[Enregistrement électronique]
Le jeudi 9 mai 1996
[Français]
Le président: Je déclare la séance ouverte. Nous avons deux heures pour faire notre travail. Nous allons consacrer une heure à la Société du Musée canadien des civilisations et une heure au Musée canadien de la nature. Si vous pouvez vous limiter à 20 minutes
[Traduction]
pour vos déclarations liminaires afin de laisser du temps pour les questions des membres du comité, si possible.
Je voudrais vous présenter nos invités: Mme Adrienne Clarkson, présidente du conseil d'administration, qui n'a pas besoin de plus ample présentation étant donné que tous les Canadiens la connaissent très bien; M. George MacDonald, président-directeur général et directeur exécutif du Musée des civilisations; M. Joe Geurts, directeur administratif et vice-président principal;Mme Sylvie Morel, directrice générale des Expositions et des programmes; et Mr. Victor Suthren, directeur général du Musée canadien de la guerre.
Mme Clarkson, la parole est à vous.
[Français]
Mme Adrienne Clarkson (présidente du conseil d'administration de la Société du Musée canadien des civilisations): Merci beaucoup, monsieur le président. Nous vous remercions, au nom de la Société du Musée canadien des civilisations, de nous donner la possibilité de vous faire part de nos réalisations à votre comité.
Je suis accompagnée de certains membres de notre conseil qui habitent ici dans la région de la capitale nationale, dont M. Pierre Dufour. Nous vous avons présenté les autres membres de notre exécutif.
J'ai été nommée il y a déjà six mois présidente du conseil d'administration et il me fait grand plaisir de m'associer à une organisation aussi magnifique et dynamique, tant au point de vue de l'architecture qu'à celui du monde des arts.
Comme vous le savez, au cours de ma vie professionnelle, j'ai créé des émissions pour la Société Radio-Canada, agi à titre de déléguée générale de la province de l'Ontario, ainsi que de présidente et éditrice de la maison canadienne McClelland & Stewart Inc. Dans toutes ces fonctions, j'ai fait la promotion de la culture canadienne auprès des Canadiennes et des Canadiens et dans le monde entier.
Je continue de faire des voyages d'agrément et des voyages d'affaires, et à chaque fois que je me présente quelque part, je visite les musées. Je vois maintenant que le rayonnement de notre Musée canadien des civilisations est énorme dans le monde entier et dans le monde des musées.
En devenant présidente de la Société du Musée canadien des civilisations, qui a pour mandat d'expliquer et de représenter l'histoire du Canada, à ce stade de ma vie, je me vois offrir une autre possibilité de contribuer au présent et à l'avenir du Canada.
En tant que Canadienne née à l'étranger, donc Canadienne par choix, je tiens d'abord à dire que je suis convaincue que le Canada actuel, où je me suis réfugiée avec ma famille pendant la guerre et où j'ai été abritée au 247 de la promenade Sussex, qui était Sussex Street dans le temps, pratiquement en face du Musée canadien de la guerre, est un Canada qui mérite, d'après mon expérience de vie, d'être perpétué avec son droit commun, sa démocratie parlementaire et son bilinguisme.
Pendant toute ma vie adulte, j'ai travaillé d'arrache-pied à faire progresser la façon canadienne de faire les choses. Par contre, pour que notre pays continue comme il se doit de le faire, nous devons tous continuer à travailler.
Il est toujours critique, d'autant plus dans le contexte actuel, de ne jamais oublier notre histoire, notre vraie histoire, les personnages et les circonstances qui ont contribué à nous faire apprécier nos institutions, et de comprendre entièrement la nature de ce pays qui est le nôtre.
La Société du Musée canadien des civilisations a un rôle critique à jouer à cet égard. La Société du Musée canadien des civilisations est une société d'État, constituée en vertu de la Loi sur les musées entrée en vigueur le 1er juillet 1990.
La Société est responsable de la gestion du Musée national d'histoire humaine du Canada, du Musée canadien des civilisations et du Musée national d'histoire militaire; le Musée canadien de la guerre lui est affilié.
Le conseil d'administration de la Société, dont la composition a été réduite de 14 à 11 membres depuis l'entrée en vigueur de la Loi C-65 en novembre 1995, est représentatif de la diversité canadienne. Ses membres sont issus de différents milieux culturels et sont originaires de différentes régions, de la Colombie-Britannique à Terre-Neuve.
Il est capital que cette variété d'expressions et de compétences soit amenée à exercer une influence sur une organisation aussi fondamentale à l'identité de notre nation que la Société du Musée canadien des civilisations.
Je voudrais vous rappeler brièvement le mandat que nous donne la Loi sur les musées. La loi débute par la déclaration suivante:
3. Il est déclaré que le patrimoine du Canada et de tous ses peuples constitue une part importante du patrimoine mondial et doit à ce titre être préservé au profit des générations présentes et futures, et que chaque musée constitué par la présente loi:
a) joue un rôle fondamental, seul ou en collaboration avec d'autres musées ou institutions analogues, dans la conservation et la promotion, dans l'ensemble du Canada et à l'étranger, du patrimoine du Canada et de tous ses peuples, de même que dans la constitution de la mémoire collective de tous les Canadiens et dans l'affirmation de l'identité canadienne;
b) représente tant une source d'inspiration et de connaissance qu'un lieu de recherche et de divertissement qui appartient à tous les Canadiens, et offre dans les deux langues officielles un service essentiel à la culture canadienne et accessible à tous. Plus précisément, la loi énonce:
8. Le Musée canadien des civilisations a pour mission d'accroître, dans l'ensemble du Canada et à l'étranger, l'intérêt, le respect et la compréhension critique de même que la connaissance et le degré d'appréciation par tous à l'égard des réalisations culturelles et des comportements de l'humanité, par la constitution, l'entretien et le développement aux fins de la recherche et pour la postérité, d'une collection d'objets à valeur historique ou culturelle principalement axée sur le Canada ainsi que par la présentation de ces réalisations et comportements, et des enseignements et de la compréhension qu'ils génèrent.
[Traduction]
Nos grandes orientations stratégiques sont donc l'excellence muséologique et la diffusion externe, le sens d'une identité et d'un patrimoine communs, la compréhension et le dialogue interculturels et la viabilité financière et opérationnelle. Le Conseil d'administration et la direction de la Société sont pleinement décidés à faire tout en leur pouvoir pour remplir la mission de la Société en se basant sur les quatre grandes orientations stratégiques qui ont été identifiées, tout en mettant beaucoup d'emphase sur la promotion de l'identité et de l'unité canadiennes.
La Société emploie des moyens traditionnels et non traditionnels pour démontrer avec dynamisme aux Canadiens l'histoire de leur pays. M. MacDonald discutera plus longuement des moyens non traditionnels qui déboucheront sur la dimension qu'André Malraux a appelée le «musée imaginaire» décrivant ainsi l'imagination dans son sens le plus actuel.
Pour ma part, je vais m'attarder sur les moyens traditionnels et le présent. Les moyens traditionnels sont les expositions permanentes, temporaires et itinérantes et les programmes qui sont étayés par la recherche, y compris l'édition et les collections.
Au Musée canadien des civilisations, l'architecture et la disposition du magnifique bâtiment rappellent un organigramme à plusieurs niveaux qui représenterait la géographie, l'histoire et la population du Canada. La salle du Canada, encore inachevée, est consacrée à la découverte et à la colonisation du Canada. La Grande Galerie évocatrice des grands espaces de la masse continentale du pays, raconte la culture, le mode de vie et l'histoire des peuples autochtones de la côte ouest du Canada. Le Musée des enfants, avec ses activités pour les jeunes, fait la promotion de la compréhension interculturelle. Il s'agit d'activités à deux niveaux.
La future salle des Premiers Peuples reprendra l'histoire et les cultures des premiers habitants du Canada. La salle des Arts et Traditions populaires accueille des expositions qui portent sur des aspects particuliers de l'expression culturelle et artistique canadienne. La galerie d'Art amérindien et inuit abrite les oeuvres d'artistes autochtones et inuit contemporains. La salle des Expositions spéciales est réservée à une vaste gamme d'expositions temporaires portant sur des sujets extrêmement divers, d'ici et d'ailleurs. Depuis que le nouveau Musée canadien des civilisations a ouvert ses portes en 1989, 30 expositions spéciales ont été présentées dans cette salle.
Le Musée canadien de la guerre, avec ses nouvelles salles aux dimensions plus intimes, la Galerie de la guerre de Corée et la Salle des héros qui présente l'exposition Victoire, la Salle sur le maintien de la paix presque achevée, que nous inaugurerons en juin et sa participation aux manifestations organisées pour célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale ainsi que la reconstitution historique à Louisbourg, à l'été 1995, se trouve désormais en meilleure posture pour souligner et stimuler la fierté associée aux rôles joués par les Canadiens dans la lutte pour préserver la liberté et faire régner la paix. Il met en valeur un aspect important de notre caractère et de notre engagement nationaux.
En 1994-1995, le Musée canadien des civilisations a présenté des expositions étonnamment diverses, reflet de la nature extrêmement variée d'un pays ouvert à la diversité.
Toutes ces expositions ont eu beaucoup de succès, mais quelques-unes d'entre elles méritent d'être spécialement soulignées: Opus - La facture instrumentale au Canada - qui a été saluée par des critiques dithyrambiques au Canada et à l'étranger; Souvenirs du Canada - toujours présentée; Isumavut - L'expression artistique de neuf femmes de Cape Dorset; Vivre au Canada à l'époque de Champlain - à l'affiche jusqu'en septembre prochain; La poterie et la porcelaine du XIXème siècle au Canada - qui sera là jusqu'au début janvier 1997; Du berceau au tombeau - Des accessoires pour la vie; et Liens à la terre - Traditions vestimentaires de trois cultures autochtones - qui sera présentée jusqu'à l'automne de 1997.
D'août à la fin octobre 1995, le Musée canadien des civilisations a présenté Hommage à la nature - Le paysagisme dans les kimonos d'art d'Itchiku Kubota une exposition spectaculaire qui a obtenu un immense succès. Les attractions vedettes du moment sont Les paradis du monde - L'art populaire du Québec, Les hommes de fer d'Autriche impériale - Art, armes et armures de Styrie et Les doukhobors, lutteurs de l'esprit.
La Société partage également ses connaissances en envoyant à l'extérieur certaines de ses expositions. Quelque dix-neuf expositions du Musée canadien des civilisations - incluant le Musée des enfants et le Musée national de la poste - ou du Musée canadien de la guerre ont été présentées dans une quarantaine d'endroits au Canada, aux États-unis et en Angleterre en 1994-1995 alors que vingt et une (21) l'ont été dans quarante-trois (43) villes différentes en 1995-1996.
Les expositions suivantes sont actuellement en tournée: Les inuit et Diamond Jenness est à la Galerie Restigouche, à Campbellton, au Nouveau-Brunswick; Des lieux à respecter - Objets de vénération au Musée amérindien de Pointe Bleue au Québec; Liens à la terre - Inuit à Iqualuit, dans les Territoires du Nord-Ouest; tandis que Siqiniq - Sous le même soleil est au Cleveland Children's Museum en Ohio et que L'autobus magique au centre de la Terre est rendue au Denver Children's Museum au Colorado.
[Français]
Un autre moyen de diffusion qui soulève l'enthousiasme populaire est la reconstitution d'événements historiques. Le Musée canadien de la guerre doit être chaudement félicité pour sa participation aux célébrations du Jour J, à l'été 1994, marquant le 50e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ainsi qu'à la reconstitution marquant le 250e anniversaire du siège de Louisbourg à l'été 1995.
Nos chercheurs ont deux objectifs en tête: promouvoir la compréhension interculturelle et susciter un sens de l'identité canadienne. Certains d'entre eux font en ce moment des recherches sur l'iconographie religieuse chez les Canadiens d'origine slave, les artistes canadiens d'origine arabe, un livre intitulé Canada, pays de tous nos rêves, les artistes canadiens d'origines italienne et portugaise et la persistance et l'évolution des traditions sino-canadiennes.
Vous pouvez trouver dans le rapport annuel de 1994-1995 une liste de publications qui donnent une bonne idée de notre genre de production dans ce domaine. Les publications permettent à la Société de poursuivre ses objectifs d'excellence muséologique et de diffusion du savoir.
La programmation régulière du Musée canadien des civilisations continue d'inclure Cultures Canada et Voir et entendre le monde, de même que des démonstrations et spectacles de tous genres qui illustrent bien la diversité de la mosaïque canadienne.
La Société signe des protocoles d'entente et de collaboration avec des établissements qui visent les mêmes objectifs qu'elle. Les protocoles prévoient l'examen de moyens de collaborer, de discuter et d'étudier les possibilités et les intérêts mutuels quant à la conservation, à la restauration, aux programmes publics et à d'autres activités muséales.
L'objectif principal est de voir en quoi les projets conjoints peuvent profiter aux deux établissements ainsi qu'au peuple canadien.
[Traduction]
Des protocoles ont été signés avec des établissements de tous les coins du pays et même de l'étranger. Ces établissements sont aussi différents les uns des autres que, par exemple: le Vancouver Museum et le Maritime Museum de la Colombie-Britannique; le Glenbow Museum et le Museum of the Regiments situés en Alberta; l'Ukrainian Museum of Canada de Saskatoon et le Saskatchewan Indian Federated College; de l'Ontario, le Bruce County Museum, The Historic Naval and Military Establishments, «Huronia Historical Parks», l'Université Carleton, le bureau du Secrétaire du Gouverneur général et le Musée du ski; du Québec, le Musée David M. Stewart, le Musée du séminaire de Québec et le Musée de la civilisation; le Musée du Nouveau-Brunswick; The Army Museum, Halifax Citadel; le Newfoundland Museum; et, de France, l'Institut du monde arabe de Paris.
J'espère qu'avec ces propos, vous serez en mesure de vous former une idée assez nette de ce que fait la Société du Musée canadien des civilisations pour remplir sa mission. La Société semble d'ailleurs le faire avec assez de succès puisqu'elle a augmenté son nombre de visiteurs de 1 443 197 en 1994-1995 à 1 536 621 en 1995-1996 et ce, sans mentionner l'augmentation des visites à notre site sur le réseau World Wide Web qui se situent maintenant à environ 2 000 par jour.
Je laisse à M. MacDonald le soin de vous en dire davantage à ce sujet.
Merci beaucoup.
Le président: Merci beaucoup madame Clarkson, pour cet aperçu général très complet que vous avez présenté, comme d'habitude, avec beaucoup d'éloquence.
Monsieur MacDonald, comme il est près de 11 h 25 je vous demande de bien vouloir résumer votre exposé afin de nous laisser le temps de vous poser des questions étant donné que nous n'avons qu'une heure en tout et pour tout.
Merci.
[Français]
M. George F. MacDonald (président-directeur général et directeur exécutif, Société du Musée canadien des civilisations): Merci, monsieur le président.
Mesdames, messieurs les membres du comité, les deux musées administrés par la Société du Musée canadien des civilisations, le Musée canadien des civilisations et son musée affilié, le Musée canadien de la guerre, ont pour responsabilité de présenter et d'interpréter l'histoire humaine du Canada.
[Traduction]
Notre rôle, quant à la représentation de l'histoire du Canada et des divers peuples qui ont contribué à le créer, est de montrer que l'histoire du Canada est en fait une étoffe brodée de plusieurs histoires et que chacune de ces histoires s'inscrit dans un tout plus vaste. Nous sommes la seule institution du pays qui se penche sur l'ensemble de l'histoire de la nation.
Les destinées des divers groupes culturels du Canada, qu'ils soient francophones, anglophones, autochtones ou allophones, ont de tout temps été intimement liées et elles le sont encore aujourd'hui. Ce sont les interactions entre toutes ces histoires, entre ces divers groupes, qui forment la culture canadienne et qui définissent l'identité nationale.
Comme l'a mentionné Mme Clarkson, le Conseil d'administration et la direction de la Société sont pleinement décidés à faire tout en leur pouvoir pour remplir la mission de la Société en se basant sur les quatre grandes orientations stratégiques qu'elle a citées tout à l'heure, tout en mettant beaucoup l'accent sur la promotion de l'identité et de l'unité canadiennes.
[Français]
Une des façons pour la Société de réaliser cela est de s'ouvrir à tous les Canadiens afin de protéger avec eux ces fonds de connaissances sur notre patrimoine.
Pour ce faire, nous devons continuer à utiliser des moyens traditionnels aussi bien que non traditionnels, ce qui implique automatiquement l'utilisation des nouvelles technologies de pointe, pour atteindre le plus vaste auditoire possible à l'extérieur de la région de la capitale nationale.
[Traduction]
Je vais passer directement à certains aspects non traditionnels de nos activités étant donné que Mme Clarkson a déjà parlé de la plupart des aspects traditionnels. Mais d'abord, je dois dire que nous avons entrepris de compléter les expositions permanentes du musée. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais depuis son ouverture, 120 000 pieds carrés d'espace d'exposition n'ont jamais été financés au moyen de crédits budgétaires.
Ces crédits budgétaires devaient se répartir en trois postes de dépenses. Le bâtiment en était un, la moitié des expositions en était un autre et le troisième, qui représentait l'autre moitié des expositions n'a jamais fait l'objet d'une affectation de crédit qui aurait permis au musée de compléter les expositions.
Nous avons donc financé nos activités dans la mesure du possible en réaffectant nos ressources internes. Un avant-goût de la salle d'exposition des Premiers Peuples sera présenté en juin et35 000 pieds carrés de locaux que le public n'avait encore jamais vus seront ouverts à ce moment-là.
[Français]
Il faut également achever les espaces d'exposition du Musée canadien de la guerre avant de pouvoir y présenter toute l'histoire militaire canadienne. Là encore, c'est grâce à la redistribution des ressources internes et à des cueillettes de fonds que l'on a pu achever l'été dernier la Salle des héros canadiens, que l'on pourra inaugurer le 10 juin prochain, et la Salle du maintien de la Paix, qui rend hommage au rôle de gardien de la paix que joue le Canada dans le monde entier.
[Traduction]
Nous travaillons également à des projets de diffusion externe qui requièrent l'utilisation de moyens non traditionnels, surtout électroniques, qui visent à la fois le court terme et le long terme. Nous avons acquis la réputation d'être un musée hautement technique depuis l'inauguration du nouveau bâtiment et nous faisons partie de l'autoroute électronique. Nous en sommes fiers. Nous voulons mettre tous nos efforts et nos capacités de diffusion externe par voie électronique à contribution pour bâtir un pays plus fort, fondé sur une compréhension et une appréciation réciproques entre les différentes régions et les gens.
Parmi les principaux projets que je voudrais mentionner, en 1994, nous avons été le premier musée du Canada à créer un grand site sur le réseau World Wide Web. Nous avons compté parmi les premiers musées nationaux du monde à avoir un site sur le World Wide Web.
Nous avons numérisé quatre millions de dossiers catalogués et près de 200 000 images à haute définition venant de nos collections en vue d'offrir l'accès électronique aux publics canadiens et étrangers. Nous avons produit plus d'une douzaine de disques compacts interactifs, dont j'ai quelques-uns ici, qui représentent la nouvelle technologie de la publication, surtout dans le cadre de partenariats. Tous ces disques s'inspirent de l'histoire humaine et surtout de l'histoire canadienne et plusieurs autres sont en cours de réalisation.
Notre propre disque compact, L'histoire du Canada en images, est maintenant offert aux écoles et aux bibliothèques de tout le Canada. Parmi nos plus récentes réalisations dans ce domaine figurent: Jusqu'au bout - Les Canadiennes et la seconde guerre mondiale, du Musée canadien de la guerre et l'une des collections de peintures du musée.
En 1994, en partenariat avec la Fondation Charles R. Bronfman, le ministère du Patrimoine canadien, Digital Renaissance et Digital Equipment du Canada, nous avons produit un kiosque du patrimoine. Ce kiosque est maintenant distribué en Colombie-Britannique, au Manitoba, en Ontario, au Nouveau-Brunswick, à l'Île-du-Prince- Édouard, à Terre-Neuve et dans les Territoires du Nord-Ouest.
Par conséquent, ce programme, qui repose sur une contribution remarquable de Charles Bronfman à notre connaissance de l'histoire du Canada, est diffusé dans chacune de ces régions et présente les divers produits élaborés par notre musée.
[Français]
Nous sommes à créer le Musée de la Nouvelle-France, un musée virtuel, c'est-à-dire sans murs. Il s'agit d'une initiative du Musée canadien des civilisations à laquelle participent des représentants des secteurs public et privé du Canada, de la France et des États-Unis.
Le Musée de la Nouvelle-France fera montre du savoir-faire canadien dans la façon de présenter le riche patrimoine culturel du Canada au moyen de technologies numériques de pointe. Ce musée, en constante évolution, changera régulièrement sa programmation. Le site du musée de la Nouvelle-France sur le Web ouvrira le 29 juin prochain.
[Traduction]
L'une des principales mesures prises récemment en faveur des institutions culturelles du Canada a été le branchement de toutes les écoles du pays au Réseau scolaire que le premier ministre a récemment annoncé. Je suis membre du Comité consultatif national sur le Réseau scolaire et j'invite les employés du musée à élaborer des programmes spéciaux pour que les élèves puissent consulter, de tous les coins du pays et dans les deux langues officielles, des modules d'apprentissage sur le patrimoine canadien.
Le personnel du Musée canadien des civilisations travaille actuellement à la mise au point d'un projet en deux phases. La phase I met en contact des chercheurs du Musée avec des classes des écoles participantes. Ils aideront des élèves de septième et huitième années à entreprendre des recherches sur le patrimoine de leur communauté en se servant des collections du Musée. Ils présenteront le résultat de leurs recherches sous forme de pages d'information qui seront intégrées au site World Wide Web de leur école - chaque école en préparera une - et qui seront reliées à notre propre site. Les visiteurs du monde entier pourront ainsi voir ce que les enfants canadiens de tout le pays font dans ce domaine.
Je vais sauter la phase II qui aura lieu l'année prochaine et qui prévoit un concours.
Nous travaillons actuellement à une expansion majeure de notre site sur le réseau World Wide Web. Nous séparerons notre site en deux secteurs. Le premier, que nous appelons la vitrine, sera similaire à notre site actuel et tous les internautes pourront y accéder librement. On y trouvera principalement de l'information générale sur nos musées. Le deuxième secteur est un musée virtuel. Ce sera une nouvelle expansion qui entrera en service dans une semaine.
Pour accéder au musée virtuel, les internautes devront s'enregistrer afin d'obtenir un numéro d'identification de membre et un mot de passe. Ce musée virtuel sera une source de connaissances approfondies sur une vaste gamme de sujets rattachés à la mission du Musée. Il s'adressera à divers auditoires soit le grand public, les étudiants, les universitaires et les amateurs. Quelques-uns des éléments du musée virtuel que nous espérons pouvoir présenter cet été sont: De main de maîtres ainsi que les salles d'exposition de la phase II de la Salle du Canada. Vous pourrez faire une visite guidée de toutes les salles d'exposition de la Salle du Canada, de la Salle des trésors et de la Salle des civilisations. Nous présenterons également une exposition exclusivement en ligne qui offrira une sélection de notre collection d'artefacts autochtones ainsi que notre rapport annuel.
[Français]
Le Centre nouveaux media a récemment été ouvert au Musée canadien des civilisations suite à un partenariat avec Digital Équipement du Canada. Le Centre travaille avec des fournisseurs de contenu de grande, moyenne et petite tailles et leur offrent sous un même toit tous les services et éléments de la chaîne technologique multimédia.
La recherche et le développement sont réalisés conjointement avec les universités et le secteur scolaire dans le domaine des interfaces humaines.
[Traduction]
Pour conclure, les principaux éléments de nos projets à court terme qui sont mis de l'avant par des moyens aussi bien traditionnels que non traditionnels seront annoncés dans le cadre d'une importante campagne de publicité, le 16 mai 1996. Notre slogan sera «La belle aventure - Canada - The adventure continues».
Nos activités estivales sur l'esplanade seront regroupées sous deux thèmes différents: Il était une fois... les chemins de l'Ouest qui relate la construction du chemin de fer transcontinental et ses répercussions sur le Canada, annoncera l'exposition qui porte sur la colonisation de l'Ouest par les immigrants d'Europe de l'Est. Vols et voltiges fait appel au simulateur de vol Simex, une technologie canadienne d'avant-garde. Ce simulateur accueille 42 passagers et allie le cinéma au mouvement. Grâce à cette nouvelle technologie, vous pourrez visiter le pays d'un bout à l'autre et si vous avez remarqué une énorme structure sur notre esplanade, c'est là.
Notre écran Imax et Omnimax, deux inventions canadiennes, présentera Momentum, le premier film Imax à haute définition qui a été réalisé pour l'exposition mondiale de Séville et nous aurons une nouvelle salle de cinéma en trois dimensions, qui fait appel à la technologie laser et qui présentera un film réalisé par le musée Sciences Nord de Sudbury. Ce film a déjà fait la joie de nombreux auditoires.
Nous aurons également une nouvelle Salle des gardiens de la paix au Musée canadien de la guerre qui présentera «Pourparlers ensemble de la paix». Et pour la première fois, Vimy House où se trouve tout l'équipement tels que les gros chars, les petits sous-marins, les camions et autres véhicules de transport, sera présentée certains week-ends cet été.
Coups de génie couvrira l'avant-première de la salle des Premiers Peuples avec l'exposition Transformations commanditée par Seagram pour souligner la dernière décennie du Prix Sadie Bronfman que cette société a financé pendant toute cette période.
[Français]
«L'Expérience canadienne» est une présentation multisensorielle unique qui intègre le théâtre itinérant avec les scènes historiques de la Salle du Canada, une démonstration spectaculaire de son et lumière sur la culture de la côte nord-ouest, le tout présenté parmi les mâts totémiques de la Grande galerie.
Durant tout l'été 1996, le spectacle fera revivre, pour les visiteurs du Musée canadien des civilisations, les mythes et les légendes qui constituent les riches patrimoines du Canada. Il s'agit d'une production interne.
[Traduction]
Pour conclure, j'aimerais parler d'une idée qui est revenue à différentes reprises au cours de ces dernières années: il s'agit d'organiser un pèlerinage national dans la capitale du pays et toutes les institutions qui s'y trouvent afin de préserver et de perpétuer les valeurs et les trésors du Canada. Je veux parler de la Cour suprême, du Parlement, de tous les musées et de nombreux autres sites et résidences des premiers ministres, etc. Dans la société sécularisée actuelle, les établissements culturels, et particulièrement les musées nationaux, constituent un lieu essentiel de rituel où les gens se rendent et où ils peuvent contempler la contribution de nombreux héros et héroïnes du Canada ainsi que le rôle qu'eux-mêmes joueront dans le Canada de l'avenir.
Je souhaite qu'un jour nous organisions un son et lumière - j'ai mentionné que nous en tiendrions un cet été dans la grande salle - sur la rivière, entre le Musée et la colline parlementaire, car on en a une vue merveilleuse de Hull. Ce serait une grande revue de l'histoire du pays dépeinte de façon spectaculaire tout au long de l'été à partir de la rivière qui a permis des échanges commerciaux jusqu'à l'intérieur du Canada pendant plus de 6 000 ans, selon les travaux historiques réalisés sur ce cours d'eau. Néanmoins, nous avons besoin d'une aide financière pour entreprendre un projet aussi ambitieux.
Étant donné que, depuis sept ans, nous avons acquis les connaissances et les compétences requises pour exploiter des cinémas et des attractions spéciales et maintenant des spectacles de son et lumière, nous croyons pouvoir réaliser une production de calibre international du niveau des productions du Cirque du Soleil dont tous les Canadiens sont fiers. Et si plusieurs participants de diverses régions du pays, tant du secteur public que du secteur privé, par exemple les compagnies aériennes, pouvaient être incités à participer à ce pèlerinage dans la capitale nationale, je suis certain que les Canadiens de tous les milieux verraient que la même identité canadienne cimente le pays.
[Français]
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Le président: Merci, M. MacDonald.
Nous allons commencer les questions avec un tour de dix minutes.
[Français]
La parole est à l'Opposition officielle. Allez-y, monsieur Leroux.
M. Leroux (Richmond - Wolfe): Tout d'abord, merci à Mme Clarkson et à M. MacDonald pour leurs présentations. Ils nous en ont mis plein la vue à la fois sur un avenir plus lointain et sur ce qui est déjà en préparation, sur ce qui s'en vient.
J'aurais un certain nombre de questions à vous poser sur votre présentation, monsieur MacDonald, surtout par rapport à l'introduction prochaine de nouvelles technologies. Cependant, comme nous ne disposons pas de beaucoup de temps, je voudrais revenir rapidement sur quelque chose qui nous touche de plus près, c'est-à-dire le Musée de Hull.
J'aimerais que nous examinions particulièrement les problèmes qui ont été soulevés dans le rapport du commissaire aux langues officielles quant à l'utilisation du français et aux difficultés qui se posent au Musée canadien des civilisations à Hull. J'aimerais relever certains points qui nous touchent plus particulièrement. Madame Clarkson, vous avez beaucoup parlé d'identité canadienne et des deux langues officielles.
Cependant, le commissaire relève que, récemment, au moins 10 plaintes fondées ont été déposées par rapport au Musée canadien des civilisations, entre autres par rapport à la Division des services de gestion des collections. Les plaintes avaient trait au système informatique.
Vous avez beaucoup parlé du futur. Je voudrais tenter de faire le lien entre le futur et l'utilisation des langues. Je voudrais faire référence au logiciel qui n'était pas disponible en français et à une des plaintes concernant la langue parlée durant les réunions.
Je voudrais rappeler que cette difficulté n'est pas nouvelle, parce que, selon le rapport, à peu près 11 p. 100 des francophones qui travaillent à la fonction publique écrivent en français et 65 p. 100 des postes bilingues sont occupés par des francophones. Par ailleurs, 80 p. 100 des réunions doivent se passer en anglais dans le milieu de travail.
Devant ces difficultés, on retrouve aussi les contraintes qu'exerce l'incapacité linguistique des surveillants, leur incapacité à créer un milieu propice à l'utilisation du français au travail.
Étant donné que des efforts, semble-t-il, ont été faits pour que ces situations ne se produisent pas, comment se fait-il qu'à Hull, le Musée canadien des civilisations ait encore des problèmes d'utilisation de la langue française au travail et dans ses communications?
Mme Clarkson: Monsieur, vous savez, de par le rapport, que le Musée a déjà accepté toutes les recommandations et que nous avons déjà mis en oeuvre quatre d'entre elles qui portaient sur la technologie dont vous avez parlé. Je vais passer la question à M. Joe Geurts.
M. Joe Geurts (directeur administratif et vice-président principal, Société du Musée canadien des civilisations): Comme notre présidente l'a dit, il peut se présenter, par rapport à cette question particulière, des problèmes de temps à autre chez les employés. Cependant, nous mettons en place un plan qui devrait corriger tous les problèmes pour qu'ils ne se reproduisent pas à l'avenir.
Comme on le dit dans le rapport, nous avons des services bilingues pour toutes les personnes qui visitent le Musée sur le World Wide Web. De même, en ce qui concerne les logiciels, nous avons un processus qui nous permet de toujours avoir des logiciels totalement bilingues. Je pense que nous n'aurons plus à faire face à ce problème.
M. Leroux: Peut-on établir un lien entre ces plaintes et les données que vous avez fournies au Conseil du Trésor sur la structure de l'emploi au Musée? On constate que sur un total de 542 employés, vous en avez 223 de langue anglaise et 319 de langue française. Il y a donc un plus grand nombre d'employés francophones chez vous.
Par ailleurs, on constate à l'analyse que plus on s'élève dans la pyramide, moins les postes de gestionnaires et de professionnels sont occupés par des francophones. On retrouve aux postes de direction 126 anglophones pour 75 francophones. Quand on descend vers les poste de soutien administratif et d'exploitation, c'est l'inverse. Les trois quarts des postes de soutien sont occupés par des francophones et le quart par des anglophones. Est-ce que cette structure d'administration peut avoir un lien avec la difficulté qu'on a à créer un lieu de travail francophone?
Dans les postes de soutien administratif et d'exploitation, la proportion des employés est presque d'un tiers pour deux tiers. On retrouve 34 anglophones pour 101 francophones au soutien administratif, et à l'exploitation, 34 anglophones pour 110 francophones.
On a l'impression que, plus les postes sont payants, moins on y trouve de francophones et moins ces derniers ont d'influence sur la gestion. On se demande si on ne retrouve pas les francophones principalement dans les postes qui exigent le moins de prérequis, sans vouloir dire que ce sont des postes pour incompétents.
Faites-vous un lien entre cette structure d'emploi et la difficulté de créer un climat de travail en français, et les plaintes qui sont acheminées au commissaire aux langues officielles?
Mme Clarkson: Je ne crois pas qu'on puisse présenter les choses de manière aussi simplificatrice. Bien sûr, nous sommes très sensibilisés au problème de l'utilisation de nos deux langues officielles. Il faut toujours être sur ses gardes afin que que cela se reflète dans la hiérarchie, dans la pyramide de notre structure.
Je suis là depuis six mois, et la plupart des gens avec qui j'ai des contacts parlent français. Je crois que ce n'est pas simplement une question de division entre francophones et anglophones ou francophones et allophones, mais aussi une question de langue du travail.
J'aimerais vous laisser en discuter avec Joe Geurts et ensuite Sylvie Morel.
M. Geurts: Comme notre présidente le disait, il est possible de parler, dans notre musée ou dans un autre musée, dans une langue ou l'autre en tout temps. Il n'y a pas de problème là. Quand nous avons des réunions, il y a des personnes qui parlent en français et d'autres qui parlent en anglais. C'est tout simplement la situation. Sylvie voudrait peut-être ajouter quelque chose là-dessus.
Mme Sylvie Morel (directrice générale, Expositions et programmes, Musée canadien des civilisations): Les séances des comités exécutifs et des comités de gestion - comité des expositions, comité de la programmation et comité des publications - se déroulent souvent dans les deux langues, et les gens peuvent faire leurs commentaires dans l'une ou l'autre langue. Les compte rendus des réunions sont rédigés de cette façon aussi. Il en est ainsi pour le comité exécutif, le comité de gestion et les comités de programmation.
M. Leroux: Vous me dites que les choses se passent dans la langue de l'intervenant, en anglais ou en français. Mais, d'après les plaintes, il n'y a pas vraiment possibilité de tenir une réunion en français. Chacun doit être bilingue pour participer à une réunion.
Ce que je vous dis vous semble simpliste. Pourtant, c'est en accord avec les chiffres que vous fournissez. La structure est là. La réalité des chiffres parle.
Je ne pense pas que ce soit simpliste de constater que plus on monte dans la pyramide, plus les postes sont occupés par des anglophones. Est-ce que vous avez fait un effort pour corriger cette situation, de sorte qu'il s'établisse un équilibre réel en ce qui a trait à la participation aux postes administratifs? On sait, en effet, que c'est là que s'exercent les influences sur les orientations. C'est là qu'on influence le travail en fonction de l'avenir et la façon de fonctionner. Au risque de paraître simpliste, je répète que c'est à ces niveaux qu'on exerce une influence. Avez-vous une politique pour corriger la situation?
M. Geurts: Dans les six derniers mois, nous avons donné deux autres mandats à notre comité exécutif: une personne responsable de la section du développement et une autre responsable des affaires publiques. Une de ces personnes est anglophone et l'autre, francophone. On cherche toujours des personnes qualifiées et bilingues.
M. Leroux: Dans votre présentation générale de tous les projets, qui me semblent très dynamiques, on s'assure d'accorder une place aux deux langues officielles, en particulier quand les programmes s'adressent aux enfants. Quelle est votre stratégie? Vous avez parlé d'avoir des disquettes en français et en anglais, etc. Avez-vous une stratégie d'avenir intégrée pour l'ensemble de ces projets?
Pour ce qui est des disquettes, je ne sais pas si celles qui ne nous ont pas été présentées en français n'existent tout simplement pas. Par exemple, est-ce que la disquette Back the Attack existe en français? Avez-vous une stratégie intégrée à cet égard?
M. MacDonald: Oui, notre politique veut que tous nos produits existent dans les deux langues officielles. Nous sommes les agents pour la traduction des films IMAX dans tout le monde et même pour la France. En ce moment, un de nos films, Les Mayas, est à l'affiche à Paris et à Poitiers. Nous avons fait la traduction, pour le monde francophone, de tous les films et des expositions.
Voilà quelle est notre politique.
M. Leroux: Merci, madame la présidente et monsieur le directeur général.
Le président: Je voudrais donner la parole au gouvernement. Monsieur Bélanger, voulez-vous commencer, s'il vous plaît?
M. Bélanger (Ottawa - Vanier): Vous savez, monsieur le président, que je ne suis jamais à court de questions.
Je voudrais féliciter le Musée. Comme il n'est pas loin, de l'autre côté de la rivière, j'y vais régulièrement. Il a peut-être connu quelques difficultés au départ, mais j'ai l'impression, d'après ce que je vois au cours de mes visites, que tous les produits, toutes les présentations et tous les services au public sont maintenant assez bien rodés dans les deux langues. Si ce n'était pas le cas, je serais le premier à m'en plaindre. J'ai fait une plainte au sujet d'un autre musée dernièrement. Peut-être qu'on la verra bientôt.
Une voix: [Inaudible]
M. Bélanger: Oui, je comprends. Toutefois, l'impression qui se dégage des visites régulières est quand même assez bonne. Ce n'est pas la même chose dans tous les services de l'État.
Je voudrais vous poser une question par rapport au Musée de la guerre. On entend dire depuis assez longtemps que l'espace est devenu insuffisant au Musée de la guerre. De temps à autre, il court une rumeur de déménagement ou d'acquisition. Est-ce que vous êtes en mesure de nous mettre à jour sur la situation exacte de ce musée, madame la présidente?
Mme Clarkson: Oui, monsieur. On est en train d'essayer de régler le problème parce qu'il est vrai qu'on n'a pas assez d'espace.
Il y a deux manières d'aborder la question. Quand j'ai accepté la présidence du conseil, une des premières choses que j'ai faites, après avoir visité le Musée des civilisations et le Musée de la guerre, a été de me rendre, avec les deux directeurs de ces musées, à l'édifice Vimy, cet endroit où on garde les blindés, les sous-marins, etc. C'est passionnant.
Il y deux manières de traiter la question. En effet, on n'a pas assez de place pour tous les objets que nous possédons, le Canada ayant joué un rôle militaire tellement important au cours de l'histoire. Il vaudrait peut-être mieux que vous vous entreteniez avec Vic, le directeur du Musée de la guerre, en ce qui a trait à l'espace dont nous disposons et à celui que nous projetons d'avoir.
M. Victor Suthren (directeur général, Musée canadien de la guerre): Merci, madame.
Comme le dit Mme Clarkson, il est certain que nous n'avons pas assez d'espace pour présenter ces objets. Nous présentons en ce moment environ 1 p. 100 de notre collection. Nous sommes toujours voisins de la Monnaie royale canadienne, sur la rue Sussex, cela va sans dire.
Nous essayons de faire deux choses. Tout d'abord, la Société cherche les possibilités qui existent, dans la région de la capitale nationale, de déménager de Vimy House à un autre endroit où nous pourrions présenter des expositions et organiser des démonstrations de véhicules, de chars blindés, etc. M. Geurts pourra vous expliquer cela mieux que moi.
Du côté des expositions, nous sommes en train de faire une levée de fonds, qu'on appelle «Passons le flambeau», dans le but de construire un petit théâtre en arrière du 330, promenade Sussex, et d'accroître notre espace, nos galeries, d'à peu près 40 p. 100.
Si nous pouvons réussir cela et si, en même temps, la Société réussit à trouver un autre endroit pour l'opération Vimy House, nous aurons à l'avenir la possibilité de présenter un plus grand nombre d'activités dans un plus grand espace.
M. Bélanger: Vous parlez de Vimy House.
[Traduction]
Voulez-vous parler de l'endroit où a lieu le déjeuner de lancement de l'exposition du festival des tulipes?
M. Suthren: En effet. C'est l'ancien emplacement d'OC Transpo.
M. Bélanger: Est-ce celui que vous comptez ouvrir les week-ends cet été?
M. Suthren: En effet.
M. Bélanger: Allez-vous faire payer des frais d'entrée?
M. Suthren: Nous allons commencer par une entrée libre. Mais nous finirons par faire payer. Cela doit produire des recettes. Nous devons faire payer le public.
[Français]
M. Bélanger: De combien d'espace avez-vous besoin pour remplacer Vimy House?
M. Suthren: Vimy House fait 114 000 pieds carrés. Nous avons besoin d'à peu près150 000 pieds carrés. C'est ce que nous cherchons.
M. Bélanger: Et vous le faites en collaboration avec Travaux publics, j'imagine?
Mme Clarkson: Non. Est-ce que quelqu'un d'autre peut répondre à la question?
M. Geurts: Je ne crois pas que ce soit nécessaire dans le cas de la Société du Musée. La responsabilité de toutes les installations nous a été transférée.
M. Bélanger: Pour ce qui est de l'agrandissement du Musée, est-ce qu'on a pensé à le désigner autrement que par l'appellation «Musée de la guerre»? Que penseriez-vous de l'appellation «Musée de la guerre et de la paix», War and Peace Museum, ou encore «Musée militaire»? Je trouve que «Musée de la guerre» donne une impression de violence.
Où en sommes-nous avec les plans d'agrandissement? Est-ce que c'est précis? Est-ce que ça se concrétise? Quelle sorte de campagne de financement devez-vous mener dans ce but?
M. Suthren: La campagne est lancée par les Amis du Musée canadien de la guerre. Elle a été lancée il y a deux ans. Jusqu'ici, nous avons amassé à peu près 700 000$. Notre objectif est de six millions de dollars.
M. Bélanger: Six ou dix?
M. Suthren: Six.
M. Bélanger: Six millions de dollars et vous avez 700 000$.
M. Suthren: Oui.
[Traduction]
Le président: M. Shepherd.
M. Shepherd (Durham): Merci beaucoup. Moi aussi, j'ai apprécié votre exposé. J'approuve certainement votre mission qui consiste à rehausser l'identité canadienne et la connaissance que les Canadiens possèdent de leur culture.
Je n'ai qu'une petite précision à vous demander. Dans vos deux exposés, vous avez mentionné que tous les objets exposés n'étaient pas nécessairement canadiens et qu'il y en avait aussi d'origine étrangère. Comment se fait-il si c'est le Musée canadien des civilisations?
Mme Clarkson: M. MacDonald peut certainement répondre à cela. D'après ce que j'ai vu dans les réserves et ailleurs, il y a là toute une histoire. L'édifice est neuf, mais cela fait sans doute une centaine d'années que nous possédons une collection. Elle contient donc beaucoup d'objets. Par exemple, nous avons une collection de costumes dont tous les chapeaux ne sont pas nécessairement canadiens. Ils peuvent nous avoir été donnés ou nous pouvons les avoir achetés parce qu'ils représentaient certaines choses. Et il se peut qu'ils n'aient pas été fabriqués au Canada.
M. MacDonald peut certainement répondre à votre question.
M. MacDonald: Oui, je voudrais confirmer ce que la présidente a dit. Mais j'ajouterais que nous cherchons à collectionner des pièces que les gens ont emportées avec eux de leur pays d'origine. Ces articles ont été fabriqués à l'étranger, mais les gens y étaient très attachés. Si une famille devait déménager et ne pouvait emporter que trois choses avec elle, qu'allait-elle choisir? Si elle venait de Suisse, elle allait emmener son horloge. Les immigrants chinois, par exemple, ont apporté des poupées et des costumes pour des représentations théâtrales devant la petite communauté chinoise de Saskatoon.
Nous nous sommes efforcés de choisir et de collectionner, pour chaque communauté, des objets qui renforçaient ses liens avec l'ancien monde. Chacune de ces pièces a toute une histoire qui en fait un élément important du tissu et du passé du Canada.
M. Shepherd: Merci. Je comprends et j'applaudis aux efforts que vous déployez pour communiquer avec l'ensemble des Canadiens, au moyen du World Wide Web, etc.
Cherchez-vous à évaluer, surtout dans nos écoles, dans quelle mesure les jeunes Canadiens sont conscients de leur identité? Essayez-vous d'évaluer si le système scolaire réussit à enseigner aux jeunes tout le concept de l'identité canadienne? Essayez-vous de le mesurer sous une forme ou sous une autre?
M. MacDonald: Oui, et pour la première fois, nous avons obtenu l'instrument idéal pour le faire. Il s'agit bien sûr d'Internet. Au musée, le Web est relié aux gros ordinateurs que Digital exploite pour nous. Vous pouvez mesurer combien de fois chacun des étudiants pose une certaine question, pendant combien de temps il s'intéresse au même sujet, ce qui l'intéresse vraiment et ce qu'il veut approfondir. Ce genre de dépistage n'avait jamais été possible avant. Nous mettons en place les mécanismes voulus - et un bon nombre d'entre eux sont déjà en place - pour savoir exactement ce que font les élèves.
En plus, nous avons des liens étroits avec Rescol. Rescol contient des logiciels intégrés qui permettent de soulever les questions que vous avez posées de même que toute la question de l'emploi et de l'avenir de la technologie pour ce qui est de la formation de la main-d'oeuvre moderne de demain.
M. Shepherd: Le problème avec votre échantillon c'est qu'il est biaisé. Vous tenez compte uniquement des gens qui vous contactent. Je m'intéresse à l'ensemble de la population. Qui ne vous a pas contacté et dans quelle mesure ces personnes sont-elles conscientes de l'identité canadienne? Sans doute faut-il également se demander ce que nous faisons pour mieux rejoindre cette population.
M. MacDonald: C'est certainement une des principales questions que nous nous posons et cela très souvent. En fait, il est v que l'appréciation de l'identité canadienne est, dans l'ensemble, beaucoup plus faible que l'appréciation de l'identité nationale dans pratiquement tous les autres pays.
Par exemple, notre pays n'a pas le genre d'appareil militaire qui recrute près des trois-quarts des habitants et les répartit dans les diverses régions du pays comme le fait la Suisse, par exemple.
Si vous examinez ce que la plupart des pays font pour inculquer le sens de l'identité nationale à leurs citoyens, vous verrez qu'ils envoient les gens dans des régions différentes du pays dans le cadre de leur travail ou de leur service militaire. Nous n'avons aucune de ces structures. Nous pensons toutefois pouvoir faire quelque chose avec les nouveaux instruments à notre disposition.
Comme Innis, McLuhan et bien d'autres l'ont souligné, la survie de ce pays bien particulier que nous appelons le Canada dépend des technologies de communication. Si ces technologies ne survivent pas, nous ne survivrons pas non plus.
Un bon exemple est l'Internet. Cet automne, on trouvera sur le marché des appareils coûtant moins de 500 dollars qui permettront de se brancher sur le Web. D'ici trois ans, les compagnies de téléphone les distribueront gratuitement comme certaines distribuent actuellement des téléphones cellulaires. Elles feront leurs profits sur les frais de service. D'ici trois à cinq ans, 90 p. 100 ou plus des Canadiens seront donc branchés sur l'Internet de la même façon qu'ils sont branchés actuellement sur le réseau téléphonique et qu'ils ont des téléviseurs et des magnétoscopes.
Les choses évoluent si rapidement que le système d'éducation va changer de façon spectaculaire d'ici trois ou quatre ans. Il est étonnant que nous soyons le premier pays au monde à connecter toutes nos écoles au réseau Rescol. Aucun autre pays, y compris les États-unis, ne l'a fait. La révolution est donc sur le point de commencer. Nous sommes en train de nous positionner.
Le président: Merci. Merci, M. Shepherd.
[Français]
Un bref commentaire, monsieur Leroux.
M. Leroux: J'aurais une question et un bref commentaire final, si vous me le permettez, monsieur le président.
Ma question touche la cueillette de fonds. Je voudrais savoir le pourcentage du budget que représente la collecte de fonds. Par rapport à la gestion de cette cueillette, je voudrais savoir quels en sont les coûts, ce que vous y investissez et ce qu'elle rapporte. Est-ce efficace et quelles sont les prévisions?
M. Geurts: Nous disposons maintenant des chiffres pour l'an dernier. Nous avons amassé 8,5 millions de dollars, en frais d'admission ou autrement. Le coût a été de presque 30 p. 100.
M. Leroux: Le coût pour aller chercher les huit millions de dollars a été de 30 p. 100?
M. Geurts: Autour de 30 p. 100. Je dois vérifier. J'ai les chiffres ici. Les photos rapportent des revenus. Il n'y a pas véritablement de coûts en ce sens qu'ils ont déjà été assumés par le passé. Actuellement, nous avons quand même des frais. Il n'y a donc pas d'augmentation des coûts pour aller chercher ces revenus.
Les entreprises commerciales rapportent, je pense, 6,5 millions de dollars. J'ai un chiffre ici. Pour les entreprises commerciales, qui ont rapporté des revenus de 6,5 millions de dollars, les coûts sont de 4 millions de dollars. Les deux autres millions de dollars sont des revenus qu'ont procuré les photos ou d'autres choses du genre.
M. Leroux: Et la cueillette de fonds représente combien en pourcentage du budget global?
M. Geurts: Globalement?
M. Leroux: Oui.
M. Geurts: Nous avons un budget qui est actuellement de près de 50 millions de dollars. Les revenus comptent pour 8,6 millions de dollars. Notre objectif, pour l'an prochain, est de 10 millions de dollars.
M. Leroux: J'aimerais faire un dernier commentaire pour donner suite à celui de mon collègue, M. Bélanger. Ce à quoi je faisais allusion n'est pas tellement la langue utilisée dans les services. Je pense qu'on peut très bien s'entendre là-dessus. Je pensais surtout à la langue de travail. Je suis déçu de la réponse qui m'a été donnée, parce que je pense qu'il n'y a pas de volonté ou de stratégie visant à corriger la situation qui prévaut par rapport à la langue du travail.
Merci.
[Traduction]
Le président: M. Peric, vous pouvez poser une brève question.
M. Peric (Cambridge): Merci, Monsieur le président.
Monsieur MacDonald, votre exposé m'a vivement impressionné. Pourriez-vous nous dire où vous voyez le Musée des civilisations dans dix ou vingt ans?
M. MacDonald: C'est une période intéressante. À titre d'archéologue, j'ai tendance à penser en milliers d'années, que ce soit dans le passé ou dans l'avenir.
Des voix: Oh, oh!
M. MacDonald: Je vois les musées jouer un rôle que d'autres institutions renoncent à jouer d'une façon ou d'une autre. Au fur et à mesure que nous nous orientons vers l'industrie du savoir et une société basée sur la connaissance, nous allons considérer les institutions qui abritent le savoir collectif, que ce soit des archives ou des musées, comme de véritables dynamos culturelles.
Par le passé, nous avons considéré les musées comme les greniers de la nation. À l'avenir, je pense que nous y verrons davantage une source d'inspiration pour notre développement artistique, commercial et culturel futur.
Ce qu'il y a d'absolument nouveau c'est que nous allons offrir tout cela au public. Par le passé, nous n'avons pas pu exposer plus de 1 p. 100 des collections. Ces dernières années, j'ai effectué une étude montrant que tous les grands musées d'Europe de même que l'Institut Smithsonian et les musées américains ne présentaient jamais plus de 1 p. 100 de leurs collections au public. Ce chiffre comprend leurs expositions itinérantes et leurs expositions permanentes. Notre objectif est de montrer la totalité des collections dans toutes les régions du pays et dans le monde entier. Cela fait une différence énorme.
Nous mettons en place tous les mécanismes voulus pour y parvenir ainsi que des structures pour les usagers qui s'en serviront à des fins plus utilitaires. Ils obtiendront de l'information présentée sous la forme qu'ils désirent, à un prix très modique. En même temps, cela nous permettra d'utiliser les recettes pour financer le système, car nous ne pourrons jamais l'abandonner. Une fois que nous serons sur cette voie, nous devrons y rester et nous ne nous attendons pas à ce que le Conseil du trésor et le gouvernement canadien paient la note. Nous pensons que ce service peut s'autofinancer.
M. Peric: Merci.
Le président: Merci beaucoup. J'aimerais que nous ayons plus de temps.
Je tiens à vous remercier, madame Clarkson, monsieur MacDonald, monsieur Geurts, monsieur Suthren et madame Morel, pour votre visite. Votre témoignage était extrêmement intéressant. J'aurais aimé que nous ayons plus de temps pour vous poser davantage de questions, mais les choses sont ainsi.
Je vous remercie beaucoup d'être venus et de nous avoir fait un excellent exposé. Nous sommes tous beaucoup mieux informés que nous ne l'étions.
Les témoins: Merci.
Le président: Pouvons-nous continuer, s'il vous plaît.
[Français]
J'aimerais vous présenter le président du conseil d'administration du Musée canadien de la nature, M. Frank Ling, le président, M. Alan Emery, le vice-président adjoint, M. Patrick Colgan, le vice-président aux programmes publics, M. Leslie Patten, et le directeur des programmes, M. Colin Eades.
[Traduction]
Si j'ai mélangé les noms ou si j'ai oublié certaines personnes, veuillez nous les présenter, monsieur Ling.
[Français]
M. Frank Ling (président du conseil d'administration du Musée canadien de la nature): Merci, monsieur le président
[Traduction]
et membres du comité parlementaire permanent.
Tout d'abord, je voudrais vous dire que c'est pour moi un honneur et un privilège que d'être ici à titre de nouveau président du Musée canadien de la nature. Je suis fier d'occuper ce poste, car je suis arrivé dans ce pays il y a 30 ans et c'est à Montréal que nous avons choisi de nous établir. Je suis fier de pouvoir dire que je suis maintenant marié à ce grand pays depuis 30 ans. C'est en grande partie parce que je suis tombé amoureux de la beauté de la nature canadienne et de la gentillesse de la population. Je fais maintenant partie de ce pays.
Ma nomination date d'il y a un mois à peine. Bien entendu, je m'y suis longuement préparé. Je pourrais peut-être dire que c'est la Saint-Valentin de notre mariage. Je me souviens de l'après-midi où je me suis demandé si je devais relever ce grand défi. J'ai acheté un billet d'entrée au Musée canadien de la nature et à ma grande joie j'ai vu des centaines d'enfants admirer les expositions et les programmes du musée. C'est ce qui a suscité mon enthousiasme et mon désir de servir le musée, parce que ces enfants sont les fruits de mon mariage.
Pour ce qui est de mon expérience professionnelle, j'ai été non seulement architecte et urbaniste, mais j'ai joué un rôle dans d'autres organismes publics. J'ai été le président de la Commission des services de policiers d'Ottawa et, pendant près de huit ans, je me suis occupé de la police communautaire, des programmes communautaires et de l'évolution de la culture policière.
Ensuite, à titre de membre du conseil d'administration de l'hôpital général d'Ottawa et de président du comité de vérification de l'hôpital, j'ai pris l'habitude de faire face aux restrictions budgétaires, de favoriser la recherche scientifique et j'ai également eu l'occasion de m'occuper de mes semblables.
Le fait de savoir répondre aux besoins d'harmonisation m'aidera aussi dans mon rôle actuel, en plus du fait que j'ai beaucoup voyagé dans le monde entier tout au long de ma vie.
J'avoue avoir été gâté par mes concitoyens de nombreuses villes du Québec. Ce sont des gens très gentils. Chaque fois que nous nous rencontrons, ils me parlent en anglais. Cela ne m'a pas dissuadé de prendre des cours de français. Maintenant que je travaille au sein d'une institution nationale, je suis certain que j'aurais davantage l'occasion d'apprendre cette langue nationale très importante.
Je voudrais d'abord saisir cette occasion pour vous présenter les membres de mon équipe. Bien entendu, le président du musée est M. Alan Emery. M. Colin Eades est le directeur de programme du musée. M. Patrick Colgan est le vice-président adjoint du musée et Mme Leslie Patten est la vice-présidente des programmes publics.
Le président: Si vous le permettez, monsieur Ling, je voudrais savoir si vous allez parler au nom du musée ou si M. Emery va également prendre la parole? C'est seulement pour savoir de combien de temps vous avez besoin.
M. Ling: Je ne passerai pas plus de dix ou 15 minutes à vous expliquer les objectifs, les buts et les défis du musée. Je céderai ensuite la parole à M. Emery qui vous parlera de nos projets et programmes en cours.
Le président: Pourriez-vous diviser ce temps en deux? Autrement, nous n'aurons pas l'occasion de vous poser des questions. Si vous pouviez résumer vos idées - et je demanderai àM. Emery d'en faire autant - afin que nous ayons la possibilité de vous poser des questions, je l'apprécierais. Merci.
M. Ling: Pour ce qui est de la mission du musée, elle comprend deux parties. Nos objectifs consistent à accroître l'intérêt des Canadiens pour la connaissance, l'appréciation et le respect de la nature. Les moyens de le faire consistent à établir, maintenir et développer des collections de recherches et à manifester des connaissances et de la compréhension.
Nous avons de nombreux défis à relever. Il y a d'abord le défi économique des affectations budgétaires qui reflète la situation économique du Canada et du monde entier. Il y a ensuite les limitations sur le plan du financement, le fait que le tourisme est touché également par la situation économique de même que l'intérêt public qui est centré sur l'emploi et le travail.
Deuxièmement, nous sommes en période de transition. Le conseil d'administration est en pleine transition et nous devons réexaminer notre rôle en fonction des besoins de la collectivité et de la nécessité d'améliorer notre capacité de recherche.
Troisièmement, il y a la perception du public quant à la valeur des musées et leur utilité comme partenaires pour la recherche et l'éducation.
Tels sont les défis à relever. Nous cherchons à faire plus avec moins et en tout cas à préserver ce que nous avons, à nous consolider, à nous réorganiser, à améliorer notre efficacité en établissant un juste équilibre - et je souligne le mot «équilibre» - entre les sphères d'excellence dans le domaine de la recherche et les programmes publics.
Dans cet esprit, le conseil d'administration a donné à la direction quatre directives. Premièrement, nous devons rendre des comptes à la société. Deuxièmement, nous devons avoir l'esprit d'entreprise. Troisièmement, les communications doivent être efficaces et quatrièmement, nous devons promouvoir l'esprit national.
À titre de président, ce que je voudrais faire comprendre à notre conseil d'administration qui, à son tour, transmettra le message à la direction laquelle pourra servir la population canadienne de façon efficace c'est que nous ne devons rien tenir pour acquis, ni nous reposer sur nos lauriers. Il faut toujours supposer qu'il y aura des crises de temps à autre.
Je voudrais emprunter le mot «crise» à la langue chinoise où il est, en fait, composé de deux mots. Le premier est «danger» et le deuxième «occasion». Notre conseil d'administration et notre direction s'efforcent de faire face à la transition économique et à la perception du public, qui sont les dangers et de faire une utilisation intelligente des possibilités que nous ont confiées les Canadiens et nos amis des autres régions du monde.
Merci, monsieur le président. Je vous invite à nous poser des questions, à moi directement ou aux autres membres de l'équipe de gestion. Mais avant, je vais demander à M. Emery de vous présenter certains des programmes et des projets que le musée a entrepris ou va entreprendre. Merci beaucoup.
Le président: Merci d'avoir respecté la limite de temps.
Monsieur Emery.
M. Alan Emery (président, Musée canadien de la nature): Monsieur le président, je vais essayer de faire exactement la même chose.
Comme vous le savez et comme notre président l'a souligné, le musée a trois principales fonctions. L'une d'elles est la recherche. Son but est de comprendre la nature et de susciter de nouvelles connaissances à partir desquelles le savoir pourra s'élargir.
Nos collections visent, bien sûr, à détenir du matériel qui représente l'âme naturelle du pays pour la postérité de même que des instruments de recherche et des outils permettant de démontrer les nouvelles connaissances au public canadien et étranger.
Enfin, nos programmes publics visent surtout à communiquer au grand public tout ce nouveau savoir que nous avons découvert.
À cet égard, nous avons trois objectifs fondamentaux. Il s'agit de mieux faire connaître la nature aux Canadiens, de mieux leur faire connaître les sciences, car se sont deux choses différentes. Et nous le faisons dans le cadre de notre troisième objectif qui consiste à susciter un dialogue pour la conservation entre les Canadiens.
Le musée centre ses efforts par l'entremise de trois programmes. Il y a d'abord l'Arctique qui traite des problèmes et des solutions dans les deux pôles de la planète. Le deuxième porte sur la biodiversité qui s'intéresse aux problèmes que pose la disparition de certaines espèces dans le monde. Le troisième s'intéresse aux origines. Les problèmes modernes ont souvent une origine naturelle et si nous la comprenons, nous pouvons mieux les résoudre.
En deux mots, notre service de recherche établit des modèles de prédiction qui nous permettent de trouver des solutions aux problèmes du monde naturel. La création de ces modèles nous permet également de produire des réseaux de coopération d'un bout à l'autre du pays. Il va sans dire que nous contribuons également ainsi à préserver et à stimuler l'unité nationale.
Je voudrais mentionner quatre projets. L'un d'eux s'intéresse aux changements dans l'Arctique c'est-à-dire l'évolution importante qui s'y produit actuellement et les moyens de résoudre ces problèmes.
Pour ce qui est du deuxième, étant donné que nous perdons de nombreuses espèces dans le monde, il faut choisir, à partir des meilleures variables possibles, les meilleures régions où établir des zones de conservation de l'environnement naturel.
Nous sommes également en train d'étudier quatre éléments différents dans le but de créer des modèles pour prédire leurs emplacements dans l'environnement naturel. Cela améliorera la capacité du Canada à trouver les matériaux stratégiques dont nous avons besoin pour notre survie.
Un autre projet qui peut vous intéresser consiste à examiner le passé pour voir ce qui s'est produit lorsque les dinosaures ont disparu de la surface de la terre. Nous sommes actuellement engagés sur une voie qui pourrait s'y apparenter, du moins en ce qui concerne la disparition des espèces.
Pour ce qui est des collections, notre déménagement a bien sûr été au centre de notre attention. Nous allons déménager, d'ici la fin de cette année, nous l'espérons, dans un nouveau bâtiment situé à Aylmer. Quatorze immeubles seront ainsi regroupés à deux endroits. L'exposition principale restera dans l'immeuble situé entre Metcalfe et McLeod. Le nouveau bâtiment d'Aylmer regroupera ensemble les 13 autres édifices.
Nous avons également une stratégie nationale de collection dans le cadre de laquelle nous cherchons à réunir les collections du Canada de façon électronique et peut-être même physiquement afin de rationaliser au maximum la façon dont elles sont utilisées.
Pour ce qui est de la programmation publique, nous avons deux grands secteurs d'activités. L'un d'eux est la région de la capitale nationale. Bien entendu, cette programmation est présentée dans l'immeuble. Plusieurs expositions ont connu un succès énorme. Vous avez peut-être visité notre exposition sur les requins. Elle a eu un succès retentissant. Depuis le début, le nombre de visiteurs a battu tous les records, dépassant souvent de 80 p. 100 les records antérieurs.
Nous avons aussi une exposition sur la pharmacie de la nature, un nouveau concept mis au point pour inciter les gens à entrer en contact avec le monde naturel, comprendre comment il fonctionne et cela de façon très personnelle.
Notre exposition sur la nature et les nouvelles met l'accent sur ce qu'on peut lire dans les journaux d'aujourd'hui et aborde ces sujets à la lumière des connaissances scientifiques et générales.
Nous tenons également de nombreuses expositions itinérantes aux quatre coins du pays. Elles sont internationales. Je n'en mentionnerai qu'une qui présente un intérêt particulier en raison de son résultat.
Nos activités ont ceci de particulier qu'elles apportent quelque chose au pays. Nous ne nous contentons pas de présenter des expositions amusantes ou de faire de la recherche ésotérique. Nous avons préparé une exposition avec trois partenaires, soit le Mexique et deux partenaires du Canada. Elle portait sur le papillon monarque. Le monarque est une espèce de papillon qui va hiberner au Mexique en hiver et qui, plusieurs générations plus tard, retourne au Canada pour s'y reproduire pendant l'été.
L'exposition a été ouverte à Ottawa. Elle s'est ensuite rendue au Mexique. Au Mexique, elle a connu un tel succès et elle a tellement réussi à convaincre certaines régions de protéger le monarque dans les hautes montagnes qu'elle a été citée comme l'un des principaux facteurs qui ont convaincu l'opinion publique mexicaine de la nécessité de préserver cette espèce. Le ministère de l'environnement du Canada a d'ailleurs reconnu cette même influence lorsque trois régions de la côte nord du lac Érié ont été désignées pour préserver les points de départ de la migration du monarque.
Nous avons également des expositions dans les aéroports. L'un de nos projets les plus intéressants est peut-être celui qui consiste à créer un réseau de communication, d'un bout à l'autre du Canada. Les gens de chaque communauté nous aiderons à parler de la nature, en temps réel, aux Canadiens des autres régions. Nous travaillons actuellement à cela avec plusieurs communautés du grand Nord. Nous espérons pouvoir présenter un projet pilote au Congrès mondial sur la conservation qui aura lieu à Montréal, en octobre de cette année, afin de démontrer que l'on peut guider la conservation en aidant les Canadiens à communiquer entre eux au sujet de la nature.
Merci beaucoup.
Le président: Merci beaucoup, monsieur Emery.
Monsieur Leroux.
[Français]
M. Leroux: Merci, messieurs Ling et Emery, de votre présentation. Je souhaite d'abord la bienvenue à M. Ling, nommé tout récemment président de ce musée. Je ne saurais vous prêter d'autres qualités et intentions que celles de vouloir que les choses aillent bien et qu'elles se développent.
Vous disiez cependant, M. Ling, qu'en chinois, le mot «crise» veut dire danger et occasion. J'imagine, et vous le confirmerez selon le cas, qu'«occasion» veut dire revoir la situation, faire une prise de conscience, se réorienter, changer, etc. Dans la sagesse chinoise, «occasion» a sans doute ce sens.
Je voudrais, monsieur Ling, partager avec vous des préoccupations majeures qui font l'objet d'une vive controverse quant à gestion du Musée, que l'Institut professionnel de la Fonction publique du Canada qualifie, entre autres, de malsaine.
On a connu un épisode assez mouvementé. L'Institut publiait en 1994 un document avec pièces obtenues en vertu de la Loi sur d'accès à l'information - puisqu'il n'est jamais simple d'avoir cette information - qui portait, entre autres, de sérieuses accusations de mauvaise gestion. Je m'inquiète d'entendre M. Emery dire que le premier mandat est la recherche, alors qu'on a congédié17 scientifiques et augmenté le nombre d'administrateurs et la masse salariale. Selon les renseignements que j'ai obtenus, on aurait depuis corrigé la situation en syndiquant certains postes et en modifiant les fonctions.
Ce document révélait que les campagnes de financement mises sur pied par le Musée profitaient largement aux firmes qui les géraient, mais peu au Musée. On disait aussi que des postes de direction étaient comblés sans concours, souvent par des gens qui avaient déjà eu des contrats avec le Musée.
Par ailleurs, des protestations s'étaient élevées de partout dans le monde à la suite de la décision du Musée de modifier sa vocation scientifique en faveur d'une mission plus commerciale. Les accusations portées par le syndicat ont amené le Musée à demander à Peat Marwick Thorne de faire une juricomptabilité, c'est-à-dire une étude visant à vérifier les allégations du syndicat.
Je citerai les propos de l'avocate du ministère de la Justice qui avait étudié cette affaire. Elle disait qu'il y avait eu, et je cite le libellé anglais de l'opinion qu'elle émettait, «incompetence and gross mismanagement». L'étude fut remise au conseil d'administration et le Musée refusa de la rendre publique. Le syndicat l'a obtenue à la suite d'une ordonnance de la cour. Il y avait là des difficultés majeures.
Cette étude montrait clairement les mauvaises pratiques de gestion de la haute direction du Musée et donnait raison au syndicat.
Récemment, M. Robert LeBlanc, le bras droit du directeur général, a été remercié de ses services; d'autres cadres ont aussi été remerciés et ont quitté leurs postes au cours des dernières semaines; le président du conseil d'administration que vous remplacez et le président du comité de vérification ont tous deux démissionné.
Beaucoup de questions se posent relativement à cette situation. Serait-il possible que les membres de notre comité obtiennent un exemplaire du rapport de Peat Marwick Thorne?
Vous devez vous douter que ma première question porte sur les liens qui pourraient exister entre les départs de M. LeBlanc et des deux autres cadres et le fait que le rapport ait été rendu public. Rien ne semblait bouger auparavant et maintenant ça bouge. Ces départs sont-ils reliés à la publication du rapport?
Dans un deuxième temps et dans la même ligne de pensée, je voudrais savoir si d'autres cadres sont visés dans cette opération. Je reviendrai plus tard avec d'autres questions.
[Traduction]
M. Ling: Je vous remercie de votre question. Je vais essayer d'y répondre de façon générale et j'invite également M. Emery à y répondre en partie de façon plus précise.
Je pense que vous avez raison, monsieur, de souligner que le mot «crise» comprend deux éléments soit le danger et l'occasion. Il est toujours important de supposer que des dangers peuvent se présenter de temps à autre, même si ce ne sont pas nécessairement des dangers réels. Il est toujours raisonnable de faire cette supposition.
L'une de mes principales tâches, sinon la principale, est de veiller à ce que le conseil d'administration soit le principal organisme décisionnel. C'est mon rôle et je l'ai déjà fait en appelant chacun des membres du conseil, depuis mon entrée en fonction, il y a deux semaines à peine, pour m'assurer que le conseil saura susciter la confiance de tout le monde, de la direction et de l'ensemble du public.
Je me suis engagé à visiter chaque coin du musée, à examiner toutes les collections ainsi qu'à rencontrer tout le personnel de la direction, non seulement la haute direction, mais tous ceux qui sont associés au musée, les divers intervenants, pour savoir quels sont les besoins. Il y a une différence entre leurs désirs et leurs besoins.
Les besoins sont importants à mes yeux, car je tiens à m'assurer qu'il s'agit de besoins réels que nos projets et nos programmes refléteront.
Pour ce qui est d'obtenir la copie du rapport des vérificateurs, je crois tout à fait possible de vous la communiquer. Les membres de votre comité devraient certainement pouvoir l'examiner. Je dois m'informer à ce sujet, mais en ce qui me concerne, je voudrais toujours agir avec transparence et l'esprit tout à fait ouvert.
Depuis le peu de temps que j'assume la présidence, j'ai mis sur pied une vérification de la gestion par l'entremise de notre comité de la vérification et des finances. Nous voulons faire examiner la situation par des gens de l'extérieur, les gens qui travaillent au musée et le grand public qui fréquente le musée.
Je tiens à profiter de ma présence à Ottawa. J'espère que cela pourra être utile. Au lieu de faire constamment l'aller-retour et de rester seulement quelques jours, je tiens à être parfaitement au courant de ce qui se passe et cela exige de ma part, une qualité importante que j'appelle «l'art de prévoir».
Pour ce qui est de la situation à la direction quant au congédiement de M. LeBlanc et au reste, je demanderai à M. Emery de répondre à votre question.
M. Emery: Il faut bien comprendre que le musée, comme bien d'autres organisations du monde moderne, cherche à répondre aux besoins de la société. Notre musée, comme les musées du monde entier, a subi des transformations considérables. La plupart des autres musées qui cherchent à opérer ce genre de transformations de façon à se rapprocher davantage du public connaissent la plupart des mêmes difficultés.
Vous avez dit plusieurs choses auxquelles je voudrais répondre directement.
Premièrement, même s'il est vrai qu'en 1993-1994, les membres de l'Institut professionnel et de nombreux autres employés du musée étaient inquiets devant tous les changements que nous apportions, il ne fait aucun doute que la situation s'est nettement améliorée depuis. Un grand nombre des scientifiques qui travaillent avec nous à ces projets intégrés sont très autonomes et les projets ont pris une envergure qui n'aurait jamais été possible avec les anciennes méthodes.
En fait, le nombre de chercheurs que nous avons congédiés était non pas de 17, mais de sept. Deux d'entre eux n'ont pas été congédiés vraiment. J'ai prolongé leur contrat afin qu'ils puissent prendre leur retraite. Les sept que nous avons congédiés travaillaient dans des domaines dans lesquels le Canada possède déjà de solides connaissances. Nous avons donc laissé partir certains types de chercheurs en reconnaissant que nous ne pouvons pas, pas plus qu'un autre musée quelle que soit sa taille, couvrir la totalité du monde naturel. Nous avons mis l'accent sur les domaines qui sont les moins bien connus au Canada.
Pour ce qui est des campagnes de financement, vous avez laissé entendre que j'avais versé beaucoup d'argent à certaines firmes et que cela ne nous avait pas beaucoup rapporté. En réalité, nous avons recueilli entre 8 et 10 millions de dollars au cours de la période en question. Nous l'avons fait avec des frais de 20 à 25 p. 100. Certaines activités ont eu un grand succès, d'autres moins, mais dans l'ensemble, le fait d'avoir réussi à recueillir autant d'argent en dépensant aussi peu marque une étape importante dans l'histoire des musées canadiens.
L'accusation selon laquelle nous nous écartons de notre vocation scientifique en faveur d'une vocation commerciale n'est pas fondée. J'avoue ne pas très bien comprendre, étant donné que depuis plusieurs années, de même que dans notre programme futur, nous augmentons le pourcentage de notre budget consacré aux sciences. Nous commercialisons effectivement nos activités, comme bien d'autres organismes du monde entier, mais les profits de cette commercialisation visent à accroître notre capacité scientifique et non pas à la réduire.
Il est important également, je crois, que je réponde directement à votre question quant aux deux directeurs qui ont été congédiés. En fait, celui que vous avez mentionné - pas M. LeBlanc - n'a pas été mis à pied. Son contrat devait prendre fin à la mi- mai et nous ne l'avons pas renouvelé, tout simplement.
Pour ce qui est de l'autre, M. LeBlanc, comme vous le savez sans doute, en plus des aspects divertissants des programmes des musées, il y a également d'autres éléments importants tels que le financement, l'administration, la sécurité, l'entretien des bâtiments, etc., qui sont à la base de tous les secteurs d'activité du musée.
Dans notre cas, pour réaliser les aspirations dont notre président vous a parlé en ce qui concerne la rationalisation, nous avons entrepris la restructuration du secteur que dirigeait M. LeBlanc. Nous avons redéfini son poste et nous avons besoin de quelqu'un de différent. Je lui ai simplement demandé de quitter son poste pour cette raison.
[Français]
M. Leroux: Merci. J'apprécie votre réponse.
Monsieur Emery, il est incontestable que le rapport blâme l'administration. Autour de vous, ça tombe. Le rapport semble mettre carrément en cause le directeur général, et je suis un peu inquiet en ce sens. Je veux bien comprendre les motifs des transformations. Il arrive qu'au terme d'un contrat, on ne le renouvelle pas.
Depuis combien de temps M. LeBlanc était-il au service du Musée?
[Traduction]
M. Emery: Environ trois ans et demi.
[Français]
M. Leroux: Trois ans, ça couvre donc tout cet épisode, etc.
Permettez-moi de faire un lien entre la mise en cause de la compétence de la direction générale et le fait que vous gériez la crise. Quoi qu'il en soit, j'aimerais que vous précisiez si des primes de séparation ou d'autres sommes ont été accordées aux cadres lors de leurs récents départs.
[Traduction]
M. Emery: Tout d'abord, j'aimerais répondre à votre allégation selon laquelle les têtes tombent autour de moi. En réalité...
Le président: Pourriez-vous être bref?
M. Emery: Oui.
En fait, j'ai constitué une équipe très solide et nous progressons très bien. Il n'y a pas de lien, je crois, entre le départ de M. LeBlanc et de Denis Tremblay et toute difficulté à la direction. Le montant d'argent qui est versé aux employés congédiés est conforme à la politique établie par le gouvernement canadien. Dans le cas de Denis Tremblay, comme son contrat se terminait, il n'a reçu aucune indemnité. C'était la fin de son contrat.
Je pourrais également souligner que le bureau du vérificateur général s'est récemment livré à un examen spécial de nos activités et qu'il n'a confirmé aucune des allégations figurant dans le document préparé par l'Institut professionnel. La plupart de ces allégations portaient sur le financement et l'administration, comme vous l'avez dit vous-même. Par conséquent, dans ce cas, ces allégations n'ont pas été confirmées.
[Français]
M. Leroux: Je pense que le rapport confirme que les allégations sont fondées. On met clairement le doigt sur le problème: il y a eu une mauvaise gestion.
Je voudrais mettre fin à une rumeur. Si elle n'est pas fondée, nous l'éteindrons tout de suite puisque je vous demande de me répondre clairement sur cette question. On dit que M. LeBlanc aurait bénéficié d'un salaire de trois ans à titre de prime de départ. Si c'est une rumeur, nous allons la tuer tout de suite.
[Traduction]
M. Emery: Faites-le tout de suite.
[Français]
M. Leroux: Merci.
Le président: Monsieur Bélanger.
M. Bélanger: C'est peut-être inusité de ma part, et on va l'attribuer au fait que je suis encore nouveau dans le domaine, mais je voudrais remercier M. Leroux de sa perspicacité et surtout de sa persévérance dans le dossier. On a soulevé des questions et je trouve de bon augure qu'on continue de tenter de faire le point.
Je me permets de soulever un fait très anodin, mais l'occasion est trop belle pour la manquer. J'ai d'ailleurs envoyé une lettre au commissaire aux langues officielles au début de la semaine ainsi qu'une copie à M. Emery. Je soulève ce fait surtout à cause des propos de M. Ling et de l'importance du Musée pour les enfants.
Au début de la semaine, je rencontrais un professeur d'une école de ma circonscription qui me disait que lors de la visite de sa classe au Musée, le service dans une des deux langues officielles laissait à désirer. Je ne parle pas ici de la langue de travail, bien que j'imagine qu'on pourrait aussi s'y attaquer. J'espère que si c'est effectivement le cas, on corrigera la situation. Vous verrez ma lettre et j'espère qu'on y donnera un suivi.
En raison de l'emplacement du Musée dans la capitale nationale et de ses efforts en vue d'étendre son rayonnement, il faudrait quand même respecter la politique selon laquelle tous les services doivent être offerts dans les deux langues officielles, même ceux qui sont offerts par des traiteurs.
[Traduction]
M. Ling: Merci pour ce conseil très important. C'est certainement l'un des principaux défis que je vais relever immédiatement.
M. Emery: Je crois toutefois important de situer les choses dans leur contexte.
Notre musée a reçu, l'année dernière, un prix des responsables des langues officielles. Ce prix soulignait les efforts que nous avons déployés à cet égard. Je pourrais également demander àMme Patten de vous dire quelques mots de notre politique qui consiste à servir le public dans les deux langues officielles.
Leslie.
Mme Leslie Patten (vice-présidente, Programmes publics, Musée canadien de la nature): Notre politique...
[Français]
M. Leroux: Une classe d'élèves de ma circonscription est allée au Musée et n'a pas reçu le service auquel elle était en droit de s'attendre. C'est ce dont je veux qu'on traite; je regrette que le reste m'importe peu.
[Traduction]
Le président: Monsieur Shepherd.
M. Shepherd: Merci beaucoup.
Monsieur Emery, j'examine la décision de construire un bâtiment pour le musée à Aylmer. Quel processus a-t-on suivi pour décider de le construire sur ce qui semble être un marécage?
M. Emery: La décision d'acheter ce terrain a été prise il y a plusieurs années. Elle s'inscrivait dans un plan que la Commission de la capitale nationale avait établi dans le but de créer des modules dans différents secteurs de la région de la capitale nationale et notamment à Aylmer. Ce terrain a été acheté dans divers buts dont la construction de notre musée. L'achat a été fait en 1988, je crois, si bien que nous n'y avons pas du tout participé.
M. Shepherd: Ce que je connais bien ce sont les règlements de zonage. Était-ce une zone dont l'environnement était protégé? Était-ce une zone fragile sur le plan écologique?
M. Emery: Non, c'est...
M. Shepherd: En est-ce une?
M. Emery: Ce secteur a été désigné depuis longtemps comme zone industrielle. On y retrouve certaines espèces propres aux marécages, mais nous avons fait faire une importante évaluation de tout le secteur. En fait, c'est nous qui avons découvert que cela pourrait soulever certains problèmes. Nous avons d'abord envoyé nos propres gens sur place pour examiner les lieux. Selon le rapport d'évaluation, il y a là effectivement certaines espèces propres aux marécages. Mais sa conclusion est qu'il ne s'agit pas d'une zone particulièrement fragile ou unique.
M. Shepherd: Les travaux sont en cours et l'on a des plans pour leur achèvement. C'est bien cela?
M. Emery: Oui. Mais ce ne sont pas seulement des plans. La totalité du site acheté par le ministère des Travaux publics comprend 75 hectares. C'est donc très vaste. L'immeuble occupe environ 4 p. 100 de cette superficie. Le plan prévoyait l'aménagement de l'ensemble du site qui aurait été réparti en 41 parcelles, mais du fait que nous occupons le tout, nous protégeons toute cette zone. Cela a été confirmé la semaine dernière. Nous avons conclu une entente avec Travaux publics pour aider à gérer le reste de ce secteur qui ne nous appartient pas pour le moment. Nous en possédons seulement 17 hectares. Nous avons accepté d'aider à en gérer le reste afin de protéger ce marécage.
Comme je l'ai dit, il n'a rien d'unique, mais c'est un endroit intéressant.
M. Shepherd: À posteriori, diriez-vous que c'était une bonne décision?
M. Emery: Je pense que oui en ce sens que même si nous n'avons pas eu notre mot à dire, si nous n'avions pas été choisis, ce serait maintenant un parc industriel et non pas un parc naturel.
M. Shepherd: J'en reviens à la question de la gestion. Où en est actuellement le moral des employés?
M. Emery: Je crois qu'il est très positif. Bien entendu, les changements considérables apportés suscitent encore quelques inquiétudes, mais en général, surtout dans certains secteurs de nos programmes, le moral est excellent. Les succès que nous avons remportés dans le cadre de nos programmes publics avec Leslie Patten et le renouvellement récent du programme de recherche sous la direction de Patrick Colgan ont été remarquables. C'est merveilleux.
M. Shepherd: Vous avez mentionné la nécessité de trouver des recettes supplémentaires. Quels sont vos résultats? Comment cela s'est-il passé?
M. Emery: Notre première initiative a été couronnée de succès. Comme je l'ai mentionné tout à l'heure en réponse à la question, cela nous a rapporté beaucoup d'argent. Les choses semblent plus difficiles, mais nous obtenons toujours de bons résultats.
Nos efforts se répartissent sur deux fronts. Nous avons d'abord le commerce direct soit le magasin, le stationnement et la location de locaux dans le musée. Cela nous rapporte un petit profit, mais un profit quand même. Puis nous avons un ensemble de campagnes de financement et de recettes professionnelles provenant de diverses activités telles que le travail que nous faisons avec d'autres pays afin de les aider à créer des stratégies nationales pour la biodiversité. C'est quelque chose qui semble également très prometteur. Ce n'est pas très rentable pour le moment, mais cet investissement devrait nous rapporter beaucoup à l'avenir.
Il ne faut pas oublier non plus qu'en ce qui concerne cet élément du programme, comme le secteur privé peut payer directement pour les travaux que nous voulons faire, il n'est pas nécessaire que nous en tirions un bénéfice. Le simple fait que nos employés puissent faire le travail qu'ils souhaitent accomplir en étant rémunérés par le secteur privé nous fournit de quoi payer les salaires...
M. Shepherd: Le recouvrement des coûts.
Quand j'examine votre budget pour 1995-1996 et 1996-1997, il reste relativement stable, et ne baisse que légèrement. Sur ces chiffres, quelles auront été vos recettes pour ces deux années?
M. Emery: Vous voulez dire les deux années ensemble?
M. Shepherd: Non, je voudrais savoir à combien se chiffraient vos recettes de l'extérieur en 1995-1996 par rapport à 1996-1997.
M. Emery: Je ne suis pas encore certain d'avoir compris la question. En 1995-1996, nous avons eu des recettes d'environ trois millions de dollars. Pour 1996-1997, nous prévoyons un chiffre légèrement inférieur.
M. Shepherd: Moins que cela.
M. Emery: Oui.
[Français]
Le président: Monsieur Leroux.
M. Leroux: Monsieur Ling, je sais que vous n'êtes en poste que depuis peu de temps, mais je veux encore vous communiquer mon inquiétude face à la situation, puisqu'il faut regarder vers l'avenir. Il est difficile d'établir une crédibilité par rapport aux nouvelles politiques d'orientation, et des réactions se sont manifestées partout dans le monde. Je pense qu'il est temps d'en parler et de rétablir les faits.
M. Emery avait commencé à parler de soubresauts dans tout ce changement. Les changements comportent toujours quelques difficultés, mais il y a quand même eu un questionnement sur la crédibilité scientifique du Musée à la suite du changement des politiques par les nouveaux gestionnaires. Un groupe de travail a été mis sur pied à l'interne pour évaluer l'approche du Musée.
Monsieur Ling, avez-vous pris connaissance des résultats du groupe de travail à l'interne?
Quant aux réactions qui ont été suscitées partout dans le monde et qui sont venues questionner la crédibilité du Musée, envisagez-vous une stratégie en vue de répondre à ce questionnement?
[Traduction]
M. Ling: Pour être honnête avec vous, j'ai effectivement examiné un tas de documents depuis dix jours et cela représente moins du quart de tous les documents et réunions que j'ai demandés à la direction. Mais je crois important de ne pas me contenter de digérer ces documents et de pouvoir agir sur deux plans.
Il y a d'abord celui de la communication. Autrement dit, il faut d'abord que le conseil d'administration soit mis parfaitement au courant de tous les faits. La première chose est donc la connaissance. La deuxième est la confiance. Je veux être certain qu'il y a suffisamment de confiance entre la direction et le conseil d'administration, et pas seulement moi-même, car je fais seulement partie de ce conseil. Les décisions doivent être prises par ce dernier. S'il y a des problèmes, c'est à lui de décider de la façon d'y remédier. Je ne dois pas être le seul à suggérer des décisions au conseil. Mais je tiens à féliciter ce processus dans les délais les plus brefs.
Le conseil doit se réunir en juin. Je n'ai pas beaucoup de temps pour me préparer à cette réunion. Mais je vais m'efforcer de réunir les faits et d'améliorer le climat de confiance, surtout vis-à-vis du personnel et du grand public.
[Français]
M. Leroux: Quelle est votre intention relativement à la crédibilité scientifique internationale?
[Traduction]
M. Ling: Il set très agréable de pouvoir faire tout cela en peu de temps. L'un de mes défis consiste à établir les priorités. Chaque priorité devrait être assortie d'un délai.
Quand je parle de consolidation, je veux dire qu'il ne faut pas rester les bras croisés. Il faut parfois faire un demi pas en arrière pour pouvoir en faire deux en avant.
Je tiens à pouvoir travailler en collaboration plus étroite avec le conseil afin que d'ici peu de temps c'est-à-dire d'ici les deux prochains mois si possible, nous nous réexaminions en tant que musée, en tant qu'institution importante. En effet, pour pouvoir aller sur la scène internationale, il faut être prêt. Il est important que nous soyons prêts à le faire.
C'est une bonne chose que certains liens soient déjà établis avec d'autres pays. Mais il y en a d'autres que nous n'avons pas encore contactés et qui pourraient également être très importants, qu'il s'agisse des pays francophones ou anglophones ou de ceux qui parlent d'autres langues. Nous devons déployer nos efforts en fonction des priorités. Ces liens internationaux sont importants à nos yeux. Mais il y a aussi la façon dont les gens nous considèrent.
Quand on parle de la programmation communautaire, il ne faut pas laisser de côté la recherche, car c'est un élément important à mes yeux. Nous devons également nous montrer excellents dans ce domaine. Nous devons donc prendre des bonnes décisions et faire des bons choix.
Merci.
[Français]
M. Leroux: En terminant, monsieur Ling, je vous remercie de nous avoir fait partager votre culture et connaître le sens du mot «crise».
J'ai bon espoir qu'il y aura une ouverture et qu'on pourra à l'avenir apporter des corrections en profondeur pour mieux se réorienter.
[Traduction]
Le président: Monsieur Ling, Je tiens à vous remercier vous et vos collègues et je vous souhaite beaucoup de succès dans votre mandat.
M. Ling: Merci.
Le président: Si vous le permettez, j'aimerais prendre deux minutes pour vous parler, à vous, à M. Emery et à vos collègues et cela de la façon la plus objective possible. Je pense que les questions de M. Leroux et les observations de mon collègue, M. Shepherd, ne doivent pas être sous-estimées. Je tiens à dire, le plus objectivement possible, que l'autre jour, à la table ronde sur la biodiversité, j'ai souligné certains des programmes positifs réalisés par le Musée de la nature. Je le dis pour vous montrer que mes remarques ne sont pas purement négatives et que je suis conscient des aspects positifs du travail du musée.
En même temps, je crois que la perception du public est très importante pour la crédibilité du musée en tant qu'instrument public. Il faut en tenir compte. L'autre jour, lors de l'inauguration du Secrétariat à la biodiversité, j'ai participé à plusieurs réceptions. Les gens sont venus me voir en sachant que j'étais le président du Comité permanent du patrimoine canadien, pour se plaindre du musée et émettre un bon nombre des critiques formulées par M. Leroux.
Les écologistes ont nettement l'impression que le déménagement à Aylmer est un véritable désastre en ce sens que le Musée de la nature s'est installé au beau milieu d'un habitat dont nous essayons de protéger les espèces. Je vous dis simplement ce qu'en pensent les gens et c'est une perception qu'on ne peut pas laisser de côté.
En même temps, quand le nouveau ministre du Patrimoine a suspendu le projet pendant un certain temps, on m'a demandé si l'on faisait ou non un effort concerté pour procéder au remblayage, à la construction des fondations le plus rapidement possible afin que ce soit irréversible. J'ignore ce qu'il en est, mais je peux vous dire qu'un tas de rumeurs circulent, que la perception du public est négative et qu'il faudrait s'en rendre compte. Je le dis le plus objectivement possible et je suis le premier à louer un bon nombre des initiatives du musée.
Quand ce genre de remarques émanent du comité, elles ne visent pas simplement à refléter la position du gouvernement. Cela tient compte seulement des commentaires que nous fait le public et si je le dis c'est en tant qu'ami de nos institutions telles que le Musée de la nature.
Cela dit, je tiens à vous remercier tous pour votre excellent témoignage et je vous souhaite tout particulièrement, monsieur Ling, un mandat couronné de succès. Merci.
[Français]
Le président: Je vous prie de rester deux secondes pour régler une question.
M. Leroux: Oui.
[Traduction]
Le président: Ce n'est qu'une petite question.
[Français]
Mardi prochain, le 14 mai, nous étudierons le projet de loi C-216.
[Traduction]
Il s'agit du projet de loi d'initiative parlementaire de M. Gallaway. Nous avions prévu d'entendre une institution le 16 mai. Nous allons essayer de changer la date afin de pouvoir consacrer deux jours à M. Gallaway pour terminer l'étude de son projet de loi.
[Français]
M. Leroux: Tout à fait d'accord.
Le président: Nous avons obtenu l'assentiment de la Chambre.
[Traduction]
Cela vous convient-il?
[Français]
M. Leroux: Monsieur le président, j'aimerais peut-être proposer un témoin lors de cette étude. Dans la procédure, il faudra suivre...
Le président: Je vous prierais de communiquer avec... Nous tenterons de terminer l'étude en deux jours. Si nous accueillions votre témoin, nous entendrions trois témoins mardi et trois témoins jeudi. Il ne s'agit que de deux paragraphes. Sommes-nous d'accord là-dessus?
Nous ferons cela les 14 et 16 mai. Nous pourrons terminer le 16 et faire rapport à la Chambre.
Quant à la motion dont vous vouliez parler, monsieur Bélanger, je crois que nous nous sommes mis d'accord pour l'entendre mardi prochain.
M. Leroux: Tout à fait. Merci beaucoup, monsieur le président.
Le président: Merci beaucoup.
La séance est levée.