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Monsieur le Président, pour commencer, j'aimerais dire que nous trouvons importants le sujet de cette question de privilège et la motion qui est devant la Chambre des communes. Nous allons donc appuyer cette motion afin qu'elle soit adoptée le plus rapidement possible et que toute cette affaire, cette question de privilège, soient renvoyée le plus rapidement possible au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
C'est connu: nous trouvons l'ingérence étrangère importante. Le député de , le député de et l'ensemble du caucus néo-démocrate ont proposé une motion il y a un an. Ainsi, la Chambre des communes s'est prononcée sur une motion de méfiance à l'égard du rapporteur spécial qui avait été nommé par le pour se pencher sur la question de l'ingérence étrangère. Le NPD a proposé la motion qui a été adoptée par quatre partis sur cinq. Même si nous avions grandement confiance en M. Jonhston en tant que personne, nous n'avions pas confiance en son rôle comme rapporteur spécial. Une semaine après l'adoption de cette motion du NPD qui exprimait la méfiance à l'égard du poste de rapporteur spécial, M. Johnston a démissionné.
Ensuite, ont commencé les négociations qui ont mené à la commission Hogue. La juge Hogue a fait un travail important. Elle a déjà produit son rapport préliminaire qui a été rendu public la semaine passée. Certains éléments sont importants et liés, je pense, à cette question de privilège. Une des choses qu'elle a mentionnées, c'est qu'on sait qui sont certaines des agences des gouvernements étrangers.
Plus important encore, quand on lit le rapport préliminaire, on voit qu'il y avait deux problèmes. Les renseignements divulgués au gouvernement n'étaient pas bien communiqués aux candidats ou aux députés touchés, que ce soit aux élections de 2019 ou de 2021. Qu'est-ce que cela entraîne? Au NPD, nous pensons qu'il faut mettre en place au plus vite des protocoles pour qu'on sache, d'une part, comment communiquer ces informations. D'autre part, il faut prendre des décisions pour empêcher que cela arrive encore.
Comme la juge Hogue l'a bien mentionné, il ne fait aucun doute que cela n'a pas changé le résultat des élections en 2019 et en 2021. Or, la réalité, c'est que cette possibilité d'ingérence étrangère devient de plus en plus critique. Si on veut faire en sorte que les élections à l'avenir ne soient pas touchées et que notre travail à Chambre ne soit pas influencé par l'ingérence étrangère, il faut mettre en place ces protocoles. Il faut communiquer les renseignements secrets qui sont divulgués au gouvernement. Il faut aussi qu'on soit absolument certain que des mesures seront prises pour empêcher l'ingérence étrangère d'atteindre son objectif.
C'est pour toutes ces raisons que nous appuyons cette motion. Cette motion parle du fait qu'il y a eu une tentative d'influencer, de toucher 18 députés par le truchement de cyberattaques. Cette information n'a jamais été communiquée aux députés concernés. C'est préoccupant. Comme on peut le constater, la motion vient des deux côtés de la Chambre. Il y a bien sûr le député de , mais il y a aussi le député de et la députée de qui a fait une intervention.
On parle de députés des deux côtés de la Chambre qui ont soulevé ce problème, soit le fait qu'on ne sait pas quelle est l’information qui a été communiquée au gouvernement, mais qui n’a pas été communiquée aux députés.
Pour toutes ces raisons, il est évident qu’il faut passer rapidement aux actes. Si je dis aujourd’hui qu’il nous faut un protocole, si la commission Hogue démontre déjà dans son rapport préliminaire qu’il faut passer aux actes, alors il faut passer à l’action. Il faut faire en sorte d'empêcher que de tels incidents se reproduisent à l’avenir. Il est important qu’on renvoie rapidement la question au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre.
Je sais que, ce soir, on aura quelques discussions et des débats à ce sujet. Il semble que tous les partis sont déjà favorables à la motion. Je trouve qu'il est important de ne pas retarder l’adoption de cette motion inutilement. Je pense qu'il faut faire en sorte d'adopter cette motion, même à l’unanimité, et de la renvoyer au plus sacrant au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, qui est déjà outillé pour étudier la question.
Avant qu’il y ait la commission Hogue, le NPD a présenté des motions au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Ces motions ont été par la suite adoptées à la Chambre des communes. Il faut donc le dire: le Comité est déjà bien outillé pour prendre en charge la suite des choses, pour formuler des recommandations et pour informer la Chambre des communes des actions qui devraient être entreprises.
Oui, c'est un travail qui va se faire en parallèle. On a déjà la commission Hogue, qui va aussi présenter des recommandations et des actions à entreprendre par le gouvernement, les autorités électorales et tous les autres qui sont préoccupés par la sécurité nationale et l’importance de maintenir, de préserver notre démocratie. Bien sûr, il est important qu’on entreprenne ces actions. C’est pour ça que je suggère fortement que, ce soir, d’ici minuit, on décide d’adopter la motion à l’unanimité et de la renvoyer tout de suite au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre.
[Traduction]
Dix-huit parlementaires ont subi une cyberattaque. Comme on l'a mentionné, les auteurs n'ont pas réussi. L'Administration de la Chambre a pris des mesures, ce qui est important, mais la commission Hogue a publié son rapport provisoire. On se rappellera que le NPD avait présenté la motion qui a amené la Chambre des communes à exprimer poliment son refus concernant le poste de rapporteur spécial. Les néo-démocrates se méfiaient de l'idée de créer ce poste. À notre avis, une enquête publique était absolument nécessaire et nous avions présenté une motion dans ce but à la Chambre des communes il y a environ un an. Je crois que, aujourd'hui, cela fait 50 semaines exactement. Quatre des cinq partis représentés à la Chambre des communes ont voté pour cette motion, soit trois des quatre partis reconnus et le parti non reconnu.
David Johnston — et c'est tout à son honneur, car nous savons qu'il est respectueux de la démocratie — a vu cela comme de la méfiance concernant le poste de rapporteur spécial. Ce n'était pas de la méfiance à son égard. C'est un homme qui a toujours travaillé dur pour servir son pays et lui apporter tout ce qu'il pouvait, mais les néo-démocrates ont exprimé leur méfiance à l'égard du poste de rapporteur spécial. Une semaine plus tard, M. Johnston s'est retiré du poste, et les négociations ont commencé pour créer la commission Hogue. La juge Hogue a travaillé très dur et avec beaucoup de diligence pour présenter les recommandations, que nous devrions recevoir à la fin de l'année.
Toutefois, il ressort clairement de son rapport et de la question de privilège présentée aujourd'hui que le gouvernement est au courant d'informations qui ne sont pas communiquées efficacement. Elles n'ont pas été communiquées efficacement lors des élections de 2019 ni lors des élections de 2021. Elles n'ont été communiquées à aucun des députés ou des candidats concernés. C'est très clair.
Il ressort clairement de la commission Hogue que 18 députés ont bel et bien été la cible d'une cyberattaque, ce qui fait qu'une question de privilège a été soulevée. Pourtant, le gouvernement a choisi de ne pas en informer ces députés. En fait, c'est un article de journal qui les en a informés. Le FBI en a informé le gouvernement, et le gouvernement n'a pas transmis cette information.
Nous pouvons dire que nous avons eu de la chance que la cyberattaque contre ces députés ait échoué en raison des mesures qui ont été prises, mais nous devons tout de même nous demander pourquoi le gouvernement n’a pas communiqué cette information. C'est un thème qui est revenu sur le tapis aux élections de 2019 et de 2021, et aujourd'hui dans le cas de la question de privilège. Nous devons mettre en place des protocoles. Nous avons également demandé au gouvernement de créer un registre des agents étrangers. Les choses semblent bouger de ce côté. C'est important.
Le gouvernement doit mettre en place des protocoles sur la façon de communiquer les informations, notamment les informations sensibles des services de renseignement, afin que le processus soit clair avant les prochaines élections. Ainsi, nous nous assurerons que le type d'ingérence étrangère qui n'a peut-être pas fonctionné en 2019 et en 2021, mais qui risque de fonctionner la prochaine fois si nous ne faisons rien, ne se reproduise pas. Le gouvernement doit faire son bout de chemin. La commission Hogue présentera un vaste éventail de recommandations. Elles seront également très importantes, mais le comité de la procédure a tous les outils requis pour faire ce genre de travail. Le rapport du comité de la procédure, que le NPD a présenté à la Chambre et au sujet duquel il a présenté des motions, a été adopté par la Chambre des communes il y a un peu plus d'un an. Il s'agissait de la première réaction sérieuse au risque d'ingérence étrangère dans ce pays, ce qui a permis à cette motion d'être présentée rapidement.
Ce soir, maintenant qu'une première série de discours ont été prononcés, je ne pense pas que nous avons besoin d'en parler longuement. Il faut agir, c'est-à-dire renvoyer la question rapidement au comité de la procédure. Nous pouvons le faire dès ce soir. Nous pouvons choisir, avec le consentement unanime de la Chambre, d'adopter la motion avec dissidence afin que la question soit renvoyée sans délai au comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Je recommande certainement à la Chambre de procéder rapidement pour que, vu la gravité de cette question de privilège, le comité puisse y répondre et présenter des recommandations qui mèneront à des mesures concrètes.
Nous disposons de peu de temps. La date officielle des prochaines élections, comme les députés le savent, est prévue à l'automne 2025. Nous sommes en situation de gouvernement minoritaire. Les élections pourraient être déclenchées plus tôt. C'est incroyablement important. Il faut prendre toutes les mesures possibles. C'est pourquoi nous proposons que le rapport de la commission Hogue soit présenté d'ici la fin de l'année afin que nous ayons le temps de donner suite à toutes les recommandations. Nous avons aussi besoin de temps pour mettre en œuvre les recommandations que le comité de la procédure et des affaires de la Chambre pourrait formuler relativement à la question de privilège. Il faut d'abord la renvoyer au comité. Nous ne pouvons pas attendre. Nous ne pouvons pas nous traîner les pieds. Nous ne pouvons pas passer beaucoup de temps à en discuter. Il faut agir.
Je vais conclure, même s'il reste du temps, parce que je crois qu'il est important de tirer toute cette affaire au clair. J'aimerais conclure en suggérant à tous les députés que, ce soir, nous renvoyions cette question au comité de la procédure et des affaires de la Chambre, avec dissidence ou par consentement unanime. Nous pouvons renvoyer la question au comité et, demain matin, il pourrait commencer ses travaux importants pour répondre à cette question de privilège et examiner pourquoi le gouvernement n'a pas informé ces députés. Le comité pourrait aussi déterminer quels devraient être la procédure et le protocole la prochaine fois, s'il y a une prochaine fois — ce qui est probable —, afin que les députés ciblés puissent être pleinement informés. Nous pourrions alors prendre les mesures appropriées pour mettre fin à toute future tentative de subversion ou d'ingérence étrangère dans notre processus électoral.
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Monsieur le Président, avant de commencer mon intervention, je tiens à préciser que je partagerai mon temps de parole avec le député de . J'ai certainement hâte d'entendre ses observations.
Il y a deux semaines, je me trouvais dans mon bureau de circonscription lorsque j'ai reçu un message de mon collègue de . Il m'informait qu'un petit groupe d'entre nous aurait une réunion spéciale, au cours de laquelle il nous informerait d'une situation très grave et sérieuse. Je ne sais pas si quelqu'un a déjà été avisé qu'il est la cible d'une cyberattaque, mais je peux confirmer que c'est terrifiant. C'est un moment qui donne des sueurs froides dans le dos.
Lorsqu'on apprend la date de ces attaques, soit janvier 2021, on se demande ce qu'on faisait ce mois-là. Que se passait-il dans sa vie ce mois-là? Quelle est la gravité de cette attaque? Je ne souhaite à personne de vivre une telle chose, ni à la Chambre ni ailleurs dans le monde, mais c'est malheureusement arrivé.
Si cela m'est arrivé et est arrivé à d'autres collègues de la Chambre des communes, cela arrive de toute évidence à d'autres personnes au pays. Qui tente d'obtenir ces renseignements? Dans quelle mesure y parviennent-ils? Combien d'attaques de ce genre sont en train de se produire au moment où l'on se parle? Pire encore, le gouvernement libéral était au courant de cette attaque et n'en a informé ni moi ni mes collègues. C'est répréhensible. C'est absolument épouvantable.
Je remercie encore une fois l'Alliance interparlementaire sur la Chine de nous avoir informés, mes collègues et moi, que nous avions été les cibles d'une telle attaque. Je remercie également le Federal Bureau of Investigation des États‑Unis d'Amérique d'avoir, une fois de plus, fait le travail que devrait faire le gouvernement libéral. Il est honteux que ce soit des gouvernements étrangers qui nous aient appris que nous avions été la cible d'une attaque.
Malheureusement, cela ne m'étonne pas du tout. Pas plus tard que la semaine dernière, le rapport sur l'ingérence étrangère nous a appris que l'ancien député de Steveston—Richmond‑Est a perdu aux élections en raison de l'ingérence étrangère.
L'année dernière, nous avons vu les effets d'un gouvernement étranger, le même gouvernement de la République populaire de Chine, sur le député de , qui siège de ce côté-ci. Il a également été victime de l'ingérence d'un gouvernement étranger qui a tenté d'obtenir des informations sur sa famille afin de l'intimider.
Malheureusement, j'ai eu l'honneur d'être la ministre du cabinet fantôme en matière d'institutions démocratiques en 2018 et 2019. À l'époque, j'ai supplié la députée de de faire quelque chose à ce sujet, mais c'est tombé dans l'oreille d'un sourd.
Nous avons mis en place des choses comme la Commission des débats des chefs, dont l'un des membres a été impliqué dans le scandale de l'organisme UNIS. La commission était supervisée par l'ancien rapporteur spécial, qui a clairement failli à sa mission d'essayer d'assurer la sécurité de la Chambre et des Canadiens. Nous avons assisté à la mise en œuvre de la charte du numérique inefficace, qui n'a rien fait pour protéger les Canadiens et les députés de la Chambre.
Nous avons passé des heures à examiner le projet de loi et nous avons parlé de sujets comme le recours à un répondant. Nous avons parlé de choses comme les directeurs de scrutin. Nous avons abordé des sujets tels que la fermeture des bureaux de scrutin partout au Canada, mais cela n'a guère contribué à résoudre le problème auquel nous sommes confrontés aujourd'hui, à savoir l'ingérence étrangère.
Encore une fois, le gouvernement libéral n'a pas assumer sa responsabilité non seulement de faire quelque chose au sujet de l'ingérence étrangère, mais aussi d'avoir la courtoisie, la décence et le sens moral d'informer les députés qu'ils étaient attaqués et menacés. Nous n'avons pas eu droit à cette courtoisie, et c'est absolument honteux.
Une fois de plus, on a vu que le gouvernement en a fait trop peu, trop tard. Nous le constatons encore et encore. Nous l’avons vu en 2019, lorsque j’ai essayé de poser des questions au député de et au . La seule réponse que j’ai reçue, c’est que le premier ministre avait été informé qu’il y avait eu une certaine ingérence de la Russie dans les élections de 2015, ce qui est très peu réconfortant en ce moment, compte tenu de ce que nous savons maintenant.
Les élections de 2018‑2019 ont eu lieu, ma foi, il y a maintenant cinq ans. Les libéraux ont eu cinq ans pour agir. De toute évidence, ils n'ont pas passé leur temps à prendre des mesures, quelles qu'elles soient. Encore une fois, ils font ce qu’ils font le mieux, c’est-à-dire créer l’illusion de faire quelque chose alors qu’en fait, ils sont heureux de ne rien faire parce que, comme nous l’avons vu avec le député de , comme nous l’avons vu avec le député de , il est avantageux pour eux de ne rien faire. Alors ils n’ont rien fait et continueront de ne rien faire.
Certes, je blâme la députée de , mais je sais qu'elle avait reçu des directives d'en haut. Il ne fait aucun doute, selon moi, qu'elle avait reçu des directives d'en haut, et c'est la même chose dans ce cas-ci. Je suis convaincue que les libéraux voulaient ignorer la cyberattaque et le préjudice potentiel qu'elle aurait pu me causer, à moi, à ma famille et à 17 autres députés. Ils ont voulu fermer les yeux parce que c'est ce qu'ils font. Ils ne veulent pas assumer la responsabilité des atrocités qui sont commises contre moi, contre d'autres députés et contre le peuple canadien.
La bonne nouvelle, c'est que cela ne me dissuadera pas et ne dissuadera pas le de continuer à défendre la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit, non seulement au pays, mais aussi partout dans le monde. Les députés nous verront toujours aux côtés de nos alliés à Taïwan, en Israël et en Ukraine. Là encore, c'est quelque chose que nous ne voyons pas le gouvernement libéral faire.
Le gouvernement choisit les gagnants et les perdants et il tient un double discours non seulement au détriment de personnes à la Chambre, mais aussi au détriment de Canadiens et même de personnes ailleurs dans le monde. Comme je l'ai dit, c'est parce que le gouvernement va toujours fermer les yeux. Les députés savent-ils ce qui se produit lorsqu'on ferme les yeux? Le mal l'emporte. Le mal l'emporte à la Chambre lorsque le gouvernement ferme les yeux. Le mal l'emporte dans ce pays lorsque le gouvernement ne veut pas prendre ses responsabilités, comme j'ai supplié la députée de de le faire autrefois, et le mal l'emporte autour du monde.
Il n'est pas surprenant que j'aie été informée, après coup, du fait que le gouvernement s'était dérobé à sa responsabilité d'assurer la sécurité de nos concitoyens et des députés, qui ont été informés par un État étranger, par une autre personne qui faisait le travail que les libéraux devraient faire. Ils devraient avoir honte d'avoir tenté de nous cacher cela. Comme je l'ai dit, ils devraient savoir, les Canadiens devraient savoir, qu'ils se sont soustraits à leur responsabilité et qu'ils n'ont pas fait ce qu'ils étaient censés faire pour assurer la sécurité de la Chambre et la sécurité des députés.
Comme je l'ai dit, j'ai malheureusement observé ce genre de chose à maintes reprises. Je ne suis donc pas du tout surprise que nous ayons été laissés dans cette situation et qu'on nous ait laissés être pris pour cible par ce gouvernement étranger et par d'autres gouvernements étrangers qui se renseignent sur nous. Je ne suis pas naïve. J'ai travaillé pour le Service extérieur canadien. Maintenant que j'ai été élue à la Chambre, je suis consciente que je serai toujours une cible pour ces gouvernements étrangers, j'en suis sûre. Cependant, le gouvernement a été informé de la situation par un autre gouvernement et par un autre organisme qui tente de faire le travail que les libéraux devraient faire, c'est-à-dire assurer la sécurité des Canadiens et des députés.
Nous pouvons renvoyer cette question au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. J'espère sincèrement que nous le ferons, mais j'espère que nous obtiendrons de meilleurs résultats que par le passé, quand le Comité a renvoyé le projet de loi à la Chambre sans mesure de protection pour les députés et les Canadiens. J'espère que, cette fois-ci, le gouvernement libéral prendra l'ingérence étrangère au sérieux, qu'il ne fera pas semblant et qu'il prendra des mesures concrètes à cet égard.
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Monsieur le Président, je me réjouis de la décision de la présidence selon laquelle nous nous devons d'examiner cette question qui doit être renvoyée au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre pour qu'il mène une enquête approfondie. Les privilèges des députés ici sont sacrés, et nous devons tout faire pour les protéger. Je m'inquiète de la violation de ces privilèges.
Je fais partie des 18 parlementaires canadiens ciblés par Advanced Persistent Threat 31, ou APT31, un groupe de pirates informatiques de la République populaire de Chine, qui opère sous l'égide du ministère de la Sécurité d'État. Ce groupe mène notamment des activités de répression transnationale, d'espionnage économique et d'ingérence étrangère au nom de la République populaire de Chine. Le régime communiste s'ingère bien sûr dans les affaires et les élections du Canada. Il tente de faire taire des députés qui dénoncent le régime communiste, ses violations des droits de la personne et son ingérence dans la géopolitique partout dans le monde.
Si nous savons que des parlementaires canadiens ont été ciblés, c'est parce que le 25 mars, le département de la Justice des États‑Unis a divulgué la mise en accusation, par le FBI, de sept membres d'APT31. Sept ressortissants de la République populaire de Chine ont été accusés d'espionnage et d'ingérence étrangère. Le département de la Justice des États‑Unis a imposé des sanctions contre ces individus. Le département d'État américain offre également une récompense en échange de renseignements supplémentaires à leur sujet. Quand on lit la mise en accusation et certaines des activités d'APT31, on constate que le groupe a exécuté plus de 10 000 cyberattaques différentes dans le monde ciblant principalement des législateurs.
Elle précise que l'Alliance interparlementaire sur la Chine a été ciblée en 2021. Je suis membre de cette alliance, et les 18 députés canadiens qui ont été ciblés sont également membres de cette alliance. L'Alliance interparlementaire sur la Chine a été plutôt choquée d'apprendre la nouvelle en avril. Elle a rapidement avisé tous ses membres de l'Europe, du Canada, des États‑Unis et de l'Australie. Évidemment, les Américains étaient déjà au courant. Le FBI avait alerté les membres du Congrès et les sénateurs. Il était très préoccupé par cette attaque.
Passons la chronologie des événements en revue. APT31 m'a ciblé, ainsi que 17 de mes collègues, au moyen d'une cyberattaque d'hameçonnage par courriel. Le FBI a découvert l'existence de cette attaque en 2021‑2022. L'agence en a informé les législateurs américains puis elle a suivi le protocole du Groupe des cinq et elle en a informé le Centre de la sécurité des télécommunications, le CST, au Canada. La direction des TI du CST a alors communiqué avec les services de la Chambre des communes, mais rien n'a été fait ensuite, absolument rien. Aucun des parlementaires concernés n'a été contacté par le CST, par le gouvernement du Canada ou par le Service de protection de parlementaire de la Chambre des communes. Personne ne leur a dit quoi que ce soit.
L'Alliance interparlementaire sur la Chine a découvert en 2024 que certains de ses membres dans divers pays, dont 18 membres au Canada, avaient été ciblés; c'est deux ans après que les attaques ont eu lieu, deux ans après que le CST et la Chambre des communes ont été informés de l'attaque. Personne n'a cru que cette affaire était assez grave pour qu'on dise aux parlementaires que leur courriel et des services en ligne avaient peut-être été compromis. À l'époque, en 2019 et en 2021, nous étions déjà témoins de l'ingérence étrangère dans les élections fédérales. Des agents de la République populaire de Chine intimidaient des députés et leur famille, notamment le député de et sa famille à Hong Kong. Les agents chinois tentaient d'intimider le député et tout le monde au Canada.
On sait que la République populaire de Chine, la RPC, a installé des postes de police dans différentes régions du Canada pour s’ingérer dans la vie des ressortissants chinois qui vivent ici et les intimider. On sait que la RPC a eu recours à des étudiants étrangers pour envahir les réunions d'investiture. Pendant tout ce temps, le gouvernement libéral fermait les yeux.
Les libéraux ne se soucient aucunement de l'ingérence de la RPC dans les processus électoraux lorsqu'elle nuit à des gens comme le député conservateur de ou comme Kenny Chiu, l'ancien député conservateur de Vancouver qui a été défait aux élections. Tant et aussi longtemps que les libéraux croient que l'ingérence est à leur avantage, ils sont prêts à rester les bras croisés.
Grâce à la juge Hogue et à la Commission sur l'ingérence étrangère, qu’elle dirige, nous savons que des preuves solides montrent que l'ingérence étrangère sape nos institutions démocratiques. Je prends très souvent position pour défendre l'Ukraine et demander des comptes aux oligarques russes et aux fonctionnaires étrangers corrompus du monde entier. Résultat: je suis constamment harcelé sur les médias sociaux par des trolls russes. On m'a d'ailleurs demandé de comparaître comme témoin devant la commission Hogue en raison des attaques continues qui visent mes comptes de médias sociaux.
Par ailleurs, je suis l'un des donateurs de Hong Kong Watch Canada. C'est pour moi une autre façon de défendre la démocratie et les libertés civiles à Hong Kong, étant donné les activités qu'y mène le régime communiste dans le but d'étouffer tous les droits et libertés individuels et en particulier les élections libres et équitables à Hong Kong.
Je suis également le ministre du cabinet fantôme de l'opposition officielle pour la défense nationale. Par conséquent, s'il y a des risques que ma messagerie électronique soit piratée par des agents de l'Armée populaire de libération en Chine, on s'attendrait à ce que quelqu'un m'appelle pour me dire que je suis ciblé. En 2021-2022, quelqu'un aurait dû faire cet appel.
Je suis aussi vice-président du Comité permanent de la défense nationale. Nous nous penchons souvent sur des informations concernant la sécurité nationale, les Forces armées canadiennes et les missions de l'OTAN en Europe auxquelles nous participons. Je milite toujours pour que nous fournissions plus d'armes à l'Ukraine. Les députés pourraient s'attendre à ce que cela comporte suffisamment de risques pour que le gouvernement libéral du Canada communique avec nous afin de nous recommander des mesures de précaution pour protéger les renseignements en ma possession et ceux que je communique à mes collègues, y compris à d'autres membres du Comité permanent de la défense nationale.
Or, je n'ai jamais été avisé par le Centre de la sécurité des télécommunications. Je n'ai jamais été avisé par le Service de protection parlementaire. Je n'ai jamais été avisé par le Service du renseignement de sécurité ni par la GRC. Personne au gouvernement du Canada n'a communiqué avec moi pour m'informer des risques auxquels mes collègues ou moi étions exposés ou des risques que nos travaux soient compromis.
Étonnamment, je vais assister à une séance d'information cette semaine, demain en fait, donnée par le FBI. Il va nous parler de ceux d'entre nous qui, en tant que parlementaires, ont été ciblés par le groupe APT31, afin de rendre l'information publique. On pourrait penser que la GRC, le Service canadien du renseignement de sécurité ou le Centre de la sécurité des télécommunications joueraient ce rôle, ou à tout le moins que quelqu'un du gouvernement libéral serait prêt à agir, mais non, c'est le silence total.
Cela revient au fait que le gouvernement libéral ne prend pas l'ingérence étrangère au sérieux. Nous avons un qui n'a jamais fait de la sécurité nationale sa priorité. La sécurité nationale devrait toujours être une priorité pour le , mais pour lui, c'est une considération secondaire. Il a toujours minimisé la gravité des menaces de Pékin, de Moscou et de Téhéran. Il ne nous a jamais défendus en tant que parlementaires afin de protéger les institutions démocratiques. Il n'a jamais dit que nous allions protéger les communautés de la diaspora au Canada qui ont fui l'oppression, les dictatures et les régimes totalitaires, qu'elles soient chinoises, ukrainiennes ou persanes.
Je peux dire une chose aux députés. Le , le chef des conservateurs du Canada, défendra toujours la liberté, la démocratie et la sécurité nationale. Nous ferons toujours passer les intérêts du Canada en premier. Nous défendrons toujours les droits et les privilèges démocratiques des députés qui servent dans cette assemblée élue, dans cette vénérable enceinte. Je sais que les choses iront mieux sous la direction d'un premier ministre qui représente le Parti conservateur du Canada.
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Monsieur le Président, j'aurais aimé me réjouir de participer au débat, mais ce n'est pas le cas. Je fais partie des 18 parlementaires dont le courriel a été ciblé par le groupe APT31. Pour être tout à fait honnête, je ne savais pas ce qu'était APT31. Bon nombre de mes collègues savent probablement que je passe beaucoup de temps dans les communautés de la diaspora. Je connais donc assez bien divers groupes obscurs auxquels bon nombre d'entre nous ne portent pas attention, mais c'était la première fois que j'entendais parler de celui-là. Il a fallu que je demande à mon personnel de se renseigner sur les activités de ce groupe.
L'attaque remonte à janvier 2021. Par « attaque », je ne veux pas dire une attaque physique. Il s'agissait d'une tentative de piratage numérique, plus précisément de reconnaissance à partir de pixels. Comme ce terme m'était lui aussi inconnu, j'ai dû faire des recherches. Il s'agissait d'une tentative sophistiquée, je crois. Je n'y aurais pas pensé.
Mes collègues et les députés des autres partis politiques savent que je suis plutôt paranoïaque. Je pense qu'il est sain d'être légèrement paranoïaque dans ce genre de travail. Pendant la guerre en Afghanistan, je travaillais pour le ministère de la Défense nationale, en tant que membre du personnel exonéré du ministre. J'ai également été conseiller en politiques pour le ministère des Finances de l'Alberta, où le niveau de sécurité entourant les documents budgétaires était élevé. Par conséquent, simplement par habitude, je n'autorisais pas l'ouverture automatique des images dans mes courriels. J'étais loin de me douter que, dans cette situation, cela m'aurait aidé, parce que ces images sont celles qui contiennent un pixel qui téléverse le code sur n'importe quel appareil qui les ouvre. Dans le cas de mon compte de courriel, j'ai demandé à mes employés de vérifier sur leurs ordinateurs si ces courriels avaient été ouverts, et s'ils étaient toujours dans mon compte de courriel, et ils étaient encore là.
C'est l'un des problèmes que me pose la position adoptée par le gouvernement, ainsi que celle du Centre de la sécurité des télécommunications et des responsables de la cybersécurité de la Chambre des communes. Dès que j'ai appris l'existence de cette affaire, il y a à peine quelques semaines, je les ai immédiatement contactés pour savoir s'ils étaient au courant et si je devais prendre certaines mesures. Au début, j'ai reçu des messages contradictoires de leur part: ils m'ont dit qu'ils étaient en quelque sorte au courant de l'enquête, mais qu'ils ne savaient pas. Ce n'était pas vraiment clair. J'ai reçu deux courriels différents qui disaient à peu près la même chose, qui utilisaient des synonymes pour éviter de s'avancer, ce qui est typique, je suppose. Je ne le leur reproche pas. Cependant, lorsque mon adresse courriel a été ciblée, j'aurais aimé en être informé dès janvier 2021. J'aurais aimé le savoir, car j'aurais pu effacer ces courriels. J'ai peut-être consulté ces courriels à plusieurs reprises et je les ai peut-être ouverts à nouveau.
Je vais même lire les manchettes pour mes collègues, car je les ai. Le premier courriel date du 28 janvier 2021, et il indique ceci: « Plus de 50 passagers perdent la vie. » Cela ressemble à un fait divers sur un accident de la route dans l'Ouest du Cameroon. Nous recevons de toutes sortes de courriels. Il n'y a pas nécessairement de raison pour que nous les lisions. C'était signé par David Aaro, avec le nom de domaine « nropnews ». Le prochain courriel provient de Brooke Singman et porte sur le PIB de la Chine. La curiosité aurait facilement pu me pousser à ouvrir ce courriel pour connaître l'opinion d'un analyste. Le troisième courriel est intitulé « Le Parlement du Canada désigne le groupe d'extrême droite américain des Proud Boys comme “entité terroriste”. » Lui aussi était rédigé par David Aaro.
Ces courriels se sont étalés sur plusieurs jours. Ils ne sont pas tous arrivés le même jour. Ce sont trois courriels que j'ai encore dans ma boîte de réception et que j'aurais pu rouvrir pour une raison ou une autre en cherchant un autre courriel, parce que personne ne m'a dit quoi que ce soit. Personne.
Je pense que ce qui s'est passé à la Chambre des communes, au Centre de la sécurité des télécommunications et, surtout, au gouvernement libéral est immoral et contraire à l'éthique. Le gouvernement dit vouloir protéger les Canadiens, faire ce qui s'impose pour eux et veiller à ce qu'il n'y ait pas d'ingérence étrangère, mais c'est seulement quand il est interpellé que le gouvernement commence à prétendre qu'il va faire quelque chose.
Je travaille avec des prisonniers politiques. Je travaille avec des personnes qui ont fui leur pays d'origine et qui étaient des activistes politiques. Elles ont été emprisonnées. Certaines d'entre elles se sont trouvées dans le couloir de la mort. Il s'agit de militants pour la démocratie. Ces personnes étaient peut-être journalistes dans leur pays. L'une des personnes qui travaillent pour moi était journaliste dans un pays où le régime autoritaire a fait fermer son journal. J'ai rencontré des journalistes qui travaillaient en Turquie et qui figurent sur la « liste grise » du gouvernement turc, c'est-à-dire la liste des terroristes. Cette personne n'a commis aucun crime terroriste. Je l'appelle la Robert Fife de la Turquie. Elle a fait un reportage sur le fait que le gouvernement turc, pendant la guerre civile syrienne, avait donné des armes et d'autres biens au groupe État islamique et à des groupes djihadistes affiliés à celui-ci.
Voilà les personnes que je rencontre. Elles ont toutes appris que j'avais été pris pour cible. Elles sont toutes inquiètes. Cela porte directement atteinte au type de travail que je peux faire, au type de travail que je souhaite faire, au type de travail que le chef de mon parti politique m'a demandé de faire en tant que ministre du cabinet fantôme responsable de l'immigration, des réfugiés et de la citoyenneté. Les réfugiés sont au cœur de cette question. Ils sont nombreux à avoir demandé et obtenu le statut de personne protégée au Canada.
J'ai lu votre décision, monsieur le Président, et, comme vous l'avez indiqué, c'est lié au type de travail que je fais. Le gouvernement prétend qu'il en fait assez, mais, non, il n'en fait pas assez. Le fait est qu'aucun député occupant une banquette ministérielle, pas même les responsables du Service canadien de renseignement de sécurité ou du Centre de la sécurité des télécommunications Canada, n'a cru qu'il fallait avertir les 18 députés, y compris moi, mon collègue de , le député de et la députée de .
Plusieurs d'entre nous sont concernés, de même que des députés du Parti libéral. Le député de , qui est l'un des vice-présidents de l'Alliance interparlementaire sur la Chine, a été précisément ciblé pour ce travail. C'est immoral. C'est contraire à l'éthique.
Quand je m'adresse ensuite aux diverses diasporas, on me demande: « Si le gouvernement ne vous protège pas, s'il ne protège pas un député ou un sénateur, quelles sont nos chances d'être protégés? » Il n'est pas étonnant qu'ils s'autocensurent et qu'ils aient si peur de parler de ce qui se passe dans leur pays d'origine, mais aussi des agents étrangers au Canada qui portent atteinte à leur droit à la liberté d'expression en tant que citoyens canadiens libres vivant dans notre pays.
Ils ont peur, parce qu'ils voient ce qui nous arrive. Bon nombre d'entre nous sont des défenseurs des droits de la personne. Nous travaillons pour la démocratie. Nous aidons des groupes à s'organiser et nous leur donnons des idées sur la façon de faire du lobbying et de défendre des causes importantes qui leur tiennent à cœur. Cependant, ils nous demandent: « Si je vous envoie un courriel, est-il vraiment protégé? Protégerez-vous mon identité? »
J'ai assisté à des réunions où des citoyens m'ont demandé de fermer mes téléphones et de les ranger. Je veux dire de les éteindre et de les ranger. Je sais pourquoi ils agissent ainsi: c'est parce qu'ils craignent que les gens puissent facilement accéder à ces appareils, qui ne sont généralement pas sécurisés, pour ensuite en allumer le microphone.
Ce n'est pas pour rien que nous n'apportons pas nos appareils dans la salle de notre caucus. Ils sont dans de petites armoires en métal, où nous les déposons et les reprenons par la suite. Je me souviens avoir essayé, en tant que président du caucus, de convaincre mes collègues de renoncer à apporter leurs appareils, ce qui est très difficile. Je vois des députés hocher la tête et admettre à quel point il est difficile pour eux d'être séparés de ces appareils.
J'ai commencé à faire des recherches, surtout sur le groupe APT31 — et le député de a commencé à se pencher sur ce groupe avant moi —, parce que je m'intéressais à ce sujet. Le Bureau of Diplomatic Security du département d'État américain offre une récompense de 10 millions de dollars dans le cadre du programme Rewards for Justice pour 7 membres de ce groupe. Il y a sept personnes sur la liste.
On dit que les pirates informatiques ont aidé le ministère de la Sécurité d'État de la Chine à mener des cyberopérations malveillantes contre des infrastructures essentielles des États‑Unis par l'intermédiaire de sa société-écran, la Wuhan Xiaoruizhi Science & Technology Company. Ils font partie d'un groupe d'agents du renseignement et de pirates informatiques contractuels soutenus par l'État chinois et connus dans le milieu de la cybersécurité sous le nom d'APT31. Encore une fois, je l'ignorais. J'aurais aimé qu'on m'informe sur le groupe APT31.
Cependant, ce ne sont pas que des pirates informatiques contractuels; ce sont des agents du renseignement soutenus par l'État chinois. Sur le site Web du programme Rewards for Justice, on peut lire que quiconque possède des renseignements sur le groupe de pirates informatiques chinois Wuhan APT31, aussi connu sous les noms de Zirconium, Violet Typhoon, Judgement Panda et Altaire, ou sur des personnes ou entités associées à ce groupe, devrait communiquer avec les responsables du programme Rewards for Justice à l'aide de la plateforme sécurisée avec Tor et pourrait être admissible à une récompense ou à des services de réinstallation.
Encore une fois, il ne s'agit pas d'un groupe obscur de pirates informatiques installés dans le sous-sol familial. Le Centre de la sécurité des télécommunications, les services de sécurité de la Chambre des communes, les responsables de la cybersécurité, le Service canadien du renseignement de sécurité, le gouvernement, le , le et tout le monde semblent soutenir qu'il était suffisant d'avertir quelqu'un de la situation, mais ils ont la responsabilité morale et éthique d'informer directement les parlementaires, au-delà de ce que dit la loi, tant pour notre protection personnelle que pour la protection des personnes avec lesquelles nous traitons. Ce qu'ils disent essentiellement, c'est que nous devons nous débrouiller seuls, mais que si quelqu'un apprend plus tard ce qui s'est passé, on nous informera de la situation. Ensuite, ils diront: « Ah oui, tidlidi! C’est bien vrai, il y a eu une tentative de piratage. » Il ne suffit pas de dire que la tentative a échoué, car le véritable problème, c'est que nous avons été ciblés.
Je suis certain que nos infrastructures numériques, les infrastructures de cybersécurité de la Chambre des communes, sont solides et qu'elles sont suffisantes. Je me souviens d'avoir essayé d'accéder à Zoom tout de suite après le début des confinements liés à la pandémie, et notre caucus a été le premier à utiliser Zoom. Je me souviens que les responsables de la cybersécurité nous ont dit: « Non, vous devez envoyer vos signaux par l'intermédiaire d'un serveur de la Chambre des communes situé au Canada. »
Nous avons attendu patiemment les trois jours demandés pour pouvoir tenir une réunion du caucus conservateur dès le début des confinements aux quatre coins du pays. Je leur fais donc confiance à l'égard de cette infrastructure de sécurité, mais, ce qui me pose problème, c'est le fait qu'on nous a ciblés en 2021 et qu'on ne nous l'a pas dit. Il a fallu qu'un gouvernement étranger, celui des États‑Unis, me le dise. Parce que ce sont nos cousins, on a souvent l'impression qu'ils font partie de l'infrastructure de sécurité nord-américaine.
J'ai fait des études aux États-Unis. Je sais que peu de mes collègues consultent ma biographie. Pourquoi le feraient-ils? J'ai suivi un programme spécialisé en contre-terrorisme et sur le département de la Sécurité intérieure. Il ne s'agit que d'un domaine d'intérêt personnel, mais il n'est pas axé sur la cybersécurité numérique, pour être honnête. C'est pourquoi je n'étais pas au courant.
Encore une fois, ces personnes ne forment pas un groupe quelconque de pirates informatiques qui font cela pour le plaisir ou pour l'argent. Ce sont des agents du renseignement. C'est ce que dit le département d'État aux États-Unis.
C'est un gouvernement étranger qui m'a averti; c'est le FBI qui l'a dit à un groupe parlementaire dont je fais partie. J'ai dû signer des lettres, écouter ce que les analystes avaient à dire, obtenir des renseignements de leur part et leur transmettre des renseignements. C'est un gouvernement étranger qui m'a averti que j'étais pris pour cible, ouvertement pris pour cible.
Des gouvernements étrangers m'ont critiqué dans le passé. Il y a deux ans environ, j'ai été critiqué à l'Assemblée nationale du Pakistan pour avoir soulevé des questions très simples à la Chambre au sujet d'un voyage de 50 000 $, payé à l'aide de deniers publics, d'un chef d'état-major de la Défense de l'armée du Pakistan.
J'ai été très impopulaire. Cependant, j'ai été très populaire dans ma circonscription, où il y a beaucoup de Mohajirs et de Sindhis, deux groupes terriblement persécutés. Je l'ai fait en leur nom, et ils ont le droit de savoir. Cependant, ils vont venir me demander si ce qu'ils me disent est protégé. Suis-je protégé? Puis-je leur garantir que ce qu'ils me transmettent, mes courriels, mes dossiers numériques sont protégés, que la sécurité personnelle est assurée dans mes bureaux? Je m'inquiète parce que je m'inquiète pour eux.
Un excellent proverbe yiddish me vient à l'esprit. Je ne rate jamais l'occasion de citer un proverbe yiddish et je sais que les députés en sont friands. Si les paroles du et du au sujet du Centre de la sécurité des télécommunications et du Service canadien du renseignement de sécurité étaient un bâton, on ne pourrait même pas s'y appuyer. C'est un excellent proverbe yiddish. Il s'applique parfaitement à la situation présente.
Ce qui a été prétendu dans les journaux, c'est que, comme l'attaque n'a pas fonctionné, il n'était pas nécessaire de nous en informer. Je pense que rien n'est plus éloigné de la vérité. Comme nous avons été ciblés, nous méritions non seulement d'être avisés, mais les responsables avaient l'obligation morale et éthique de nous en informer.
Ceux qui étaient au courant auraient dû nous le dire, parce que, pendant trois ans, nous aurions pu adapter nos comportements. Nous aurions pu changer certaines choses. Nous aurions pu dire aux leaders des diasporas, aux groupes avec lesquels nous travaillions à des pétitions, à des lettres ou à des campagnes pour sauver des prisonniers politiques à l'étranger qu'il fallait peut-être changer nos façons de faire.
Certains d'entre nous se rendent dans des régions du monde qui sont dangereuses, comme l'Ukraine. Il y a quelques années, certains parmi nous sont allés en Irak, une région qui n'est pas exactement réputée être d'une grande sécurité pour les voyageurs. Sur le terrain, j'ai trouvé que c'était très sécuritaire. Si j'avais été dans cette région, j'aurais aimé savoir si j'étais la cible, disons, d'un groupe de pirates informatiques d'Iran au service du régime islamique.
Même si j'ai été ciblé et qu'on n'a pas réussi à pirater mes courriels, mes fichiers numériques personnels ou mes comptes sur les réseaux sociaux, je dois maintenant travailler en supposant que je pourrais être la cible de l'une de ces tentatives d'espionnage ou de piratage.
Beaucoup d'entre nous travaillent avec ce genre de personnes. Grâce, non pas au gouvernement, mais plutôt au FBI, à l'Alliance interparlementaire sur la Chine et au département d'État des États‑Unis, nous savons que le responsable est le groupe APT31. Il convient maintenant de nous demander si, en raison du travail que nous effectuons, nous sommes ciblés individuellement par un autre régime étranger.
Le député de a parlé du travail qu'il accomplit au nom de la communauté ukrainienne du Canada. Il s'est prononcé à maintes reprises contre le Kremlin. Si un groupe de pirates informatiques russes — ils sont d'ailleurs nombreux et le Kremlin est réputé pour exploiter des groupes parrainés par l'État et pour payer des pirates contractuels — l'avait pris pour cible, personne ne le lui dirait à moins que l'attaque ait été fructueuse. Si c'était le cas, il en serait probablement informé. On voit bien où cela nous mène. Cela n'a aucun sens. La position du gouvernement n'a aucun sens.
Dans sa décision, le Président a déclaré que cette affaire constituait de prime abord une atteinte à nos privilèges. Je savais dès le départ que ce serait le cas. Je suis très heureux qu'il ait rendu cette décision. Je suis heureux que le député de ait attiré l'attention du Président sur cette affaire et qu'il ait présenté de manière très convaincante les raisons pour lesquelles nous devrions être protégés.
Je tiens à souligner que cela s'est également produit en Belgique. Le groupe Advanced Persistent Threat 31 n'en est pas à sa première tentative. Il est bien connu. Le groupe Advanced Persistent Threat 40 est un autre groupe qui a lancé maintes attaques contre d'autres personnes. Ce ne sont pas uniquement des membres de l'Alliance interparlementaire sur la Chine qui ont été ciblés.
J'aimerais attirer l'attention de la Chambre sur un groupe en particulier qui a été ciblé en Belgique. Plusieurs politiciens de ce pays, y compris l'ancien premier ministre, ont été pris pour cibles. Une ministre des Affaires étrangères et plusieurs parlementaires ont également été ciblés par APT31, à peu près au même moment que nous.
Dans ce pays en particulier, les personnes ciblées n'ont pas été informées, elles non plus. En Belgique, ils ont tous dû dénoncer publiquement cette situation et couvrir leur gouvernement de honte. À ma connaissance, dans le cas de cette attaque en particulier, je crois que c'est seulement en Finlande et dans un État balte qu'on a informé les législateurs qu'ils avaient été victimes d'une telle attaque. Cela dit, ils y sont aussi beaucoup plus habitués. Ils sont tout près du Kremlin et de la Fédération de Russie, et c'est pour cela que dans ces pays, on se fait un devoir de se mêler des affaires de tout le monde. On s'informe sur les courriels qui sont échangés, sur les gens qu'on rencontre et sur les appareils qu'on utilise.
Voilà pourquoi je suis préoccupé par la façon dont le gouvernement traite ce dossier lorsqu'il affirme en avoir fait suffisamment parce qu'il a mis en place un nouveau processus. Comme je l'ai dit, l'attaque a ciblé cinq politiciens, soit un ancien premier ministre, la présidente de la Commission des affaires étrangères, le vice-président de la Commission des affaires étrangères, un membre du Groupe d'amitié Belgique-Taïwan, ainsi qu'une membre de la Commission des affaires étrangères de l'Union européenne.
J'ai sous la main la déclaration en français, que je vais citer:
[Français]
Déclaration des élus belges ciblés par APT31
Il est désormais confirmé que nous avons tous les cinq été la cible d’une cyberattaque commanditée par l’État chinois au début de l’année 2021.
Il ne s’agissait pas d’une attaque contre un parti politique ou un pays en particulier. Il s’agissait d’une attaque contre tout élu qui ose défier le régime de Pékin. Nous tenons donc à condamner d’une seule voix ces actions qui touchent au cœur des valeurs démocratiques qui nous unissent au-delà de nos couleurs partisanes.
Au cours de la dernière décennie, la Chine s’est montrée de plus en plus disposée à s’ingérer dans les systèmes politiques d’autres pays, y compris le nôtre. Trop souvent, ses actes malveillants sont restés sans réponse.
Nous ne pouvons pas permettre qu’une telle campagne de cyberattaques contre des représentants élus par le peuple belge reste sans réponse solide et proportionnée.
Nous demandons donc au gouvernement ce qui suit:
Ils énoncent ensuite cinq points. La publication se termine par ces deux phrases:
Les services de renseignements chinois pensaient nous intimider, mais ils ne nous feront jamais taire: nous resterons actifs dans la défense des valeurs démocratiques et des droits humains en Belgique et dans le monde.
[Traduction]
Ce n'est pas tout. Il y a eu un cas en Nouvelle‑Zélande où APT40 a également piraté les appareils de législateurs et du Parlement. Une attaque de cybersécurité a été commise en Australie, encore une fois par un autre groupe parrainé par Pékin. Ce n'est pas comme si cette situation était unique. Voilà un autre problème que pose l'approche adoptée par le gouvernement, qui consiste à se comporter comme s'il s'agissait d'un tout nouveau problème et comme si ce genre de situation ne s'était jamais produite auparavant. C'est ce que le gouvernement prétend. C'est la principale réponse préfabriquée que le Cabinet du imprime et distribue à tout le monde. Or, c'est tout simplement faux.
Depuis que Xi Jinping a pris le contrôle du Parti communiste à Pékin en 2021, le nombre d'attaques, tant sous forme de paroles que de gestes concrets, perpétrées par divers groupes de pirates informatiques et diverses organisations militaires a augmenté de façon constante. Comme je l'ai dit, les agents du renseignement de Pékin ciblent maintenant 18 parlementaires canadiens. Pendant trois ans, on ne nous a absolument rien dit. Je n'ai été mis au courant de la situation qu'il y a quelques semaines. Dès que je l'ai su, un mardi, j'ai immédiatement communiqué avec les responsables de la cybersécurité de la Chambre des communes. Je veux aller au fond des choses.
Tous les députés qui ont été ciblés devraient avoir l'occasion de prendre la parole à la Chambre pour expliquer exactement en quoi cela influe sur leur travail, afin que ce soit consigné officiellement dans le hansard, pour la postérité. De cette façon, la prochaine fois qu'une telle chose se produira, les libéraux ne pourront pas prétendre qu'ils n'ont rien vu, qu'ils n'ont rien entendu ou que cela n'a pas fonctionné et qu'il n'y a donc pas de quoi être préoccupé. Nous avons été ciblés par un gouvernement étranger en raison de notre travail parlementaire. Ce devrait être suffisant. C'était immoral de ne pas nous le dire. C'était contraire à l'éthique de ne pas nous le dire.
:
Monsieur le Président, je prends la parole pour participer au débat sur la décision que vous avez rendue ce soir, lorsque vous avez conclu qu'il y a eu, à première vue, atteinte aux privilèges de 18 députés de la Chambre qui ont été ciblés par le régime communiste de Pékin, à cause de leur affiliation avec l'Alliance interparlementaire sur la Chine. Cette attaque a été commise dans le cadre d'une opération de piratage informatique, une attaque de reconnaissance progressive.
Elle a eu lieu au début de 2021 et, pendant trois ans, les députés ciblés ont été tenus dans l'ignorance, ce qui est tout à fait inacceptable. Je me réjouis donc de votre décision, monsieur le Président, car elle est conforme à ce qui avait été décidé il y a un an.
Nous avons eu un débat très semblable à la Chambre, il y a un an, à la suite de la décision de votre prédécesseur, monsieur le Président, qui jugeait qu'il y avait, de prime abord, atteinte au privilège du député de . La question a été renvoyée au comité de la procédure et des affaires de la Chambre, qui a récemment déposé un rapport à la Chambre, dans lequel il conclut que les privilèges du député de ont effectivement été violés, et ce, pour la même raison que ceux des 18 députés qui étaient visés par votre décision semblent avoir été violés, à savoir que le député de a été tenu dans l'ignorance du fait qu'il était ciblé par Pékin et que sa famille à Hong Kong était ciblée par le régime de Pékin.
Cette cyberattaque s'est bel et bien produite en 2021. Le FBI l'a signalée au Centre de la sécurité des télécommunications, donc au gouvernement du Canada, en 2022. Toutefois, comme dans le cas du député de , la plupart des 18 députés ciblés par Pékin l'ont appris non pas dans le cadre d'une séance d'information, mais par la voie d'un article publié dans le Globe and Mail. Cela soulève de graves questions. Il faudrait savoir pourquoi cette information a été dévoilée par le Globe and Mail à partir de renseignements provenant non pas du gouvernement du Canada, mais plutôt du gouvernement des États‑Unis.
En effet, c'est la divulgation, cette année, d'une mise en accusation par le département de la Justice des États‑Unis qui a permis au secrétariat de l'Alliance interparlementaire sur la Chine de savoir que les membres de l'alliance avaient été ciblés. Ces membres comprennent non seulement des députés canadiens, mais également des parlementaires de partout dans le monde. L'Alliance a alors posé des questions au département de la Justice des États‑Unis ainsi qu'au FBI à savoir pourquoi ses membres n'avaient pas été informés.
Dans les faits, le FBI a dit ne pas avoir le pouvoir de communiquer directement avec ces personnes ni de les informer directement. Toutefois, il a communiqué l'information dans les plus brefs délais au gouvernement du Canada, et plus précisément au Centre de la sécurité des télécommunications. De là, l'information est tombée dans un trou noir, comme lorsque le député de avait été ciblé.
Ce qui est également inquiétant, c'est que le gouvernement prétend une fois de plus que ce n'est pas sa faute, mais la faute de quelqu'un d'autre.
Quand le Globe and Mail nous a appris que le député de avait été pris pour cible par le régime de Pékin, le a d'abord prétendu avoir été mis au courant par le Globe and Mail. Ensuite, il a dit que c'était la faute du Service canadien du renseignement de sécurité, le SCRS. À l'époque, il a dit à la presse: « Le SCRS a déterminé que ce n'était pas quelque chose qui devait être communiqué à un niveau supérieur parce que ce n'était pas une préoccupation suffisamment importante. »
Ensuite, il est apparu que ce que le avait dit n'était pas vrai, que le renseignement avait bien été transmis au ministère du premier ministre, le Bureau du Conseil privé, au conseiller à la sécurité nationale et au renseignement du premier ministre, et qu'il n'y avait pas été donné suite, que le renseignement n'avait pas été communiqué au député de . Rien n'a été fait.
Encore une fois, le s'est empressé de faire porter le blâme à quelqu'un d'autre, c'est-à-dire au Service canadien du renseignement de sécurité. La même remarque vaut pour le . Dans le cadre de l'étude que nous avons entreprise sur la question de privilège, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a appris que le Service canadien du renseignement de sécurité avait en fait envoyé une note de gestion des enjeux au ministre de la Sécurité publique, au sous-ministre de la Sécurité publique et au chef de cabinet du ministre de la Sécurité publique pour les alerter du fait que le député de et sa famille étaient pris pour cible par Pékin.
Quand le est venu témoigner devant le comité, comme le , il a dit que ce n'était pas de sa faute, que c'était la faute du Service canadien du renseignement de sécurité, le SCRS, et que le choix de ne pas l'informer relevait d'une décision opérationnelle prise par le Service. Il l'a répété à plusieurs reprises et ses affirmations étaient sans équivoque. Il ne s'agissait pas d'une erreur de sa part. Ses paroles avaient été soigneusement choisies et elles n'étaient manifestement pas vraies. Comment le SCRS aurait-il pu prendre la décision de ne pas informer le ministre de la Sécurité publique, alors qu'il a envoyé une note de gestion des enjeux adressée à lui, à son sous-ministre et à son chef de cabinet? C'est tout à fait absurde.
Quand le directeur du SCRS est venu témoigner devant le comité de la procédure et des affaires de la Chambre, je lui ai demandé quelle était l'importance d'une note de gestion des enjeux. Il m'a répondu que c'était d'une très haute importance. Il ne s'agissait pas d'une simple note de service, c'était une note envoyée à l'attention du . Non seulement le ministre n'a rien fait après avoir reçu des informations des services de renseignements concernant le député de , non seulement il est responsable, comme le et le gouvernement, de n'avoir rien dit au député, ce qui constitue une violation du privilège de ce dernier, mais en plus, le ministre ne semble pas avoir été tout à fait franc quant aux faits, dans une tentative désespérée et pathétique de faire porter le blâme à quelqu'un d'autre.
Les libéraux et le ne sont pas responsables, et c'est vrai. Ils ne forment pas un gouvernement responsable. Cependant, lorsqu'il s'agit de prendre ses responsabilités, c'est toujours la faute de quelqu'un d'autre. C'est toujours la même histoire. Cette fois-ci, 18 députés ont été tenus dans l'ignorance pendant deux ans. Trois ans se sont écoulés depuis l'attaque, mais cela fait deux ans que le gouvernement en a été informé par le FBI. Quelle est l'excuse des libéraux? C'était une décision de l'Administration de la Chambre des communes. C'est en quelque sorte la faute de l'Administration de la Chambre des communes, et non celle du gouvernement.
À mon avis, c'est une excuse totalement inacceptable pour tenir les députés dans l'ignorance de quelque chose d'aussi grave qu'une attaque progressive contre eux. Il s'agit d'une attaque qui, certes, a commencé à un bas niveau, mais elle visait à recueillir des informations sur eux, des informations qui auraient pu entraver leur capacité à faire leur travail en tant que députés et qui auraient pu menacer leur sécurité et celle des personnes qu'ils rencontrent, y compris les membres des communautés de la diaspora qui sont ciblées par le régime communiste basé à Pékin.
Le fait que les libéraux refilent tout simplement le dossier à l'Administration de la Chambre des communes est une abdication totale de responsabilité. C'est au gouvernement que revient la responsabilité d'agir dans ce dossier, et il a complètement failli à la tâche à cet égard. Je dirais que c'est plus qu'un simple échec. Pour les libéraux, l'information que le FBI leur avait transmise était gênante.
Les libéraux ne voulaient pas transmettre l'information aux députés, car ceux-ci les auraient incités à faire quelque chose, à prendre des mesures en réponse au régime de Pékin, un régime qui, je le rappelle aux députés, est une dictature que le admirait, selon ses dires. Il admirait cette dictature. Le premier ministre a tendu la main à maintes reprises au régime de Pékin et a fermé les yeux sur son ingérence dans notre démocratie, car, selon lui, elle était bénéfique au Parti libéral.
Nous devons donc tirer au clair ce qui s'est passé et déterminer qui a appris quoi, où l'information est allée et pourquoi des députés ont été laissés dans l'ignorance. Pourquoi est-ce que c'est une information provenant du département de la Justice des États-Unis, par l'entremise d'un acte d'accusation non scellé, qui a mené l'Alliance interparlementaire sur la Chine à poser des questions qui ont fait en sorte que des députés soient informés, dans certains cas par l'alliance, et dans d'autres cas par un article dans le Globe and Mail?
Je vais examiner la situation de façon plus générale. En ce qui concerne l'ingérence étrangère, plus particulièrement l'ingérence du régime de Pékin, qui constitue la plus grande menace en matière d'ingérence au Canada, qui cible des diasporas, qui s'ingère dans notre démocratie et notre souveraineté et qui compromet la sécurité des Canadiens, le bilan du gouvernement actuel est catastrophique. On ne peut tout simplement pas lui faire confiance pour tenir tête au régime de Pékin.
Le gouvernement actuel a fermé les yeux sur l'ingérence de Pékin dans les élections de 2019 et de 2021, malgré le fait que le avait été informé à maintes reprises de la situation. Il a camouflé l'affaire quand Global News et le Globe and Mail en ont parlé à l'automne 2022 et au début de 2023. Il a tenté de minimiser la situation. Il ne peut plus la minimiser puisque le premier rapport de la juge Hogue a été publié la semaine dernière et qu'il constitue une condamnation accablante du premier ministre à bien des égards.
Depuis que le gouvernement est au pouvoir, il y a dans diverses collectivités au pays des postes de police qui ciblent les Canadiens d'origine chinoise. Au moins deux de ces postes demeurent ouverts. En fait, le gouvernement finançait certaines des organisations qui administrent ces postes de police.
Par ailleurs, il y a eu une terrible brèche à la sécurité nationale au laboratoire de Winnipeg, le laboratoire ayant le niveau de sécurité le plus élevé du pays, où des agents du régime de Pékin ont transféré du matériel de nature délicate à des institutions de la République populaire de Chine, y compris deux des agents pathogènes les plus mortels, les virus de l'Ebola et de l'Henipah, sur les directives de l'un de ces scientifiques. Cela s'est produit même après que le rapport d'établissement des faits de l'Agence de la santé publique du Canada eut indiqué que le scientifique avait enfreint de multiples politiques en matière de sécurité et de propriété intellectuelle de l'agence et que cet individu avait collaboré avec Pékin sans autorisation. Peu importe, sous le gouvernement libéral actuel, les virus de l'Ebola et de l'Henipah ont été envoyés à l'Institut de virologie de Wuhan.
Un scientifique militaire qui travaillait avec le plus éminent expert en terrorisme biologique et en défense biochimique de Pékin avait accès au laboratoire de Winnipeg. La liste ne s'arrête pas là.
C'est plutôt incroyable. C'est ce qui arrive après neuf années sous un qui n'est pas sérieux, qui ne prend pas l'ingérence étrangère au sérieux et qui ne prend pas ces menaces au sérieux. La cheffe de cabinet du premier ministre a déclaré au comité que le premier ministre lisait tout ce qu'on mettait sur son bureau et qu'il assistait fréquemment à des séances d'information. Puis, lorsque le premier ministre a comparu devant la commission chargée de l'enquête publique sur l’ingérence étrangère, on a appris qu'il ne lit pas vraiment quoi que ce soit. Nous avons un premier ministre qui, au mieux, dort au gaz ou qui, au pire, a parfois fermé les yeux sur l'ingérence de Pékin et était même prêt à l'accepter si elle sert les intérêts électoraux du Parti libéral.
En conclusion, les faits qui sous-tendent cette question de privilège fondée de prime abord, sur laquelle le Président a rendu une décision, n'auraient jamais dû se produire. Le gouvernement a beau jeter le blâme sur tout le monde, il n'en reste pas moins qu'une directive a finalement été émise en 2023 afin que l'on informe les députés. Elle aurait dû être émise plus tôt, mais elle l'a été à ce moment-là. Malgré cela, aucune mesure n'a été prise, et les députés ont été tenus dans l'ignorance. Pourquoi n'ont-ils pas été informés après la publication de cette directive, à tout le moins? C'est l'une des questions auxquelles il faut répondre.
Il faut répondre de cette violation très grave. Je crois non seulement qu'il y a eu de prime abord atteinte au privilège, mais aussi que les privilèges de ces 18 députés ont été violés.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole et d'ajouter ma voix à ce débat extrêmement important. Bien sûr, la Chambre est régulièrement saisie d'une foule de questions. Cependant, pour les gens qui nous regardent, le mot « privilège » a plusieurs définitions, surtout dans le monde dans lequel nous vivons. Ce mot signifie quelque chose de très précis dans le contexte parlementaire. Il s'agit de la capacité d'un député de bien faire son travail.
Monsieur le Président, dans la décision que vous avez rendue tout à l'heure, vous avez expliqué comment les actions d'un État étranger ont empêché 18 parlementaires de faire le travail pour lequel ils ont été élus ou, dans le cas des sénateurs, le travail pour lequel ils ont été nommés au Sénat. Selon moi, il est essentiel de le souligner, car ce n'est pas une question qui peut être prise à la légère: elle doit être traitée avec le plus grand sérieux. Je vais tenter d'exposer quelques-unes des raisons pour lesquelles il s'agit d'un aspect si important du débat que nous avons sur la décision rendue plus tôt ce soir.
Pour les parlementaires, il y a une foule de choses qui se produisent au-delà des débats dans cette enceinte. La décision du Président souligne que les cyberattaques étaient directement liées aux fonctions plus générales des députés, même si cela n'avait pas nécessairement de répercussions directes sur les débats. Pour beaucoup de gens, notre travail, c'est ce qu'ils voient à la télévision. Ce sont les extraits filmés dans cette enceinte. C'est la conférence de presse qui se déroule devant les portes, non loin de nous. Cependant, cette affaire concerne la nature même de notre infrastructure démocratique, et je pense que c'est absolument crucial.
Je m'utiliserai comme exemple. Je sais que beaucoup d'autres députés, en raison de leur soutien à notre allié l'Ukraine, ont été sanctionnés par le régime russe de Poutine. C'est à cause de notre position ferme en faveur de notre allié démocratique, et c'est une conséquence de ce que nous faisons dans cette enceinte. Bien que ce ne soit pas une opinion unanime, je suis fier d'être un fervent défenseur de l'État d'Israël et de son droit à l'existence. Je sais que, surtout depuis les attentats du 7 octobre 2023, il y a eu toute une série de développements autour de cette question. Je ne parle pas seulement du conflit lui-même, mais aussi des conversations à l'échelle internationale et de certaines des dynamiques géopolitiques qui y sont associées.
Nous avons entendu parler de l'enjeu dont nous débattons aujourd'hui, plus précisément de la façon dont l'organisation connue sous le nom d'APT31, associée à la dictature communiste de Pékin, a ciblé certains parlementaires. Cependant, ce débat fait partie de la conversation plus large sur l'influence géopolitique de la dictature communiste de Pékin. Nous sommes nombreux à la Chambre à avoir fait des déclarations fermes. Je sais que, tout au long de sa carrière parlementaire, mon collègue qui vient tout juste de parler a présenté un certain nombre de projets de loi qui visaient à soutenir Taïwan et à déterminer la façon dont on pourrait traiter Taïwan sur la scène internationale.
Il est important de mettre les choses en contexte, car il s'agit d'une partie de notre travail de députés. Pour être en mesure de bien faire ce travail, nous devons être libres. Au cours des dernières années, nous avons vu des régimes étrangers hostiles faire de graves tentatives et pas seulement dans le but d'intervenir dans le débat politique. Même en ce qui concerne les sanctions que la Russie nous a imposées, à moi et à beaucoup de mes collègues ici présents, elle est allée plus loin en tentant de recourir à des tactiques de peur et d'intimidation, dont certaines sont plus courantes dans les films d'espionnage, comme les activités d'espionnage et les logiciels espions sur les ordinateurs.
Je suis membre du comité de l'éthique et je sais que vous y avez siégé longtemps, monsieur le Président. Il y a eu de nombreuses discussions sur les outils de surveillance installés sur les appareils, parfois pendant la pandémie, et sur l'utilisation des renseignements de localisation sur les téléphones cellulaires.
En cette ère numérique, des tas de renseignements sont accessibles. Je ne veux pas me lancer dans une conversation sur l'intelligence artificielle, bien qu'il faudra tenir compte dans nos échanges de certains des développements dans ce domaine, mais nous avons un régime étranger hostile avec un programme politique très précis qui emploie des outils de façon malhonnête pour essayer d'influer sur ce que les parlementaires canadiens font dans le cadre de leurs fonctions à la Chambre. Je suis heureux que la présidence ait conclu qu'il y a eu, de prime abord, atteinte au privilège. D'après ce que j'ai entendu tout au long du débat de ce soir, j'ai bon espoir que, lorsque cette importante question sera mise aux voix, nous pourrons la renvoyer au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Je pense que le comité sera en mesure de proposer des solutions complémentaires.
Dans votre décision, vous avez souligné en quoi la situation actuelle diffère de l'un des cas précédents où le député de avait soulevé une question de privilège. Un autre député, soit l'ancien député de Durham, Erin O'Toole, le chef du Parti conservateur lors des élections de 2021, avait présenté une motion semblable. Cependant, en partie en raison du moment choisi et de certains événements survenus à ce moment-là, sa motion n'a pas été jugée recevable, mais je crois que la présidence a encouragé le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, qui a été saisi de la question, à l'inclure dans son étude.
Certes, il y a eu une foule de développements depuis ce temps, qui révèlent vraiment la mesure dans laquelle Pékin en particulier, mais aussi d'autres acteurs étatiques étrangers, ont tenté d'influencer ce que nous faisons ici et ont été perçus comme ayant la capacité le le faire. Plus précisément, avec le rapport de la juge Hogue, nous avons vu à quel point il pourrait y avoir eu des répercussions lors des dernières élections. Voilà qui devra nous servir de leçon.
J'ai éprouvé de l'exaspération à l'égard de la réponse initiale du gouvernement face à certaines des accusations concernant l'influence étrangère dans notre processus électoral. Cette exaspération venait en partie du fait que le gouvernement a simplement déclaré que ce n'était pas un problème et que, par conséquent, cela n'aurait pas changé le résultat de ces élections. Les médias tout comme les parlementaires ont abondamment débattu de la question, y compris dans cette enceinte, pour savoir de quoi il en retourne exactement. La juge Hogue a fait ce qui, à mon avis, est un travail important pour faire établir que les élections canadiennes ne se résument pas à une seule élection, comme dans le cas de l’élection présidentielle américaine, mais qu'il s'agit plutôt de 338 élections individuelles, dans le cas du Parlement actuel. Certaines preuves portent à croire que l'incidence peut avoir été considérable.
Pour l'ancien député de Steveston—Richmond-Est, cette ingérence a eu une incidence considérable. Le comité de l'éthique a entendu certaines des façons dont, même s'il est d'origine chinoise, son intégrité a été mise en doute par une chose absolument horrible qui a été dite à son sujet et sur ses origines chinoises. Cette allégation a été diffusée majoritairement dans une langue qui n'est pas l'une des langues officielles du Canada, ce qui a causé bien du dégât.
Nous avons su exactement comment le candidat qui s'est présenté pour le Parti libéral et qui a fini par défaire Kenny Chiu aux élections de 2021 n'a pas lutté contre la désinformation ni n'a pris ses distances de celle-ci. Il y a clairement eu une tentative pour bloquer ou mettre un terme aux propositions de M. Chiu, en particulier celle de registre des agents étrangers sous la forme d'un projet de loi d'initiative parlementaire, ce qui aurait vraiment fait faire un bond de géant à toute cette conversation. Cela aurait très bien pu avoir pour effet de modifier le résultat d'une élection.
Cela a pour effet de miner la confiance des Canadiens envers leurs institutions. Certains des problèmes liés à cet enjeu nous ont donné de nombreuses occasions de débattre à la Chambre. Différents comités font aussi du bon travail à cet égard, notamment le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
À mon avis, il y a là une dynamique importante qu'il ne faut pas perdre de vue. Certes, cet enjeu a une incidence sur les privilèges dont nous jouissons dans cette enceinte, comme le Président l’a souligné dans sa décision, mais, au-delà de cela, il a une incidence particulière et cruciale sur les communautés de la diaspora qui pourraient être touchées.
Prenons les trois exemples que j'ai énumérés tout à l'heure, avec lesquels j'ai un lien personnel. En tant que parlementaire, je peux soutenir l’Ukraine, soutenir l’État d’Israël ou adopter une position ferme en faveur de Taïwan. J'affiche volontiers ces positions et je les présente volontiers à la population canadienne. Il est décidément justifié de veiller à ce que je puisse le faire librement et équitablement à la Chambre.
Toutefois, j'encourage le Président et tous ceux qui participent au présent débat à réfléchir à l'incidence que cela a sur les Canadiens ordinaires, ceux qui ne sont pas protégés par les mêmes droits et privilèges que nous avons ici, ceux d'origine chinoise, ceux d'origine ukrainienne, et ceux qui ont des liens avec Israël et qui pourraient être juifs. Nous devons aborder la question très sérieusement et voir à ce que tous les Canadiens, qu'ils siègent dans cette enceinte, ce que je suis fier de faire, ou qu'il s'agisse de Néo-Canadiens qui méritent d'être protégés et que leur gouvernement prenne cette question au sérieux, parce qu'il existe un risque et une menace réelle et importante qu'ils subissent l'influence, la manipulation ou la contrainte exercée par un acteur étranger hostile.
Mon collègue qui s'est exprimé tout à l'heure en a parlé, et nous l'avons entendu à plusieurs reprises ce soir. Il y a eu une foule d'exemples de ce genre, notamment les postes de police, dont certains sont peut-être encore en activité. Au début, lorsque j'ai commencé à recevoir de la correspondance fondée sur les premiers reportages dans les médias, j'ai pensé que ce ne pouvait pas être vrai. J'ai pensé que cela ne pouvait pas se produire dans notre pays. Or, nous avons appris non seulement que cela se produisait, mais aussi qu'on y avait répondu peu sérieusement.
En ce qui concerne l'ingérence étrangère dans les élections, encore une fois, on s'attend à ce que nos démocraties soient protégées. C'est un aspect essentiel de l'identité canadienne. Nous sommes fiers de cet héritage démocratique — et j'en parle souvent — qui remonte aux origines du système de Westminster. Au cours des deux dernières élections, des États étrangers hostiles ont déployé des efforts concertés pour exercer une influence sur les résultats. Encore une fois, le gouvernement n'a pas pris cela au sérieux.
Il y a un risque que les renseignements personnels des Canadiens soient menacés, ce qui peut avoir des répercussions sur tous les secteurs de notre société, sur notre économie et sur la capacité des Canadiens de vaquer à leurs occupations quotidiennes. D'ailleurs, j'encourage les députés à prendre connaissance des nouvelles très récentes concernant le premier ministre Eby de la Colombie‑Britannique. Plus tôt ce soir, il a révélé que le gouvernement de la Colombie‑Britannique a été la cible d'une cyberattaque complexe. Nous n'avons pas beaucoup de détails pour le moment, mais je suis sûr que nous en saurons davantage au cours des prochains jours. Le fait est que l'une des 10 provinces canadiennes a été la cible d'une cyberattaque que le premier ministre de la Colombie‑Britannique a qualifiée de « complexe ». Il semble que les données des Britanno‑Colombiens aient été protégées, du moins, je l'espère.
Nous constatons qu'il s'agit là de menaces bien réelles et immédiates qui pèsent sur la vie quotidienne des Canadiens. À la lumière du débat sur la question de privilège, qui est très important parce qu'il est essentiel au fonctionnement de notre démocratie, je voudrais nous encourager à prendre au sérieux les conséquences de ce problème sur les Canadiens ordinaires qui ne bénéficient pas des droits et des protections dont jouissent les députés, et qui n'ont pas les moyens d'interpeller un Président et de voir la question étudiée, faire l'objet d'un rapport et être débattue à nouveau. Ce sont les Canadiens ordinaires qui peuvent aujourd'hui se poser des questions s'ils ont envoyé des courriels dénonçant le gouvernement d'un pays où un membre de leur famille habite encore, et se demander ce qui pourrait leur arriver ou s'ils sont sous surveillance. Il y a tant de questions sans réponse.
Ce qui me frustre depuis mon élection au Parlement, c'est que le gouvernement actuel ne semble pas prendre cela au sérieux. Avec les quelques minutes qu'il me reste, je dirais que la réaction du gouvernement, qui a tendance à ne répondre aux problèmes graves que lorsqu'ils deviennent publics, ne suffit tout simplement pas.
C'est toujours la même chose. Prenons l'exemple de mon ancien collègue conservateur Kenny Chiu. Il a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire sur un registre des agents étrangers. Les autres partis l'ont vivement critiqué. Ils ont dit que ce n'était pas nécessaire. Cela a été un facteur important dans sa défaite électorale et peut‑être même déterminant. Or, maintenant que la question a tant retenu l'attention, le gouvernement a présenté un projet de loi qui, sur le plan fonctionnel, ressemble beaucoup à celui qu'avait proposé M. Chiu il y a plus de deux ans.
À mon avis, cela montre clairement que le fait que le gouvernement ne prend pas au sérieux les exigences de son rôle conduit les Canadiens à perdre non seulement confiance dans leurs institutions, mais aussi dans la capacité du gouvernement à les protéger.
Comme il a été souligné dans certaines discussions sur la façon dont nous avons pris connaissance de cette affaire, il est évident que l'infrastructure américaine du renseignement est probablement la plus sophistiquée et la mieux financée de l'histoire de la planète. Cela ne change toutefois rien au fait que le Canada, que ce soit en tant que partenaire au sein du Groupe des cinq, membre de l'OTAN ou pays du G7, doit non seulement veiller à protéger les Canadiens, mais aussi faire tout ce qu'il peut, avec les outils à sa disposition, pour que les députés et les sénateurs — dans le cas de l'atteinte au privilège constatée de prime abord — et tous les Canadiens puissent avoir l'assurance qu'ils sont protégés par leur gouvernement.
Je dirais qu'une réaction très sérieuse s'impose. Ce que les conservateurs préconisent depuis le début, et cela remonte à bien avant mon élection, c'est que nous prenions ces menaces et ces préoccupations très au sérieux et que nous les traitions avec la rigueur qu'elles méritent pour que les parlementaires puissent faire leur travail librement.
Ma collègue de a parlé des nombreuses questions qu'elle s'est posées dès qu'elle a appris à quel moment cette attaque a eu lieu. Elle s'est demandé entre autres de quels sujets elle parlait en janvier 2021.
La découverte de cette attaque près de deux ans plus tard s'inscrit dans une tendance très préoccupante et mine certainement la confiance à l'égard du gouvernement actuel, du et des mesures de sécurité. On a mentionné tout à l'heure les témoignages contradictoires du premier ministre lui-même, qui dit ne pas lire les rapports et n'être informé que par la voie de réunions d'information de haut niveau, et de sa cheffe de cabinet, qui dit qu'il lit tout ce qu'on lui communique.
Ce n'est peut-être pas le genre de dossiers qui retient l'attention des Canadiens au quotidien, mais il y a une tendance qui se dessine, et l'absence de réponse est des plus préoccupantes.
En terminant, j'invite tous les députés à appuyer la motion pour renvoyer cette affaire au comité de la procédure et des affaires de la Chambre afin qu'elle reçoive toute l'attention qu'elle mérite, non seulement parce que c'est dans l'intérêt des députés, des sénateurs et des parlementaires, mais également parce que cela montrera aux Canadiens que, contrairement au gouvernement libéral jusqu'à présent, la première institution démocratique du Canada prend au sérieux leur sécurité et la nôtre.