:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Bonjour à tous.
Je m'appelle Carolyne Blain et je suis la directrice générale du Secteur de la politique stratégique de la Direction générale des approvisionnements de Services publics et Approvisionnement Canada, ou SPAC.
J'ai à mes côtés aujourd'hui mon collègue David Schwartz, le directeur général du Secteur de la gestion des approvisionnements commerciaux et alternatifs; il relève également de la Direction générale des approvisionnements de SPAC. Sont aussi présents avec moi des collègues du Secrétariat du Conseil du Trésor, M. Nick Xenos et Mme Jessica Sultan, que vous avez rencontrés lors de la dernière séance sur cette étude.
Je vous remercie beaucoup de nous avoir donné l'occasion de comparaître ici pour parler de la Stratégie pour un gouvernement vert. Je suis heureuse de vous faire part de l'important travail que nous entreprenons à Services publics et Approvisionnement Canada concernant la mise en oeuvre de l'approvisionnement écologique.
[Traduction]
Si nous voulons vraiment, en tant que pays, gouvernement et citoyens, construire un avenir plus écologique, nous devons savoir que l'approvisionnement est un excellent levier pour atteindre les objectifs en matière de développement durable et pour engendrer des changements positifs dans la chaîne d'approvisionnement et dans l'économie canadienne. Pour y parvenir, nous avons apporté des modifications fondamentales à nos méthodes d'approvisionnement et à notre façon de travailler, et nous continuerons à en faire de même.
En tant que plus gros acheteur public au Canada, SPAC occupe une position unique, car le ministère a le pouvoir d'influencer directement et indirectement les types de produits et de services qu’il achète et ceux qu’offre l'industrie.
Afin de maximiser les bénéfices environnementaux liés aux achats, nous avons privilégié les instruments d’achats partagés et nationaux, cela pour optimiser l'impact de nos décisions d'achat. Ce faisant, les organismes fédéraux ainsi que les gouvernements provinciaux et territoriaux peuvent accéder à des produits et à des services environnementaux de qualité. Parce que nous collaborons avec les provinces et les territoires, notre influence s'étend bien au-delà des marchés publics fédéraux. De plus, des considérations environnementales ont été incluses dans les instruments d'approvisionnement pour plus de 35 catégories de biens et de services.
L'intégration de facteurs environnementaux au niveau de l'approvisionnement exige une compréhension du cycle de vie complet des biens ou des services achetés, de l'extraction des matières premières à leur aliénation. Cette compréhension permet de maximiser les impacts et les bénéfices environnementaux. Par exemple, nos instruments d'approvisionnement nationaux pour les véhicules légers prennent en considération les coûts complets du cycle de vie en matière de consommation d'essence et d'émissions de CO2 dans l'évaluation. Cela permet au gouvernement de sélectionner les véhicules offrant des avantages environnementaux optimaux au cours de leur durée de vie utile, tout en s'assurant de répondre aux exigences opérationnelles du ministère client.
Un autre exemple de la façon dont SPAC cherche à promouvoir la gérance de l'environnement est de s'assurer que les produits et services faisant partie d'un instrument d'achat national obligatoire soient écologisés, comme c'est le cas dans notre offre à commandes concernant les achats de papier de bureau, qui exige que le papier fourni soit composé de matières recyclées. SPAC continue à innover. Par exemple, nous avons aussi ajouté à l'offre à commandes du papier composé de fibres de résidus agricoles, mais pas d'arbres. De plus, SPAC n'accepte que le papier fabriqué dans des conditions qui répondent aux exigences fondées sur les normes reconnues et certifiées ou qui les dépassent. Cela signifie que le papier fourni provient d'usines ayant fait la preuve qu'elles ont réduit leur impact sur l'environnement.
[Français]
Nous concentrons également nos efforts sur la réduction de l'empreinte environnementale du gouvernement en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre provenant du chauffage et du refroidissement des installations fédérales. En janvier 2017, SPAC a octroyé un contrat de 131 millions de dollars pour l'achat d'énergie propre pour les besoins du ministère de la Défense nationale et du ministère de l'Environnement et du Changement climatique en Alberta. En vertu de ce contrat, 90 % de la demande en énergie du ministère de la Défense nationale dans cette province provient d'énergie propre.
La mobilisation des intervenants et la mise à profit des occasions d'affaires est un aspect important du modèle opérationnel de SPAC. La mobilisation et l'engagement des fournisseurs jouent un rôle primordial dans l'atteinte de nos objectifs en approvisionnement écologique. À titre d'exemple, mentionnons la récente consultation avec les fournisseurs du secteur des fournitures de bureau, afin de connaître l'étendue des solutions offrant un bénéfice environnemental avec un accent sur la réduction du plastique et des émissions de gaz à effet de serre.
Cette consultation de l'industrie contribuera à réviser plus de 4 800 produits fréquemment achetés afin de trouver des solutions de rechange écologiques et de les inclure dans l'édition de 2019 de l'offre à commandes.
SPAC collabore aussi avec des parties prenantes externes, telles que l'Espace québécois de concertation sur les pratiques d'approvisionnement responsable. Cette organisation aide SPAC à accélérer la mise en oeuvre de l'approvisionnement écologique en travaillant de concert avec d'autres organisations à des défis semblables et en créant des outils d'approvisionnement basés sur des preuves scientifiques reconnues.
Comme vous le savez, le sommet du G7 a eu lieu dans Charlevoix, au mois de juin 2018. Comme il y avait une grande volonté d'en faire un événement écoresponsable, il était primordial d'appliquer les principes d'approvisionnement écologique aux nombreux achats nécessaires à la tenue de cet événement. Des stratégies ont été élaborées afin d'intégrer efficacement des considérations d'ordre environnemental dans l'élaboration des exigences en matière d'approvisionnement et des méthodes d'évaluation. Ces mesures comprenaient l'utilisation d'une méthode d'évaluation novatrice dans les contrats de services d'hébergement, de transport et de restauration, afin d'accorder la préférence aux produits et aux services respectueux de l'environnement.
Le processus retenu en vue de la tenue du sommet a changé plusieurs choses, y compris la gestion responsable des déchets et l'utilisation limitée du plastique. Grâce à ces mesures, le sommet a reçu une classification de niveau 3 en gestion responsable d'événements, selon la norme du Conseil québécois des événements écoresponsables. Cela a généré des réactions positives et incité l'industrie à évoluer vers des pratiques de gestion des déchets plus durables.
Le G7 a permis à SPAC d'élaborer de nouvelles approches et de tirer profit des leçons apprises, comme la réduction de plastique à usage unique, l'utilisation du compostage ainsi que l'utilisation d'incitatifs à fournir des produits écologiques. Ces leçons seront considérées pour les projets futurs et auront un effet positif sur la mise en oeuvre à SPAC.
[Traduction]
SPAC continue également d'optimiser les processus internes afin de maximiser les bénéfices environnementaux comme la réception des soumissions par voie électronique, l'utilisation accrue de signatures électroniques, l’archivage sur supports électroniques, et la solution d'achats électroniques annoncée dans le cadre du budget de 2018.
L'approvisionnement écologique ne consiste pas seulement à réduire la quantité de produits et de services. Il comporte aussi des avantages sur le plan socioéconomique et des effets positifs à long terme sur la santé de notre environnement au-delà des réductions immédiates et mesurables des coûts de l’énergie, de l'utilisation d'eau ou des émissions de GES. La modification des comportements d'achat par SPAC en vue de prendre en considération l'analyse du cycle de vie aura des retombées positives considérables sur chaque étape de l'approvisionnement. Notre manière de planifier et d'effectuer nos achats, ainsi que d'utiliser, d'entretenir et finalement d'aliéner les produits achetés, aura également une influence à grande échelle sur les fournisseurs, les fabricants et les Canadiens. Nos actions définiront la norme et entraîneront des changements à grande échelle. Nous devons arrêter de prendre en considération uniquement le coût initial. Il nous faudra plutôt appréhender le bien ou le service d'un point de vue axé sur l'économie circulaire dont l'objectif est de garder les articles — dont les plastiques — dans l'économie, et non dans les dépotoirs ni dans l'environnement, ce qui offrira une meilleure valeur et des avantages à long terme aux Canadiens et à la collectivité.
Nous continuerons de collaborer avec le Centre pour un gouvernement vert du Secrétariat du Conseil du Trésor en vue de faire progresser les pratiques d'approvisionnement écologiques. SPAC s'engage à travailler, de concert avec d'autres ministères, sur la direction de la mise en œuvre de la Stratégie pour un gouvernement vert afin de contribuer efficacement à une croissance faible en carbone et écologiquement responsable.
Merci beaucoup de votre temps.
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Bienvenue et heureux de revoir certains d’entre vous.
J’aimerais revenir sur ce que vous avez dit au sujet du G7. Lors de notre dernière comparution, nous avons discuté de l’achat de voitures. Je sais bien que ce n’est pas SPAC qui les a achetées, mais comment pouvons-nous nous assurer, à l’avenir, que nous travaillons vraiment à l’écologisation et que les ministères ne feront pas cavalier seul — je ne dis pas en enfreignant la politique du gouvernement —, mais qu'ils ne s'écartent pas de l'objectif, comme lorsqu'ils ont acheté des voitures à essence?
Cela nous ramène à la conversation que nous avons eue à la dernière réunion. J’ai lu les plans ministériels. J'ai l'impression que personne n'est responsable, pour ainsi dire. Je viens de lire d’autres documents et je me rends compte maintenant que Ressources naturelles Canada est censé travailler en partenariat avec le SCT dans le sens d'un gouvernement vert. Cette question n’a pas été soulevée du tout à la dernière réunion. Je regarde ce plan ministériel et je constate qu'il n'y est pas question d’écologisation du gouvernement, mis à part le nombre de fois où les parties prenantes déclarent avoir recours aux produits de RNCan dans leur prise de décisions.
Nous entendons toutes ces belles paroles affirmant que l'on fait ceci ou cela, mais beaucoup de choses passent entre les mailles du filet, et personne ne semble vraiment fixer d'objectif et prendre les choses en main pour s’assurer qu'on n’achète pas de voitures ou qu'on fait des achats écologiques, etc.
Je vais commencer par les voitures. Comment continuer à progresser tout en évitant que cela ne se reproduise?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, je vous souhaite la bienvenue à votre Chambre des communes.
Madame Blain, j'aimerais revenir sur le sommet du G7. Je suis député de la région de Québec, pas tellement loin du lieu où s'est tenu l'événement. Nous sommes bien heureux qu'il se soit déroulé dans l'ordre et la discipline. Évidemment, il y avait beaucoup de sécurité, on le comprend. Or qui dit sécurité, dit véhicule de fonction. Je soulève cette question parce que vous avez dit tout à l'heure que vous aviez exigé qu'à compter du 1er avril dernier, chaque dépense du gouvernement respecte une philosophie verte ou, à tout le moins, soit étudiée sous un éclairage écologique.
Comme mon collègue M. McCauley l'a expliqué lors d'une réunion précédente, il y a eu beaucoup d'achats de véhicules, soit environ 600, dont 157 Chevrolet Suburban, selon les chiffres que j'ai vus. Ces véhicules consomment 16 litres d'essence aux 100 kilomètres et ont un gros moteur V8 de 5,3 litres. Nous pourrions nous poser des questions là-dessus, mais ce n'est pas mon propos, même si c'est très tentant. Le corollaire suit, par contre.
Comment se fait-il que cette nouvelle mesure ait été implantée dès le 1er avril — on sait évidemment que la décision n'a pas été prise le 1er avril à 8 h 29 du matin —, mais que dans les trois mois précédant le sommet du G7 en juin, le gouvernement ait acheté quantité de véhicules énergivores à l'antithèse de sa propre philosophie et en contravention directe des mesures qu'il avait mises en place trois mois plus tôt et qui prohibaient justement ce type de dépense?
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Je pense que c'est de plusieurs façons.
Par exemple, je copréside une communauté de pratique avec le gouvernement de la Colombie-Britannique, avec toutes les provinces et tous les territoires. Nous apprenons les uns des autres également. Différentes administrations font différentes choses et nous pouvons apprendre les uns des autres. Encore une fois, le message est diffusé plus largement qu'au seul gouvernement fédéral, mais les gouvernements provinciaux y adhèrent et nous partageons et accélérons le mouvement.
Lors de la dernière réunion de notre communauté de pratique, des fonctionnaires municipaux de Vancouver nous ont fait part de certaines de leurs activités. Bien sûr, nous voulons nous associer avec la ville et la province pour toutes les installations fédérales de Vancouver.
Il y a aussi l’industrie. Nous discutons avec les associations industrielles des dossiers où le gouvernement fédéral demande quelque chose, par exemple, le Conseil du bâtiment durable du Canada, qui est l’organisme de certification LEED. Nous travaillons avec lui. Il a maintenant publié une Norme du bâtiment à carbone zéro; ainsi, vous pouvez être certifié LEED or, mais vous pouvez aussi vous conformer à sa Norme à carbone zéro.
L'organisme veut bien sûr travailler avec le gouvernement fédéral et comprendre son objectif et le genre de collaboration possible, notamment.
Ce que j’ai constaté dans beaucoup de conférences et de réunions, c’est que l’industrie est très novatrice et fait beaucoup de choses ingénieuses. En fait, il nous suffirait de préciser ce dont nous avons besoin.
Bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je suis heureuse de me joindre à vous. Je vous remercie de m’avoir permis de comparaître à distance aujourd’hui.
Je m’appelle Sarah Petrevan. Je suis conseillère principale en politiques chez Clean Energy Canada. Nous sommes un centre d’études et de recherche sur le climat et l’énergie, qui a ses bureaux dans les locaux du Morris J Wosk Centre for Dialogue de l’Université Simon Fraser, mais je travaille en Ontario.
On m’a demandé de vous parler cet après-midi des politiques et des programmes que le gouvernement du Canada met en œuvre dans le cadre de la Stratégie pour un gouvernement vert.
Le Canada a fait de la lutte contre les changements climatiques une priorité stratégique de premier plan grâce à son Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques. Par l'entremise de ce cadre, le gouvernement fédéral s’est engagé à moderniser les pratiques d’approvisionnement, à adopter des technologies et des énergies propres et à établir les priorités pour ce qui est des possibilités d’aider les entreprises canadiennes à croître, à faire la démonstration de nouvelles technologies et à créer des emplois. Même s’il semble que ce soit un défi de taille, il est essentiel que le gouvernement joue un rôle de chef de file dans la transition vers une économie sobre en carbone et qu’il le fasse d’une manière qui non seulement réduit la pollution, mais augmente aussi la compétitivité économique mondiale de notre pays.
Comme vous le savez, le gouvernement fédéral s’est engagé à réduire de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, de 80 % d’ici 2050 et d’utiliser 100 % d’électricité propre d’ici 2025. Ces objectifs doivent être atteints grâce à la Stratégie pour un gouvernement vert, qui a été publiée à peu près à ce moment-ci l’an dernier.
Clean Energy Canada était fière de jouer un rôle de chef de file en rassemblant un vaste groupe d’intervenants, dont des universitaires, des entreprises, des industriels et des innovateurs, afin de fournir au gouvernement des solutions collaboratives à des problèmes complexes, et nous croyons que cela a contribué à éclairer la stratégie. Je me ferai un plaisir de faire part de nos expériences et de transmettre aux membres du Comité tout document que nous avons produit.
Le gouvernement mérite des félicitations pour son travail et le succès du lancement de la stratégie. Nous sommes impatients de voir sa mise en œuvre se poursuivre et nous serions heureux que le gouvernement en fasse sa priorité. Plus tôt nous le ferons, plus tôt nous commencerons à en apprécier les résultats.
Bien qu’il y ait une multitude d’éléments dans la stratégie que je pourrais approfondir, je vais utiliser le reste de mon temps de parole pour expliquer comment et pourquoi la Stratégie pour un gouvernement vert devrait être considérée comme un moteur économique pour le Canada, ainsi que les possibilités plus vastes qui s’y trouvent.
En termes simples, la lutte contre les changements climatiques exige des technologies plus propres, plus intelligentes et moins coûteuses dans l’ensemble de l’économie. Les technologies propres englobent généralement les nouvelles technologies et les modèles d’affaires connexes qui offrent des rendements concurrentiels aux investisseurs et aux clients, tout en offrant des solutions aux défis mondiaux. Les changements climatiques sont l’un des défis mondiaux qui ont motivé et inspiré un boom des technologies propres, avec la mise au point de solutions d’énergie propre allant des panneaux solaires aux réseaux intelligents en passant par les véhicules électriques. Le Canada a de nombreux points forts dans ce domaine. Cette année, un nombre record de 13 entreprises ont été inscrites au prestigieux palmarès Global Cleantech 100.
Étant donné que le marché mondial est estimé à mille milliards de dollars américains et devrait dépasser 2,5 mille milliards de dollars américains d’ici 2020, et que près de 30 % du PIB du Canada provient des exportations, il y a beaucoup à gagner à saisir une place sur ce marché mondial. Par conséquent, il est impératif que la Stratégie pour un gouvernement vert favorise l’adoption de technologies propres pour aider à atteindre ses objectifs. Pour ce faire, la stratégie contient l’un des outils stratégiques les plus importants reconnus dans le monde pour aider à réduire les émissions, accroître la part du marché, atténuer les risques et offrir des solutions concurrentielles sur le plan des coûts. Cet outil est l’approvisionnement.
L’approvisionnement est un moyen pour le Canada d’obtenir des résultats. Pour dire les choses plus franchement, la seule façon de faire les choses différemment, c’est d’acheter les choses différemment. Les gouvernements partout au Canada consacrent environ 33 % de leur argent à l’achat de biens et de services. Cela équivaut à près de 13 % du produit intérieur brut du Canada. Le gouvernement fédéral a donc un poids économique à titre d'acheteur important au sein de sa propre économie, et il peut et doit utiliser ce pouvoir pour stimuler et diriger les marchés. Ce faisant, le Canada rejoindra les rangs d’au moins 56 autres gouvernements nationaux et de nombreux gouvernements locaux qui ont reconnu le pouvoir des marchés publics à l’appui de leurs objectifs de politique environnementale et économique.
Le Canada suivra également les conseils d’institutions économiques de calibre mondial, dont l’OCDE, la Banque mondiale, les Nations unies et l’Organisation mondiale du commerce.
Traditionnellement, le Canada, les gouvernements provinciaux et les administrations municipales ont misé sur des programmes de subventions et des crédits d’impôt pour appuyer les secteurs novateurs, qu’il s’agisse des communications, des produits pharmaceutiques ou des technologies propres. Ces incitatifs financiers aident les entrepreneurs à entrer sur le marché avec des biens et services nouveaux ou améliorés pour répondre à la demande latente ou non satisfaite. Cette approche comporte de nombreux avantages, mais elle comporte aussi des défis inhérents.
Les niveaux de financement peuvent fluctuer en raison de la budgétisation ou d’un changement dans les priorités du gouvernement. Les fonds du programme sont souvent répartis entre les nombreux secteurs prioritaires en petites sommes qui ne suffisent pas à donner aux entreprises prometteuses l’élan dont elles ont besoin en matière de commercialisation. Enfin, les programmes qui ne sont pas liés aux besoins du marché souffrent également, parce que la demande n'est pas suffisante pour soutenir l'approvisionnement accru.
Au cours des dernières années, des pays comme la Finlande, les États-Unis et le Royaume-Uni, ainsi que d’autres économies émergentes, dont la Chine et le Brésil, ont adopté des politiques plus ciblées, comme l’approvisionnement, pour soutenir l’innovation. L’approvisionnement fonctionne parce qu’il relie le soutien gouvernemental à l’innovation aux besoins du marché et qu’il fournit une source stable de demande, ce qui est un élément clé pour attirer l’investissement privé. Par conséquent, l’approvisionnement devrait être considéré comme un élément essentiel de la Stratégie pour un gouvernement vert, bien plus que le simple fait d’écologiser les achats du gouvernement pour son propre usage, comme le papier, les stylos, les serveurs informatiques, etc. Le déploiement de pratiques modernes d’approvisionnement peut être rentable, tout en réduisant les émissions et en stimulant la technologie dans les immeubles gouvernementaux, l’approvisionnement énergétique, les véhicules du parc automobile et même dans les secteurs que le gouvernement considère comme secteurs à des fins spéciales.
Les pratiques modernes d’approvisionnement utilisées partout dans le monde ont permis de construire le premier traversier électrique au monde en Norvège, qui est alimenté par la technologie canadienne. Il s’agit de créer des autobus électriques pour le transport en commun qui peuvent être chargés en cinq minutes et de construire un train de voyageurs à faibles émissions de carbone en Allemagne. Dans les deux cas, encore une fois, on utilise des technologies propres canadiennes. L’approvisionnement peut vous acheter un autobus scolaire électrique ou vous construire un bâtiment à bilan carbone nul. Les possibilités sont vraiment infinies.
Par nature, je suis ambitieuse. Je dois l’être. Je travaille dans le domaine des politiques sur le climat et l'énergie.
Pour conclure, j’aimerais laisser aux membres du Comité une idée un peu plus audacieuse pour le leadership du gouvernement, au-delà du simple examen de la façon dont il aborde la transition vers une économie sobre en carbone dans ses propres activités.
En plus de tirer parti de son pouvoir de dépenser pour ses propres besoins opérationnels, le gouvernement fédéral joue un rôle important dans les marchés publics provinciaux, territoriaux et municipaux, lorsqu’il fournit une part du financement nécessaire pour les projets de transport, d’énergie, de services sociaux, d’éducation et autres par l’entremise de son programme d’infrastructure. Sous le gouvernement actuel, l’investissement serait de 180 milliards de dollars au cours des 12 prochaines années.
Le Canada a la capacité non seulement d’être un chef de file en matière de technologies propres, mais aussi en ce qui concerne les matériaux de construction rentables à faible émission de carbone. Bien que la Stratégie pour un gouvernement vert en tienne compte et travaille actuellement à un processus visant à établir la priorité de ces produits pour les aider à atteindre les objectifs de réduction du carbone dans des domaines comme les biens immobiliers, le Canada devrait envisager de sortir de cette case et d’approfondir son impact en établissant des partenariats avec d’autres ordres de gouvernement. Certains aspects de la Stratégie pour un gouvernement vert, y compris l’adoption de technologies propres et des pratiques modernes d’approvisionnement, peuvent avoir un effet positif amplifié et créer un avantage concurrentiel plus vaste et faible en carbone pour l’économie canadienne. C’est une occasion intéressante.
Encore une fois, je remercie les membres du Comité de m’avoir invitée à prendre la parole cet après-midi. Le moment venu, je serai heureuse de répondre à vos questions.
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L'expertise des entreprises canadiennes en technologies propres s'avère très vaste. Elle compte le traitement et la gestion de l'eau, la gestion et la valorisation des matières résiduelles et, comme vient de le mentionner Mme Petrevan, le traitement de l'air. Il y a donc une expertise très variée ici, au Canada. Nous avons aussi un contexte propice à l'élaboration de ces innovations grâce à la présence de nombreuses ressources naturelles, à un fort leadership en matière de lutte contre les changements climatiques ainsi qu'à l'environnement de recherche-développement, qui est très dynamique.
Ce terreau fertile est un atout, mais nous pourrions faire mieux. Le Canada pourrait être un leader mondial dans le domaine des technologies propres. En effet, en dépit de tous les atouts que je viens de mentionner, les entreprises du secteur doivent démontrer les avantages « technico-économiques » qui découlent de leurs innovations. Elles sont donc souvent à la recherche de bancs d'essai ou de projets de démonstration, qu'on appelle aussi des vitrines. On ne parle pas ici de vitrines dans un centre d'achat: il s'agit de projets de démonstration réels dans des conditions d'utilisation concrètes. De tels projets sont nécessaires pour aider les entreprises à améliorer leur capacité de mise en marché. Le gouvernement et les sociétés d'État — nous trouvons très important d'associer également ces sociétés — ont un pouvoir d'achat de plusieurs milliards de dollars par année. Cela représente un levier formidable pour le développement non seulement d'un environnement plus sain, mais d'un secteur innovant comme les technologies propres.
À CanadaCleantech, nous accordons la priorité à six initiatives qui portent sur l'utilisation des marchés publics et qui visent à stimuler le secteur des technologies propres. Ces six priorités se divisent en deux familles.
La première vise à remédier à la pénurie de bancs d'essai ou de projets de démonstration pour tester les avantages des technologies propres canadiennes et en faire la démonstration. L'objectif est d'aider ainsi les entrepreneurs à commercialiser leurs technologies propres. La première mesure est la création de bancs d'essai ou de vitrines technologiques dans les ministères et dans les sociétés d'État. Nous pourrons en parler plus amplement. La deuxième initiative consiste à mettre en application des quotas réservés aux technologies propres dans le cadre des nouveaux investissements des organismes publics. La troisième initiative est la création de lieux destinés aux échanges, ce qu'on appelle des places de marché, entre les utilisateurs potentiels de ces technologies et les innovateurs canadiens. Bien souvent, on n'est pas conscient de ce qu'on ne sait pas. Il est très difficile de demander des technologies sur lesquelles on n'a pas de connaissances. Ce sont les trois premières priorités de notre première famille.
La seconde famille, qui comporte trois initiatives, vise surtout l'intégration des meilleurs critères de performance dans les appels d'offres publics, de manière à valoriser les technologies d'ici ainsi que l'atteinte des objectifs économiques et environnementaux du Canada. La première initiative est la prise en compte du coût total de possession dans le calcul des coûts liés à l’octroi d’un contrat public. On parle ici du coût total de possession, et non pas du prix d'acquisition. La deuxième initiative est l’instauration d’une prime liée au dépassement des normes environnementales minimales dans le pointage des appels d’offres. Enfin, la troisième initiative consiste en un recours plus généralisé aux contrats de performance. Il s'agit de préciser ce qu'on veut atteindre et non la façon dont on veut l'atteindre.
La mise en application de nos recommandations accélérerait le virage vers une économie verte et une croissance beaucoup plus propre. Elle profiterait directement à de nombreuses entreprises innovantes canadiennes, stimulerait un secteur très prometteur et créerait des emplois de grande qualité. Elle soutiendrait également le gouvernement dans l'atteinte de ses objectifs tant économiques qu'environnementaux et, surtout, ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Madame et messieurs, je suis heureux de vous parler. Soyez les bienvenus à votre Chambre des communes.
J'ai été très attentif à votre propos visant à mettre en lumière les hautes technologies, qui sont des occasions d'affaires, nous l'avons toujours reconnu. C'est d'ailleurs pourquoi notre gouvernement avait implanté, il y a quelques années, le programme écoFiducie Canada pour la qualité de l'air et les changements climatiques, qui avait connu de très beaux succès: 1,5 milliard de dollars de contributions permettaient aux entreprises de réduire leurs fractures ou leurs factures, on peut dire les deux, environnementales. C'était notre approche. Nous aidions les entreprises à être plus efficaces et plus écoénergétiques.
J'aimerais d'abord m'adresser à MM. Béland et Leclerc.
À votre avis, qu'est-ce qui est le plus incitatif pour un entrepreneur? Est-ce de le punir parce qu'il produit des émissions de gaz à effet de serre ou, au contraire, de l'aider à mieux produire pour diminuer ses émissions? La punition est-elle le meilleur moyen ou, au contraire, est-ce l'encouragement à mieux produire?
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La bonne nouvelle, c’est que l’an dernier, Clean Energy Canada a fait beaucoup de travail juridique et a collaboré avec quelques entreprises pour examiner ces accords commerciaux afin d’en apprendre davantage sur la façon dont vous et d’autres pays avez procédé et la façon de contourner le problème; le plus important et le plus intéressant, c’est probablement par l’entremise des États-Unis...
Essentiellement, pour résumer... Je serais heureuse d’avoir une conversation avec vous par la suite, parce que c’est un domaine de politique très long et très détaillé, mais le résumé est le suivant. Je crois que la Banque de développement du Canada dit qu’environ 98 % de l’économie canadienne est une petite ou une moyenne entreprise. La plupart des accords commerciaux, y compris ceux que vous avez mentionnés, contiennent des dispositions relatives à ce qu’on appelle un marché réservé pour les PME, où l’on peut diriger une partie en dollars de votre approvisionnement sous un certain montant x. Différents accords commerciaux ont des montants différents. Certains d’entre eux sont assez généreux pour ce qui est de se concentrer sur les PME dans une certaine compétence.
On peut aussi ajouter d’autres attributs à l’approvisionnement des PME, comme les objectifs environnementaux, et beaucoup d’accords commerciaux reconnaissent qu’il y a une certaine volonté d’avoir des objectifs environnementaux. Le nouvel accord commercial entre les États-Unis, le Mexique et le Canada comporte également beaucoup de dispositions à cet égard. Au cours des négociations de l’ALENA, nous avons préparé un mémoire pour que le Canada soit autorisé à maintenir ses objectifs en matière d’environnement et de PME dans le nouvel accord commercial. Nous avons été satisfaits de ce que nous avons vu.
Vous avez raison de dire que, souvent, on suppose que les accords commerciaux et les droits de douane limitent ce qui peut être fait en matière d’approvisionnement environnemental ou à faible teneur en carbone, ou même d’approvisionnement auprès des PME, mais je suis heureux de dire que, dans le cadre de certaines dispositions et de certaines allocations, on peut en fait contourner le problème de façon tout à fait conforme aux accords commerciaux. En fait, l’Organisation mondiale du commerce donne régulièrement des séminaires à différents pays membres sur la façon de bien faire les choses.
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C’est merveilleux de vous voir. Je n’arrive pas à croire que ce soit depuis si longtemps.
La réponse courte est oui. Il y a plusieurs façons de le faire.
Premièrement, il faut répartir les achats. Plutôt que de dresser une liste géante des critères à respecter pour un contrat de 100 millions de dollars, vous diriez que peut-être 10 % de ce contrat sera attribué aux PME. C’est une façon de faire.
Une autre façon de le faire — et même des pays comme l’Inde l’ont fait —, c'est de créer des modèles pour des appels d’offres simplifiés. Étant donné qu’elles se font concurrence pour une plus petite partie de l’appel d’offres, il est beaucoup plus facile pour elles.
Il y a aussi d’autres pays, comme le Royaume-Uni et même les États-Unis, qui ont des bureaux spécialisés pour aider les petites entreprises dans leurs processus d’approvisionnement.
Je dirais que ces trois choses — la répartition de l’approvisionnement, la simplification des formulaires de demande d’appel d’offres et la création d’un bureau spécialisé — sont généralement des pratiques exemplaires internationales. Même l’Organisation de coopération et de développement économiques, l’OCDE, recommande cette façon de faire. C’est à peu près ainsi que fonctionne l’approvisionnement des PME dans toutes les administrations.