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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole ce soir au sujet du projet de loi . Il s'agit d'une mesure législative que le gouvernement pensait assez simple. Quand on examine sérieusement l'essence du projet de loi, on constate qu'il permettrait de renforcer la confiance du public dans notre système bureaucratique.
Depuis de nombreuses années, il existe une commission indépendante pour la Gendarmerie royale du Canada. En cas de plaintes ou de problèmes concernant la GRC, le public savait qu'il pouvait déposer un grief sous une forme ou une autre en s'adressant à la commission. Je pensais que la commission était assez bien établie et que les gens avaient une bonne idée de la valeur réelle d'un organisme de cette nature. La commission a fait du bon travail. Si nous examinons les divers organismes au Canada, en particulier les organismes d'application de la loi, nous entendons souvent parler de l'importance d'avoir un genre de contrôle en place pour garantir une meilleure reddition de comptes.
Par exemple, au Manitoba actuellement, on note un sentiment d'indépendance dans les bureaux, où ce n'est pas forcément la police qui contrôle la police ou qui la tient pour responsable en cas de plainte, mais plutôt une instance indépendante. Il est important que cette instance soit indépendante simplement pour que la personne qui dépose la plainte ou le grief fasse beaucoup plus confiance au processus. Il importe vraiment de le reconnaître. Que ce soit dans les provinces ou en ce qui concerne la GRC, tous les acteurs de la société considèrent qu'il s'agit là d'un élément absolument essentiel.
Quand on prend le cas de l'Agence des services frontaliers du Canada dont les agents accomplissent de l'excellent travail jour après jour, on constate qu'il n'y a pas d'organisme indépendant comparable à celui de la Gendarmerie royale du Canada. Cette mesure est logique. Le gouvernement avait le choix. Il pouvait y avoir un organisme indépendant autonome pour la GRC et un autre, également autonome, pour l'Agence des services frontaliers du Canada. Cependant, il a décidé que la meilleure chose à faire était de réunir ces deux organismes.
J'aurais dû commencer mon intervention en soulignant que, même si nous présentons cette mesure législative, nous ne remettons pas en cause l'excellent travail des agents frontaliers ou des agents de la GRC. Dans la grande majorité des cas, leur travail est remarquable. Des pays du monde entier regardent souvent ce qui se passe au Canada, en se basant sur ces deux entités. Contrairement à ce qui se passe dans bon nombre de pays, ces entités sont tenues en haute estime, en particulier la GRC. J'ai voyagé dans des pays où les services de police nationaux sont loin d'être aussi respectés qu'au Canada et où la confiance à leur endroit est bien inférieure, notamment à cause de la corruption, qu'elle soit réelle ou présumée.
Je m'entretiens parfois avec des personnes venant de l'étranger, et elles me disent que la GRC est ce qui distingue le Canada de certains autres pays. Les agents de la GRC, surtout vêtus de leur uniforme rouge, sont hautement respectés. Historiquement, cet organisme n'a peut-être pas toujours été un modèle d'excellence. Oui, de nombreuses erreurs ont été commises, mais nous sommes parvenus à nous relever à la suite de ces erreurs. D'ailleurs, nous tentons encore aujourd'hui de réparer certaines d'entre elles.
Un bon exemple est le bilan de la GRC à l'égard des Autochtones du Canada. Des efforts considérables sont déployés dans le cadre du processus de vérité et réconciliation. On prend toutes sortes de mesures pour régler les problèmes. Cette démarche publique aide à bâtir la confiance envers la GRC, comme le fait la commission. Je crois que nous devrions tous nous efforcer de renforcer la confiance du public. Aujourd'hui, nous étudions un projet de loi qui reconnaît l'importance de mettre en place de tels organismes indépendants. Ce projet de loi créerait un organisme chargé de surveiller à la fois la GRC et l'Agence des services frontaliers du Canada.
J'aurais pensé qu'absolument tous les députés seraient favorables à ce genre de mesure. Je suis surpris de voir tout ce que les députés de l'opposition ont fait pour empêcher l'adoption du projet de loi. Je n'étais pas présent aux réunions du comité, alors je ne peux pas parler du comportement de l'opposition officielle au comité, mais j'étais à la Chambre pour l'étape de la deuxième lecture et l'étape du rapport. Le manque de bonne volonté observé face au projet de loi était un peu décevant. Quand nous avons atteint l'étape du rapport, les conservateurs ont proposé un amendement. C'était ce que je qualifierais d'amendement ridicule; c'était un amendement pour supprimer le titre abrégé. Si on regarde le libellé du projet de loi, on peut voir que l'amendement en question proposait que cette mesure législative soit citée sous le titre « Loi sur la Commission d'examen et de traitement des plaintes du public », ce qui est le titre abrégé.
Quand on s'y arrête, on se demande quel est l'avantage de proposer cet amendement. En réalité, le seul but de cet amendement était de retarder l'adoption du projet de loi. Voilà pourquoi les députés conservateurs ont proposé cet amendement, et pourquoi nous sommes témoins de certains de leurs comportements, en particulier à l'étape de la deuxième lecture, qu'il s'agisse du projet de loi ou d'autres mesures législatives. Voilà pourquoi nous sommes saisis d'un grand nombre de motions d'adoption de rapports. À maintes reprises — et le projet de loi C‑20 en est un excellent exemple —, les conservateurs se sont montrés déterminés à empêcher l'adoption de mesures législatives.
Une grande partie des mesures de ce projet de loi sont solides et concrètes, et elles amélioreraient la vie des Canadiens. Quand je regarde ce projet de loi, je vois ses nombreux avantages. Je m'attendais vraiment à ce qu'il soit adopté assez rapidement. Je sais que les conservateurs vont suivre mes observations ce soir, alors il sera intéressant de voir quelles seront leurs objections au projet de loi. Ne pensent-ils pas que les principes du projet de loi auraient pu justifier une adoption plus rapide?
Ce principe s'applique à un certain nombre de mesures législatives, mais je pense que cela a beaucoup plus à voir avec la politique à la Chambre qu'avec le fond du projet de loi. C'est une décision qui a été prise par les dirigeants du Parti conservateur.
Je suis heureux que nous en soyons là aujourd'hui, car il semble y avoir de très bonnes chances que le projet de loi soit adopté à l'étape de la troisième lecture, et ce, pour une très bonne raison. En ce qui concerne le contrôle de nos frontières, il suffit de regarder le nombre de personnes qui voyagent entre le Canada et les États‑Unis, ou même entre le Canada et n'importe quel autre pays. Je fais beaucoup d'efforts pour aider des gens à venir au Canada.
Chaque mois, pour la région que je représente, je rédige littéralement des centaines de lettres. Certains mois, il y en a probablement 400 ou 500, et d'autres mois, il y en a probablement près de 800. J'envoie ces lettres pour tenter de permettre à des personnes de venir au Canada, que ce soit pour assister à un mariage, à des funérailles, à une remise de diplômes ou simplement pour rendre visite à des membres de leur famille qui ont immigré de pays comme les Philippines, l'Inde, le Pakistan et bien d'autres.
Chaque fois qu'une personne arrive au Canada, elle doit rencontrer les agents des services frontaliers. Or, des millions de personnes viennent au Canada. Chaque année, l'Agence des services frontaliers du Canada et ses agents s'occupent de millions de personnes qui entrent au Canada. L'Agence a donc beaucoup de pouvoir.
J'ai eu l'occasion de visiter des centres de détention aux douanes, où les personnes qui n'ont pas la documentation requise sont gardées, par exemple. Les agents canadiens ont le pouvoir de détenir une personne ou de l'empêcher de quitter l'aéroport. C'est une responsabilité on ne peut plus sérieuse.
Cette responsabilité doit s'accompagner d'une reddition de comptes et de transparence. Nous ne disons pas pour autant que quelque chose ne tourne pas rond dans le système, parce que ce n'est pas le cas. Somme toute, le système fonctionne exceptionnellement bien. Des dizaines de millions de personnes vont et viennent chaque année.
Si l'on examine le nombre réel de plaintes reçues, il ne correspond qu'à une petite fraction du nombre total de personnes qui vont et viennent. Cependant, cette petite fraction justifie que nous mettions un mécanisme en place pour que les gens qui ont des préoccupations, peut-être en raison de la façon dont ils ont été traités à la frontière ou dans un aéroport, peu importe, aient la possibilité de s'exprimer.
Si je traversais la frontière canado-américaine, un agent pourrait décider que des articles que j'ai emportés seront conservés ou qu'un règlement leur est applicable, et je pourrais juger que ce n'est pas justifié. Il pourrait aussi s'agir de quelque chose qui offense gravement une personne, qu'il s'agisse d'un incident de discrimination raciale ou d'un large éventail d'autres comportements.
En fin de compte, je dirais qu'il est absolument essentiel de créer une entité à laquelle les gens peuvent s'adresser pour porter plainte. Pour les personnes qui se sentent intimidées, comme je l'ai dit, cela ne reflète pas le service offert par la grande majorité des employés. Comme je l'ai dit et comme j'ai essayé de l'expliquer, le projet de loi offre la possibilité aux organisations visées de mieux fonctionner parce qu'il y aura une commission véritablement indépendante qui s'occupera des plaintes. Le projet de loi permet à la commission d'enquêter sur les plaintes et d'examiner, par exemple, les niveaux de service, ou même de mener une enquête sur les employés de l'Agence des services frontaliers du Canada lorsque la situation le justifie. La commission a le pouvoir d'examiner les activités de l'Agence. Cela exclut les questions liées à la sécurité nationale et à d'autres domaines de nature délicate, mais elle dispose de pouvoirs importants pour examiner les activités, formuler des recommandations et prendre des mesures.
En fin de compte, ce que nous savons, c'est que ce système a été très efficace pour la GRC. Je pense qu'il sera tout aussi efficace pour les agents des services frontaliers du Canada. Les Canadiens doivent avoir confiance dans les agents d'application de la loi, et la mise en place d'un contrôle civil efficace est essentielle à la confiance du public.
Maintenant, je me permets d'ajouter quelque chose. Le projet de loi établirait la Commission d'examen et de traitement des plaintes du public, qui fonctionnerait comme un organisme d'examen indépendant pour la GRC et l'Agence des services frontaliers du Canada. Grâce à cet organisme d'examen, nous veillerons à ce que tous les Canadiens puissent compter sur un traitement uniforme, juste et équitable des plaintes. Nous y parviendrons en renforçant l'indépendance et le pouvoir discrétionnaire de l'organisme d'examen, et en exigeant des rapports annuels de la GRC et de l'Agence des services frontaliers du Canada sur la mise en œuvre des recommandations de la commission, et ces rapports annuels sont un aspect très important. Souvent, si nous sommes en mesure de prendre de bonnes décisions stratégiques, c'est grâce aux rapports que nous recevons, qui nous présentent des données démographiques et ethniques ventilées, afin de nous aider à évaluer et à combattre le racisme systémique au sein des forces de l'ordre. Tout cela fait partie de notre engagement à faire du Canada un endroit plus sûr pour tous.
Un certain nombre d'éléments ont été soulevés par rapport à la mesure législative. J'insisterai sur l'un d'entre eux: le gouvernement propose d'investir bien au-delà de 100 millions de dollars au cours des six prochaines années, puis environ 20 millions de dollars par année par la suite, pour soutenir les mesures prévues dans le projet de loi.
Comme je l'ai déjà dit, le projet de loi aurait pu facilement être adopté bien plus tôt. Je suis heureux que nous en soyons enfin à un point où il semble qu'il sera adopté. J'ai hâte d'entendre les observations de mes collègues, en particulier ceux du Parti conservateur, étant donné que les amendements et les autres questions ont été étudiés. Il suffit maintenant de passer à la mise aux voix pour permettre au projet de loi de devenir une loi et de contribuer au renforcement de la confiance de la population envers deux institutions remarquables.
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Monsieur le Président, je suis absolument ravie de pouvoir prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi établissant la Commission d'examen et de traitement des plaintes du public et modifiant certaines lois et textes réglementaires. Cette mesure législative renommerait la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la Gendarmerie royale du Canada et elle l'appellerait la Commission d'examen et de traitement des plaintes du public.
Sous son nouveau nom, la commission serait chargée d'examiner les plaintes du public contre l'Agence des services frontaliers du Canada; d'établir des délais codifiés pour que la GRC et de l'Agence des services frontaliers du Canada donnent suite aux rapports provisoires de la commission; d'effectuer des examens et de formuler des recommandations; de partager de l'information entre la GRC, l'Agence des services frontaliers du Canada et la commission; d'exiger de la GRC et de l'Agence des services frontaliers du Canada qu'elles produisent un rapport annuel sur les mesures prises pour donner suite aux recommandations de la commission; de communiquer obligatoirement toute donnée ventilée de la commission fondée sur la race; de sensibiliser le public; et d'établir un cadre législatif pour régir les interventions de l'Agence des services frontaliers du Canada en cas d'incidents graves.
À première vue, il peut sembler que nous discutons des détails d'une nouvelle entité que le gouvernement est en train de créer pour élargir la bureaucratie. Je ne reprocherais à personne de supposer une telle chose, étant donné que c'est souvent ainsi que le gouvernement libéral hypertrophié réagit. Or, l'intention derrière le projet de loi est bonne et honorable.
Même si les conservateurs ont encore certaines inquiétudes par rapport à ce projet de loi, je crois que les amendements apportés à l'étape de l'étude en comité l'ont amélioré. Ce projet de loi vise à accroître la confiance de la population canadienne envers le système de justice et à obliger ceux qui assurent notre sécurité et protègent nos frontières à rendre des comptes. Quiconque occupe une position d'autorité peut l'utiliser de façon appropriée ou inappropriée, y compris les fonctionnaires chargés de protéger les Canadiens. Ils sont responsables d'exercer leurs fonctions correctement et ils doivent être tenus responsables de leurs actes.
Parmi ces fonctionnaires, on retrouve les employés de l'Agence des services frontaliers du Canada, un organisme chargé de contribuer à la sécurité nationale, d'appuyer les priorités en matière de sécurité publique et de déterminer qui franchit les points d'entrée et de sortie de notre pays. L'Agence est le seul organisme de sécurité publique qui n'est pas assujetti à un organe indépendant de surveillance des plaintes du public. Cette situation est très préoccupante pour toutes les personnes qui traversent la frontière et qui interagissent avec les agents des services frontaliers, y compris les employés de l'Agence. C'est pourquoi le projet de loi vise à combler cette lacune.
En toute honnêteté, comme on l'a déjà entendu, cette mesure législative aurait dû être adoptée depuis longtemps. Le gouvernement libéral a présenté cette mesure sous la forme du projet de loi lors de la 42e législature et du projet de loi lors de la 43e législature, mais les libéraux ne lui ont jamais accordé la priorité. Je m'en voudrais de ne pas mentionner que cette mesure faisait partie des promesses qu'ils ont fait pendant leur campagne électorale de 2015. Cela illustre bien soit leur manque de sincérité, soit leur incompétence lorsqu'il s'agit de s'attaquer aux dossiers importants et de respecter leurs engagements. Cela en dit également long sur les priorités du gouvernement néo-démocrate—libéral, qui remet à plus tard des initiatives qui permettraient de protéger les Canadiens afin de consacrer toute son énergie à trouver de nouvelles manières de dépenser l'argent des contribuables.
Même si je compte voter en faveur de cette mesure législative, j'ai quand même certaines réserves à son sujet. Tout d'abord, dans sa forme actuelle, le projet de loi ne tient pas compte d'un grand nombre des recommandations présentées dans le but de l'améliorer. Ce projet de loi a fait l'objet d'une étude à l'étape du comité afin que les parties prenantes puissent faire part de leurs préoccupations, signaler les problèmes qu'il posait aux députés et même formuler des recommandations, et non pour que les députés libéraux puissent avoir un auditoire devant lequel ils donnaient l'impression qu'ils se préoccupaient du dossier. Lorsque des chefs autochtones et des représentants de la Fédération de la police nationale, au nom de la GRC, ont proposé des changements, les libéraux ont voté contre les amendements des conservateurs qui reflétaient les recommandations des experts.
Parmi les autres préoccupations qui ne sont toujours pas réglées, il y a le manque d'indépendance. Dans le cadre du processus actuel de traitement des plaintes, la plupart des plaintes concernant la GRC sont renvoyées à la GRC. Compte tenu du bilan des libéraux, il est évident qu’ils ne comprennent pas la nécessité de l’indépendance. Je vais donc l’expliquer pour eux.
La raison pour laquelle la police ne peut pas enquêter sur la police est à peu près la même raison pour laquelle un premier ministre ne devrait pas enquêter sur lui-même. Il faut un organisme indépendant pour faire les choses avec professionnalisme et impartialité et pour instaurer la confiance du public. Si l'enquêteur n'a aucun intérêt direct dans une enquête, sa seule allégeance est à la vérité, ce qui permet aux Canadiens d'avoir confiance dans le processus. La commission d'examen et de traitement des plaintes du public devrait et doit être en mesure de mener ses propres enquêtes à l'aide de ses propres enquêteurs, et cela devrait être précisé dans le projet de loi .
Même si les auto-enquêtes étaient toujours entièrement honnêtes, il reste le problème de perception. Si les gens ont peur de porter plainte ou croient que, s'ils le font, ils n'ont aucune chance que leur plainte soit traitée, les problèmes qu'ils veulent soulever ne seront pas réglés. Je ne peux imaginer quelqu'un allant déposer une plainte auprès de la personne visée par la plainte, pour des raisons évidentes. Pour établir la confiance, les enquêtes doivent non seulement être transparentes, justes et indépendantes de l'intérieur, mais elles doivent aussi le paraître de l'extérieur. Une commission entièrement indépendante est une bonne chose non seulement pour ceux qui déposent des plaintes, mais aussi pour tous les Canadiens, y compris la GRC elle-même.
La politique laxiste du gouvernement libéral—néo-démocrate en matière de criminalité a fait grimper en flèche les taux de crimes violents et de vols de voitures. De nombreux Canadiens, en particulier ceux des régions rurales et des régions éloignées comme ma circonscription, Carlton Trail—Eagle Creek, se tournent vers la GRC pour protéger leur propre personne et leurs biens. Les politiques du gouvernement libéral—néo-démocrate sèment le chaos et compliquent le travail de la GRC.
La GRC est essentielle pour assurer la sécurité du pays et des citoyens et pour maintenir la loi et l'ordre. Pour ce faire, les agents de la GRC doivent être au front et faire le travail important pour lequel ils ont été formés. Les formalités administratives liées au traitement des plaintes accaparent le temps précieux des agents. Ils ne peuvent pas protéger les Canadiens s'ils sont coincés derrière un bureau dans un quelconque cubicule. De toute évidence, appuyer une commission indépendante de la GRC garantit non seulement l'équité, mais aussi l'efficacité. Ce projet de loi vise à alléger le fardeau administratif de la GRC et à garantir que les choses soient justes et transparentes. Cependant, la mise en œuvre n'est pas optimale. On peut améliorer le projet de loi, et c’est là que réside le cœur de ce débat.
La coalition libérale—néo-démocrate refuse d'accepter les critiques constructives. Les conservateurs appuient les projets de loi qui entraînent des changements positifs pour le bien du pays. Nous avons écouté les intéressés et avons collaboré avec les autres partis lorsqu'ils ont présenté de bonnes suggestions. Nous avons présenté des amendements. Évidemment, nous n’allions pas nous entendre sur tout, mais notre objectif devrait être — et c’est effectivement notre devoir en tant que parlementaires — d’assurer la sécurité des Canadiens. Toutes ces questions sont importantes, et je suis certain que les membres de la coûteuse coalition conviendront que la sécurité des Canadiens est ce qui compte le plus. Cependant, les gestes sont plus éloquents que les paroles. Les libéraux montrent à quel point ils ne sont pas sérieux: ils n'ont rien fait pendant neuf ans après avoir promis, en 2015, de présenter ce projet de loi, ils ont refusé de l’améliorer en écoutant les intéressés et en répondant à leurs préoccupations et maintenant, à cause de leur propre incompétence, ils font adopter ce projet de loi à toute vapeur. Les Canadiens ne se laisseront pas berner.
Les conservateurs sont déterminés à continuer à travailler sur ces questions importantes. Ce qu'il faut vraiment se demander, c'est si les libéraux sont déterminés à agir. Si c'est le cas, peuvent-ils s'organiser suffisamment pour mettre de côté leurs autres initiatives inutiles et corriger ce projet de loi qui laisse à désirer afin qu'il soit adopté, une fois pour toutes?
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Monsieur le Président, c'est un honneur de pouvoir prendre la parole ce soir au nom des habitants de Stormont—Dundas—South Glengarry et de l'Est de l'Ontario afin de parler du projet de loi dont nous sommes saisis, le projet de loi , qui vise à créer la commission d'examen et de traitement des plaintes du public, et de faire une brève mise en situation à cet égard. C'est un projet de loi important pour notre région de l'Est de l'Ontario, et je suis fier de représenter non seulement les formidables habitants de Cornwall et de la plupart des comtés unis de Stormont, Dundas et Glengarry, mais aussi les habitants d'Akwesasne.
Avant de commencer mon intervention de ce soir, je m'en voudrais de ne pas souligner le leadership du grand chef du Conseil mohawk d'Akwesasne, Abram Benedict, qui prend sa retraite et qui a été, pendant de nombreuses années, un leader et un partenaire formidable avec qui travailler. Que ce soit lorsque j'étais président du conseil des comtés unis et maire de notre collectivité ou dans le cadre des fonctions que j'occupe depuis plus récemment en tant que député, le grand chef Abram a été pour moi un ami. D'ailleurs, je l'ai vu récemment lors d'événements communautaires organisés pendant la fin de semaine. Il a su bien défendre les intérêts des gens d'Akwesasne afin de les aider à surmonter les difficultés uniques avec lesquelles ils sont aux prises.
La géographie d'Akwesasne est à elle seule assez difficile à gérer au quotidien pour le conseil et lui, leur personnel, leur équipe et les habitants, et c'est pourquoi le projet de loi est très important pour la circonscription de Stormont—Dundas—South Glengarry. Le projet de loi prévoit la création d'une commission chargée de mener des examens indépendants sur les plaintes portées par des civils contre la GRC à des endroits donnés et contre l'Agence des services frontaliers du Canada en ce qui concerne les interactions des résidents canadiens avec cette agence, tant en première ligne qu'ailleurs.
Nous avons un point d'entrée à Cornwall qui traverse l'île Cornwall et Akwesasne jusqu'au nord de l'État de New York. Comme je l'ai mentionné, la localité d'Akwesasne est unique sur le plan géographique, car elle chevauche à la fois le Canada et les États‑Unis, ce qui présente un défi logistique très intéressant sur divers plans. Comme si cela ne suffisait pas, sa position géographique est également unique à l'est et à l'ouest, puisqu'elle se trouve à la fois en Ontario et au Québec. Par conséquent, en ce qui concerne les compétences provinciales, la collaboration avec les gouvernements provinciaux respectifs est souvent très complexe, et le fait d'avoir une frontière internationale entre deux pays complique de toute évidence les choses à notre point d'entrée. À vrai dire, les tensions liées au point d'entrée de l'Agence des services frontaliers du Canada sont bien documentées et connues depuis des années.
Comme je l'ai mentionné, le grand chef a toujours été un grand défenseur des résidants et du conseil d'Akwesasne, et il n'a pas fait exception en ce qui concerne le projet de loi . Il a pris la parole au cours de législatures précédentes. En fait, tout a commencé il y a deux législatures, lorsque le ministre de l'époque, Ralph Goodale, a déposé un projet de loi semblable, puis une deuxième tentative a été faite au cours de la dernière législature. Encore une fois, je dirai que c'est parce que les libéraux sont incapables de gérer le calendrier législatif et de faire avancer les projets de loi que nous nous retrouvons une fois de plus, dans les derniers jours de séance avant l'ajournement pour l'été, à débattre de nouveau du projet de loi, qui doit ensuite être adopté. Cela dit, le grand chef a comparu devant le comité de la sécurité publique l'année dernière et il a alors expliqué pourquoi la nouvelle commission est nécessaire, en précisant qu'elle changera la donne et qu'elle bénéficiera de l'appui manifeste du conseil et de la communauté d'Akwesasne, mais aussi de celui de la Ville de Cornwall, des partenaires et des voisins du point d'entrée.
Voici ce qui est intéressant au sujet du point d'entrée dans notre coin de l'Est de l'Ontario. Il est en 10e position au pays sur le plan de l'achalandage, mais en règle générale, 70 % du trafic est constitué de résidants d'Akwesasne qui vont et viennent entre l'île Cornwall et la ville de Cornwall. Cela représente environ 1,4 million de passages à la douane canadienne par des Mohawks qui se déplacent à Akwesasne, soit plus de 100 passages par membre par année. Malheureusement, pour un résidant de l'île Cornwall, un citoyen canadien, reconduire ses enfants à l'école, se rendre à un rendez-vous médical, sortir au restaurant ou faire du magasinage implique beaucoup de contraintes, puisqu'il doit chaque fois passer la douane pour quitter l'île ou y retourner, ce qui génère beaucoup de tensions dans la communauté. Les tensions et la frustration s'accumulent depuis des années, à juste titre d'ailleurs.
Comme si le point d'entrée et l'Agence des services frontaliers du Canada n'étaient pas suffisants, il y a en plus l'emplacement des postes de péage. Je l'ai déjà dit ici et je vais le répéter: ce point en soi est un autre obstacle à une concertation accrue d'Akwesasne et des communautés environnantes pour stimuler le développement économique et le tourisme.
J'ai parlé à des résidants d'Akwesasne qui ont fait des pieds et des mains au cours des dernières années pour recueillir des fonds afin de construire un magnifique planchodrome sur l'île Cornwall. Ils ont recueilli des fonds de nombreuses façons. La réalisation et l'inauguration du projet ont été, à juste titre, amplement mentionnées dans les médias sociaux et locaux, et ils ont été une source de fierté pour la région.
Il y a cependant quelque chose qui reste frustrant. Il s'agit de l'un des meilleurs planchodromes pour les jeunes, sauf qu'un obstacle subsiste. Si une personne qui habite à Ottawa veut aller y passer l'après-midi avec ses enfants, elle doit apporter leurs passeports et le sien, franchir le poste frontalier et payer un péage simplement pour se rendre sur l'île Cornwall. La commission est donc nécessaire.
Comme l'a si bien dit ma collègue de , lorsque la police enquête sur la police et que des plaintes contre l'interne sont portées à l'interne, c'est comme si le menait une enquête sur le premier ministre. En considérant la situation, les gens concluraient qu'il s'agit d'une démarche qui n'est ni adéquate ni appropriée. C'est la même chose dans le cas de la GRC et de l'Agence des services frontaliers du Canada. Il faut exiger ce que nous avons prévu à cet égard. Il faut mettre en place une commission, et il est temps que les libéraux aillent enfin de l'avant.
J'aimerais profiter de l'occasion pour exprimer certaines des autres préoccupations que le grand chef a soulevées dans son témoignage devant le comité de la sécurité publique. On ne nous a pas encore donné de garanties sur le plan technique en ce qui concerne le projet de loi. La communauté appuie le projet de loi , mais le gouvernement libéral doit donner des garanties quant à sa mise en œuvre. C'est ce qui sera la clé du succès de la commission d'examen et de traitement des plaintes du public.
Premièrement la commission doit être mise rapidement sur pied, et il doit y avoir une formation sur les spécificités propres à notre région, à notre point d'entrée, que j'ai soulignées dans mon discours ce soir. Parallèlement, nous devons faire en sorte que le processus soit simple pour les citoyens, les civils, qui veulent déposer une plainte auprès de la commission. Le grand chef a donné l'exemple de l'application ArriveCAN. De nombreux aînés d'Akwesasne n'ont pas de téléphone intelligent. Par conséquent, ils n'avaient pas l'application ArriveCAN, ce qui a causé de nombreux problèmes, à l'ère de la COVID, pour les allers-retours entre le point d'entrée, Akwesasne, l'île Cornwall et la ville de Cornwall.
C'est la même chose pour la commission. Le gouvernement doit comprendre la situation et s'engager à mettre en place un processus de plainte simplifié. La démarche pourrait se faire par écrit, par téléphone ou par un autre moyen, de sorte que tout le monde ait le droit de déposer une plainte de façon simple, afin d'être entendu, peu importe son âge ou son accès aux outils technologiques et sa capacité à les utiliser.
L'autre élément essentiel du point de vue des ressources humaines et des opérations serait de veiller, primo, à ce que le processus permette aux civils et aux citoyens qui déposent une plainte d'être entendus rapidement et, secundo, à ce que la plainte soit traitée et conclue de façon claire.
Malheureusement, compte tenu de l'aménagement du point d'entrée dans la région de Cornwall-Akwesasne, je crois qu'un nombre important de plaintes émaneront de cette région si le projet de loi est adopté. Le gouvernement doit s'engager fermement non seulement à l'égard de la loi, mais aussi à l'égard de ce que j'appelle les règlements et les opérations connexes. Les Canadiens méritent de savoir qu'il y aura un processus juste et simple par lequel ils pourront déposer une plainte. Tous les Canadiens doivent avoir l'assurance que leur voix et leurs plaintes seront entendues et qu'on y donnera rapidement suite. Dans ma circonscription, mon rôle en tant que député est de faire en sorte qu'une telle chose se produise.
J'ai hâte de répondre aux questions et aux observations de mes collègues, et je suis reconnaissant d'avoir eu le temps d'ajouter ma voix et mes réflexions à ce sujet.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse de prendre la parole, pour la dernière fois je l'espère, à propos du projet de loi que nous avons contribué à améliorer au cours des dernières semaines, des derniers mois.
Comme je le disais la semaine dernière, c'est l'un des premiers projets de loi sur lequel j'ai eu le plaisir de travailler au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, et nous avons en effet pu l'améliorer.
La semaine dernière, j'ai parlé des amendements proposés par le Bloc québécois, qui ont été adoptés et qui ont permis de rendre ce projet de loi davantage transparent. J'y reviendrai brièvement, mais je voudrais surtout aborder ce soir les amendements que nous avons adoptés en tant que comité.
Des amendements ont été proposés par tous les partis, c'est-à-dire le NPD, le Parti conservateur et le gouvernement. Cela me fait toujours un peu sourire ou rire de voir que le gouvernement propose des amendements à ses propres projets de loi. C'est comme s'il n'avait pas bien pris le temps de les concevoir avant de les présenter, et que, en voyant le résultat, il se disait qu'il aurait pu faire les choses différemment et qu'il décidait de proposer des amendements à ses propres projets de loi.
Je trouve cependant que, quand on a l'occasion d'améliorer quelque chose, il faut le faire. Le gouvernement a contribué à améliorer son propre projet de loi. C'est tant mieux. Les partis ont tout de même travaillé ensemble. Il y a eu une belle collaboration. J'ai dit la semaine dernière à quel point cela avait été long avant que ce projet de loi ne soit prioritaire pour le gouvernement. C'était la troisième prise, avec deux projets de loi qui avaient été présentés dans les deux précédentes législatures.
De plus, il y a eu beaucoup d'obstruction systématique de la part des conservateurs, qui voulaient se concentrer sur une autre étude au lieu de se concentrer sur le projet de loi C‑20. À cause de cela, nous avons reçu beaucoup de courriels, beaucoup de communications de la part des gens qui suivaient avec attention les travaux du Comité permanent de la sécurité publique et nationale pour voir le projet de loi cheminer.
Ils ont aussi envoyé des communications au greffier du Comité et au président du Comité. Ils disaient dans ces communications que cela n'avait pas de bon sens de voir les parlementaires parler de tout et de rien au lieu de parler du projet de loi C‑20 alors que des gens, des citoyens, des voyageurs canadiens avaient été victimes des comportements de certains agents de l'Agence des services frontaliers du Canada et avaient droit à une certaine justice. Du moins, ils avaient le droit de faire entendre leur voix et de voir leurs plaintes traitées dans des délais raisonnables.
Nous avons finalement pu étudier ce projet de loi, et j'espère qu'il sera adopté dans les plus brefs délais, que le Sénat fera son travail dans les meilleurs délais également, pour que cette fameuse commission soit enfin mise en place.
De plus, on a dit à plusieurs reprises que l'Agence était encore à ce jour la seule organisation de sécurité publique canadienne qui n'avait pas de commission indépendante ou externe de traitement des plaintes du public. Il était plus que temps que l'on en mette une en place. C'était d'ailleurs une recommandation du juge O'Connor, à laquelle on a fait référence ici à plusieurs reprises.
Il a recommandé cela il y a 20 ans. En 2006, il a dit qu'il fallait tout de même avoir un processus indépendant pour la gestion des plaintes du public. Finalement, le gouvernement a entendu cet appel 20 ans plus tard et nous étudions ce projet de loi aujourd'hui.
Il faut dire que cette nouvelle commission qui est créée va traiter les plaintes du public relatives à l'Agence des services frontaliers du Canada, ce qui n'existait pas auparavant, mais aussi les plaintes relatives à la GRC. La Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC, ou CCETP, existait déjà. C'est une entité qui est d'ailleurs venue témoigner au Comité. Le gouvernement a tout simplement décidé de joindre ces deux éléments et d'en faire une seule commission.
Tout à l'heure, j'ai entendu mon collègue du gouvernement dire que le fait de joindre les deux commissions afin qu'il n'y en ait qu'une semblait être la meilleure chose à faire, tout simplement. Ce n'est pas une mauvaise idée, je l'avoue, mais la présidente actuelle de la CCETP nous a dit en comité parlementaire lors des audiences qu'elle n'avait pas actuellement les ressources suffisantes ou nécessaires pour traiter toutes les plaintes dans un délai raisonnable. On parlait de ressources financières, évidemment, mais aussi de ressources humaines.
Je me demande comment on va faire pour arriver à créer une seule commission pour deux entités pour le traitement des plaintes relatives à la GRC et à l'Agence des services frontaliers du Canada. J'espère que, en créant cette nouvelle commission, le gouvernement lui donnera les moyens nécessaires pour qu'elle puisse remplir son mandat correctement, pour que les victimes puissent se faire entendre rapidement.
C’est déjà un processus qui peut être long et compliqué. Quand on est victime d’un préjudice de la part d’un agent des services frontaliers, il se peut qu’on ne décide de porter plainte que quelques mois, voire un ou deux ans, plus tard. Il se peut qu’on ne soit pas prêt à porter plainte dès le lendemain du préjudice. Tous ces processus peuvent être extrêmement longs. Si la commission n’a pas les moyens nécessaires pour traiter un dossier dans un délai raisonnable, ça rajoute évidemment beaucoup de temps. Ce n’est donc pas agréable pour les personnes qui décident de porter plainte.
Dans les dernières années, il y a eu énormément de cas d’inconduites qui ont été rapportés dans les médias en lien avec le comportement de certains agents de l’Agence des services frontaliers du Canada. Ils ont de grands pouvoirs, on le sait, puisqu'ils peuvent détenir et fouiller des Canadiens, et procéder à des expulsions. Ce sont des pouvoirs assez importants. Il est donc assez surprenant qu’il n’y ait toujours pas de commission de traitement des plaintes du public.
Il y a toujours la possibilité de faire des enquêtes à l’interne dans ce genre d’organisation, mais le processus est plus ou moins transparent et on n’a pas accès à toutes les informations. Par conséquent, pour le public, le fait d’avoir une instance qui est externe et indépendante de ces organisations de sécurité va peut-être favoriser une plus grande confiance envers les institutions de sécurité publique au Canada.
Énormément de cas ont été rapportés dans les médias concernant la fouille d’appareils électroniques des voyageurs et les commentaires racistes ou grossiers proférés par certains agents à l’endroit de clients et de voyageurs. Il faut aussi penser à toutes les situations qui sont survenues, mais qui n’ont pas été rapportées dans les médias, car il doit y en avoir beaucoup. Certaines organisations sont venues nous dire en comité parlementaire d’imaginer toutes les personnes qui décident de ne pas porter plainte par peur de préjudice ou des conséquences. Par exemple, une personne issue de l’immigration ou un réfugié qui serait renvoyé entre-temps dans son pays d’origine, qui se dit qu’il n’a pas les outils nécessaires ou qui a peur que ça nuise à son processus d’intégration ou d’immigration, va décider de ne pas porter plainte. Il y avait tous ces cas spécifiques qu’il était intéressant d’étudier pour savoir comment bien modifier ou améliorer ce projet de loi pour en faire une loi qui est justement plus transparente.
J’ai parlé un peu des raisons pour lesquelles il était important de créer cette commission. Cette dernière va évidemment permettre aux gens de profiter d'un véritable processus plus transparent. Si une personne n’est pas satisfaite des résultats de l’enquête interne de l’Agence des services frontaliers du Canada ou de la Gendarmerie royale du Canada, elle pourra demander à la commission d’examiner cette plainte. La commission, elle, va pouvoir présenter ses conclusions ou ses recommandations. Cependant, il faut comprendre que la commission n’aura pas le pouvoir de contraindre l’Agence ou la GRC à prendre des mesures disciplinaires. Cependant, ces organismes vont devoir faire rapport au ministre et justifier leur réaction aux recommandations de la commission. Un rapport sera ensuite déposé à la Chambre et au Sénat. Ça va assurer une certaine reddition de comptes, même si la commission ne peut pas prendre de mesures à l’égard des gestes qui sont perpétrés. Ce sera la responsabilité de l’Agence ou de la GRC de prendre ces mesures, par exemple à l’endroit des employés qui sont ciblés.
Un aspect intéressant du projet de loi est qu’il vise à réduire les délais de traitement des plaintes qui existent déjà pour la GRC et à rendre le délai de traitement des plaintes pour l’Agence des services frontaliers le plus raisonnable possible.
Qui siégera à cette commission? Ce ne seront pas d’anciens membres de la GRC ni de l’Agence, comme je le disais la semaine dernière. Ce qui a été proposé et adopté par l’ensemble du Comité permanent de la sécurité publique et nationale, c’est que les membres qui siègent à cette commission soient représentatifs de la diversité de la société. Quand j’ai parlé de ça la semaine dernière, mon collègue de a demandé si on avait présenté un amendement pour s’assurer que les membres de la commission sont bilingues. Je lui ai dit que c’était une bonne question, mais que je n’avais pas présenté un tel amendement parce que, pour moi, ça allait de soi: on est au Canada, il y a deux langues officielles, et je me suis dit que les membres de cette commission seraient évidemment bilingues.
Il a vécu une expérience lors de l'étude du projet de loi , qui vise à établir la commission d'examen des erreurs du système judiciaire. Il a présenté un amendement pour s'assurer que les décideurs, dans le cadre de cette loi, seront bilingues. Qu'on le croie ou non, cela a été refusé par certains députés siégeant au comité. C'est assez incroyable. Pour ma part, je pensais que cela ne valait même pas la peine de présenter ce type d'amendement parce que ces gens seraient assurément bilingues. Fait intéressant, si on vient à réviser cette loi dans un avenir rapproché, je m'assurerai de présenter un tel amendement. À tout le moins, lors de la mise sur pied de cette commission, je vais regarder cela de très près. Je veux m'assurer que les gens qui sont nommés à la commission sont évidemment représentatifs de la société, mais aussi bilingues. C'est un élément assez important et je remercie mon collègue de l'avoir souligné.
Un des amendements qu'on a présenté lors de l'étude vise à ce que des tierces parties soient autorisées à déposer des plaintes au nom de citoyens ou de voyageurs. Je l'expliquais de cette façon. Pour les personnes issues de l'immigration ou pour les réfugiés, justement, il peut y avoir la barrière de la langue. Il peut y avoir des gens qui sont à l'extérieur du pays qui ont peur de représailles, comme je le mentionnais. On peut peut-être passer par une personne de confiance, une organisation qui fait cela. Par exemple, les membres de l'Association québécoise des avocats et avocates en droit de l'immigration peuvent faire ce travail au nom des personnes qui veulent porter plainte. C'est leur travail. Ils ont l'expertise nécessaire et ils peuvent bien accompagner les personnes. Le fait d'ajouter cela au projet de loi était essentiel. Pour nous, les tierces parties doivent pouvoir faire l'examen d'activités précises. Heureusement, cela a été adopté par le comité.
On a également supprimé un paragraphe dans le projet de loi qui exigeait que la commission soit convaincue qu'elle dispose des ressources nécessaires pour effectuer l'examen d'une plainte. C'est comme s'il y avait un flou dans la façon dont c'était écrit. Tout à l'heure, je parlais de ressources financières ou de ressources humaines manquantes. Nous avions peur que la commission dise qu'elle ne peut pas étudier cette plainte parce qu'elle n'a pas les ressources nécessaires. Il y avait un peu ce vide ou ce flou que nous avons voulu clarifier pour nous assurer que la commission a toujours les ressources nécessaires pour étudier les plaintes qui lui sont soumises. Nous espérons évidemment que le gouvernement investira les sommes nécessaires pour donner les moyens de ses ambitions à la commission afin qu'elle puisse remplir son mandat.
On a aussi ajouté l'obligation qu'une copie de la communication de la commission soit envoyée au représentant légal du plaignant. Tout à l'heure, je parlais des tierces parties qui peuvent être impliquées dans le processus. C'est la même chose pour un représentant légal. Par exemple, si c'est une organisation qui représente le plaignant, mais qu'on envoie toujours les communications au plaignant au lieu de passer par le représentant légal, il y a un problème là. C'est donc important d'ajuster cela dans la loi.
Finalement, il y a certains aspects quant au refus d'enquêter qui ont été modifiés grâce à un amendement du Bloc québécois. La commission pourra dorénavant refuser une plainte plutôt que d'être sous l'obligation de la refuser. Parfois, quelques mots peuvent grandement changer les choses. C'est dans le cas où d'autres recours seraient possibles pour une personne. Elle pourra décider de refuser, mais elle ne sera pas obligée de refuser. Il nous apparaissait important de modifier cela.
Je vais parler des amendements les plus importants, à mon avis, qui ont été adoptés par le comité afin que tout ce processus de traitement des plaintes soit plus transparent. Il y a eu le fait d'ajouter les syndicats dans l'établissement des normes de traitement des plaintes et l'ajout d'un délai d'un an pour le traitement des plaintes. Ce délai d'un an peut paraître long, mais, compte tenu du nombre de plaintes qui sont déposées par année, c'était un délai suffisant pour laisser à la commission le temps d'étudier une plainte. Le fait de savoir que cela ne va pas s'étirer au-delà d'un an enlèvera peut-être un stress au plaignant. Si la commission juge qu'elle a vraiment besoin de plus d'un an pour le traitement d'une plainte, elle pourra y avoir droit, à condition d'expliquer pourquoi elle a besoin de ce délai supplémentaire.
Ensuite, nous avons adopté un amendement qui force le ministre à fournir le jour même où il le reçoit une copie du rapport de la commission à l'organisation visée, soit à la GRC ou à l'Agence des services frontaliers du Canada. Auparavant, dans le projet de loi tel qu'il était rédigé, on disait que le ministre le faisait seulement s'il trouvait que c'était approprié de le faire. Nous nous sommes dit qu'en matière de reddition de comptes, il serait bien que les agences concernées reçoivent les rapports le plus rapidement possible, alors nous sommes allés modifier ça.
Le gouvernement a apporté aussi une suggestion pour que le nombre de plaintes liées à la sécurité nationale soit précisé dans le rapport annuel. C'est une suggestion que nous avons trouvée intéressante. Nous l'avons donc adoptée, encore une fois par souci de transparence. Ensuite, le président de la commission doit rendre disponible sur le site Web le protocole d'entente sur l'accès aux renseignements protégés. C'est sûr que je suis dans les détails un peu plus spécifiques du projet de loi, mais nous avons adopté cet amendement pour, encore une fois, assurer plus de transparence. On augmente ainsi la disponibilité de certaines informations sur le site Web de la commission.
Nous avons également ajouté un délai de deux ans pour déposer une plainte. Comme je l'expliquais un peu tout à l'heure, une personne aura jusqu'à deux ans pour porter plainte après que le préjudice aura été commis. Des fois, on hésite parce qu'on ne sait pas trop, puis on se rend compte que le délai est expiré et qu'on ne peut pas porter plainte parce que cela s'est passé il y a trop longtemps. Nous avons donc élargi ce délai pour permettre une certaine flexibilité aux plaignants. La commission aura la possibilité de prolonger le délai pour le dépôt d'une plainte et aura l'obligation, dans le cas contraire, de fournir la raison pour laquelle elle ne prolonge pas le délai.
Le NPD a proposé un amendement super intéressant. Je vais donner au NPD ce qui lui revient. Les plaintes déposées ne pourront pas faire l'objet d'accords de non-divulgation. On se souviendra du cas de Janet Merlot et du recours collectif de centaines de femmes qui avaient été victimes de harcèlement sexuel, d'intimidation et de discrimination au cours de leur carrière au sein de la GRC. Un élément dans la loi régissant la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC faisait que cela pouvait être géré ou traité à l'amiable, qu'il pouvait y avoir des ententes de non-divulgation. Nous avons veillé à ce que, dans cette loi-ci, il n'y ait tout simplement pas d'accord de non-divulgation, afin d'assurer encore une fois la meilleure transparence possible.
Avant-dernier amendement digne de mention: si un plaignant décide de retirer sa plainte, il devra expliquer à la commission la raison pour laquelle il la retire. C'est simplement pour donner un peu de rétroaction et aider la commission à comprendre pourquoi un plaignant voudrait retirer sa plainte. Est-ce en raison de délais trop longs, par exemple? Cela permettra à la commission de s'améliorer à l'égard du traitement des plaintes. Nous trouvions intéressant de l'ajouter. Finalement, les représentants syndicaux d'un employé de la GRC ou de l'Agence des services frontaliers du Canada auront la possibilité de présenter des observations à la commission, ce qui n'était pas le cas auparavant. Les syndicats se trouvaient un peu laissés de côté dans ce projet de loi, alors nous avons trouvé une certaine façon de les inclure, parce que c'est assez important d'avoir leur avis.
Dans l'ensemble, le projet de loi était un projet de loi intéressant, bien modelé, qu'on attendait depuis longtemps, mais je pense que tous les partis ont contribué à l'améliorer de la meilleure façon possible, à le rendre le plus transparent possible. Nous avons déjà, comme je l'ai mentionné, des idées pour l'améliorer davantage lorsqu'il y aura une révision de cette loi. Le but est que ce soit adopté le plus rapidement possible afin que la voix des plaignants, des personnes qui ont subi un préjudice de la part d'agents des services frontaliers, soit entendue, que leur plainte soit traitée dans les meilleurs délais et qu'ils aient confiance, surtout, dans les institutions de sécurité publique au Canada.
J'espère que ce projet de loi sera adopté dans les meilleurs délais.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de me lever ce soir pour parler du projet de loi à l'étape de la troisième lecture.
C'est un projet de loi sur lequel nous avons travaillé fort au Comité permanent de la Sécurité publique et nationale. Enfin, nous amorçons l'étape de la troisième lecture afin d'envoyer ce projet de loi à l'autre place. C'est extrêmement important de le faire.
Notre rôle comme députés, c'est d'améliorer les projets de loi. Il faut dire que ce projet de loi a été présenté par le gouvernement. C'est son troisième essai. Il n'a pas vraiment tenté de faire le travail et de mettre en place une commission d'examen et de traitement des plaintes. On a vu cela dans les projets de loi précédents. Le gouvernement avait présenté des projets de loi si tard dans la session parlementaire que ces projets de loi n'ont jamais été adoptés. Il est évident qu'on a besoin d'une commission d'examen des plaintes. Tout le monde la réclame. Jusqu'à maintenant, le gouvernement n'a pas réussi à y accorder une assez grande priorité pour franchir toutes les étapes de notre processus parlementaire législatif.
Le projet de loi a été adopté en deuxième lecture, il a été renvoyé pour étude en comité, où il y a eu plusieurs délais. Ce n'est pas le gouvernement qui est à l'origine de ces délais, c'était plutôt les conservateurs qui, à plusieurs reprises, ont empêché qu'on étudie des amendements et qu'on entende des témoins.
Heureusement, après avoir passé des heures à étudier chaque amendement, le projet de loi a été adopté. Tous les témoins ont dit que c'était vraiment important d'améliorer ce projet de loi. En même temps, il fallait l'adapter. Je tiens à dire qu'enfin, après plusieurs délais, mes collègues du Comité permanent de sécurité publique et nationale et moi avons réussi, en travaillant tous ensemble, à faire adopter et à améliorer ce projet de loi.
Je voudrais prendre quelques minutes pour parler justement de ce que le NPD a obtenu pour améliorer le projet de loi. Le NPD a fait adopter une dizaine d'amendements qui sont assez cruciaux. Nous avons travaillé avec les autres partis, soit le parti du gouvernement, le Bloc québécois, le Parti conservateur, pour faire adopter des amendements qui avaient été soumis par les autres partis.
Alors, même si le Comité permanent de la sécurité publique et nationale a dû se réunir à plusieurs reprise et que les conservateurs ont proposé une toute une autre motion plutôt que de recevoir les témoins ou d'entendre les témoignages si importants, même si tous ces délais ont ralenti l'étude du projet de loi, nous arrivons à la dernière étape. Nous espérons même que le projet de loi sera adopté à l'unanimité ce soir et envoyé à l'autre place.
D'abord, ce n'est pas seulement le public qui est visé par cette commission des plaintes. Les employés à l'interne devraient être bien représentés. Nous avons proposé l'amendement NDP‑6 qui vise à assurer la représentation syndicale. C'est important quand on travaille dans un milieu syndical que les syndicats soient représentés. Il faut que les travailleurs et les travailleuses aient un processus de représentation.
Nous avons modifié l'article 28 du projet de loi, permettant aux représentants syndicaux des employés de l'Agence des services frontaliers du Canada et de la Gendarmerie royale du Canada d'établir conjointement des normes de service pour les délais de tenue des examens prévus à cet article du projet de loi. Nous avons fixé un délai d'un an pour résoudre ces questions de représentation et de délais. C'est une victoire pour la représentation syndicale et l'assurance d'une représentation syndicale dans la normalisation des services.
Nous ne nous sommes pas arrêtés là: nous avons aussi poussé pour accroître la transparence et la responsabilité. Le Comité a entendu plusieurs témoins, y compris la coalition Breaking Barriers, qui voulait voir plus de transparence et de responsabilité au sein de ce projet de loi. Nous voulions que des exemplaires des rapports présentés soient distribués. Cette question de transparence a été soulevée dans les amendements NDP-7 et NDP-14. Nous voulions que toute cette information soit disponible et nous avons travaillé fort pour que ces amendements soient adoptés.
Nous voulions aussi contribuer au processus de réconciliation avec les peuples autochtones et nous avons soumis les amendements NDP‑9 et NDP‑9.1 pour inclure toutes les questions de réconciliation dans le projet de loi.
Nous voulions aussi accorder aux plaignants un délai plus long pour déposer des plaintes, un élément clé. Au début, avant d'être amélioré en comité, ce projet de loi prévoyait que les plaintes devaient être soumises dans un délai d'un an. Nous voulions prolonger cette période pour répondre aux besoins des organisations qui sont venues témoigner, comme Amnistie internationale, l'Association des libertés civiles de la Colombie‑Britannique, l'Association du Barreau canadien, l'Association canadienne des avocats et avocates en droit des réfugiés, l'Association canadienne des libertés civiles, ainsi que de l'ensemble des autres organisations, dont la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles.
Nous voulions interdire l'utilisation d'accords de non-divulgation, un élément qui a déjà été soulevé dans le cadre des scandales au sein de Hockey Canada. Nous voulions empêcher ces accords de non-divulgation, qui interdisent aux victimes de s'exprimer. L'amendement NDP‑23, à cet effet, a été adopté.
Nous voulions nous assurer d'empêcher l'intimidation et de savoir les raisons du retrait d'une plainte. La Coalition nous a suggéré comment un plaignant peut donner les raisons du retrait d'une plainte, permettant là encore de mieux protéger les victimes. Nous avions d'autres demandes qui ont été adoptées et qui, encore une fois, ont accru la transparence prévue dans le projet de loi dans sa version amendée par le Comité, comparativement à la version initiale soumise au Comité.
Il y a également eu d'autres améliorations extrêmement importantes. J’aimerais nommer les organisations qui ont joué un rôle important dans l’amélioration de ce projet de loi: Amnesty International Canada, du côté francophone et anglophone, l’Association des libertés civiles de la Colombie‑Britannique, l’Association canadienne des libertés civiles, le Conseil canadien pour les réfugiés, l’Association canadienne des avocats en immigration, l’Association canadienne des avocats musulmans, le Conseil canadien des affaires publiques musulmanes, la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles. Tous ces éléments font en sorte que le projet de loi sera enfin adopté, mais avec des améliorations extrêmement importantes.
[Traduction]
Nous arrivons, je l'espère, à la fin de la saga du projet de loi à la Chambre. C'est un projet de loi qui établirait la commission d'examen et de traitement des plaintes du public, une entité extrêmement importante pour l'Agence des services frontaliers du Canada et la GRC. Nous voulons mettre en place une commission des plaintes du public qui fera son travail. Nous voulons nous assurer que ceux qui servent notre pays à la GRC et à l'Agence des services frontaliers du Canada font l'objet d'une surveillance appropriée tout en bénéficiant de protections.
Le projet de loi, tel qu'il a été amélioré par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale, permettrait de remplir ce mandat. Nous avons réussi à l'améliorer et à le rendre plus transparent, ainsi qu'à mettre en place un meilleur ensemble de freins et de contrepoids afin de garantir que les victimes aient davantage de droits et que la représentation des travailleurs soit reconnue et maintenue dans le libellé. Il est également extrêmement important de prévoir une période plus longue pour le dépôt des plaintes et d'interdire le recours à des accords de non-divulgation destinés à réduire les victimes au silence.
De nombreuses organisations ont fourni des témoignages précieux. J'espère que le projet de loi sera adopté ce soir, du consentement unanime de la Chambre, malgré les retards survenus dans les travaux du comité. En réalité, ce projet de loi est bien plus abouti après l'étape du comité qu'il ne l'était à son arrivée. Cette mesure est nécessaire. Il est important de la mettre en place. J'espère que tous les députés voteront pour son renvoi à l'autre endroit ce soir.
:
Monsieur le Président, le débat avance rapidement, et je suis heureuse de pouvoir prendre la parole au sujet du projet de loi .
Je vais revenir sur le point soulevé par le député de , qui a dit que nous sommes saisis de ce projet de loi depuis longtemps. La première lecture remonte à il y a plus de deux ans. Ce projet de loi se fait attendre depuis trop longtemps.
Je tiens à dire d'emblée que je voterai en faveur de ce projet de loi. Je suis très heureuse qu'il soit renvoyé au Sénat.
[Français]
J’ai cependant quelques commentaires à faire, car j’ai encore des inquiétudes en ce qui concerne la GRC et l’Agence des services frontaliers du Canada.
[Traduction]
Cela fait un certain temps qu'il existe une commission des plaintes du public contre la GRC. Je trouve assez choquant que nous nous apprêtions seulement maintenant à avoir une quelconque commission des plaintes du public contre l'Agence des services frontaliers du Canada. Le nombre de plaintes de racisme systémique au sein de l'Agence est légendaire. C'est certainement pénible et troublant, et personne n'a d'endroit où porter plainte tant que le projet de loi ne sera pas adopté à la Chambre.
Comme d'autres députés l'ont mentionné, il ne fait aucun doute que le projet de loi a été grandement amélioré au comité. Il y a eu des amendements qui ont amélioré le projet de loi à bien des égards pour la commission des plaintes du public contre la GRC, et les améliorations se poursuivent. Je n'oublierai jamais que, lorsque j'ai été élue pour la première fois à la Chambre, la commission des plaintes du public contre la GRC n'avait pas le droit d'assigner des témoins à comparaître. Les choses se sont améliorées. Il faut conférer ce pouvoir à l'Agence des services frontaliers du Canada pour qu'elle puisse traiter les plaintes des gens à qui elle a causé préjudice.
À un moment donné — certainement pas ce soir et certainement pas avant l'adoption du projet de loi —, il serait très utile de réfléchir aux recommandations de la Commission des pertes massives relativement à la pire tuerie de l'histoire du Canada, dont le Président se souvient certainement en tant que député de la Nouvelle‑Écosse. Ces meurtres de Portapique sont gravés dans ma mémoire, et je ne pense pas que la Chambre des communes en ait fait assez pour donner suite au rapport de la Commission des pertes massives.
J'espère sincèrement que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale se penchera sur les questions en suspens liées à ce qui s'est passé là-bas. La Commission des pertes massives a formulé des recommandations radicales sur la réforme de la GRC, et, pour autant que je sache, en réponse aux signaux d'alarme, la GRC a fermé les yeux. J'espère vraiment que nous y reviendrons à un moment donné.
Chose certaine, l'Agence des services frontaliers du Canada doit apporter des améliorations. Lorsque j'ai parlé du projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, j'ai raconté une histoire extraordinaire dans laquelle je me suis impliquée en tant que députée. C'est celle d'un Autochtone qui vivait à l'extérieur de ma circonscription. Sans avertissement, des membres de l'Agence des services frontaliers du Canada se sont présentés chez lui juste avant Noël, ils l'ont arrêté et ils lui ont mis les fers aux pieds. Ils l'ont séparé de son épouse, une survivante des pensionnats autochtones, ils l'ont mis dans un fourgon et ils lui ont dit qu'il allait être expulsé vers les États‑Unis, où il était né, sans égard à ses droits en tant qu'Autochtone en vertu du Traité de Jay et sans avoir tenté de communiquer avec lui auparavant. Il vivait au Canada depuis des dizaines d'années. Il était marié depuis des dizaines d'années. Ce membre de la Première Nation de Penelakut était un grand-père et un pilier de sa communauté, mais, n'eût été la bonté de Dieu, il aurait été expulsé du pays.
Je ne peux exprimer à quel point cela m'a marquée, cette notion que l'on encourage, du moins que l'on encourageait il y a quelques années — c'était en 2013 si je ne m'abuse — les agents de l'Agence des services frontaliers du Canada à trouver les personnes dont les documents étaient peut-être un peu irréguliers et à les expulser du Canada. Je crois même qu'une émission de télévision les suivait, pour montrer à quoi ressemble, dans la vraie vie, l'arrestation d'une personne qui n'a pas sa place au Canada.
Je remercie le Seigneur que le ministre de l'Immigration de l'époque, Chris Alexander, soit intervenu. J'ai réussi à le convaincre de régulariser le statut de cet homme merveilleux, qui est maintenant décédé. Je dois également souligner qu'on est intervenu rapidement pour le libérer de la cellule de détention provisoire, qui à l'époque était située au sous-sol de l'aéroport de Vancouver. Aujourd'hui, ces cellules se trouvent dans une installation plus appropriée.
Nous apportons des améliorations. La mesure législative proposée en serait une. Je veux qu'elle soit adoptée, et je voterai certainement en sa faveur. Je sais que nous accélérons les choses ce soir, mais je pense qu'il conviendrait de ne rien négliger. Nous avons encore du travail à faire pour éradiquer les problèmes systémiques de racisme à l'Agence des services frontaliers du Canada et à la GRC. De surcroît, en tant que parlementaires, nous devrons demeurer vigilants lorsqu'on mettra sur pied la nouvelle commission des plaintes, qui sera une version plus vigoureuse — grâce au projet de loi — de l'actuelle commission de plaintes de la GRC, mais qui s'appliquera aussi à l'Agence des services frontaliers du Canada.
Le projet de loi sera renvoyé à l'autre endroit. Il y a une autre préoccupation: si des amendements sont proposés là-bas, comme nous le savons, le projet de loi nous sera renvoyé. Nous devons veiller à ce que les Canadiens ou même les non-Canadiens qui traversent notre frontière bénéficient de la protection de la Charte des droits et libertés, comme ils le devraient de la part de tout organisme fédéral.
Je remercie mes collègues de m'avoir donné l'occasion de leur faire part de quelques réflexions et d'encourager tout le monde ici à adopter ce projet de loi. Après son adoption, il faudra continuer de s'assurer que tous les organismes fédéraux respectent chaque être humain avec lequel ils traitent, malgré les préjugés qui existent dans ces deux services à l'encontre des personnes racisées et des Autochtones.
Notre travail ici n'est pas terminé, mais pour ce soir, espérons que le projet de loi sera adopté rapidement.