et je suis la bibliothécaire en chef de l'Université de Toronto à Scarborough. Je représente la Fédération canadienne des associations de bibliothèques.
[Traduction]
Je suis accompagnée de Katherine McColgan, directrice générale de la Fédération canadienne des associations de bibliothèques.
La FCAB regroupe des associations de bibliothèques nationales, régionales et provinciales qui représentent les bibliothèques et les archives canadiennes. Les bibliothèques ont le rôle sociétal de fournir un accès équitable à l'information et de protéger le savoir. Au Canada, la Loi sur le droit d'auteur reconnaît la fonction unique des bibliothèques dans l'atteinte des objectifs d'ordre public du gouvernement en matière de recherche, d'innovation et d'apprentissage tout au long de la vie par le truchement des exceptions prévues par la Loi.
La FCAB félicite le Canada d'avoir maintenu fermement à 50 ans et plus la durée de vie du droit d'auteur établie dans la Convention de Berne. La FCAB félicite aussi le Parlement pour les modifications apportées en 2016 en ce qui concerne la création des ouvrages sur d'autres supports pour les personnes ayant des déficiences perceptuelles, en conformité avec le Traité de Marrakech de 2013.
La FCAB est satisfaite des exceptions en matière d'utilisation équitable prévues par la Loi. Avec la modernisation de 2012, le Parlement a confirmé l'utilisation équitable et a ajouté d'autres fins d'éducation, de parodie ou de satire, et le contenu généré par l'utilisateur.
Des dizaines d'années avant la modification de 2012, le passage au contenu sous licence par opposition au contenu acheté et l'augmentation massive de l'utilisation de documents numériques disponibles gratuitement étaient bien enclenchés. D'aucuns affirment que les modifications de 2012 ont contribué au déclin du secteur canadien de l'édition. C'est un faux argument.
Tout d'abord, le secteur canadien de l'édition n'est pas sur son déclin. De fait, Statistique Canada déclare une augmentation de la marge de profit, celle-ci passant de 9,4 % en 2012 à 10,2 % en 2016. Deuxièmement, les bibliothèques publiques et universitaires investissent grandement dans les documents électroniques et elles paient d'avance toutes les utilisations autorisées. Par exemple, à mon université, lorsque les licences ou l'utilisation équitable ne couvrent pas un usage donné, on achète des licences ponctuelles. En 2017-2018, les bibliothèques de l'Université de Toronto ont payé plus de 285 000 $ en licences ponctuelles, et ce, en plus des 27,7 millions de dollars d'acquisitions, dont 75 % sont consacrés aux ouvrages électroniques.
L'utilisation équitable encourage les interactions novatrices qui créent de nouveaux ouvrages et contribuent à l'économie.
Dans le monde numérique, le contenu des bibliothèques est acquis sous licence. Cela signifie souvent que des dispositions d'un contrat neutralisent les droits d'utilisation équitables et autres droits. Les prêts interbibliothèques peuvent être interdits et les Canadiens peuvent ne pas pouvoir imprimer l'extrait d'un ouvrage. La Loi sur le droit d'auteur devrait empêcher les contrats de neutraliser les exceptions et restrictions qui minent les droits des citoyens prévus par la Loi et les objectifs de politique publique en matière d'éducation et de recherche.
La FCAB estime que les principes de la Loi sur le droit d'auteur devraient être appliqués uniformément. La modification apportée en 2016 pour ratifier le Traité de Marrakech a permis que les verrous numériques soient contournés pour permettre l'accès aux personnes ayant une déficience de lecture des imprimés. Les mesures de protection technologique désavantagent les ouvrages numériques. Pour que les droits prévus par la Loi soient respectés, la FCAB recommande que l'on modifie la Loi pour exempter les exceptions pour les bibliothèques, archives et musées de l'interdiction de contournement, y compris les différents types d'utilisation équitable. Il devrait être clair dans la Loi que le contournement des verrous numériques n'est illégal que s'il vise la violation du droit d'auteur.
La majeure partie des renseignements gouvernementaux étant exclusivement distribués sur Internet, les chercheurs, les bibliothèques et les archives doivent être assurés que la copie d'ouvrages gouvernementaux numérisés et créés numériquement aux fins de la préservation et de la dissémination ne constitue pas une violation du droit d'auteur. Le droit d'auteur ne s'applique pas dans le cas des publications du gouvernement fédéral; le droit de la Couronne ne s'applique pas aux ouvrages que le gouvernement a mis gratuitement à la disposition du public.
Les bibliothèques canadiennes travaillent à la réconciliation et pourraient avoir eu possession de savoir autochtone par le truchement de la recherche, de l'appropriation ou avec la participation de collectivités et d'auteurs autochtones. Le Canada doit suivre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. La FCAB recommande que le Canada reconnaisse aux peuples autochtones le droit de gérer, de contrôler, de protéger et de développer leurs savoirs traditionnels et leurs expressions culturelles au sein de notre régime de propriété intellectuelle, et qu'il intègre l'accès, l'utilisation et la protection en mettant au point les protocoles appropriés de concert avec les Autochtones.
Le Canada a atteint un équilibre dans la Loi sur le droit d'auteur en accordant d'importants droits économiques et droits moraux aux créateurs et titulaires du droit d'auteur, et en accordant des exceptions limitées à ces droits aux utilisateurs, aux bibliothèques et aux établissements culturels. Ces exceptions sont dans l'intérêt public, font avancer les objectifs de politique publique et encouragent l'innovation et l'économie au Canada.
Merci.
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Merci, et merci à vous tous pour votre participation à l'examen de la Loi sur le droit d'auteur.
Voilà bien longtemps que les auteurs du Canada attendent que la Loi sur le droit d'auteur soit réparée, et ce fut pour nous une attente coûteuse et douloureuse.
Je suis un auteur. Je représente ici les 2 100 membres de la Writers' Union of Canada. Je suis aussi président de l'International Authors Forum du Royaume-Uni qui représente près de 700 000 auteurs et artistes visuels dans le monde entier. Les auteurs du monde suivent de près ce processus avec beaucoup d'intérêt et grande anxiété.
Nous savons que l'imposition en 2012 de l'éducation en tant que catégorie d'utilisation équitable n'a produit aucun des avantages prévus et a causé exactement le genre de dommages-intérêts que bon nombre d'entre nous ont prédit. Les étudiants paient maintenant davantage pour leur éducation. Les enseignants sont moins en mesure d'accéder légalement aux ouvrages, et ils sont bien plus susceptibles de finir devant un juge. Entre-temps, ceux qui ont créé les ouvrages didactiques, les auteurs du Canada, ont subi une chute désastreuse de leur revenu. Nous avons perdu nettement 80 % de notre revenu de licence parce que les écoles reproduisent maintenant gratuitement ce qu'elles achetaient. Ce sont là les faits que bien des gens ignorent peut-être, mais ils sont indiscutables.
Avant les modifications de 2012, le Parlement avait reçu la promesse « qu'il n'y aura pas de perte de revenu pour les gens qui font partie de « l'économie créative », et que « [L]e secteur de l'éducation paie pour obtenir des licences et remet des redevances de droit d'auteur, et il continuera à le faire. » Je cite directement le témoignage du secteur de l'éducation en 2011.
Les auteurs sont invités régulièrement dans les classes un peu partout au pays, et plusieurs d'entre eux ont vu de leurs propres yeux des enseignants épuisés photocopier gratuitement des blocs de cours, parfois des livres entiers. C'est ce qui se passe. Malgré toutes les promesses et les caprices technologiques du secteur de l'éducation en ce qui a trait aux perturbations, à l'accès libre et à l'environnement en évolution, les étudiants canadiens continuent d'être alimentés régulièrement d'extraits photocopiés ou numérisés d'ouvrages protégés par les droits d'auteur.
Des représentants du secteur de l'éducation vous ont dit récemment qu'ils continuent de payer des licences de droit d'auteur. Soyons clairs, ils continuent de payer certaines licences, généralement pour du contenu de revues étrangères coûteuses, mais ils ne paient pas les licences collectives raisonnables et abordables des auteurs et éditeurs commerciaux canadiens. Chaque année, au Canada, plus de 600 millions de pages d'ouvrages publiés sont reproduites pour la constitution de blocs de cours, tant imprimés que numériques, et le secteur de l'éducation revendique ainsi, essentiellement, le droit gratuit d'utiliser ces ouvrages. C'est là la réalité des politiques en matière de reproduction du secteur de l'éducation.
Ces mêmes politiques ont été complètement discréditées par la perte qu'a essuyée l'Université York concernant la violation du droit d'auteur devant la Cour fédérale, et pourtant, elles sont encore largement utilisées par les conseils scolaires et les établissements postsecondaires au pays. Les écoles et les ministères de l'Éducation canadiens poursuivent maintenant en justice les auteurs canadiens par le truchement de notre groupe dans une tentative désespérée de récupérer le terrain qu'ils ont perdu dans l'affaire York. Comme suite de tout ceci, de nombreux auteurs canadiens ont simplement baissé les bras et arrêté de créer des ouvrages. Je vous demande: étaient-ce là les résultats que le Parlement souhaitait en 2012?
Les auteurs canadiens embrassent l'avenir avec ardeur. Nous ne craignons pas l'innovation, les perturbations, ni l'évolution naturelle du marché. Nous gérons bien ces choses. Nous créons des littératures mobiles et des ouvrages multimédias interplateformes qui élargissent et augmentent la définition du terme « livre » de façons emballantes. Pour ma part, je produis bien de mes écrits créatifs sur mon téléphone mobile.
Mais nous avons tous beaucoup appris au sujet des perturbations numériques au cours des six dernières années. Le mauvais usage scandaleux des données privées par des plateformes en ligne n'est pas sans rapport avec la crise de reproduction déloyale du contenu créatif. Les deux prennent leur source dans une culture du gratuit qui recommande de prendre d'abord puis de demander la permission plus tard, le cas échéant. Ceci dévalue l'oeuvre des professionnels de la création.
La plupart des autres pays ont sagement résisté à la tentation de la culture du gratuit. Le Canada, hélas, est l'exception. À l'heure actuelle, les auteurs et éditeurs canadiens ont donné à notre groupe l'autorisation et l'instruction de concevoir un système de gestion des droits par chaînes de bloc. C'est une véritable innovation canadienne, mais elle ne réussira pas si elle n'est pas appuyée d'une loi claire et solide.
Les auteurs sont des investisseurs dans l'éducation. La plupart d'entre nous avons des diplômes avancés, nous payons tous des impôts, plusieurs d'entre nous paient déjà ou paieront bientôt les frais de scolarité de leurs enfants. Mon propre chèque annuel de droit d'auteur allait directement dans les REEE de mes enfants. C'est inutile maintenant. Notre dur labeur crée le contenu si souvent reproduit par nos écoles. Nous ne méritons pas cette utilisation inéquitable.
La solution est simple, et véritablement équitable. Retirer l'éducation en tant que catégorie d'utilisation équitable, et exiger des licences collectives pour la reproduction de matériel didactique.
Cela fait moins de 10 ans que le terme « éducation » se trouve dans la section sur l'utilisation équitable, et tout ce qu'il a fait, c'est causer des dommages et encombrer les tribunaux. La plupart de nos partenaires mondiaux ont préféré l'existence d'une structure raisonnable et réglementée de licences collectives. Nous devrions en faire autant.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie de nous avoir invités à témoigner devant vous aujourd'hui. Je m'appelle Denise Amyot et je suis PDG de Collèges et instituts Canada. Je suis accompagnée de M. Mark Hanna, du Collège Humber, le plus grand collège au pays.
[Traduction]
Mark Hanna est ici pour nous présenter la perspective pratique de l'utilisation équitable sur le terrain.
Tout d'abord, je voudrais reconnaître que nous sommes sur le territoire non cédé du peuple algonquin Anishinabe.
Je tiens à vous dire que nous avons apprécié les remarques de M. Ruimy la semaine dernière quand il a mis en relief le rôle et la responsabilité qu'ont tous les intervenants de contribuer au dialogue de cet examen. Aujourd'hui est un parfait exemple.
Collèges et instituts Canada et ses membres reconnaissent l'importance des droits tant des créateurs que des utilisateurs. Cet examen représente une occasion de faire fond sur les avances réalisées par le projet de loi C-11, la Loi sur la modernisation du droit d'auteur, et de contribuer davantage à une économie canadienne novatrice en appuyant l'apprentissage, la création du savoir et de solides industries de la création.
Collèges et instituts Canada représente les collèges, les instituts, les polytechniques et les cégeps qui reçoivent un soutien public, et c'est un chef de file international dans l'éducation appliquée et l'innovation. Les membres de CIC offrent plus de 10 000 programmes d'éducation et de formation à près d'un million d'étudiants composés de récents diplômés de l'école secondaire, ainsi que des élèves adultes, des élèves autochtones, des nouveaux Canadiens, des étudiants étrangers et des diplômés universitaires. Quatre-vingt-quinze pour cent des Canadiens vivent à 50 kilomètres au plus du campus d'un collège ou d'un de nos établissements d'enseignement.
En 2012, le projet de loi C-11 et une décision de la Cour suprême du Canada ont fondamentalement changé le panorama du droit d'auteur. Bien que l'utilisation équitable existait déjà, de fait, depuis des siècles avant 2012, l'inclusion de l'éducation comme but d'utilisation équitable et la décision de la Cour suprême ont confirmé que l'utilisation équitable est un droit beaucoup plus vaste que ce que le secteur de l'éducation appliquait auparavant.
Pour aider les établissements à gérer la reproduction pour utilisation équitable, nos associations ont collaboré avec le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada et Universités Canada pour élaborer des lignes directrices d'utilisation équitable. Depuis 2012, près de 90 % de nos membres, à l'exclusion de ceux au Québec qui sont couverts par Copibec, ont adopté les lignes directrices ou mis en oeuvre de nouvelles politiques pour gérer le respect du droit d'auteur.
Les collèges et instituts respectent le droit d'auteur et reconnaissent l'importance de la conformité. Des consultations auprès de nos membres révèlent qu'ils procèdent, régulièrement, à des séances de sensibilisation et de formation de leur personnel au sujet du droit d'auteur. Ceci n'a pas réduit les achats de documents. Bien au contraire. Plus de 70 % de nos membres ont maintenu ou augmenté leurs dépenses depuis 2012. Statistique Canada signale que le coût des acquisitions d'ouvrages imprimés ou électroniques pour les collèges et instituts a augmenté de 26 % depuis 2012, et la vente d'ouvrages pédagogiques d'éditeurs canadiens a augmenté de 5 % entre 2014 et 2016.
Les dispositions relatives à l'utilisation équitable encouragent la création de savoirs en fournissant aux étudiants et au corps enseignant un accès raisonnable au contenu dont ils ont besoin. Les collèges et instituts offrent une vaste gamme de programmes et d'accréditations comme l'actualisation de diplômes, des cours de métier, des certificats et des études supérieures pour une population diversifiée d'étudiants, et ils ont besoin d'un large éventail de matériel d'apprentissage.
Le projet de loi C-11 a aussi prévu l'utilisation d'Internet à des fins éducatives, ce qui facilite l'apprentissage à distance et l'accès pour les collectivités rurales, éloignées et du Nord. Nos membres nous signalent que les documents d'Internet représentent dorénavant les ressources éducatives les plus couramment utilisées, suivies des vidéos, puis des manuels de cours.
Le monde de l'éducation continue d'évoluer à un rythme accéléré et les percées en technologie ont un impact profond sur la façon dont nos membres présentent leurs programmes. Les apprenants s'attendent à avoir accès aux documents d'apprentissage facilement et rapidement, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ils possèdent de multiples dispositifs et étudient non seulement en classe, mais là où ils se trouvent. Il y a un plus grand usage des ressources d'apprentissage créées par l'industrie à ses propres fins, des publications en libre accès, des données ouvertes, des sources comme Creative Commons et des systèmes de réservation électronique dans les bibliothèques.
Le secteur se doit de créer des programmes de formation agiles qui répondent rapidement aux besoins des employeurs et des collectivités. Les collèges et les instituts collaborent étroitement avec les entreprises et le secteur pour veiller à ce que les programmes s'harmonisent avec les besoins du marché et offrent aux étudiants un apprentissage intégré au travail et des occasions de stage.
Les lois sur le droit d'auteur ont une incidence sur l'enseignement, l'apprentissage et la dissémination du savoir. Le fait de confirmer l'éducation comme but explicite d'utilisation équitable et d'inclure des dispositions pour l'usage d'Internet à des fins éducatives contribue à créer un secteur d'éducation du XXIe siècle et appuie également l'apprentissage dans une économie d'innovation. Le régime actuel des droits d'auteur fonctionne bien pour notre groupe, et nous sommes d'avis qu'il représente un bon équilibre, respectant la loi et la jurisprudence.
Dans votre examen, nous vous encourageons à faire en sorte que la loi ne traite pas seulement des réalités d'aujourd'hui, mais qu'elle soit aussi suffisamment souple pour pouvoir s'adapter aux changements futurs éventuels. Comme étape importante de la démarche de réconciliation, nous recommandons aussi la consultation auprès des collectivités autochtones en vue de la protection du savoir autochtone.
Je vous remercie du temps que vous avez consacré à ce sujet important. Notre association et ses membres sont disposés à aider le Comité dans ses travaux.
[Français]
Mon collègue M. Hanna et moi-même répondrons avec plaisir à vos questions.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup de cet excellent témoignage. Je l'ai beaucoup aimé. C'était fort intéressant d'entendre les discussions et les différentes perspectives.
Ma première question s'adresse à Glenn. J'ai un certain nombre d'amis qui oeuvrent dans l'économie de la création, y compris une belle-soeur qui a récemment publié un livre pour enfants. C'était fascinant de voir le processus se dérouler, de voir combien de temps un auteur doit consacrer à travailler avec les différents éléments, de l'idée à la rédaction, de travailler avec les éditeurs, les illustrateurs et ainsi de suite. Nous reconnaissons vraiment la nécessité d'avoir des lois solides sur le droit d'auteur pour protéger notre économie de la création et ceux qui y travaillent.
Nous voulons aussi un équilibre de sorte que nos établissements d'enseignement et nos étudiants ont les occasions dont ils ont besoin.
Je commencerai par Glenn. Vous avez mentionné que vous voyez un nombre de problèmes avec l'utilisation équitable. Dans le contexte du secteur de l'éducation, quelle serait d'après vous une interprétation raisonnable de l'utilisation équitable? Vous avez parlé d'un grand nombre de problèmes, mais pourriez-vous nous en dire davantage au sujet de ce que vous percevez comme étant une solution?
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Je vous remercie de cette question.
La solution est étonnamment simple. Au fil des ans, j'ai fini par m'habituer à entendre dire que cette question est très complexe. La solution, c'est le retour aux licences. Les licences qui étaient en vigueur avant les modifications apportées à la Loi sur le droit d'auteur étaient peu onéreuses et couvraient tout le spectre, y compris les zones grises. Elles représentaient un moyen pratique, et je dirais moral, pour les utilisateurs de faire en sorte que les choses qu'ils utilisaient faisaient l'objet d'une indemnisation de leurs créateurs.
Le fait que le comportement n'a pas changé rend cette solution fort simple. Les lignes directrices sur la reproduction déloyale qui ont été imposées dans le système de la maternelle à la 12e année et le système postsecondaire étaient fondées sur les licences. Une certaine partie de la formulation était empruntée aux licences. Cela signifie que le comportement des professeurs, le comportement des enseignants, des instructeurs et des élèves n'a pas changé durant la transition. Tout ce qui est arrivé, c'est l'élimination de l'indemnisation.
Ramener la formule d'indemnisation rajustera le marché, parce que cela signifie que, soudainement, au lieu de comparer un système gratuit à un système auquel des coûts se rattachent — n'importe quel coût — on atteint un équilibre, le mot que vous utilisez, des usages potentiels. Certains coûtent moins et utilisent moins. Certains coûtent plus et utilisent plus.
C'est là l'équilibre dont nous devons parler, pas un équilibre selon lequel le droit d'auteur est protégé et cette protection nuit aux étudiants en quelque sorte. De fait, à mon sens, il les appuie dans leur éducation.
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Tout d'abord, c'était une bonne citation; merci.
Sans reprendre ce que mon collègue Glenn a dit, je trouve ironique ce qui est arrivé en 2012; le Parlement avait l'intention, je crois, d'épargner de l'argent aux étudiants, de donner un meilleur accès aux enseignants et de faciliter le processus. Or, depuis 2012, les études coûtent considérablement plus cher aux étudiants.
J'ai fait beaucoup de recherches là-dessus. Surtout dans la presse estudiantine, il semble y avoir une indication que les blocs de cours dont j'ai un exemple ici aujourd'hui ont, dans certains cas, doublé de prix. Pourquoi cela s'est-il produit quand il n'y a aucune licence et que tout est supposément qualifié d'utilisation équitable? C'est parce que quelqu'un doit évaluer cette utilisation équitable. Il doit y avoir un organe centralisé au sein de l'université qui procède à cette évaluation. Cela ralentit le processus.
Il y a eu des cas, certainement au début — et je suis sûr que cela se poursuit — où les professeurs n'ont pas pu avoir leurs blocs de cours à temps pour le début des classes, à cause du goulot causé par l'évaluation de l'utilisation équitable. Le prix est monté parce que les frais administratifs étaient plus élevés que la somme de 26 $ par étudiant imposée par la licence avec Access Copyright.
Parlant des 26 $ par étudiant, c'est ainsi que le montant est calculé. Ce n'est pas forcément la façon dont il est censé être payé. La facture s'adresse à l'établissement d'enseignement. C'est lui qui choisit de transférer ce coût à l'étudiant. C'est sa décision. J'ai fait une recherche considérable au niveau des budgets des universités et collèges au pays, et ils peuvent certainement se permettre une licence. Pour bon nombre d'entre eux, elle représente une fraction de 1 % de leur budget.
Il s'agit ici d'efficience. Le système de licence est efficient. Il est moins cher et fonctionne mieux que ce que nous avons maintenant. À mon sens, revenir aux licences représente la solution.
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Oui, tout à fait. Je le présenterai. De fait, les données de Statistique Canada établissent que les dépenses des collèges et instituts au chapitre des acquisitions des bibliothèques, tant sur papier qu'électroniques, ont augmenté de 26 % depuis 2011-2012. Vous savez certainement que dans le système collégial, nous utilisons un matériel varié.
Permettez-moi de dire que je ne suis pas d'accord avec ce que John et Glenn ont dit plus tôt, parce que l'utilisation équitable n'est pas la raison de ce qui est débattu maintenant. En réalité, le contexte de l'apprentissage a changé et il a changé radicalement. On utilise maintenant un contenu numérique. Les établissements d'enseignement créent des portails dont ils assument les frais, et ont des licences collectives pour un usage commun des ressources entre les facultés, celles-ci créant et partageant leurs propres ressources, y compris des ressources éducatives libres, Creative Commons, et des oeuvres libres sur Internet, pour créer et partager des ressources à l'intérieur du système du collège.
Et vous savez, les apprenants — je vais m'arrêter là — demandent un accès de différentes façons.
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Merci, monsieur le président.
Si vous me le permettez, avant que je ne passe à mes questions, j'aimerais présenter une motion dont on ne débattra pas aujourd'hui, parce que nous avons de très éminents invités ici et nous avons beaucoup de questions sur le droit d'auteur. Je vais lire la motion pour le compte rendu.
Voici le texte de la motion:
Que le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie entreprenne une étude comprenant quatre rencontres afin d'examiner les pertes de recettes fiscales pour le gouvernement fédéral, ce qui comprend, sans toutefois s'y limiter, les redevances, l'impôt sur le revenu des particuliers et des sociétés, et les droits, ainsi qu'un examen des conséquences financières, ce qui comprend la perte d'activité économique, découlant des retards dans la construction du pipeline Trans Mountain; que le Comité examine les avantages potentiels à long terme pour le gouvernement fédéral, ce qui comprend les possibilités d'emploi, que le projet créerait; et que le Comité présente ses conclusions à la Chambre et fasse une recommandation à savoir si le gouvernement du Canada doit déclarer que le projet d'expansion Trans Mountain est à l'avantage national du Canada et invoque l'alinéa 92(10)c) de la Constitution du Canada
Ceci est particulièrement opportun compte tenu de l'initiative d'aide financière aux militants anti-pipeline par le truchement de l'Initiative Dogwood.
Merci, monsieur le président.
Merci, tout le monde, d'être ici aujourd'hui. Je vous suis reconnaissant d'avoir pris le temps de venir.
J'aimerais revenir sur un thème de mes questions à la fin de la séance précédente du Comité, mardi. Il s'agissait des verrous numériques et des mesures de protection technologique. J'espère adresser ces questions à vous, monsieur Rollans, et vous, madame Edwards et peut-être même à vous, monsieur Degen, si vous avez des remarques.
Le Canada est tenu, par ses obligations internationales au titre de l'OMPI, d'interdire le contournement de la technologie et des mesures de protection, c'est-à-dire les mesures de protection technologique et les verrous numériques. Étant donné que les mesures de protection technologique font l'objet d'une certaine controverse dans le secteur de l'éducation, qui est protégé par l'utilisation équitable, comment, selon votre organisation, le Canada pourrait-il satisfaire à ses obligations en faveur des mesures de protection technologique tout en veillant à ce que les établissements d'enseignement puissent exercer leurs droits au titre de l'utilisation équitable?
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Quand nous examinions les modifications proposées avant qu'elles ne soient incorporées dans la loi, nous avons soulevé le problème, surtout au niveau de l'inclusion de l'éducation comme utilisation équitable —, estimant que ce n'était pas propice aux rapports harmonieux
Nous ne voyons pas de problème avec le projet de l'éducation au Canada. Nous l'appuyons. Nous estimons qu'il est manifestement dans l'intérêt du public. Nous sommes passés par là nous-mêmes. Nous avons des enfants qui comptent là-dessus. Nous ne sommes pas contre l'éducation, mais « éducation » est un terme qui couvre tant de choses et il a presque remplacé l'expression « étude privée » dans la loi. Le terme éducation a donc ouvert la porte à une reproduction systématique à grande échelle et à grand volume dans le but d'éviter de payer l'ouvrage utilisé au-delà de la limite autorisée par la loi.
Après s'être engagé à ne pas abandonner les licences, le secteur de l'éducation a abandonné les licences et y a immédiatement substitué une politique dans la très grande zone grise qui a été créée par l'inclusion du mot « éducation » dont la portée est très large. Le libellé de la politique nous a paru, étonnamment, ressembler de très près à celui des licences qui ont été abandonnées.
La nature ne supporte pas un vide. Nous ne pouvons pas revenir en arrière. C'est dommage que nous n'ayons pas eu une politique avant que le secteur de l'éducation ne le fasse. La politique, diffusée largement dans les établissements postsecondaires et de la maternelle à la 12e année, définit la pratique comme s'il s'agissait d'une loi. L'organe législateur, le Parlement du Canada, est ici. Je crois qu'« éclaircir » signifie substitution de la politique, éventuellement, ou l'ajout de texte dans la loi qui précise clairement qu'il ne s'agit pas de la reproduction systématique à grande échelle qui compromet gravement les droits des auteurs des ouvrages.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins de leur présence aujourd'hui.
Je ne dis pas que le coût de l'éducation n'est pas relié à cette situation en particulier. Il peut faire partie de l'ensemble, mais si nous voulons régler ce problème, éviter les coûts d'éducation pour les universités et l'éducation postsecondaire serait plus juste pour les étudiants. Ainsi, ceux-ci ne seraient plus des pions entre les différentes parties dans les décisions des tribunaux, à savoir qui paie pour quoi dans le matériel servant à leur éducation. Cependant, ce n'est pas ce que nous examinons aujourd'hui. C'est presque une distraction, parce que nous voulons quelque chose que nous pouvons maîtriser.
Je m'inquiète, cependant, des tendances numériques qui semblent augmenter, de l'indemnisation et des choses que nous ne pouvons voir dans le futur. Quelqu'un a-t-il examiné différents modèles, ce que les autres pays ont fait?
J'ai une autre question, mais nous pourrions peut-être faire le tour rapidement et donner des exemples au comité.
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Merci, monsieur le président.
Parlant de l'utilisation équitable — et il y a manifestement deux points de vue ici, autour de la table — j'aimerais tout d'abord avoir une idée des montants d'argent dont on parle. Je ne m'attends pas à ce que vous me répondiez tout de suite. Chacun d'entre vous pourrait-il élaborer pour nous, en remontant jusqu'à 2004 ou plus tôt, un document démontrant combien d'argent vous avez ou n'avez pas perçu et combien d'argent vous avez ou n'avez pas payé pour un contenu canadien? Je ne m'intéresse qu'au contenu canadien.
Par exemple, monsieur Rollans, vous dites que ça vous a coûté de l'argent. J'aimerais savoir, d'année en année, combien d'argent cela vous a coûté.
Pour les bibliothèques et les autres, vous pouvez bien dire que vous payez de plus en plus d'argent. Si c'est ce que vous nous dites, j'en conclus que cela ne vous coûte rien et donc, nous éliminerons l'utilisation équitable. Ce serait ma recommandation.
J'aimerais vraiment que vous me disiez tous honnêtement combien, chaque année, vous économisez, vous pensez que vous économisez ou pensez que vous perdez pour que nous puissions bien cerner cet aspect.
Je vais maintenant commencer par vous, monsieur Rollans. Vous vous déclarez contre l'utilisation équitable entièrement, mais je suppose que si quelqu'un avait à copier une page d'un volume, par exemple, vous ne vous y opposeriez pas. Y a-t-il un pourcentage ou une mesure quelconque d'utilisation équitable que vous accepteriez?
En 2015, le ministre des Sciences de l'époque, Ed Holder, a proposé pour les conseils subventionnaires, le CRSNG, le CRSH et les IRSC, une politique relative à l'accès public en vertu de laquelle tout devait être librement accessible dans les 12 mois.
Je pose la question à Collèges et instituts Canada d'abord. Que diraient vos établissements et vos organisations si on élargissait la mesure au secteur privé, pas aux conseils subventionnaires, mais à d'autres organismes qui financent la recherche par l'intermédiaire du gouvernement? Seriez-vous favorable à une politique de ce type?
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Je ne pensais pas que j'étais le suivant. J'apprécie la conversation, toutefois.
Madame Amyot, c'est aujourd'hui la Journée mondiale de la propriété intellectuelle et nous nous sommes engagés dans un nouveau régime de propriété intellectuelle. Mes collègues aideront donc à diffuser les idées de chercheurs canadiens. Il me semble que nous avons un défi similaire avec la gestion des données et des informations canadiennes. Je crois que nous voyons, à la teneur de la conversation jusqu'ici, que nous ne connaissons pas complètement les effets sur la chaîne d'approvisionnement. Cette étude devra, selon moi, s'intéresser davantage à cet aspect.
Je suis très inquiet, et ce depuis quelques réunions, au sujet du contenu canadien, et il est fantastique que M. Lloyd soulève la question parce que, si nous n'avons pas accès au contenu, les chercheurs arrêtent de chercher et notre chaîne de valeur perd de la valeur.
Voici une question plus longue qui est un préambule. L'Allemagne a examiné son régime et est prête à le refondre. Des changements majeurs y sont proposés. Je suis en train de lire un document australien de mars 2018. Il y est question de l'utilisation équitable à certaines exceptions près.
Où nous situons-nous...? Toutes les personnes ici présentes doivent nous aider à faire en sorte que le système soit équitable et raisonnable pour le Canada en ce qui concerne la gestion de l'offre — que j'appelle chaîne d'approvisionnement. Je demande pardon aux artistes et aux créateurs, mais c'est là que les choses commencent. Nous pourrions peut-être aller de droite à gauche en ce qui concerne la gestion de la chaîne d'approvisionnement et ce qui nous permettrait de mieux comprendre en quoi elle ne fonctionne pas, parce que voilà quelques réunions que nous essayons d'aller au fond des choses.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis très heureux de siéger à ce comité pour la première fois. J'aimerais commencer par... Il semble très important de reconnaître la propriété ancestrale du territoire, mais il est très important pour moi de reconnaître la propriété du territoire à l'heure actuelle. Je souhaite souligner que nous nous trouvons dans un territoire de l'Amérique du Nord britannique et qu'Ottawa est la capitale du Canada choisie par la reine Victoria. C'est la capitale de tous les Canadiens, y compris des Autochtones, évidemment.
J'avais besoin de le dire. Je vous remercie, monsieur.
J'apprécie l'examen des droits des auteurs auquel nous nous livrons aujourd'hui parce que je pense qu'il renvoie au fondement même de notre démocratie libérale. Je vois deux intérêts majeurs concurrents se dessiner. Nous avons devant nous deux grands paradigmes. L'un est un idéal, l'accès au savoir, et l'autre est un principe juridique énoncé par John Locke, bien entendu, celui de la protection de la propriété, qui se trouve à la base de ce que vous demandez et qui est très important.
Si je comprends bien ce que vous expliquez cet après-midi, notre but ici, en tant que parlementaires, est de parvenir à concilier des intérêts concurrents en démocratie. Vous semblez nous dire qu'en 2012, nous avons peut-être trop mis l'accent sur l'accès au savoir, par rapport à la protection des droits, dans ce cas, des droits des auteurs. Peut-être bien, mais voici ma question. Si nous y réfléchissons, à l'heure actuelle, beaucoup plus de Canadiens que le nombre de personnes que vous représentez ont besoin d'accéder au savoir.
Sans vouloir vous offenser, c'est ce que nous devons faire en ces lieux. J'essaie de comprendre pourquoi nous en sommes arrivés à ce type de raisonnement et de conclusion en 2012. Peut-être est-ce un oubli. Cela nous arrive toujours à la Chambre des communes. C'est normal. C'est pourquoi nous revoyons toujours les choses et il devrait en être ainsi.
Ce que vous nous dites aujourd'hui, c'est que nous devrions changer le système parce que nous n'avons pas assez mis l'accent sur les droits et les intérêts des auteurs. C'est au fond ce que vous nous dites.
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À mon sens, ce qui s'est passé, en fait, en 2012, et avant 2012, c'est qu'une fausse dichotomie s'est immiscée dans le débat, à savoir l'idée que vous décrivez selon laquelle les utilisateurs et les créateurs se livrent une concurrence autour de quelque chose.
Je suis créateur. Tous les membres que je représente sont des créateurs. Nous utilisons aussi du contenu protégé par le droit d'auteur. Nous avons tous été étudiants. Nous avons tous des interactions avec du contenu. Présenter la situation comme une situation de concurrence, comme une sorte de balancier où il faut trouver un équilibre parfait, n'est peut-être pas la bonne façon de voir les choses. Je crois que nous avons besoin d'un système qui fonctionne pour tout le monde, mais pas nécessairement de quelque chose qui fonctionne pour tout le monde à égalité parfaite tout le temps.
Je suis utilisateur autant que créateur, ce qui signifie, comme vous le disiez, qu'il y a beaucoup plus d'utilisateurs que de créateurs. On met un groupe géant sur un plateau de la balance et un petit groupe sur l'autre plateau, et tout va bien. Je ne pense vraiment pas que cela puisse marcher.
La conversation se révèle être très intéressante.
Ma première question s'adresse, en fait, aux collèges.
Madame Amyot, vous avez dit dans vos observations préliminaires que vous pensiez que le juste équilibre avait été trouvé en 2012, mais c'est en contradiction avec ce que disent les autres témoins, qui ne voient pas cet équilibre. Je me demande, puisque vous nous dites qu'on a trouvé le bon équilibre, comment vous expliquez ce désaccord?
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Je peux répondre. Je peux parler des 600 millions de pages copiées, mais je dirai que, là encore, nous nous appuyons beaucoup sur le contenu des éditeurs en classe et nous recourons généralement à l'utilisation équitable plus pour de la documentation supplémentaire pour ajouter une autre perspective sur un sujet particulier.
Pour ce qui est de sensibiliser notre corps enseignant, nous avons, en fait, lancé une campagne de sensibilisation. Nous l'avons appelée « iCopyright et nous avons distribué des trousses d'outils et différents documents didactiques. Ensuite, nous avons mis en place une formation obligatoire qui comporte un module sur le droit d'auteur et le corps enseignant doit obtenir un score parfait au questionnaire sur ce module pour que la formation soit considérée comme terminée. Nous avons également un personnel de bibliothèque très au fait qui peut aussi compter sur mes connaissances en propriété intellectuelle pour les questions plus complexes.
Le corps enseignant, je le répète, tient à respecter la loi et il n'hésite pas à consulter le département du droit d'auteur du collège pour s'en assurer. Nous nous montrons très prudents. S'il nous demande s'il peut faire quelque chose et que nous n'en sommes pas certains, nous répondons par la négative. Si nous pensons être dans une zone floue, nous répondons aussi par la négative. Voilà comment nous procédons.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Degen, je vous ai interrompu tout à l'heure, mais dans le témoignage suivant... La question du contenu et de la culture canadienne est très importante en l'occurrence. Je crains que, dans cette étude, même si nous recommandons de supprimer la législation actuelle du droit d'auteur, d'ici que la recommandation soit déposée au Parlement, puis redéposée, puis passe par le Sénat, ce cycle électoral sera probablement terminé.
Que pouvons-nous faire d'autre en attendant, si rien ne change? Vous exprimez, me semble-t-il, des préoccupations très particulières.
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Je remercie tous les témoins de leur présence aujourd'hui et des renseignements très utiles qu'ils nous fournissent.
Il y a manifestement quelque chose que nous essayons de comprendre et j'espère que, grâce à vos témoignages, nous pourrons mieux comprendre et cerner les lacunes du système pour y remédier, afin que le contenu canadien puisse continuer de prendre de l'ampleur, ce qui est très important pour notre pays, et en même temps, pour faire en sorte que les jeunes et les gens dans nos institutions aient accès à notre fantastique contenu, parce qu'ils en sont tellement tributaires.
Je vais dévier un peu ma question. Les universités, les collèges et les établissements d'enseignement sont fréquentés par ces merveilleux jeunes qui utilisent des documents, apprennent à partir de documents, puis innovent et créent. Ils créent des produits nouveaux et supplémentaires ou des innovations numériques, et je ne sais même pas ce que nous réserve l'avenir. La réponse est que l'avenir sera merveilleux et en grande partie parce qu'on utilisera les ouvrages mêmes créés par des auteurs, des écrivains et beaucoup des créateurs de contenu de ce pays.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez tandis que nous envisageons l'avenir, notamment par rapport aux nouveaux ouvrages créés. Comment faire pour trouver un équilibre? Il est indéniable qu'il y a des lacunes. Elles existent et je sais que nous approfondirons le sujet dans des témoignages dans un avenir lointain, mais je veux aussi faire un bond dans l'avenir pour voir où nous allons.
Je commencerai par M. Degen. Comment traitez-vous la question? De nouvelles personnes vont créer quelque chose de merveilleux et de nouveau, mais peut-être aussi en s'inspirant de ce que vous-mêmes et vos membres créez.
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C'est une excellente question, selon moi.
Nous avons vu dans les modifications de 2012 l'ajout du contenu généré par l'utilisateur. Je crois que c'est quelque chose qui concerne l'avenir. Nous voyons comment les gens peuvent utiliser, retravailler, utiliser quelque chose qui existe déjà, s'en inspirer et créer quelque chose de nouveau.
C'est une exception. Cela touche, à mon sens, de manière générale... la répartition des droits. Nul ne conteste que la majorité des droits reviennent aux créateurs et aux titulaires de droits, mais une petite frange de droits fait exception à cela et c'est d'eux que nous parlons. Ils sont limités et ne constituent donc pas la menace qu'on veut bien dire.
Je me demande aussi, quand nous pensons à des choses comme l'exploration de texte et l'extraction de données — je crois que la bibliothécaire en chef de l'Université Ryerson a également soulevé la question —, ce que nous pouvons faire avec l'intelligence artificielle à l'avenir. Avoir une Loi sur le droit d'auteur qui soit assez souple et qui puisse être créative. Selon moi, il faut qu'elle soit ouverte aux types de possibilités créatives qui sont protégées et qui relèvent de la propriété intellectuelle.
Ce ne sont que quelques exemples.
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Oui, nous avons fait des sondages.
Nous travaillons à ce dossier depuis de nombreuses années. Certains de mes collègues ont travaillé à cela pendant des années. Nous voulions nous assurer que ce que nous faisions respectait les exigences légales. Il a fallu aider les institutions à y arriver. Nous leur avons donné des ateliers et une série d'outils pour les aider en ce sens.
Tout à l'heure, M. Hanna a donné un exemple de ce qui est fait dans son collège. Il y a une formation obligatoire. Il est demandé aux gens de remplir un jeu-questionnaire jusqu'à ce qu'ils obtiennent une note de 100 %. Ce n'est pas comme les jeux-questionnaires qu'on nous faisait faire à l'école et dont la note de passage était de 60 %.
Cela démontre que nous prenons cela au sérieux. Il ne faut jamais oublier que, parmi nos membres, il y a des auteurs.
J'aimerais avoir quelques éclaircissements et j'ai une question.
Madame Owen, quand vous dites que le pourcentage des bénéfices a augmenté, je voudrais souligner que je préférerais dégager un bénéfice de 9 % sur un million de dollars de ventes que de 10 % sur 100 000 $. C'est un beau chiffre à donner, mais il ne veut rien dire sans le montant réel des bénéfices. Le pourcentage des bénéfices peut augmenter, mais les bénéfices réels peuvent chuter. Je le signale.
[Français]
Madame Amyot, j'aimerais revenir sur le fait que 70 % de vos institutions paient plus cher ou paient le même montant. J'aimerais encore souligner le fait que je suis intéressé à connaître les montants des paiements versés aux créateurs canadiens et aux créatrices canadiennes. Peut-être que les paiements faits aux Allemands sont plus élevés, mais ce qui m'intéresse, ce sont nos créateurs canadiens.
[Traduction]
Madame Edwards, vous avez parlé du modèle australien. Pouvez-vous en dire un peu plus?