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INST Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON INDUSTRY, SCIENCE AND TECHNOLOGY

COMITÉ PERMANENT DE L'INDUSTRIE, DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 22 mars 2001

• 0909

[Traduction]

La présidente (Mme Susan Whelan (Essex, Lib.)): La séance est ouverte. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous procédons à un examen des politiques relatives à la science et à la technologie.

Monsieur Penson.

M. Charlie Penson (Peace River, AC): Madame la présidente, conformément aux dispositions de l'article 108 du Règlement, je propose que nous convoquions M. Jonas Prince pour venir témoigner au sujet de la possession des actions de la société 161341 Canada Inc.

Le délai réglementaire de 48 heures est écoulé depuis que nous avons donné avis en ce qui concerne cette motion. Je voudrais par conséquent la déposer aujourd'hui.

• 0910

La présidente: Nous examinerons cette motion mardi matin, à 10 heures. Ce jour-là, les témoignages ne devraient durer qu'une heure. Le greffier est une nouvelle recrue et il n'a pas eu l'occasion d'examiner à fond les précédents. C'est en train de se faire.

En outre, nous n'avons pas le quorum et nous ne pouvons pas examiner cette motion aujourd'hui. L'examen d'une motion requiert la présence de neuf membres.

Je pense que vous avez une autre motion à déposer. Nous pourrons également l'examiner mardi matin, à 10 heures. Je ne l'ai pas lue mais je vous rappelle qu'à la réunion du comité directeur, nous avions convenu de commencer l'étude du budget principal le 8 mai, avec le ministre, selon ses disponibilités. Votre motion s'y oppose. Je vous rappelle ce qui a été entendu à la réunion du comité directeur, à laquelle vous étiez présent.

M. Charlie Penson: Je m'excuse. Pouvez-vous...

La présidente: Jeudi dernier, à la réunion du comité directeur, nous avons convenu que le ministre viendrait témoigner le 8 mai dans le cadre de l'examen du budget. C'est le premier jour où il était disponible. Nous étions tous d'accord. Pourtant, votre motion s'y oppose. Nous devrons attendre mardi pour l'examiner.

M. Charlie Penson: En fait, madame la présidente, nous avions décidé d'inviter divers ministres ou secrétaires d'État dans un certain ordre pour être sûrs d'avoir fini pour la fin de juin. Aucune date n'avait été fixée.

La présidente: L'étude du budget doit être terminée pour la fin de mai, plus précisément pour le 31 mai. J'ai dit clairement que le premier jour où le ministre serait disponible était le 8 mai. Je croyais que tous les membres du comité directeur étaient d'accord d'entamer l'étude du budget le 8 mai et d'en finir avec l'examen de la Loi sur l'enregistrement des lobbyistes.

Vous devrez attendre mardi pour votre motion. Je tenais à vous le signaler au cas où vous voudriez qu'on l'examine avant mardi.

Monsieur Strahl.

M. Chuck Strahl (Fraser Valley, AC): Madame la présidente, je crois que nous sommes neuf.

La présidente: Non, sept. Les autres personnes ne sont pas membres du comité.

M. Chuck Strahl: C'est exact. Et dire que je les comptais comme membres!

La présidente: Nous avons des témoins à entendre.

M. Chuck Strahl: Pour être sûr que tout est clair, madame la présidente, je signale que les événements qui se sont déroulés depuis quelques jours indiquent, en ce qui nous concerne du moins, qu'il est nécessaire d'examiner cet avis de motion dès que possible. Par conséquent, nous voudrions le faire dans les plus brefs délais. Nous pourrons le faire mardi, comme vous le proposez.

Il me semble que certains éclaircissements sont nécessaires et le conseiller en matière d'éthique est libre, à ce que nous sachions. Nous pourrons commencer l'étude de cette motion dès que possible, si vous le voulez bien.

La présidente: Je vous signale, monsieur Strahl, que moi aussi, je voudrais que cette motion soit examinée dès que possible. J'ai demandé que l'on fasse des recherches. Elles ne sont pas encore terminées.

Je ne peux pas prendre de décision sur cette motion aujourd'hui. Nous ne pouvons pas nous en occuper. Nous avons des témoins à entendre. Si nous examinons la motion, ce sera après avoir entendu les témoins. Le programme a été fixé et les témoins sont là.

Je vous rappelle par ailleurs qu'au cours de la séance du comité directeur, nous nous étions tous entendus. Les procès-verbaux ont été distribués à la dernière réunion, mardi matin, et personne n'a fait d'objection, même pas M. Penson, qui y a pourtant participé.

Nous avons fixé un programme pour aujourd'hui et nous avons demandé au greffier d'inviter les témoins en conséquence. Nous nous sommes entendus sur certaines heures et sur certaines dates pour les réunions. Je dois en tenir compte également. Nous avons demandé aux témoins d'organiser leur emploi du temps en fonction de ces heures-là.

Par conséquent, nous ferons tout notre possible pour pouvoir tout faire. Mardi matin, nous avons un témoin de 9 heures à 10 heures et, à 10 heures, nous aurons tout le temps d'examiner ces deux motions. J'espère que nous pourrons en discuter à fond et en toute franchise mardi à 10 heures.

M. Chuck Strahl: Je ne le conteste pas, madame la présidente, mais je me demande bien à quel propos le greffier fera des recherches. Je pense que les motions sont parfaitement recevables. Nous aurons bientôt le quorum de neuf membres...

La présidente: Monsieur Strahl, nous avons des témoins à entendre.

M. Chuck Strahl: ...mais ce qui est le plus important, madame la présidente, c'est que ça ne nous empêche pas d'examiner la question en comité plénier, peu importe ce qui a été convenu à la réunion du comité directeur. Je tenais à signaler que les membres qui ne font pas partie du comité directeur peuvent présenter des motions. C'est précisément le cas aujourd'hui.

La présidente: Monsieur Strahl, je ne nie pas que d'autres membres puissent présenter des motions. C'est pourquoi nous avons établi le délai de 48 heures, pour pouvoir examiner les motions selon la procédure officielle et en étant bien préparés.

Le comité directeur est l'endroit où nous voudrions que les membres nous fassent part de leurs intentions. Ce ne fut toutefois pas le cas, en l'occurrence. Par conséquent, nous serons obligés de remanier notre programme pour essayer de vous accommoder. Nous nous efforçons de collaborer tous ensemble et je pensais que nous avions eu une discussion très franche à la réunion du comité directeur. J'y ai exposé un programme. J'ai fait des suggestions et proposé des dates.

Mardi matin, à 10 heures, nous aurons tout le temps d'examiner les deux motions. Il y a ici des témoins qui ont fait de longs déplacements et je voudrais leur donner la parole.

Une voix: Bravo!

• 0915

M. Chuck Strahl: Il y aura toujours des témoins mais il reste qu'il y a deux motions, un avis et...

La présidente: Monsieur Strahl, au cas où vous n'auriez pas eu l'occasion de vérifier le Règlement, je vous signale que c'est moi, en qualité de présidente, qui détermine l'ordre dans lequel se déroule la séance. Nous entendons les témoins d'abord et les motions, quand il y en a, sont examinées en fin de séance.

Nos témoins sont là et je vais les appeler.

M. Charlie Penson: Madame la présidente, le comité est libre de faire ce qu'il veut.

La présidente: C'est exact.

M. Charlie Penson: Nous sommes maintenant neuf et, par conséquent, nous avons le quorum nécessaire pour déposer cette motion.

La présidente: On n'a pas besoin de quorum pour déposer une motion.

M. Charlie Penson: C'est pourtant ce que vous venez de dire.

La présidente: Non, pas pour déposer une motion. La motion est déposée quand on la présente au bureau du greffier.

M. Charlie Penson: Écoutez alors, parce que c'est précisément ce que nous demandons.

La présidente: Monsieur Lastewka.

M. Walt Lastewka (St. Catharines, Lib.): Madame la présidente, nous en avons discuté l'autre jour. Nous avions accepté d'entendre M. Wilson et d'accorder cinq minutes à chaque parti pour les questions. Je n'arrive pas à croire que l'on ne procède pas comme convenu.

Nous avons des témoins aujourd'hui. Si nos collègues veulent déposer leur motion, qu'ils le fassent. Ils n'ont pas besoin de quorum. Nous mettrons cette motion aux voix plus tard, conformément au Règlement.

Cette démonstration de sectarisme politique n'est pas digne de nous. Nous avions décidé d'un commun accord d'inviter les témoins et de les écouter parler de questions d'importance nationale. J'estime donc que nous devrions faire comme convenu.

C'est une question qui est revenue sur le tapis à plusieurs reprises au cours des séances précédentes. Nous avons un programme et les témoins sont là; par conséquent, nous devrions respecter ce programme.

La présidente: Monsieur Strahl.

M. Chuck Strahl: Madame la présidente, c'est possible et les témoins trouveront peut-être que nous faisons preuve de sectarisme, mais le comité a reçu un avis pour la motion. Je voudrais présenter la motion maintenant, conformément à l'article 108 du Règlement. Je propose que nous convoquions M. Jonas Prince pour venir témoigner au sujet de la possession des actions de la société 161341 Canada Inc.

La présidente: Monsieur Strahl, je reporte ma décision sur la recevabilité de cette motion à mardi matin, à 10 heures. Je sais que j'ai le pouvoir de le faire. Nous l'examinerons mardi, à 10 heures.

Nous passons maintenant la parole aux témoins.

M. Chuck Strahl: N'avez-vous pas eu un préavis de 48 heures, madame la présidente?

La présidente: Monsieur Strahl, je viens de vous signaler que je reporte ma décision à mardi matin, à 10 heures et que j'en ai le droit. Ma décision est finale.

M. Chuck Strahl: Je conteste la décision, madame la présidente.

M. Reg Alcock (Winnipeg-Sud, Lib.): Mettons la question aux voix.

M. Chuck Strahl: C'est ce que je pense que nous devrions faire. Je n'ai pas confiance dans la présidente en ce qui concerne cette décision.

Vous avez reçu un préavis de 48 heures au sujet de cette motion.

La présidente: Le greffier vient de me signaler que je peux reporter ma décision sur cette motion. Cependant, je serais très heureuse que l'on conteste.

M. Reg Alcock: Soumettez la question au comité.

M. Chuck Strahl: C'est ce que je fais. Je voudrais proposer à ce propos une motion de censure vous concernant, madame la présidente. Je voudrais parler de cette motion, si vous me le permettez.

Une voix: Non.

M. Chuck Strahl: Si. Je peux parler de toutes les motions dont il me plaît de parler.

Pour que ce soit bien clair, madame la présidente, je rappelle que la motion a fait l'objet d'un préavis de 48 heures et que, par conséquent, la procédure a été respectée. Comme l'a signalé M. Penson, le délai de préavis de 48 heures a été respecté. Autrement dit, vous n'avez pas été prise au dépourvu.

La présidente: Monsieur Strahl.

M. Chuck Strahl: Vous avez reçu l'avis de motion 48 heures d'avance. Elle est par conséquent recevable. Elle est traduite.

La présidente: Monsieur Strahl, on invoque le Règlement.

Oui, monsieur Lastewka.

M. Walt Lastewka: Nous avons un programme et la présidente a pris une décision. Toutes ces discussions sont futiles. Nous devrions passer au programme. Nous avons des procédures à respecter, eh bien, qu'on les respecte.

M. Chuck Strahl: C'est ce que nous voulons faire.

M. Walt Lastewka: Non.

M. Chuck Strahl: Nous suivons les procédures.

M. Walt Lastewka: Non, vous n'avez pas suivi les procédures l'autre jour et vous ne les suivez pas aujourd'hui. Pour moi, c'est tout simple.

M. Chuck Strahl: Peut-être, mais...

M. Walt Lastewka: C'est simple.

La présidente: Madame Torsney.

Mme Paddy Torsney (Burlington, Lib.): J'invoque le Règlement, madame la présidente. M. Strahl ne sait peut-être pas que lorsqu'une décision a été prise, elle est irrévocable. La présidente a pris une décision, que vous avez contestée.

M. Chuck Strahl: C'est exact.

Mme Paddy Torsney: Ce n'est pas en répétant continuellement les mêmes arguments que vous ferez changer la décision ou les faits. Par conséquent, si vous voulez présenter une autre motion...

M. Chuck Strahl: Je l'ai fait.

Mme Paddy Torsney: ...et si vous voulez la déposer, faites-le; ensuite, il faudra attendre 48 heures pour qu'on puisse l'examiner.

M. Chuck Strahl: Non. J'ai présenté une motion de censure concernant la présidente et c'est de cette motion que je parle. Un préavis de 48 heures n'est pas nécessaire pour ce genre de motion.

La présidente: Un peu de calme!

En fait, la motion de M. Strahl visant à contester la décision de la présidente n'est pas débattable.

M. Reg Alcock: Elle ne l'est pas. C'est précisément cela.

M. Chuck Strahl: Bien. Votons alors.

M. Charlie Penson: Madame la présidente, je demande un vote par appel nominal.

• 0920

La présidente: Ce n'est pas moi qui tiendrai le vote; par conséquent...

Je ne sais pas comment formuler la question.

M. Reg Alcock: Madame la présidente, dites «La décision de la présidente est-elle maintenue?»

La présidente: Bien.

La décision de la présidente est-elle maintenue?

(La motion est adoptée par 6 voix contre 4)

La présidente: Par conséquent, ma décision est maintenue. Nous examinerons cette motion mardi matin, à 10 heures.

Merci.

Je m'adresse aux témoins. Nous sommes très heureux d'accueillir aujourd'hui les représentants de la Coalition pour l'astronomie au Canada: M. Russell Taylor, président de la Société canadienne d'astronomie et un professeur de l'Université de Calgary.

Je voudrais que l'on se taise. Si vous avez des conversations à poursuivre, allez le faire à l'extérieur. Les témoins sont à la table.

Nous sommes également très heureux d'accueillir M. Peter Janson, président-directeur général de AMEC inc. et M. René Racine, professeur émérite au département de physique de l'Université de Montréal.

Vous ferez d'abord un exposé, puis nous vous poserons des questions.

M. Russell A. Taylor (coprésident, Coalition pour l'astronomie au Canada): Merci, madame la présidente. Je sais maintenant pourquoi on nous appelle des «témoins». Nous sommes ici pour assister au processus de gestion des affaires publiques.

Une voix: Ce n'était pas tout à fait de la gestion des affaires publiques.

M. Russell Taylor: Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner et je vous remercie également d'avoir invité mes collègues et moi-même à vous faire un exposé sur une vision nationale de l'avenir de l'astronomie canadienne.

Mon bref discours sera accompagné d'une présentation, à l'autre extrémité de la salle, qui sera orchestrée par mon collègue Steve Schumann.

Je m'appelle Russ Taylor et je suis président de la Société canadienne d'astronomie, et coprésident de la Coalition pour l'astronomie au Canada. À côté de moi se trouve Peter Janson, président et p.—d.g. d'AMEC inc., et coprésident de la Coalition. Je suis également accompagné de René Racine, qui est un membre de marque de notre confrérie. Il a reçu la médaille de l'Ordre du Canada. Il est ex-directeur de projet de télescope Canada-France-Hawaï et est actuellement membre du conseil du CNRC.

Les astronomes canadiens ont élaboré un plan décennal sur l'astronomie au Canada. Ce plan à long terme repose sur la position de force qu'occupent la science et la technologie canadiennes sur la scène internationale et offre des occasions à l'industrie canadienne de la haute technologie, ainsi qu'à nos jeunes chercheurs scientifiques et technologues, de prendre part à l'élaboration de nouvelles technologies et innovations, en plus d'assurer le leadership du Canada dans les travaux qui sont entrepris pour repousser encore un peu plus, à l'échelle mondiale, les frontières des connaissances sur la nature de notre univers.

Aujourd'hui, nous voulons vous donner un aperçu du plan à long terme du Canada pour l'astronomie et l'astrophysique et vous dire pourquoi il est important, pour l'avenir de notre pays, que le Canada continue d'apporter son appui à ce secteur clé de la recherche scientifique.

En guise d'introduction, j'aimerais vous donner une idée de la situation de cette discipline à l'échelle internationale et du rôle dominant que joue le Canada dans le monde.

Les progrès réalisés dans le domaine de la technologie au cours des dernières décennies, dont un grand nombre sont à mettre au crédit des Canadiens, ont amené l'astronomie à un point où elle peut réécrire toute l'histoire de notre monde. Nos télescopes les plus puissants, par exemple le télescope spatial Hubble, nous donnent une image de l'univers de la moitié de son âge actuel. Nous sommes maintenant sur le point d'aller encore plus loin dans le temps et de répondre à des questions fondamentales qui n'ont jamais cessé de piquer la curiosité des êtres humains.

Comment l'univers extrêmement structuré qui nous entoure a-t-il vu le jour? À quand remonte l'aube de la première lumière et la naissance des étoiles et des galaxies? Comment l'univers a-t-il évolué et quel est son sort ultime? Quand les premiers éléments de la vie sont-ils apparus? La vie—et avec elle, la civilisation—existe-t-elle ailleurs dans l'univers? Quelle est la place de l'humanité dans cette histoire du cosmos?

Ce sont là des exemples de questions qui motivent l'élaboration de la prochaine génération de télescopes au sol et dans l'espace. Ces télescopes seront tellement puissants et pousseront tellement loin les technologies actuelles qu'aucun pays n'a les ressources nécessaires pour les concevoir sans aide.

• 0925

L'astronomie entre, elle aussi, dans une ère marquée du sceau de l'internationalisation où des groupes de pays développés travaillent ensemble et regroupent leurs ressources pour élaborer et construire des installations qui donnent une nouvelle définition du «fin du fin».

Le Canada est un joueur important dans ces projets internationaux. Nombre de Canadiens savent très bien que leur pays est un leader mondial en science et en technologie mais, parmi toutes les disciplines scientifiques, le Canada compte pour environ 5 p. 100 de la recherche entreprise dans le monde entier. L'impact relatif d'une discipline sur la scène internationale se mesure par le nombre de citations des recherches publiées (soit l'utilisation, par d'autres chercheurs, des recherches publiées).

En science et technologie canadiennes, l'astronomie est en tête de toutes les disciplines sur le plan de l'impact international. Sur le schéma, à l'extrémité de la pièce, l'astrophysique est représentée par la barre supérieure. L'astronomie est suivie de près par la médecine et la chimie.

L'impact de l'astronomie canadienne, par astronome, fait de notre pays le troisième joueur le plus important dans ce domaine d'études, précédé par les États-Unis et le Royaume-Uni. Nous devançons d'autres grandes nations qui appuient la science et la technologie, bien que le niveau de financement du Canada par habitant en astronomie soit le plus faible parmi les pays membres du G-7, en fait, sept fois moins qu'aux États-Unis et cinq fois moins qu'au Royaume-Uni.

Quelle que soit la méthode utilisée, le Canada figure toutefois parmi les leaders mondiaux en astronomie et en astrophysique. La recherche et les découvertes canadiennes ont directement permis à l'astronomie de faire de gros progrès pour occuper sa position actuelle au niveau international.

Parmi les découvertes faites par des astronomes canadiens au cours des 10 dernières années, je mentionnerai l'invention de techniques permettant de mesurer, de façon extrêmement précise, les déplacements des étoiles, dont on se sert actuellement pour détecter la présence de planètes autour d'autres étoiles, et l'élaboration de techniques optiques adaptatives pour supprimer les distorsions des images optiques causées par l'atmosphère de la terre. Des théoriciens canadiens ont utilisé des ordinateurs pour établir et prédire la structure de l'univers avant l'aube de la lumière, c'est-à-dire lorsque la première lumière est apparue. Ces prédictions seront mises à l'épreuve par la prochaine génération de télescopes.

En outre, des chercheurs scientifiques canadiens ont utilisé des mesures des mouvements des galaxies dans l'espace pour évaluer la densité de l'univers et pour prédire s'il continuera à prendre de l'expansion sans arrêt ou si sa croissance s'arrêtera. Des chercheurs scientifiques canadiens ont trouvé le lien manquant dans l'évolution de la matière depuis l'état embryonnaire à l'extérieur des galaxies jusqu'à l'étape complexe nécessaire pour former les premiers éléments de la vie.

Un des facteurs les plus importants qui a permis au Canada d'atteindre ce niveau très élevé dans la communauté astronomique internationale a été les relations entre le secteur universitaire et le Conseil national de recherches du Canada.

Dans le cadre du mandat que le Parlement lui a confié, le CNRC est chargé d'exploiter les installations internationales pour l'astronomie canadienne. Il continue de jouer ce rôle fondamental dans la création de partenariats internationaux et la négociation d'ententes pour élaborer conjointement de nouveaux télescopes. Le CNRC entretient par ailleurs des télescopes et laboratoires nationaux où des technologies de pointe sont élaborées et où de jeunes Canadiens suivent une formation.

Malgré nos grands succès en astronomie, alors que la communauté internationale se démène en vue de concevoir les nouveaux observatoires mondiaux, le Canada risque de se retrouver sur la touche. Les enjeux ont en effet changé. Le plan à long terme pour l'astronomie et l'astrophysique, ou PLT, a un grand objectif, soit celui de s'assurer que le Canada reste un intervenant clé dans cette nouvelle ère de l'internationalisation et que nous profitions des avantages économiques et scientifiques des nouveaux développements en astronomie.

C'est un objectif abordable et réalisable, du fait de la position actuelle de chef de file qu'occupe le Canada dans le domaine de l'astronomie internationale.

Conçu par un groupe d'experts, ce plan traduit le consensus et l'appui de l'ensemble de la communauté de l'astronomie. Il repose sur nos points forts scientifiques et techniques naturels pour que le Canada conserve son leadership en astronomie sur la scène internationale. Ce plan a été par ailleurs cautionné publiquement par tous les principaux intervenants, notamment les présidents de tous les organismes gouvernementaux qui fournissent des fonds pour l'astronomie, soit le Conseil national de recherches du Canada, l'Agence spatiale canadienne et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, par les recteurs de toutes les universités canadiennes qui prennent part à des travaux de recherche en astronomie, par des dirigeants de l'industrie canadienne comme M. Janson, qui est à mes côtés, et par ceux ou celles qui se chargent de sensibiliser la population aux sciences. Il bénéficie d'un appui étendu.

Le plan à long terme demande un investissement dans le développement de la technologie, dans l'infrastructure et dans les ressources humaines au cours des 10 prochaines années. Ainsi, nous voudrions qu'environ 200 millions de dollars soient consacrés au développement de technologies canadiennes pour de grandes missions internationales en astronomie spatiale et pour la nouvelle génération d'observatoires mondiaux au sol.

Dans l'espace, le Canada sera partenaire dans le télescope spatial de la prochaine génération qui remplacera le télescope Hubble vers 2010. Il permettra de remonter un peu plus loin dans l'histoire de l'univers, jusqu'à la formation des premières galaxies. Dans le cadre des missions FIRST et Planck, on examinera la radiation résiduelle du big bang et dans le cadre de la mission spatiale de la prochaine génération, on explorera l'univers pour y chercher des trous noirs extrêmement massifs. Ce sont des missions exaltantes.

• 0930

Sur terre, le Canada fournira des technologies clés pour le Atacama Large Millimetre Array ou ALMA, y compris des dispositifs électroniques numériques spécialisés, à haute vitesse, pour convertir les faibles signaux que reçoivent les télescopes en images de la radiation de la poussière et du gaz, lors des premières étapes de la création de l'univers. Les plans du partenariat canadien dans l'ALMA ont été officialisés dans le cadre d'une entente conclue entre la National Science Foundation des États-Unis et le Conseil national de recherches.

Nous allons aussi développer un tout nouveau concept de radiotélescope canadien, appelé le Réflecteur adaptatif géant, et construire le plus grand télescope au monde, au Canada, dans le cadre du développement de la technologie pour le Square Kilometre Array, qui sondera la période sombre de l'univers, avant l'apparition de la lumière. Cette innovation technique par des chercheurs scientifiques canadiens permettra de construire des radiotélescopes géants pour un 10ième de leur coût actuel.

Nous allons par ailleurs concevoir de nouvelles approches à la fabrication de télescopes optiques, dans le cadre du programme international destiné à élaborer un très grand télescope optique au sol, qui servira notamment à mesurer les propriétés des planètes aux alentours des étoiles avoisinantes.

Tous ces développements de la technologie sont entrepris en partenariat avec l'industrie canadienne. Un autre montant de 64 millions de dollars servira aux ressources humaines, à l'infrastructure et à la formation au Canada.

Un investissement canadien de quelque 264 millions de dollars au cours des 10 prochaines années donnera au Canada la possibilité de prendre part à la nouvelle génération d'observatoires dont la valeur se situe à plus de 4 milliards de dollars. Cet investissement permettra aux industries de la technologie et du savoir du Canada d'acquérir une nouvelle expertise, et aux entreprises canadiennes de soumissionner pour des contrats de plusieurs milliards de dollars. Sans cet investissement, ce ne serait pas possible.

Les éléments spatiaux du plan à long terme (100 millions de dollars) ont été financés par l'Agence spatiale canadienne. Ces fonds ont d'ailleurs déjà été engagés. La Coalition pour l'astronomie au Canada cherche maintenant un engagement pour le restant des fonds, soit 16,4 millions de dollars par an pendant 10 ans, pour les éléments terrestres du plan.

Cet investissement assurera aux scientifiques canadiens un accès aux nouveaux observatoires mondiaux. Il permettra aux entreprises canadiennes de technologie et d'ingénierie d'occuper une position concurrentielle pour la conception, le développement, la construction et l'entretien de ces installations.

Les sommes investies dans l'astronomie représentent un investissement direct dans l'économie du Canada. Au cours des deux dernières décennies, les fonds que le gouvernement a investis dans la R-D industrielle pour l'astronomie ont eu un rendement direct multiplié par deux pour l'industrie canadienne de la haute technologie, grâce à l'acquisition de l'expertise nécessaire pour qu'elle soit concurrentielle sur la scène internationale. Je citerais comme exemples les éléments optiques de pointe, les conceptions structurelles novatrices, le traitement de signaux numériques à haute vitesse, les télécommunications, l'ingénierie des systèmes de contrôle, les technologies de l'information, etc., et cette liste n'est pas exhaustive.

L'entreprise de Peter Janson, AMEC, est un exemple parfait de l'impact que l'astronomie peut avoir sur l'économie canadienne. Je voudrais maintenant lui demander de vous faire part de son expérience et de quelques-unes de ses observations en la matière.

Monsieur Janson.

[Français]

M. Peter Janson (président et chef de la direction, AMEC Inc., Coalition pour l'astronomie au Canada): Merci, Russ.

Madame la présidente, distingués députés, mesdames et messieurs, je vous remercie de nous avoir invités à vous rencontrer aujourd'hui.

Comme l'a dit M. Taylor, les membres de la Coalition pour l'astronomie au Canada tentent de contribuer à la mise en oeuvre du Plan à long terme pour l'astronomie et l'astrophysique au Canada. Pour ce faire, nous devons réunir 16,4 millions de dollars par année pendant les 10 prochaines années.

Le Canada est un chef de file mondial dans le domaine de l'astronomie. Lors de la récente campagne électorale, le Parti libéral s'est engagé à accroître considérablement les fonds attribués à la recherche-développement fondamentale dans le but, notamment, d'accroître le prestige du Canada dans le domaine des sciences et de la technologie.

De nombreuses raisons justifient un tel investissement. Nous nous trouvons, à plusieurs égards, à un carrefour aussi crucial que dans les années 1989-1990, alors que le Canada décidait de participer au projet Gemini. À ce moment-là, le secteur privé s'engageait dans le programme Keck. Aujourd'hui, nous devons procéder autrement pour les grands projets.

En janvier, le Canada a signé des accords internationaux. Il sera bientôt temps que nous engagions des fonds pour nous acquitter de nos obligations. Si nous ne nous joignons pas aux discussions bientôt, nous aurons moins d'influence sur la définition des projets, et nos compétences et technologies pourraient être remplacées par celles d'autres pays qui sont prêts à aller de l'avant.

• 0935

M. Taylor a expliqué en quoi cet investissement est justifié sur le plan scientifique. J'aimerais maintenant faire l'analyse de rentabilisation.

[Traduction]

Le Canada investit actuellement environ 22 millions de dollars par an dans l'astronomie, ce qui représente un investissement annuel de 98c. par habitant. Notre investissement est nettement inférieur à l'investissement américain par habitant et généralement cinq fois inférieur à l'investissement fait par les pays européens ayant un PIB analogue au nôtre. Malgré ce faible investissement, le Conseil national de recherches entretient trois installations importantes à l'étranger par le biais de partenariats internationaux.

L'ingénierie canadienne a été le fondement de ces observatoires impressionnants, à savoir les télescopes jumeaux Gemini de huit mètres, un à Hawaï et l'autre au Chili, le télescope Canada-France-Hawaï et le radiotélescope James Clerk Maxwell.

Je voudrais mettre l'accent sur les télescopes Gemini pour démontrer que cet investissement ciblé est extrêmement rentable pour le Canada.

Le Canada a investi 38 millions de dollars pour sa participation dans les télescopes jumeaux Gemini de huit mètres. Mon entreprise, AMEC Dynamic Structures, autrefois appelée AGRA Coast, a construit les dômes des Gemini. Notre contrat, rien que pour la construction des télescopes, se chiffrait à 44 millions de dollars. Les recettes totales brutes générées par les travaux que nous avons effectués sur les télescopes s'élèvent à près de 150 millions de dollars.

Plusieurs entreprises canadiennes ont soumissionné pour d'autres contrats d'une valeur de 8 millions de dollars pour installer du matériel électronique ultramoderne sur les Gemini. Ces projets ont généré pour le Canada des retombées supérieures à l'investissement initial de 38 millions de dollars. En outre, plus de 80 entreprises de haute technologie et d'ingénierie de diverses régions du Canada qui participent à des projets dans le secteur de l'astronomie n'auraient pas pu soumissionner si le Canada n'avait pas participé.

Grâce à son expérience en matière de structures pour l'astronomie, AMEC se situe maintenant au premier rang, à l'échelle internationale, d'un autre secteur, celui de la construction de manèges, qui génère des recettes de plusieurs milliards de dollars. On pourrait croire que j'exagère, mais c'est vrai. La société AMEC est devenue l'entrepreneur de choix et apporte des solutions clé en main à quelques-unes des principales entreprises d'aménagement de parcs de manèges nord-américaines et de constructeurs de parcs thématiques étrangers.

Par conséquent, quand on est sur un de ces manèges d'où on a l'impression de tomber du haut d'une falaise, vous pouvez vous dire que ce sont nos manèges. Peut-être avez-vous même cette impression-là aujourd'hui.

Des voix: Oh, oh!

M. Peter Janson: Ce n'est que de la réalité virtuelle.

Une voix: C'est la même chose ici.

M. Peter Janson: L'activité économique générée par la construction et l'exploitation d'installations astronomiques importantes a de nombreuses incidences. Même en faisant preuve de modération dans ses calculs, on constaterait que, pour chaque dollar investi par le Canada dans des projets concernant l'astronomie, les Canadiens reçoivent au moins le double grâce aux retombées de ces projets et au travail qu'ils sont particulièrement aptes à accomplir dans ce domaine.

Si nous mettons le plan à exécution dans son entièreté, il permettra non seulement au Canada de préserver sa position de chef de file dans l'astronomie mondiale, mais nos conceptions serviront de modèles dont on s'inspirera dans d'autres pays. Dans le cas des télescopes Gemini, nous avons soumissionné pour la construction de structures en suivant le descriptif. Si le PLT est mis en «uvre, le Canada établira lui-même le descriptif qui devra être respecté par les soumissionnaires. Ça peut tout comprendre. Le télescope peut être entièrement développé au Canada, par des Canadiens, pour le marché mondial.

Une chose est certaine: si nous n'investissons pas dans la nouvelle série de projets signalés dans le plan à long terme, la technologie canadienne ne sera pas utilisée et les entreprises canadiennes ne pourront pas soumissionner.

Soyez assurés que ces projets seront réalisés avec ou sans la participation du Canada. Les représentants des entreprises qui font partie de la Coalition veulent soumissionner et décrocher des contrats, de sorte que le Canada soit gagnant. Qu'il s'agisse d'ingénieurs, de techniciens, d'étudiants des cycles supérieurs ou de chercheurs qui font de la recherche avancée, les Canadiens veulent continuer de jouer un rôle de premier plan dans la découverte des mystères des origines de notre univers. Nous vous demandons aujourd'hui de partager cette vision.

Russ.

M. Russell Taylor: Merci, Peter.

C'est un très bon exposé de la situation. Un investissement dans l'astronomie canadienne peut avoir des retombées positives considérables pour l'économie canadienne, grâce à des dépenses directes dans la R-D en haute technologie et aussi à l'acquisition d'une expertise permettant à d'autres secteurs de prendre de l'expansion.

• 0940

De nombreuses retombées de la recherche astronomique ont eu de l'impact sur nos vies quotidiennes. Je vais vous donner quelques exemples.

La technologie actuelle englobant le programme Web Netscape a été inventée pour des travaux en astrophysique instrumentale.

Les techniques de reconstruction d'images développées pour l'astronomie servent à l'analyse des examens TDM et par imagerie à résonnance magnétique.

Les récepteurs hyperfréquents sensibles, autres développements astronomiques en radioastronomie, servent aux examens du cancer du sein.

Les précurseurs des détecteurs utilisés pour les bagages dans les aéroports ont été développés pour les satellites détecteurs de rayons X.

La technologie du radar à antenne synthétique, comme celle qui est utilisée dans le cadre du programme canadien RADARSAT pour faire un levé cartographique extrêmement détaillé de la terre, a recours à la technique de la synthèse d'ouverture qui a été mise au point par des radioastronomes pour obtenir des images détaillées du ciel.

Deux élèves de l'École polytechnique de Montréal ont lancé une petite entreprise appelée Matrox, en 1979, pour produire des cartes électroniques pour le stockage des images provenant de l'Observatoire Mont-Mégantic au Québec. À l'heure actuelle, Matrox est un chef de file mondial en matière de production de cartes vidéo pour ordinateurs personnels et ses ventes à l'étranger se chiffrent à 200 millions de dollars par an.

Deux chercheurs du même observatoire, dont M. Racine, qui est à côté de moi, ont développé un système d'affichage informatique pour les images astronomiques. L'entreprise de services informatiques qui produit ce logiciel, Softimage, est devenue un chef de file en matière de visualisation sur ordinateur et de production vidéo.

Quels nouveaux produits et processus verront le jour si nous continuons à repousser, grâce à l'astronomie, les limites de l'imagination des scientifiques, des technologues et des ingénieurs canadiens? Cela reste certes à voir, mais nous savons pertinemment que les avantages seront non seulement réels mais aussi durables. Nous avons le talent nécessaire.

Bref, la mise en application du plan à long terme pour l'astronomie et l'astrophysique permettra au Canada de conserver son leadership dans un domaine important de la science et augmentera sa réputation en tant que chef de file dans les domaines de la recherche scientifique et de la R-D en haute technologie. Il développera l'expertise nécessaire dans l'industrie canadienne pour nous donner un avantage concurrentiel au sein de la communauté internationale de la haute technologie, ainsi qu'un taux de rentabilité très élevé sur nos investissements. Il passionnera les jeunes Canadiens et nous aidera à garder chez nous—là où elle devrait rester—toute une génération de nos jeunes scientifiques, les meilleurs et les plus brillants.

Il donnera aussi aux Canadiens, ce qui est peut-être l'élément le plus passionnant, un rôle de chef de file dans une ère nouvelle et historique de l'exploration du cosmos. Les Canadiens prendront part à l'exaltation de la découverte et partageront la fierté nationale d'avoir contribué à reculer les frontières du savoir et d'avoir participé à cette aventure.

J'invite donc expressément le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie à appuyer le plan à long terme pour l'astronomie et l'astrophysique. Ce plan est bon pour le Canada.

Lorsque le ministre de l'Industrie s'est adressé à vous la semaine dernière, il a répondu à une question de M. Manning sur les critères qui seraient utilisés pour décider quelles propositions seront appuyées et financées. Le plan à long terme est conforme aux critères du ministre. Nous ne demandons pas une exception, ni une exemption de quelque manière que ce soit.

Le ministre Tobin a dit d'ailleurs qu'il ne tenait pas à financer une liste de projets mais qu'il désirait plutôt se fier aux conseils de groupes d'experts. Les documents concernant le plan à long terme que vous avez devant vous comprennent un rapport d'un groupe international d'experts qui ont examiné le plan et l'ont cautionné sans réserve. Qui plus est, le Comité de planification à long terme CNRC-CRSNG, qui a préparé et rédigé le plan, était lui-même un groupe d'experts. C'est un plan national qui a l'appui total du milieu de l'astronomie. Il bénéficie en outre d'un appui très large, comme je l'ai déjà signalé.

Le ministre Tobin a aussi indiqué que sa priorité était d'investir dans «l'excellence dans la recherche», dans le «mérite» et «là où les sommes que nous investissons produisent le plus fort rendement». Les astronomes canadiens sont les chefs de file dans le monde entier en ce qui a trait aux citations de recherche et ils ont en outre la productivité la plus élevée en astronomie, parmi les pays de l'OCDE, malgré les niveaux de financement plus faibles. Au Canada, la science de l'astronomie est, de toutes les disciplines, celle qui a le plus gros impact sur la recherche mondiale.

En tant que coprésident de la Coalition, Peter Janson a démontré que les investissements dans l'astronomie produisent des taux de rendement élevés dans les industries canadiennes de la haute technologie, de la construction et du génie. Le plan à long terme est cohérent. Il a du bon sens. Il jouit d'un appui très large parmi les astronomes, les universitaires et l'industrie. Il répond à tous les critères avancés par le ministre de l'Industrie.

Nous recherchons un moyen de poursuivre notre «uvre et de financer l'élément terrestre du plan cohérent que vous avez sous les yeux. Dans bien des milieux, on estime que le PLT est bon pour le Canada et pourtant, en raison de contraintes internes et d'autres formules de financement dans des programmes tels que le Fonds canadien pour l'innovation ou les Réseaux de centres d'excellence, il n'y a toujours pas de source de financement cohérente pour ce plan. On n'a pas encore prévu des fonds à cet effet.

Le Conseil national de recherches, qui a le mandat et l'expérience pour négocier pour le Canada sur la scène internationale, ainsi que pour construire et exploiter des installations d'astronomie au nom des scientifiques canadiens, est tout naturellement la source de financement qui s'impose.

Mme Torsney a posé la question suivante au ministre, la semaine dernière, concernant le PLT. Elle lui a demandé s'il était possible que les gens assis autour de la table trouvent des moyens novateurs de faire avancer les choses car, comme elle l'a dit, «quelques fonds par ici, quelques fonds par là ne constituent pas pour autant un engagement international sur 10 ans, n'est-ce pas?».

La communauté canadienne de l'astronomie a réalisé de très grandes choses jusqu'à présent. La découverte des origines et de la structure de l'univers ne sont plus qu'à deux pas de nous. Nous voulons perpétuer la tradition de l'excellence canadienne et prendre part à ces découvertes. Nous espérons que vous nous y aiderez en encourageant le gouvernement à financer le plan à long terme pour l'astronomie et l'astrophysique au Canada.

Je vous remercie.

• 0945

La présidente: Merci beaucoup pour cet exposé. Nous aurons certainement beaucoup de questions.

Je signale à mes collègues qu'une autre réunion doit avoir lieu dans cette salle, à 11 heures. Par conséquent, essayez de poser de courtes questions.

Monsieur Rajotte.

M. James Rajotte (Edmonton-Sud-Ouest, AC): Merci.

Je vous remercie d'être venus ce matin et d'avoir fait preuve de patience.

Je reconnais que je ne suis pas expert dans ce domaine mais j'apprécie beaucoup les renseignements que vous nous avez donnés. J'ai deux questions fondamentales à vous poser à propos de votre exposé. La première concerne l'investissement et le financement accrus que vous demandez, financement qui se fait actuellement par le biais de trois organismes. Est-ce la meilleure formule de financement du plan en question ou le financement devrait-il être sous la direction d'un seul organisme?

Vous pourriez peut-être faire des commentaires à ce sujet.

M. Russell Taylor: À l'heure actuelle, trois organismes financent l'astronomie au Canada. Le premier est le Conseil national de recherches qui a un mandat en ce qui concerne les éléments d'installation et les installations pour la communauté nationale. Le deuxième est le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) qui finance la recherche faite dans les universités. Cet organisme répond aux propositions personnelles et à celles des titulaires de bourses dans les universités. Sa participation représente environ 25 p. 100 du niveau de financement annuel. Le troisième est l'Agence spatiale canadienne qui verse actuellement une dizaine de millions de dollars par an pour la participation aux programmes spatiaux.

Ce système est très efficace et je ne vois aucune raison de le changer. La majeure partie de l'argent passe par le Conseil national de recherches parce que, depuis toujours, ce sont les programmes au sol qui représentent le coût le plus important. L'Agence spatiale canadienne occupe une place de plus en plus importante à cause de son nouvel engagement. Les fonds nécessaires sont du même ordre que ce dont nous avons besoin pour les programmes au sol.

Nous collaborons avec ces deux sources de financement depuis une vingtaine d'années et cela se passe très bien. C'est notamment cette collaboration qui explique notre réussite dans ce domaine. Par conséquent, je ne recommanderais pas de changer de formule.

[Français]

M. René Racine (professeur émérite, Département de physique, Université de Montréal, Coalition pour l'astronomie au Canada): Madame la présidente, j'aimerais ajouter aux commentaires de M. Taylor que la collaboration entre le laboratoire de l'Institut Herzberg d'astrophysique et le groupe universitaire dont je fais partie a été une composante essentielle du succès de l'astronomie canadienne aussi longtemps que je puisse me souvenir. Quelle que soit la façon dont le plan à long terme est financé, il est essentiel que cette collaboration et cette cohérence entre les laboratoires universitaires et les laboratoires gouvernementaux soient assurées.

[Traduction]

M. James Rajotte: À ce propos, je voudrais savoir qui décide, ou comment on décide, quelle portion des fonds passe par l'Agence spatiale? En ce qui concerne les 16,4 millions de dollars demandés dans l'immédiat par exemple, qui déciderait le pourcentage de cette somme passant par les diverses étapes?

M. Russell Taylor: L'affectation est en fait dans la proposition. Sur les 164 millions de dollars étalés sur une période de 10 ans, nous proposons que 17 millions de dollars soient versés par l'intermédiaire du CRSNG pour financer la participation universitaire à ces projets et que 147 millions de dollars soient versés par l'intermédiaire du CNRC pour la construction et le fonctionnement de ces installations.

La plus grosse partie de ces fonds, bien qu'ils passent par le CNRC, se retrouvent en fin de compte dans les poches de l'industrie canadienne parce que les contrats sont adjugés à des entreprises comme celle de M. Janson, pour développer des technologies. C'est toutefois le Conseil national de recherches qui gère ces fonds.

Cela se fait, bien entendu, avec la collaboration des milieux universitaires. Le CNRC et les universités travaillent depuis longtemps en étroite collaboration.

La présidente: La dernière question, monsieur Rajotte.

M. James Rajotte: La dernière question concerne le passage qui se trouve en haut de la page 4, à savoir:

    Des chercheurs scientifiques canadiens ont trouvé le lien manquant dans l'évolution de la matière depuis l'étape embryonnaire à l'extérieur des galaxies jusqu'à l'étape complexe nécessaire pour former les premiers éléments de la vie.

Ce n'est qu'une question d'intérêt personnel, mais j'apprécierais beaucoup que l'un de vous fasse des commentaires à ce sujet.

M. Russell Taylor: Je pourrais vous faire tout un exposé. Cela s'est fait dans le cadre d'une recherche à laquelle je participe, le levé canadien de la Galaxie. Il s'agit d'un projet international, placé sous la direction du Canada, consistant à faire un levé très détaillé du contenu gazeux de notre galaxie.

• 0950

Le gaz que contient notre galaxie est la matière à partir de laquelle les planètes, les êtres et les étoiles se sont formés. Un des problèmes consistait à déterminer comment la matière évolue d'un état diffus à l'extérieur des galaxies pour former ces molécules plus complexes. Dans le cadre de ce levé, nous avons relevé un état de la matière qui, de toute apparence, établit le lien entre ces deux états. Ce gaz est une version très froide et très dense d'hydrogène, qui constitue la première étape vers la formation de molécules plus complexes.

M. James Rajotte: Qu'est-ce qui provoque le passage d'un état à l'autre?

M. Russell Taylor: Il existe dans l'univers deux forces compensatoires gui génèrent l'évolution de la matière. Lorsque l'univers s'est formé, il était très diffus et homogène; pour que cette masse se transforme en étoiles et en planètes, il fallait qu'elle soit comprimée. Il s'agit d'une compression forcée. Nous pensons que les spirales que l'on voit dans une galaxie la traversent et provoquent une onde de choc dont l'impact ébranle toute la galaxie. Nous pensons que c'est ce choc qui a produit la force de compression nécessaire pour obtenir l'état gazeux.

La présidente: Est-ce que c'est la réponse que vous cherchiez, monsieur Rajotte?

M. Russell Taylor: Je peux toujours revenir faire un exposé à ce sujet, si vous le désirez.

M. James Rajotte: C'est fascinant.

M. Russell Taylor: Je suis très heureux que vous ayez posé cette question.

La présidente: Merci bien, monsieur Rajotte.

Monsieur Bélanger.

M. Mauril Bélanger (Ottawa-Vanier, Lib.): Je tiens à signaler que j'ai déjà appuyé ce projet par écrit. J'estime qu'il faudrait trouver un moyen de le financer pendant une dizaine d'années. Je suis tout disposé à appuyer une motion à cet effet, que nous pourrions présenter au gouvernement, si c'est opportun, madame la présidente, même avec un préavis de 24 ou de 48 heures—à moins que nous n'ayons votre accord unanime, bien entendu.

De toute façon, j'espère sincèrement que nous envisagerons de prendre une telle initiative pour soutenir le financement de ce programme et faire des recommandations à cet égard au gouvernement. Voilà ce que je voulais dire en premier lieu.

J'ai par ailleurs une question à poser au sujet du programme proprement dit. Je sais qu'un comité du Parlement britannique a examiné un scénario, exploité à maintes reprises par l'industrie du cinéma hollywoodienne au cours des dernières années, à savoir la possibilité qu'un objet entre en collision avec la terre. Bien sûr, dans le scénario en question, il s'agit d'un objet artificiel; il n'empêche qu'une telle collision pourrait survenir un jour. Cela semble même inéluctable...

Quoi qu'il en soit, ce comité a étudié un scénario à propos des objets qui gravitent à proximité de la terre pour essayer de déterminer les risques de collision et de savoir ce qui pourrait ou devrait être fait. Je n'ai pas encore entendu parler de son rapport, bien qu'il se trouve dans ma pile de documents à lire. Je l'examinerai...

Je pense qu'il a recommandé un télescope spatial supplémentaire. Êtes-vous au courant de ces travaux?

M. Russell Taylor: Je n'ai pas du tout participé à ces discussions.

[Français]

M. René Racine: Effectivement, on a proposé l'installation de deux télescopes au sol et possiblement d'une station spatiale qui pourrait être en service constamment pour surveiller ces objets qui pourraient frapper la terre. M. Bélanger a raison. C'est une possibilité. C'est même une certitude, si on attend assez longtemps. Ça se produit à peu près tous les 60 millions d'années. La dernière fois, les dinosaures en ont souffert.

Il n'y a pas de cible spécifique pour ce projet dans le plan à long terme, mais la contribution que doivent faire les astronomes est de trouver les statistiques et d'informer correctement le public des risques ou des quiétudes qu'il peut avoir.

[Traduction]

M. Mauril Bélanger: Madame la présidente, il serait peut-être bon qu'à un moment ou l'autre, nous soyons informés des conclusions du comité parlementaire britannique qui a examiné cette question... Nous devrions peut-être examiner la question nous-mêmes, du moins le rapport.

M. Russell Taylor: Je pourrais peut-être faire quelques autres commentaires. La question de l'astéroïde terrestre dont le scénario a été repris à plusieurs reprises, ces dernières années, par les milieux hollywoodiens du cinéma—et qui est devenue un sujet de discussions non seulement au Royaume-Uni mais aussi dans d'autres pays—n'est pas une des priorités du plan à long terme pour l'astronomie. Cependant, je tiens à signaler que l'on a pris diverses initiatives, au Canada et aux États-Unis, pour étudier la question des astéroïdes qui gravitent à proximité de la terre. En fait, c'est un des buts de l'observatoire de l'Université de Calgary. C'est un sujet d'étude auquel un petit observatoire se prête bien. Ce n'est pas un programme très coûteux.

• 0955

En outre, plusieurs des concepts qui se développeront dans le cadre du plan à long terme se prêtent à ce genre de projets d'étude. Une des nouvelles orientations technologiques des télescopes est de pouvoir donner simultanément une image d'une grande partie du ciel. Lorsqu'on est capable de le faire, des projets comme les recherches sur les astéroïdes gravitant à proximité de la terre deviennent réalisables.

Par conséquent, même si nous ne l'avons pas souligné dans le plan, c'est le genre d'étude que nous pourrions envisager de faire avec ces télescopes.

M. Mauril Bélanger: Que faudrait-il faire pour cela?

M. Russell Taylor: C'est le genre d'étude que l'on pourrait faire avec ces télescopes, lorsqu'ils auront été construits. Il suffirait que les intervenants aient la volonté de le faire.

M. Mauril Bélanger: Y a-t-il une raison pour laquelle il n'en a pas été question dans votre exposé, dans le contexte de votre plan à long terme?

M. Russell Taylor: Oui. Nous n'avons pas considéré que c'était une priorité importante pour l'astronomie et l'astrophysique canadiennes.

M. Mauril Bélanger: Ce pourrait toutefois être une étude secondaire en quelque sorte; par conséquent, je ne comprends pas pourquoi vous ne la feriez pas.

M. Russell Taylor: Nous la ferions probablement, mais ce n'est pas une priorité importante dans le plan. Il y a beaucoup d'initiatives que nous voudrions prendre et qui ne sont pas mentionnées dans le plan. Celles qui le sont ont une grande priorité.

M. Mauril Bélanger: Je comprends cela. J'avais peut-être mal compris. En fait, ce que j'avais compris, c'est que si le plan est financé et mis en «uvre tel que vous le présentez, vous serez en mesure de le faire.

M. Russell Taylor: Oui.

M. Mauril Bélanger: Je dirais alors que ce serait un bon moyen de le faire accepter.

La présidente: Monsieur Racine, voulez-vous tenter de répondre?

[Français]

M. René Racine: La NASA a un projet qui poursuit ces objectifs. Ce projet a été fait au Nouveau-Mexique avec un télescope construit par un Canadien de l'Université Laval, un télescope de trois mètre à miroir liquide, qui est une technologie qui s'y prête bien.

La question est intéressante, mais elle n'est pas scientifiquement prioritaire dans la communauté. C'est un problème de choix pour nous, mais je peux vous assurer, comme vous le comprenez bien, que les télescopes que nous proposons—optiques, à infrarouge—sont tout à fait capables et même très bien conçus pour servir ce projet-là.

Si vous le voulez, je pourrais vous donner plus tard en privé quelques informations sur les détails de la raison pour laquelle on entend tant parler de ce projet au États-Unis.

M. Mauril Bélanger: Merci. Merci, madame la présidente.

La présidente: Merci, monsieur Bélanger.

Madame Girard-Bujold.

Mme Jocelyne Girard-Bujold (Jonquière, BQ): Merci, madame la présidente.

Messieurs, merci. C'est la deuxième fois que j'assiste à une séance du Comité de l'industrie. Ce matin, je suis très heureuse d'avoir assisté à une rétrospective de l'implication du Canada en recherche astronomique. Pour moi, c'est un domaine fabuleux que je suis très loin de connaître, mais qui m'a toujours fascinée.

Vous avez un budget annuel de 22 millions de dollars. Dans le plan que vous déposez présentement, vous dites vouloir avoir 16,2 millions de dollars par année pendant les 10 prochaines années. Ce plan va vous maintenir à l'avant-scène en tant que chercheurs et leaders mondiaux en astronomie. C'est comme ça que vous le dites. Ce plan comprend-il des infrastructures physiques ou s'il s'agit seulement de recherche-développement par des scientifiques? C'est ce que je voudrais savoir.

Vous dites aussi que vous ne savez pas où trouver du financement. Vous dites que vous avez actuellement trois sources de financement. Vous avez le CNRC, les scientifiques et l'Agence spatiale canadienne. J'aimerais savoir pourquoi vous n'êtes pas capables d'aller dans les autres agences ou les autres... Le gouvernement canadien a créé la Fondation canadienne pour l'innovation. Comment se fait-il que vous n'êtes pas capables d'obtenir de l'argent de cette fondation?

Merci.

[Traduction]

M. Peter Janson: Cela représente plusieurs questions. Excusez-moi de répondre an anglais.

En ce qui concerne le pourcentage consacré à l'infrastructure et autres considérations de cet ordre, ce sont des aspects très positifs sur les milieux de l'astronomie en général. Tout le monde comprend que l'on ne décide pas d'installer un télescope dans une circonscription pour des motifs purement politiques. On choisit le meilleur endroit pour les observations scientifiques. Ces endroits ont tendance à être à très haute altitude et dans des régions très sèches. Par conséquent, on choisit des pays comme Hawaï, le Chili et autres régions analogues.

• 1000

En outre, la communauté internationale est consciente qu'il faut des nuits d'accès pour pouvoir observer les étoiles, pour recueillir les données avec le télescope et les étudier. En faisant le genre d'investissement dont nous parlons, nous achetons un billet de participation.

Comment participons-nous? D'abord, nous bénéficions d'un accès qui permet à nos scientifiques de passer un certain nombre de nuits à recueillir des données. Cela donne également accès à des entreprises comme la mienne et leur permet de présenter des soumissions pour des travaux de conception ou de construction.

C'est pourquoi il ne s'agit pas de subvention. C'est une garantie de participation. En ce qui nous concerne, par exemple, nous étions une entreprise de construction de structures de pont. Nous avons commencé à concevoir nos premiers télescopes et avons acquis une certaine compétence dans ce domaine, ce qui nous a permis de présenter des soumissions sérieuses pour d'autres télescopes, et d'obtenir des contrats.

Par conséquent, nous contribuons à maintenir notre réputation dans cette industrie mondiale ou dans cette science globale, et nous pouvons participer dans de nombreux contextes différents.

Russ, je crois que vous voulez répondre à la question concernant la Fondation canadienne pour l'innovation.

M. Russell Taylor: Oui, je peux répondre à la question sur la FCI.

Nous en avons parlé à la direction de cet organisme. Ce n'est pas la meilleure façon de procéder pour plusieurs raisons. L'une est que la FCI a été créée pour financer des universités et des organismes de recherche sans but lucratif. Par conséquent, pour financer l'astronomie par l'intermédiaire de la FCI, il faudrait instaurer une infrastructure qui puisse être financée par elle.

Actuellement, notre participation dans les installations internationales a été gérée par le Conseil national de recherches et c'est par conséquent là que se trouvent les experts en gestion. C'est le CNRC qui possède les connaissances techniques nécessaires pour être en liaison avec l'industrie. C'est l'organisme qui doit négocier les ententes intergouvernementales internationales et établir un plan décennal. La FCI a été créée pour financer des projets universitaires.

Si nous devions passer par la FCI, il faudrait établir un mécanisme de blanchiment, en quelque sorte, pour transférer les fonds au CNRC par l'intermédiaire des universités; ce serait très peu efficace. La façon la plus logique de nous mettre à l'«oeuvre et de maximiser notre participation à ces projets consiste à en financer la majeure partie par l'intermédiaire du CNRC, pour qu'il puisse en assurer la gestion.

[Français]

Mme Jocelyne Girard-Bujold: Vous parlez du Conseil national de recherches, mais dans le plan que vous déposez, vous parlez aussi de la recherche scientifique. Le docteur Janson s'occupe de la recherche scientifique. Ne pourriez-vous pas isoler cette recherche scientifique afin d'obtenir des montants de la Fondation canadienne pour l'innovation?

M. René Racine: Je pense qu'il faut souligner que les 16,4 millions de dollars par année que le plan prévoit sont en surplus des sommes qui sont déjà disponibles...

Mme Jocelyne Girard-Bujold: Vingt-deux millions de dollars.

M. René Racine: ...au CNRC, au CRSNG et à l'Agence spatiale canadienne.

Mme Jocelyne Girard-Bujold: D'accord. Je comprends. C'est en plus des 22 millions de dollars.

M. René Racine: En plus des 22 millions de dollars que nous avons maintenant. Il s'agit de grandir et de s'approcher du niveau de contributions, en termes de PIB, que connaissent les autres membres de l'OCDE.

Mme Jocelyne Girard-Bujold: Merci.

[Traduction]

La présidente: Monsieur Lastewka.

M. Walt Lastewka: Merci beaucoup, madame la présidente.

Ma question sera toute simple mais pas facile. Elle concerne le financement. Je voudrais parler à nouveau du graphique que vous nous avez montré, représentant les investissements du Canada et notre position par rapport aux autres pays du G-7.

D'après ce que je peux voir, vous demandez des fonds fédéraux supplémentaires, puisque vous demandez 100 millions de dollars à l'Agence spatiale canadienne, qui est un organisme fédéral. Par conséquent, vous voulez que le montant total des fonds destinés à l'astronomie soit augmenté.

Ma question s'adresse aux professeurs de l'Université de Montréal et de l'Université de Calgary. À part les subventions accordées aux universités par l'intermédiaire des provinces, par exemple, combien l'Université de Calgary ou l'Université de Montréal investissent-elles dans l'astronomie, en sus des subventions fédérales ou provinciales?

[Français]

M. René Racine: Je peux répondre pour l'Université de Montréal. L'Université de Montréal, à même les budgets qui lui sont accordés par le ministère de l'Éducation du Québec, supporte 12 postes professoraux ou de chercheurs professionnels, et contribue directement, en collaboration avec l'Université Laval, un demi-million de dollars par année pour le fonctionnement de l'Observatoire du Mont-Mégantic, un observatoire astronomique au Québec partagé par les deux universités.

• 1005

Donc, il y a 12 salaires professoraux avec des avantages, et un demi-million de dollars. Vous pouvez faire les calculs rapidement: c'est environ 2 millions de dollars.

[Traduction]

M. Russell Taylor: Je crois pouvoir répondre pour l'Université de Calgary, bien qu'il s'agisse d'estimations personnelles. À Calgary, il y a sept membres du corps professoral à plein temps en astrophysique et de 15 à 20 étudiants des cycles supérieurs assumant, bien entendu, des fonctions d'enseignant, dont le salaire est payé en partie par l'université. L'université fournit l'infrastructure générale et l'infrastructure de recherche à la faculté. Il me serait difficile de dire combien cela représente au juste, probablement plusieurs centaines de milliers de dollars par an.

Nous assurons l'entretien d'un observatoire, le Rothney Astrophysical Observatory, situé au sud de Calgary. Ce laboratoire a été construit au coût d'environ 3 millions de dollars et c'est l'université qui en assume l'entretien et le fonctionnement.

Par conséquent, je dirais que ça représente environ 2 millions de dollars par an.

M. Walt Lastewka: Ne s'agit-il pas de fonds octroyés par le ministre de l'Éducation de l'Alberta et qui viennent donc en partie indirectement du gouvernement fédéral?

M. Russell Taylor: Oui.

M. Walt Lastewka: Ce que j'essaie de faire...

La présidente: M. Racine a d'autres commentaires à faire.

M. René Racine: À propos de votre dernier commentaire, je signale qu'effectivement, une partie des fonds vient des universités et de la province. En outre, à Montréal et à Laval, la faculté d'astronomie reçoit des subventions du CRSNG et d'autres programmes fédéraux.

Ces subventions, dont une partie vient également de la FCI, représentent au total... L'année dernière a été une bonne année. Outre les fonds que nous avons reçus de la province, nous avons obtenu des subventions représentant au total près de 8 millions de dollars.

M. Walt Lastewka: Vous n'avez pas besoin de répondre à cette question ici mais vous pourriez peut-être déposer ces chiffres devant le comité. J'essaie de mieux comprendre la situation.

Dans votre exposé et dans les brochures que vous nous avez envoyées, je n'arrive pas à trouver le montant total des fonds octroyés par le gouvernement fédéral, par l'intermédiaire des divers organismes. Quelqu'un pourrait peut-être nous communiquer les budgets totaux du secteur de l'astronomie indiquant le montant des investissements fédéraux et le montant des autres investissements comme ceux du secteur privé, par exemple. J'essaie d'avoir une vue d'ensemble de la situation.

Vous demandez 264 millions de dollars au gouvernement fédéral, si je comprends bien. Je voudrais que l'on me communique le montant total des fonds que vous recevez actuellement et leur ventilation globale.

C'est là le but de mes questions. Je voudrais seulement savoir quel est le budget total et d'où viennent les fonds investis dans l'astronomie.

M. Russell Taylor: Certainement. Je peux vous donner quelques renseignements au sujet de la provenance des fonds investis dans l'astronomie au Canada, si cela peut vous être utile. Je pourrais aussi vous remettre un mémoire plus tard.

Le rapport indique que le gouvernement fédéral verse environ 30 millions de dollars par an—je vous trouverai la page correspondante du rapport plus tard. À propos des graphiques indiquant les montants investis par les autres pays de l'OCDE par rapport au Canada, je signale qu'il s'agit également de fonds gouvernementaux. Dans tous les pays développés, les fonds investis dans les programmes d'astronomie sont des fonds gouvernementaux.

Ces graphiques indiquent les fonds fédéraux canadiens par rapport aux fonds qui sont octroyés dans les autres pays. Au Canada, sur les 30 millions de dollars consacrés au financement de l'astronomie, 15 millions de dollars, soit environ la moitié, proviennent du Conseil national de recherches; ces fonds sont destinés à développer et à entretenir les installations pour les scientifiques canadiens. Environ 8 millions de dollars—et maintenant 10 millions de dollars—proviennent de l'Agence spatiale canadienne. La majeure partie de ces fonds servent à financer des contrats avec le secteur privé dans le but de développer la technologie des satellites pour l'astronomie.

En ce qui concerne la question du financement dans les universités, qui relève du gouvernement provincial et qui est assuré en partie par des fonds de transfert fédéraux—je crois toutefois qu'en Alberta, la majeure partie des fonds viennent du gouvernement provincial—14 universités canadiennes ont des programmes de deuxième ou troisième cycle en astronomie et financent ou engagent des scientifiques pour effectuer des travaux dans ce domaine, et aussi des étudiants des cycles supérieurs. Elles fournissent en outre l'infrastructure et les installations.

• 1010

Au jugé, je dirais que cela représente plusieurs millions de dollars par université, peut-être deux ou trois millions de dollars par an au total, pour une moyenne d'un million de dollars. Je dirais donc que de 15 à 20 millions de dollars proviennent des universités mais il s'agit là d'un chiffre approximatif.

René, avez-vous quelque chose à ajouter à ce sujet? Ces chiffres ne comprennent pas les fonds provenant du secteur privé, je présume.

M. René Racine: Non. Cela ne comprend pas le secteur privé.

Je regrette, mais je ne peux pas vous communiquer les chiffres exacts dans l'immédiat. Nous ne les connaissons pas.

M. Walt Lastewka: Je n'exige pas une réponse immédiate. Je voudrais qu'une réponse soit déposée au comité, c'est-à-dire que l'on indique le montant total des fonds octroyés par le gouvernement fédéral. Je voudrais également savoir quelle somme le secteur privé investit dans l'astronomie et je ne parle pas des éventuels contrats qui lui sont accordés en aval mais des investissements privés initiaux. Vous pourrez nous faire parvenir ces chiffres.

M. René Racine: Oui, nous n'y manquerons pas.

La présidente: Merci bien, monsieur Lastewka.

Madame Desjarlais.

Mme Bev Desjarlais (Churchill, NPD): Je vous remercie d'être là et je vous remercie aussi, comme l'ont fait certains de mes collègues, d'avoir supporté les discussions qui ont eu lieu en début de séance.

Je vais vous poser une question à laquelle vous ne pourrez peut-être pas répondre immédiatement mais je voudrais avoir des renseignements sur le type de personnes qui occupent un emploi grâce à vos divers programmes, que ce soit dans les universités ou dans les entreprises. Où ont-elles fait leurs études pour la plupart?

M. Russell Taylor: La plupart d'entre elles ont fait des études dans des universités canadiennes, soit à la faculté de physique ou d'astronomie ou encore à la faculté de génie.

M. Peter Janson: Si vous me le permettez, au sujet de la première question, je voudrais signaler que notre compagnie a investi entre 300 000 $ et 500 000 $ l'année dernière pour présenter une soumission pour la conception du télescope. Nous avons mis au point un système de conception pour les gros télescopes internationaux. Nous n'avons pas décroché le contrat, en partie parce que les intéressés n'étaient pas tout à fait certains que le Canada participerait. Le concept pour lequel les intéressés ont opté a posé quelques problèmes et, par conséquent, nous rentrerons dans la course.

Le dirigeant du groupe de la technologie de notre entreprise—qui est située dans la banlieue immédiate de Vancouver—est un professeur agrégé de l'Université de la Colombie-Britannique. Cela ressemble à un terrier de lapins; c'est plein de jeunes qui viennent de l'UCB, équipés de larges écrans et d'ordinateurs très sophistiqués. Ce sont eux qui se chargent de la conception. Par conséquent, nous avons des liens directs très étroits avec l'UCB. Ses sujets les plus brillants et les plus doués viennent nous aider.

[Français]

M. René Racine: J'allais ajouter que la plupart des professeurs dans les universités du Québec, par exemple, ont eu une partie de leur éducation au Québec—je dirais que 75 p. 100 sont d'origine canadienne—mais qu'ils sont tous, sans exception, passés par des écoles à l'étranger, aux États-Unis, en Europe, en Australie ou au Japon, pour parfaire leur éducation et leur expertise. C'est un petit défi pour nous que de les rapatrier et de les attirer à la maison.

[Traduction]

Mme Bev Desjarlais: On peut dire par conséquent qu'il n'y a pas d'exode des cerveaux dans ce secteur. Cela se passe dans d'autres secteurs, étant donné que les étudiants viennent...

M. Russell Taylor: Si nous avons une telle réputation à l'échelle mondiale, c'est notamment parce que nous avons été capables de produire une culture de l'astronomie au Canada et d'établir des installations qui attirent nos meilleurs experts. Comme l'a signalé M. Racine, nos étudiants participent à ces projets à l'échelle internationale. Par conséquent, pendant leurs études universitaires, ils passent une forte proportion de leur temps dans des installations de divers pays et ont des contacts avec des astronomes et des ingénieurs de haut niveau, de toutes les nationalités.

Mme Bev Desjarlais: Merci.

La question suivante ne se rapporte pas aux exposés d'aujourd'hui mais elle a un rapport avec l'astronomie. Il y a environ un mois, j'ai vu à la télévision une émission où l'on signalait qu'en réalité, on n'avait pas atterri sur la lune et que ce n'était que de la frime.

L'avez-vous regardée? A-t-on vraiment atterri sur la lune?

M. Russell Taylor: Cette théorie de la conspiration circule depuis longtemps. En fait, j'ai promis de garder le silence.

Des voix: Oh, oh!

Mme Bev Desjarlais: Pour cela, il faudrait que l'on me tue, ce que pourrait faire un des manèges dont il a été question.

M. Russell Taylor: Je suis assez vieux pour avoir vu cette émission, mais nous avons des preuves puisque certaines matières ont été ramenées de la lune. Nous savons que les roches qui ont été ramenées proviennent réellement de là.

M. René Racine: Vous devriez poser la question au président de la Fondation canadienne pour l'innovation. Il a fait des analyses de certaines de ces roches.

Mme Bev Desjarlais: Bien. Merci beaucoup.

La présidente: Madame Jennings.

[Français]

Mme Marlene Jennings (Notre-Dame-de-Grâce—Lachine, Lib.): Merci, madame la présidente.

Merci beaucoup, docteur Taylor, monsieur Janson et monsieur Racine. Votre présentation était excellente, très intéressante. Je pense que vous avez soulevé des questions d'envergure pour ce comité, pour le gouvernement et pour le Canada en général au niveau de la recherche en astronomie.

• 1015

Je veux enchaîner sur la question de ma collègue, Mme Desjarlais, qui a parlé de la fuite des cerveaux. Vous avez bien dit qu'à cause de la position du Canada dans ce domaine de recherche, nous n'avions pas ce problème. Toutefois, vous avez également dit que si le plan n'est pas mis en exécution et si le financement n'est pas trouvé d'ici peu de temps, probablement d'ici la fin de l'année 2001, le Canada risque d'être complètement écarté de la prochaine étape de cette recherche. Donc, si nous n'y participons pas, nous risquons de vivre un exode des cerveaux.

Si le Canada n'est pas à la fine pointe de la recherche, est-ce nos étudiants, une fois formés, ne vont pas partir? Est-ce que ceux qui veulent étudier au niveau postdoctoral, parce que la recherche ne se fait pas ici mais dans un autre pays, ne vont pas s'en aller dans les autres pays pour terminer leurs études et s'établir une réputation internationale? Est-ce une possibilité bien réelle ou si ce n'est que du fear-mongering?

[Traduction]

M. Russell Taylor: Ce n'est pas seulement une possibilité. C'est un fait. C'est ce qui arrivera. Ces projets seront réalisés avec ou sans le Canada. Même si le Canada y participe, une gigantesque chasse aux experts aura lieu à l'échelle internationale; on essaiera d'en recruter pour ces projets.

Nous devons être capables d'inciter les experts à rester au Canada et c'est la solution. Il ne fait aucun doute que c'est la tendance dans le domaine de l'astronomie. Sinon, nous resterons sur la touche et nos experts s'en iront à l'étranger. C'est ce qui finira par se passer.

[Français]

Mme Marlene Jennings: D'accord. Docteur Racine, est-ce que vous avez quelque chose à ajouter sur ce point?

M. René Racine: Je suis tout à fait d'accord. Je pense que la décision est la vôtre ici, à Ottawa. Vous devez choisir les priorités. L'astronomie est un domaine où nous nous sommes très bien équipés et où nous formons d'excellents chercheurs, mais nous ne réussirons pas à attirer des nouveaux étudiants si nous ne participons pas à ces grands projets. Donc, c'est à nos députés, à nos représentants et aux décideurs publics de décider si l'argent canadien servira à appuyer l'astronomie ou à appuyer autre chose.

Mme Marlene Jennings: Merci beaucoup.

À la page 47 de votre executive summary, on parle justement de la communauté d'astronomes et de chercheurs. On dit qu'elle compte 160 professeurs ou membres de faculté, 150 jeunes recherchistes, des étudiants aux études supérieures, aux études postdoctorales, etc. Une étude du CRSNG, en 1997, a démontré que 30 p. 100 d'entre eux vont prendre leur retraite et quitter le domaine pendant la prochaine décennie.

Compte tenu qu'il s'agit d'un projet de 10 ans, si le gouvernement n'appuie pas ce projet, le domaine sera effectivement tué pour plus d'une décennie parce qu'on n'aura pas de jeunes pour remplacer ceux qui partiront au cours de la prochaine décennie. Dans la deuxième décennie, celle qui va suivre, ce sera quasiment mort.

M. René Racine: Encore une fois, je suis d'accord. Nous construisons l'astronomie canadienne depuis le début du siècle. En 1917, lors de l'inauguration de l'Observatoire de Victoria, nous avions le plus grand télescope au monde. C'était un télescope canadien. En 1935, les deux plus grands télescopes étaient des télescopes canadiens. Si nous n'enclenchons pas la participation à ces grands projets, nous allons perdre pied.

En parlant des gens qui prennent leur retraite, vous avez devant vous un de ces nombreux retraités.

Mme Marlene Jennings: Non, vous êtes trop jeune, professeur Racine.

M. René Racine: Je suis très sérieux.

Mme Marlene Jennings: Merci beaucoup.

• 1020

Premièrement, je veux appuyer officiellement ce projet, comme l'a fait mon collègue Bélanger. Je pense qu'il est primordial que ce comité se penche là-dessus et prenne une décision quant à une recommandation urgente et prioritaire à faire au ministre de l'Industrie et au gouvernement.

Deuxièmement, je pense que la preuve est là, surtout que l'on dit que le Canada a une position à l'échelle internationale dans ce domaine. C'est dans ce domaine qu'on est en avance. Pour protéger notre position et s'assurer que ce domaine et nos jeunes aient un avenir ici, il faut que notre gouvernement agisse. Si je comprends bien, c'est bien le Conseil national de recherches qui a le mandat d'agir. C'est là que les fonds devraient aller.

Si je comprends bien, malgré tous les nouveaux investissements que le gouvernement a faits dans la science et la technologie, ce conseil n'a pas eu d'augmentation de son budget depuis de nombreuses années. Il a été oublié dans nos plans en vue d'augmenter nos investissements et notre appui financier à la recherche scientifique.

Je voudrais corriger ce que j'ai dit. Il n'a pas eu d'augmentations du même ordre que celles de la Fondation canadienne pour l'innovation et les autres bailleurs de fonds.

[Traduction]

M. Peter Janson: Je crois que l'on pourrait avoir tendance à se leurrer en se disant que «il y a quelque temps, on parlait de 60 millions de dollars pour 10 ans». Il y a toutefois deux ou trois éléments dont il faut tenir compte. Il convient en effet de se demander si l'on ne va pas assister à un exode des cerveaux. S'il ne s'agissait que d'une personne, nous ne nous en apercevrions même pas, mais si tous les élèves brillants qui sortent d'une université ou d'une école secondaire s'en vont à l'Université de la Californie parce que là, ils ont des nuits d'accès aux observatoires alors que ce n'est pas le cas ici, nous les perdrons.

Les jeunes cherchent les occasions de pratiquer. La fiscalité n'a pas d'importance. Si on leur en offre à l'étranger, ils s'expatrieront. S'ils en trouvent ici, ils resteront au Canada.

Il y a aussi une question de délai qui entre en ligne de compte, parce qu'il s'agit d'un programme décennal. À la fin de l'année, il sera trop tard. Il faut prendre une décision maintenant.

Je dois dire que, au cours de tous les entretiens que j'ai eus à ce sujet, je n'ai jamais entendu qui que ce soit dire que c'est de la foutaise. Le seul genre de commentaire que j'ai entendu est: «Oh, c'est une bonne idée». La FCI trouve que c'est bien, mais elle se demande si cela relève de son mandat. Je ne peux pas parler au nom du CNRC, mais j'ai l'impression qu'il hésite à admettre que c'est un bon plan, de peur de devoir le financer et de priver du même coup un autre secteur de cet argent.

Vous avez une chance d'être très directs et d'accélérer la décision. Je regrette, mais nous ne pouvons pas attendre. Si on attend la fin de l'année, il sera trop tard. D'autres pays prendront la place. Nous aurons un morceau du gâteau, mais il sera très petit et nous aurons gaspillé nos fonds.

La présidente: Monsieur Penson.

M. Charlie Penson: Je voudrais parler de l'ensemble du débat parce qu'il me semble que tous les groupes qui représentent diverses disciplines scientifiques avancent de bons arguments; des profanes comme moi ont de la difficulté à déterminer où les fonds doivent être investis. C'est un défi pour le gouvernement, mais tous les parlementaires ont besoin d'avoir à leur disposition les renseignements les plus exacts possible.

Monsieur Taylor, je crois que vous étiez ici mardi quand nous avons parlé de la concurrence que se font les divers groupes pour les fonds publics. À première vue, votre idée est fantastique. Le projet concernant l'installation de Chalk River est aussi formidable. Le problème, c'est que nos ressources sont limitées.

Plusieurs personnes ont suggéré de faire appel à un expert scientifique en chef ou à un groupe d'experts pour aider les parlementaires à déterminer à quels projets il conviendrait d'accorder la priorité. Pensez-vous que ce serait une bonne idée? Si nous faisions appel à cet expert ou à ce groupe d'experts pour nous aider à prendre une décision, pensez-vous que vos projets scientifiques seraient au sommet des priorités? Êtes-vous certain qu'ils se classeraient en tête de liste pour obtenir des fonds?

M. Russell Taylor: Je suis certain qu'ils seraient en tête de classement. Cette proposition a été examinée à maintes reprises et les experts l'ont évaluée pour déterminer s'il convenait de l'appuyer. Des recteurs de diverses universités canadiennes et des présidents de divers organismes ont trouvé que c'était une excellente idée.

• 1025

Je crois qu'il faut faire intervenir quelques critères pour prendre ce genre de décisions. L'un est qu'il faut toujours financer l'excellence. On ne devrait jamais financer la médiocrité. On n'obtiendra jamais de bons résultats de cette façon. Quand on finance l'excellence, on est toujours gagnant parce qu'on a affaire à des personnes qui excellent dans leur branche. Par conséquent, l'excellence devrait être un des critères.

Je pense que l'astronomie...

M. Charlie Penson: N'est-ce pas toutefois l'argument qu'avancent tous les intéressés? C'est là notre problème.

M. Russell Taylor: Certes, mais tout l'art est de démontrer que l'on est en fait excellent. C'est ce que nous avons fait, à mon avis. L'astronomie canadienne est un leader mondial. Nous avons une longue tradition dans ce secteur en raison de l'excellence de nos experts et de l'approche que nous adoptons en élaborant des programmes nationaux cohérents pour l'astronomie. Nous ne nous éparpillons pas dans toutes les directions. Nous avons une vision nationale et nous savons comment la réaliser.

M. Charlie Penson: Je crois comprendre que...

La présidente: M. Janson voudrait également faire des commentaires.

M. Charlie Penson: Je voudrais poursuivre la discussion avec M. Taylor, avant que l'on ne passe la parole à M. Janson.

Ma question était plutôt de savoir comment faire pour être bien conseillés sur les projets scientifiques.

M. Russell Taylor: Vous demandez-vous quel mécanisme il faudrait mettre en place?

M. Charlie Penson: Comme je l'ai dit, on nous a notamment suggéré de faire appel à un expert scientifique en chef pour conseiller le Parlement sur l'opportunité d'octroyer des fonds publics pour des projets comme le vôtre. Pensez-vous que c'est une bonne idée?

Comme vous le savez, les connaissances scientifiques intéressantes sont là. Quand on nous en parle, tous ces projets semblent excellents, mais comme, à quelques exceptions près, la plupart d'entre nous n'ont pas de bagage de connaissances scientifiques, nous avons de la difficulté à prendre ce genre de décisions.

Auriez-vous des réticences au sujet de l'idée de faire appel à un expert scientifique en chef?

M. Russell Taylor: Je pense qu'il ne serait pas bon de s'en remettre à l'avis d'une seule personne pour prendre une décision parce qu'il est impossible qu'elle ait la compétence voulue dans les diverses disciplines scientifiques existantes.

L'idée de faire appel à un conseil consultatif n'est pas mauvaise. Je crois qu'il serait utile de pouvoir s'adresser à un conseil consultatif pour obtenir des opinions sur diverses questions scientifiques, mais je pense que la décision doit rester entre les mains des députés qui ont les meilleurs intérêts du peuple canadien à c«ur—c'est du moins ce que l'on espère.

M. Peter Janson: J'ai travaillé pendant quatre ans pour le CCNST au début des années 90. À cette époque, nous sommes allés à la maison blanche pour rencontrer le conseiller scientifique du président, qui était d'ailleurs un Canadien.

La présidente: Monsieur Janson, pourriez-vous expliquer ce qu'est le CCNST à mes collègues?

M. Charlie Penson: Cette question indique en partie où réside notre problème, monsieur Janson.

M. Peter Janson: En effet. C'est pourquoi j'ai mentionné cela.

Le CCNST est le Conseil consultatif national des sciences et de la technologie. Il était alors composé de non-fonctionnaires qui, je dois l'avouer franchement, n'avaient pas tous une formation scientifique. Nous venions de nombreux horizons différents.

Je crois qu'à cette époque, c'est le gouvernement progressiste conservateur qui se posait ces questions et voulait une réponse. J'ai eu le privilège de présider un sous-comité sur les priorités en matière de dépenses. Nous devions tenter de déterminer comment procéder pour prendre le genre de décisions dont vous venez précisément de parler. Nous avons préparé un rapport. C'était une étude d'un type très particulier parce que nous avons dû d'abord comparer un ministère à un autre. C'était très intéressant. Tous les ministres et tous les autres intervenants ont subitement manifesté beaucoup d'intérêt pour nos travaux.

Nous avons fait cette comparaison en nous basant sur des critères de marché, sur l'orientation des marchés: est-ce que l'industrie investit également dans ce domaine? Y a-t-il une collectivité comme celle qui existe en l'occurrence, dont font partie toutes les universités, une collectivité pancanadienne dans le plus pur sens du terme? Est-ce que tout le monde est disposé à intervenir, à contribuer et à soutenir une activité comme celle-ci? D'autre part, quel marché existe? Existe-t-il un marché?

Si l'on décidait d'investir des milliards de dollars dans des installations de fabrication de dispositifs micro-électroniques, j'aurais quelque réticence à approuver ce projet étant donné que ce secteur est très développé dans de nombreux pays. Il faut plutôt choisir des secteurs où nous avons déjà des compétences et où les perspectives de rentabilité sont les meilleures.

Russ a montré des chiffres que je trouve assez révélateurs indiquant que nous avons un bon rapport qualité-prix. Nous avons une présence, ou une masse critique, si vous préférez. Compte tenu du genre de personnes qui appuient le plan, il est évident qu'il bénéficie d'un bon soutien dans le secteur privé. Cette industrie a donné le jour à diverses entreprises qui y réinvestissent des fonds.

M. Charlie Penson: Si je comprends bien, vous ne vous opposez pas au principe d'un groupe d'experts ou d'un expert scientifique en chef qui pourraient conseiller le Parlement et vous pensez que vos projets seraient bien cotés...

M. Peter Janson: Je pense qu'un conseil consultatif... Il nous reste encore un reliquat du Conseil consultatif national des sciences et de la technologie, si je ne m'abuse.

M. Charlie Penson: Connaissez-vous d'autres pays où le gouvernement fait appel à ce genre de conseillers—au Royaume-Uni par exemple?

M. Peter Janson: Aux États-Unis, le président a un conseiller scientifique en chef.

M. Russell Taylor: Au Royaume-Uni, il y a un astronome royal.

La présidente: Merci bien, monsieur Penson.

Monsieur Alcock.

• 1030

M. Reg Alcock: Merci, madame la présidente.

J'aimerais beaucoup qu'on en discute. Je suis d'accord avec M. Penson; il peut être utile de faire appel à des experts. Si l'on désigne un expert scientifique en chef, le problème est... Je crois que c'est une politique qui avait été mise en place juste avant l'arrivée de la reine Victoria, quand on pensait encore qu'une seule et même personne pouvait être omnisciente. C'était l'époque des esprits universels. À l'heure actuelle, le dilemme est d'avoir recours à des organes consultatifs et de faire appel à l'expertise de la collectivité, ce qui donne beaucoup plus de flexibilité.

Je ne peux toutefois pas m'empêcher de trouver que c'est exagéré parce que j'ai malheureusement des renseignements privilégiés sur le secteur. Mon brillant cousin—pour employer le même qualificatif que ma mère...

Une voix: Par opposition à quoi?

M. Reg Alcock: ...est astronome, et il y a une chose que j'ai trouvée vraiment intéressante en ce qui concerne les discussions et les contacts que j'ai eus avec lui. À propos, il travaille à l'Observatoire de Victoria. On vient même de lui décerner un prix.

Je crois que la question de M. Penson est très pertinente du fait que tous les groupes possibles et imaginables qui nous demandent des fonds prétendent que leur idée est géniale. Au cours de l'examen des programmes, lorsqu'on faisait des compressions budgétaires, on a mis divers organismes scientifiques au défi de se trouver des partenaires à l'extérieur et des sources de financement privées. À cette époque, mon cousin était très nerveux et très préoccupé au sujet des compressions prévues pour l'observatoire où il travaille et pour ses travaux.

Je le vois régulièrement et, d'après ce qu'il dit, il est plus occupé qu'il ne l'a jamais été. Ses collègues et lui n'arrivent pas à relever tous les défis qu'on leur propose. On a obligé les chercheurs à sortir de leur coquille et à avoir des contacts avec l'extérieur comme vous le recommandez, à soumissionner pour obtenir des contrats de recherche pour divers pays. Ce système a été efficace. En ce qui concerne votre projet, vous pouvez témoigner de l'appui extérieur dont il bénéficie. Ça le distingue peut-être de certains autres projets qui nous sont soumis.

J'aimerais que M. Russell ou les deux autres témoins parlent des conséquences des changements qui se sont produits entre 1993 et 1998 pour le milieu de l'astronomie.

M. Russell Taylor: Je crois que le milieu dont vous parlez est le Conseil national de recherches qui a souffert des compressions budgétaires imposées pendant une partie de la dernière décennie.

Je crois que le CNRC, qui était un organisme de recherche fondamentale dans les années 60—M. Racine peut peut-être nous donner de plus amples renseignements à ce sujet, parce qu'il était là—où ce type de recherche occupait une place plus importante dans son mandat, a adopté une approche axée davantage sur le service à la clientèle: le CNRC sert une clientèle et essaie de soutenir l'industrie canadienne dans ce cercle virtuel de la science et de la technologie où la science alimente la technologie et la technologie alimente la science. C'était indiqué dans un de mes transparents.

Le CNRC essaie de se positionner de façon à faciliter cette transition. Je crois qu'il l'a fait avec succès. C'est prévu dans notre plan pour les 10 prochaines années. Nous nous baserons sur ce modèle.

M. René Racine: Ce qui a changé au cours des 15 ou 20 dernières années, c'est que la recherche en astronomie et en astrophysique est devenue plus coûteuse et que, par conséquent, on a besoin d'une infrastructure plus solide. Le problème s'est posé au Canada. Au moment où nous avons participé au projet Canada-France-Hawaï et où nous étions sur le point de participer au projet Gemini, on avait besoin d'une infrastructure pour les astronomes canadiens—ingénierie, infrastructure scientifique, gestion. Les scientifiques ont relevé ce défi assez bien et c'est ce qui fait que votre cousin est bien plus occupé qu'il ne s'y attendait.

Avec votre permission,

[Français]

madame la président, je pourrais faire un commentaire sur les critères que les députés doivent utiliser pour choisir lesquels de ces merveilleux projets doivent être financés.

Il existe une société d'astronomes hautement compétents et reconnus internationalement. La décision d'appuyer l'astronomie ou de ne pas l'appuyer sera prise par les décideurs publics. Le travail que nous voulons faire, la mission dont nous sommes chargés par la communauté, c'est de vous dire ce qui se passe, de faire des découvertes, de vous les apporter et de permettre au public de partager notre émerveillement face à la recherche.

• 1035

En dernière analyse, c'est ça. Vous pouvez décider aujourd'hui que c'est une chose importante pour le Canada, avec des retombées techniques, industrielles et économiques possibles, ou vous pouvez décider que ce n'est pas important. La décision vous appartient.

[Traduction]

La présidente: Monsieur Alcock, aviez-vous une dernière question à poser? Bien.

Madame Girard-Bujold.

[Français]

Mme Jocelyne Girard-Bujold: Dans le document que vous nous avait fait parvenir, L'origine des structures dans l'univers, le chapitre 5 est intitulé: «Plan pour l'astronomie et l'astrophysique au Canada jusqu'en 2015». Vous dites à la page 69 que présentement, pour entretenir les structures existantes, vous avez une collaboration étroite avec le CNRC. Vous avez juste ce qu'il faut de personnel et vous êtes très inquiets pour l'avenir. Vous faites une recommandation et vous dites que pour que vous soyez à la hauteur et que vous ne soyez pas dépassés, vous allez devoir engager au moins six astronomes additionnels de fort calibre tout en recrutant de nouveaux techniciens. C'est une des choses qui m'ont le plus marquée.

C'est ce qu'il faudrait faire aujourd'hui pour maintenir le haut niveau de compétence qu'a actuellement le Canada sur la scène internationale. Vous soumettez un plan. Est-ce que ces six astronomes et ces techniciens sont inclus dans ce plan? Est-ce exactement cela qu'il faudrait avoir pour maintenir ce qu'on a, ou si ce sont des choses additionnelles pour se projeter dans l'univers futur, pour avoir la première place dans le domaine de l'astronomie?

[Traduction]

M. Russell Taylor: Les six personnes dont il est question dans ce paragraphe doivent être recrutées par le Conseil national de recherches. Il s'agit de chercheurs associés au CNRC.

Dans le plan que je vous ai exposé, 200 millions de dollars sont destinés à l'infrastructure et aux installations et 64 millions de dollars à l'infrastructure nationale et au recrutement au Canada. Ces six personnes sont comprises dans les 64 millions de dollars. Par conséquent, elles sont prévues dans le plan.

Les universités investiront en outre dans du personnel enseignant supplémentaire en astronomie. Quand nous nous engagerons dans ces projets de haut calibre, les universités réagiront en modifiant leurs habitudes en matière de recrutement. Par conséquent, nous nous attendons à un accroissement du nombre d'étudiants des cycles supérieurs et de professeurs dans les universités. Sur les 64 millions de dollars destinés à l'infrastructure au Canada, 17 millions de dollars sont prévus pour le CRSNG, pour financer la recherche des chercheurs universitaires supplémentaires.

Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question.

[Français]

Mme Jocelyne Girard-Bujold: Il y a beaucoup de points dans ce document. Vous parlez entre autres d'informatique, de stages d'été, de vulgarisation, de collaboration avec les écoles primaires et secondaires pour faire en sorte que les jeunes soient plus attirés vers l'astronomie et la physique.

Vous avez aujourd'hui 22 millions de dollars par année. Vous recommandez qu'on vous donne des fonds additionnels juste pour ça pour qu'enfin vous ayez une plus grande visibilité au Canada. La somme de 164 millions de dollars dont vous parlez, c'est pour un projet bien spécifique. Avec ces 22 millions de dollars, vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez faire pour avoir un plus grand rayonnement, juste au Canada.

Chez moi, j'ai des jeunes qui voudraient bien savoir ce que sont la physique et l'astrophysique, et il n'y a personne actuellement qui pourrait venir les rencontrer dans les écoles pour leur parler de ça. J'aimerais que vous élaboriez un plan pour vraiment vous intégrer auprès de nos futurs physiciens.

[Traduction]

M. Russell Taylor: C'est une remarque très pertinente. Nous n'avons pas oublié cet aspect. La page 12 du document contient un tableau donnant une ventilation précise de l'affectation des fonds aux divers projets que nous recommandons. Au bas du tableau, il y a une case consacrée à la vulgarisation, qui représente environ 2 p. 100 du budget. Par conséquent, nous y accordons beaucoup d'importance. C'est prévu dans le plan.

• 1040

En outre, la société dont je suis le président a mis en place un programme de sensibilisation du public. Nous sommes parvenus à recueillir environ 300 000 $ pour lancer une initiative de vulgarisation publique en matière d'astronomie. Nous ferons en fait découvrir les merveilles du rôle du Canada dans le domaine de l'astronomie.

Par conséquent, nous y accordons beaucoup d'importance. Je vous remercie d'avoir posé cette question.

La présidente: Merci.

Madame Desjarlais, avez-vous d'autres questions à poser? Très bien.

Avez-vous eu des contacts avec le Comité consultatif sur les sciences qui avait été créé par le premier ministre?

M. Russell Taylor: J'ai fait partie de divers comités consultatifs de courte durée pour des organismes gouvernementaux comme l'Agence spatiale, le CRSNG et le CNRC mais je n'ai pas fait partie d'un comité consultatif permanent du gouvernement. J'ignore s'il y en a pour le moment.

La présidente: Très bien. Merci.

Monsieur Bélanger.

M. Mauril Bélanger: Madame la présidente, je reviens à ma proposition de présenter une motion. Serait-il possible de présenter une motion maintenant, avec le consentement unanime des membres du comité?

La présidente: S'il y avait consentement unanime et que nous avions le quorum mais, étant donné qu'il y a moins de neuf membres, nous n'avons pas le quorum pour une motion. Ce serait toutefois possible...

J'ai demandé à l'attaché de recherche d'examiner la question. Nous sommes en train de préparer un rapport étoffé et d'examiner en profondeur la question des sciences. Nous ne sommes pas encore fixés sur le résultat de cette étude mais, si un problème plus urgent survenait pendant que nous sommes en train de préparer un rapport, nous présenterions des motions et écririons des lettres d'appui.

Par conséquent, si vous voulez présenter une motion et la remettre au greffier...

M. Mauril Bélanger: Donner préavis.

La présidente: ...nous pourrions l'examiner mardi également. Vous pouvez consulter notre attaché de recherche, si vous voulez.

M. Mauril Bélanger: Bien. Merci.

La présidente: Monsieur Taylor.

M. Russell Taylor: Je voudrais parler du problème de l'urgence. Il est très urgent de se mettre à financer ce plan dans le courant de l'exercice financier actuel ou au plus tard au début du prochain exercice, c'est-à-dire en avril, je présume.

La présidente: Le 1er avril.

M. Russell Taylor: C'est exact. Je ne parle pas de ce mois-ci mais de cette année et ce, pour deux raisons. La première, c'est que nous avons conclu des ententes internationales et nos partenaires nous attendent pour les discussions. En outre, bien que ces projets internationaux soient des projets nécessitant la collaboration de nombreux pays, ils sont aussi soumis à une certaine concurrence. On nous demande de participer en raison de notre position actuelle de chef de file dans certains secteurs de la technologie. Si nous ne pouvons pas nous présenter avec notre technologie et nos fonds dans de brefs délais, ces occasions seront définitivement perdues. D'autres concurrents étrangers se feront un plaisir de prendre notre place. Nous devons faire vite.

La présidente: Merci. Madame Torsney.

Mme Paddy Torsney: Je voudrais éclaircir un point. Le document intitulé L'origine des structures dans l'univers est le rapport du Comité de planification à long terme CNRC-CRSNG. C'est le rapport qui a été préparé pour les travaux de recherche de la Société canadienne d'astronomie. Existe-t-il un rapport analogue pour chaque discipline scientifique? Est-ce que chacun de ces secteurs nous demandera 164 millions de dollars et est-ce que vous êtes seulement les premiers à en faire la demande?

M. Russell Taylor: Non. Je pense que vous constaterez qu'aucune autre discipline n'a la cohésion nationale que nous avons ni la capacité d'élaborer un plan bénéficiant de l'appui de tous les membres de la collectivité. C'est un secteur où nous sommes très efficaces depuis 10 ou 20 ans. Une des raisons pour lesquelles nous sommes les chefs de file mondiaux en astronomie est que nous sommes capables d'avoir une vision commune.

Je ne peux pas parler de ce qui se passe dans les autres disciplines parce que je ne le sais pas mais je crois que notre situation est unique en quelque sorte.

Mme Paddy Torsney: Peu importe la qualité des travaux dans les autres disciplines, cela ne veut pas dire que l'on ne nous réclamera pas davantage de fonds.

M. Russell Taylor: Bien entendu.

Mme Paddy Torsney: Nous finançons le CNRC. Le CNRC finance ce rapport auquel vous avez participé et qui réclame davantage de fonds pour le CNRC. Ne trouvez-vous pas que c'est une situation un peu délicate...

M. Russell Taylor: Le rapport n'a pas été produit par le CNRC. Il a été commandé par le vice-président du CNRC. Il a été produit par des experts des milieux universitaires canadiens...

Mme Paddy Torsney: Oui et américains.

M. Russell Taylor: ...et par quelques collègues étrangers.

Mme Paddy Torsney: Cette réponse nous indique qui fait partie du groupe d'experts mais il ne s'agit en l'occurrence que d'astronomie et d'astrophysique.

M. Russell Taylor: C'est exact. C'est notre branche.

Mme Paddy Torsney: Comprenez-vous ce que je veux dire? Nous pourrions recevoir un rapport des représentants de plusieurs autres disciplines scientifiques, nous demandant de leur octroyer beaucoup plus de fonds; ils avanceraient également d'excellents arguments basés sur les retombées.

D'après ce que nous avons entendu aujourd'hui, votre cohésion et votre coordination avec les milieux d'affaires et d'autres milieux sont excellentes. Le secteur privé a-t-il également participé au financement de ce rapport et à la préparation de toute cette documentation?

• 1045

M. Russell Taylor: Oui. Il y a une section sur les retombées économiques pour laquelle le secteur privé nous a beaucoup aidés.

Mme Paddy Torsney: Ce sont des documents dont la préparation a probablement été coûteuse.

M. Russell Taylor: Le financement a été minime. Tout le travail a été fait bénévolement par la Société canadienne d'astronomie. Les membres du groupe n'ont pas été rémunérés; on leur a uniquement payé leurs frais de déplacement qui représentent une dizaine de milliers de dollars.

Mme Paddy Torsney: Bien. Merci.

La présidente: Merci beaucoup, madame Torsney.

Je remercie les témoins d'être venus. J'apprécie la patience dont vous avez fait preuve au début de la séance. J'ai également apprécié votre exposé et la discussion.

Je sais que plusieurs de mes collègues s'intéressent beaucoup à cette question. En notre qualité de députés, nous votons les budgets et toutes sortes de dépenses. Par conséquent, il est normal que nous discutions des dépenses dans le secteur de la science et de la technologie et que nous décidions de cautionner tel projet plutôt que tel autre. Par conséquent, je crois que nous en discuterons mardi—si nous en avons le temps après toutes les autres motions que nous aurons à examiner—et que nous prendrons une décision dès que possible. Il se peut qu'un jour votre secteur soit examiné dans le cadre d'une étude plus générale.

Merci beaucoup. Nous apprécierions que vous continuiez à nous communiquer d'autres renseignements.

La séance est levée.

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