VUES DU PARTI RÉFORMISTE SUR LE RAPPORT PROVISOIRE DU COMITÉ DE L'INDUSTRIE
«Examen des sciences et de la technologie et le déficit d'innovation au Canada» et sur les recommandations
1. Objet
Le Parti réformiste souhaite présenter un rapport minoritaire afin d'exposer ses préoccupations concernant à la fois la décision de déposer un rapport et les recommandations contenues dans ce dernier. Nos commentaires sont fondés sur la dernière ébauche (version 1) remise aux membres du Comité
2. La décision de déposer le rapport
L'examen des sciences et de la technologie et du déficit d'innovation au Canada a été effectué en table ronde. Nous avons entendu d'excellents témoins et avons beaucoup appris sur la situation de la S-T au Canada de nos jours. Quand la Chambre a ajourné ses travaux pour le congé de Noël, le Comité avait reçu une quantité considérable d'information, mais n'avait pas terminé son examen. Il n'a pas, par exemple, entendu les communautés scientifiques provinciales, qui sont pourtant des intervenants essentiels pour que le Canada puisse promouvoir un plan d'action de S-T.Le Parti réformiste estime qu'il est prématuré de déposer un rapport et, plus particulièrement, de formuler des recommandations. Nous comprenons que le rapport a été déposé en toute hâte afin d'appuyer les recommandations sur les sciences et les affaires formulées précédemment par le Comité des finances et pour inciter le ministre des Finances à mettre l'accent sur les sciences et la technologie dans le budget fédéral; or cette précipitation n'aura servi à rien puisque le ministre a annoncé que le budget sera déposé tôt.
Cette ruée de dernière minute a pourtant eu plusieurs conséquences : le président du Comité a été amené à prendre des décisions unilatéralement; le processus de délibérations a été court-circuité et les membres du Comité n'ont eu le temps ni d'étudier les recommandations contenues dans le rapport ni de proposer des modifications; aucun des objectifs visés ne sera atteint puisqu'il est déjà trop tard pour que le ministre des Finances tienne compte du rapport et des recommandations dans le budget fédéral imminent.
Les Réformistes sont convaincus de la nécessité de donner une plus grande place aux sciences, à la technologie et à l'innovation, en vue de leur précieux apport à la situation et à l'avenir de l'économie canadienne. Nous estimons toutefois que le dépôt prématuré du rapport ne permettra pas à la population canadienne de bien comprendre les travaux du Comité et ne témoigne aucunement de l'intérêt que portent ses membres à la question.
Selon nous, si le rapport avait été déposé plus tard, il aurait présenté des recommandations justes et utiles qui auraient pu véritablement contribuer à améliorer la situation de la S-T au Canada.
3. Les recommandations
Comme, à notre avis, les recommandations sont prématurées et incomplètes, nous aimerions faire les remarques suivantes à propos des recommandations qui figurent dans le rapport provisoire du Comité.Recommandation
- Le Comité de l'industrie aimerait porter à l'attention du ministre des Finances, avant le dépôt du budget au Parlement, quelques grandes questions qui pourraient faire l'objet d'une politique à long terme ainsi que quelques recommandations à plus court terme. Nous avons pris connaissance du cinquième rapport du Comité permanent des finances, Le Budget de 1997 et au-delà : Achever la tâche, et nous approuvons totalement ses recommandations sur les sciences et les affaires.
Recommandation
- Au cours des audiences, de nombreux témoins nous ont expliqué l'importance des sciences et de la technologie pour notre avenir économique. Les entreprises à vocation scientifique créent des produits à valeur ajoutée et offrent des emplois bien rémunérés. Nombre des établissements et des programmes publics de sciences et de technologie bénéficient d'un soutien considérable du secteur privé. Nous avons aussi entendu des arguments fort convaincants sur le fait que notre succès comme nation de haute technologie ne dépendra pas seulement de la qualité et du nombre des activités de sciences et de technologie, de recherche et de développement, du capital et de la main-d'oeuvre, mais tout autant de notre capacité de collaborer, de coopérer et de créer des réseaux entre nous et avec les chercheurs et les entreprises de l'étranger. Les preuves abondent même que les entrepreneurs canadiens des secteurs de haute technologie peuvent faire beaucoup plus qu'ils ne font actuellement. On nous a parlé de projets, en particulier dans le domaine des technologies de l'information, qui avaient dû être annulés faute de programmeurs et d'ingénieurs qualifiés, de bons emplois qu'on ne peut combler et des difficultés de certaines entreprises à trouver le financement dont elles ont besoin au moment opportun.
Recommandation
- Les membres de la communauté scientifique sont nombreux à penser que, tant sur la scène publique que politique, on n'accorde pas assez d'attention aux sciences. Le discours du budget étant de loin la déclaration économique de l'année la plus commentée, nous recommandons au ministre des Finances d'utiliser cette tribune pour insister sur l'importance des sciences et de la technologie et pour exposer l'engagement à long terme du gouvernement dans ce domaine.
Recommandation
- La mise en garde suivante a été présentée au Comité : il faut créer un ensemble national d'activités scientifiques doté d'un équilibre entre la recherche et le développement. À l'image d'une économie fondée sur le pétrole susceptible de s'effondrer si l'on consacre trop de ressources au forage par rapport au raffinage, l'état actuel de l'infrastructure scientifique dans les universités préoccupe tant l'entreprise que le milieu universitaire. Tout comme le Comité des finances, nous avons entendu une proposition conjointe de l'Association des universités et collèges du Canada, de l'Association canadienne des professeurs d'université et du Consortium national des sociétés scientifiques et pédagogiques en vue de revitaliser les installations de recherche des universités en y consacrant une partie des ressources du nouveau programme d'infrastructures. Les conclusions de ce Comité abondent dans le sens de celles tirées par le Comité des finances, en ce sens qu'elles sont favorables à un tel programme qui nécessitera, par ailleurs, la collaboration totale de tous les ordres de gouvernement. Bien qu'une action conjuguée soit préférable, le Comité estime que le gouvernement fédéral devrait continuer d'agir seul lorsque les circonstances l'exigent en vue d'améliorer les infrastructures de recherche.
En outre, le Parti réformiste maintient que l'absence prolongée d'une stratégie cohérente et suffisante en matière de S-T a semé le doute quant à la nécessité d'une forte capacité en recherche fondamentale et a réduit l'appui de l'opinion à cet égard, ce qui a contribué directement à la détérioration de l'infrastructure de la recherche fondamentale dans le secteur universitaire.
Nous ne croyons pas à l'efficacité d'un programme d'infrastructure et nous n'appuyons pas une telle initiative comme solution à ce problème. En lieu et place, nous recommandons que le gouvernement, avec la contribution de la communauté scientifique, élabore une stratégie canadienne en matière de science qui permette l'établissement d'un financement stable et à long terme pour la recherche scientifique fondamentale et une gestion améliorée des ressources scientifiques.
Un tel engagement supprimerait l'élément d'incertitude qui pèse sur le secteur universitaire et donnerait à ce dernier le principal outil dont il a besoin pour reconstruire l'infrastructure de base de la recherche, de même que la confiance nécessaire pour établir des plans et pour prendre lui-même ses décisions en matière d'investissements à long terme, en tenant compte de la nécessité pour lui de se positionner dans les communautés nationales et internationales de la science et de la technologie.
Recommandation
- Le renouvellement du Programme de réseaux de centres d'excellence est à l'étude et, à l'instar du Comité des finances, nous pensons que la phase III du programme mérite d'être entreprise. Le Comité de l'industrie a examiné de près, plus que le Comité des finances, la question des Réseaux de centres d'excellence et se dit davantage convaincu de la contribution que ces réseaux peuvent apporter au système national d'innovation. Outre les résultats impressionnants qu'ils ont obtenus en matière de transfert de technologie et de formation, les Réseaux de centres d'excellence encouragent de nouveaux modes de collaboration et de nouvelles façons de faire de la recherche et du développement qui devraient créer une empreinte plus profonde encore dans les entreprises et chez les universitaires que l'action directe des réseaux eux-mêmes.
4. Conclusion
Le Parti réformiste désire réitérer son appui à l'opération des tables rondes. Nous estimons que les témoignages entendus ont été extrêmement utiles et qu'ils ont plaidé éloquemment en faveur d'un effort concerté de la part de tous les secteurs - gouvernement, institutions d'enseignement et entreprises - pour combler le déficit d'innovation.Il est impératif que le Canada augmente ses activités en matière de R-D. Cela donnera lieu à la mise en place d'un secteur technologie bien développé, à une productivité accrue, à de meilleurs taux d'emploi, et à une croissance économique plus vigoureuse. Selon nous, ce seront là les éléments cruciaux de la compétitivité au 21e siècle.
Les membres du Parti réformiste croient que le Canada est à un tournant. Le moment est venu de nous décider et d'aller de l'avant. Il est indispensable que notre pays possède une véritable culture scientifique et technologique, pour que les citoyens accordent à la S-T l'importance qui lui revient, pour que nos universités et nos industries assoient leurs objectifs et obtiennent des appuis, et pour que nos gouvernements trouvent les moyens de résoudre nos dilemmes économiques et sociaux. Pour résumer, nous aurons alors trouvé une perspective commune et nous accorderons enfin aux efforts de ceux qui ont amorcé le changement la reconnaissance qu'ils méritent.