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TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 12 décembre 1995

.1104

[Traduction]

Le président: Chers collègues, je déclare cette séance ouverte. Il s'agit de la première réunion à part entière que nous avons prévu de tenir relativement à notre initiative sur l'unité nationale.

Je tiens à indiquer, à l'intention des personnes qui nous écoutent, qui nous regardent à la télévision ou qui sont présentes dans cette salle et qui ne connaissaient pas notre projet, que nous voulons simplement inviter les Canadiennes et les Canadiens, de tous les coins du pays, à nous soumettre leurs idées sur la façon dont nous pourrions mettre davantage en valeur les réussites, les mérites, les valeurs, les traditions et la grandeur de ce pays que nous appelons le Canada, et sur les moyens concrets de parvenir à en apprendre plus sur les uns et sur les autres.

Nombreux sont les Canadiennes et les Canadiens à estimer que si nous éprouvons des difficultés sur le plan de l'unité nationale, si je puis m'exprimer ainsi, c'est que nous ne nous connaissons pas assez les uns les autres. Le Canada est un vaste pays où les distances sont considérables et il convient que nous fassions tout notre possible pour parvenir à nous connaître les uns les autres.

.1105

Comme vous le savez, chers collègues, le gouvernement ne peut pas tout faire, surtout pas par les temps qui courent. La construction d'un pays se fait étape par étape, pierre par pierre et, pour cela, il faut recueillir les idées de toutes les Canadiennes et de tous les Canadiens. J'ai d'ailleurs l'impression que ceux-ci éprouvent un attachement passionnel pour ce pays et qu'ils veulent contribuer, de toutes les façons possibles, à l'unité nationale.

Nous avons pris les dispositions pour accueillir, aujourd'hui, un certain nombre de témoins. Nous avons eu la chance, dans certains cas, de bénéficier de l'assistance de nos collègues députés, ce que nous avons beaucoup apprécié. Donc, entre maintenant et la fin de cette réunion, nous entendrons des témoins accompagnés de deux députés, à savoir M. Mills, député de Broadview - Greenwood, et M. Discepola, du Québec.

Nos premiers témoins sont MM. Greg Vezina et Dick Mathieu, qui sont accompagnés deM. Dennis Mills, député de Broadview - Greenwood.

Je crois savoir, messieurs, que vous allez parler pendant environ sept, huit ou neuf minutes. Nous vous poserons ensuite une, deux ou trois questions et nous vous laisserons aller. On nous a dit que vous aviez un horaire assez serré. Nous entendrons les autres témoins ensuite, parce qu'il y en a plusieurs.

Qui veut débuter cette présentation? Monsieur Mills.

M. Dennis Mills (Broadview - Greenwood): Merci beaucoup, monsieur le président. J'apprécie cette occasion que vous me donnez de comparaître devant le Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes.

Monsieur le président, chers collègues députés, un groupe de députés et de résidents de différentes parties du Canada se sont réunis deux semaines après le référendum. Nous avons bien sûr parlé de l'expérience chaotique que nous venions de vivre dans la semaine précédent le référendum. Nous avons eu l'impression qu'un grand nombre de Canadiennes et de Canadiens, d'un océan à l'autre, ont estimé ne pas avoir vraiment eu l'occasion de participer pleinement à cette consultation populaire. Comme nous le savons tous, c'est lors du grand rassemblement de Montréal, le vendredi précédant le référendum, que nous avons eu la véritable démonstration du patriotisme latent de nos compatriotes.

Nous nous sommes donc réunis à plusieurs pour voir comment nous pourrions exploiter cela. Nous en sommes arrivés à la conclusion que nous devions nous mettre à l'écoute des Canadiennes et des Canadiens, que nous devions recueillir les idées de ceux et de celles qui ont un point de vue très arrêté sur la façon de parvenir à bâtir un Canada meilleur et à faire ressortir l'esprit national; en fin de compte, monsieur le président, ces deux aspects sont étroitement liés au plan de création d'emplois sur lequel nous devons nous concentrer en même temps.

Au bout de quelques jours, nous avons trouvé ce thème: «Bâtir le Canada ensemble». Nous avons envoyé des lettres à nos collègues députés et sénateurs pour leur demander d'inviter leurs commettants à formuler leurs meilleures idées, en deux pages ou plus, sur la façon de parvenir à bâtir le Canada ensemble. Nous leur avons dit que ces idées seraient soumises à la Chambre des communes, quelles seraient regroupées dans un classeur et que ce classeur serait régulièrement augmenté.

D'ailleurs, monsieur le président, nous avons remis ce classeur à tous les membres du comité. Nous ne disposons pas de toutes les ressources voulues pour en remettre un exemplaire à tous les députés, mais nous espérons que, d'ici Noël, tous en auront un exemplaire auquel ils pourront ajouter les idées qu'on leur transmettra et qu'ils pourront faire circuler.

L'objet de cet exercice est d'analyser toutes les idées reçues, de retenir celles pouvant être le plus facilement et le plus immédiatement mises en oeuvre, et de les identifier par un symbole, qui se trouve là, à gauche. Nous encouragerions tous les groupes à l'adopter, qu'il s'agisse d'étudiants, de gens d'affaires, de femmes, de clubs athlétiques ou de projets touristiques... peu importe. Nous les encouragerions à appliquer ce logotype sur les lettres à en-tête, sur les façades d'usines et sur les camions, pour marquer toute action contribuant à bâtir le Canada ensemble et sensibiliser ainsi tous les Canadiens à la nécessité de travailler ensemble à la reconstruction de notre esprit national.

.1110

Aujourd'hui, je vous propose d'entendre deux ou trois Canadiens pour vous donner une idée de ce qui nous a été soumis. Je cède la parole à Dick Mathieu.

M. Dick Mathieu (témoigne à titre personnel): Merci, Dennis.

Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je me sens non seulement honoré d'être ici, en tant que Canadien, mais aussi très privilégié. Aussi loin que je me souvienne, ce dossier est sans doute le plus important auquel notre pays a été confronté.

Dennis m'a contacté pour m'inviter à participer à ce projet et à réfléchir sur la façon dont nous pourrions, dans mon milieu de travail, contribuer à bâtir le Canada ensemble.

Mon entreprise est surtout spécialisée dans les conseils aux grandes chaînes de centres commerciaux au Canada; elle les aide à améliorer leurs revenus grâce à des contrats d'annonceurs nationaux. Nous avons essentiellement établi un réseau de centres commerciaux que nous vendons en tant que support national en complément ou en remplacement de la publicité nationale faite à la télévision ou dans la presse écrite.

Les Canadiens évoluent dans un système sociétal qui s'articule autour de centres commerciaux couverts. Statistiquement, les Canadiens visitent nos centres commerciaux couverts, ou vont y faire des achats, au moins une fois tous les douze jours en moyenne. Ils s'y arrêtent, ils y magasinent, ils y rencontrent d'autres personnes et y passent du temps. Ce système permet un contact personnel et l'acheteur peut toucher... On peut montrer des produits aux acheteurs; ils peuvent les toucher et on peut échanger avec eux. Les centres commerciaux donnent, en quelque sorte, l'occasion de communiquer de façon très intime avec le public canadien.

D'ailleurs, je dois vous citer quelques statistiques pour que vous compreniez bien la puissance du système dont je parle: toutes les deux semaines, 90 p. 100 des Canadiens et des Canadiennes se rencontrent dans les 200 grands centres commerciaux du pays. Ces 200 centres représentent 20 000 détaillants et 75 millions de pieds carrés d'espace consacré à la vente au détail; ils accueillent chaque année 500 millions de visiteurs.

Voici maintenant certaines des façons dont ces centres contribuent déjà ou pourraient contribuer au projet en question, puisque telle est la raison de notre présence ici.

D'abord, les centres commerciaux peuvent contribuer à la qualité de notre environnement en veillant à ne pas être un danger pour celui-ci, ce qui peut aller de l'adoption de contenants de recyclage aux éclairages économes en énergie, en passant par les systèmes horticoles de régénération d'oxygène et l'aménagement paysager intérieur et extérieur. Tout cela peut nous aider à bâtir un meilleur Canada.

Les centres commerciaux peuvent aussi intervenir auprès des personnes âgées. Je ne sais si vous êtes au courant, mais il y a énormément de personnes âgées au Canada qui passent leur temps de loisir dans les centres commerciaux. De plus en plus de centres sont d'ailleurs attentifs à ce phénomène. Ils ne l'ont pas intégré dans leur stratégie de positionnement commerciale, mais ils n'en contribuent pas moins à bâtir le Canada en rendant les espaces accueillant pour ces personnes âgées qui peuvent s'y détendre, y faire de l'exercice et trouver des places assises leur convenant.

Je rentre juste d'un voyage en Europe. C'est incroyable ce que les centres commerciaux à l'extérieur de Londres font pour les personnes âgées. Ils mettent à leur disposition des fauteuils roulants électriques et des bancs adaptés qui rendent leurs visites plus agréables, ainsi que des lieux où prendre leurs repas - chez nous, tout cela contribuerait à bâtir un meilleur Canada pour nos aînés.

Mais ces grands centres commerciaux peuvent contribuer d'une autre façon à ce projet, et c'est sans doute là où vous pouvez intervenir, surtout les représentants du gouvernement fédéral: ils peuvent amener les gens à être plus sensibles à notre filet social et à mieux le comprendre. J'ai, personnellement, l'impression que nous avons affaire à une grande ignorance sur ce plan.

Les centres pourraient y contribuer en consacrant des espaces aux programmes communautaires. Par exemple, une partie des zones communes pourraient être consacrées à des activités ou à des programmes bénévoles de type communautaire.

Et puis, il y a aussi l'électronique, dont quelqu'un vous parlera plus dans un instant je pense. Il serait possible, par l'intermédiaire de notre réseau de centres commerciaux, de communiquer électroniquement nos programmes sociaux et communautaires à des millions de personnes.

.1115

Les centres commerciaux peuvent aussi aider les groupes caritatifs en mettant à leur disposition des espaces où ils pourront faire la promotion de programmes charitables, au sein des collectivités qu'ils desservent. De plus en plus...

Soit dit en passant, un grand nombre de choses dont je vous parle ont déjà été réalisées. Par contre, nous n'avons pas encore regroupé le tout sous la bannière «Bâtir le Canada ensemble». Il est important, je crois, de bien comprendre qu'une partie de tout cela a déjà été réalisée. Ce ne sont pas des projets monumentaux, ce sont des projets de base destinés à faciliter la vie des Canadiennes et des Canadiens et à bâtir un Canada qui soit meilleur.

Je pense que nous pourrions également beaucoup contribuer par le truchement de la communauté culturelle. Comme les centres commerciaux sont très fréquentés, pourquoi n'en profiterions-nous pas pour amener les arts aux gens? À Toronto, le projet Caravan n'a lieu qu'une fois par an, mais l'activité culturelle est permanente.

Enfin, j'estime que les centres pourraient apporter une contribution énorme à ce projet en intervenant auprès des jeunes Canadiens. Les aînés passent beaucoup de temps dans les centres commerciaux, mais les jeunes aussi. Comme ils s'y rassemblent en grand nombre, nous pourrions élaborer des programmes à leur intention en collaboration avec les écoles; c'est d'ailleurs un potentiel que certains centres exploitent déjà. Il est possible de sensibiliser les jeunes aux sports à l'école, de faire la promotion de jeunes talents... d'organiser des sports dans les terrains de stationnement, etc.

La liste des choses à faire est très longue mais si vous considérez ce réseau de centres commerciaux et la puissance qu'il représente... nous sommes tout à fait uniques. Nous avons le réseau de centres commerciaux le plus sophistiqué du monde et nous sommes à la pointe de la technologie. Cela, c'est à notre climat que nous le devons. J'estime que les centres commerciaux peuvent contribuer à bâtir le Canada ensemble en allant au-delà de ce qu'ils font déjà. Merci.

M. Greg Vezina (témoigne à titre personnel): Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.

[Français]

Parce que mon français n'est pas très bon, je parlerai en anglais.

[Traduction]

Les communications sont essentielles pour parvenir à réaliser un consensus sur la construction d'un Canada meilleur. Le référendum et le rassemblement auquel il a donné lieu à Montréal m'ont prouvé beaucoup plus que tout ce dont je me souviens depuis que je suis sur cette terre, que les Canadiennes et les Canadiens sont prêts, au moindre signal, à se rassembler massivement, à se déplacer et à venir faire part de leurs sentiments à d'autres Canadiens. Le problème, c'est que les26 millions de Canadiens et de Canadiennes ne peuvent pas tous conduire ou prendre l'avion pour se rendre à Montréal. Personnellement, j'estime que nous devrions exploiter l'avantage naturel que nous avons dans le domaine de la technologie et de l'infrastructure de communication pour permettre aux gens de communiquer plus directement entre eux et avec le gouvernement.

Récemment, nous avons vu des exemples d'application de cette technologie avec Internet. D'ailleurs, mon entreprise travaille sur les applications Internet. Nous avons couvert les élections provinciales de l'Ontario et avons organisé un débat des chefs sur Internet. À l'occasion du référendum du Québec, nous avons créé un site «Quebec after the vote». Des centaines de milliers de personnes ont visité ce site et répondu aux questions que nous avions posées pour savoir ce qu'il faudrait faire au lendemain d'un vote positif ou d'un vote négatif. En fait, près de 5 000 personnes ont répondu à ce sondage qui est le plus important sondage politique jamais réalisé sur Internet dans le monde. Nous avons bâti notre site en trois jours environ; nous l'avons annoncé sur une station de télévision et avons remporté un énorme succès.

Je crois que le gouvernement du Canada, grâce aux ressources dont il dispose actuellement, comme ses systèmes informatiques et ses lignes 800, pourrait permettre à tous les Canadiens, sans qu'ils ne leur en coûtent rien et sans qu'ils aient à s'abonner à Internet, de communiquer avec le gouvernement et avec d'autres Canadiens par le biais de groupes de discussion et de groupes de news. Il y a deux ou trois organismes et entreprises privées qui essaient de faire cela dans leurs tribunes publiques, notamment The Globe and Mail et la Société Radio-Canada.

Toutefois, la différence entre ces approches et la mienne est très simple. Les premières sont modérées, conçues et évaluées par des services d'information pour la valeur qu'elles représentent sur le plan de la nouvelle. Je crois que les membres du public aimeraient pouvoir communiquer directement entre eux sans se faire dicter ce qu'ils devraient voir, dire, entendre ou faire. Ils veulent pouvoir décider de leur vie, de la façon de réformer ce pays et de la façon de «bâtir un Canada ensemble». Personnellement je crois, et je ne suis pas le seul... nombreux sont les jeunes à estimer que les communications électroniques relèvent d'un droit fondamental dans ce pays, au même titre que le droit à l'alimentation, à l'habillement et à l'hébergement.

.1120

Je suis convaincu que le gouvernement doit adopter une politique officielle et donner l'exemple en utilisant ses ressources pour s'ouvrir aux Canadiennes et aux Canadiens afin que nous puissions échanger entre nous, être mieux représentés au Parlement, et de sorte aussi que le gouvernement nous représente plus directement.

Le président: Merci.

M. Mills: Je tiens à vous remercier de nous avoir donné l'occasion de vous soumettre cette idée, mais je m'en voudrais de ne pas vous préciser que ce classeur contient plus de 60 idées émises par des jeunes, des gens d'affaires, des athlètes et des artistes des quatre coins du Canada. D'ici la fin de la semaine, nous mettrons ces classeurs à la disposition de tous les députés et des autres parties prenantes.

Nous aimerions également, aujourd'hui, déposer au comité de l'industrie les 82 meilleurs essais sélectionnés sur plus de 600 textes soumis par des étudiants de collège et d'université au Canada. Ils ont été produits, monsieur le président, dans le cadre du grand Concours de bourses Canada de l'année dernière, qui avait pour thème: si vous étiez le premier ministre du Canada, que feriez-vous pour améliorer les niveaux de vie et promouvoir l'unité nationale? Ceux d'entre vous qui sont intéressés trouveront à la Bibliothèque du Parlement ces 82 essais portant sur la question dont votre comité a été saisi.

Le président: Merci.

Chers collègues, comme nous avons plusieurs témoins à entendre, je crois que nous allons devoir improviser. Je ne pense pas que nous puissions suivre la méthode habituelle des trois fois huit. Je pense que nous devrions nous en tenir à une question ou deux pour ces témoins, afin que nous puissions entendre les autres.

Monsieur Mathieu, j'ai une question à vous poser au sujet de votre proposition qui vise à mieux exploiter les centres commerciaux au Canada. Y voyez-vous essentiellement une initiative du secteur privé? Si vous estimez que le gouvernement a un rôle à jouer, que pourrait-il être?

M. Mathieu: J'estime que c'est essentiellement une initiative du secteur privé. D'ailleurs, je pense que Dennis m'a demandé ce que mon secteur pouvait faire. Je ne peux parler pour tout mon secteur d'activité, mais je vous ai exposé mes idées d'expert-conseil du domaine.

Si le gouvernement reconnaît la puissance de communication que représente ce réseau avec lequel le Canadien moyen est en contact à raison de 15, 20 ou 30 fois par an, alors je crois qu'il serait tout à fait avisé et qu'il devrait même sérieusement envisager de dépenser un peu d'argent dans ce domaine, mais uniquement si vous pensez que celui-ci vous offre un vecteur de substitution valable. Je ne suggère pas d'effectuer de grands investissements... j'estimais d'ailleurs qu'il s'agissait plus d'une initiative du secteur privé...

Je trouve que le secteur privé n'a pas bien fait son travail - et cela dans tous les secteurs, pas uniquement dans celui des entreprises de développement - parce qu'il n'a pas bien présenté ce qu'il fait sous une certaine bannière, qu'il n'a pas rappelé aux gens que c'est grâce à ces activités que nous pouvons bâtir le Canada ensemble.

Le président: Bien.

[Français]

Mme Tremblay (Rimouski - Témiscouata): Très sincèrement, je pense qu'au Canada, il n'y a absolument pas de problème de communication entre les personnes. J'ai travaillé avec plusieurs membres de ce comité et même avec d'autres personnes qui ne sont plus à notre comité. On n'a jamais eu de problèmes de communication. En général, les Québécois et les Québécoises sont ouverts aux autres et sont reconnus, entre autres, pour être de très grands voyageurs devant l'éternel.

Je pense qu'au Canada, on a un problème fondamental de reconnaissance du peuple québécois par le peuple canadien et d'octroi des pouvoirs afférents à cette reconnaissance. Quand le président de ce comité et certains membres se comportent comme ils le font, quand le premier ministre leur donne raison en niant l'existence même du peuple et de la culture du Québec, quand en quelque sorte on refuse de voir le problème, de le nommer et de le reconnaître, on est loin d'être sur la voie pour trouver une solution adaptée à la situation que nous vivons.

Je crois que le Canada pourrait survivre si le peuple canadien décidait de s'asseoir et de négocier d'égal à égal avec le peuple québécois afin de s'entendre sur un modus vivendi. Non, les hommes et les femmes politiques qui représentent le peuple canadien continuent à se comporter comme le troupeau de caribous de la Baie James. Ils poursuivent leur route, même s'ils sont conscients que tôt ou tard, cela les conduira à la catastrophe. Ce jour-là, vous pourrez au moins vous rappeler qu'on vous l'avait dit en toute amitié.

.1125

Cela étant dit, je me demande, monsieur Mills, si vous pouvez dire au comité où vous avez pris l'argent pour faire cette opération, pour embaucher les consultants qui sont avec vous. Pour votre information, après avoir parcouru rapidement votre texte, j'aimerais vous dire que Richard Séguin ne fait pas du tout partie de la catégorie des rock stars. Je me demande, après en avoir lu quelques pages, comment vous pouvez penser sincèrement...

Monsieur dit que c'est le plus grand événement de sa vie. Vous avez vu que nous étions trois autour de la table quand nous avons commencé. Les députés sont très intéressés; le Parti réformiste est absent. On n'a peut-être pas le droit de le dire, mais la moitié des députés de l'autre côté sont absents.

Vous vous pâmez pour un voyage à Montréal qui a permis à peut-être 100... Cela a été très bon pour l'économie de Montréal, parce qu'il s'est fait beaucoup d'achats dans les magasins, entre autres chez Eaton au centre-ville. Mais, à part cela, qu'est-ce que tout cela donne? Où pensez-vous que nous allions avec cela? Comment faites-vous pour vous prendre au sérieux? Moi, j'ai beaucoup de difficulté. Combien est-ce que cela coûte et qui paye pour cela?

[Traduction]

M. Mills: Tout d'abord, Madame Tremblay, je tiens à vous dire que toutes les contributions à ce classeur ont été bénévoles. Si vous regardez à l'onglet «N», vous trouverez la présentation de mon collègue John Nunziata. Après ses remarques, vous verrez les contributions de jeunes élèves qui nous ont remis des doubles de lettres écrites en classe et qu'ils ont envoyées à des camarades canadiens du Québec. Et je tiens à vous dire, Madame Tremblay, que ces élèves n'ont rien demandé pour contribuer à ce classeur «Bâtir le Canada ensemble».

[Français]

Mme Tremblay: Je le comprends très bien. Mais ceci coûte de l'argent quand même.

[Traduction]

M. Mills: Ces classeurs coûtent 1,80 $ pièce et nous en avons une centaine. En tant que députée, vous avez un crédit annuel qui vous permet d'en acheter cinquante par an. Comme je ne m'en suis pas servi personnellement, je les ferai remettre aux autres députés. Deux ou trois autres de mes collègues m'ont transféré leurs crédits pour que je puisse acheter des classeurs et les distribuer. Donc, je dirais qu'en tout, ce classeur coûte environ 300 $, plus le temps des bénévoles et d'un membre de mon personnel à la Chambre. Tout le reste est dû à des contributions purement bénévoles.

Ce n'est pas différent, madame Tremblay, du type de bénévolat auquel on a assisté ce fameux vendredi, à Montréal, où 150 000 personnes se sont absentées de leur travail et n'ont rien demandé pour aller là-bas. Elles y sont allées pour parler du Canada.

[Français]

Mme Tremblay: Eh oui! Ils avaient une journée de congé.

[Traduction]

M. Mills: Dans la deuxième partie de votre question, vous parliez de Richard Séguin, qui se trouve être un de mes amis. Je pense, très humblement, que Richard est une rock star. C'est une des plus grandes stars du rock au Canada. Et je vous dirais, madame Tremblay, que si vous saviez à quoi je pense, vous seriez d'accord avec moi, parce que mon idée est de...

On parle de contenu canadien dans les émissions de toutes les stations de radio du Canada. Or, je pense qu'on ne reconnaît pas tous les talents canadiens à l'heure actuelle. Autrement dit, à l'extérieur du Québec, on n'entend pas nos stars franco-canadiennes, nos artistes exécutants. C'est pour ça que je proposais que les artistes canadiens francophones du Québec, comme Richard Séguin - que je prends à titre d'exemple - ne devraient pas être uniquement entendus sur les ondes des 340 stations de radio du Québec, mais partout au Canada. Je crois que si nos artistes exécutants francophones - et je citerai encore une fois Richard Séguin qui, selon moi, est le meilleur que nous ayons au Québec, même si je dois avouer un préjugé favorable envers lui - étaient entendus sur les 1 400 postes de radio au Canada, on en retirerait certainement quelque chose. Je pense aussi que les non Québécois auraient l'occasion d'entendre l'un des plus grands talents que nous ayons au pays, ce qui n'est actuellement pas possible.

Est-ce que cela répond à votre question, madame Tremblay?

Le président: C'est tout pour cette série de questions. Je donne la parole à M. Loney, après quoi nous entendrons d'autres témoins.

Monsieur Loney.

M. Loney (Edmonton-Nord): Monsieur le président, je veux simplement demander àM. Mathieu s'il peut me remettre un exemplaire de son témoignage. Je l'ai trouvé très intéressant.

M. Mathieu: Oui.

M. Loney: Vous pouvez faire cela?

M. Mathieu: Mais, monsieur, n'avez-vous pas un classeur?

M. Loney: Oui. C'est dans le classeur?

M. Mathieu: À l'onglet «M», sous mon nom. C'est le deuxième document.

M. Loney: Parfait. Je n'avais pas encore eu la chance d'y jeter un coup d'oeil. Merci.

M. Mathieu: De rien.

Le président: Parfait, passons à autre chose.

Monsieur Ianno.

M. Ianno (Trinity - Spadina): Merci, monsieur le président.

Tout d'abord, je tiens à féliciter Dennis Mills qui a beaucoup travaillé, je le sais, pour créer ce qui, je crois, est un véhicule permettant aux Canadiens de faire part de leur vision du Canada et de leurs sentiments à son égard.

.1130

Je sais que nombre d'entre nous, nombre de vos collègues, en parlent dans leurs bulletins parlementaires et invitent les Canadiens à contribuer à ce projet. Et cela, monsieur le président, s'inscrit en parallèle avec l'action de Patrimoine Canada et de notre comité qui fait la même chose pour renouveler la vision d'un Canada se voulant meilleur.

Je vous félicite, ainsi que vos bénévoles, d'avoir préparé ce classeur qui renferme aussi des illustrations. J'espère que ce projet sera, pour vous et vos collègues, synonyme de réussite.

Merci, monsieur le président.

Le président: Merci, messieurs, de vous être rendus à notre invitation. J'apprécie votre contribution et je suis sûr que nous entendrons de nouveau parler de vous.

Je vais appeler deux autres témoins, Claire Baxter et Scott Elliott. Je crois que leurs exposés concernent les voyages. Il est évident que de nombreux Canadiens estiment que c'est par le biais de programmes d'échange, de jumelages et autres, qu'on peut en apprendre plus les uns des autres.

Avez-vous décidé lequel de vous deux commencerait? Je pense que c'est Claire Baxter. Claire, nous allons commencer par vous, après quoi nous entendrons M. Elliott.

Mme Claire Baxter (témoigne à titre personnel): Merci. Je tiens, tout d'abord, à vous remercier de m'avoir invitée.

Je suis la directrice générale du programme Forum pour jeunes Canadiens. Je suis heureuse de retrouver plusieurs députés, puisque j'en connais bien sûr beaucoup, grâce à nos dîners avec vous et au fait que nous vous accueillons quand vous venez parler à nos étudiants. Je suis vraiment très heureuse d'être ici aujourd'hui.

[Français]

Merci pour votre invitation. C'est vraiment un grand plaisir pour moi.

[Traduction]

Je siège également au conseil d'administration de Katimavik, programme pour jeunes qu'on vient juste de rétablir. La semaine dernière, juste avant que je parte pour la Nouvelle-Écosse on m'a demandé de préciser au comité ce que Katimavik avait signifié pour moi, au cours de toutes ces années, quel rapport il avait eu avec mes activités actuelles, l'avenir que je lui voyais, et on m'a également demandé de parler un peu de ce lien avec le Forum pour jeunes Canadiens.

Comme je débarque à peine de l'avion qui m'a ramené de Nouvelle-Écosse, je vais improviser entièrement. Je vais vous parler du coeur, je vais vous parler avec passion.

Il y a dix ans, quand le programme Katimavik a été annulé par le gouvernement, j'ai fait parti d'un groupe qui a enregistré une chanson «A Song for Katimavik». Nous étions à l'Université Laval. En l'espace de dix jours, nous avions écrit les paroles et l'enregistrement était diffusé partout au pays, d'un océan à l'autre.

Doug Young et Glen Bowser, de Hudson, au Québec, qui font partie du groupe Backroads, sont venus sans tarder à Québec pour nous donner un coup de main. Nous avons enregistré la chanson. Elle a été envoyée sur la Colline parlementaire et a été chantée dans le cadre d'une manifestation qui avait pour objet d'essayer de sauver Katimavik, dans les derniers jours d'une grève de la faim.

Très tôt ce matin, à environ 5 h, je pensais à ce que j'allais pouvoir vous dire, parce que tout cela est tellement empreint de passion. J'ai été en contact des jeunes de ce pays dans le cadre de Katimavik. J'ai aussi été en contact avec eux dans le cadre de Jeunesse Canada monde, du Carrefour canadien international, du Conseil national de développement jeunesse et, bien sûr, plus récemment, au cours des dernières années, du Forum pour jeunes Canadiens.

Les jeunes suscitent beaucoup de passion. Ils ont besoin d'une véritable orientation de nos jours. Ils ont besoin de quelque chose. Il y a des années, à l'époque où nous avons enregistré la chanson, j'avais la même envie de décrire aux gens tout ce que signifiait Katimavik. J'ai d'ailleurs une cassette de cette chanson avec moi et, comme il y a un magnétophone, ne vous gênez pas si vous voulez l'écouter pendant une pause.

Que signifiait donc Katimavik? De quoi était-il question? De jeunes, âgés de 17 à 21 ans, qui se rendaient dans différentes collectivités au Canada pour y effectuer des travaux communautaires bénévoles. Je me rappelle une fois, il y a des années, quand nous avons accueilli des étudiants au Manitoba, à la descente de l'avion. Ils avaient un regard brillant, éclatant. Ils avaient bien l'air d'être fraîchement débarqués.

Quand je leur ai annoncé que le moment était venu de faire les lits, l'un d'eux m'a dit que c'est sa mère qui faisait les lits à la maison. Il se demandait si quelqu'un allait faire le lit pour eux. Je lui ai alors indiqué qu'il ne m'avait pas bien comprise: voici les clous, voici les marteaux; faites les lits! Effectivement, il fallait construire les lits, ce dont les gens se sont bien sûr tout de suite aperçus. Nous avions un bénévole local qui était là pour leur apprendre comment fabriquer des lits superposés.

Ces jeunes ont appris des tas de choses qu'ils n'auraient pas eu la chance d'apprendre s'ils n'avaient pas vécu cette expérience.

Après être repartis du sud du Manitoba, nous ne pouvions plus expédier une seule lettre sans écrire un petit bonjour au verso de l'enveloppe, à l'intention du facteur, parce que les gens étaient devenus très près les uns des autres et avaient beaucoup appris sur les cultures des différentes régions du pays. Et c'est d'ailleurs quelque chose qui a persisté, longtemps après.

Et oui, cela ne nous a jamais quittés. Dix ans plus tard, nous avons encore des réunions Katimavik en Nouvelle-Écosse. Nous avons pour tradition de louer, tous les étés, un terrain de camping qui donne sur l'océan, et presque tout le groupe Katimavik d'il y a vingt ans s'y retrouve.

Un jour, nous avons eu l'impression qu'il nous fallait faire quelque chose pour ce terrain de camping avant de partir. Alors, nous avons empilé les bûches qui venaient juste d'être livrées en prévision de l'hiver.

.1135

Des années plus tard, notre philosophie prévalait toujours: donner à la collectivité et recevoir des autres. C'est ce qu'on retrouve dans la chanson: «Quand je dis je, c'est nous; quand je dis nous, c'est vous». C'est ce qu'on apprend soi-même, puis on le partage avec les autres. On l'enseigne aux autres et on le leur en fait profiter.

Ça a fait des merveilles pour mon français.

[Français]

J'ai étudié à l'Université Laval: un petit cours de six semaines pendant l'été. Grâce à cela et aussi à Gilles Vigneault, dont j'adore la poésie et la musique, j'ai commencé à apprendre le français, tranquillement pas vite au début. Grâce à ces expériences, j'ai participé à plusieurs programmes tels que le Forum pour les jeunes Canadiens, Katimamik, etc.

[Traduction]

J'estime que c'est fondamental. C'est une véritable passion que j'éprouve. Je sais que beaucoup de gens trouvent que ceux qui peuvent voyager ainsi partout au pays, pour avoir l'expérience de différentes régions et de différentes cultures, pour bénéficier de cette expérience de travail, faire des choses pour d'autres et acquérir de l'expérience de façon générale, ont beaucoup de chance.

Lors de notre réception du week-end dernier, un participant de Katimavik d'il y a plusieurs années nous a fait part d'un rêve qu'il a réalisé. C'est une idée qu'il avait eue il y a deux ans, sur la plage. Il avait imaginé de photographier la Nouvelle-Écosse d'une altitude de 500 milles. Il s'agit de Dennis Robinson, un résident de la vallée. En fait, il se proposait de le faire grâce à l'informatique.

Il voulait en tirer une affiche et la vendre. C'est ce qu'il a fait, et ça se vend comme des petits pains chauds en Nouvelle-Écosse.

Voilà, c'est un rêve qu'il a eu. On a ce genre de rêve parce qu'on y a été habitué à Katimavik.

Prenez cette chanson que nous avons réalisée en dix jours, il y a plusieurs années. L'enregistrement a été distribué partout au pays. La chanson aurait pu nous coûter 17 000 $, mais en fait, elle n'a rien coûté, parce que tout le monde était bénévole.

Nous avons vécu tous genres d'expériences. Il y a des étudiants qui, d'un seul coup, découvraient les aliments sains. Nous les incitions à éviter de manger sucrer. Certains, en rentrant chez eux, ont décidé d'ouvrir un magasin d'aliments sains. Ils ont donc créé leur propre entreprise. C'était il y a plusieurs années. Ils ont donc créé un emploi grâce à leur expérience du programme Katimavik.

Et puis, il y a ceux qui avaient commencé à travailler au contact des personnes âgées. C'est alors qu'ils ont décidé d'en faire leur carrière, parce qu'ils avaient vécu cette expérience avec beaucoup de passion. Et pourtant, c'est là quelque chose qu'ils n'auraient jamais connu s'ils n'avaient pu participer à un programme comme celui-là.

Prenez le cas de Jane Maduke, de Saskatoon. Il y a plusieurs années, cette résidente de la Saskatchewan, n'avait jamais vu l'océan. Elle a donc décidé, parmi les choix qui lui étaient proposés, d'aller à Esquimalt, en Colombie-Britannique, où elle a pris l'option militaire. Elle a appris la lutte à incendie et la vie sur les bateaux, et tout le reste. Elle a tellement adoré son expérience qu'elle a décidé de faire carrière dans la Garde côtière canadienne. Ça fait plus de onze ans que je n'ai pas entendu parler d'elle, je ne sais pas ce qu'elle est devenue, mais je sais qu'elle était rentrée dans la Garde côtière canadienne.

Toutes ces histoires, nous les devons à Katimavik. Plusieurs d'entre vous sont venus partager certains de nos moments au Forum pour jeunes Canadiens, que ce soit en parlant directement aux étudiants du rôle d'un député ou en s'asseyant à nos côtés lors du dîner des députés.

Quant le week-end arrive, les jeunes ont vécu la même expérience que celle de Katimavik. Ils sont très fiers d'avoir travailler en groupe et de savoir que cet événement ne se reproduira pas. Eh bien, nous devons encourager les jeunes à vivre ce genre d'expérience.

Le vendredi, à 4 h du matin, après la séance de nuit du Forum, nous entonnons tous «Ce pays, c'est ton pays». Moi, j'anime le banquet de clôture. Je suis sans doute la seule personne à pouvoir voir les clients du CNA qui nous regardent, parce que les étudiants, eux, leur font dos. Et plutôt que prendre un verre à l'entracte du Fantôme de l'opéra, ils se demandent à quoi peut bien correspondre toute cette émotion. Pourquoi toutes ces embrassades et pourquoi toutes ces larmes?

Je reconnais les interprètes qui sont ici et que j'ai tous vus dans le cadre du Forum. Je sais que vous dites toujours la même chose: ça alors, quel groupe passionné!

Mais qu'elle est toute cette magie? Parce que c'est magique.

L'année dernière, un sous-ministre est venu expliquer aux étudiants le rôle d'une personne occupant ses fonctions. Plus tard, je l'ai rencontré dans une réunion de comité. J'étais au téléphone en train de prendre des dispositions de dernière minute à cause d'un changement de chambre. Je l'ai entendu partir avec d'autres membres du comité. C'est alors qu'ils ont entendu les applaudissements des étudiants du Forum, qui étaient en train de vivre passionnément une de leurs simulations. Tous se demandaient ce que ce groupe pouvait être et ce qu'il faisait. C'est alors que le sous-ministre leur a dit que c'était les jeunes du Forum pour jeunes Canadiens. Il a même recommandé à ceux qui l'accompagnaient d'aller les écouter, parce qu'ils étaient plein d'idées.

Voilà le sentiment qu'on éprouve. Il y a une magie dans ce genre de programmes et, souvent, une chose en entraîne une autre. En effet, j'estime que si nous n'avions pas vécu ce genre d'expérience, nous ne serions pas beaucoup à occuper les postes que nous avons aujourd'hui.

Vous vous demandez ce que demain nous réserve et comment nous pouvons demeurer des partenaires. J'ai écouté quelques-unes des idées qui ont été formulées avant. Certains groupes, comme le Forum, sont très petits. Nous n'avons pas beaucoup de gens qui s'en occupent et pourtant, nous bénéficions du merveilleux élan de bénévolat de tous ceux qui viennent nous donner un coup de main. J'insiste: tous ceux qui nous aident.

Vous avez tous été élus pour représenter vos collectivités. Peut-être devrons-nous commencer par le gouvernement, mais le milieu des affaires devrait aussi intervenir. Par exemple, je sais que SHL Systemhouse est un important commanditaire du Forum. Le gouvernement, par le biais de bulletins parlementaires, pourrait peut-être faire connaître ses programmes. Nous pourrions peut-être aussi, par le truchement du Programme Hospitalité-Canada continuer à consentir des bourses de voyage aux étudiants pour qu'ils se rendent à Ottawa. Dans notre cas, les étudiants organisent des campagnes de financement à l'échelle locale, mais nous pourrions peut-être demander au gouvernement de continuer à nous offrir son soutien financier. Nous ne savons pas encore de quels fonds nous disposerons. Il est difficile de planifier quoi que ce soit quand on ne bénéficie pas d'un financement pluriannuel.

Tout à l'heure, vous parliez d'Internet. Eh bien, il y a toutes sortes de choses qu'on pourrait faire. Industrie Canada pourrait peut-être prêter de façon permanente, ou temporaire, certains ordinateurs au groupe Katimavik pour que les étudiants puissent naviguer sur Internet, parce que c'est effectivement ce qu'ils veulent faire. Forum envisage d'ouvrir un site sur le net, en mars, et ainsi exploiter cet outil de communication qui favorise le contact à l'échelle du pays.

.1140

C'est merveilleux de pouvoir vivre d'autres cultures. J'ai appris comment faire des mocassins dans le Nord et comment faire du canoë, avec les autochtones de Churchill, au Manitoba.

Je pourrais vous donner des milliers d'exemples d'expériences que j'ai vécues grâce aux horizons qu'on m'a ouverts tout partout au pays, dans différentes régions et dans le cadre de différents programmes.

Après avoir obtenu ma maîtrise de l'Université Laval, en relations industrielles, j'ai reçu plusieurs offres d'emploi, dont le poste de directrice générale du Forum. Là, je me suis dit que c'était merveilleux qu'on me fasse un autre cadeau comme ça, parce que j'allais pouvoir faire quelque chose que j'adore: amener les gens à communiquer entre eux.

Le président: Votre enthousiasme pour le pays est communicatif. Je pense que nous allons à présent entendre M. Elliott.

M. Scott Elliott (témoigne à titre personnel): Merci, monsieur le président. Mesdames et messieurs les membres du comité, je suis directeur, Développement et communications, d'une organisation de jeunes qui s'appelle Jeunesse Canada Monde. Récemment, on m'a également demandé de siéger au conseil d'administration de Katimavik. Je suis membre du conseil en ma qualité d'ancien participant et de résident de la Colombie-Britannique représentant le point de vue de l'Ouest.

Je suis, moi aussi, très honoré de me trouver ici aujourd'hui. C'est la première fois que je prends la parole devant un comité du Parlement.

Le seul témoignage que je puis vous apporter est celui d'un jeune Canadien qui a participé à Katimavik. Mon histoire résume en partie ce que Katimavik essaie de faire et de donner aux jeunes Canadiens et Canadiennes.

Je suis originaire d'une petite ville située à l'extérieur de Vancouver: Port Moody. À l'époque où j'y résidais, c'était une petite ville industrielle, aujourd'hui, c'est une banlieue de Vancouver.

Je voulais à tout prix partir. Je voulais «vivre» le Canada. Pour moi, le Canada correspondait à mon environnement immédiat, aux bois dans lesquels j'allais camper autour de chez nous. J'ai abandonné le français en 8e année, me disant que tous ceux qui viendraient en Colombie-Britannique pourraient toujours apprendre l'anglais. C'était l'attitude là-bas, à cette époque.

Grâce à Katimavik, j'ai eu l'occasion de quitter ma petite ville à l'âge de 18 ans. C'était en 1982. J'ai alors pu visiter trois villes au Canada, dans des régions différentes: London, en Ontario; Chambord, au Québec; Lac Saint-Jean; et Fort St. John, dans le Nord de la Colombie-Britannique.

J'ai appris à vivre au contact d'autres. J'ai appris à devenir plus responsable. J'ai d'ailleurs travaillé dans un musée d'anthropologie.

[Français]

au lac Saint-Jean. J'ai habité avec une famille où j'ai appris le français. Pour la première fois de ma vie, c'était une expérience que j'aimais. Quand j'ai appris le français à l'école, j'étais obligé de le faire. Je ne voulais pas l'apprendre et je pensais que quelqu'un qui venait ici pouvait apprendre l'anglais. Mais quand je suis allé au Lac Saint-Jean, j'ai vu une autre réalité et j'ai été influencé. Oui, ils sont bien différents de moi et de ma famille dans leur manière de faire les choses, mais c'était quelque chose que je voulais apprendre.

[Traduction]

Tout cela m'a insufflé le désir d'en apprendre plus sur le Canada.

De là, je suis allé à Fort St. John, dans le Nord de la Colombie-Britannique. J'y ai été bénévole dans une école alternative où se trouvaient des jeunes souffrant de troubles émotionnels et mentaux.

Cette école m'a engagé tout de suite après Katimavik. J'y ai travaillé un an et demi comme conseiller chargé d'un programme d'expérience de vie et d'apprentissage de l'autonomie fonctionnelle. Et cela m'a amené à vivre une expérience toute différente. C'est alors que j'ai commencé à travailler dans le domaine de l'aide à l'enfance.

Grâce à Katimavik, grâce à ceux et à celles que j'y ai rencontrés, j'ai pu visiter différentes parties du Canada. Quand on vit en Colombie-Britannique, dans une petite ville, c'est quelque chose qu'on ne peut comprendre. En effet, quand on habite une petite ville comme Port Moody, comment peut-on comprendre la vie dans une autre petite ville comme Lac Saint-Jean?

Ce qui s'est passé lors du dernier référendum, certaines des initiatives qui ont alors été prises - le rassemblement d'une journée à Montréal... tout cela est fantastique, mais on n'en tire pas le même enseignement.

Quand on passe trois mois dans une collectivité, quand on vit au sein d'une famille pendant quelques semaines, on apprend ce qu'est la vie sur place. On n'a pas le choix. Quand on vit en groupe avec dix autres jeunes Canadiens - certains du Québec, certains de l'Atlantique, certains des Prairies, de l'Ouest - , on n'a pas d'autres choix que d'apprendre.

Il y a confrontation d'idées. Ce genre de programme permet d'amener des jeunes Canadiens au contact les uns des autres et d'apprendre, de mûrir. Nous avons ainsi la possibilité de mieux comprendre

.1145

[Français]

ce qu'est le Québec et ce qu'est l'Ontario. C'est quelque chose qu'un jeune Canadien ne peut obtenir autrement. Aller à l'université, ce n'est pas la même chose. Simplement voyager, ce n'est pas la même chose. C'est toujours bon, mais ce n'est pas la même expérience.

[Traduction]

À la fin de l'année dernière, Patrimoine Canada a publié un document qui s'intitule «Tremplin pour l'avenir». Il a pour objet de mettre sur pied des programmes de jeunes bénévoles destinés à favoriser l'acquisition de compétences. C'est un excellent document qui présente ce que le bénévolat peut faire pour les gens, surtout pour les jeunes.

Il n'est plus simplement question de finir ses études. Nous voyons de plus en plus de gens qui ressentent le besoin d'en savoir plus sur le Canada. Ils veulent savoir comment vivent les autres, et c'est ce que leur permettent des programmes comme Katimavik.

Pour terminer, je dirais simplement que quand j'étais à Katimavik - quand le programme battait son plein en 1986 - , il y avait un peu plus de 4 000 participants chaque année.

Cette année, Katimavik a reçu un peu d'argent. Nous accueillerons 231 participants. C'est un excellent début, mais ce n'est qu'un début. C'est grâce à des programmes comme Katimavik, Jeunesse Canada Monde, Forum pour jeunes Canadiens, que l'on parvient à rassembler les gens, à leur permettre d'apprendre ensemble et à critiquer le point de vue des autres... C'est une des façons pouvant nous permettre de bâtir un Canada ensemble. Et peu importe que les gens partagent le même point de vue quand ils retournent chez eux; ils ont eu la possibilité de se réunir, de visiter une autre partie du Canada, d'en faire l'expérience et d'y vivre effectivement.

C'est une chose qui nous manque actuellement dans notre société. Notre pays est si grand que nous devons trouver des façons de vivre authentiquement le Canada, d'en faire l'expérience profonde, et de ne pas se contenter d'en parler de façon superficielle, pas plus que de parer de façon superficielle de ce que sont ma culture, Port Moody et Vancouver. C'est ainsi que nous provoquerons le changement et favoriserons l'éducation permanente. Merci.

Le président: Merci.

Nos témoins suivants, eux aussi, s'intéressent à la promotion des voyages. Je vais donc donner la parole à Howard Galganov, qui est accompagné par son député, Nick Discepola.

Qui va commencer? M. Discepola: allez-vous commencer par nous présenter votre ami?

[Français]

M. Nick Discepola (Vaudreuil): D'abord, monsieur le président, je voudrais vous remercier de nous avoir offert l'occasion de témoigner devant votre comité. J'aimerais vous présenter M. Howard Galganov. Howard est l'un de mes commettants qui, tout de suite après le référendum, a pris l'initiative de faire ce qu'il pouvait en tant qu'homme d'affaires, en tant que Canadien soucieux des événements liés au référendum et surtout de l'avenir de notre pays.

Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois grâce à son initiative, à ses contacts pancanadiens et à sa petite entreprise. Je crois que notre affinité venait du fait que nous sommes tous les deux des gens d'affaires. M. Galganov est accompagné de son épouse, Anne Galganov, qui travaille avec lui dans son entreprise. Nous avons discuté de différentes idées et des possibilités que nous avions en tant que fiers Québécois et fiers Canadiens de faire valoir les deux cultures, celle du Québec et de la langue française.

Pendant le débat référendaire, on a remarqué que l'avenir de notre pays passait par la jeunesse. Mais assez souvent les jeunes ne sont pas impliqués dans le débat. Quand on parle de couper le déficit et de l'avenir de notre pays, c'est en premier lieu de leur avenir qu'on parle. Donc, nous avons pensé que l'unité canadienne devait passer par la jeunesse. Avec cette idée en tête, nous avons décidé de présenter au dernier caucus libéral un programme d'échange d'étudiants qui s'appelle Entre nous et dont M. Galganov va vous parler un peu plus tard.

.1150

Nous sommes ici pour vous présenter nos idées. Je voudrais surtout remercier Howard pour son initiative. Vous remarquerez que c'est un homme d'action, et j'espère qu'on va réussir à amener...

Je vais résumer notre pensée en un mot. Avant que les Québécois et les Canadiens ne décident de se séparer, nous voudrions que chaque Québécois ou Québécoise ait eu l'occasion de visiter d'abord le reste du Canada, et que chaque Canadien de l'Ouest ou d'ailleurs qui souhaiterait que le Québec s'en aille ait eu l'occasion de visiter le Québec.

Il nous semble qu'il est indispensable, dans le contexte d'aujourd'hui, qu'avant de prendre une telle décision sur l'unité de notre pays, on prenne le temps de dialoguer avec nos concitoyens et de trouver un terrain d'entente. Plus tôt, j'ai écouté la députée du Bloc québécois qui a dit que s'il y avait une volonté profonde, on pourrait trouver des solutions et une entente.

Nous allons immédiatement céder la parole à M. Galganov et, ensuite, vous pourrez répondre à ses questions.

[Traduction]

M. Howard Galganov (témoigne à titre personnel): Merci, Nick.

Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, le Canada est au tournant de son histoire. Au Canada, et surtout dans l'Ouest, dans l'Estrie et à Montréal, les citoyens ordinaires parlent beaucoup, et de façon très sérieuse, d'une véritable possibilité de séparation. C'est comme si les jeux étaient faits, sans égard à l'issue du débat constitutionnel ou aux résultats d'un prochain référendum. Pour nous, c'est absolument terrifiant.

Les pro-fédéralistes au Québec sont terrifiés, et à juste titre. Beaucoup ont l'impression que les politiciens ne s'appuient sur aucune stratégie, qu'ils nous ont abandonnés à nous-mêmes et laissé le soin de trouver nos propres parades dont beaucoup sont des mesures superficielles adoptées sous le coup du désespoir.

Au Québec, on ressent une incroyable absence de leadership fédéraliste et, sauf si l'on parvient à organiser bientôt une défense réaliste du Canada, la polarisation de la société québécoise engendrera un mouvement tragiquement irréversible. Nous pourrions fort bien connaître les ides de mars.

Le Canada a failli rendre l'âme le 30 octobre dernier. L'autopsie qui aurait pu être pratiquée après un oui au référendum aurait attribué le décès à la négligence. Nous avons attendu la onzième heure pour essayer de nous sauver et de sauver le pays que nous avions confié en fiducie aux politiciens.

Contrairement à ce que pense une partie de l'opinion publique, surtout dans les cercles séparatistes, j'estime personnellement, ainsi que des millions d'autres personnes, que le Québec et le Canada ont finalement été sauvés par les résidents de ce pays, malgré nos politiciens.

Le rassemblement massif au centre-ville de Montréal, auquel ont participé plus de 200 000 personnes, dont beaucoup sont venus des quatre coins du Canada, a constitué une force d'impulsion. Il nous a montré, pour la première fois, qu'il n'y avait pas qu'un seul côté dans ce débat et que les gens éprouvaient en fait de l'amour pour le Canada et pour le Québec.

Il y a eu plusieurs autres rassemblements un peu partout au Canada, comme celui de Queen's Park, à Toronto, auquel ont participé 20 000 personnes; celui d'Ottawa-Hull, où il y a aussi 20 000 personnes; celui de Halifax; celui de Calgary et celui de Vancouver; tous ces événements nous prouvent qu'il y a eu et qu'il continue d'exister un désir, une tendance et une certaine urgence à entreprendre un projet populaire pour faire face au séparatiste et se porter à la défense du Canada. Nous ne devons pas rater cette occasion.

Même si les séparatistes estiment que les Canadiens hors du Québec ne devraient pas se mêler dans ce qu'ils jugent être des affaires essentiellement québécoises, nous devons demander l'appui de l'ensemble du Canada. Les séparatistes ont réussi à nous faire croire que le Québec était déjà, à de nombreux égards, séparé du reste du Canada. Ce n'est pas le cas.

Les séparatistes ont parlé d'invasion canadienne pour décrire le rassemblement de masse qui a eu lieu à Montréal. Mais comment des Canadiens pourraient-ils envahir le Canada? Tous les Canadiens ont le droit de s'intéresser à ce qui se passe au Canada et la situation actuelle au Québec affecte l'ensemble du Canada. Tous les Canadiens ont voie au chapitre. Si le Québec se sépare, les conséquences pour le reste du Canada seront catastrophiques et nous avons tous le droit de protéger nos intérêts, notre identité, notre avenir, notre nation.

Il n'y a plus d'option fédéraliste au Québec depuis le début des années soixante, s'il y en a jamais eu. À Québec, tous les gouvernements qui se sont succédé - libéraux comme séparatistes - étaient résolument décidés à extirper d'Ottawa un maximum de concessions et d'argents, de même que plus de pouvoirs pour le premier ministre de la province, ce qui signifiait bien sûr moins de pouvoirs pour le Canada.

.1155

Je ne veux pas que la trame canadienne soit déchirée à cause de premiers ministres provinciaux rapaces et de fiers-à-bras séparatistes. Le Canada est une oeuvre en constante évolution et le statu quo n'est pas un juron.

Il serait très périlleux d'embarquer à bord d'un bateau qui ne suivrait plus le même cap constitutionnel pour obliger et apaiser les xénophobes nationalistes québécois. Controns donc la politique de la division et de la capitulation en nous armant d'un programme national d'inclusion.

Un groupe d'hôteliers indépendants de l'Ontario et de la banlieue Ouest de Montréal - représentant des chaînes comme Sheraton, Ramada, Holiday Inn et Best Western - agissant par le truchement de PROMAR Media Group en collaboration avec le député libéral de Vaudreuil, Nick Discepola, a décidé d'agir. L'un des trois volets de notre objectif d'inclusion consiste à offrir à des milliers de jeunes Québécois l'occasion rêvée d'aller découvrir de visu l'autre côté du Canada.

Nous sommes en effet prêts à envoyer de jeunes franco-québécois en voyage culturel dans le Canada anglais pour leur permettre de constater d'eux-mêmes que ce pays majestueux leur appartient tout autant qu'à n'importe qui d'autre. Notre principal objectif consiste à permettre à des jeunes franco-québécois de rencontrer d'autres jeunes Canadiens, afin qu'ils se rendent compte très rapidement qu'ils ne sont pas aussi différents les uns des autres.

Notre jeunesse représente l'avenir d'un Canada uni et il est essentiel que nous lui donnions la possibilité de voir et de ressentir, personnellement, l'authenticité et la splendeur de notre pays.

Les paroles ne coûtant généralement pas grand chose, ce dont je parle n'est pas juste fantaisie. Alors, passons aux choses concrètes: nous sommes disposés à permettre à 5 000 jeunes québécois accompagnés de vivre, de première main, l'expérience canadienne. Ce projet, qui n'est que le premier d'une longue série, est évalué à plus de 250 000 $ et il est entièrement financé par des fonds privés. Pour lancer ce programme, il ne reste plus qu'à régler les aspects logistiques et à organiser les déplacements.

Par ailleurs, nous inviterons les Canadiens, d'un océan à l'autre, à contribuer à ce projet en ouvrant les portes de leurs foyers et de leurs écoles aux jeunes québécois francophones qui auront l'occasion extraordinaire de vivre dans des familles et d'apprécier une culture canadienne différente.

Le deuxième volet de notre objectif touche à l'information. Des agences de publicité, avec tout leur personnel créatif, leurs acheteurs de médias et leurs dirigeants propriétaires, dans le domaine de la production électronique et de la production d'imprimé, ont accepté de lancer une campagne publicitaire dans la presse écrite, à la radio et à la télévision, dans les régions nationalistes du Québec. Cette initiative a pour objet de promouvoir les avantages d'une société multiculturelle et de montrer les bénéfices que nous pouvons tous en retirer. Les messages seront destinés à contrer la vision révisionniste de l'histoire qu'entretiennent les séparatistes et le mythe incroyable selon lequel le Québec doit être un pays séparé pour que les Québécois soient un peuple égal du reste du Canada. Cette initiative aussi est entièrement financée par des fonds privés.

Le troisième volet de notre projet consiste à inciter le gouvernement fédéral à définir clairement ce qu'est le Canada et à habiliter les Canadiennes et les Canadiens à indiquer à leurs dirigeants ce qu'ils estiment que le Canada devrait être, dans le contexte le plus large qui soit.

Veut-on d'une fédération canadienne forte, avec un gouvernement central fort et dix provinces et territoires, comme c'est actuellement le cas, ou veut-on d'un Canada décentralisé au point où nous créerions des régions dirigées par des responsables régionaux chargés de mettre sur pied des gouvernements distincts, le rôle du gouvernement central étant réduit à celui de collecteur d'impôts et d'arbitre entre les responsables régionaux? Laissons au peuple le soin de nous le dire.

Je propose la tenue d'un référendum national dans lequel nous demanderons à l'ensemble des Canadiennes et des Canadiens de définir ce que nous sommes ou ce que nous voulons être. Une position nationale claire donnerait à notre gouvernement fédéral le pouvoir de négocier avec toutes les provinces, en position de force, ou d'entamer le processus de décentralisation du Canada.

Tous ces projets sont dus à une entreprise qui vient d'être formée sous le nom de Quebec Political Action Committee. C'est sous ce nom que notre groupe sollicite des appuis de tout genre du milieu des affaires et des particuliers, partout au Canada.

Le combat que nous menons pour sauver une nation, notre nation, est tout à fait réel et nous y sommes résolument engagés. Seuls un dialogue pacifique et l'esprit de conciliation, et non la rhétorique de politiciens réactionnaires, nous aideront à sauver l'avenir.

Merci de m'avoir invité et merci d'avoir écouté ce que j'avais à dire.

Le président: Merci beaucoup. Vous devez partir, monsieur Loney.

Au fait, je crois que Mme Tremblay a une question à poser à l'un de vous.

.1200

[Français]

Mme Tremblay: Je pense que La Palice n'aurait pas mieux dit que certains de nos invités d'aujourd'hui. Il est hors de tout doute que les voyages forment la jeunesse. Tout le monde s'entend là-dessus. Une groupe de jeunes se rassemble quelque part, que ce soit à Vancouver, à Chicoutimi ou à Tombouctou. Quand on est en gang, on a du fun. On crée des liens, on passe des nuits à rebâtir le monde, on discute, on échange. On retourne ensuite chez soi et on garde toujours de magnifiques souvenirs de ce genre d'événement. Cela, on ne peut le contester.

C'est en se parlant qu'on se comprend. Ce n'est pas en s'insultant ou en se niant, mais en se parlant qu'on se comprend. Quand on se comprend, on se respecte. Tout le monde s'accorde là-dessus.

Voici ce que je vois dans vos témoignages. D'abord, monsieur Discepola, vous amenez un de vos commettants, parce qu'il a un magnifique plan d'affaires qu'il pourrait acheminer à Patrimoine Canada pour essayer de faire du fric, s'il le veut. Monsieur est d'abord intéressé à faire du fric. Cela se sent clairement dans son texte.

Pour ce qui est des échanges, vous savez qu'il existe au Québec un groupe interculturel. Des jeunes du Québec s'en vont au Chili, en Argentine, en Afrique, en Hollande, dans n'importe quel pays du monde, et il y a des jeunes qui viennent de ces pays pour vivre au Québec. Ils y passent un an. L'échange dure un an. Il y en a parmi eux qui sont allés en Russie. Il y a un Russe qui est venu vivre à Rimouski pendant qu'un Rimouskois était en Russie. Il y a des échanges comme ceux-là.

Personnellement, j'ai travaillé pendant 35 ans à la formation des maîtres. Depuis 20 ans, on fournit à l'Ouest canadien des maîtres formés en préscolaire et en primaire pour les classes d'immersion qui ont pris beaucoup d'expansion. On a quelques jeunes qui se sont mariés là-bas et qui y sont restés. Certains ont essayé de revenir au Québec. Comme ils n'ont pas retrouvé leur chemin, ils sont retournés là-bas. Mais la plupart qui reviennent de l'Ouest canadien sont très contents d'y être allés.

Je me demande comment il se fait qu'il n'y ait pas encore une société qui ait pensé, comme du temps du Parti rhinocéros - c'est vrai qu'on a peut-être perdu un peu d'imagination - , à produire une reproduction des montagnes Rocheuses ou des chutes Niagara, ou de je ne sais pas trop quoi qui serait célèbre dans l'est du pays. Il faudrait peut-être trouver quelque chose à Terre-Neuve, car je ne connais pas assez Terre-Neuve pour le savoir. On pourrait distribuer cela à tous les Québécois pour leur apprendre à aimer le Canada. Cela coûterait peut-être moins cher que toutes les propositions que nous avons là.

Quand on va dans l'Ouest, entre autres, on apprend que le Canada est bilingue, mais que le bilinguisme est anglais-chinois. Il y a deux ans, quand je suis partie de l'Ouest canadien et que j'ai traversé les Rocheuses en venant vers l'Est, la première fois que j'ai vu un mot de français, c'était au lac Louise. On avait traduit Open par «Ouvert».

J'approuve ce que je vois dans vos démarches. Vos discours sont très enflammés, très beaux. Je serais capable d'en faire de semblables en me fondant sur des expériences de jeunesse, si je vous les racontais.

Mais ce que je vois dans vos démarches, c'est davantage des occasions d'augmenter vos fonds, parce que vous sentez que le Canada est pris de panique. Vous venez de vous réveiller en vous disant qu'il y a 49,6 p. 100 de Québécois dont 60 p. 100 de francophones qui veulent s'en aller. Bravo!

Tout ce que vous pourrez investir pour nous montrer le Canada sous son vrai jour va nous permettre de mieux nous comprendre entre voisins, mais cela va aussi nous permettre d'augmenter le nombre de votes pour qu'on puisse enfin obtenir 50 p. 100 des voix. Je n'ai absolument rien contre vos programmes d'échanges de jeunesse parce qu'au Québec, les jeunes - ce qui était d'ailleurs très encourageant pour la souveraineté du Québec - , la génération qu'on pensait amorphe, se sont révélés à près de 75 p. 100 favorable au Oui. Chaque tranche de votes qu'on va ajouter... L'an prochain, il y en aura 100 000 ou 75 000 personnes de plus qui seront pour la souveraineté, parce qu'il y a à peu près 100 000 enfants qui naissent chaque année.

Le Forum pour les jeunes Canadiens, Katimavik, etc., tout cela est très intéressant, mais pourquoi, alors que tout cet argent a été dépensé, les Québécois sont-ils toujours souverainistes? Nonobstant ce que dit monsieur, les Québécois ne sont pas du tout xénophobes. Les Québécois voyagent beaucoup, ils sont très ouverts. Il y a beaucoup de touristes qui viennent de tous les pays du monde. Je ne comprends pas comment il se fait que vous pensez que, tout à coup, si on augmente les budgets de voyage, les Québécois seront plus fédéralistes.

.1205

Les Québécois vont apprendre à aimer le Canada le jour où le Canada va respecter les Québécois, le jour où il saura que les Québécois existent et ne fera pas comme monsieur qui nie l'existence des Québécois et nous traite de xénophobes. Ce n'est pas en nous insultant qu'on va se comprendre. C'est en se parlant et en essayant de voir qu'on existe, les uns à côté des autres. Il vient d'utiliser sa langue et je l'ai compris. Il n'y a pas de problème, mais il faut comprendre quels sont les sentiments qui nous animent.

Cela fait 30 ans qu'on vous dit ce qu'on veut au Québec. Vous nous le refusez tout le temps. Comment pensez-vous que les voyages formeront la jeunesse? Eh bien, à la souveraineté!

[Traduction]

Le président: Merci, madame Tremblay. Mais je pense que si vous voulez qu'on arrive à se comprendre, il faut instaurer un véritable dialogue.

[Français]

Mme Tremblay: Oui, mais ils ont parlé beaucoup plus longtemps que moi.

[Traduction]

Le président: Nous allons devoir passer aux autres témoins, mais M. Elliott voulait d'abord dire quelque chose.

M. Elliott: Nous n'estimons pas que Katimavik est simplement un programme destiné à faire voyager les jeunes. Il s'agit d'une expérience d'apprentissage. C'est un programme éducatif d'une durée de neuf mois devant permettre aux jeunes de communiquer entre eux, de discuter, de critiquer le point de vue des autres, mais aussi d'apprendre à l'accepter.

Ce qui est intéressant au sujet de Katimavik c'est que le programme permet non seulement aux jeunes Québécois de visiter et d'apprécier d'autres parties du Canada, mais qu'il permet aussi aux Canadiennes et aux Canadiens des autres provinces de voir et d'apprécier des parties du Québec. Le programme favorise la tolérance et l'acceptation mutuelle.

Par exemple, quand j'étais jeune, je ne pouvais absolument pas comprendre la notion de souveraineté ou de séparatisme. Pour moi, ce n'était pas logique. À présent, je la comprends. J'ai peut-être un point de vue différent - ce qui est très bien - , mais je peux en débattre. Maintenant, j'ai la capacité de comprendre.

C'est grâce à ce genre d'apprentissage, à la formation continue et à la capacité qu'on donne aux jeunes, pas seulement de voyager, mais d'analyser, de penser de façon critique, d'analyser une situation et de s'y attaquer... Voilà le genre d'occasion d'apprentissage qu'offre Katimavik et c'est le genre d'expérience que nous voulons promouvoir.

Le président: Monsieur Peric, avez-vous une question à poser?

M. Peric (Cambridge): Je n'ai pas de question, je veux simplement dire mon avis à propos de la remarque de Mme Tremblay.

Madame Tremblay, si nous ne nous connaissons pas et si nous n'avons pas envie d'apprendre les uns des autres alors il est évident que nous ferons face à des temps difficiles.

Comme le Canada est un immense pays, je crois que nous avons là un exemple parfait de la façon dont les Canadiens peuvent en venir à se connaître les uns les autres, à échanger sur leur culture et même à connaître les mentalités des différentes parties du Canada.

Je ne crois pas, madame Tremblay, que c'est en reconnaissant ainsi les francophones du Canada que les arbres en Colombie-Britannique se mettront à pousser différemment ou que le St-Laurent se mettra à couler dans l'autre sens... Absolument pas!

Je crois, et je suis peut-être très optimiste, qu'il nous suffit d'ouvrir nos coeurs et de collaborer ensemble pour parvenir à bâtir un Canada meilleur et plus fort.

Il vous suffit d'ouvrir votre coeur; alors, faisons-le!

Le président: Merci, monsieur Peric. Essayons d'éviter de débattre entre nous lors de cette réunion, car mieux vaux essayer de faire parler nos témoins.

Claire Baxter voulait dire quelque chose.

Mme Baxter: Même si je ne peux parler spécifiquement que du Forum pour jeunes Canadiens de Katimavik, je tiens à préciser qu'un grand nombre de ces programmes ne sont absolument pas sectaires. Ce qu'il y a de bien avec notre programme, c'est que l'objectif n'est pas d'étudier un sectarisme en particulier. Il est question de tout prendre en compte, de savoir comment le gouvernement fonctionne.

En fait, j'ai eu la chance d'en apprendre plus au sujet du Bloc. L'année dernière, M. Bouchard a consacré pas mal de temps à rencontrer nos étudiants. En fait, il les a vus une bonne heure, ce qui est beaucoup pour lui, pour leur expliquer...

.1210

Ce fut une après-midi très intéressante et nous avons été très heureux de cette rencontre. Je sais que les députés du Bloc ont été les premiers, lors des dîners avec les députés, à venir me voir pour me demander qui était le directeur du programme et me dire qu'ils aimeraient beaucoup pouvoir parler du rôle des députés et qu'ils étaient tout à fait disposer à collaborer avec n'importe qui pour apporter leur aide. C'était très bien. Ainsi, nous avons pu en apprendre plus sur le Bloc, ce qui est parfait, puisque tout le monde n'a pas la même opinion.

Je ne vous parlerai pas de sectarisme, parce qu'il n'en est pas question dans le programme; il y est question d'expérience d'apprentissage, d'apprendre comment fonctionne le gouvernement et comment fonctionnent les partis comme le Bloc. C'est cela le Forum.

Quant à Katimavik, le programme va bien au-delà... C'est un sous-produit. Les déplacements, les amitiés qui se nouent... et pour la vie; tout cela est très profond. Mais Katimavik va au-delà. Katimavik, ce sont les compétences que l'on apprend parce qu'on peut très honnêtement, par la suite, dire que l'on fait ceci ou cela aujourd'hui grâce à l'expérience acquise dans le cadre de Katimavik.

Je crois que la confiance qu'on acquiert, tant en communication qu'en gestion des ressources humaines, etc... Les voyages, finalement, ce ne sont qu'un sous-produit; l'amitié aussi, et Dieu sait à quel point je tiens à ces amitiés.

Je vais vous citer un rapide exemple, celui d'Étienne Camirand que nous avons accueilli l'année dernière. Ce résident de Québec est un des types les plus sympathiques que vous pouvez rencontrer. En fait, il nous avait été recommandé par un député, parce que nous étions en quête d'étudiants. Nous essayions de recruter plus de participants. Nous avions décidé d'ouvrir un autre canal de communication, celui des députés, par le biais de lettres et autres et c'est ainsi que nous est arrivé Étienne Camirand.

Étienne est un type fantastique. Il a voyagé et vécu avec son camarade, et visité... Ils sont une bonne dizaine à avoir rendu visite à des camarades du Forum de l'été dernier. Ils m'ont envoyé des photos, j'ai reçu toutes sortes de lettres et il y en a qui m'ont appelé au téléphone.

Étienne habite avec Brian Martin, de Toronto, qui ne parle pas beaucoup français et qui n'avait jamais vraiment songé à aller passer un peu de temps au Québec, parce qu'il ne savait tout simplement pas encore ce que c'était. Étienne, lui non plus, n'avait jamais imaginé qu'il resterait à Toronto. Et ces deux là se sont mutuellement rendus visite et ont passé du temps dans la famille de l'un et de l'autre.

Étienne voulait devenir un de nos adjoints au personnel, au Forum. Il est en effet possible, quand on a terminé le Forum, de venir donner un coup de main en qualité d'adjoint au personnel. Il mourrait d'envie de promouvoir le Forum auprès des étudiants de la région où il vit, au Québec. Il a toutes les brochures et il rend visite aux gens pour nous.

Malheureusement - je dis malheureusement parce que nous aurions beaucoup aimé l'avoir cette année alors qu'il ne viendra que l'année prochaine - il s'est rendu compte que sa collaboration au camp du Oui dans le cadre de la campagne référendaire allait le mobiliser beaucoup trop, intellectuellement et émotivement. Se rendant compte aussi qu'il allait perdre beaucoup trop de temps dans ses études, il a estimé qu'il ne pouvait pas venir cette année.

Tout cela pour dire qu'on décide de participer à ce genre de programme ou à n'importe quel autre programme pour apprendre exactement ce dont il en retourne. Il n'est pas question de sectarisme. Quand Étienne est rentré chez lui à la fin du Forum, il était encore très fier d'être Québécois... Mais nous avons tous des opinions différentes. Il est retourné chez lui pour participer à la campagne pour le Oui, mais il voulait revenir au Forum, à un titre différent, pour aider les autres à participer au programme.

Voilà, je pense, ce que nous voulons dire: un tel programme porte sur un ensemble de choses, et pas uniquement les voyages.

Le président: Merci.

Monsieur Galganov, vous essayez de mobiliser ou vous avez déjà mobilisé des entreprises privées dans le cadre de votre projet. Estimez-vous que nous devrions beaucoup plus faire appel aux entreprises privées dans ce genre de projets destinés à contribuer à l'unité nationale, que nous ne pouvons pas tout confier aux soins du gouvernement, parce que le gouvernement ne peut pas tout faire?

M. Galganov: Nous avons tous tellement à perdre, particuliers et entreprises. Le milieu des affaires a beaucoup à perdre de la fracture du Canada.

Je tiens cependant à adresser une remarque à Mme Tremblay. Je ne suis pas venu ici pour débattre avec vous. Mais l'impression que vous donnez, à savoir que nous réalisons un bénéfice sur ce projet, est pour le moins inexacte.

Tout ce projet est entièrement altruiste. Il a été entièrement financé par des particuliers qui ont sorti l'argent de leurs poches. Personne ici ne réalise de profit.

Nick Discepola nous a bien précisé qu'il ne s'agissait pas d'un projet gouvernemental. Nous n'avons pas demandé un seul sou au gouvernement. Nous n'en voulons pas. Le gouvernement peut participer à ce projet s'il le désire. Cependant, cette initiative est strictement populaire. Elle est strictement le fait de Canada Inc., de gens qui ont un droit acquis.

Nous avons déjà réservé 250 000 $ pour les frais d'hôtel. Dans 30 jours, cette somme représentera plus de 5 millions de dollars. Dans 6 mois - au début du printemps ou à la fin de l'été - nous pourrons montrer à quelque 30 000 à 50 000 jeunes franco-québécois l'autre côté du Canada, un côté que leur cache leurs politiciens et la plupart de leurs enseignants, et qu'ils ne voient pas à cause de la rhétorique dont ils sont victimes à la télévision et dans les quotidiens locaux.

Le projet de commercialisation...

[Français]

Mme Tremblay: Ce sont des accusations très graves. C'est tout à fait faux, et vous le savez très bien. Ce sont des accusations très graves que vous venez de faire relativement au système d'éducation du Québec, au système de télévision publique et privée au Québec, aux radios, aux enseignants. Ce sont des accusations très, très graves.

[Traduction]

Le président: Je ne vais pas laisser se poursuivre ce débat. Je vous donne le mot de la fin et après quoi ce sera terminé.

.1215

M. Galganov: Je n'essaie pas d'intimider qui que ce soit. Je réside au Québec, je vis parmi la population canadienne française, je réside dans une collectivité francophone.

J'ai dû emmener les enfants de mes voisins à Ottawa pour qu'ils puissent voir la capitale pour la première fois. Nous résidons à une heure et demi de cette ville et pourtant ils ne l'ont jamais vue, ils n'ont jamais eu l'occasion de voir ce que le Canada représente vraiment; pourtant, quand ils viennent ici, les jeunes n'en croient pas leurs yeux. Heureusement que vous, vous avez cette possibilité.

Nous voulons donner la même possibilité à tout le monde et il est possible alors que les gens verront le Canada avec un regard différent, un regard qui ne sera pas filtré comme c'est le cas depuis 30 ans...

[Français]

Mme Tremblay: Retirez vos accusations, monsieur. C'est faux, ce que vous dites. Les enfants des écoles du Québec viennent à Ottawa. Vous n'avez qu'à être ici en mai et en juin et vous allez voir plein de francophones qui viennent ici visiter le Parlement. Des écoles entières! Je vous demande de mettre fin à vos accusations.

[Traduction]

Monsieur le président: Nous en avons suffisamment entendu à ce sujet. Mme Gaffney voulait dire quelque chose. Nous laisserons ensuite partir ces témoins pour entendre les deux derniers.

Mme Gaffney (Nepean): Je tiens à vous remercier d'être venu ici. Votre exposé m'a beaucoup impressionnée.

Monsieur Galganov, vous parlez de sortir les jeunes du Québec et de leur montrer le reste du Canada, et vous nous avez aussi parlé des incroyables contre-vérités véhiculées partout au Québec par des gens qui pratiquent le révisionnisme historique. Je suis d'accord avec ces deux choses là.

Mais vous voulez aussi promouvoir les avantages d'une société multiculturelle. Nous avons beaucoup entendu parler de la politique multiculturelle du Canada. Mais est-elle bonne ou crée-t-elle des problèmes?

Vous savez, nous sommes soudainement devenus une société très égoïste, une société du «moi, moi, moi». D'ailleurs, je vous félicite d'être aussi altruiste dans ce que vous voulez faire pour votre province.

Le Québec est très, très divisé. Si la cause des séparatistes devait l'emporter, ceux-ci se retrouveraient avec un Québec qui ne correspondrait plus à une province, mais à plusieurs toutes petites provinces à l'intérieur du territoire québécois, et ce serait un Québec très, très divisé.

Je perçois donc, au sein même du Québec, un problème encore plus important que celui qui existe à l'extérieur de cette province. Je ne vois pas comment celui-ci pourra être résolu.

J'aimerais que vous me parliez du multiculturalisme, de ce que nous avons fait. Est-il temps de revoir notre politique multiculturelle?

M. Galganov: J'estime qu'il est temps de redonner un certain élan à la politique multiculturelle du Canada. Notre pays est tellement différent des autres, surtout de notre voisin du Sud. Nous célébrons nos différences et c'est grâce à ces différences que nous trouvons plus facile et plus agréable de vivre ensemble.

Quand on parle du Québec, il faut bien sûr regarder toutes les régions qui le composent. Montréal n'a rien à voir avec la région du Lac Saint-Jean, par exemple. Montréal est une ville multiculturelle, une ville dont tous les résidents célèbrent leurs similitudes et leurs différences. C'est une ville où les partisans du Oui peuvent s'asseoir avec les partisans du Non et avoir avec eux un débat sans doute beaucoup plus idéologique que ne l'aurait des personnes résidant dans des régions qui ne présentent pas les mêmes différences culturelles.

J'estime qu'il incombe au Canada de commencer à exalter les vertus de nos différences.

Le président: Merci.

Nous commençons à vraiment manquer de temps. Je ne sais si vous serez d'accord, mais personnellement, je préfère le mot «diversité» à «différences».

Monsieur Discepola, je vais vous accorder simplement quelques secondes pour terminer.

M. Discepola: Merci, monsieur le président.

Je vais reprendre les mots de Mme Tremblay qui, dans ses premières remarques a déclaré:

[Français]

en se parlant, on se comprend et quand on se comprend, on apprend à se respecter.

[Traduction]

Eh bien c'est tout à fait le programme que M. Galganov essaie de mettre sur pied. C'est ce que nous essayons de proposer, sur mon initiative et avec sa collaboration. Nous essayons de faire en sorte que les Canadiens et les Québécois se comprennent et se respectent mieux les uns les autres. Nous n'essayons pas de leur laver le cerveau. Nous n'essayons pas de les convertir au fédéralisme, pour les uns, ou au séparatiste, pour les autres. Notre objectif principal est de favoriser la compréhension mutuelle.

Le président: Merci beaucoup.

Nous allons à présent inviter nos deux derniers témoins, Yvon Valcin et Calvin Preddie - qui ne comparaîtront pas ensemble - à s'avancer. Ils vont nous présenter des idées différentes.

Je pense que je vais commencer par donner la parole à M. Valcin.

.1220

Monsieur Valcin, pouvez-vous nous résumer votre projet en cinq minutes environ, après quoi nous donnerons la parole à M. Preddie et vous poserons des questions.

[Français]

M. Yvon Valcin (témoigne à titre personnel): Monsieur le président et honorables membres de ce comité, ce que je vous présente ce matin représente pratiquement trois années de recherche. Je dirais trois années de nuits sans sommeil, de frustrations et parfois de succès dans la promotion d'une idée toute simple qui consiste à déclarer et proclamer Ottawa-Hull capitale binationale du Canada, ce qui ferait de cette nouvelle capitale un outil de promotion permanent pour l'unité nationale.

[Traduction]

En ce sens, l'idée que je propose revient en fait à faire de la capitale un instrument de promotion de l'unité nationale, qui permettra d'étayer l'identité canadienne par la désignation officielle d'Ottawa-Hull - j'insiste sur le mot officielle - de capitale bi-urbaine et bi-nationale du Canada incluant, dès lors, le Québec et le Canada français dans le symbole même que représentera cette institution fédérale très importante.

Je pense en fait que ce sera une bonne façon, une façon très simple, très concrète, efficace et peu coûteuse d'accorder au Québec une certaine forme de reconnaissance de société distincte et, en ce sens, mon principe s'inscrit dans le sillage de la résolution présentée par le Premier ministre et adoptée par le Parlement, hier soir.

Ma proposition constitue également l'occasion idéale, pour le Canada anglais, de crier plus ou moins bruyamment, comme lors du dernier rassemblement à Montréal: «Nous t'aimons, Québec - restons ensemble pour toujours!» ou «Mon Canada inclut le Québec, et je ne vois pas pourquoi la capitale de mon Canada n'inclurait pas Hull».

J'aimerais à présent passer brièvement en revue les principaux éléments de ma proposition de création d'une capitale bi-nationale en insistant plus particulièrement sur deux aspects.

[Français]

Premièrement, l'aspect le plus significatif de ce concept serait de faire du premier ministre du Canada - je parle de la fonction et non pas de la personne, que ce premier ministre soit M. Chrétien ou n'importe quel autre - le maire de facto d'Ottawa-Hull. Ce serait une façon d'incarner la plus haute fonction politique de ce pays dans cette nouvelle capitale et de concrètement associer cette plus haute fonction politique du pays à la binationalité du Canada.

[Traduction]

En parfaite conformité avec la réalité géophysique, géopolitique, géoéconomique et socio-humaine incontournable de la région de la capitale, nanti intrinsèquement de toute la souplesse nécessaire et, partant, adaptable à tout contexte de relations entre le Québec et le reste du Canada, ce nouveau concept est inattaquable à tous égards, même et surtout dans l'éventualité de la souveraineté du Québec, à moins de vouloir bosniser la région de la capitale et le Canada dans son ensemble.

Monsieur le président, je dois insister sur le fait que la séparation du Québec n'est pas l'option que je préfère, mais je ne peux totalement l'écarter après le référendum du 30 octobre dernier qui restera à jamais gravé dans nos mémoires.

.1225

En cas de séparation du Québec, j'estime qu'Ottawa-Hull pourrait devenir une zone tampon entre les deux nouveaux pays. Ce n'est pas ce que je préfère, mais encore une fois, nous devons envisager cette solution parce que je suis convaincu que le Canada connaîtra un autre référendum.

[Français]

Je voudrais terminer en vous invitant à partager ce que j'ai appelé un toast à la nouvelle capitale binationale du Canada. Je l'ai pensé d'abord en anglais. Ce serait cette version anglaise qui serait la version officielle.

[Traduction]

Je vais donc vous le réciter:

Si devant Beaudoin-Dobbie

j'avais pu comparaître, pour insuffler une âme au Canada à naître,

pour donner sans détour une franche opinion,

et promouvoir entre anglos-francos une meilleure union,

affichant, comme atout, un tout nouvel agenda,

susceptible de rejoindre le vrai sens du Canada,

sans dou-bi-dou-dou-bi sur aucun thème éculé,

voici, clair comme du cristal, ce que j'aurais présenté à l'épicentre de toute ma proposition:

Ottawa-Hull désormais capitale de la nation!

Attention! pas question d'une nordique «Washington, Di, Ci»,

mais simplement de prendre acte d'une pure évidence ici.

L'unité canadienne par cette idée pourrait être renforcée sans pour autant que les deux villes y perdent leur personnalité.

Une capitale bi-nationale pour un État biculturel!

Surprenant que cela n'ait pas encore semblé tout naturel.

Au Canada où la culture exprime loyauté et respect,

la capitale doit refléter également le fait français.

Chacun devrait entrer dans cette capitale danse ou encore s'en retirer sans plus d'inélégance,

sabotant ainsi ouvertement, rude mais pure vérité,

toute possibilité d'union à laquelle participer,

tout en refusant obstinément d'accepter la Confédération comme une entente forgée entre deux - j'insiste sur le deux - pas une seule nation...

Merci de votre attention, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.

Le président: Merci, monsieur. Nous allons à présent laisser la parole à M. Preddie.

Monsieur Preddie, je pense que vous avez plus d'une idée à nous présenter.

M. Calvin Preddie (témoigne à titre personnel): Il y en fait deux choses sur lesquelles je travaille. La première est un t-shirt sur l'unité canadienne que nous allons vous montrer tout de suite.

J'estime que la notion de Canada va bien au-delà de l'idée d'un Québec-Canada. L'unité du Canada ne dépend pas entièrement de la décision des Québécois, exprimée à l'occasion d'un vote, de demeurer au sein du Canada. Si nous voulons d'un pays uni, il y a bien d'autres aspects auxquels nous devrons nous intéresser.

Mon projet permet de rester chez soi et de prêcher tout de même en faveur du reste du Canada ou encore de promouvoir l'unité nationale quand on visite différentes parties du Canada, à condition qu'on porte ce t-shirt de l'unité.

Les motifs particuliers imprimés sur le devant du t-shirt illustrent les patrimoines français, anglais et autochtones. Il décrit en fait toute notre nation. Il s'agit de trois cercles: un qui représente le patrimoine français, un qui représente le patrimoine anglais et un le patrimoine autochtone. Le texte apparaît dans trois langues: une langue autochtone, le français et l'anglais.

Si nous voulons devenir un Canada uni, nous devons d'abord en savoir un peu plus sur le Canada. Nous pourrions commencer par les symboles héraldiques. C'est ce qui explique tous ces symboles héraldiques pour lesquels j'ai reçu l'autorisation du gouvernement fédéral et de toutes les provinces, notamment du Québec. C'est un des résultats de mes efforts.

L'autre élément de mon idée consiste à utiliser une chanson sur le thème de l'unité nationale, une chanson que nous aimerions beaucoup vous faire entendre. Une chose, toutefois, je vous demande d'excuser le français au début, parce que ce sont des anglophones qui l'ont enregistrée. Nous avons estimé qu'il n'était pas possible d'avoir une chanson vantant l'unité canadienne sans inclure les francophones.

.1230

Je tiens à dire que le Canada est beaucoup plus que le Québec et ce soi-disant reste du Canada mythique qui n'existe pas. Pour moi, il n'y a qu'un Canada, dont le Québec fait partie.

Nous devrions parler de la synergie entre le Québec et le Canada. Nous sommes beaucoup plus que la somme de toutes nos parties et je crois que c'est cela que nous devrions proposer au Québec.

Peut-être pouvez-vous nous faire écouter la chanson maintenant et s'il me reste quelques minutes de plus avec les questions, je pourrai poursuivre.

[Présentation audio]

M. Preddie: Je regrette que nous n'ayons pas assez de temps pour vous faire profiter de toute la présentation que j'avais préparée, parce que je tenais à vous souligner que quand on parle d'unité nationale, il n'est pas question de régir des attributs comme l'amour, la tolérance et l'acceptation mutuelle. Ces aspects échappent au pouvoir du gouvernement. Ce sont des éléments qui sont l'expression du coeur et de l'esprit. Le fait que nous soyons ici aujourd'hui me donne à penser que le gouvernement reconnaît cet état de fait et je suis très heureux de faire partie de cette réflexion.

Il y a des choses que le gouvernement peut faire pour instaurer un climat favorable à l'unité nationale et j'aurai peut-être l'occasion, à un moment donné, de vous en parler.

.1235

Le président: Je vous remercie d'être venu.

J'ai assisté à notre Fête nationale, ici à Ottawa, le 1er juillet et j'y ai entendu des chanteurs et une musique qui portent à l'enthousiasme. Quand on entend cela, on est vraiment fier d'être Canadien et j'ai souvent pensé que l'on devrait trouver une façon de saisir ce moment, cette occasion, pour le partager avec d'autres Canadiennes et Canadiens, dans le cadre d'autres événements, que ce soit dans un club communautaire, dans une patinoire ou dans un sous-sol d'église. On ressent un sentiment profond envers son pays quand on entonne en coeur certaines de ces chansons patriotiques.

M. Preddie: Je dispose d'exemplaires de la version anglaise de mon exposé que j'avais l'intention de donner. Je serais heureux de vous en remettre. Comme je n'ai terminé mon exposé que lundi, je n'ai pas de traduction française. Je serais, cependant, heureux de vous remettre la version anglaise de la présentation que j'aurais espéré vous donner aujourd'hui.

Le président: Merci.

Quelqu'un a-t-il des questions à poser? Sinon, je vais donner la parole à Mme Tremblay.

[Français]

Mme Tremblay: J'ai beaucoup aimé la musique que vous nous avez fait entendre. Elle était de bonne qualité. J'ai vu que vous aviez beaucoup réfléchi à la Constitution canadienne. Selon vous, est-il si impossible d'accorder au Québec ce qu'il réclame depuis 30 ans pour qu'on ait la paix plutôt que de se retrouver dans le marasme où on se trouve?

Il y a eu plusieurs occasions où le Canada aurait pu bouger pour répondre aux aspirations du Québec. Pourquoi pensez-vous que cela n'a pas marché et pourquoi pensez-vous maintenant que si cela n'a pas marché avec des négociations, cela pourrait marcher avec un t-shirt et une chanson? On a de la difficulté à concilier cela.

[Traduction]

M. Preddie: Comme je le disais, il y a des aspects comme l'amour, la compréhension, la paix et l'unité qui vont au-delà de la politique. Vous me demandez ce que je pensais de la situation du Québec et bien, très honnêtement, je ne crois pas que le Québec sera différent ou distinct parce que le gouvernement l'aura décrété. Le Québec est...

Mme Tremblay: Il l'est déjà.

M. Preddie: ...distinct ou il ne l'est pas. Je doute qu'il se trouve un seul Canadien quelque part qui ignore que le Québec est différent, qu'il est distinct d'une certaine façon.

Je ne pense pas que ce soit cela le problème. Nous devrions nous attaquer au vrai problème qui est celui de savoir le genre d'avantages que l'on devrait consentir au Québec à cause de cette différence ou de ce caractère distinct.

Quand vous parlez des occasions multiples qu'il aurait eu de régler ce problème dans le passé et du fait que cela n'a pas marché, je songe à... Les Québécois se sont plaints que M. Chrétien etM. Trudeau ont, en quelque sorte, trompé M. Lévesque... Mais si vous analysez l'histoire, vous découvrirez ce qui s'est vraiment produit et comment le Québec en est venu à perdre son veto.

C'est la question posée par la province à la Cour suprême du Canada qui lui a fait perdre son veto. Lisez la décision de la Cour suprême et vous constaterez qu'elle a tout particulièrement tenu compte de la question posée par le Québec et qu'elle a estimé qu'on y suggérait que l'unanimité n'était pas nécessaire.

Donc, quand la Constitution a été rapatriée, sans l'assentiment des élus provinciaux du Québec - parce que les élus fédéraux de cette province, eux, étaient d'accord - le Québec avait déjà perdu son droit de veto et c'est ce qui a tout changé dans les relations entre le Canada et le Québec.

Le Québec a besoin de certaines choses et je suis sûr que nous pouvons parvenir à certains compromis. Mais les temps ont changé. Il fut une époque, il y a 50 ou 60 ans, où j'aurais été absolument d'accord avec les arguments invoqués par le Québec; nous aurions effectivement dû aller dans ce sens. Mais le monde a changé et l'on constate qu'il y a à présent une plus grande convivialité entre les gens.

Je n'irai pas jusqu'à dire que le Québec a tort de réclamer une certaine forme de souveraineté-association. Mais c'est peut-être la même chose pour toutes les provinces. Ce qui me gêne, ce sont les raisons invoquées. J'estime qu'il faudrait envisager la souveraineté-association pour avoir un meilleur gouvernement, pour améliorer la qualité de vie des gens, et non pour de simples motifs linguistiques et culturels.

Le président: Monsieur Preddie, l'histoire est toujours intéressante, surtout celle du Canada. Mais je pense qu'avec ce genre de débat, nous dérogeons un peu à notre mandat.

Nous cherchons des façons concrètes de glorifier le Canada et d'en apprendre plus les uns des autres. Loin de moi l'idée de dénigrer vos propos, parce qu'ils ont tout à fait leur place dans le vaste débat que nous avons dans ce pays. Mais, pour l'instant, nous essayons de trouver des moyens concrets d'agir.

Madame Gaffney, après quoi nous conclurons.

.1240

Mme Gaffney: Je veux revenir à l'idée de M. Valcin, qui est de transformer Ottawa-Hull en capitale nationale. C'est là une idée dont on discute depuis un bon nombre d'années et vous savez sans doute que l'ex-président de la région d'Ottawa-Carleton, Andy Haydon, y croyait fermement.

Nous incluons déjà Hull dans ce que nous appelons la région de la capitale nationale. Nous comptons déjà Hull parmi nos nombreux centres d'attraction commerciaux - les milieux d'affaires des deux côtés de la rivière collaborent déjà entre eux. Donc, Hull, fait déjà partie de la notre capitale nationale, même si ce n'est pas de façon officielle. Nous incluons cette ville et cette ville nous inclut déjà.

Mais vous ne voulez pas que ce soit la même chose que le district de Washington...

M. Valcin: Tout à fait.

Mme Gaffney: ...qu'il ne faudrait pas que ce soit...

M. Valcin: Un district fédéral.

Mme Gaffney: Et pourtant, vous voudriez que le Premier ministre en soit également le maire.

M. Valcin: Oui.

Mme Gaffney: J'ai de la difficulté à comprendre cela. Par exemple, je sais qu'il y a un maire à Washington.

M. Valcin: Oui.

Mme Gaffney: Je ne comprends pas comment le Premier ministre pourrait assumer ce rôle.

M. Valcin: D'abord, je ne veux pas qu'Ottawa-Hull soit un district fédéral comme Washington, DC.

En fait, les deux villes conserveront leur propre personnalité et leur propre conseil municipal. Il est entendu que Hull sera la composante française de la capitale nationale et qu'Ottawa en sera la composante anglaise. Il s'agit simplement d'indiquer ainsi aux Québécois, sans ambages, que nous aimons le Québec au point où nous voudrions qu'une de ses villes deviennent un élément très symbolique, représentant tout le Canada français, de cette nouvelle capitale. Le Premier ministre, qui remplit la fonction politique la plus élevée dans ce pays... Je pense qu'il serait bon que cette fonction politique soit étroitement associée à celle du maire de Hull.

Encore une fois, si l'on accepte la notion de binationalité du Canada, je ne peux imaginer que ce pays soit une nation unitaire. C'est pour cette raison que je ne vois aucune contradiction dans le fait d'inviter le Premier ministre à devenir, de facto, maire d'Ottawa-Hull, mais je ne veux pas qu'Ottawa-Hull soit un district fédéral parce que cela supposerait des transferts de terrain ou des cessions de territoire du Québec et de l'Ontario au gouvernement fédéral. Il faudrait alors envisager de modifier les frontières de l'Ontario et du Québec, ce qui signifierait une nouvelle intervention constitutionnelle, marécage dans lequel, je crois, les Canadiens ne veulent pas s'enfoncer.

Le président: Merci beaucoup. Je pense que nous n'avons plus de temps.

Merci, monsieur Preddie. Merci à vous, monsieur Valcin.

Je tiens à rappeler, surtout à nos téléspectateurs qu'ils peuvent nous faire parvenir leurs idées sur la façon de contribuer à l'unité nationale, par télécopie ou par lettre, au greffier du Comité permanent du patrimoine canadien. Envoyez vos lettres au Comité permanent du patrimoine canadien, Chambre des communes, ici à Ottawa. Le code postal est K1A 0A6.

Merci à tous nos témoins. La séance est levée. Merci.

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