Bonjour à tous. Bienvenue à la 31e séance du Comité permanent des comptes publics en ce jeudi 3 novembre 2016.
Je vous rappelle que la réunion est télévisée. Nous devrions donc tous, non seulement les membres du Comité mais aussi les gens du grand public qui sont dans la salle, mettre nos téléphones cellulaires en mode discret, vibration ou les éteindre. Il y aura ainsi moins d'interruptions.
Aujourd'hui, nous examinons les Comptes publics du Canada 2016. Notre greffier a reçu un communiqué de M. Matthews, le contrôleur général du Canada. En 2009, le Comité a recommandé dans son 10e rapport, et le gouvernement y a consenti, que le contrôleur général informe le Comité permanent des comptes publics de la Chambre des communes, au moyen d'un courriel envoyé au greffier du Comité, de toutes les erreurs connues dans la version publiée des Comptes publics du Canada avant le début de la réunion du Comité. Le contrôleur général du Canada a donc informé notre Comité qu'en date d'aujourd'hui, il n'y a aucune erreur connue dans les Comptes publics du Canada 2016.
Comme le Comité compte beaucoup de nouveaux membres, si des erreurs sont découvertes, elles seront corrigées et les versions à jour des documents seront affichées sur le site Web du receveur général du Canada. Dans le but de faciliter la référence, la version originale publiée dans les Comptes publics du Canada 2016 et les versions révisées dans lesquelles les modifications sont ombragées sont affichées sur le site Web du receveur général à la rubrique « Errata ».
En tant que président du Comité, je suis heureux de signaler que cette disposition est en place et fonctionne comme le voulait et l'avait demandé le Comité il y a un certain temps, et cette question est réglée.
En ce qui concerne la réunion d'aujourd'hui, nous accueillons du Bureau du vérificateur général du Canada, M. Michael Ferguson, le vérificateur général du Canada, et Karen Hogan, directrice principale. Du Secrétariat du Conseil du Trésor, nous accueillons M. Bill Matthews, contrôleur général du Canada, et Mme Diane Peressini, directrice exécutive, Comptabilité gouvernementale, Politique et Rapport. Du ministère des Finances, nous accueillons M. Paul Rochon, sous-ministre, et M. Nicholas Leswick, Direction de la politique économique et budgétaire.
Nous vous souhaitons tous la bienvenue. Nous vous remercions d'être venus et nous nous tournons vers le vérificateur général pour sa déclaration liminaire. Bienvenue.
[Français]
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter de notre audit des états financiers consolidés du gouvernement du Canada pour l'exercice 2015-2016. Je suis accompagné aujourd'hui de Mme Karen Hogan, la directrice principale responsable de l'audit des états financiers consolidés du gouvernement du Canada.
Les états financiers consolidés sont un document clé de reddition de comptes du gouvernement. lls fournissent beaucoup d'informations qui peuvent aider les parlementaires à comprendre les résultats des opérations financières du gouvernement pour le dernier exercice financier. Plus précisément, ils présentent la situation financière, les résultats des opérations et les changements à la situation financière du gouvernement pour l'exercice clos le 31 mars 2016. Nous auditons ces états financiers et exprimons une opinion à leur sujet.
Le contrôleur général répondra aux questions sur la préparation des états financiers et des Comptes publics du Canada. Nos commentaires porteront sur notre opinion d'audit et nos observations.
[Traduction]
Notre rapport de l'auditeur indépendant se trouve à la page 2.4 du volume 1 des comptes publics. Pour le 18e exercice consécutif, nous avons exprimé une opinion d'audit non modifiée. Nous avons évalué les états financiers consolidés selon les principes comptables généralement reconnus. Nous avons constaté qu'ils étaient conformes dans tous leurs aspects significatifs; vous pouvez donc vous fier aux informations qu'ils contiennent.
Je tiens également à attirer votre attention sur nos observations, qui se trouvent après les états financiers consolidés, à la section 2 du volume 1 des comptes publics. Le volume 1 renferme aussi d'autres états financiers audités, comme ceux du compte des opérations de l'assurance-emploi, à la section 4, et ceux du Régime de pensions du Canada, à la section 6.
Dans nos observations, nous avons présenté des informations sur quatre questions qui nécessitent une attention supplémentaire: la transformation de l'administration de la paye du gouvernement; les taux d'actualisation servant à estimer la valeur des passifs à long terme; la gestion des stocks de la Défense nationale; et le passif au titre des sites contaminés. Je vais maintenant aborder brièvement chacune de ces questions.
[Français]
Je parlerai d'abord de la transformation de l'administration de la paye de la part du gouvernement.
La note 4e) afférente aux états financiers consolidés indique que le gouvernement a dépensé environ 50 milliards de dollars en charges relatives au personnel au cours de l'exercice. Chaque année, nos employés consacrent de nombreuses heures à l'audit de ces charges. Pour l'exercice considéré, nous avons constaté un taux plus élevé de trop-payés et de moins-payés versés aux employés au cours du dernier mois de l'exercice, période où la paye des employés était traitée par un nouveau système de paye.
Comme le nouveau système était en place depuis un mois seulement, ces erreurs, prises dans leur ensemble, n'étaient pas importantes pour les états financiers consolidés. Par conséquent, nous avons pu exprimer une opinion non modifiée. Toutefois, nous considérons que la nature et l'étendue de ces erreurs sont significatives en raison de leur incidence directe sur les fonctionnaires. Nous avons amorcé la planification d'un audit de performance au sujet de l'initiative de transformation de l'administration de la paye.
[Traduction]
Dans nos observations, nous avons noté que certains taux d'actualisation utilisés par le gouvernement pour estimer la valeur de ses passifs à long terme se trouvaient dans la limite supérieure de la fourchette acceptable. Le fait d'utiliser un taux d'actualisation plus élevé donne un plus faible montant estimatif de ces passifs. Voilà un exemple d'une incertitude relative à la mesure, comme il est question à la note 1 afférente aux états financiers consolidés du gouvernement du Canada.
Le gouvernement a lancé un projet visant à actualiser la méthode utilisée pour déterminer les taux d'actualisation. Nous convenons qu'il s'agit d'un projet important.
Nous avons recommandé au gouvernement de tenir compte des pratiques sectorielles, des changements dans les normes comptables et de l'évolution du marché financier canadien dans le cadre de ce projet.
Nous avons encore une fois noté les difficultés de la Défense nationale à comptabiliser et à évaluer correctement ses stocks, d'une valeur de plus de 6 milliards de dollars. Chaque année depuis 13 ans, nous portons cette situation à l'attention du Parlement.
Le ministère a réalisé des progrès quant à la gestion de ses stocks. Par contre, il continue à faire des erreurs dans l'évaluation des stocks, l'identification des articles obsolètes et le classement des éléments ainsi que quelques erreurs de quantité.
L'an dernier, nous avions fait une observation sur les améliorations que devait apporter le gouvernement à son approche pour évaluer les coûts estimatifs d'assainissement des sites contaminés.
Cette année, nous étions satisfaits que le gouvernement ait apporté les modifications nécessaires à son modèle, et qu'il ait adopté une meilleure approche pour estimer ces passifs.
Nos employés consacrent environ 50 000 heures à l'audit des états financiers consolidés du gouvernement du Canada. Cela représente plus d'heures que ce qu'il faut pour réaliser six audits de performance. Nous devons collaborer avec plusieurs ministères, organismes publics et sociétés d'État pour réaliser ces travaux. Notre audit des états financiers apporte une valeur ajoutée, ce qui aide les parlementaires à assurer une surveillance au sein du gouvernement et à promouvoir la transparence.
[Français]
J'aimerais remercier le contrôleur général et son personnel. Je remercie aussi le personnel des ministères, des organismes publics et des sociétés d'État qui ont contribué à la préparation des états financiers consolidés du gouvernement. Nous leur sommes reconnaissants de leurs efforts, de leur collaboration et de leur aide à cet égard.
Monsieur le président, j'aimerais conclure en indiquant que je suis heureux que le Comité permanent des comptes publics tienne cette audience si tôt après la publication des états financiers consolidés du gouvernement. En effet, il est plus avantageux d'examiner les informations financières quand elles sont à jour.
Je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. C'est avec plaisir que nous répondrons aux questions des membres du Comité.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Je remercie le Comité de nous donner l'occasion de discuter des Comptes publics du gouvernement du Canada pour l'exercice 2015-2016.
Les Comptes publics du Canada comprennent les états financiers vérifiés consolidés de l'exercice 2015-2016, qui s'est terminé le 31 mars 2016, en plus d'autres renseignements financiers non vérifiés. Ils font partie d'une série de rapports au Parlement et aux Canadiens sur l'état des finances du gouvernement.
[Traduction]
J'ai le plaisir de noter que pour la 18e année consécutive, le vérificateur général a formulé une opinion d'audit non modifiée sur ces états financiers. Cela indique, encore une fois, la haute qualité et l'exactitude des rapports financiers du Canada.
Beaucoup d'efforts sont consacrés à ces états financiers, qui sont préparés sous la direction conjointe du , du président du Conseil du Trésor et du receveur général du Canada. Je tiens à souligner le travail excellent qu'a accompli la collectivité financière à l'échelle du gouvernement. Ses membres sont responsables de la tenue de registres détaillés des opérations qui sont portées aux comptes de leurs ministères et du maintien de contrôles internes rigoureux. Nous reconnaissons que les états financiers consolidés du gouvernement sont toujours présentés fidèlement chaque année, et ce mérite leur revient par conséquent.
[Français]
Je souhaite aussi remercier le Bureau du vérificateur général de la coopération et de l'aide dont il fait toujours preuve.
J'aimerais maintenant prendre quelques minutes pour faire une brève présentation qui donne un aperçu des Comptes publics du Canada. Si vous préférez, nous pouvons simplement déposer la présentation pour votre examen et passer directement aux questions, mais je pense que vous avez déjà indiqué que je peux prendre quelques minutes pour faire cette présentation.
[Traduction]
Pour les Comptes publics du Canada 2016, vous avez des versions papier ainsi que des versions à l'écran. Pour la gouverne de ceux et celles qui suivent à l'écran, vous remarquerez que le mot « protégé » apparaît dans le coin supérieur. C'est parce que ces renseignements étaient protégés jusqu'à ce que les comptes publics deviennent publics. Comme ils ne le sont plus, que ceux d'entre vous qui se préoccupent de la sécurité ne s'inquiètent pas à cet égard. Tout est conforme.
Nous allons présenter tout le jeu d'acétates, mais je ne compte pas m'attarder à chaque page. Je vais présenter les faits saillants et accorder vraiment une attention à quelques-unes des modifications dans les résultats des états financiers par rapport aux budgets, et aussi à ceux de l'année précédente.
Les Comptes publics du Canada se composent de trois volumes. Le volume 1 regroupe les états financiers audités, dont le vérificateur général a déjà parlé, auxquels s'ajoutent quelques renseignements non audités. Dans le volume 2, nous avons les détails des revenus et dépenses de chaque ministère, leur utilisation des autorisations, de même que les montants qu'ils ont dépensés et les crédits qu'ils n'ont pas utilisés, si ces détails vous intéressent. Le volume 3 renferme des renseignements qui sont soit exigés par la Loi sur la gestion des finances publiques, soit tout simplement qu'il s'agit d'une pratique passée qu'il est devenu normal pour nous de rendre publique. Je souligne que le volume 3 est plus volumineux que ce que n'importe quelle province produirait à l'égard de ses propres états financiers.
L'aspect clé des états financiers ou des Comptes publics du Canada est qu'ils jettent un regard sur le passé. En l'occurrence, nous parlons de ce qui s'est passé entre le 1er avril 2015 et le 31 mars 2016. Le vérificateur général a déjà souligné l'importance d'étudier les comptes publics pendant qu'ils sont encore à jour, mais n'oublions pas que ces renseignements datent déjà de six mois. Il s'agit donc d'un document rétrospectif.
Lorsque vous étudiez les Comptes publics du Canada, je vous suggère d'examiner les résultats réels de l'exercice par rapport au budget, et aussi par rapport à l'exercice précédent. C'est une bonne façon de savoir ce qui a changé. Je vais vous souligner seulement quelques points.
Si vous prenez les revenus totaux, pour le budget de 2015 — et nous publions dans ce document le budget original —, les revenus s'élevaient à 290 milliards de dollars. Les revenus réels ont été supérieurs. Si vous prenez les données réelles pour l'exercice précédent, les revenus s'élevaient à 282 milliards de dollars. Si vous voulez savoir ce qui s'est passé, mes collègues du ministère des Finances et moi-même serons heureux de vous en parler.
Parmi les autres points que je veux porter à votre attention, il y a les charges de programmes. Le budget était de 263 milliards de dollars, mais les charges ont atteint 270 milliards de dollars. Plusieurs raisons expliquent cette situation et, encore une fois, nous serons heureux de vous donner ces détails, mais ils ont trait à l'assurance-emploi, à quelques transferts fiscaux à l'Alberta et à Terre-Neuve et à quelques-unes des modifications ou répercussions sur notre passif à plus long terme et les dépenses connexes qui se rapportent aux régimes de retraite. De plus, le vérificateur général a déjà parlé du projet que nous prévoyons entreprendre à l'égard des taux d'actualisation.
Le dernier point que je veux mettre en évidence se trouve à l'acétate numéro sept. Il s'agit de ce que nous appelons les éléments du résultat global. Vous verrez en quelque sorte une anomalie comptable en ce sens que c'est la façon dont nous tenons la comptabilité pour nos sociétés d'État qui suivent les normes comptables du secteur privé. Je n'entrerai pas dans les détails, mais si vous voulez en savoir plus, je serai heureux de le faire. Ce chiffre est un peu bizarre et la terminologie est bizarre pour les non-comptables.
La huitième acétate, c'est la même chose, mais pour le côté bilan. Il y a un déficit accumulé. Vous remarquerez qu'il n'y a aucune donnée relativement au budget. Il s'agit donc uniquement d'une comparaison entre les données de 2015-2016 et celles de 2014-2015. D'un point de vue de budgétisation, nous établissons des budgets uniquement pour les revenus et les dépenses, et non pour l'actif et le passif, de sorte qu'il s'agit seulement d'une comparaison avec l'exercice précédent. Si vous voulez savoir ce qui a changé, j'attire votre attention sur le poste des régimes de retraite et autres avantages futurs. Encore une fois, cela a trait à ce que je viens de dire pour l'acétate précédente, c'est-à-dire les charges reliées aux avantages. Il y a d'ailleurs un lien à nos taux d'actualisation.
L'autre chose que j'aimerais vous signaler au sujet de la huitième acétate est que vous allez entendre beaucoup parler des ratios de la dette au PIB. Il s'agit de la première moitié de l'équation. Si cela vous intéresse, les ratios de la dette au PIB étaient de 31,1 % par rapport à 31 % l'année précédente. Il n'y a donc pas beaucoup de changement. Plus tôt cette semaine, il y a eu la mise à jour économique et financière et vous pourriez vouloir demander quels étaient les ratios de la dette au PIB.
À la diapositive neuf, le vérificateur général a déjà mentionné quatre observations dans les comptes publics de cette année. Il s'agit de ses observations et je n'entrerai pas dans les détails, mais vous avez la liste. Deux d'entre elles sont nouvelles: la transformation de l'administration de la paye et le taux d'actualisation. Les deux autres sont des mises à jour d'éléments antérieurs. Nous serons heureux de répondre aux questions sur ce que le gouvernement compte faire ou devrait faire pour donner suite à ces observations. Avant de passer à la diapositive suivante, j'aimerais aussi mentionner que ces observations sont une caractéristique unique des rapports du secteur public. Si vous étiez dans le secteur privé, vous n'auriez pas ces observations et toutes sortes d'opinions. Il s'agit vraiment d'une caractéristique propre au secteur public.
La diapositive 10 est intéressante. Elle porte sur le total des crédits votés. Je rappellerai rapidement aux membres du Comité que les ministères dépensent les fonds de deux façons. Ils peuvent détenir ce que l'on appelle une « autorisation législative » ou une « autorisation votée ».
L'autorisation législative signifie que le ministère est autorisé par la loi à dépenser tout ce qu'il doit dépenser. Les prestations d'assurance-emploi constituent un excellent exemple d'une autorisation législative. Si vous avez droit aux prestations, vous les obtenez. Dans les faits, nous ne vérifions pas s'il y a suffisamment d'argent dans le crédit.
L'autorisation votée signifie que le ministère ne peut pas dépasser le montant voté par le Parlement. Nous avons pour vous une ventilation des autorisations votées qui ont servi au cours du dernier exercice, par ministère. Je vous rappellerai tout simplement qu'environ 35 % des dépenses totales du gouvernement sont votées. Toutes les autres dépenses sont de nature législative. Par exemple, la Sécurité de la vieillesse, l'assurance-emploi et le Supplément de revenu garanti sont des dépenses législatives. Elles ne figurent donc pas sur cette diapositive.
J'ai pensé que les députés aimeraient voir cette diapositive, et ce, pour deux raisons. Premièrement, il vaudrait peut-être la peine de demander au vérificateur général ses observations sur les ministères qui sont audités, et cela vous donnerait une bonne indication de ce à quoi les vérificateurs consacrent leur temps. Deuxièmement, et cela vous sautera aux yeux, EDSC, Emploi et Développement social Canada, ne figure pas sur cette liste. C'est parce que l'essentiel de son financement est législatif. Cette diapositive présente les gros ministères en fonction des crédits votés, mais il y a une omission évidente pour ce qui est de la vue d'ensemble du gouvernement, et c'est EDSC.
L'autre raison se trouve sur la diapositive suivante, soit la diapositive 11, en raison de l'attention médiatique accordée ces derniers jours aux fonds non dépensés. Les fonds non dépensés sont des fonds votés qui n'ont pas été dépensés. En l'occurrence, nous avons les six gros ministères sous l'angle des crédits non dépensés. Le Conseil du Trésor est un peu une anomalie, car la plupart de ses crédits sont des fonds pour éventualités. Il s'agit donc de fonds votés uniquement s'ils sont nécessaires advenant une situation d'urgence. Les cinq autres ministères sont des ministères hiérarchiques qui exécutent des programmes. Si vous voulez en savoir plus sur les raisons pour lesquelles ils n'ont pas dépensé des crédits, nous ferons de notre mieux pour répondre à vos questions.
J'attire votre attention sur une note ici. Sous chaque élément, vous verrez une mention que l'on appelle des affectations bloquées. Il s'agit d'un élément que nous avons ajouté cette année sous l'angle de la divulgation. Vers la fin de l'exercice financier, nous indiquons maintenant si un ministère a une affectation bloquée. Je vous explique ce dont il s'agit, car c'est un terme un peu technique. Vous pouvez voir en public ce qu'un ministère a effectivement bloqué, donc une indication de ce qu'il ne va pas dépenser. Nous avons l'affectation bloquée parce que le Parlement vote des crédits aux ministères jusqu'à concurrence de certains montants, disons 100 millions de dollars pour le projet X, Y ou Z.
Le Parlement ne vote pas de réductions en cours d'exercice. Si un ministère dispose de 100 millions de dollars en crédits autorisés et dit qu'il ne peut pas dépenser toute cette somme, nous ne retournons pas devant le Parlement pour demander de réduire les crédits votés, parce que le crédit était jusqu'à concurrence d'un certain montant. Tant et aussi longtemps que le ministère ne dépasse pas ce montant, le Parlement a fait ce qu'il fallait.
Par contre, au gouvernement, si nous savons que la Défense nationale, par exemple, ne dépensera pas tous les fonds qui lui ont été alloués et nous a demandé si elle pouvait dépenser cet argent dans les années à venir, nous devons mettre en place un contrôle pour que cet argent ne soit pas dépensé au cours de l'exercice actuel et d'un exercice à venir. C'est ce que nous appelons l'affectation bloquée. Au cours de l'exercice, nous rendons publiques les affectations bloquées des ministères. Cela ressemble pratiquement à une péremption planifiée; il ne s'agit pas d'un événement non planifié. Cela se produit tout au long de l'année. Le ministère a dit qu'il ne dépenserait pas ces fonds et nous rendons cette information publique tout au long de l'année. J'ai pensé vous faire part de cette caractéristique.
[Français]
Juste avant de conclure, j'aimerais mentionner trois autres points.
Premièrement, il y a un outil relativement nouveau qui s'appelle InfoBase.
[Traduction]
InfoBase est un outil en ligne dont les députés peuvent se servir pour suivre les dépenses du gouvernement et d'autres données, comme celles sur les RH. La raison pour laquelle je vous en parle aujourd'hui, c'est que les comptes publics peuvent être des documents plutôt intimidants. InfoBase prend les autorisations votées, les renseignements sur les comptes publics, les renseignements sur les RH par ministère; c'est un outil en ligne interrogeable. Il est fantastique et il vous évite de passer à travers tous ces documents. Si vous avez une question, InfoBase constitue une source vraiment intéressante. Les données sur les comptes publics de l'exercice en cours ont été récemment ajoutées à InfoBase, raison pour laquelle je mentionne cet outil. De plus, le Budget supplémentaire des dépenses (B) de l'exercice en cours a été déposé plus tôt aujourd'hui, je crois. Ces renseignements se trouvent également dans InfoBase.
C'est un outil fantastique pour les parlementaires. Vous allez en ligne et vous faites les recherches, d'autant plus si vous n'êtes pas un adepte de la façon archaïque de faire les choses. Je vous encourage à l'utiliser en tant que comité ou à titre personnel. Je me suis dit que je devais le mentionner.
Comme vous allez poser des questions, si vous faites référence à une page précise dans les comptes publics, je vous demanderais de nous indiquer le numéro de la page. Nous ferons tout en notre possible pour trouver ce numéro de page dans l'autre langue parce que l'ordre est différent. Nous prendrons quelques instants pour permettre aux membres de trouver l'information dans la langue de leur choix.
Finalement, je formule ma demande habituelle. Il y a énormément de renseignements ici. Si au cours de vos études il y a des éléments d'information que vous ne jugez pas utiles, veuillez nous le faire savoir. La production de ces documents nécessite un effort considérable et nous aimerions que cela prenne moins de temps. Même lorsque vous consultez InfoBase, si vous voyez quoi que ce soit et vous vous demandez pourquoi nous en avons besoin aux deux endroits, nous aimerions aussi le savoir.
[Français]
Monsieur le président, je serai heureux de répondre aux questions sur ce que je viens de dire ou sur ce dont j'ai parlé précédemment dans le cadre de ma présentation.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie à nouveau, monsieur Matthews, de venir discuter avec nous de la question des comptes publics. Comme plusieurs d'entre nous sont nouveaux au sein de ce comité, nous avons plusieurs questions pour comprendre comment on en arrive à ces chiffres.
Je vais m'exprimer en français et en anglais, mais j'ai devant moi le document en anglais qui est intitulé: Public Accounts of Canada, 2015–2016.
Je suis à la page 1.19 du volume I dans la version anglaise. J'aimerais comprendre comment on en arrive au chiffre concernant la dette nette et de quoi est composée l'assiette de nos avoirs ou de nos actifs.
Le graphique de cette page montre comment le Canada se compare aux autres pays du G7 en ce qui a trait au ratio de la dette par rapport au PIB. Est-ce que tous ces pays, incluant le Canada, utilisent les mêmes règles comptables pour déterminer leur rang quant au ratio de la dette par rapport au PIB? Dans ce document, on y compare le Canada, l'Allemagne, les États-Unis, la Grande-Bretagne et tous les autres pays du G7.
Je vais lire en anglais un extrait de cette page:
[Traduction]
Le ratio de la dette nette au PIB de l'ensemble des administrations publiques du Canada... s'est établi à 26,7 % en 2015. Il s'agit du meilleur résultat à l'échelle des pays du Groupe des Sept, soit le G7, qui, d'après les estimations du FMI, devraient afficher un ratio moyen de la dette au PIB de 83,0 % pour cette même année.
[Français]
Quand on le compare aux autres pays, il semble que le Canada soit en excellente santé financière. Toutefois, est-ce que tout le monde suit les mêmes règles pour déterminer le ratio de la dette par rapport au PIB?
À ce sujet, si je prends la page 1.19, j'essaie tout simplement de déterminer ce qui est compris dans ces actifs financiers. J'essaie de déterminer comment nous pouvons obtenir cette donnée. Je vois que les impôts à recevoir s'élèvent à 28,9 %, ce qui est décrit à la page 7.3 du volume 1.
Pouvez-vous m'expliquer ce que nous entendons lorsque nous parlons d'impôts à recevoir? Dans les impôts, nous avons des REER, essentiellement des impôts reportés. En définitive, cet impôt sera à payer plus tard. De plus, lorsque quelqu'un gèle ses actions dans ses sociétés de portefeuille, il gèle les impôts. Ces derniers seront remboursés au gouvernement plus tard.
[Français]
Il y a aussi un gel successoral. Quand un dividende est payé par une société, il y a l'impôt en main remboursable au titre de dividendes, ou IMRTD.
[Traduction]
Il s'agit de l'IMRTD, l'impôt en main remboursable au titre de dividendes. Est-ce que des montants comme les REER sont des actifs du gouvernement en ce moment ou non?
:
Très bien. Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup à vous tous d'être venus.
J'aimerais commencer par quelques observations. Comme vous le savez, monsieur le président, je prends un grand plaisir à soulever des enjeux que le vérificateur général trouve lorsque des sommes sont gaspillées et lorsque les procédures ne sont pas respectées et lorsque la bureaucratie est la somme des pires choses que les gens pensent des bureaucraties, mais j'essaie aussi de parvenir à un équilibre en étant juste et je donne au gouvernement au pouvoir, peu importe le parti, le crédit qu'il mérite.
En tant que membre du Comité et en tant que l'un des plus anciens députés de la Chambre, mais ce qui est encore plus important en tant que citoyen canadien, je tiens à transmettre tous mes remerciements à notre bureaucratie, à nos fonctionnaires, pour notre 18e opinion non modifiée (sans réserve) consécutive. Je ne sais pas si elle vise les deux gouvernements — les deux partis — pendant la transition. En tant que Canadiens, nous devons en être fiers. Pour ceux d'entre nous qui ont voyagé un peu partout dans le monde et qui ont vu ce qui se fait ailleurs, ce haut fait mérite d'être mentionné.
Bien franchement, je me réjouis que ce soit un député de l'opposition qui le fasse, parce que lorsque c'est le gouvernement, on a l'impression qu'il se pète les bretelles, mais c'est vraiment une chose dont nous devrions être très fiers. J'ai été ici pour 12 ou 13 de ces 18 années et je félicite tout simplement toutes les personnes concernées. Cela en dit long sur nos fonctionnaires et leur professionnalisme et leur dévouement. J'en suis fier et je pense que tout le monde devrait l'être. Donc, félicitations à toutes les personnes concernées.
En outre, j'ai un deuxième compliment. Encore une fois, c'est bien. Je n'en prendrai pas l'habitude, et c'est bien moi-même qui vous parle, au cas où vous vous demanderiez si j'ai été kidnappé. Non, c'est bien moi.
J'essaie d'être juste et, encore une fois, je tiens à souligner que l'an dernier... Le vérificateur général l'a aussi mentionné dans ses remarques et bien entendu, sa devise est d'être juste.
Dans le rapport du vérificateur dans les Comptes publics du Canada, à la page 2.45, on peut lire:
L'an dernier, nous avions recommandé au gouvernement d'élaborer de meilleurs processus pour perfectionner ses estimations comptables et comptabiliser un passif au titre des sites contaminés plus tôt dans les processus d'enquêtes.
Je pense que nous l'avons nous-mêmes relevé et que nous en avons parlé la dernière fois. Je suis très heureux de lire la dernière ligne du paragraphe qui dit « Nous sommes d'avis que le gouvernement a donné suite à notre recommandation de l'an passé. »
Encore une fois, félicitations. Bien fait. Il faut le mentionner.
Cela étant dit, monsieur Ferguson, vous avez mentionné dans votre rapport, à la page 2.43, que vous aviez procédé à un audit de performance de la transformation de l'administration de la paye. C'est toute la question de Phénix. Quel est votre échéancier? Quand recevrions-nous votre rapport à ce sujet, monsieur?
:
Merci de la question, monsieur le président.
J'ai deux observations. Le Conseil du Trésor est une bête un peu unique. L'essentiel des fonds non dépensés du Conseil du Trésor correspondent à ce que l'on appelle les « crédits centraux », et ce sont vraiment des fonds pour éventualités de sorte que l'on y a recours uniquement en cas de besoin. Ce ne sont pas des programmes.
Pour ce qui est des cinq autres ministères ici — et vous avez mentionné entre autres Infrastructure —, ce sont ceux qui ont le plus souvent des fonds non utilisés et c'est en raison de la nature de leurs activités.
Pour ce qui est d'Infrastructure, la plupart du temps vous négociez des ententes avec les provinces ou les municipalités, parfois les deux. Étant donné le fonctionnement de la structure des crédits — vous avez jusqu'à concurrence de certains montants —, les ministères doivent présenter leurs prévisions les plus optimistes et la réalité ne correspond pratiquement jamais à leurs prévisions optimistes, de sorte que nous avons cinq ministères, si je me rappelle bien, qui sont toujours les mêmes ministères en tête de liste chaque année.
Dans le cas du MDN, c'est en raison des gros approvisionnements. Les autres ministères sont habituellement concernés par des négociations avec soit la province, soit des organisations des Premières Nations, et ce sont ces négociations qui entraînent actuellement des retards.
Je pense que cette année, il y a seulement le pont Windsor-Detroit qui cause des soucis au ministère de l'Infrastructure, et il s'agit d'un grand projet à l'égard duquel des fonds n'ont pas été utilisés à plusieurs reprises.
:
Un mélange des deux. Mes collègues du ministère des Finances peuvent intervenir, mais nous discutons régulièrement avec les ministères de leurs prévisions pour l'exercice en cours et pour savoir comment vont les choses. Habituellement, pendant l'exercice, vous discutez pour savoir si les fonds vont être dépensés au cours de l'exercice, s'ils peuvent les dépenser au cours d'une autre année ou si nous allons les conserver au centre. C'est un mélange des deux.
Ce qu'il vous faut vraiment, ce sont les résultats de ces dépenses — s'agissait-il de projets qui n'ont pas été réalisés, ou le projet a-t-il été réalisé sans que l'on dépense toute la somme prévue au budget, comme vous l'avez mentionné? Tout s'articule autour de leurs prévisions.
Le document public clé en l'occurrence, ce sont les états financiers trimestriels que les ministères produisent, mais bien franchement, personne ne les consulte. Ils sont publiés et vous pouvez avoir une idée des dépenses des ministères. Ce sont des documents publics. À l'interne, nous avons des conversations différentes quant à ce que sont leurs dépenses prévues. L'état financier trimestriel indique ce qu'ils ont dépensé; à l'interne, nous discutons de leurs dépenses prévues.
Au cours de l'exercice, le gouvernement présente aussi des budgets supplémentaires si l'on prévoit que les dépenses seront plus élevées, mais on ne le fait pas lorsqu'il y a une diminution des dépenses. C'est vraiment un document pour les prévisions.
:
Mme Hogan a mentionné la culture. C'est une culture qui s'articule autour de la fonction de contrôleur. Nous voyons d'autres indications d'amélioration. On constate des progrès avec la mise en œuvre de la politique et des contrôles internes, qui faciliteront les choses. Les fonds non utilisés, dont j'ai parlé il y a quelques minutes, sont en baisse par rapport aux années précédentes, ce qui est révélateur d'une gestion financière.
Par ailleurs, ils ont maintenant un système. Ils avaient l'habitude d'inscrire toutes les pièces qui arrivaient dans deux systèmes différents. Maintenant, ils n'en ont qu'un. Par contre, nous parlons de 118 000 personnes qui ont en réalité un rôle à jouer à cet égard, d'une façon ou d'une autre. On ne parle pas de 10 personnes dans une arrière-pièce auxquelles vous devez donner une nouvelle formation. C'est 118 000 personnes.
Ne serait-ce que pour gérer les attentes, je m'attendrais à ce que nous voyions ce genre d'observation de nouveau l'an prochain, mais qui indiquerait, du moins nous l'espérons, que les améliorations se poursuivent. Ce problème ne peut pas se régler du jour au lendemain.
Comme l'a mentionné Mme Hogan, le nouveau système aide, mais ils ont une quantité astronomique d'articles en inventaire. Il y a des problèmes du côté de la migration des données et pour savoir si les données sont obsolètes ou toujours à jour, eh bien franchement, certains jours, ces gens ont d'autres choses à l'esprit que de comptabiliser les stocks de façon appropriée.
Ils sont plus aptes à faire le suivi de la quantité que celui des prix — et c'est important, car la quantité vous indique que vous devez en acheter plus —, mais ils ont encore des problèmes sur ces deux aspects. La question du prix est plus importante. Quant à la quantité, ils ont fait des progrès, mais il reste des problèmes à régler.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à nos invités d'être venus. C'est toujours une bonne chose de participer aux travaux de notre Comité. Je pense que c'est la deuxième fois que cela se produit et, monsieur Ferguson, je crois que la dernière fois que j'étais ici, vous avez également comparu devant le Bureau.
Mardi, le gouvernement a annoncé sa dernière mise à jour financière. Monsieur Ferguson, compte tenu de l'augmentation des dépenses annoncée récemment, pourriez-vous nous dire à quel moment que notre ratio de la dette au PIB pourrait être inférieur à celui que nous observons en ce moment?
Dans 11 ans, je crois que nous avons estimé que nous aurions encore une dette de 81 milliards de dollars, ou peut-être davantage. Je pense que dans le rapport, ce ratio est évalué à 31,1 %.
Compte tenu de la dernière annonce au chapitre des dépenses, dans combien de temps d'après vous est-ce que notre dette au PIB diminuerait?
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Merci, monsieur le président.
Je vais poursuivre sur la même question qui a été abordée plus tôt, soit au sujet du ministère de la Défense nationale.
Monsieur Matthews, vous avez mentionné précédemment que la situation au ministère de la Défense nationale découlait de l'existence d'une culture administrative.
Ma question va s'adresser à Mme Hogan, mais vous pourriez peut-être compléter sa réponse par la suite.
Nous savons qu'il s'agit d'un problème d'inventaire. À titre d'exemple, nous avons eu l'occasion d'entendre des représentants de l'agence qui gère l'hébergement, c'est-à-dire les maisons et les loyers du ministère de la Défense nationale. Lors des discussions avec les témoins, ces derniers ont même eu de la difficulté à nous dire la quantité de logements qu'ils géraient. En fait, lorsque nous parlons de culture administrative, je crois que le problème est considérable. Cet exemple est la pointe de l'iceberg, et cela fait 13 ans de suite que le problème est porté à l'attention du Parlement.
À mon avis, le gouvernement en place devra appliquer les mesures nécessaires pour indiquer que c'est l'argent des Canadiens et Canadiennes qui est géré par le ministère de la Défense nationale. Il faudra un redressement pour faire en sorte de maximiser l'utilisation des deniers publics.
Pourriez-vous nous parler de l'évolution du problème identifié il y a 13 ans? Est-ce que nous sommes à un niveau de 50 % pour résoudre ce problème? Est-ce qu'il y a eu des améliorations à ce sujet? Par contre, s'il y a eu seulement 5 % d'amélioration à un problème qui a été identifié il y a 13 ans, est-ce parce qu'on le repousse d'année en année et qu'on le pellette par en avant?
J'aimerais entendre votre opinion, madame Hogan, sur la situation au ministère de la Défense nationale.
À propos des prévisions budgétaires, pendant longtemps, on a accusé le gouvernement en place, quel que soit le parti au pouvoir, de toujours prévoir un énorme déficit, qui ensuite ne se matérialise pas, si bien qu'il fait alors figure de héros. Ses adversaires politiques l'accusent de l'avoir fait exprès en disant: « Vous avez délibérément gonflé ce chiffre pour pouvoir venir ici x mois plus tard et faire figure de héros », et les gouvernements qui se sont succédé ont promis maintes fois que cela ne se reproduirait pas.
Cette situation a eu une heureuse conséquence en la personne du directeur parlementaire du budget, et je vois que le gouvernement est maintenant prêt à tenir sa promesse et à faire en sorte qu'il devienne un mandataire du Parlement. C'est très bien. Reste à nous assurer que cela est fait sans délai.
Toutefois, en général et toute partisanerie mise à part, où en est le gouvernement maintenant par rapport à ce qui se produisait par le passé concernant ces prévisions? Commence-t-on à voir un écart moins grand ou y a-t-il encore un problème?
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Je vais commencer et je laisserai ensuite la parole à mes collègues du ministère des Finances.
Premièrement, il y a le fait que certains ministères vont avoir des crédits non utilisés. Le ministère des Finances le sait et intègre un facteur d'abattement dans ses prévisions.
Je dirais — et mes amis du ministère des Finances me corrigeront si je me trompe — que le bilan du gouvernement en ce qui concerne les prévisions des dépenses est plutôt bon. Du côté des revenus, c'est souvent plus difficile. Si on revient sur ce qui a été dit plus tôt, on voit que la raison des écarts diffère d'année en année.
Si on examine la différence entre les dépenses et les prévisions dans le budget de 2015, c'est attribuable à des postes comme l'assurance-emploi. L'économie n'a pas été aussi dynamique que prévu, et il y a eu des paiements de transfert pour l'Alberta et Terre-Neuve pour stabiliser la situation financière. Encore une fois, ce sont des choses qu'on ne peut pas prévoir. Je pense que c'est compréhensible.
Mes collègues souhaitent peut-être ajouter quelque chose à ce que j'ai dit sur les revenus et les dépenses, et sur ce qui plus difficile à prévoir.
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Je tiens d'abord à remercier les témoins venus comparaître devant le Comité aujourd'hui.
En faisant la lecture du rapport, et notamment des observations du vérificateur général, je me suis rendu compte à quel point il était important pour nous de disposer d’informations fiables et précises, parce que, tant le gouvernement que les parlementaires ont besoin de ces informations pour évaluer non seulement dans quelle mesure, comme pays, nous pouvons satisfaire à nos obligations financières, mais aussi comment nous pouvons préserver nos programmes et en financer de nouveaux. Il est essentiel que nous disposions de données précises auxquelles nous pouvons recourir pour prendre des décisions éclairées, et notamment lorsqu'il s'agit d’estimations, il faut qu’elles soient vraisemblables et reposent non pas uniquement sur des méthodes comptables reconnues, mais aussi sur les pratiques exemplaires de l'industrie.
Je remarque à la page 2.44 des Observations du vérificateur général que le gouvernement utilise des taux d’actualisation qui sont « à la limite supérieure de la fourchette ». Même s’ils se situent « dans la fourchette des valeurs raisonnables qu'autorisent les Normes comptables du secteur public », ces taux ont néanmoins pour effet de donner « un montant estimatif des passifs à long terme plus faible ». Alors que mon collègue du NPD se demande si le gouvernement en place fait ou non face à un déficit surestimé, cela va, au contraire, largement dans l’autre sens, vu que le taux d’actualisation utilisé pour évaluer les obligations au titre des prestations constituées des régimes de retraite non capitalisés qui sont parrainés par le gouvernement a été fixé à 3,9 %, tandis que les « régimes de retraite et autres avantages futurs parrainés par les sociétés d’État et autres entités consolidées » font l’objet d’un large éventail de taux d’actualisation. Comme indiqué à la page 2.29, ces taux peuvent aller de 2 à 3,8 % pour les prestations de retraite non capitalisées.
Ma question, qui s’adresse au vérificateur général, porte sur la méthode qu’utilise le gouvernement. Comment se fait-il que les taux d’actualisation du gouvernement se démarquent tant de ceux des autres organismes publics et du secteur privé ? Ma deuxième question est la suivante: quel serait la recommandation du vérificateur général en la matière?
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Dans le cas des régimes de retraite par répartition, tout est fonction du taux d’emprunt du gouvernement, de ce qu'il en coûterait au gouvernement s’il devait emprunter pour financer le passif en question.
Pour comparer les taux d’actualisation entre plusieurs organismes, notamment dans le cas de régimes de retraite ou d’avantages sociaux futurs, il faut savoir s’il s’agit de régimes provisionnés ou de régimes sans capitalisation, quelle est la durée de l’obligation, et ce genre de choses. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte.
Ce sur quoi nous insistons, c’est qu’il est important pour vous, en examinant ces états financiers, de tenir compte de la note 8 qui traite de la mesure — de la sensibilité, je suppose — des estimations, et de savoir que différents taux d’actualisation sont susceptibles d’entraîner différentes estimations du passif.
Les passifs figurant dans ces états financiers sont calculés à partir de taux d’actualisation se situant dans une fourchette acceptable; toutefois, quand on cherche à mettre un chiffre, à une date donnée, sur la valeur de l’ensemble des prestations de retraite, par exemple, que le gouvernement devra verser au cours de très nombreuses années à venir, au fur et à mesure que les gens prendront leur retraite, bien évidemment, de nombreuses estimations entrent en ligne de compte, et le taux d’actualisation est l’un de ces facteurs.
Avant de donner la parole à M. Doherty, je voudrais rapidement poser une question aux spécialistes des finances.
Je sais que quelque part, dans les premières pages du volume I, on lit qu’en 2014-2015, le taux d’intérêt payé sur notre dette nationale était de 9,3 %; puis en 2015-2016, il est descendu à 8,7 %, ou à peu près. Ma question est la suivante: combien de temps consacre-t-on à la gestion des frais de la dette ? Pourriez-vous nous le dire rapidement?
Je sais qu’il y a la dette à long terme, la dette à court terme, les obligations et d’autres effets qui tirent la dette vers le bas, mais faites-vous beaucoup de calculs? Je pose la question parce qu’une proportion substantielle, 9 ¢ de chaque dollar perçu, est consacrée au service de notre dette. Combien de temps consacre-t-on à la gestion du taux?
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Du point de vue des comités, il faudrait demander à différents ministères de venir témoigner pour expliquer ce qu'ils font.
Quand on parle de choses comme des radiations de dette, de toute évidence, ce qu'il faut savoir, c'est ce qui arrive en amont, quand on décaisse de l'argent ou quand on consent un prêt. Au départ, il y a une raison pour laquelle les gens doivent de l'argent au gouvernement. À l'étape de la radiation, il n'y a pas grand-chose que l'on puisse faire. Quand on traite avec l'Agence du revenu du Canada, du point de vue de l'imposition, il y aura toujours des gens qui déclareront faillite ou peu importe, ces problèmes sont inévitables. Ce sont les impôts, la situation est différente.
Cependant, pour certains d'entre eux, quand il s'agit de prêts ou de paiements de prestations ou ce genre de chose, que font ces ministères au départ pour s'assurer que seules les personnes qui ont droit à ces prestations les reçoivent, ou que les gens à qui l'on consent un prêt ont la capacité de le rembourser? Je pense qu'il faut prêter attention aux deux, à ce qui se passe au départ et au moment de la radiation de la dette.