Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait reconnaître les contributions importantes que les Canadiens d’origine irlandaise ont apportées à l’édification du Canada et à la société canadienne en général, et devrait souligner l’importance de sensibiliser la population et de faire honneur à la culture et au patrimoine irlandais pour les générations futures en déclarant que le mois de mars est le Mois du patrimoine irlandais.
— Madame la Présidente, l'année 2020 restera gravée dans nos esprits. C'est une année qui nous a parfois rassemblés et qui a aussi confronté le Canada à des défis que nous n'aurions jamais imaginés. Il est toujours bon de trouver des terrains d'entente à la Chambre. J'ai bon espoir que la motion à l'étude en sera un, et ce sentiment a gagné en importance pendant la dernière heure.
Je demande aujourd'hui à la Chambre d'appuyer ma motion visant à déclarer que le mois de mars est le Mois du patrimoine irlandais. Je remercie les députés de , et , qui prendront la parole aujourd'hui. Je tiens aussi à remercier, bien sûr, la députée de , qui vient de Terre-Neuve, l'endroit où on est le plus près de l'Irlande, sans toutefois y être.
Tout d'abord, soyons clairs: il ne s'agit pas d'une motion pour célébrer nos ancêtres irlandais comme nous le faisons le 17 mars. La motion vise plutôt à reconnaître les nombreuses contributions que les Canadiens d'origine irlandaise ont apportées à l'édification du Canada et qui en ont fait le pays qu'il est aujourd'hui. La motion demande au Parlement du Canada de les remercier et de reconnaître l'importance de ces contributions. Je ne suis pas en train de dire qu'ils ne le savent pas. C'est plutôt que la communauté irlandaise a apporté sa contribution en faisant preuve d'une grande modestie, ce qui, selon moi, mérite reconnaissance et remerciement.
Au cours de mon intervention, je m'efforcerai de faire valoir ce point à la Chambre en parlant de mon pays, de ma ville, de ma famille et de mes amis. Nous formons un pays d'immigrants. Les Irlandais sont l'une de ces communautés d'immigrants, dont je suis issu, comme tout le monde le sait. Il y a tant d'histoires à raconter qui viennent de partout au pays, mais je vais parler brièvement de la mienne.
En 1840, les frères Patrick, Michael et James sont arrivés au Canada. Ils se sont installés au cœur de la vallée de l'Outaouais, dans un magnifique endroit non loin d'ici appelé « Mount Saint Patrick ». Mon père parlait avec beaucoup de bonheur de toutes les fois où il s'était rendu sur ce qu'il appelait la montagne des Maloney. Je n'ai jamais eu la chance d'y aller avec lui, et c'est quelque chose que je regretterai toujours.
Il y a trois ans, la paroisse Saint-Patrick a célébré ses 175 ans et j'ai assisté aux festivités à l'invitation de mon ami Rob Jamieson. Ce fut mémorable. J'ai enfin pu voir la montagne des Maloney et l'endroit où reposent les trois frères dont je parlais. Il s'agit en fait de mes ancêtres, et il faut croire que mon père était fier de sa lignée, car il a eu trois fils qu'il a prénommés Patrick, Michael et... votre humble serviteur, le député d'Etobicoke—Lakeshore.
Je suis loin d'être le seul à avoir du sang irlandais. Selon le dernier recensement, plus de 4,6 millions de Canadiens disent avoir un lien avec l'ethnie irlandaise. C'est 14 % de la population canadienne. En fait, il y a plus, toutes proportions gardées, d'Irlando-Canadiens qu'il y a d'Irlando-Américains. L'influence du patrimoine irlandais au Canada et le profond attachement des Irlandais pour l'Irlande expliquent pourquoi nos deux pays sont demeurés aussi proches au fil des ans. Il y a presque autant d'Irlandais au Canada qu'il y en a en Irlande!
Au fil des années, bon nombre d'éminents Canadiens ont participé activement au processus de paix en Irlande, y compris le général John de Chastelain, ancien chef d'état-major de la Défense, ainsi que l'ancien médiateur de police pour l'Irlande du Nord, Al Hutchinson. D'autres éminents Canadiens ont contribué au processus de paix, dont le juge Hoyt, le professeur Clifford Shearing et le juge Peter Cory.
Nombre de Canadiens d'ascendance irlandaise font partie de la classe politique canadienne. Ils sont trop nombreux pour que je les nomme ici, mais certains d'entre eux sont parmi nous. On en trouve dans tous les partis, et certains ont accompli de grandes choses. Je pense notamment au regretté Jim Flaherty, ancien ministre des Finances. Deux membres actuels du Cabinet me rappellent régulièrement qu'ils ont du sang irlandais. Les anciens premiers ministres Paul Martin et Brian Mulroney ainsi que l'actuel sont tous d'ascendance irlandaise, un fait que j'ai pu confirmer lors d'un voyage que j'ai fait à Dublin il y a seulement trois ans. Évidemment, je me dois de mentionner l'un des pères fondateurs du Canada: D’Arcy Thomas McGee.
L'Irlande et le Canada partagent les mêmes valeurs. Les deux pays défendent depuis longtemps les valeurs démocratiques et les droits de la personne. Au fil des années, ils ont collaboré étroitement dans ces domaines, que ce soit à l'ONU où ailleurs, tant pendant des périodes éprouvantes pour la démocratie mondiale et la stabilité politique qu'en temps de paix durable.
De forts liens d'amitié politique unissent nos deux pays. Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai eu, en tant que président du Groupe interparlementaire Canada-Irlande, un échange téléphonique avec mon homologue en Irlande. Nous avons discuté des mesures que nous pourrions prendre de façon sécuritaire pour resserrer nos liens pendant et après la pandémie de COVID-19. Nous avons une relation économique solide grâce à l'Accord économique et commercial global et à nos accords économiques bilatéraux.
J'aimerais dire quelques mots à ce sujet, car les liens économiques qui nous unissent sont très importants, tout comme le sont les liens culturels et historiques. L'Accord économique et commercial global élimine des droits de douane. Au cours de la première année de son application provisoire, avant la COVID-19, les échanges commerciaux entre le Canada et l'Irlande ont augmenté d'un tiers.
L'Irlande offrira d'excellentes possibilités d'affaires et d'investissements pour les entreprises canadiennes au cours des prochaines années, et elle est une porte d'entrée de choix vers l'Union européenne et ses 450 millions d'habitants. Le nombre d'emplois offerts par des entreprises canadiennes en Irlande a augmenté de 25 % depuis 2018, et le nombre de nouvelles entreprises canadiennes qui se sont installées en Irlande a plus que doublé depuis que le Brexit a été adopté, du moins on croit qu'il l'a été.
La présence du Canada en Irlande ne date pas d'hier. C'est la Canada Vie qui a été la première entreprise canadienne à s'établir en Irlande, en 1903. Après plus d'un siècle d'investissements canadiens en Irlande, d'autres entreprises majeures s'y sont installées, comme Couche-Tard, Brown Thomas, Irving Oil et Air Canada, pour ne nommer que celles-là.
Par ailleurs, l'excédent commercial de l'Irlande avec le Canada s'élève à plus de 2,1 milliards de dollars. Le Canada est le douzième partenaire commercial de l'Irlande et le quatrième à l'extérieur de l'Union européenne. À la fin de 2018, la valeur des investissements canadiens directs en Irlande atteignait presque 15 milliards de dollars, plaçant l'Irlande en dixième position pour les investissements directs à l'étranger.
Nous avons un accord dans le cadre de la politique Ciel bleu: actuellement, Aer Lingus, WestJet, Air Canada et Air Transat assurent des vols entre les deux pays quotidiennement. Nous avons signé un traité visant à éviter la double imposition et à prévenir l'évasion fiscale en ce qui concerne l'impôt sur le revenu et les gains en capital.
Nous avons une multitude de projets culturels menés en commun. En 2021, l'Irlande et le Canada feront une demande conjointe pour que la station du câble de l'île de Valentia et le poste du câble de Heart's Content, à Terre-Neuve, fassent partie des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO. Ces sites marquent l'endroit où le premier câble transatlantique fonctionnel a été posé en 1867, révolutionnant ainsi les communications mondiales.
Nous avons un traité de coproduction entre l'Irlande et le Canada pour encourager le codéveloppement de contenu audiovisuel entre des producteurs canadiens et irlandais, traité qui a été signé à Ottawa en 2017. J'ai eu l'honneur d'être présent à la signature.
Nos racines remontent loin dans le temps. Ce n'est pas un secret que le Canada est devenu un refuge pour les immigrants irlandais à partir de 1830. L'immigration a commencé à une époque de grandes épidémies de choléra et de variole. Les navires qui battaient un pavillon indiquant la présence de maladies à bord étaient obligés d'accoster à la station de quarantaine de Grosse Île, en aval de Québec.
De nombreux Québécois étaient déterminés à aider les Irlandais dans les moments les plus difficiles. Des médecins, des infirmières et les Sœurs Grises de Montréal se sont portés volontaires pour soigner des immigrants malades, mettant leur propre vie en danger. Pour beaucoup d'immigrants irlandais, cela aura été leur seul aperçu du nouveau pays. En 1847, 50 personnes par jour mouraient du typhus.
De nombreux enfants que la maladie avait rendus orphelins ont été adoptés par des familles canadiennes-françaises, mais ils n'ont jamais perdu leur nom de famille irlandais: Doyle, Murphy, Ryan et Johnson. Leurs descendants font partie des 40 % de Québécois qui disent compter des Irlandais parmi leurs ancêtres.
Une autre destination prisée au Canada était Toronto. À l'été 1847, près de 100 000 migrants irlandais ont quitté l'Irlande, dont 38 000 ont abouti à Toronto, qui comptait 20 000 habitants à l'époque. J'aimerais que les députés réfléchissent à cela: en quelques mois seulement, les immigrants sont arrivés sur les rives de Toronto et ont pratiquement fait doubler la population de la ville. Toronto les a accueillis à bras ouverts.
Le Dr George Grasett et son équipe ont mis sur pied des hôpitaux, ou des « baraques à fièvre », comme ils étaient appelés à l'époque, et fournissaient des soins médicaux essentiels. C'est ainsi que le Dr Grasett et de nombreux autres infirmiers, médecins et aides-soignants canadiens ont contracté le typhus et ont perdu la vie.
Pour commémorer l'héritage de bienveillance du Dr Grasett, la fondation Ireland Park inaugurera, à Toronto, en 2021, le parc Dr. George Grasett. Je suis fier d'avoir appuyé ce projet. Il vient s'ajouter au parc Ireland, établi précédemment avec l'appui des gouvernements canadien et irlandais. Ces deux lieux commémoratifs ont été aménagés par la communauté irlandaise, et je tiens à remercier tout particulièrement Robert Kearns.
Les immigrants irlandais de classe ouvrière sont rapidement devenus le plus important groupe ethnique dans presque toutes les villes du Canada. Ce n'était pas facile. Comme tous les nouveaux arrivants, ils ont connu des difficultés, notamment sur le plan racial, religieux et économique, mais ils ont persévéré. Cela témoigne de leur force et de leurs valeurs. Les preuves en sont d'ailleurs nombreuses dans toutes les provinces et dans toutes les villes.
Les immigrants irlandais ont trouvé du travail sur les chantiers de construction de bon nombre des points d'intérêts emblématiques du Canada. Ils ont notamment contribué à l'aménagement du canal Rideau, du canal Lachine, de la basilique Saint-Patrick, à Montréal, ainsi que des bâtiments patrimoniaux hauts en couleur de St. John’s, à Terre-Neuve. Au cours de la dernière récession, quelque 14 000 citoyens irlandais par année ont déménagé au Canada, que ce soit de façon temporaire ou permanente.
Il y a des activités d'inspiration irlandaise partout au pays, notamment le festival de musique Féile Séamus Creagh à St. John's, à Terre-Neuve, et le Festival international des couleurs celtiques au Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse.
À Toronto, le calendrier du mois de mars est, pour le moins, chargé. La plupart des gens croient que la folie du mois de mars fait référence à un tournoi de basketball, mais en réalité, cela fait référence à ce qui se passe dans la ville de Toronto lors de ce mois. Au début du mois, le drapeau irlandais est hissé à l'hôtel de ville de Toronto. Les membres de la communauté sont présents en grand nombre. Ils ne sont pas là pour porter des chapeaux de fête et des chandails verts, mais afin de se souvenir de toutes les personnes ayant travaillé si fort pour leur permettre d'avoir la vie qu'ils ont aujourd'hui.
Puis, on nomme l'Irlandais de l'année en vue de rendre hommage à un membre de la communauté irlandaise qui a fait preuve de leadership pour le bénéfice d'autrui. Par ailleurs, le dîner organisé par le Fonds Irlande du Canada réunit plus de 1 000 personnes, ce qui en fait le plus grand dîner irlandais au monde. Il y a également les défilés, bien sûr, qui sont bien trop nombreux pour que je les nomme. Cependant, je tiens à saluer mon ami Shaun Ruddy, qui a assuré non seulement la survie du défilé de Toronto, mais aussi son succès.
Le centre d’immigration canado-irlandais accueille encore tous les nouveaux arrivants et porte le nom du regretté Eamonn O’Loghlin, un homme vraiment formidable. La troupe de théâtre Toronto Irish Players, quant à elle, veille à la préservation de la culture irlandaise et à son partage avec le reste de la collectivité.
La musique folk du Canada doit énormément aux musiciens d'origine irlandaise, en particulier à Terre-Neuve, en Ontario, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. En fait, la plupart des chansons folk canadiennes s'inspirent de pièces irlandaises vieilles de plusieurs siècles et suivent leur structure. Alan Doyle, du célèbre groupe Great Big Sea, n'est qu'un exemple des nombreux musiciens canadiens qui ont des origines irlandaises. Stompin’ Tom Connors, Denny Doherty du groupe The Mamas and the Papas, Leahy et Next Generation Leahy viennent tous de familles d'origine irlandaise.
Les émissions de radio entretiennent la flamme et contribuent à maintenir ce lien étroit entre deux grands pays. À Toronto, Ken Tracey et Mark O’Brien nous bercent le samedi matin, et Hugo Straney égaie nos vies très tôt le dimanche.
La Saint-Patrick est un jour férié à Terre-Neuve-et-Labrador, mais cette journée qui honore les contributions irlandaises est soulignée dans l'ensemble du Canada tous les ans. De nombreuses célébrations ont lieu le 17 mars au pays, l'une des plus importantes étant le défilé de la Saint-Patrick à Montréal, le plus vieux du genre en Amérique du Nord.
Ce qu'il faut retenir, c'est que le mois du patrimoine irlandais n'a rien à voir avec la bière verte, les chapeaux rigolos ou les trèfles. Il vise à honorer les liens étroits entre nos deux pays, qui s'enracinent profondément dans notre passé. Il s'agit de célébrer un brillant avenir pour la relation entre nos deux pays. Je n'ai tout simplement pas suffisamment de temps aujourd'hui pour couvrir tous les aspects de la question, mais il y aura l'étape de la deuxième lecture.
J'ai plusieurs personnes à remercier de m'avoir aidé à me rendre jusqu'ici, aujourd'hui, et de m'avoir accompagné dans mon cheminement personnel d'éveil à mon patrimoine irlandais, à commencer par celles qui l'ont fait récemment et qui se trouvent près d'ici, soit les ambassadeurs d'Irlande. Ray Bassett m'a accueilli lorsque je suis devenu député en 2015. Jim Kelly m'a guidé ces quatre dernières années. Ensemble, nous avons créé la Soirée irlandaise sur la Colline du Parlement, un événement annuel qui ne serait jamais devenu réalité sans ses conseils et son aide. Aujourd'hui, nous sommes heureux d'accueillir l'ambassadeur Eamonn McKee. Ces hommes arrivent comme ambassadeurs au Canada et ils en repartent comme de grands amis de notre pays et de beaucoup d'entre nous. Bien sûr, je ne dois pas oublier Ethna Heffernan, la grande dame de la communauté irlandaise de Toronto.
J'ai parlé des membres de ma famille, qui, comme moi, sont fiers de leurs racines irlandaises, dont mes frères, ainsi que Kaitlyn, Brogan, Keira et Teigan, mes nièces et mon neveu. Les derniers mais non les moindres sont les membres de ma belle-famille. Je veux parler d'Eddie, mon beau-père. Il ne se fait pas plus irlandais. Il est gentil, généreux et drôle. Il est modeste et fier de ses racines irlandaises. C'est aussi un puits de sagesse. Il me répète toujours que, quand on ne sait pas où on s'en va, le chemin qu'on choisit n'a pas d'importance. Dans la vie, il y a ceux qui agissent et ceux qui regardent passer le train. Je peux assurer aux députés qu'Eddie Brett n'est pas de ceux qui regardent le train passer.
Tous les pères irlandais souhaitent que leurs enfants se trouvent un partenaire irlandais ou une partenaire irlandaise. Eh bien, papa, j'ai réussi et c'est la meilleure. Deirdre Brett est pour moi plus qu'une partenaire. C'est mon amie et mon point d'ancrage. Sans elle, je serais perdu.
Il est évident pour moi que le pays ne serait pas devenu ce qu'il est aujourd'hui sans la contribution passée et présente de la communauté irlandaise. Dans la plus pure tradition canadienne, les Irlandais aiment le pays où ils sont nés et ils aiment leur pays d'adoption. Je prends la parole à la Chambre pour exprimer toute ma gratitude en tant que personne d'origine irlandaise.
Encore une fois, je demande à la Chambre et à l'ensemble des députés d'appuyer la motion et, afin d'exprimer cette gratitude, de faire du mois de mars le Mois du patrimoine irlandais au Canada.
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Madame la Présidente, c'est un honneur de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour appuyer la reconnaissance du mois de mars comme le mois du patrimoine irlandais au pays.
Je tiens tout d'abord à remercier le député d' d'avoir présenté cette importante motion. Nous travaillons tous les deux depuis longtemps au sein du groupe interparlementaire Canada-Irlande et je sais que c'est un sujet qui lui tient à cœur, tout comme de nombreux Canadiens de l'ensemble du pays.
Comme nous le savons tous, les Canadiens irlandais ont de quoi être fiers. En vérité, ils ont beaucoup contribué à la construction de cet immense pays et à l'édification du grand pays qu'il est aujourd'hui. Certains Canadiens irlandais peuvent retracer leurs origines jusqu'au XVIIe siècle, lorsque de nombreux Irlandais sont arrivés dans ce qui était alors la Nouvelle-France. Certains noms de famille canadiens-français et acadiens sont des variantes de noms irlandais qui ont évolué en raison de l'influence française.
Les Irlandais ont continué à immigrer au pays tout au long du XVIIIe siècle, alors que les colonies de Nouvelle-France et de Terre-Neuve continuaient de se développer. Cependant, la principale vague d'immigration irlandaise est arrivée au XIXe siècle. Des centaines de milliers d'immigrants irlandais sont arrivés sur les côtes de ce qui est aujourd'hui le Canada, et beaucoup se sont installés dans les Maritimes ou se sont dispersés à l'intérieur des terres. Ces immigrants ont joué un rôle crucial dans la croissance des grandes villes portuaires comme Halifax et Saint John. Ils ont constitué une grande partie de la main-d'œuvre qui, au Canada, a construit les canaux Rideau et Lachine.
Aujourd'hui, la communauté irlandaise canadienne est l'un des plus grands groupes ethniques du Canada. Ses membres se retrouvent dans tout le pays. Selon le dernier recensement, les Irlandais constituent, par leur nombre, le quatrième groupe ethnique du pays. Plus de 4,5 millions de Canadiens déclarent être entièrement ou partiellement d'origine irlandaise. Quelle que soit la province, nous pouvons être certains qu'il s'y trouve une communauté irlandaise florissante et fière.
En tant que député de , j'ai toujours beaucoup de plaisir à visiter le pavillon irlandais lors du Folkfest de Saskatoon, qui est organisé chaque année par l'association de Saskatoon pour la promotion de la culture irlandaise. La fierté des diffuseurs du patrimoine irlandais et leur goût de le célébrer sont certainement contagieux et représentent bien le dynamisme de la communauté des Canadiens d'origine irlandaise de Saskatoon.
Pour tout dire, peu de groupes ont autant contribué à faire du Canada ce qu'il est aujourd'hui que les Irlandais. Il suffit d'ailleurs de s'intéresser à l'histoire des Communes pour s'en convaincre, à commencer par Thomas D'Arcy McGee, l'un des Pères de la Confédération les plus connus et un proche conseiller et ami du premier premier ministre du pays, sir John A. Macdonald. Il y a aussi eu sir John Thompson, le quatrième premier ministre du Canada, Louis St-Laurent, le douzième, Brian Mulroney, le dix-huitième, et Paul Martin, le vingt et unième, ainsi que des dizaines et des dizaines de ministres et de députés, dont le grand Jim Flaherty. Jim portait toujours une cravate verte, et c'est pour lui que j'en porte une moi aussi aujourd'hui. C'est sans parler de l'actuel , qui sera le prochain descendant irlandais à occuper les fonctions de premier ministre.
Je m'en voudrais de ne pas mentionner Nellie McClung, qui faisait partie du Groupe des cinq et qui est à l'origine de l'affaire « personne ». Selon moi, il s'agit probablement de l'Irlandaise d'origine qui a le plus laissé sa marque sur le Canada et qui en a le plus fait pour les droits des femmes. Avec ses quatre comparses — Henrietta Muir Edwards, Emily Murphy, Louise McKinney et Irene Parlby —, Nellie McClung s'est battue bec et ongles jusque devant le comité judiciaire du Conseil privé britannique, soit le plus haut tribunal à entendre des causes canadiennes à l'époque, pour faire valoir les droits des femmes, et elle a eu gain de cause.
En fait, sans ces personnalités marquantes, le Canada ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Cela dit, il n'y a pas que la voie politique pour se démarquer et contribuer à la société canadienne, et l'histoire regorge de Canadiens d'origine irlandaise qui ont laissé une marque profonde et durable dans l'esprit de leurs concitoyens.
On peut penser aux groupes de musique qui ont déjà été mentionnés. Il y a Great Big Sea, qui est devenu célèbre avec des chansons comme When I'm Up et Ordinary Day, et Irish Descendants, qui a remporté un prix Juno. Ce sont d'excellents exemples de grands artistes canadiens d'origine irlandaise.
J'ai passé sous silence un artiste d'exception parce qu'il est le lien parfait avec le prochain sujet que je vais aborder: Stompin' Tom Connors, le légendaire auteur-compositeur-interprète canadien d'origine irlandaise, qui est célèbre pour ses chansons sur notre magnifique pays, comme Sudbury Saturday et Bud the Spud.
Grâce à son travail incroyable et à ses contributions à la culture canadienne, il a été décoré de l'Ordre du Canada en 1996. Il a été le lauréat du Prix de la réalisation artistique, décerné parmi les Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle. Il a reçu des doctorats honorifiques d'un certain nombre d'universités canadiennes. Il a remporté de multiples prix Juno et a accumulé beaucoup d'autres honneurs. Ce fut véritablement l'un des plus grands artistes de notre histoire.
J'en viens ainsi à mon prochain sujet. Même en tenant compte de toutes ses réussites et de l'ensemble de son œuvre incroyable, Stompin' Tom est probablement le plus connu pour une chanson qui est jouée partout dans le monde. À mon avis, en tant qu'ancien commentateur sportif, il s'agit sans aucun doute du plus grand hymne sportif au monde: The Hockey Song. La chanson parle de la bonne vieille partie de hockey, comme Stompin' Tom l'appellerait, et elle regorge de références au patrimoine canadien. J'ai le texte de la chanson sous les yeux. C'est la dernière journée de séance à la Chambre des communes, et je vais la garder...
Une voix: Chantez-la.
M. Kevin Waugh: Je pourrais la chanter, et nous savons tous que nous taperons du pied du début à la fin.
Salut, tout le monde, nous sommes en ondes, c'est la soirée du hockey.
La tension se met à monter, le coup de sifflet est donné, et la partie peut commencer.
Le gardien saute devant le but, les joueurs se foncent dessus, les partisans se mettent à hurler.
Tout à coup, quelqu'un crie: « C'est un but pour Bobby! » Il n'y a rien de mieux que le hockey.
Oh! Il n'y a rien de mieux que le hockey, c'est le meilleur jeu du monde entier.
De tous les jeux du monde entier, il n'y a rien de mieux que le hockey.
Par ailleurs, nombre de joueurs légendaires de la LNH qui se sont illustrés dans ce pays, comme Lester Patrick, Owen Nolan, King Clancy, Brendan Shanahan, Terry O'Reilly, et bien sûr, Don Cherry, sont tous d'ascendance irlandaise. Comment peut-on oublier l'imposant Pat Quinn, joueur bien aimé de la LNH qu'on appelait le grand Irlandais? Il a reçu l'Ordre du Canada en 2012 pour ses contributions à la société canadienne.
Certains historiens font remonter les origines du sport à un jeu irlandais, le hurling. Que peut-on trouver de plus édifiant pour notre pays?
Puisqu'il est question d'artistes et d'athlètes, n'oublions pas les légendes canadiennes de la scène, de l'écran et de l'humour qui ont eu une énorme influence et qui sont de descendance irlandaise. Je pense à Mary Walsh, l'actrice qui incarne Marg Delahunty dans l'émission This Hour Has 22 Minutes. Je pense à Martin Short et à Catherine O'Hara, que nous avons connus grâce à SCTV et qui ont depuis mené des carrières majeures à Hollywood et reçu de nombreux prix pour leur travail extraordinaire.
Je pourrais nommer bien d'autres personnes ici aujourd'hui. Je pourrais mentionner beaucoup d'autres secteurs, mais, comme le temps passe, je vais me fier au fait que les noms et les exemples dont j'ai parlé au cours de mon intervention toucheront de nombreuses personnes au pays.
Les communautés irlandaises du pays peuvent être fières de ce qu'elles ont accompli au pays en 152 ans.
Comme il s'agit du dernier discours de notre parti à la Chambre, je tiens à vous souhaiter un joyeux Noël, madame la Présidente, ainsi qu'à votre famille. Je souhaite à chaque député un joyeux Noël, un bon temps des Fêtes et une bonne et heureuse année. C'est une période particulièrement difficile pour tous les Canadiens et pour la Chambre, en particulier depuis le 13 mars, lorsque nous sommes partis et avons découvert la COVID-19.
Au nom du Parti conservateur du Canada, je souhaite aux Canadiens de partout au pays un joyeux Noël et une bonne et heureuse année. Gardez la foi et vivement 2021!
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Madame la Présidente, je croyais que nous n'avions pas le droit de chanter à la Chambre. Dans ce cas, moi, je vais vous faire danser. Je plaisante.
Nous débattons aujourd'hui d'une motion inscrite au Feuilleton en janvier dernier par notre honorable collègue d'. Cette motion vise à faire du mois de mars le Mois du patrimoine irlandais. Voici le texte de la motion:
Que, de l'avis de la Chambre, le gouvernement devrait reconnaître les contributions importantes que les Canadiens d'origine irlandaise ont apportées à l'édification du Canada et à la société canadienne en général, et devrait souligner l'importance de sensibiliser la population et de faire honneur à la culture et au patrimoine irlandais pour les générations futures en déclarant que le mois de mars est le Mois du patrimoine irlandais.
Au Bloc québécois, nous sommes tout à fait favorables à cette magnifique motion et nous l'appuyons, parce qu'elle nous permettra de souligner l'apport incontournable des Irlandais à la société québécoise, et ce, depuis l'époque de la Nouvelle-France.
Puis-je rappeler que, lors du recensement de 2006, nous dénombrions plus de 400 000 Québécois qui avaient des origines irlandaises et que certains experts vont même jusqu'à dire que 40 % des Québécois auraient du sang irlandais? Ce n'est pas n'importe quoi. D'ailleurs, le Québec a eu cinq premiers ministres de descendance irlandaise. Pensons à Edmund James Flynn, de 1896 à 1897, à Daniel Johnson père, à ses deux fils Pierre-Marc Johnson et Daniel Johnson et à Jean Charest.
À Québec, les premières vagues d'immigrants irlandais ont déferlé dans la capitale nationale au début du XIXe siècle. En 1833, comme l'appartenance religieuse est alors relativement étanche par rapport aux langues, les Irlandais se dotent de leur propre institution religieuse de langue anglaise. Il s'agissait de l'église Saint-Patrick, dans le Vieux-Québec, qui se distinguait des églises que fréquentaient les protestants et les anglicans britanniques.
D'autres immigrants irlandais ont débarqué en 1840. Plusieurs ont été victimes de maladie, malheureusement, ou ont poursuivi leur migration vers d'autres villes, dont Montréal et New York. Dès 1871, on comptait déjà 12 000 habitants dans la ville de Québec et les Irlandais formaient plus de 20 % de sa population.
Aujourd'hui, les Irlandais d'origine se retrouvent majoritairement dans le secteur des rues de Salaberry, de Maisonneuve, de la Tour et Grande Allée, dans le magnifique quartier de Montcalm en haute ville, qui reste le point central pour la communauté et qui est axé sur l'école anglophone Saint-Patrick. C'est d'ailleurs dans ce secteur que démarre chaque année le fameux défilé.
À Montréal, pour illustrer la reconnaissance et l'apport irlandais à la métropole, on peut remarquer sur le drapeau de la Ville de Montréal le trèfle vert, symbole national du peuple irlandais, aux côtés de la fleur de lys française, de la rose de Lancastre anglaise et galloise, du chardon écossais et du pin blanc des Premières Nations.
Bref, les Irlandais immigrants ont littéralement construit pour nous le Québec. Au XIXe siècle, ils ont creusé des canaux, travaillé sur les chemins de fer et construit le pont Victoria de Montréal, inauguré en 1859. Ce pont, chef-d'œuvre architectural, enjambe le Saint-Laurent de Pointe-Saint-Charles à la rive opposée. À l'entrée de ce pont du côté de Montréal, se trouve d'ailleurs le Monument irlandais de Montréal, qui commémore le décès de 6 000 Irlandais, principalement à cause du typhus. D'ailleurs, l'année dernière, des archéologues qui travaillaient dans cette zone dans le cadre de la construction du Réseau express métropolitain y ont fait de petites découvertes fort intéressantes.
Lorsqu'on parle de la contribution des Irlandais, j'aimerais aussi rappeler les Shamrocks de Montréal, un club de hockey irlandais qui a existé de 1886 à 1924 et qui a gagné la Coupe Stanley à deux reprises, en 1899 et en 1900. Cela s'est passé une dizaine d'années avant la formation de l'équipe de hockey des Canadiens de Montréal.
C'est à un Irlandais, James O'Donnell, que l'on doit la fabuleuse architecture de la basilique Notre-Dame de Montréal. D'ailleurs, cet architecte est enterré dans les soubassements de la cathédrale. Il a donné cinq années de sa vie à l'édification de cette cathédrale.
Plusieurs patrimoines typiquement québécois à consonance française sont en fait d'origine irlandaise. Il suffit de penser au nom de famille « Dion », qui, en fait, provient de descendants irlandais qui s'appelaient « Dillon ». C'est la même chose pour les Sylvain, les O'Sullivan, les Bourque, les Duquette et les Barrette.
De 1849 à 1980, plus de 32 juges irlandais ont siégé à la Cour supérieure du Québec. De 1867 à 1973, 44 députés fédéraux irlandais ont été élus dans les différentes circonscriptions au Québec. De 1867, année de la Confédération, à 1978, pas moins de 57 Irlandais ont été membres de l'Assemblée nationale du Québec. Toujours en ce qui concerne les contributions importantes de nos amis irlandais, on peut nommer la création de la Banque Laurentienne, qui était anciennement la Banque d'Épargne. C'est le fruit d'efforts de Canadiens français et d'Irlandais. On pouvait retrouver au sein des conseils d'administration des Morin, des Lafontaine, des Papineau et des Cartier, et de l'autre côté, des Ings, des Drummond, des Curan, des O'Brien et des Wolfman.
Comment passer sous silence le célèbre défilé de la Saint-Patrick de Montréal, qui a lieu chaque année depuis 1824? Il s'agit d'ailleurs d'un des plus anciens défilés du genre dans tout le pays. La première fête de la Saint-Patrick a été célébrée à Montréal en 1759 par des soldats irlandais de la garnison de Montréal, soit trois ans avant la première édition du célèbre défilé de New York. À Montréal, on peut compter entre 250 000 et 750 000 participants annuellement au défilé de la Saint-Patrick. D'ailleurs, le magazine National Geographic a classé le défilé montréalais parmi les 10 plus impressionnants au monde.
En somme, le Québec aime les Irlandais et l'Irlande. Ce sont deux nations fières, et c'est peut-être pour cela qu'existe un rapprochement entre ces deux nations. Un jour, nous aurons nous aussi la possibilité, comme les Irlandais, de jouir de notre indépendance. Nous espérons que cela se fera rapidement.
Joyeux Noël à tous!
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Madame la Présidente, je suis très heureux de me joindre au débat aujourd'hui pour appuyer la motion visant à faire du mois de mars le Mois du patrimoine irlandais, en reconnaissance des contributions des Irlandais au Canada.
La célébration des contributions irlandaises n'est pas nouvelle pour les gens de Winnipeg. Depuis plusieurs années, le festival Folklorama compte pas moins de deux pavillons irlandais, qui permettent de faire l'expérience de toutes les facettes de la culture irlandaise au Canada, et de la célébrer. Jusqu'à quatre millions de Canadiens se disent de descendance irlandaise.
[Français]
Je dois dire que ce ne sont pas que les anglophones du Canada qui ont des influences irlandaises et des liens avec l'Irlande. Les Irlandais ont aussi joué un rôle important dans le développement du Québec. Je remercie le député de d'avoir fait part de plusieurs détails de cette histoire irlandaise au Québec.
[Traduction]
Bien entendu, plusieurs Canadiens connaissent des personnages comme Thomas D'Arcy McGee, qui a contribué à trouver un compromis entre les catholiques et les protestants et à paver la voie à la création du Canada, ce qui lui a valu une place historique au sein des Pères de la Confédération. Les Canadiens ont également entendu parler de Timothy Eaton, qui a fondé un empire du commerce de la vente au détail ayant servi les consommateurs partout au pays. L'édifice Eaton était un monument très important de Winnipeg jusqu'à la fin du siècle dernier, alors qu'il a été démoli au profit de ce qui allait devenir le complexe Bell MTS Place, c'est-à-dire l'aréna qui a permis de ramener l'équipe des Jets à Winnipeg.
Il y a une contribution dont on n'a pas encore parlé aujourd'hui, et je la trouve très importante. Il s'agit de la contribution des Irlandais au syndicalisme canadien. Les Irlandais ont provoqué une véritable prise de conscience chez les travailleurs canadiens, et ils ont participé à la grève générale de Winnipeg. Bob White, ancien président du Congrès du travail du Canada, qui a beaucoup fait progresser le mouvement syndical canadien, était originaire de l'Irlande. D'ailleurs, il est né en Irlande du Nord.
Je suis très heureux de prendre la parole au sujet de cette motion en raison de mes propres origines irlandaises et de mes liens avec cette culture. En 2023, il y aura 100 ans que mes arrière-grands-parents irlandais sont arrivés au Canada. Ils étaient partis de Belfast pour embarquer sur un navire comme beaucoup de leurs compatriotes. Les années précédant leur départ pour le Canada avaient été difficiles, et, sans entrer dans les détails, avaient mené à la division de l'Irlande en deux entités, soit la République indépendante d'Irlande et l'Irlande du Nord, qui fait encore partie du Royaume-Uni. Mes arrière-grands-parents avaient trouvé refuge ici, car ils voulaient fuir le climat de tensions sectaires qui sévissait en Irlande du Nord, espérant trouver la paix et la stabilité au Canada. Mon arrière-grand-père a d'abord travaillé à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, à Transcona, mais il a ensuite fait carrière dans une profession souvent associée aux Irlandais. Au moment de sa retraite, de nombreuses années plus tard, il était le chef de police de Transcona.
Je souligne cette histoire personnelle non seulement parce que c'est un récit de famille intéressant, mais parce que 100 ans après le mariage de mes grands-parents en décembre 1920, le monde s'intéresse de nouveau au sort de l'Irlande du Nord, en raison du Brexit, c'est-à-dire le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne. Or, ce n'est pas la première fois depuis les années 1920 que l'attention du monde est rivée sur l'Irlande du Nord. En fait, durant des 30 ou 40 dernières années du XXe siècle, le conflit nord-irlandais, qu'on appelle aussi « les Troubles », a fait beaucoup de victimes et a perturbé beaucoup de vies.
Le conflit a pris fin au tournant du siècle grâce au processus de paix dont le succès reposait en partie sur l'élimination pratique de la frontière jadis lourdement gardée et très symbolique entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande. Ces 20 dernières années, les citoyens ordinaires du Nord et du Sud ont pu s'identifier à l'ensemble du pays et traverser à leur gré, sans qu'on leur rappelle, à la frontière, la violence du passé récent ni le débat qui se poursuit sur leur avenir.
Le Brexit, qui risque d'entraîner la mise en place d'une frontière physique entre le Nord et le Sud, menace la paix installée depuis peu, car il crée un contexte et des apparences dont pourraient profiter ceux qui souhaitent le retour d'un climat politique plus dur. Par conséquent, tandis que nous saluons le patrimoine irlandais du Canada grâce à l'éventuelle adoption de la motion à l'étude, j'espère que nous encouragerons vivement toutes les parties aux négociations entourant le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne à agir de telle sorte que personne ne se sente jamais plus obligé de quitter l'Irlande du Nord en raison de tensions sectaires.
J'ai le plaisir de souligner qu'avant de venir à la Chambre aujourd'hui, j'ai participé à une réunion du comité du commerce international, qui a adopté une motion reconnaissant le rôle important joué par le Canada dans la négociation et la mise en œuvre de l'accord du Vendredi saint. Elle demande au gouvernement, qui établit maintenant une nouvelle relation commerciale avec le Royaume-Uni, de le faire d'une façon qui soutienne l'accord du Vendredi saint. Je souligne aussi, avec plaisir, que le comité des affaires étrangères a adopté une motion semblable la semaine dernière.
Je me réjouis de constater l'engagement continu des parlementaires envers le maintien de la paix en Irlande. L'une des meilleures façons de célébrer le patrimoine irlandais, selon moi, c'est de continuer de favoriser comme nous le pouvons une paix longue et prospère de l'autre côté du grand lac.
Je suis reconnaissant d'avoir pu présenter ces observations à la Chambre.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui pour parler de la motion M-18, parrainée par le député d', qui demande à la Chambre de déclarer le mois de mars Mois du patrimoine irlandais.
Au cours de notre histoire, nous avons vu de nombreuses vagues d'immigration irlandaises au Canada. Il y a une théorie selon laquelle des explorateurs irlandais seraient arrivés au Canada avant les Scandinaves. C'est un peu exagéré, car la moitié de mes ancêtres sont des Irlandais et l'autre moitié sont des Vikings.
Même si les archives montrent que des immigrants irlandais sont arrivés au Canada dès le XVIe siècle, je veux que les députés sachent que les pêcheurs irlandais ont d'abord été attirés par les eaux baignant les Grands Bancs de Terre-Neuve. En fait, le Canada est le seul endroit à l'extérieur de l'Europe où un lieu porte un nom irlandais. Lorsque les pêcheurs du Sud de l'Irlande sont arrivés à Terre-Neuve au XVIIe siècle, ils ont appelé cette contrée Talamh an Éisc, ou terre des poissons, et ce nom existe encore aujourd'hui.
Puisque Terre-Neuve est ma province, j'aimerais parler un peu plus longuement aux députés de ce pan de l'histoire. Je suis sûre que mes collègues ne savaient pas que plus de 20 % de notre population actuelle est d'origine irlandaise. Nous avons plus en commun avec nos amis irlandais que nous pourrions le croire. En effet, quand nous regardons une carte, nous constatons que notre province est le premier endroit à l'ouest de l'Irlande. D'ailleurs, entre 1770 et 1780, une centaine de navires ayant à leur bord des milliers de passagers ont quitté les ports irlandais pour aller profiter de la pêche lucrative au large de Terre-Neuve-et-Labrador. Ces migrations représentent l'un des plus vastes mouvements transatlantiques de personnes irlandaises du XVIIIe siècle.
Au fil des ans, ces immigrants irlandais ont créé leur propre sous-culture à Terre-Neuve-et-Labrador, et leurs descendants ont perpétué bon nombre de leurs traditions. Dans certains endroits de la province, la culture irlandaise est encore riche et évidente. On a souvent dit que Terre-Neuve-et-Labrador est l'endroit le plus irlandais à l'extérieur de l'Irlande en raison de ses habitants, de sa culture et, oui, même de ses paysages. Voici cinq exemples qui le démontrent bien.
On compare souvent le panorama et les paysages de ma province à ceux de l'Irlande. Les falaises imposantes, les côtes déchiquetées et la riche verdure nous aident à comprendre facilement pourquoi les Irlandais se sont sentis chez eux lors de leur arrivée ici, dans les années 1700. Il peut parfois être difficile de distinguer entre l'Irlande et Terre-Neuve.
Les députés savent-ils ce que signifie un « scrob » ou encore un « sleeveen »? On parle plus de variantes d'anglais à Terre-Neuve-et-Labrador que n'importe où ailleurs dans le monde. Nos dialectes remontent à il y a quatre siècles, et la plupart des accents ont un soupçon du Sud de l'Irlande. Certains colons irlandais parlaient uniquement le gaélique irlandais, et, bien que cette langue ait disparu de l'île au début du XXe siècle, elle y a laissé des traces toujours présentes aujourd'hui.
Il y a plus d'un endroit dans ma province où les liens irlandais sont profondément enracinés. Parcourant la partie la plus au sud-est de la presqu'île Avalon, la boucle irlandaise est au cœur de la culture et du patrimoine irlandais de Terre-Neuve-et-Labrador. Tilting, un petit village niché sur l'île Fogo, a accueilli le premier colon irlandais, Thomas Burke, arrivé en 1752. À ce jour, le village de Tilting est orné de drapeaux irlandais hissés par des groupes de personnes qui sont fières de montrer leurs racines. Tilting est à la fois un lieu historique national ainsi qu'un district patrimonial provincial, et pour cause.
Avec des paysages si semblables à ceux de l'île d'Émeraude, il est facile de comprendre pourquoi tant de gens comparent Terre-Neuve-et-Labrador à l'Irlande. Cela dit, le lien véritable se trouve parmi les personnes qui y habitent. Au-delà des berceuses, des accents, des chansons et des gigues, il y a un sentiment de camaraderie et de fierté digne d'un endroit où les gens laissent leurs portes ouvertes en permanence, comme c'est toujours le cas aujourd'hui, et où les gens s'arrêtent pour discuter avec ceux qu'ils croisent. Ce sont des personnes vraies, authentiques, amicales et accueillantes, ce qui est d'autant plus ressenti en raison de leur histoire, qui a été marquée par les épreuves et la résilience.
De plus, la Saint-Patrick est un jour férié à Terre-Neuve-et-Labrador. Les pubs, les maisons et les hangars sur toutes les îles se remplissent très tôt de gens qui font la fête et qui savourent de copieux petits-déjeuners. La fête se poursuit en soirée et, comme l'a mentionné le député, les gens boivent de la bière verte en chantant des mélodies irlandaises et en dansant.
Dans le cadre de l'initiative de verdissement mondial créée par Tourism Ireland, une foule de sites emblématiques et de points de repère majeurs à travers le monde sont éclairés de vert le jour de la Saint-Patrick. Ces verdissements sont emblématiques des relations que l'Irlande a nouées avec des pays du monde entier dans un esprit d'amitié, de respect et de partenariat. Il est donc tout à fait approprié que de nombreux bâtiments brillent de vert le 17 mars prochain, et beaucoup d'entre eux se trouveront à Terre-Neuve-et-Labrador.
Assez parlé de ma province, Terre-Neuve-et-Labrador. Nous savons que les registres de la Nouvelle-France comptent de nombreux noms irlandais et on a estimé que jusqu'à 5 % de la population de Nouvelle-France était d'origine irlandaise.
La période qui va de 1819 jusqu'au dernier quart du siècle est celle qui a vu l'immigration d'Irlande devenir massive. Pendant cette période, la majorité des milliers d'immigrants qui arrivaient au Canada chaque année provenaient d'Irlande.
Ces grands groupes d'immigrants ont continué d'arriver au Canada jusque bien longtemps après l'établissement de la Confédération avant de commencer à diminuer en nombre pour devenir beaucoup plus petits, mais le flot ne s'est jamais arrêté complètement.
Un groupe considérable d'immigrants — au moins 2 000 — est arrivé de 1823 à 1825 et s'est établi à Peterborough, en Ontario, d'après le nom de Peter Robinson, celui qui avait affrété les 12 navires qui les ont emmenés au Canada.
En 1871, le recensement canadien a donné un portrait du nombre d'Irlandais au Canada à la fin du XIXe siècle. Il indique qu'en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, 846 000 personnes étaient d'origine irlandaise. Je rappelle aux députés que Terre-Neuve-et-Labrador ne s'était pas encore jointe à la Confédération, ce qui explique l'absence de données à son sujet.
Une idée fausse circule toujours quant au fait que l'immigration des Irlandais au Canada n'aurait commencé qu'au moment de la famine de la pomme de terre, qu'on appelle également la Grande Famine, à partir de 1845. La pomme de terre était le principal aliment de subsistance consommé par la plupart des familles irlandaises, et des récoltes catastrophiques de pommes de terre sur plusieurs années successives ont empêché les agriculteurs de produire suffisamment de nourriture pour leur famille. Une maladie dévastatrice faisait pourrir les pommes de terre dans le sol et des cultures entières ont été rendues non comestibles, ce qui a anéanti la principale source alimentaire de millions de gens. Ce n'est qu'après 1852 que la culture de la pomme de terre a pu reprendre.
Ceux qui le pouvaient ont quitté l'Irlande. Ils sont partis à bord de navires dangereux et surchargés. Entassés dans des conditions insalubres au cours de la traversée de l'Atlantique, ils ont été victimes de la propagation incontrôlée de maladies, telles que le choléra et le typhus, que l'on a mentionné tout à l'heure. Des milliers de personnes ont terminé ce périple au fond de l'océan ou encore elles ont été enterré à Grosse-Île, au Québec, ou à l'île Partridge, au large de Saint John, au Nouveau-Brunswick, deux îles où les immigrants étaient placés en quarantaine à leur arrivée.
Malgré la découverte d'un registre partiel des personnes décédées en mer, le bilan complet ne sera jamais connu. Des milliers d'immigrants irlandais qui sont parvenus à Grosse-Île, mais sont morts plus tard ont vu le lieu de leur repos éternel marqué d'une croix celtique caractéristique érigée à leur mémoire. Sur l'île Partridge, une croix celtique est également érigée à la mémoire des immigrants irlandais qui y ont trouvé la mort.
L'histoire des Irlandais au Canada n'a pas été marquée uniquement par le désastre de la Grande Famine, car il s'agit également d'une histoire de réussite économique et sociale. Les Irlandais ont su voir les possibilités qu'offrait leur nouvelle patrie. Dès les premières années de leur arrivée, ils se sont naturellement tournés vers les ports, les villes et les régions où l'on trouvait beaucoup d'emplois, dans les provinces de l'Est ainsi qu'au Québec et en Ontario.
Cependant, au fur et à mesure que leur situation financière s'améliorait, beaucoup de Canadiens d'origine irlandaise se sont aventurés encore plus loin vers l'ouest. On note la présence d'un petit groupe d'éleveurs irlandais près de Fort Macleod dans les années 1870 et 1880. En 1916, l'Alberta comptait plus de 6 500 immigrants irlandais et 51 000 autres personnes ayant des ancêtres d'Irlande. Ces chiffres proviennent du recensement fédéral de l'époque.
Pendant cette même période, Winnipeg avait une population de plus de 19 000 personnes d'origine irlandaise. Parmi les quelque 59 000 personnes vivant en Colombie-Britannique en 1881, plus de 3 000 se disaient d'origine irlandaise dans le recensement canadien.
Selon David A. Wilson, qui a écrit Les Irlandais au Canada, les Irlandais se sont rapidement adaptés à la vie dans leur nouvelle patrie et, en 1871, le pourcentage d'Irlandais qui étaient marchands, fabricants, professionnels, cols blancs et artisans était à peu près identique à celui de la population en général.
Il serait naïf de penser qu'il n'y a eu aucune difficulté pendant les premières décennies suivant leur arrivée. Toutefois, comme beaucoup de communautés d'immigrants qui sont venues après eux, les Irlandais ont persévéré et ont multiplié les efforts pour constituer une partie importante du fondement de la société canadienne.
Nos livres d'histoire regorgent de personnes d'origine irlandaise dans tous les métiers imaginables, en particulier dans le monde de la musique. Une de ces personnes qui a influencé grandement notre histoire est Thomas D'Arcy McGee. Ce grand visionnaire de la Confédération, qui porte peut-être l'un des noms irlandais les plus connus, a déjà été mentionné par mes collègues.
Né en Irlande, il est arrivé au Canada en 1857, puis, l'année suivante, il a été élu à l'Assemblée législative de la province du Canada. Il a été un acteur important de la Conférence de Charlottetown et de la Conférence de Québec, qui ont jeté les bases de la Confédération de 1867. Il était connu pour ses efforts de promotion des droits des minorités et son opposition à l'extrémisme. Certaines des aspirations de M. McGee pour le Canada sont devenues des politiques gouvernementales, notamment celle qui accorde une place prépondérante à l'immigration comme moyen de bâtir et de renforcer le Canada.
L'instauration du Mois du patrimoine irlandais donnerait aux Canadiens de toutes les origines l'occasion de découvrir, d'apprécier et de célébrer les nombreuses contributions que les Canadiens d'origine irlandaise ont apportées au Canada et...