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Monsieur le Président, c’est avec grand plaisir que je prends la parole aujourd’hui pour discuter du projet de loi
Nous en sommes aux dernières étapes de cette législature. Les élections qui auront lieu en octobre prochain nous semblent encore loin, mais le compte à rebours est commencé pour les projets de loi qui sont présentés à ce stade-ci, car il faut souvent plus d’un an pour faire adopter des projets de loi, même s’ils nous viennent du gouvernement.
Il y a trois ans, le gouvernement libéral nous a promis une loi sur les langues autochtones. Il allait la déposer l’année dernière, mais il vient de le faire cette semaine. Il lui faudra bien des efforts et une forte volonté, peut-être même une volonté renouvelée, pour négocier et faire des compromis. Ce projet de loi est un bon pas vers la protection des langues autochtones au Canada, mais le gouvernement a raté des occasions importantes et réelles dans celui-ci.
Le parle souvent, et certainement plus que ceux qui l’ont précédé, de la nécessité d'une réconciliation. Sur le terrain, ce message est incohérent, parce que bon nombre des Autochtones que je représente dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique ont entendu ces mots, mais ils n'ont vu aucune mesure concrète.
Depuis mon arrivée au Parlement, j’ai milité pour les langues autochtones et pour que l’on accorde un bon financement stable aux programmes linguistiques. Tout comme nous nous inquiétons de voir des espèces rares et magnifiques disparaître ou se trouver en voie de disparition dans le monde, nous observons des langues anciennes et riches disparaître sous nos yeux, de notre vivant, ici au Canada. J’ai entendu à maintes reprises des ministres appeler cela une crise, mais nous ne la traitons pas comme telle.
Je vais commencer par souligner le bon côté de la situation, parce qu’il est important de reconnaître les bonnes choses. Bien que ce projet de loi nous arrive en retard, et que l’on ne précise pas encore de financement, le fait que nous parlions maintenant des langues autochtones est positif et nous ne voulons pas que cette conversation s’éteigne.
Ce projet de loi n’est pas très volumineux, mais il pourrait entraîner de grands changements. Il permettra peut-être l’apport d’un financement stable. La question du financement est importante, parce que ceux qui ont essayé d’apprendre une deuxième ou une troisième langue savent qu’il ne suffit pas de suivre un cours d’une semaine. Non, il ne suffit pas de suivre des cours d’une semaine une fois par année ou tous les deux ou trois ans.
Un effort soutenu au fil du temps, de l'instruction et l'accès à du matériel dès le plus jeune âge: voilà ce qui confère le bagage nécessaire pour maîtriser réellement une langue. Apprendre à bien s’exprimer dans sa propre langue exige ce genre d’effort soutenu.
Bien que le projet de loi prévoie des fonds, aucun montant n’est indiqué. L’article 7 de la mesure dit seulement que des consultations seront menées auprès des groupes autochtones pour établir le financement. C’est à se demander ce que le gouvernement a fait au cours des trois dernières années.
Les libéraux ont beaucoup parlé de consultation et on se serait attendu à ce qu’un chiffre soit rattaché à cette mesure. Nous aurons bientôt un budget, mais les Canadiens bien rompus à la politique savent que les budgets présentés au cours d’une année électorale ne valent souvent pas plus que le papier sur lequel ils sont rédigés, quoique ce ne soit pas toujours le cas.
Le gouvernement a développé une dépendance à ce qu’on appelle le financement différé. Il annonce un montant élevé. Le logement ou le transport sont de bons exemples où les sommes sont élevées, mais où elles ne sont versées qu'au cours de la huitième, neuvième ou dixième année du programme. Si quelqu’un peut me dire à quoi ressemblera le gouvernement, surtout le budget, dans 10 ans, j’aimerais certainement lui parler du marché boursier et de Las Vegas.
C’est impossible. Ce sont des promesses qu’on ne peut pas tenir. Bien que le financement soit prévu dans le projet de loi, le gouvernement ne donne aucun chiffre, même si nous en avons exigé un à plusieurs reprises.
C’est frustrant, parce qu’on agit comme s’il n’y avait pas de crise. Lorsque les libéraux disent qu’ils veulent tenir des consultations après avoir été au pouvoir pendant plus de trois ans et demi, les groupes et les dirigeants autochtones, ainsi que les personnes qui parlent une langue autochtone se demandent ce que les libéraux ont fait précisément et pourquoi il a fallu tant de temps.
Je dois parler un peu de chez moi, car c’est dans cette perspective que j’évalue ce genre de mesure législative.
Dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique, certaines des cultures autochtones les plus anciennes et les plus dynamiques sont les Tahltan et les Tlingits de la rivière Taku, au nord, jusqu’à la frontière du Yukon; les Haïda de Haida Gwaii et les Tsimshian de la côte jusqu’à Bella Coola et Bella Bella, les Nuxalk, vers l’intérieur jusqu’aux Carrier Sekani, les Wet’suwet’en, les Haisla, les Tsimshian, les Wet’suwet’en, les Gitxsan et d’autres.
Ces langues sont vraiment remarquables. Lorsque j’assiste à une cérémonie traditionnelle dans la salle de fête, qu’il s’agisse de baptêmes, de mariages, de funérailles ou d'autres cérémonies traditionnelles, je me souviens que la capacité d’une communauté ou d’une nation de parler sa propre langue dans ces moments importants de la vie se trouve au cœur de toute culture, en particulier de la culture autochtone: le décès d’un aîné, le baptême des jeunes ou la dénomination d’un chef. Il s’agit de pouvoir raconter les histoires et expliquer la signification des mots et des lieux.
Je pense à l’affaire dont il est souvent question à la Chambre. L’affaire Delgamuukw et Gisday'wa a été entendue à la Cour suprême du Canada, à quelques rues d’ici, lorsque deux chefs des Gitxsan et des Wet'suwet'en ont comparu devant le tribunal jour après jour pour établir un principe de droit et un précédent importants, soit que la tradition orale et la preuve orale peuvent être reconnues comme preuve.
L’une des grandes arnaques des empires coloniaux a été de nier toute autorité légale aux peuples autochtones pour leur subtiliser la terre, terra nullius, comme s’il n’y avait jamais eu personne ici. En résumé, tout ce qui existait en droit ici, dans certains cas depuis des milliers et des milliers d’années, a été éliminé.
À la Cour suprême, le défi pour les chefs Wet'suwet'en et Gitxsan était de pouvoir décrire dans leur langue, en wet'suwet'en et en gitxsan, les toponymes, l’histoire et les récits de leurs nations. Après l’avoir fait à répétition dans le cadre d’un contre-interrogatoire musclé de la Couronne, cette affaire a été accueillie avec succès. Parce qu’ils parlaient leur langue traditionnelle dans sa forme originale, ils ont pu établir devant le plus haut tribunal du pays leurs droits territoriaux et la capacité d’avoir une certaine influence sur ce qui se passe dans leur foyer. C’est le concept le plus fondamental des droits de la personne auxquels nous croyons.
Malheureusement, c’est là que j’ai du mal à m’entendre avec le gouvernement actuel, et je pense que de nombreux peuples autochtones sont comme moi. Si nous regardons les Wet'suwet'en et ce qui se passe actuellement sur leur territoire et sur celui des Unist'ot'en, il y a un débat, qui vire parfois au conflit, à l’égard d’un projet de pipeline. Une des choses que nous essayons d’établir avec le gouvernement, c’est cette capacité même d’avoir leur mot à dire sur leur territoire. Nous avons demandé au et au gouvernement de participer à ce qui se passe sur le territoire des Wet'suwet'en. Du Cabinet du premier ministre jusqu’à la , on nous a dit que ce ne sont pas nos affaires.
D’une part, les libéraux disent considérer la réconciliation comme une priorité. Le dit souvent qu’il n’y a pas de relation plus importante que celle avec les peuples autochtones. Lorsqu’il y a un différend à régler, on peut discuter avec la municipalité, la police, l’entreprise et le gouvernement provincial, mais on ne peut pas discuter avec le gouvernement fédéral en vertu des lois existantes, qui ont été adoptées ici même à la Chambre.
Le gouvernement veut soudainement se laver les mains de toute implication et dire qu’il croit en la réconciliation, sauf lorsque nous avons besoin de réconciliation, lorsqu'il faut réconcilier des choses comme la Loi sur les Indiens et le système héréditaire de gouvernance des Wet'suwet'en. Ce serait une chose importante pour le gouvernement s’il se souciait de la réconciliation. Réconcilions-nous.
Ma famille est d'origine irlandaise. J’ai été le premier membre de ma famille à naître ici après l'immigration de mes parents, dans les années 1950. Quand je regarde l’histoire de l’Irlande, en particulier l’histoire coloniale de la Grande-Bretagne en Irlande, l’une des tactiques utilisées par le pouvoir colonial visait l’extinction de la langue, l’extinction de l’histoire qui permet de comprendre d'où viennent les gens. Si on ne peut raconter notre histoire, on ne sait pas qui nous sommes. C’est une tentative d’effacer un peuple. Pour vraiment les asservir, le pouvoir colonial, dans le cas présent, vise l’extinction de leur histoire et de leur langue.
C'est ce qui s'est passé en Irlande des siècles durant, et la Grande-Bretagne, en tant que puissance coloniale, a repris le modèle dans ce pays-ci pour éliminer des langues, des récits, des histoires. Les colons pouvaient prétendre qu’il n’y avait personne ici. Le territoire n’était pas été usurpé, car il n’appartenait à personne; après tout, les Autochtones étaient un peuple nomade sans lois, ni traditions, ni langue, ni culture.
Par l'intermédiaire des pensionnats et de la rafle des années 1960, qui ne sont pas mentionnés dans le projet de loi, ainsi que d’autres tactiques d’oppression conçues par les législateurs, par le Parlement, explicitement, par les premiers ministres qui se sont succédé, on a essayé d'éradiquer complètement les peuples autochtones et de les sublimer dans le creuset colonial. Nous ne pouvons qu’imaginer le courage et l’énergie qu’il a fallu aux aînés autochtones pour insister, même si c’était contraire aux lois de l’époque, pour parler leur langue.
J’ai assisté récemment à des funérailles où un aîné a raconté ce que c’était pour lui que d’aller à l’école. Il se faisait battre chaque fois qu’il parlait gitxsan. Dès que l'enseignante — une sœur en l'occurrence — entendait quiconque s'exprimer en gitxsan, même dans un moment d’excitation ou d'accablement ou pour donner une explication à un autre élève, elle battait l’élève pris en faute.
Ma grand-mère a pu raconter la même histoire à propos de son passé en Irlande. Si elle parlait celte devant les religieuses britanniques, elle aussi se faisait battre. Par conséquent, au-delà des océans et des siècles, nous sommes capables de reconnaître les influences. Aujourd’hui, ma famille ne parle presque plus celte, et je me demande de quoi cela me prive en tant que descendant irlandais, puisque, à cause des décisions prises par le modèle des parlements, à Londres, je suis dépossédé de mon histoire, de ma culture et de mes traditions.
Tout comme c’est le cas pour les espèces, une fois qu'une langue est éteinte, il n’y a pas de retour en arrière. Quand je regarde autour de moi les communautés autochtones que je représente, j'ai conscience des efforts qui ont été déployés, d’abord dans l'illégalité, et encore maintenant que ce n’est plus interdit. Il est très difficile de pérenniser l’utilisation des langues autochtones.
Dans certaines des communautés de ma circonscription, on peut compter sur les doigts d’une seule main le nombre de personnes qui parlent encore couramment leur langue; or, la survie d'une langue passe par le fait d'être parlée couramment. J’exhorte le gouvernement à comprendre, lorsqu’il planifiera les dépenses et qu'il élaborera les programmes liés au projet de loi, que le simple fait de connaître quelques mots, phrases ou expressions et de pouvoir compter jusqu’à 10 est un bon début, mais que ce qu'il faut, c'est qu'une langue soit parlée couramment.
Comme toute personne qui a essayé d’apprendre une nouvelle langue le sait, si quelqu’un ne parle pas couramment cette langue et n'en saisit pas la richesse et l’étendue, alors il ne comprend pas le peuple qui la parle. Dans le cas des personnes dont c’est la langue maternelle, elles ne peuvent alors pas se comprendre elles-mêmes, et même si l'État a par le passé visé un tel objectif, il ne faut pas faire les choses à moitié. Nous devons prendre les moyens de faire les choses correctement.
Je vais parler d'une fête haïda à laquelle j'ai assisté, un moment incroyable. C'était le festin de la déclaration du nom du chef. C'était une grosse affaire. Un de mes amis, Guujaaw, recevait son nom. C'était une longue fête dans la plus pure tradition haïda, avec beaucoup de nourriture, de chansons, de cadeaux, de prestations et de discours. J'étais là en observateur. C'est difficile pour un politicien, mais je n'étais pas du tout là pour parler. J'étais juste là en tant que témoin parce que c'est ainsi que le souvenir d'une fête se perpétue: grâce à ceux qui en ont été témoins.
À la toute fin du discours, il y a eu le temps des cadeaux. C'est une belle tradition de nombreux peuples autochtones, et indéniablement des Haïdas, que d'offrir des cadeaux aux gens qui témoigneront de ce qui s'est passé dans la salle des fêtes.
Pendant que les cadeaux étaient distribués, étant donné qu'il y en avait de très nombreux et que cela prenait un certain temps, un des jeunes Haïdas s'est levé au milieu de la salle et il a dit: « Nous aimerions chanter quelques chansons. Quelqu'un veut-il se joindre à nous pendant qu'on distribue les cadeaux? C'est notre tradition que de chanter des chansons. »
Un à un, de jeunes Haïdas sont sortis de la foule. À la fin, il devait y avoir 30 ou 40 jeunes Haïdas, qui ont chanté pendant une heure ou même plus, chanson après chanson. J'en ai été émerveillé, moi qui connais une partie de l'histoire des Haïdas, dont les couvertures infectées par la variole et l'extinction presque totale de leur culture. J'observais une renaissance, la résurrection d'une langue, surtout chez les jeunes.
J'étais assis à côté d'un des anciens haïdas et j'ai dit: « Il y a beaucoup de richesse ici. » Il y avait beaucoup de cadeaux offerts, et ce chef en particulier, mon ami, comme les Haïdas, a pu décrire sa richesse et sa stature à la communauté. Néanmoins, la vraie richesse se trouvait au milieu de la pièce. Les jeunes sont capables de parler entre eux et avec leurs aînés en haïda. C'est une source d'inspiration pour quelqu'un qui représente l'État, qui représente non seulement notre présent, mais aussi notre histoire. Je sais que des personnes qui ont occupé mon poste par le passé avaient des opinions racistes implicites selon lesquelles les peuples autochtones étaient des êtres inférieurs aux langues barbares. Ces mots ont été prononcés à maintes reprises au Parlement. La barbarie des Autochtones: voilà le débat d'actualité il y a 100 ans.
Nous avons vu la détermination des Haïdas, des Tsimshians, des Gitxsans, des Wet'suwet'en et d'autres encore à maintenir la compréhension de leur langue, sans soutien et même malgré les attaques du gouvernement fédéral.
Nous sommes ici au Parlement. Le mot Parlement vient du mot « parler ». Nous protégeons jalousement notre capacité de parler les deux langues officielles. Il est contraire aux règles de la Chambre de critiquer quelqu'un parce qu'il s'exprime en français, ou de lui suggérer d'utiliser une langue plutôt que l'autre. Nous sommes libres de nous exprimer du mieux que nous le pouvons. C'est là règle, à la Chambre. Nous avons toute une pile de livres qui protègent ce droit de prendre la parole au Parlement, de nous exprimer. Si le projet de loi peut aider à faire avancer le pays en disant qu'on a le droit de protéger ces langues, de s'exprimer dans les langues autochtones, alors nous ferons une bonne chose.
Mon ami d’ a passé sa vie à faire face à des défis, politiques et personnels, et à un État déterminé à l’ignorer. Sa générosité et sa détermination l'ont gardé fidèle à cette cause, à la volonté d'obtenir qu'on puisse s'exprimer au Parlement dans les langues autochtones et que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones devienne loi au Canada.
Cette partie du projet de loi doit passer du préambule au corps de la loi. Si nous croyons aux droits garantis par l’article 35, si nous croyons à la déclaration des Nations Unies et pensons qu'elle devrait inspirer notre législation, il faut qu'elle soit intégrée au corps législatif. Qu'on lui permette de s’exprimer pleinement, car si jamais le Canada cherche à devenir la nation qu’il promet d’être, nous devons certainement faire ce genre de choses, et même plus, et les faire ensemble.
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Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
J'aimerais commencer par dire mahsi cho.
Aujourd'hui est un grand jour. Je suis très heureux de prendre la parole pour appuyer le projet de loi , la Loi sur les langues autochtones. Cette mesure législative vise la revitalisation des langues autochtones, dont l'usage s'est détérioré au fil des ans à cause des politiques racistes et discriminatoires de divers gouvernements qui se sont succédé.
Nous parlions trois langues chez moi quand j'étais enfant: l'anglais; la langue des Dénés du Dehcho; et la langue des Métis, le français métis qu'on appelle le mitchif. Tout cela s'est arrêté quand j'ai commencé l'école, car, à cette époque, nous n'avions pas le droit de parler une autre langue que l'anglais. Si nous étions pris à parler une autre langue ou que quelqu'un nous dénonçait pour l'avoir fait, on nous frappait avec une courroie de caoutchouc de 18 pouces qui avait 3 pouces de largeur.
Il n'y avait pas d'excuses. Nous étions coupables, peu importe que nous l'ayons fait ou non. Il arrivait parfois que des camarades de classe en accusent d'autres d'avoir parlé une langue interdite, alors que ce n'était pas vrai. Ils voulaient assister au châtiment. Il n'y avait aucun moyen de s'en sortir. Si le directeur venait, nous attrapait et nous amenait devant la classe, et que nous nous débattions, il nous frappait partout où il le pouvait. Si nous nous laissions faire, il nous frappait les mains avec une courroie. Habituellement, c'était quatre coups par main. Le seul moment où il arrêtait avant d'avoir terminé, c'était si nous saignions. Beaucoup de mes camarades utilisaient un cheveu coupé dans l'espoir de saigner plus rapidement et ainsi interrompre le châtiment dès le premier coup de courroie.
Pourquoi est-ce arrivé? Pourquoi avons-nous subi ce cauchemar? C'est parce que les politiques du passé ont été conçues pour détruire l'identité autochtone et décourager l'usage des langues traditionnelles.
Le projet de loi vise à soutenir et à promouvoir l'usage des langues autochtones. Il reconnaît que les langues sont fondamentales pour les peuples autochtones sur le plan identitaire et en rapport avec leurs cultures, leur spiritualité, leurs liens avec la terre, leurs visions du monde et leur autodétermination.
Tout au long des séances de consultation du gouvernement sur cette mesure législative, qui, je crois, se sont échelonnées sur deux ans, il a été dit que la langue faisait partie intégrante de l'identité personnelle et de celle d'un peuple, et qu'elle contribuait à la fierté et à la force tant au niveau individuel que collectif.
Les jeunes Autochtones de tout le Canada doivent être exposés à leur histoire par la langue et doivent être soutenus dans leurs efforts pour apprendre leur langue et être fiers de leur culture. S'ils laissent de côté leur langue pour survivre, ils laissent aussi de côté une grande partie de leur culture. C'est une chose que l'expérience m'a apprise.
En reconnaissant l'importance des langues autochtones au Canada, nous donnerons plus de vigueur au peuple et aux communautés autochtones de même qu'au pays dans son ensemble.
Il y a eu beaucoup d'études sur le rôle de l'utilisation — ou plutôt du manque d'utilisation — des langues autochtones en ce qui concerne le problème du suicide. De nombreuses études ont montré que les communautés autochtones où la majorité des membres déclarent être capables de converser dans une langue autochtone, les taux de suicide chez les jeunes sont faibles, voire nuls. Par comparaison, dans les communautés où moins de la moitié des membres déclarent connaître la langue, les taux de suicide sont jusqu'à six fois plus élevés.
Le rapport de l'Assemblée des Premières Nations sur ses séances nationales de mobilisation dit:
L'apprentissage des langues et la réunification de l'identité peuvent être des sources de guérison. La scolarisation — pensionnats indiens, externats, écoles publiques, écoles techniques — était une source de perturbation de l'utilisation des langues autochtones en tant que processus naturel. Ces établissements nous ont rendus honteux de parler nos langues, et les parents ont été amenés à croire que nos langues nuiraient à leurs enfants et les empêcheraient de réussir. La revitalisation des langues peut être utilisée pour atténuer d'autres problèmes comme la toxicomanie; les personnes ayant un fort sens du langage ont une meilleure santé physique et mentale.
Des études et des rapports ont reconnu, par le passé, l'importance de l'apprentissage des jeunes et de l'apprentissage intergénérationnel pour la revitalisation des langues autochtones.
Le rapport de 2005 du Groupe de travail sur les langues et les cultures autochtones, intitulé « Le début d'un temps nouveau » réclame le financement des programmes d'immersion destinés aux enfants et aux jeunes. Le rapport du groupe de travail rappelle aux collectivités autochtones de porter davantage attention aux enfants et aux jeunes en déclarant:
Rentrez dans vos collectivités et n'oubliez pas les jeunes. Il ne faut pas les oublier comme on le fait parfois. Les jeunes sont importants, ils forment la prochaine génération. Nous devons leur demander ce dont ils ont besoin et ce qu'ils veulent, nous devons les amener à participer à ce projet et à en être fiers.
J'ai entendu des chefs de ma circonscription parler d'encourager les gens à parler aux jeunes et aux enfants dans leur langue autochtone, ne serait-ce que pour dire un mot ou une phrase, car cela ne coûte rien.
Dans le rapport, les aînés lancent un appel pressant aux établissements d'enseignement en leur demandant d'encourager les jeunes à assumer la responsabilité de la préservation de la langue. Il est important de reconnaître que les jeunes ont besoin d'avoir accès à une aide financière suffisante pour les assister dans leur cheminement linguistique, de sorte qu'ils puissent apprendre, utiliser et promouvoir leurs langues.
Par l'entremise du projet de loi à l'étude, le gouvernement du Canada s'engage à appuyer les efforts des Autochtones en vue de se réapproprier leurs langues, de les revitaliser, de les préserver et de les maintenir vivantes par divers moyens, notamment par la mise en oeuvre de mesures qui faciliteraient l'allocation de financement.
Un rapport récent publié par le First Peoples' Cultural Council, intitulé « Reconnaissance, préservation et revitalisation des langues autochtones », déclare:
L’énergie de la jeunesse constitue un puissant facteur de motivation pour la revitalisation linguistique et il faut l’encourager.
Il faut encourager les jeunes à s'approprier leur langue, car ils représentent l'avenir de notre pays et c'est sur eux que repose l'avenir des langues autochtones.
En 2016, le Canada adoptait officiellement la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, qui affirme ceci:
Les peuples autochtones ont le droit de revivifier, d’utiliser, de développer et de transmettre aux générations futures leur histoire, leur langue, leurs traditions orales, leur philosophie, leur système d’écriture et leur littérature, ainsi que de choisir et de conserver leurs propres noms pour les communautés, les lieux et les personnes.
La Déclaration prévoit également ceci:
Les États, en concertation avec les peuples autochtones, prennent des mesures efficaces pour que les autochtones, en particulier les enfants, vivant à l’extérieur de leur communauté, puissent accéder, lorsque cela est possible, à un enseignement dispensé selon leur propre culture et dans leur propre langue.
Le projet de loi reconnaît la nécessité urgente de soutenir les efforts des peuples autochtones qui souhaitent se réapproprier leur langue, la revitaliser, la soutenir et la renforcer. Il faut soutenir les jeunes Autochtones et tous les peuples du Canada dans leurs efforts de réappropriation de leur langue. Les communautés autochtones travaillent assidûment à revitaliser les langues des Premières Nations, les langues inuites et les langues métisses et à se les réapproprier et il est important de reconnaître leurs efforts. Le rôle des aînés et des gardiens de la langue est également très important pour la survie des langues des peuples autochtones au Canada et l'importance de leurs efforts ne doit pas être sous-estimée.
Il faut mettre en oeuvre de toute urgence ce projet de loi afin d'offrir le soutien nécessaire aux Autochtones avant que les locuteurs des langues autochtones ne disparaissent. J'invite tous les députés à respecter et à rendre honneur au dynamisme et à la persévérance des jeunes Autochtones en adoptant rapidement le projet de loi.
Je conclurai en rappelant aux députés que ce projet de loi a déjà trop tardé. Nous devons continuer à souligner l'importance de la revitalisation des langues autochtones et de leurs retombées inestimables sur les jeunes Autochtones, les communautés autochtones et les Canadiens. Il faut faire vite; nombre de langues autochtones en dépendent.
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Madame la Présidente, je suis ravie d’être ici aujourd’hui et de prendre la parole sur le territoire traditionnel du peuple algonquin anishinabe. Je sais que si l’aînée algonquine Commanda était présente aujourd’hui, comme elle l’était le jour où elle a procédé à l’inauguration de la nouvelle enceinte des Communes, elle serait heureuse, elle aussi, de parler d’un projet de loi qui porte sur la préservation des langues autochtones du Canada. Bon nombre d'Autochtones du pays sont heureux de voir qu'un tel projet de loi est à l'étude.
Dans ma langue, la langue de mes ancêtres, c'est-à-dire la langue inuite ou l'inuktitut, je vous dis nakurmiik, qui signifie « merci », de me donner l’occasion de servir dans ce lieu, de parler du projet de loi aujourd’hui et de l'appuyer énergiquement.
Le projet de loi , la Loi concernant les langues autochtones, vise à aider les Autochtones du pays à accomplir ce qu’ils s'efforcent de faire depuis longtemps sans l'aide de l'État, soit de continuer de transmettre leur langue et leur culture maternelles, qui font partie de leur être.
Il est particulièrement opportun actuellement de présenter ce projet de loi sur les langues au Canada, tout simplement parce qu’il s’agit de l’année internationale des langues autochtones des Nations Unies. C'est un projet de loi que l'on réclame depuis 1995.
Cette année-là, le Canada avait été sensibilisé à cet enjeu. L’UNESCO avait déterminé que de nombreuses langues dans le monde disparaissaient. Comme d’autres pays, le Canada était appelé à préserver les langues, et en particulier les langues autochtones.
Depuis ce temps, le dossier a très peu retenu l'attention du gouvernement. En fait, aucune mesure n’a été prise.
En 1995 également, la commission royale a appelé le Canada à commencer sans tarder à collaborer avec les Autochtones de partout au pays, à revitaliser les langues, à jeter les bases sur lesquelles nous pourrions soutenir les efforts que les Autochtones déployaient déjà pour préserver leur langue au pays. Toutefois, aucune mesure n’a été prise.
Un député de l'opposition nous demande pourquoi il nous a fallu aussi longtemps pour en arriver là. C’est une question qui devrait être posée au parti d'en face. En 2005, un groupe de travail dirigé par des Autochtones a été formé pour étudier la question des langues autochtones. Il a recommandé très clairement au gouvernement conservateur de l’époque de prendre des mesures qui comprendraient un projet de loi comme celui que nous avons déposé aujourd’hui, dans le but d'accorder aux langues autochtones le statut de langues officielles dans la Constitution, de prévoir du financement, d'établir un conseil national des langues officielles pour coordonner les efforts des Autochtones et de se doter d'une stratégie en bonne et due forme ayant comme seul objectif de garantir la revitalisation et la perpétuation des langues autochtones au pays.
Il s'est écoulé 25 ans depuis que l'on a commencé à préconiser l'adoption d'une loi. Quoi qu'il en soit, nous y voici enfin, car nous avons écouté ce que les Autochtones nous ont dit clairement, c'est-à-dire que le gouvernement du Canada doit en faire plus pour préserver les langues autochtones au pays.
Nous avons travaillé très fort avec des groupes autochtones, les Premières Nations, les Inuits et les Métis, particulièrement au cours des deux dernières années, parce que nous tenions à bien faire les choses et à présenter, à la Chambre des communes, le tout premier projet de loi visant à préserver les langues autochtones du pays, et à répondre aux demandes de ces communautés. Je suis très fière de faire partie du gouvernement qui concrétise maintenant cette promesse.
Mon collègue des Territoires du Nord-Ouest a parlé avec beaucoup d'éloquence des raisons qui ont mené à la disparition de langues autochtones.
Dans ma région, nous sommes très fiers de nos racines autochtones et nordiques. Le Labrador compte deux langues autochtones très différentes, l'inuktitut et l'innu-aimun. Les communautés, les résidants et les aînés ont déployé des efforts considérables, pendant plusieurs générations, pour préserver ces langues. Depuis quelques années, le gouvernement a pu les aider, que ce soit en finançant les outils dont ils ont besoin, en contribuant aux programmes scolaires et parascolaires conçus pour préserver les langues, ou en contribuant à la préparation du matériel dont ils ont besoin pour enseigner ces langues et poursuivre leurs efforts. C'est une tâche très difficile.
Bien que je n'aie pas appris la langue de mes ancêtres pendant mon enfance, beaucoup d'autres personnes ayant grandi dans la même région que moi appartenaient à des communautés où les langues autochtones étaient encore parlées, quoique très peu. Il y a un énorme fossé intergénérationnel entre ceux qui ont une langue autochtone comme langue maternelle, soit les personnes de plus de 65 ans, et ceux qui commencent à redécouvrir leur langue, c'est-à-dire les moins de 14 ans. Ce fossé existe dans le cas de la majorité des langues autochtones de ma région. Ailleurs au pays, cette réalité n'existe même pas. Ainsi, de nombreuses personnes doivent partir de zéro.
Les Autochtones ont perdu leur langue à cause de l'assimilation et des pensionnats. Nous avons d'ailleurs parlé de ce chapitre sombre de l'histoire qui a eu de lourdes conséquences sur de nombreux Autochtones, et nous avons entendu des témoignages à cet égard. Comme l'a dit le député des Territoires du Nord-Ouest, ils ont perdu leur langue parce qu'ils n'ont jamais eu le droit de l'utiliser. Ils n'ont pas été privés de ce droit pendant dix ou vingt ans, mais bien pendant de nombreuses décennies de l'histoire du Canada.
Le Canada ne laissera jamais une telle chose se reproduire. Voilà pourquoi nous appuyons des projets de loi comme le à l'étude aujourd'hui: pour que cela n'arrive jamais plus.
Rappelons-nous que la question a été portée à l'attention du gouvernement à trois reprises au cours des 25 dernières années, sans qu'on fasse quoi que ce soit. La dernière fois, ce fut la Commission de vérité et de réconciliation. Lorsque le premier ministre alors en poste s'est engagé au nom du gouvernement et de tous les Canadiens à donner suite aux recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation, c'était l'une des choses qu'il avait promises.
Je suis ravie que nous soyons arrivés à présenter le projet de loi. Je suis contente que, dans beaucoup de régions du pays, bien des gens parlent encore leur langue maternelle, comme le peuple du Nunavut. Parmi les 33 000 habitants de ce territoire, la plupart parlent encore leur langue maternelle, l'inuktitut. Ils sont un modèle à suivre pour nous tous. Toutefois, nous savons qu'il faudra une intervention précoce et du soutien pour arriver à nos fins.
En conclusion, je veux remercier toutes les personnes qui ont contribué au projet de loi. Merci aux peuples autochtones de ne pas avoir renoncé et d'avoir persévéré. Je tiens à souligner qu'il s'agit d'un pas important sur ce qui a été une longue route pour les peuples autochtones.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui pour participer au débat sur le projet de loi
Les députés ne savent peut-être pas que c'est aujourd'hui la journée du mouvement End it, qui cherche à mettre fin à l'esclavage moderne au Canada et partout dans le monde. Les gens qui y participent se tracent un X en rouge sur la main. Bon nombre de personnes ne savent peut-être pas que, au Canada, la traite des personnes se pratique probablement à 10 pâtés de maisons de l'endroit où elles vivent, si elles habitent en ville, et à moins de 10 milles si elles habitent à la campagne.
L'esclavage moderne revêt de nombreux aspects au Canada. Cependant, la vaste majorité des victimes, environ la moitié, sont des femmes et des jeunes filles autochtones. C'est pourquoi je me suis tracé un X rouge sur la main aujourd'hui.
Le projet de loi vise à assurer le respect et la protection des langues autochtones ici, au Canada. Beaucoup de mesures législatives ont été présentées à ce sujet, et le gouvernement en a lui aussi parlé longuement.
En décembre 2016, le gouvernement a dit qu'il se pencherait sur la question et qu'il présenterait un projet de loi en ce sens. Maintenant, alors que la législature tire à sa fin, le gouvernement a présenté un projet de loi dont nous débattons aujourd'hui.
Il est choquant de voir comment le gouvernement s'y prend pour donner son appui à quelque chose. La gestion de l'offre en est un bon exemple. Le gouvernement dit constamment qu'il l'appuie, mais son appui est bien maigre. En fait, son appui se limite uniquement aux mots « gestion de l'offre ». C'est la même chose dans ce cas-ci. Le gouvernement dit qu'il appuie les langues autochtones, mais son appui se limite uniquement aux mots « langues autochtones ».
Souvent, lorsqu'on appuie quelque chose, il faut donner à celle-ci l'appui de toute l'infrastructure et la société environnante. Appuyer le résultat final n'aide pas nécessairement à réaliser le véritable objectif.
Prenons l'exemple de la gestion de l'offre. C'est très bien que le gouvernement dise qu'il appuie la gestion de l'offre, mais quand il décide d'exclure le lait, les produits laitiers et les protéines animales du guide alimentaire, il n'aide en rien la gestion de l'offre.
Quelques personnes qui travaillent dans mon bureau sont des connaisseurs de café. Elles me demandent toujours pourquoi je mets de la crème dans mon café. Elles croient que je ruine mon café. Je leur réponds que je mets de la crème dans mon café parce que j'appuie la gestion de l'offre. Si l'on dit que l'on appuie la gestion de l'offre, il faut réellement l'appuyer et cibler le vrai problème.
Nous avons un autre exemple de la façon de procéder du gouvernement avec ce projet de loi sur les langues autochtones. On parle de soutenir les langues autochtones et de créer une fonction d'ombudsman et ainsi de suite, mais si on ne soutient pas les communautés et la culture, les langues sont destinées à mourir.
J'en sais un peu sur les langues mortes. Je connais un peu de latin. C'est une langue qu'on utilise tout le temps, mais ce n'est pas une langue parlée. Il existe des cas de langues dont l'emploi a été rétabli. Je pense que l'hébreu est un exemple d'une langue qui était morte et qui, aujourd'hui, est redevenue bien vivante.
Je vais partager mon temps de parole avec le député d'. J'ai oublié de le mentionner au début de mon allocution.
Il s'agit d'un excellent projet de loi. Je suis persuadé que les langues seront codifiées et consignées. De nombreux organismes au pays s'occupent de traduire la Bible dans toutes les langues autochtones.
La Chambre sait peut-être que l'allemand et l'anglais ont été codifiés quand on a traduit la Bible dans ces deux langues. Il existe une langue qu'on appelle le haut-allemand. Il ne s'agissait pas vraiment d'une langue qui était parlée, mais c'est la langue dans laquelle on aurait traduit la Bible pour tout un pan de la population qui parlait une langue germanique dans le monde. Il codifiait plusieurs dialectes en une langue commune.
Donc, ce travail est en cours partout au pays. Bon nombre de ces initiatives pourront probablement être financées grâce à ce projet de loi. Je suis d'accord avec cette idée.
Là où je veux en venir, c'est qu'idéalement, ces langues seraient des langues vivantes, pas des langues mortes, et pour cela, nous devons appuyer les communautés. Qu'est-ce que cela signifie? Dans un premier temps, nous avons au Canada un riche patrimoine de la traite des fourrures. Le Canada s'est bâti sur le commerce de la fourrure. Je dis souvent que le Canada a été bâti sur plusieurs choses, comme le commerce de la fourrure, les chemins de fer et ainsi de suite, mais la traite des fourrures a joué un rôle économique important pour les Autochtones. C'est dommage que nous ne promouvions plus le commerce de la fourrure, de nos jours, au Canada.
Des représentants de l'association du commerce de la fourrure étaient à mon bureau récemment. Ils m'ont dit que la fourrure ne figurera même pas sur les uniformes canadiens aux Jeux olympiques d'hiver. Je ne sais pas si les députés ont vu que Canada Goose a présenté récemment une nouvelle gamme de manteaux dessinés par une couturière de mode inuite. Ce sont de magnifiques manteaux. Ils ont de la belle fourrure sur le capuchon. Je suis certain qu'ils contiennent d'autres produits de la fourrure à l'intérieur, mais, si c'est le cas, cela ne paraît pas. La traite des fourrures a permis aux communautés autochtones d'être durables. Elles ont pu maintenir leur langue sans l'aide d'un financement gouvernemental. Les Inuits en sont un excellent exemple. La plupart d'entre eux ont toujours leur langue parce qu'ils vivent dans des communautés dynamiques.
D'où je viens, de nombreux Cris des bois parlent encore leur langue, et leurs communautés sont florissantes. Pourquoi sont-elles florissantes? Parce que l'économie est en pleine effervescence. Même si les membres d'une génération ont perdu leur langue à cause des pensionnats autochtones, quand les communautés se serrent les coudes et sont bien administrées, leur langue prospère. Nous constatons donc que des mesures législatives comme le projet de loi ne servent à rien. Nous affirmons vouloir soutenir les langues et les communautés autochtones, mais le gouvernement présente le projet de loi C-69, qui nuit au développement de toutes les collectivités du Nord de l'Alberta comptant sur les possibilités économiques offertes par les pipelines, les champs de pétrole et l'exploitation des ressources. Le gouvernement prétend qu'il soutient les langues autochtones, mais son soutien est très limité. Nous devons veiller à ce que les communautés aient une bonne économie. C'est ce qui permettra l'épanouissement de leur langue.
Un autre point qui me frustre est le langage que les libéraux, en particulier, ne cessent d'utiliser concernant les armes à feu. Ils semblent se méfier beaucoup des personnes qui possèdent des armes à feu et s'en servent régulièrement. Ce sont les Autochtones qui possèdent des armes à feu et qui les emploient régulièrement à des fins professionnelles et autres. Il ne fait aucun doute que le langage employé par le gouvernement libéral et les projets de loi qu'il présente, surtout le projet de loi , posent des difficultés pour toutes les collectivités des Premières Nations. Les armes à feu font partie intégrante de leur culture. Elles font partie de leur mode de vie. Par conséquent, bien que nous ayons dit que nous appuierons leurs langues et leur culture, nous faisons le contraire lorsque nous rendons la possession d'arme à feu plus coûteuse.
Beaucoup de gens affirment que nous avons déjà des langues et me demandent pourquoi j'accorde autant d'importance à la question. Nous avons tous une vision du monde, une version de l'histoire et une place bien à nous dans le monde, et le fait d'appartenir à une culture dont les langues et les croyances sont identifiables, entre autres, nous donne un sentiment d'appartenance dans le monde. Dans une large mesure, une langue est capable d'accomplir cela. Les études confirment l'idée que les gens peuvent édifier beaucoup plus facilement une nation et une culture lorsqu'ils sont liés à une langue, un peuple, une terre et une culture.
Pour toutes ces raisons, j'appuie le projet de loi. Il est toutefois paradoxal de se retrouver à la dernière minute à débattre un projet de loi qui vise à appuyer les langues autochtones.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre part au débat sur le projet de loi , Loi concernant les langues autochtones. Bien entendu, nous appuyons le projet de loi et son renvoi au comité du patrimoine après son adoption à la Chambre.
Je remercie tous les députés qui sont intervenus aujourd'hui. Nous avons entendu beaucoup d'observations réfléchies au sujet du projet de loi.
Nous sommes d'avis que le projet de loi à l'étude est à la fois pratique et raisonnable. Comme le député de l'a dit, le gouvernement du Canada a joué un rôle dans la destruction des langues autochtones. Nous devons donc faire partie de la solution pour rétablir leur usage. Espérons que le projet de loi s'avérera un pas dans cette direction.
Le très honorable Stephen Harper a déclaré, dans les excuses qu'il a présentées le 11 juin au sujet des pensionnats autochtones:
Les langues et les pratiques culturelles des Premières Nations, des Inuits et des Métis étaient interdites dans ces écoles [...]
Le gouvernement reconnaît aujourd'hui que les conséquences de la politique sur les pensionnats indiens ont été très néfastes et que cette politique a causé des dommages durables [...]
C'est très vrai.
La mesure législative dont nous sommes saisis avait été promise en 2016. Je demande donc, comme d'autres intervenants l'ont fait avant moi: pourquoi avoir attendu? Pourquoi est-elle présentée si tard dans la session? Il ne nous reste que 13 semaines de séances avant la pause estivale et les élections. Il semble peu probable que le projet de loi devienne loi avant l'ajournement de la Chambre, malgré l'espoir, j'en suis certaine, qu'il en sera autrement.
Il y a plus d'un an, le gouvernement semblait accorder une grande priorité à d'autres projets de loi, par exemple, le projet de loi , appelé le projet de loi Seinfeld, qui ne portait sur rien. En quoi consistait le projet de loi ? En gros, il visait à codifier le changement de nom de Travaux publics, devenu Services publics et Approvisionnement, et à modifier la comptabilisation, dans les crédits, de la rémunération des anciens ministres d'État. C'est tout.
Je dois poser la question: si aucune relation n'est plus importante pour le gouvernement, pourquoi était-il plus important pour lui de présenter un projet de loi codifiant le nom d'un ministère que le présent projet de loi? Cette façon de faire montre que l'affirmation du gouvernement selon laquelle il n'y avait pas de relation plus importante était mensongère.
Je vais parler de la question de l'eau potable dans les réserves. Le gouvernement a promis d'éliminer les avis d'ébullition de l'eau d'ici 2021. Il s'agit d'une initiative fantastique que nous appuyons. Cependant, les députés ministériels ne cessent de se vanter à la Chambre des progrès réalisés et des avis retirés, mais ils ne mentionnent jamais que, chaque fois qu'ils ont éliminés deux avis, depuis leur arrivée au pouvoir, ils en ont ajouté un.
Cette information était même affichée sur leur site Web en juin. On pouvait y lire que 62 avis avaient été retirés et que 33 avaient été ajoutés. Si on visite le site Web aujourd'hui, on ne trouvera pas la section qui portait sur le nombre d'avis d'ébullition de l'eau qui ont été ajoutés, car elle a été supprimée. Alors que les députés ministériels prennent la parole pour se vanter de leur succès, je me dois de demander pourquoi cette information a été retirée du site Web. Qu'essaient-ils de cacher?
Au chapitre de la transparence financière, l'un des premiers gestes posés par le gouvernement visait à alléger l'obligation légale, pour les Premières Nations, de faire preuve de transparence financière envers leurs membres. Si on regarde le plan du ministère des Services aux autochtones, un plan ministériel que le gouvernement doit préparer, publier et déposer à la Chambre et que la ministre doit approuver, l'un des buts indiqués consiste à réduire le nombre de Premières Nations qui se conforment à la Loi sur la transparence financière des Premières Nations. C'est réellement ce qu'on peut lire dans le plan ministériel: le ministère compte réduire de 23 % le nombre de Premières Nations qui se conforment à la loi. Je dois donc féliciter le gouvernement, puisqu'il a atteint son but en partie. En effet, les résultats ministériels publiés dernièrement montrent une réduction de 8 %.
Dans son rapport de 2018, le vérificateur général Michael Ferguson, décédé récemment, commente la séparation des Services aux autochtones et des Affaires du Nord. Il indique que le fait de scinder l'ancien organisme en deux ministères différents aura peut-être pour effet d'améliorer les services offerts aux Premières Nations, mais qu'il sera impossible de le déterminer avec certitude si on ne fait aucun suivi des résultats.
Cela nous ramène aux plans ministériels. Ceux qui ont été présentés à la Chambre montrent les priorités du gouvernement, les ministères qui recevront des fonds, ainsi que les résultats et les objectifs prévus à la suite des investissements et des mesures prises pendant l'année. Au ministère des Services aux Autochtones, 50 % des objectifs fixés sont encore à déterminer.
Dans son rapport, le regretté Michael Ferguson a indiqué que, si nous souhaitons aider les Premières Nations, nous devons connaître les résultats prévus. Cependant, la réponse du gouvernement est de présenter un rapport dans lequel ne sont dévoilés que 50 % des objectifs annuels et des résultats prévus de Services aux autochtones. De plus, 55 % des dates où les résultats sont censés être atteints restent à déterminer et 61 % des résultats de l'année précédente ont la mention « sans objet ». Le gouvernement, celui qui pour lequel il s'agit de la relation la plus importante, fixe des objectifs pour le ministère des Services aux Autochtones, mais il ne dévoile pas ce qu'il a fait l'an dernier à des fins de comparaison.
Je renvoie de nouveau mes collègues aux conclusions du regretté Michael Ferguson, qui a dit que nous ne pouvons pas améliorer les services si nous sommes incapables d'évaluer les résultats.
N'oublions pas qu'il n'y avait aucun objectif dans 50 % des cas. Dans 21 % des cas où il y avait des objectifs, la situation s'est aggravée ou ne s'est pas améliorée par rapport à l'année précédente. Comment pouvons-nous améliorer les services aux Autochtones si, dans la moitié des cas, le gouvernement ne veut pas fixer d'objectif pour les services du ministère des Services aux Autochtones, et si, dans 21 % des cas où il y avait des objectifs, la situation s'est aggravée par rapport aux années précédentes?
En ce qui concerne le ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, le quart de ses plans ministériels ne contiennent aucun objectif pour cette année. Dans 92 % des cas, on ne dit pas quel était l'objectif de l'année précédente. Encore une fois, nous n'avons aucun point de comparaison. Je vais fournir quelques exemples à mes collègues.
En ce qui concerne les réseaux d'eau potable financés par le ministère dans les réserves des Premières Nations, le pourcentage des réseaux qui répondent aux normes imposées ne s'est pas amélioré sur trois ans. Je crois que le gouvernement a prévu un financement de 1,2 milliard de dollars dans le budget. Le gouvernement libéral a prévu un fonds occulte de 400 millions de dollars au titre du crédit 40, mais son propre plan révèle que la situation ne s'améliore pas.
Pour ce qui est du pourcentage des réseaux d'égout financés par le ministère dans les réserves des Premières Nations qui répondent aux normes, il y a eu une baisse de rendement d'environ 20 % par rapport aux résultats obtenus sous le gouvernement précédent.
Le pourcentage de membres des Premières Nations vivant dans des réserves qui disent être en excellente santé a diminué comparativement à ce qu'il était sous le gouvernement précédent.
J'ai un autre excellent exemple pour la Chambre, soit le pourcentage des demandes de prédétermination pour services dentaires qui ont été traitées en conformité avec les normes de service établies. Souvenons-nous que le gouvernement libéral a dépensé 32 000 $ en frais juridiques pour contester la demande présentée par un adolescent autochtone de l'Alberta qui avait besoin de soins dentaires. L'objectif du gouvernement était de traiter 95 % des demandes de prédétermination en conformité avec les lignes directrices en la matière. Les députés savent-ils combien le gouvernement a traité de demandes du genre l'an dernier? Aucune. Le gouvernement a le temps d'intenter des poursuites contre des gens et de se battre contre un adolescent devant les tribunaux, mais il ne peut même pas atteindre ses propres objectifs.
L'augmentation en pourcentage des entreprises autochtones tient compte des sommes réservées aux marchés publics. Ce pourcentage a diminué comparativement à ce qu'il était sous le gouvernement précédent.
Des députés du NPD et d'autres partis ont mentionné les graves problèmes de moisissures qui touchent les logements autochtones. Dans le budget de 2017, le gouvernement a prévu 20 millions de dollars par année pour les logements autochtones dans le Nord. Les députés connaissent-ils la somme que le gouvernement a prévue pour les bornes de recharge Tesla pour millionnaires, comme le et le ? Il a réservé 30 millions de dollars par année à cette fin. Le gouvernement consacre donc plus d'argent aux bornes de recharge Tesla qu'aux efforts déployés pour régler la crise du logement autochtone.
Je le répète: j'appuie le projet de loi . C'est un grand pas en avant, mais il faut suivre le conseil du regretté Michael Ferguson. Il faut mettre en place un système qui oblige véritablement le gouvernement à rendre des comptes au sujet de ses promesses de fournir des services aux Premières Nations.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole au sujet de ce projet de loi. C'est peut-être une des seules occasions que j'aurai de parler d'un projet de loi d'une aussi vaste portée — s'il est bien mis en oeuvre — et qui sera historique pour les circonscriptions comme la mienne.
Comme le savent les députés, je représente 42 Premières Nations dans ma circonscription. La majorité d'entre elles habitent dans des communautés isolées. Elles représentent trois groupes culturels distincts, mais il existe aussi des dialectes parlés dans ces communautés qui ne sont pas nécessairement déclarés par les locuteurs.
La population que je représente compte beaucoup d'Ojibwés, de Cris et d'Oji-Cris, comme on les appelle. Il existe des sous-groupes au sein de ces groupes. Je l'ai appris au début de ma carrière politique, vers la fin des années 1980 et le début des années 1990, quand je me suis rendu dans le Nord pour rencontrer les gens de ces communautés. Quand je parlais à des aînés, j'y allais avec un interprète, car les aînés préféraient parler dans leur langue, s'y sentant plus à l'aise. L'interprète me disait parfois que la langue de la communauté où nous nous rendions, 100 milles plus loin, était plus difficile à comprendre que celle de la communauté que nous venions de visiter, résultat de l'isolement et de l'évolution particulière qu'avait connue la langue au cours de centaines, voire de milliers d'années.
Bref, le projet de loi est d'une importance capitale pour ma circonscription et ma région si nous souhaitons bâtir une société diverse et adaptée à la culture des enfants autochtones et de leurs parents.
Quand on se rend dans le Nord de l'Ontario, on constate que les aînés de plusieurs communautés parlent encore leur langue. Le défi, c'est de voir à ce que les enfants continuent de l'apprendre. Comme je l'indiquais dans l'une de mes questions, avec la technologie moderne, la télévision et les satellites, l'anglais est entré dans les maisons, et beaucoup de jeunes parlent maintenant l'anglais plutôt que leur propre langue.
Je salue également les efforts des députés qui ont fait des démarches pour qu'on traduise les langues autochtones à la Chambre. Il s'agit d'une chose importante pour nous tous.
Je vais consacrer mon temps de parole au rôle du commissaire, qui est fondamental. En vertu de la loi, le commissaire aura pour mission de veiller à la préservation et à la promotion des langues autochtones.
Les langues relèvent de l'éducation. On sait qu'une éducation de qualité et adaptée à la culture contribue à l'établissement d'une relation moderne et plus étroite avec les peuples autochtones du Canada. Certes, pour favoriser l'apprentissage, il faut offrir aux enfants de l'eau potable ainsi que l'accès à un logement sûr et abordable, à des infrastructures sociales et à des services de santé. La création et le maintien d'un tel environnement sont essentiels pour que les jeunes et les enfants se sentent appuyés. Je crois que tous les députés sont résolus à faire en sorte que cela se produise.
Dans la circonscription de Kenora — que je représente depuis 1988, avec une interruption —, nous avons beaucoup d'exemples d'efforts de revitalisation linguistique. Je pense entre autres au centre de ressources éducatives Kwayaciiwin à Sioux Lookout. J'invite les députés qui étudieront le projet de loi en comité à réfléchir au rôle des centres de ressources de ce genre au pays dans la renaissance et l'utilisation des langues autochtones. Je vais donc parler directement de ce que fait le centre de ressources.
En plus d'offrir des programmes et des services aux enfants et aux jeunes autochtones de 21 communautés des Premières Nations, il publie du matériel pédagogique et des livres pour enfants dans un éventail de langues autochtones. En voici quelques titres: « Les mocassins d'Ariel », publié en oji-cri, et « Les signes du printemps », publié en ojibwé.
On ne peut présenter ce genre de projet de loi à la Chambre des communes sans bien comprendre le processus pédagogique, comment on enseigne aux jeunes. Tout comme pour l'enseignement de l'anglais, du français ou de toute autre langue, il faut des ressources, comme des livres qu'on ne peut se procurer ailleurs dans le monde, qui doivent être élaborés un à la fois au Canada. C'est le travail qu'accomplit ce centre de ressources pour les jeunes de ces 21 Premières Nations. Il reçoit de nombreux appels des quatre coins du pays sur la façon de procéder pour traduire la matière dans la langue de la communauté en question et en faire des livres pour la maternelle, la première année et ainsi de suite afin que les ressources nécessaires soient disponibles dans la langue de la communauté.
Je me suis rendu au centre de ressources à de nombreuses reprises et je peux dire que l'enthousiasme dont son équipe fait preuve envers les langues autochtones est indéniable.
J'aimerais aussi attirer l'attention de la Chambre sur l'école Kiizhik, à Kenora. Elle a ouvert ses portes en 2015 avec 15 élèves. Depuis lors, elle connaît une croissance exponentielle. En tant que première école de son genre en Ontario, elle s'efforce de combler l'écart de scolarisation des élèves autochtones de la région en mettant en oeuvre des programmes qui comprennent l'étude du patrimoine autochtone au lieu d'un cadre éducatif.
J'ai eu l'occasion de visiter l'école. Il s'agit de l'école dont je parlais à mon collègue d'Edmonton, celle située dans un centre urbain qui peut accueillir des jeunes — qu'ils vivent dans une réserve des Premières Nations à proximité ou à Kenora — pour leur apprendre leur propre langue. C'est unique, et, de toute évidence, il s'agit d'une autre forme d'éducation. À l'instar de l'immersion française, il s'agit d'une école d'immersion ojibwée. Les enfants commencent à la maternelle, et l'école grossit chaque année.
L'école enseigne des langues traditionnelles et des éléments de la culture autochtone que les écoles publiques ne sont actuellement pas en mesure d'inclure dans leur programme. En apprenant la langue ojibwée, en utilisant un tableau phonétique anishinabe, en participant à des pow-wows dynamiques, en échangeant avec la communauté anishinabe tout en suivant le programme principal de l'Ontario, les élèves vont au-delà de l'apprentissage de base et apprennent vraiment à découvrir la culture qui définit la nation anishinabe.
L'éducation est essentielle à la revitalisation des langues autochtones. Par leurs efforts, des organisations comme le centre de ressources éducatives Kwayaciiwin et la Kiizhik Education Corporation montrent l'exemple.
À la suite de la publication du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation, en 2015, le gouvernement s'est engagé à donner suite aux 94 appels à l'action. Avec le projet de loi , le gouvernement a le plaisir de répondre à un certain nombre d'appels à l'action concernant les langues autochtones.
Dans son appel à l'action no 15, la Commission demande au gouvernement fédéral de nommer, à la suite de consultations avec les groupes autochtones, un commissaire aux langues autochtones. Plus précisément, elle demande que ce commissaire soit chargé de contribuer à la promotion des langues autochtones et de présenter des comptes rendus sur l’efficacité du financement fédéral destiné aux initiatives liées aux langues autochtones.
J'ai visité les écoles de toutes les nations autochtones qui vivent dans ma circonscription. Dans ces communautés, cette recommandation fait partie des principaux sujets de discussion des enseignants et des commissions scolaires. Ils aimeraient avoir plus de ressources, plus de professeurs de langue et plus de possibilités d'enseigner dans leur langue. Ce projet de loi nous donne l'occasion de suivre cette recommandation pour que les jeunes puissent en bénéficier dès maintenant et pour les années à venir.
Le Canada sera doté pour la première fois d'un commissaire national aux langues autochtones. La Loi sur les langues autochtones et tout ce qu'elle prévoit, y compris la création d'un poste de commissaire, représentent une étape importante dans les efforts du Canada en vue de la réconciliation avec les peuples autochtones. On ne saurait trop insister sur l'importance de cette mesure.
J'ai parlé du nouveau poste de commissaire aujourd'hui parce qu'il représente une façon d'avancer sur cette route. Comme nous le savons tous, il faudra des années, et non quelques semaines ou quelques jours, pour mettre en place un processus qui améliorera vraiment la situation. C'est même le cas des langues comme l'ojibwé ou le cri qui ne risquent pas de disparaître de sitôt. Ce sont des langues bien vivantes, qui comptent un grand nombre de locuteurs. Cela dit, beaucoup de jeunes enfants ne parlent pas ces langues en raison du milieu où ils grandissent.
Pendant tout l'été, le gouvernement a mobilisé les peuples autochtones au moyen d'ateliers communautaires avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis de partout au Canada. Je m'intéresse vivement à la forme que prendra la collaboration entre le commissaire et les Métis, étant donné qu'ils sont nombreux dans ma région. Je suis impatient de voir les rouages de ce processus. De façon générale, dans ma région — et je crois que c'est le cas dans la vôtre aussi, madame la Présidente — les Métis fréquentent des écoles publiques ou séparées. Ils ne vivent pas nécessairement au sein de collectivités des Premières Nations. Il faudra s'attarder au processus d'éducation pour l'adapter à leur situation.
Bon nombre des Autochtones consultés par le ministère du Patrimoine canadien estimaient que le rôle du commissaire aux langues autochtones devrait consister à appuyer les établissements autochtones locaux et régionaux, et non à reproduire les ressources existantes. Je demande à mes collègues qui se pencheront sur le projet de loi de se rappeler qu'il n'y a pas de solution universelle. Les mesures prises dans le Nord de l'Ontario ne sont pas les mêmes que celles adoptées dans le Nord du Québec pour les Cris. Les deux endroits possèdent aussi des systèmes d'éducation différents. Je me suis fréquemment rendu dans le Nord du Québec, et j'ai cru comprendre que le système d'éducation là-bas était particulier. Je me réjouis à l'idée d'appuyer des initiatives locales. Nous trouverons des façons de faire bouger les choses.
C'est pourquoi le travail du commissaire est absolument essentiel au succès du projet de loi ainsi qu'au renforcement des langues autochtones, que nous jugeons tous importantes pour la culture et la société canadiennes. Cela améliorera notre relation avec les Autochtones à l'avenir. Ces derniers se sentiront vraiment chez eux dans leur pays quand ils pourront suivre des cours dans leur langue et parler celle-ci à l'école. J'aimerais être présent dans la salle de classe la première fois qu'il y aura un cours de science en oji-cri. Il serait intéressant de lire un ouvrage scientifique rédigé en langue autochtone.
Le commissaire reconnaîtra que les peuples autochtones sont les mieux placés pour jouer un rôle de premier plan en ce qui touche la réappropriation, la revitalisation, le maintien et le renforcement des langues autochtones et créera un cadre de travail pour une approche flexible et stable relativement au financement des langues autochtones.
Je tenais à prendre la parole au sujet de ce projet de loi, car c'est le plus important que la Chambre adoptera cette session-ci. Il aura de grandes répercussions sur la société encore longtemps après que nous aurons quitté ce monde, car les jeunes auront la possibilité de parler leur langue.
J'invite fortement la Chambre et les députés à adopter rapidement le projet de loi et à trouver des moyens de travailler ensemble. Je crois que nous convenons tous, en principe, qu'il s'agit d'un important projet de loi. Certains le qualifieront d'historique. Personnellement, comme je représente une circonscription dont 40 % de la population est autochtone, ce projet de loi est l'une des principales raisons pour lesquelles je suis ici.
Je suis impatient de collaborer avec tous mes collègues. Je ne fais pas partie du comité des affaires autochtones, mais je sais qu'il fera du très bon travail lorsqu'il étudiera le projet de loi afin de veiller à ce que nous fassions bien les choses, de manière à ce que les jeunes puissent apprendre dans leur propre langue et que nous puissions fournir du matériel et des ressources, tels que des livres, qui reflètent leur propre culture. C'est un aspect très important.
Voilà ce que je voulais dire. Je suis reconnaissant d'avoir eu l'occasion de dire quelques mots aujourd'hui.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur d'intervenir aujourd'hui à la Chambre et deprendre la parole pour la première fois en cette nouvelle enceinte. C'est également un honneur que de parler d'un projet de loi aussi important, qui marquera l'histoire.
Je n'appuie pas entièrement le projet de loi dans son libellé actuel. Certains de ces passages me préoccupent. Toutefois, je suis tout à fait conscient de la nécessité de le renvoyer au comité du patrimoine afin qu'il soit étudié le plus rapidement possible. Les langues autochtones sont importantes pour les Premières Nations. Elles doivent être reconnues, respectées, revitalisées et conservées. Cette partie du projet de loi est d'autant plus importante qu'elle porte sur plus de 70 dialectes.
Je parle aujourd'hui de ce projet de loi parce que je suis on ne peut plus convaincu de la nécessité de protéger nos divers patrimoines. Le projet de loi porte création d'un commissaire indépendant aux droits autochtones, confirme l'opinion du gouvernement selon laquelle les langues autochtones sont couvertes par l'article 35 de la Charte et prévoit la traduction des documents fédéraux dans les langues autochtones. C'est merveilleux et on attendait cela depuis longtemps.
Il y a plus de deux ans, les libéraux ont promis une loi concernant les langues autochtones. Comme il ne reste que 60 jours à la présente législature, il est très peu probable que ce projet de loi soit adopté avant les élections de l'automne prochain, à moins que nous nous mettions sérieusement à l'oeuvre tous ensemble. Voilà donc une autre promesse non tenue par le gouvernement libéral.
Il s'agit simplement d'un autre élément des conclusions de la Commission de vérité et réconciliation auquel le gouvernement n'a pas donné suite. Les libéraux ont promis mer et monde, mais ils n'ont pas tenu parole. En décembre 2016, ils ont promis de faire adopter un projet de loi sur les langues autochtones, mais on est encore loin du compte. Ils avaient promis de faire adopter un projet de loi sur la protection de l'enfance avant la fin du mois de janvier dernier. Où est-il? Les libéraux auront du mal à faire en sorte que leurs projets de loi prioritaires liés aux Autochtones obtiennent la sanction royale avant la prochaine élection générale.
Ils ont bâclé la consultation. Le projet de loi présente des lacunes, et les libéraux ont bâclé la consultation sur le projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain. Ils ont annulé le projet Northern Gateway d'Enbridge sans consulter les bandes qui avaient accepté d'être des partenaires financiers. Ils ont imposé une interdiction des pétroliers sans consulter les groupes des Premières Nations de la côte Ouest qui sont favorables aux projets énergétiques.
L'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées est enlisée dans les formalités administratives. La durée de son mandat a été prolongée, des commissaires ont démissionné et près de 30 membres du personnel sont partis. Depuis l'arrivée des libéraux au pouvoir, trois ordonnances de non-conformité ont été émises au sujet de décisions rendues par le Tribunal canadien des droits de la personne concernant la protection de l'enfance dans les Premières Nations. Un des enjeux les plus pressants consiste à étudier la Loi sur la transparence financière des Premières Nations.
Je n'irai pas plus loin dans mes attaques partisanes contre le gouvernement. J'aimerais maintenant mettre l'accent sur la tradition et le patrimoine des peuples autochtones.
Au cours de ma carrière, j'ai eu la chance de travailler dans les services de police pour Autochtones. J'ai appris à connaître les différences entre les différents groupes, comme les nations shuswap, les nations dakelh, les Premières Nations nuu-chah-nulth, les Dénés, les Cris et les Esclaves. Au fil des ans, je me suis fait de nombreux amis et, lorsque je n'étais pas de service en tant que policier, j'ai passé beaucoup de temps avec mes amis et mes connaissances autochtones.
Ma femme Nancy et moi adorons participer à des rassemblements autochtones, comme ceux organisés à Taylor, au bord de la rivière de la Paix, à la rivière Petitot, dans les Territoires du Nord-Ouest, et dans la Première Nation de Paul, dans ma circonscription, Yellowhead. Dans ces lieux, on peut vraiment apprendre à connaître et comprendre l'importance du patrimoine des peuples autochtones du Canada.
Dans les années 1980, je parcourais la route 77 à partir du nord de Fort Nelson, en Colombie-Britannique, jusqu'aux Territoires du Nord-Ouest. Cela faisait partie de mon secteur de patrouille. J'étais le chef du détachement de Fort Nelson à l'époque. Je faisais le trajet assez souvent.
J'avais l'habitude de m'arrêter à ce qu'on appelait des campements autochtones traditionnels situés le long de la route. Les Dénés de la bande de la rivière Liard quittaient leur habitation dans la réserve pour venir installer leur famille sur la terre. Ils y montaient des abris temporaires et vivaient de la manière traditionnelle. C'est de cette façon qu'ils enseignaient le mode de vie traditionnel aux plus jeunes et leur faisaient comprendre l'importance de ces traditions.
Le moment de mes visites est probablement la seule fois de tout l'été où ils parlaient anglais. Je comprends un peu ces langues, mais pas assez pour tenir une conversation. Ils m'expliquaient pourquoi ils venaient s'installer là. C'était bien de voir ces jeunes enfants apprendre l'histoire de leur peuple, comment vivre de la terre et comment préserver leurs traditions. Ils donnaient la priorité à leur langue maternelle et c'était vraiment bien d'entendre les enfants la parler. Quand j'étais là, ils ne parlaient anglais que lorsqu'ils s'adressaient directement à moi.
Je suis un Canadien d'origine ukrainienne. Mes deux grands-pères ont immigré d'Ukraine vers la fin des années 1800. Ils sont devenus des agriculteurs dans le Nord-Est de l'Alberta. Les deux ont élevé une grande famille, dont les membres ont également élevé de grandes familles. Je suis un descendant de la troisième génération. Lorsqu'ils sont venus au Canada, un de mes grands-pères pouvait parler l'anglais et l'autre parlait seulement l'ukrainien. Mes deux grands-mères parlaient seulement l'ukrainien.
Au fil des ans, ils ont appris à parler l'anglais. La génération de mes parents, c'est-à-dire la deuxième génération, a grandi en parlant de plus en plus l'anglais à l'école. D'ailleurs, comme c'était le cas dans les pensionnats indiens, il était interdit aux membres de cette génération de parler l'ukrainien à l'école. Ils étaient punis s'ils le faisaient. Ils recevraient des coups de règle ou peut-être de sangle de cuir. On les encourageait à apprendre l'anglais. Malheureusement, ils ont lentement perdu leur langue à mesure qu'ils ont commencé à parler davantage l'anglais. C'est de cela que nous débattons aujourd'hui concernant le projet de loi : la perte des langues autochtones.
Nous avons environ 70 variantes de 11 langues principales. C'est pourquoi le projet de loi est tellement important. Il est important de travailler en collaboration pour le faire adopter. Nous n'avons pas beaucoup de temps. Il faut protéger ces langues parce que les gens qui les connaissent vieillissent. Comme quelqu'un l'a dit plus tôt, les dictionnaires vivants vieillissent.
J'aimerais pouvoir parler ma langue maternelle parce que, comme bien des gens, j'ai envie de retourner dans mon pays d'origine et découvrir mon patrimoine. Je tiens à retourner en Ukraine pour voir d'où viennent mes grands-pères afin de mieux comprendre pourquoi je suis ici aujourd'hui.
J'ai mentionné avoir passé beaucoup de temps dans ma vie professionnelle à rencontrer des Autochtones très spéciaux. Ces personnes sont devenues des amis et des relations.
Il ne reste que 60 jours, ce qui est insuffisant pour parler aux députés des formidables Autochtones que j'ai rencontrés au fil des ans, pour leur raconter des histoires intéressantes à leur sujet et faire part à la Chambre des choses qu'ils ont faites. Nous n'avons tout simplement pas le temps, et 60 jours ne suffiraient pas. Toutefois, je vais parler de deux d'entre eux. Je connais l'un d'eux depuis de nombreuses années, tandis que j'ai rencontré l'autre hier.
Le premier est l'un de mes concitoyens. Il a été mon ami pendant de nombreuses années avant de devenir l'un de mes concitoyens. Il s'appelle Harry Rusk. Je l'ai rencontré dans la région de Fort Nelson, en Colombie-Britannique, à la fin des années 1980.
Harry est né en 1937 dans un petit hameau appelé Kahntah, une communauté de la nation des Esclaves située dans le Nord-Est de la Colombie-Britannique. Bien des députés ont dit avoir des communautés autochtones éloignées dans leur circonscription, et celle-ci en est certainement une. Encore aujourd'hui, aucune route ou voie ferrée n'y mène. Il faut prendre l'avion, ou encore un canoë ou un bateau et remonter la rivière Kahntah. Il faut compter environ une heure d'avion à partir de Fort Nelson. Heureusement, ou peut-être malheureusement, le pays se développant, une société pétrolière menant des travaux d'exploration a construit une piste d'atterrissage à environ deux miles de la réserve de Kahntah. On peut donc maintenant y aller par la voie des airs.
Contrairement à bien des gens dont nous avons parlé à la Chambre, Harry n'a pas eu le malheur d'être envoyé dans un pensionnat autochtone, mais il n'a pas non plus été choyé par la vie. Il a contracté la tuberculose dans cette petite localité éloignée du Nord-Est de la Colombie-Britannique. Jeune homme, il a été envoyé à l'hôpital Camsell, à Edmonton, pour y être soigné. Il a probablement pensé qu'il ne rentrerait jamais chez lui, car à cette époque la tuberculose était une maladie très souvent mortelle, surtout parmi les Autochtones.
Harry est resté à cet hôpital de 1949 à 1953, et a guéri par miracle. Par contre, son frère, sa mère et son père ont succombé à cette maladie. Toute sa famille a été décimée, à l'exception de Harry.
En 1952, pendant son séjour à l'hôpital Camsell, il est arrivé quelque chose dans la vie de Harry: il a rencontré Hank Snow, un chanteur de musique country. Hank était allé à Edmonton pour se produire, et quelqu'un lui a demandé s'il irait rencontrer les enfants et les autres patients à l'hôpital Camsell. Hank a accepté. Il y avait beaucoup d'enfants — environ 300, je crois —, mais Harry a été un des chanceux qui a pu parler avec Hank. Ils se sont pris d'amitié. Comme le raconte Harry aujourd'hui, Hank l'a inspiré avec des mots simples. Il lui a dit: « Regarde toujours vers le ciel. » Il parlait de Dieu et de religion.
Cette rencontre a changé la vie de Harry. Il a commencé à jouer de la guitare pendant qu'il était encore à l'hôpital, et lorsqu'il en est parti, jeune homme, il s'est enrôlé dans les Forces armées canadiennes. Pendant qu'il servait dans les forces armées, il a finalement été transféré à Vancouver. Là, il a fondé plusieurs groupes musicaux et a continué à jouer et à apprendre de la musique. Il adorait la musique gospel et les vieilles chansons, et a abouti au Grand Ole Opry, où il a joué pendant plusieurs années. Il a été intronisé dans le Temple de la renommée de la musique country. Il a reçu de nombreux prix au cours des années. De plus, il est devenu un ministre du culte, ce qu'il est encore aujourd'hui.
Pourquoi est-ce que je parle de Harry? À la fin des années 1980, lorsque je l'ai rencontré, j'avais deux emplois simultanés: j'étais policier, mais aussi pilote de brousse pour une petite entreprise. Harry m'a demandé de l'emmener à Kahntah, ce que j'ai fait. Il voulait visiter l'endroit d'où il venait.
Alors que nous nous rendions au village de Kahntah, qui est très petit et compte seulement deux ou trois bâtiments, Harry m'a parlé de l'importance qu'il accordait à son patrimoine. Il m'a parlé de l'importance de son père, Edward, et de sa mère, Mary. Il voulait savoir d'où il venait et en comprendre la signification. Il m'a parlé de l'importance de la langue qu'il perdait et de son désir de la garder vivante.
C'est ce qui fait toute l'importance de ce projet de loi: il aidera à préserver les langues autochtones au Canada.
J'ai rencontré hier Bill Adsit, membre originel de la nation de Tahltan. Bill venait du Nord-Ouest de la Colombie-Britannique, à l'opposé de la région d'où venait Harry. Il a été envoyé dans un pensionnat vers l'âge de 6 ans et n'a pas vraiment eu de contacts avec sa famille par la suite. Bill a parlé hier à un groupe de parlementaires des expériences pénibles qu'il a vécues dans les pensionnats et de l'esprit rebelle qui l'animait quand il était jeune homme.
Il a repris sa vie en main. Je devrais préciser qu'avant de reprendre sa vie en main, il s'est retrouvé en prison à la suite de l'exécution d'un mandat d'arrêt. Il a beaucoup réfléchi pendant son incarcération, et il a repris sa vie en main. Il a servi dans les forces canadiennes, puis il a travaillé pendant 30 ans dans la fonction publique fédérale, où il y a occupé une variété de postes. Il a aussi obtenu un diplôme universitaire. Aujourd'hui, Bill fait partie de l'équipe de réconciliation qui travaille sur le dossier du pipeline Trans Mountain.
Hier au Château Laurier, Bill a prononcé un discours émouvant et nous a montré tout le pouvoir de la volonté de réussir. Il a aussi tenu des propos très profonds sur sa culture.
Le message que j'envoie à tous ceux qui sont ici aujourd'hui, c'est qu'il faut avoir la volonté de réussir. Nous devons adopter ce projet de loi pour sauver les langues autochtones, et nous devons le faire le plus tôt possible. Cela me ramène à l'objet de notre étude.
Nous devons protéger les langues des peuples autochtones du Canada. Ma carrière de policier m'a amené à visiter la plupart des régions de la Colombie-Britannique. J'ai visité des communautés autochtones d'un bout à l'autre de la province. L'idée de se réconcilier avec les Premières Nations ne date pas d'hier. Ces gens luttent pour la promotion, la reconnaissance, le respect, la revitalisation et la conservation de leur culture depuis des années. Ils s'y emploient depuis longtemps. Je me rappelle que, dans les années 1970, divers groupes travaillaient à promouvoir leur culture dans les communautés blanches des environs. Ils le faisaient de manière à ce que les jeunes comprennent l'histoire de ces gens extraordinaires.
Il y a de nombreuses années, j'étais posté à Gold River, où vit la nation de Malahat. Je me souviens de la première fois où je suis allé au bureau du conseil de bande. Un groupe de femmes autochtones y travaillaient. Elles m'ont demandé si je voulais une part de gâteau d'anniversaire. J'ai répondu, sans même réfléchir: « De quelle couleur est-il? Je ne mange que du gâteau blanc. » J'ai rougi en pensant à ce que je venais de dire. Elles m'ont regardé avec un air un peu étonné, puis elles ont toutes éclaté de rire. Pendant les années où j'étais posté là-bas, j'ai passé beaucoup de temps dans ce bureau du conseil de bande, où j'ai appris à connaître ces femmes et la culture de la nation de Malahat.
Lorsque j'ai quitté cette communauté, environ quatre ans plus tard, ces femmes m'ont invité à une fête. Il y avait un gâteau blanc couvert de glaçage rouge avec une saucisse à l'ail sur le dessus. Nous avons fait des échanges culturels. Pendant les années où j'étais posté là-bas, nous avons appris à découvrir nos cultures.
Dans bien des localités au Canada, il y a des centres d'amitié où les Autochtones vivant dans des centres urbains se rassemblent et encouragent les habitants de la localité à venir les rencontrer pour découvrir leurs traditions et leur culture. Il est extrêmement important de le souligner. Si les députés ont un centre d'amitié dans leur région, ils devraient le visiter. Le travail que ces établissements font dans les centres urbains du pays est remarquable.