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OPINION DISSIDENTE SUR LE RENOUVELLEMENT DE LA FONCTION PUBLIQUE ET L'INCOMPÉTENCE LIBÉRALE


Présentée par le Bloc Québécois

avril 1997

Le renouvellement de la fonction publique est un sujet qui préoccupe le gouvernement fédéral depuis fort longtemps. Un peu comme une tempête qui s'annonce. On en parle, on en parle. On l'entend venir au loin. On la voit s'approcher mais on ne fait absolument rien pour se préparer à y faire face.

Le rapport de la majorité libérale du Comité permanent des opérations gouvernementales ne fait pas exception à cette règle. L'analyse est exhaustive et exacte. Les données sont déconcertantes. Il ne manque que la volonté politique de changer les choses et d'aller de l'avant. Les quelques mesures mises de l'avant semblent bien petites face à l'immensité du problème.

Le rapport de la majorité libérale souligne judicieusement le besoin de renouvellement dans la fonction publique, notamment lorsqu'il constate que: (1) 70 p. cent de tous les cadres de la fonction publique seront admissibles à la retraite au cours des huit prochaines années; (2) seulement 1 p. cent des effectifs avaient moins de 25 ans en 1996, comparativement à 15 p. cent en 1976. Les libéraux auraient pu poursuivre dans la même veine et rappeler que pendant que leur gouvernement à durement sabré dans la fonction publique au cours des trois dernières années et demie, il n'a pas eu la compétence de se soucier de la transmission des connaissances et de la conservation de la mémoire collective au sein des ministères. Ce triste constat n'est, en grande partie, que le résultat des mauvaises décisions stratégiques des libéraux au cours de leur mandat, qui heureusement s'achève.

Quant à la question de la sous-représentation des jeunes au sein de la fonction publique, on note là encore l'incompétence et le manque de vision des différents gouvernements fédéraux qui se sont succédé, du premier gouvernement de Pierre Elliott Trudeau à celui de Jean Chrétien. Les jeunes fonctionnaires sont à peu près absents aujourd'hui du système fédéral. Les libéraux sentent, à quelques heures du déclenchement des élections générales, un soudain besoin d'agir.

Les jeunes de l'Outaouais en ont sans aucun doute payé les frais des trois années et demie d'indifférence libérale et ils ont maintenant de la difficulté à croire ce même gouvernement qui s'intéresse soudainement à eux. À l'arrivée au pouvoir des libéraux, en octobre 1993, le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans se situait à 20,6 p. cent dans l'Outaouais. En mars 1997, ce taux a grimpé à 21,6 p. cent. Pour toute la région d'Ottawa-Hull, le taux de chômage des jeunes est passé de 15,1 à 16,2 p. cent pendant le mandat libéral. Ce sont ces jeunes sans emploi qui aujourd'hui paient pour l'incurie libérale. Est-il utile de rappeler que ces mêmes libéraux ont été élu avec comme slogan JOBS! JOBS! JOBS! Opportunisme et cynisme semblent le mieux décrire ce réveil in extrémis des libéraux face au problème criant d'iniquité envers les jeunes, eux qui n'ont rien fait pour leur venir en aide au cours de leur mandat.

Les coupures

Le rapport libéral tient à excuser le traitement réservé aux jeunes par les coupures difficiles qu'a dû effectuer le gouvernement fédéral. « Le gouvernement estime que, d'ici 1998-1999, l'Examen des programmes aura eu pour effet de réduire les dépenses de programme et la taille de l'administration fédérale de 22 p. cent. On estime par ailleurs que, à compter de 1999, le gouvernement économisera plus de 3 milliards de dollars par année en frais salariaux. » Ce que le rapport libéral a oublié de mentionner c'est que les transferts aux provinces auront été amputés, pendant la même période, de plus de 7 milliards $ annuellement et que cela représente un manque à gagner de 37 p. cent pour les provinces. Les gouvernements provinciaux doivent ainsi opérer actuellement avec des coupures beaucoup plus draconiennes dans des domaines aussi essentiels et importants que la santé, l'aide sociale et l'éducation. Avant de nous faire verser des larmes sur le sort du fédéral, qu'on ait au moins la décence de regarder ce que le fédéral a fait subir aux provinces.

Le Bloc Québécois a donc tenu à émettre une opinion dissidente afin de mettre en lumière le triste sort réservé aux jeunes et aux provinces par ce gouvernement eu égard au renouvellement de la fonction publique fédérale.


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