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NDVA Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mercredi 4 décembre 2002




¹ 1535
V         Le président (M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.))
V         Lieutenant général M.K. (Mike) Jeffery (chef d'état-major de l'Armée de terre, Ministère de la Défense nationale)
V         Le président
V         M. Leon Benoit (Lakeland, Alliance canadienne)

¹ 1540
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Lgén Mike Jeffery
V         Le président
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Le président
V         M. Leon Benoit
V         Le président
V         M. Leon Benoit
V         Le président
V         M. Leon Benoit
V         Le président
V         Lgén Mike Jeffery

¹ 1545
V         Le président
V         M. David Price (Compton—Stanstead, Lib.)
V         Le président
V         Lgén Mike Jeffery

¹ 1550

¹ 1555
V         Le président
V         M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ)
V         Lgén Mike Jeffery

º 1600
V         M. Claude Bachand
V         Lgén Mike Jeffery
V         Le président
V         M. John O'Reilly (Haliburton—Victoria—Brock, Lib.)
V         Lgén Mike Jeffery

º 1605
V         Le président
V         Mme Elsie Wayne (Saint John, PC)

º 1610
V         Le président
V         Mme Elsie Wayne
V         Lgén Mike Jeffery
V         Mme Elsie Wayne
V         Lgén Mike Jeffery

º 1615
V         Le président
V         Mme Elsie Wayne
V         Lgén Mike Jeffery
V         Mme Elsie Wayne
V         Lgén Mike Jeffery
V         Le président
V         M. Bob Wood (Nipissing, Lib.)
V         Lgén Mike Jeffery

º 1620
V         Le président
V         M. Bob Wood
V         Lgén Mike Jeffery

º 1625
V         Le président
V         M. Bob Wood
V         Le président
V         M. Leon Benoit
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Le président
V         Lgén Mike Jeffery

º 1630
V         M. Leon Benoit
V         Le président
V         M. Joe McGuire (Egmont, Lib.)
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. Joe McGuire
V         Lgén Mike Jeffery
V         Le président
V         M. Joe McGuire

º 1635
V         Le président
V         M. Claude Bachand
V         Le président

º 1640
V         Lgén Mike Jeffery
V         Le président
V         M. David Price
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. David Price
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. David Price
V         Le président

º 1645
V         M. David Price
V         Lgén Mike Jeffery
V         Le président
V         Mme Elsie Wayne
V         Le président
V         Mme Elsie Wayne
V         Le président
V         Lgén Mike Jeffery

º 1650
V         Le président
V         Mme Elsie Wayne
V         Le président
V         Lgén Mike Jeffery
V         Le président
V         M. Bob Wood
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. Bob Wood
V         Le président
V         M. Bob Wood
V         Lgén Mike Jeffery

º 1655
V         Le président
V         M. Bob Wood
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. Bob Wood
V         Le président
V         M. Bob Wood
V         Lgén Mike Jeffery
V         Le président
V         M. Leon Benoit

» 1700
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Lgén Mike Jeffery

» 1705
V         Le président
V         M. Bob Wood
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. Bob Wood
V         Le président
V         M. David Price
V         Lgén Mike Jeffery
V         Le président
V         M. Claude Bachand

» 1710
V         Le président
V         Mr. Claude Bachand
V         M. Claude Bachand
V         Le président
V         Lgén Mike Jeffery
V         Le président
V         M. Claude Bachand
V         Le président
V         M. Claude Bachand
V         Lgén Mike Jeffery

» 1715
V         Le président
V         Lgén Mike Jeffery
V         Le président
V         M. Leon Benoit

» 1720
V         Lgén Mike Jeffery
V         M. Leon Benoit
V         Lgén Mike Jeffery

» 1725
V         Le président
V         M. Leon Benoit
V         Le président
V         Lgén Mike Jeffery
V         Le président










CANADA

Comité permanent de la défense nationale et des anciens combattants


NUMÉRO 004 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mercredi 4 décembre 2002

[Enregistrement électronique]

¹  +(1535)  

[Traduction]

+

    Le président (M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.)): La séance est ouverte.

    Au nom des membres du comité, je voudrais souhaiter la bienvenue à un habitué, le Lieutenant-général Mike Jeffery, chef d'état-major de l'Armée de terre. Il parlera des enjeux liés à l'état de préparation des Forces canadiennes et des questions budgétaires.

    Général, nous avons eu un entretien au sujet une cérémonie à laquelle vous avez participé. Je pense qu'elle a eu lieu la fin de semaine dernière. Elle a été organisée en l'honneur du deuxième bataillon de la Princess Patricia's Canadian Light Infantry pour son intervention dans la poche de Medak. C'est une question qui avait été portée à notre attention il y a quelque temps. Nous pensons en effet que les membres du 2e bataillon méritaient d'être honorés pour leurs efforts dans cette région. Je pense pouvoir dire, au nom de mes collègues, que nous sommes très heureux que votre unité ait reçu une mention spéciale de la Gouverneure générale.

    Je vous cède maintenant la parole. Je suis certain que nous aurons plusieurs questions à poser après votre exposé.

    Certains de mes collègues ne sont pas ici, mais ils devraient arriver un peu plus tard. Le ministre des Affaires des anciens combattants fait une déclaration importante à la Chambre et plusieurs membres du comité ont dû se présenter à la Chambre pour cette occasion.

    Vous pouvez commencer, général.

+-

    Lieutenant général M.K. (Mike) Jeffery (chef d'état-major de l'Armée de terre, Ministère de la Défense nationale): Merci, monsieur le président. C'est un plaisir pour moi d'être à nouveau ici en qualité de chef d'état-major de l'Armée de terre pour parler de l'Armée canadienne et de sa mission, qui consiste à mettre en place et à maintenir des forces terrestres polyvalentes aptes au combat pour atteindre les objectifs de défense du pays.

    Je voudrais faire brièvement le point. Je dirais que l'Armée canadienne continue d'être efficace. Je pense que la réussite de notre mission en Afghanistan a démontré aux Canadiens que nos soldats sont compétents et qu'ils sont en mesure d'être performants dans des conditions difficiles. Je pense que la réussite très médiatisée de notre intervention dans cette région ne devrait pas faire oublier la qualité de nos prestations dans d'autres régions du monde, en particulier en Bosnie—où nous maintenons un groupement tactique d'infanterie mécanisé très efficace—ni les missions de moindre envergure au cours desquelles nous continuons de servir notre pays aux côtés de nos collègues de la Force navale et de la Force aérienne.

    Malgré cette performance, nous faisons toujours face aux mêmes types de difficultés que celles que j'ai signalées à d'autres occasions. La flexibilité restreinte des ressources et un rythme très élevé des affectations sont les principaux facteurs qui limitent nos possibilités et notre capacité d'intervention. Nous continuons d'examiner ces problèmes et nous réalisons des progrès dans plusieurs secteurs. Le plus important est la mise en place, au sein de l'Armée, d'un système de préparation planifié qui améliore déjà notre capacité de gérer l'Armée à tous les niveaux. Cette initiative en soi ne permettra pas de résoudre tous les problèmes de ressources ou d'effectifs, mais il atténuera considérablement les difficultés dues à la lourdeur des tâches que doit assumer une petite Armée de terre comme la nôtre.

    Les récentes initiatives de recrutement pour la Force régulière et la Force de réserve ont été couronnées de succès dans plusieurs secteurs, même si les effectifs demeurent insuffisants dans certaines branches techniques. Lorsque l'instruction des nouvelles recrues sera terminée, la situation se sera déjà beaucoup améliorée sur le plan des effectifs. Nous ne déclarons pas victoire pour autant, car un pourcentage élevé des membres de l'Armée ne sont pas déployables pour des raisons de santé ou pour d'autres motifs. Nous sommes notamment préoccupés par le problème de la rétention du personnel qui s'accentuera au cours des prochaines années.

    En ce qui concerne l'équipement, nous continuons de mettre en service du nouveau matériel, qui représente de nouveaux défis stimulants pour nos soldats. Cependant, le rythme élevé des affectations entrave notre capacité de maintenance de nos flottes d'équipement, surtout des plus vieilles. À cet égard, la restructuration financière devient une préoccupation croissante.

    Nos récentes missions en Afghanistan ont confirmé la qualité de notre système d'instruction individuelle et nous poursuivons nos efforts dans ce domaine. Nous nous efforçons toutefois également d'améliorer la qualité de l'instruction individuelle, selon les préoccupations et les approches que j'ai mentionnées à l'occasion de mes précédentes visites. À ce propos, nous organisons pour le printemps prochain, comme je vous l'avais déjà annoncé, un camp d'instruction pour les brigades, qui se tiendra à Wainwright, en Alberta. Je voudrais maintenant aborder la question de l'érosion de notre capacité collective. Cet exercice ne sera pas sans difficulté, mais en concentrant les fonctions essentielles dans le temps et dans l'espace, nous nous efforçons de maximiser nos ressources pour obtenir le meilleur rapport qualité-coût.

    Enfin, les plans concernant l'élaboration et la mise en oeuvre de la Stratégie de l'Armée de terre se développent. Nous concentrons nos efforts sur la mise en oeuvre d'un modèle d'Armée de terre intérimaire, principalement axé sur l'amélioration de notre capacité de mise en place d'une force. Nous continuons d'élaborer parallèlement les concepts pour l'Armée de l'avenir dont je vous ai déjà parlé. Ces concepts transformeront l'Armée de terre canadienne en une armée stratégique fondée sur l'information. Mon objectif est d'assurer le maintien de l'Armée d'aujourd'hui tout en la préparant pour l'avenir.

    C'est sur cette note que se terminent mes commentaires liminaires, monsieur le président. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.

+-

    Le président: Merci, général.

    Monsieur Benoit. Vous disposez de sept minutes.

+-

    M. Leon Benoit (Lakeland, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président.

    Je vous remercie d'avoir accepté notre invitation, général Jeffery. Avant de poser mes questions, je voudrais mentionner que je pense qu'avec le concours de quelques collègues haut gradés, vous avez considérablement amélioré l'image du leadership des Forces armées canadiennes au cours des deux dernières années. Je pense qu'avec eux, vous avez assuré un leadership de tout premier plan et que c'est de plus en plus reconnu. J'en suis très heureux et je tiens à vous remercier. Vous vous acquittez de vos fonctions de façon exemplaire et je trouve qu'il est important de le signaler de temps en temps. On dirait que c'est généralement la tête qui reçoit tous les coups. Les critiques sont parfois justifiées, mais pas toujours. Nous apprécions beaucoup ce que vous avez accompli, avec certains de vos collègues.

    Je voudrais poser d'abord une question assez générale. Je pense qu'il s'agit d'une question très importante à laquelle les Canadiens souhaitent vivement obtenir des réponses.

    Si le Canada devait déployer ses troupes à l'étranger au cours des six prochains mois pour participer à la lutte contre le terrorisme à sa base, comme en Afghanistan, qu'est-ce que l'Armée canadienne pourrait envoyer là-bas? Je voudrais que vous répondiez à cette question non seulement en ce qui concerne une éventuelle participation dans un délai de six mois, mais aussi une participation à plus longue échéance, d'après les informations et les contraintes que vous avez. Quel type de participation pourrait-on envisager par exemple d'ici cinq ans, d'après les contraintes que vous avez à titre de chef et de responsable de la planification, non seulement d'ici un an, mais aussi d'ici cinq ans?

¹  +-(1540)  

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, cette question est étroitement liée à notre capacité actuelle, dont je suis tout à fait prêt à parler. Le scénario qui entoure les considérations actuelles est, pour des raisons évidentes, délicat, et j'éviterai de faire des commentaires précis à ce sujet. Je parlerai donc en tant que responsable de la mise sur pied de la Force chargé d'assurer la capacité militaire globale.

    Comme vous le savez, je dois être en mesure de maintenir une unité d'intervention immédiate—en gros un bataillon d'infanterie légère—en état de mobilisation dans un délai de 10 jours; un groupement tactique mécanisé dans un délai de 21 jours et un groupe-brigade complet mécanisé dans un délai de 90 jours. De nombreux facteurs interviennent dans la réussite d'une telle entreprise, mais je m'abstiendrai de donner des renseignements très précis à ce sujet, à moins que vous ne me le demandiez.

    Je me contenterai de signaler que nous sommes en mesure de répondre aux exigences liées au maintien d'une unité d'intervention immédiate en état d'alerte. Pour l'instant, la possibilité d'envoyer un groupement tactique mécanisé dans un délai de 21 jours poserait des difficultés, mais ce serait réalisable dans un délai de six mois.

+-

    M. Leon Benoit: Pendant combien de temps cette intervention pourrait-elle être maintenue? C'est un autre volet de la question que j'avais peut-être oublié.

+-

    Lgén Mike Jeffery: J'en prends note, monsieur le président. J'y répondrai après avoir parlé de la capacité et de l'état de préparation.

+-

    Le président: Monsieur Benoit, je vous rappelle que vous devez adresser vos commentaires par l'intermédiaire du président. Je voudrais que tous les membres du comité respectent la règle.

    Allez-y, général.

+-

    Lgén Mike Jeffery: D'une façon générale, il est possible d'assurer la contribution de ces deux unités dans les délais requis. Nous avons toujours un problème de matériel, du moins dans le cas de l'unité mécanisée, qui ne nous permettrait pas d'être prêts à intervenir dans le délai requis. Ce problème n'est pas lié à l'équipement actuel ni à l'instruction du personnel, mais aux approvisionnements de combat.

+-

    M. Leon Benoit: Pourriez-vous donner des informations plus précises à ce sujet, général?

+-

    Le président: Monsieur Benoit, je voudrais que vous vous adressiez par l'intermédiaire du président. Je vous prie également d'attendre que le général ait fini de répondre.

+-

    M. Leon Benoit: Monsieur le président, vous pourriez peut-être expliquer ce que cela signifie de poser des questions par l'intermédiaire du président.

+-

    Le président: Cela veut dire qu'il faut passer par le président pour éviter une discussion directe entre les témoins et les membres. Le Règlement de la Chambre des communes et de ses comités veut que tous les commentaires soient adressés par l'intermédiaire du président.

+-

    M. Leon Benoit: Et comment procède-t-on, monsieur le président? Pourriez-vous me l'expliquer?

+-

    Le président: Vous devez poser vos questions en vous adressant à moi, monsieur Benoit. C'est une procédure assez simple. C'est la procédure normale. À la Chambre des communes, nous nous adressons au président. Au comité, c'est la même règle qui s'applique. Est-ce bien entendu?

+-

    M. Leon Benoit: Oui.

+-

    Le président: Continuez je vous prie, général.

+-

    Lgén Mike Jeffery: En ce qui concerne une groupe-brigade mécanisé ou un groupe-brigade, comme je l'ai déjà mentionné à d'autres occasions, l'instruction collective serait un facteur important, étant donné que ce type d'instruction n'a plus été donné depuis un certain temps. Ce serait certainement difficile dans un délai de 90 jours. Selon les circonstances, nous serions peut-être en mesure de le faire dans un délai de six mois, mais de nombreux facteurs interviennent.

    Étant donné le niveau de capacité actuel—qui est lié à l'équipement dont nous disposons, aux niveaux d'instruction et à la durabilité—un facteur de risque important serait lié à la décision de prendre des engagements dans ce domaine. Le fait que l'on considère que ces unités soient prêtes à partir en mission ne signifie pas qu'on puisse les envoyer n'importe où ni leur confier n'importe quelle mission. Cela dépend beaucoup de circonstances très difficiles à prévoir, même dans l'abstrait.

    En fait, nous vérifions régulièrement l'état de préparation de ces unités et tentons de déterminer si elles pourraient en principe intervenir dans les délais nécessaires. C'est ce qui détermine notre niveau de préparation. Quant à savoir si nous les ferions participer à des opérations, c'est une autre question.

    Je voudrais maintenant répondre à la deuxième partie de la question, concernant la durabilité. Il est manifeste qu'à ce niveau, nous sommes confrontés à un défi permanent, que ce soit sur le plan du matériel ou sur celui du personnel. La «durabilité» du personnel est... [Note de la rédaction: inaudible] ...principalement à cause du rythme des affectations. Nous mettons nos troupes à rude épreuve. Il n'est pas exclu pour autant qu'elles puissent accomplir davantage. La question est de savoir combien de temps elles peuvent tenir le coup. Il n'est pas possible de donner une réponse très précise à ce sujet. Il faut porter un jugement en fonction de l'importance ou de la gravité de la situation.

    Je pense l'avoir déjà mentionné, mais il est utile de le rappeler à cette occasion. Lorsqu'il a comparu devant ce comité, le général Maurice Baril a mentionné que nos parents et nos grands-parents avaient été mobilisés pendant la Seconde Guerre mondiale et qu'ils avaient passé cinq ou six ans à l'étranger, mais que c'était nécessaire à cause des exigences de la situation. On pourrait faire exactement la même chose maintenant et je suis sûr que les jeunes seraient prêts à faire ce sacrifice, mais ce n'est pas nécessaire étant donné la nature du contexte actuel de la sécurité. Combien de fois peut-on s'attendre à ce qu'ils repartent en mission? C'est une question d'appréciation et de dosage, mais c'est très délicat.

    En ce qui concerne le matériel, c'est une simple question de stocks et de ressources. Compte tenu de nos contraintes financières, nous avons pris des risques dans ce domaine. Pour maintenir le rythme actuel, il faudrait acheter du matériel que nous n'avons pas en réserve dans plusieurs secteurs. Cette question est liée à celle de l'état de préparation. Dans certains secteurs, nos niveaux de préparation ne sont pas aussi élevés qu'il serait souhaitable à cause de stocks insuffisants. Nous cherchons une solution à ce problème et nous l'examinons attentivement, mais cela implique des risques.

¹  +-(1545)  

+-

    Le président: Merci, général.

    Monsieur Price. Vous disposez de sept minutes.

+-

    M. David Price (Compton—Stanstead, Lib.): Merci, monsieur le président.

    Je vous remercie d'avoir accepté notre invitation, général. Vous avez toujours des informations intéressantes à donner quand vous nous rendez visite.

    J'ai quatre questions à poser. Je les poserai en bloc, puis vous pourrez y répondre.

    La dernière fois que vous êtes venu, vous nous avez donné des informations sur un plan de restructuration très radical. C'était vraiment très intéressant. Il s'agit d'un plan très original. Je me demande si vous le suivez toujours.

    La prochaine question concerne la Force de réserve. Il faudrait 1,2 milliard de dollars pour maintenir les activités actuelles. C'est précisément la question que nous examinons. Si vous receviez par exemple 50 p. 100 de ce montant, seriez-vous toujours prêt à entamer le deuxième volet de la Restructuration de la Force de réserve? Qu'est-ce que vous pourriez faire à ce niveau?

    En ce qui concerne la Force de réserve, le recrutement progresse assez bien, mais nous avons un gros problème lié aux longs délais d'attente dans les bureaux de recrutement pour obtenir les autorisations.

    Vous avez mentionné le camp d'instruction pour les brigades qui doit avoir lieu à Wainwright. Utiliserez-vous des unités de réserve au cours de cet exercice ou utiliserez-vous plutôt des unités étrangères qui pourraient être à Wainwright au même moment et que vous intégreriez aux brigades?

    C'est tout pour l'instant, monsieur le président.

+-

    Le président: Merci, monsieur Price.

    Général.

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, en ce qui concerne la restructuration, le plan pour la Stratégie de l'Armée de terre, au sujet duquel je vous ai donné des informations il y a quelque temps, est toujours en cours de développement et de mise en oeuvre. Je vous rappelle qu'il comprend essentiellement deux étapes. L'une consiste à adopter d'ici trois à cinq ans un modèle d'armée intérimaire en ce qui concerne l'Armée de terre. Cela implique qu'il faut en gros modifier notre méthode de mise sur pied d'une force afin d'en accroître l'efficience et l'efficacité. Au cours des cinq prochaines années, nous comptons d'ailleurs changer radicalement le concept global et la doctrine de l'Armée de terre.

    En bref, nous continuons de suivre cette voie. C'est la vision que j'avais pour l'Armée de terre. Elle a été approuvée par le ministre précédent et par le Chef d'état-major de la Défense (CEMD) et elle est conforme aux efforts déployés pour faire une utilisation optimale des ressources dont nous disposons en faisant appel à notre faculté de jugement, afin de répondre aux attentes du gouvernement. Alors qu'il s'agit d'une orientation nouvelle et différente, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un changement radical, mais je reconnais qu'il est important par rapport à ce que nous avons fait jusqu'à présent.

    Les trois autres questions concernent en fait les réserves. Je vous rappelle que j'ai toujours dit que les réserves constituent un volet important de notre capacité de combat et que nous faisons appel à elles de plus en plus souvent. Au cours des 18 ou 24 derniers mois, nous avons considérablement amélioré notre capacité d'utiliser des unités constituées. Nous avons d'abord intégré six sections d'infanterie de réserve à un groupement tactique en Bosnie. Au roulement suivant, nous y avons placé un peloton complet. Dans le roulement actuel, le 1 PPCLI est en Bosnie et n'est accompagné que de deux compagnies d'infanterie, dont l'une est entièrement constituée de réservistes, à l'exception de trois membres de la Force régulière.

    Il y a d'autres composantes que l'infanterie, mais je pense que c'est un progrès important qui démontre ce dont nous sommes capables. Il s'agit en quelque sorte d'un essai, à bien des égards. Nous ne savons pas très bien quelles sont les limites ni combien de temps nous pouvons rester là, mais cela libère la Force régulière d'une charge et je pense que c'est, pour nos réservistes, un défi qui les aidera à se dépasser et à devenir des chefs, ce qui est intéressant pour l'organisation à long terme.

    Le deuxième volet de la RRFT (Restructuration de la Réserve de la Force terrestre) nécessite l'intervention de deux facteurs. L'un sont les fonds et l'autre sont des instructions du gouvernement quant à l'utilisation de ces fonds. À mon avis, il faut s'assurer que les réserves fassent partie intégrante de l'Armée de terre de demain; il s'agit de cette Stratégie de l'Armée de terre que j'ai mentionnée. Autrement dit, les membres de la Force de réserve doivent être des membres à part entière de l'Armée de terre. Nous nous attendons toutefois à ce que les fonds soient accompagnés d'instructions indiquant ce que le gouvernement s'attend à obtenir en retour. Ces instructions nous aideront beaucoup et nous permettront de cibler les fonds.

    Je peux donner mon opinion personnelle sur la destination de ces fonds, mais tout dépend du montant que nous recevrons et des coûts. Il y aura des questions de détail à régler. Pour cette phase, nous avons prévu le recrutement de 3 000 personnes supplémentaires, ce qui devait coûter 147 millions de dollars d'après le plan initial. Ce montant a augmenté à cause de l'inflation et de quelques autres facteurs, mais c'est le montant approximatif en ce qui concerne les effectifs supplémentaires.

    Les réservistes seront de plus en plus intégrés à notre instruction. Comme je l'ai mentionné dans mes commentaires liminaires, nous organisons un camp d'instruction pour la brigade à Wainwright l'été prochain. Nous espérons qu'une brigade complète participera. Des réservistes participeront également. Je ne peux pas dire exactement combien pour le moment, parce qu'on est toujours en train de régler ces questions de détail. J'espère en tout cas et je pense bien que des réservistes participeront.

    Le nombre de réservistes ne sera pas très élevé cette fois-ci et si quelques membres des forces armées américaines y participeront également, avec des hélicoptères par exemple, ils ne seront pas très nombreux. Je ne m'attends pas à une participation de membres des forces britanniques, bien que ce soit toujours possible, étant donné le lieu. Nous ne voulions pas voir trop grand étant donné que nous n'avions plus organisé d'événement de ce type depuis des années; nous avons préféré la simplicité et nous verrons par la suite ce qui est possible.

    Nous tenons à bien faire les choses et à mettre toutes les chances de succès de notre côté, étant donné que nous n'avons plus fait d'instruction au niveau des brigades depuis plus de 10 ans. Donc, quelques réservistes et quelques membres des forces américaines participeront à cet événement, mais il est encore trop tôt pour savoir combien et pour avoir d'autres renseignements précis à ce sujet.

¹  +-(1550)  

    Le recrutement demeure un sujet de préoccupation. Je signale que je ne suis pas responsable du recrutement et que je n'ai pas de contrôle direct sur le recrutement, que ce soit pour la Force régulière ou pour la Force de réserve. Le recrutement est centralisé et relève de la responsabilité de mon collègue, le général Christian Couture, qui est sous-ministre adjoint des ressources humaines pour les Forces armées.

    Nous avons amélioré considérablement le système de recrutement. Il n'est toutefois pas parfait. Les problèmes qui se posent à ce niveau sont très bien documentés. Nous en connaissons la nature et les causes précises. Ils sont dus à des politiques que nous ne pouvons pas adapter ou que nous n'avons pas encore adaptées—le plus souvent pour de très bonnes raisons—et à des contraintes budgétaires.

    L'aspect du recrutement que j'ai pris en charge, avec le concours des collaborateurs du général Couture, est celui de la propagande pour le recrutement. Aux termes d'une entente de partenariat, l'Armée de terre a fourni un grand nombre de sous-officiers, d'officiers ainsi que du matériel pour aider à attirer de nouvelles recrues. Dans les écoles et dans le cadre d'activités communautaires locales, les jeunes ont l'occasion de parler à des personnes de leur âge qui ont tenté l'expérience et de voir de l'équipement fourni en grande partie par l'Armée de terre. Je n'ai toutefois pas une marge de manoeuvre suffisante, que ce soit sur le plan financier ou sur celui des effectifs, pour investir davantage dans ce secteur.

    Je reconnais en toute sincérité que je ne suis pas certain que nous ayons les ressources nécessaires pour améliorer à court terme la question du traitement des demandes. Ce n'est pas le recrutement en soi qui pose un problème, mais c'est la durée du traitement des demandes. Ce n'est pas toujours le cas cependant. Je pense que le général Couture pourrait confirmer qu'en moyenne, les résultats sont très bons pour environ la moitié des postulants et que, dans ce cas, la durée du traitement des demandes est très brève. Par contre, cela peut être beaucoup plus long dans certains cas en raison de problèmes de sécurité, de problèmes médicaux, ou encore de problèmes juridiques ou du risque.

¹  +-(1555)  

+-

    Le président: Merci, général.

    Monsieur Bachand.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ): Merci, monsieur le président. Je veux aussi remercier le général pour sa présentation. S'il y a une chose que j'ai toujours reconnue chez lui, c'est sa grande honnêteté intellectuelle. Je pense qu'il est capable de nous donner l'heure juste.

    Cependant, dans son exposé et dans ses réponses à mon collègue de l'Alliance, il nous a dit des choses très préoccupantes. Si j'ai bien compris, l'infanterie légère à intervention rapide serait prête à bouger dans les 10 jours et il n'y a pas de problème là. Le groupe mécanisé pourrait bouger dans les 21 jours, mais ça serait un défi. Pour ce qui est de la brigade complète, le général a dit qu'il faudrait compter 90 jours. Il me semble que pour y arriver, il faudrait compter 180 jours plutôt que 90 jours. Quant au matériel, il dit que cela représente toujours un grand défi, parce que le stockage est limité.

    J'ai cru comprendre aussi que pour soutenir les troupes sur le champ de bataille, ce serait un très grand défi que de dépasser le temps pendant lequel elles ont été en Afghanistan, entre autres. Tout le monde sait que les troupes sont probablement revenues d'Afghanistan parce que les soldats ne pouvaient plus soutenir ce rythme. Il a donc fallu les ramener.

    J'ai une hypothèse, mais je ne demanderai pas au général de répondre. Dans le cas d'un conflit en Irak, faudrait-il que ça soit sous l'égide de l'ONU ou si on devrait suivre les Américains dans une coalition? Je sais que c'est une question strictement politique, mais disons que dans un mois, un conflit est déclenché en Irak. Compte tenu de la description que le général Jeffery vient de nous faire du contexte actuel, si le ministre de la Défense disait à ce moment-là au chef d'état-major, le général Henault, que le Canada doit faire une contribution et que cette demande lui est transmise, la réponse de ce dernier serait-elle qu'on est incapable d'envoyer des troupes en Irak au cours des prochains mois?

    C'est ma première question.

[Traduction]

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, c'est toujours un défi de répondre à des questions hypothétiques, surtout lorsqu'il s'agit d'un sujet aussi délicat que la situation en Iraq. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de répéter ce que j'ai déjà dit au sujet de l'état de préparation et de la capacité.

    Depuis que j'occupe mes fonctions actuelles, on me pousse sans cesse à donner des réponses noir sur blanc au sujet de la capacité. En fin de compte, c'est une question de jugement et ce jugement est exercé en fonction du scénario et de la gestion des risques, selon que nous soyons—ou plutôt que je sois, à titre de commandant de l'Armée de terre—prêts à annoncer au Chef d'état-major de la Défense que nous sommes prêts à partir et que le gouvernement est prêt à accepter les risques inhérents à l'expédition de troupes dans cet environnement.

    J'insiste sur le fait que ce sont les membres de notre organisation qui en font la force. Les exploits de l'Armée canadienne en Afghanistan—et plus particulièrement du 3 PPCLI—témoignent de la compétence de notre personnel et démontre que la petite Armée de terre professionnelle—tout comme la Force navale et la Force aérienne, d'ailleurs—est extraordinaire. Ce sont les membres de notre Force qui en font la force et qui en sont le pilier.

    Nous avons de l'équipement efficace et aussi de l'équipement moins efficace. À cela est lié un facteur de risque dont il faut tenir compte. Nous avons également des problèmes de «durabilité» parce que notre budget a été réduit et que nous avons pris des risques au cours des 10 dernières années, étant donné que nous avons entrepris une restructuration depuis la fin de la guerre froide. Le coût de cette restructuration se fait maintenant sentir.

    Sommes-nous capables de répondre à toutes les attentes? Certainement pas. Avons-nous une bonne capacité? Certainement. Est-ce que j'hésiterais à envoyer des troupes dans une région du monde où il y a du danger? Je n'hésiterais pas du tout, pour autant que la mission corresponde à nos capacités, car je suis convaincu que nos soldats sont à la hauteur. Nous n'accepterons toutefois pas de les exposer au danger si nous n'avons pas une capacité raisonnable et équilibrée ou de bonnes chances d'être en mesure d'accomplir la mission.

º  +-(1600)  

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: Puis-je lui adresser une question complémentaire? Je voudrais demander au général s'il est d'accord sur une des recommandations contenues dans le dernier rapport du Sénat.

    Le Sénat recommande fermement qu'aucune mission internationale ne soit entreprise au cours des 24 prochains mois étant donné la capacité insuffisante de l'armée canadienne. Compte tenu de ce qu'il vient de dire, je serais enclin à penser qu'il est d'accord sur la recommandation du Sénat de ne pas envoyer de troupes en théâtre opérationnel au cours des 24 prochains mois.

    Est-il d'accord sur cette recommandation du Sénat?

[Traduction]

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, je suis un pragmatiste. Je pense que des solutions aussi simples que celles-là ne sont pas toujours applicables à des situations concrètes. Si la situation l'exigeait, nous deviendrions opérationnels du jour au lendemain, malgré les risques, les problèmes et les difficultés.

    Est-ce que je cherche à obtenir une période de répit? Oui. C'est pourquoi j'ai recommandé de ne pas renvoyer de troupes en Afghanistan. Est-ce que je voudrais faire sortir les troupes de Bosnie? Oui, parce qu'étant donné le fardeau que l'Armée de terre porte, je me demande si c'est le type de mission à laquelle nous devrions continuer de participer. Je ne pense toutefois pas qu'un arrêt complet des opérations pour une période de 24 mois soit une solution réaliste.

    C'est toujours une question de dosage. Les facteurs qui entrent en ligne de compte sont les fonds, les effectifs et les tâches à accomplir. Quand on veut accroître sa capacité d'exécution, il faut investir davantage de fonds et mobiliser davantage de ressources humaines. Quand on n'a pas les moyens financiers nécessaires, il faut réduire les tâches. C'est une question de dosage. C'est la logique même.

+-

    Le président: Merci, général.

    Merci, monsieur Bachand.

    Monsieur O'Reilly.

+-

    M. John O'Reilly (Haliburton—Victoria—Brock, Lib.): Merci, monsieur le président. Le témoin a déjà répondu à certaines de mes questions. Je tiens toutefois à le remercier d'avoir accepté notre invitation.

    Il y a deux ou trois questions qui me préoccupent en ce qui concerne l'instruction. On recrute des personnes, on assure leur entraînement, puis elles restent à la base pendant des mois et des mois à se tourner les pouces. C'est ce que disent de nombreux parents qui ont encouragé leur fils ou leur fille à s'engager dans les Forces armées et constatent par la suite qu'il ou elle n'a pas le sentiment d'être utile. Ce sera donc ma première question. Je voudrais savoir si l'on peut remédier à cette lacune parce que c'est très démoralisant.

    Ma deuxième question concerne le programme de remplacement des véhicules tout-terrain Iltis. Je voudrais savoir si des progrès ont été réalisés, par quels types de véhicules ils sont remplacés et combien de temps il faudra attendre.

    Ma troisième question concerne le choix entre le véhicule blindé léger (VBL) et le Striker. Je voudrais savoir quel est l'intérêt de posséder le même équipement que les forces américaines ou si ce sont les Américains qui copient notre équipement?

    Ma quatrième question, qui est probablement la plus importante, est la suivante: est-ce que le ministre provoquerait des émois au Quartier général de la Défense nationale (QGDN) s'il demandait à des civils experts en matière d'économie de coûts de faire des études sur le système opérationnel du QGDN et des Forces armées?

    Je vous remercie, monsieur le président.

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, mes réponses seront relativement brèves, étant donné le peu de temps dont nous disposons.

    La longueur des périodes d'attente pour l'instruction des nouvelles recrues est un sujet de préoccupation. En fait, c'est une question qui nous préoccupe beaucoup. Nous avons lancé une vaste campagne de recrutement pour attirer des jeunes hommes et des jeunes femmes dans les Forces canadiennes. Cette campagne a été très efficace. Après avoir recruté ces jeunes, nous reconnaissons avoir un problème de capacité dans plusieurs domaines et c'est de là que vient la difficulté. Mon collègue, le général Couture s'applique à le résoudre. Nous utilisons non seulement les ressources de son système d'instruction mais aussi celles des trois autres services pour tenter de le résoudre.

    Certains de mes collaborateurs examinent également la question. Le problème ne peut pas se régler du jour au lendemain étant donné les contraintes auxquelles l'organisation est soumise, mais nous en avons pris conscience. C'est préoccupant car, quand les périodes d'attente sont trop longues, ces jeunes hommes et ces jeunes femmes reçoivent des messages ou des signaux négatifs sur l'appartenance à une organisation qui est censée être tournée vers l'avenir et savoir où elle va. Je partage donc vos préoccupations à ce sujet.

    En ce qui concerne l'équipement, le remplacement des Iltis ou le Projet VULR a atteint les étapes finales de la passation des marchés, monsieur le président, mais je ne suis pas en mesure de donner des informations plus précises. Ce projet comporte deux volets. Le premier a déjà été annoncé et il s'agit des contrats. L'autre n'a pas encore été annoncé, mais nous pensons qu'il sera bientôt complété. Deux types de véhicules sont concernés. L'un est un modèle commercial courant adapté aux besoins militaires; l'autre est un modèle militaire réglementaire. Par souci d'économie, on compte n'utiliser ce dernier modèle, qui est plus coûteux, que pour la fonction de soutien au combat.

    En ce qui concerne le VBL et le Striker, vous savez déjà que ces deux véhicules sont produits par la même compagnie. Il s'agit essentiellement du même système. Le châssis est le même et, par conséquent, ces deux types de véhicules ont beaucoup d'éléments en commun. Notre modèle a été le premier à sortir de la chaîne de production. Nous en avons confié la production en sous-traitance. En fait, l'Armée canadienne a collaboré étroitement avec la société qui produit ce véhicule pour s'assurer qu'il réponde à nos besoins. Nous avons tendance à croire que les Américains ont copié le modèle que nous avons mis au point, puis l'ont adapté en fonction de leurs besoins, mais les Américains ont probablement une opinion légèrement différente à ce sujet.

    Le Striker est en fait un véhicule plus léger. Il a une puissance de feu inférieure à celle du modèle canadien, mais il est conçu dans un but précis, soit une capacité de chargement et de déchargement rapide d'un Hercules C-130. Cela ne faisait pas partie de nos critères lorsque nous avons confié la fabrication de ce véhicule en sous-traitance et notre modèle n'est pas d'utilisation aussi facile avec le C-130.

    L'avantage de cette situation est que d'ici trois à cinq ans, le niveau de capacité de l'Armée de terre canadienne sera pratiquement le même que celui de la Force intérimaire américaine; c'est d'ailleurs pour cette raison que celle-ci achète le Striker. Autrement dit, en ce qui concerne la capacité militaire au niveau moyen—les autres extrêmes étant le niveau supérieur avec les principaux chars de combat et le niveau inférieur avec les forces légères—le Canada aura, sur le terrain, un niveau de capacité égal, voire, parfois, supérieur, à celui des États-Unis.

    La dernière question est très intéressante, monsieur le président. Au milieu des années 90, lorsque je travaillais au ministère, j'étais responsable des mesures d'accroissement de l'efficience avec deux ou trois de mes collègues; nous avons alors dû tenir compte des coupes sombres qui avaient été faites dans notre budget. Nous avons consacré de longues heures de travail à la restructuration de l'organisation et à l'examen de diverses options en matière d'efficience. Il reste beaucoup de secteurs dans lesquels il est nécessaire d'apporter des améliorations, mais il n'y a pas de solutions miracles. Les fruits les plus faciles à atteindre ont probablement déjà été cueillis, si vous me permettez l'image.

º  +-(1605)  

    Le ministre—et nous en avons déjà discuté—est très au courant des initiatives qui ont été prises. Compte tenu de notre situation, il est raisonnable de vouloir jeter un regard neuf sur la question. Ma seule crainte—et je pense que c'est également ce que mes collègues redoutent—est que l'on se figure qu'une nouvelle doctrine de gestion permette de régler le problème rapidement. C'est très bien pour autant que l'on adopte une approche réfléchie et pondérée. J'attendrai cependant les suggestions des experts.

+-

    Le président: Merci, général.

    Madame Wayne.

+-

    Mme Elsie Wayne (Saint John, PC): Je vous remercie, monsieur le président. Je présente mes excuses au général Jeffery pour mon retard, mais j'ai dû prendre la parole à la Chambre des communes au sujet d'une question concernant les anciens combattants.

º  +-(1610)  

+-

    Le président: Je l'avais signalé, madame Wayne.

+-

    Mme Elsie Wayne: Merci beaucoup, monsieur le président.

    Général, la dernière fois que vous vous êtes présenté ici, vous avez mentionné que l'Armée de terre canadienne était composée de trois brigades et de 12 groupements tactiques. Vous aviez également signalé que si le financement déficitaire devait se poursuivre, vous devriez probablement envisager bientôt de réduire le nombre de brigades de trois à deux. Général, est-ce qu'une décision a été prise au sujet de la suppression éventuelle d'une de vos brigades? Dans l'affirmative, pourriez-vous dire quelle est la décision finale? Dans la négative, pourriez-vous dire quand on prévoit prendre une décision finale?

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, je pense avoir mentionné à une occasion précédente que l'option consistant à réduire le nombre de trois à deux avait été envisagée à plusieurs reprises. C'était une des options si nous voulions vivre selon nos moyens. Compte tenu de l'insuffisance des ressources, c'était donc une des options envisagées. Aucune décision n'a toutefois été prise à ce sujet.

    La décision ne viendra pas de moi mais du gouvernement, compte tenu de l'importance de la réduction. À ce stade-ci, on se demande encore s'il faut pallier cette insuffisance et, le cas échéant, comment. La solution consiste peut-être à obtenir davantage de fonds et à réduire la capacité.

    Depuis lors, nous avons examiné de nombreuses options. Le ministre en a été saisi et, si j'ai bien compris, elles seront examinées sous peu, avant l'établissement du budget. Si le budget comble partiellement ce manque, nous devrons examiner les diverses possibilités de combler la différence.

    Aucune décision n'a toutefois été prise. Pour le moment, je ne suis pas encore en mesure de faire des prévisions.

+-

    Mme Elsie Wayne: Sur le site Web de l'Armée de terre, à la page intitulée: «La Stratégie: Sommaire des déductions clés», on dit ceci:

Les composantes de l'Armée de terre (notamment la force de campagne et les systèmes d'instruction et de soutien) sont victimes d'un déséquilibre; il faut donc prendre des mesures pour éviter une détérioration institutionnelle plus marquée dans certains secteurs critiques: qualité de vie du personnel faisant l'objet de sollicitations excessives (opérations et instruction), potentiel de combat au niveau de la formation et santé morale de l'Armée de terre.

    Général, pourriez-vous donner quelques renseignements sur les mesures que vous avez prises ou que vous prendrez pour régler les problèmes mentionnés sur le site Web de l'Armée de terre?

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, si vous examinez attentivement le site Web de l'Armée de terre, vous y trouverez non seulement cette question mais aussi une bonne partie de la réponse, puisqu'elle porte essentiellement sur l'état de préparation.

    Cette réponse comprend deux volets. Le premier concerne ce que nous appelons l'Armée de terre en tant qu'institution. Le système d'instruction, le système de soutien et la force de campagne de l'Armée de terre doivent être harmonisés. La difficulté qui se pose depuis plusieurs années est que la demande en matière de formation est assez forte pour que nous soyons obligés de réduire l'effectif de notre force de campagne pour augmenter celui de l'Armée de terre en tant qu'institution. Autrement dit, le nombre d'instructeurs est insuffisant et nous devons par conséquent détacher des sous-officiers et des officiers de la force de campagne pour les envoyer dans les écoles. Cette situation provoque un déplacement constant de personnes, ce qui accentue d'autant le rythme des affectations.

    Nous nous efforçons notamment de déterminer si nous pouvons réduire la durée de l'instruction tout en augmentant le nombre de personnes qui y participent, pour atteindre un équilibre global. Pour ce faire, nous devons immanquablement réduire quelque peu l'effectif de la force de campagne mais, cela nous permettrait alors de ralentir le rythme global des affectations. C'est une des tactiques que nous comptons adopter.

    L'autre volet de cet état de préparation planifié est de s'assurer que la force de campagne est préparée pour les opérations et de veiller à adopter une approche cyclique très structurée en matière de préparation opérationnelle des unités. Juste après la fin de la guerre froide, l'armée de terre avait un effectif plus important à préparer en vue des opérations. L'effectif a rapidement diminué et les membres de notre force participent constamment à des opérations. Nous avons réagi au mieux de nos possibilités, mais nous avons pris conscience que nous ne pouvions pas laisser cette question au hasard. Nous devons planifier cette activité de façon beaucoup plus minutieuse que par le passé. En gros, nous adoptons un modèle en vertu duquel un tiers de l'Armée de terre est maintenue en état de préparation élevé ou participe à des opérations, un tiers des soldats sont dans le système d'instruction pour se préparer à participer à des opérations et un tiers des effectifs est en période de récupération, avec une meilleure qualité de vie, plus de périodes de répit entre deux affectations, etc.

    Nous pourrons atteindre un meilleur équilibre global si nous arrivons à créer un mouvement cyclique. La prévisibilité sera alors accrue et les soldats sauront à quoi s'en tenir. Leur stress est dû en grande partie à l'incertitude. Je raconte souvent que lorsque je rentre à la maison le soir et que ma femme me dis que nous allons à l'opéra, je suis peut-être disposé à supporter l'opéra, mais que l'effet de surprise crée tout de même un léger stress. Lorsque mes soldats rentrent à la maison et annoncent à leur famille qu'ils partent en Bosnie dans une semaine, cela crée beaucoup de stress. Lorsqu'ils rentrent à la maison et annoncent que nous comptons les envoyer en Bosnie dans un an, c'est déjà beaucoup moins stressant. Notre objectif est donc d'atteindre un état de préparation axé sur une planification à long terme. C'est ce qui est mentionné dans la Stratégie de l'Armée de terre pour remédier à ce déséquilibre.

º  +-(1615)  

+-

    Le président: Vous avez encore le temps de poser très rapidement une dernière question, madame Wayne.

+-

    Mme Elsie Wayne: À supposer que vous ayez actuellement un budget illimité et que vous ayez toutes les ressources nécessaires, quelles mesures prendriez-vous? Quel niveau viseriez-vous pour l'Armée de terre? Quel est le montant des crédits dont vous auriez besoin? Que niveau voudriez-vous atteindre?

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, c'est une question très hypothétique, et je ne suis pas sûr...

+-

    Mme Elsie Wayne: Elle l'est, mais je voudrais tout de même une réponse, parce que nous pourrions alors prendre votre défense.

+-

    Lgén Mike Jeffery: Si vous me permettez de mentionner quelles devraient être les priorités, je pense que la première serait de s'assurer que la structure actuelle est durable. C'est une question que le comité a examinée sous plusieurs angles et je pense qu'il reconnaît que le personnel et le matériel en sont deux éléments essentiels. Il faut donc examiner la structure actuelle et s'assurer qu'elle n'ait pas de failles.

    Il s'agit ensuite d'accroître la capacité pour atteindre le niveau que le gouvernement juge nécessaire pour être en mesure de gérer les menaces à l'échelle planétaire. J'ai bien une opinion à ce sujet, et je suis prêt à en discuter dans le contexte adéquat, mais c'est une situation hypothétique. Quand nous examinerons les perspectives à long terme en matière de sécurité nationale, ce sera peut-être l'occasion d'en discuter et de vous donner mon point de vue.

+-

    Le président: Merci, général.

    Merci, madame Wayne.

    Monsieur Wood.

+-

    M. Bob Wood (Nipissing, Lib.): Merci, monsieur le président.

    Général, dans l'exposé qu'il a fait au comité ce lundi, le président du Congrès des associations de la Défense a mentionné ceci:

L'Armée de terre a un déficit dans tous ses comptes budgétaires, déficit de près de 1 milliard de dollars par an.

    Elle connaît une grave pénurie de techniciens spécialisés et de pièces de rechange. Nous pensons que ces problèmes pourraient entraîner l'immobilisation de 40 à 50 p. 100 des armes et des véhicules de l'Armée d'ici 18 mois.

Je voudrais avoir votre opinion à ce sujet.

+-

    Lgén Mike Jeffery: La question du déficit budgétaire est extrêmement complexe. Mon plan d'affaires, c'est-à-dire mon plan concernant les ressources stratégiques, qui est publié chaque année et est disponible... Il s'agit d'un document public. Ce document a déjà été examiné et de nombreux journalistes y ont eu accès; le Congrès des associations de la Défense y a eu accès également et en a fait une analyse.

    Le budget de fonctionnement, qui est le seul volet du budget relevant de ma responsabilité—il est de l'ordre de 840 millions de dollars—est insuffisant. D'après mes calculs, nous aurions besoin d'au moins 500 millions de dollars supplémentaires pour pouvoir être très performants. Cela ne nous empêche pas de nous tirer d'affaire, mais nous devons gérer un certain niveau de risque. Nous avons absolument besoin d'une partie de ces fonds supplémentaires, mais certainement pas de toute cette somme. Nous serons en mesure de gérer certains risques avec le temps.

    On peut citer de nombreux chiffres différents en ce qui concerne le personnel et l'équipement supplémentaires nécessaires et je ne suis pas en mesure de confirmer ou de nier l'exactitude des chiffres mentionnés. Tout dépend du type d'analyse que l'on fait. C'est globalement le budget approximatif qui serait nécessaire pour faire tourner une grosse organisation comme la nôtre.

    En ce qui concerne le personnel, comme je l'ai mentionné dans mes observations liminaires, nous avons toujours des difficultés dans plusieurs branches techniques et ces difficultés pourraient persister encore des années, à l'Armée de terre et dans les deux autres forces. Nous ne sommes pas les seuls à avoir de la difficulté à attirer des candidats dans les branches techniques d'importance capitale. Le problème se pose à l'échelle de la fonction publique. Certaines entreprises ont les mêmes difficultés.

    Le problème touche actuellement trois ou quatre métiers. Deux d'entre eux sont liés au génie mécanique. Il s'agit du métier de technicien des systèmes de conduite de tir et l'autre, celui de technicien en armement, métiers qui sont liés à la maintenance de nos vastes flottes d'équipement. Nous avons en outre des difficultés dans deux branches des communications, en ce qui concerne les postes de technicien des systèmes d'information du commandement terrestre et d'opérateur de transmissions qui sont des postes essentiels, à cause de nos nouveaux systèmes de commandement, de contrôle et de communications.

    Ce sont les quatre branches dans lesquelles nous avons le plus de difficulté à trouver des candidats. Ce difficultés persisteront probablement pendant une dizaine d'années, même en faisant de gros investissements. Il faut attirer des personnes compétentes, les retenir et adapter les exigences pour établir un système durable.

    Nous avons également des difficultés dans plusieurs autres branches que je me contenterai de mentionner rapidement. Vous en avez probablement déjà entendu parler. Il s'agit des postes de pilote et de ceux d'officier ingénieur mécanicien. Nous aurons probablement des difficultés dans plusieurs de ces disciplines.

    Est-il possible que ces difficultés nous forcent à immobiliser 40 p. 100 de nos systèmes d'arme ou de nos véhicules? Je ne le pense pas. Cependant, le nombre de véhicules non opérationnels est élevé à certains endroits, mais il en a toujours été ainsi. Cela dépend du temps dont disposent les techniciens disponibles pour en assurer l'entretien et des pièces de rechange nécessaires pour faire les réparations, étant donné que nous avons réduit les approvisionnements. Dans certains cas, on attend d'avoir les pièces de rechange nécessaires alors que dans d'autres, il faut attendre que les techniciens soient disponibles.

    Je ne suis pas en mesure de citer un chiffre global. Je pense toutefois que 40 p. 100, c'est beaucoup et je serais surpris qu'il s'agisse de la moyenne générale. Il est toutefois possible que ce pourcentage soit atteint dans certaines unités dont l'état de préparation est limité.

    En ce qui me concerne et en ce qui concerne la gestion des risques, monsieur le président, je tiens à mentionner que la situation n'est pas encore grave ni catastrophique et qu'elle est gérable. Elle pourrait toutefois devenir catastrophique si elle persiste encore longtemps, mais je ne pense pas qu'elle le soit actuellement.

º  +-(1620)  

+-

    Le président: Avez-vous d'autres commentaires à faire, monsieur Wood?

+-

    M. Bob Wood: Oui, un.

    Comme vous le savez, le Congrès des associations de la Défense a publié un document intitulé Une nation vulnérable: Le déclin des Forces canadiennes. Sommes-nous une nation vulnérable et les Forces canadiennes sont-elles en déclin?

+-

    Lgén Mike Jeffery: À propos du déclin des Forces canadiennes, je répéterai ce que j'ai déjà dit à maintes reprises en votre présence. Je n'ai pas tendance à donner des réponses noir sur blanc. Je crois que ce type de réponse donne une image fausse de la réalité.

    Les Forces canadiennes sont beaucoup plus restreintes qu'elles ne l'étaient il y a une dizaine d'années. Elles ont beaucoup plus de problèmes de durabilité. Il est incontestable qu'elles se soient amenuisées. Les Forces canadiennes comptent parmi leurs membres des experts de calibre mondial et des personnes d'une compétence inégalée jusqu'à présent. Nous avons de l'excellent équipement. Dans de nombreux secteurs, l'Armée de terre a un équipement plus performant qu'il y a une dizaine d'années. Dans l'ensemble, on ne peut donc pas affirmer que les Forces canadiennes connaissent un sérieux déclin.

    Je suis certes préoccupé. À l'époque où j'ai pris mes fonctions actuelles, j'ai dit que l'Armée de terre était fragile, mais comment mettre une étiquette sur cette fragilité? Monsieur le président, j'ai déjà fait des commentaires au sujet des risques généraux et des perspectives en matière de sécurité et de défense. C'est le type de question à laquelle il convient de répondre dans ce contexte. Il est incontestable que les règles de base évoluent. Nous ne sommes plus dans un monde relativement stable et bipolaire. Le monde actuel est beaucoup plus instable. J'ai effectivement de graves préoccupations au sujet de l'ampleur de cette instabilité et de ce qu'elle implique pour notre nation.

    Je ne pense pas que notre pays coure un grave danger et ce, grâce à notre situation géographique et géopolitique. Personne n'envisage de nous attaquer pour l'instant. Notre mode de vie n'est pas en danger immédiat. Cependant, comme militaire professionnel, je pense effectivement qu'il pourrait l'être à long terme. Quiconque s'est penché sérieusement sur le problème est conscient des tendances générales. Je pense que nous en sommes conscients et le gouvernement aussi. C'est la raison pour laquelle j'ai mentionné qu'il était nécessaire d'examiner attentivement ce problème dans une perspective à long terme.

º  +-(1625)  

+-

    Le président: Merci, général.

    Merci, monsieur Wood.

+-

    M. Bob Wood: Merci, monsieur le président.

+-

    Le président: Nous arrivons au tour de questions d'une durée de cinq minutes. Vous avez la parole, monsieur Benoit.

+-

    M. Leon Benoit: Merci, monsieur le président.

    Général Jeffery, je signale, par l'intermédiaire du président, que lorsque vous avez répondu à une des questions précédentes concernant la possibilité de faire un déploiement à l'étranger dans un délai de six mois, vous avez mentionné que l'on aurait de la difficulté à fournir une brigade complète. Pourtant, c'est le délai qui est mentionné dans le Livre blanc de 1994, qui représente les engagements du gouvernement à l'égard des Canadiens en ce qui concerne les prestations de nos Forces armées.

    Le mandat de notre comité—mandat qui a été établi il y a une semaine à peine—est de tenir des audiences sur la contribution militaire possible du Canada en cas de conflit avec l'Iraq. Je voudrais donc savoir si nous pourrions assurer un déploiement à l'étranger en cas de conflit avec l'Iraq ou si nous pourrions respecter l'engagement pris par le gouvernement envers les Canadiens dans le Livre blanc de 1994.

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, j'ai déjà fait des commentaires à ce sujet et je considère que cette question est très hypothétique. Nous pourrions effectivement mobiliser dans ce délai une formation de la taille d'une brigade pour lui confier certaines tâches. Par contre, nous ne pourrions pas le faire dans n'importe quelles circonstances. Plus les exigences sont élevées et moins nous serions en mesure d'intervenir.

    Qu'est-ce qu'une brigade? Une brigade est composée en fait de deux unités ou plus, ce qui représente de 2 000 à 6 000 personnes. Le Livre blanc ne précise pas ce que représente une brigade. Dans le contexte actuel, on n'a plus nécessairement besoin de brigades de combat aussi importantes qu'il y a quelques années. Une brigade est composée en fait de deux unités ou plus, avec un quartier général pour la formation et le niveau de soutien nécessaire pour partir en mission. Depuis deux ans, nous maintenons en tout temps à l'étranger des troupes importantes qui sont en mesure d'intervenir.

    Il serait possible de mobiliser ces troupes du jour au lendemain, mais certainement pas une brigade de combat complète composée de 5 000 à 6 000 soldats, avec tout l'équipement nécessaire pour tenir le rythme pendant de longs mois. C'est une question purement hypothétique et je ne suis pas certain qu'elle puisse fournir des indications utiles.

+-

    M. Leon Benoit: Général, je vous ai posé, par l'intermédiaire du président, une question précise sur l'engagement pris dans le Livre blanc de 1994. Vous y avez peut-être répondu, mais je voudrais m'en assurer.

    Sommes-nous en mesure de respecter cet engagement? Dans ce cas, combien de temps pouvons-nous maintenir le rythme et dans le cadre de quel type d'opération? Vous avez mentionné que ce serait possible en ce qui concerne certains types d'opérations, mais pas pour d'autres types d'opérations. Compte tenu de la promesse qui a été faite aux Canadiens dans le Livre blanc, pourriez-vous dire si vous seriez en mesure d'intervenir et de tenir le coup pour une période prolongée?

+-

    Le président: Monsieur Benoit, j'ai beaucoup de difficulté à saisir la différence entre votre première et votre deuxième question, mais si le général désire répondre, je le prie de le faire.

+-

    Lgén Mike Jeffery: J'aurais seulement deux commentaires à faire dans ce contexte. Le premier est qu'un énoncé de principe ne constitue pas une promesse de la part d'un niveau précis de l'organisation ou d'un certain nombre de personnes. C'est le problème habituel du niveau de précision d'un document d'orientation.

    Le Livre blanc mentionne une force d'intervention principale, c'est-à-dire une brigade. Je pense qu'il ne donne pas d'information plus précise sur la nature de l'engagement global. Il ne précise pas la taille de la force ni la nature des tâches ou des circonstances. Je ne tentais donc pas d'esquiver la question. J'ai mentionné que notre capacité de fournir cette force dépendait de ces divers facteurs. Au niveau supérieur, nous ne pourrions probablement pas le faire, étant donné les exigences et le niveau de risque. Par contre, nous serions en mesure de le faire au niveau inférieur. Nous ne savons pas très bien ce que nous pourrions faire à un niveau situé entre les deux.

    En ce qui concerne le maintien en puissance, le Livre blanc n'exige pas que nous maintenions une brigade en état de «durer». La politique exige que nous soyons en mesure de déployer et de maintenir en puissance jusqu'à deux groupements tactiques—ou, pour être plus précis, un groupement tactique et un groupe-bataillon d'infanterie—et de déployer, sans toutefois le maintenir en état de «durer», un groupe-brigade.

º  +-(1630)  

+-

    M. Leon Benoit: Général, je voudrais vous demander aussi, par l'intermédiaire du président...

+-

    Le président: Je suis désolé, monsieur Benoit, mais les cinq minutes dont vous disposiez sont écoulées.

    Monsieur McGuire. Vous avez cinq minutes.

+-

    M. Joe McGuire (Egmont, Lib.): Merci, monsieur le président. Je n'ai que deux questions à poser.

    Les forces américaines ont fait une restructuration et ont établi ce qu'elles appellent le commandement du Nord. Que pourrait apporter, à votre avis, le Canada à un commandement du Nord intégré si on lui demande de participer? Quelle serait la différence entre le commandement du Nord et le NORAD? Y aurait-il chevauchement avec le NORAD ou viendrait-il s'y ajouter? Que se passerait-il si deux forces intégrées concurrentes étaient en place en Amérique du Nord?

+-

    Lgén Mike Jeffery: Le NORTHCOM est une structure de commandement américaine; vous savez d'ailleurs probablement que des discussions sont en cours. Des discussions ont eu lieu entre le Canada et les États-Unis pour examiner l'effectif d'un groupe de planification dans la structure du NORTHCOM. Le gouvernement n'a pas encore pris de décision à ce sujet et je pense par conséquent ne pas être autorisé à en discuter. Je pense qu'une proposition sera faite au gouvernement ou qu'on étudiera la question avec lui au cours des prochains jours. Le gouvernement prendra alors des décisions et nous réagirons en conséquence. C'est toutefois un secteur de coopération entre le Canada et les États-Unis dans lequel nous n'interviendrons pas. Nous ne sommes pas intégrés au commandement et au contrôle du NORTHCOM. Il s'agit d'un système américain, alors que le NORAD est une structure entièrement intégrée.

    Les relations entre le NORTHCOM et le NORAD évoluent rapidement et, si je suis un peu au courant ou si j'ai déjà une opinion à cette étape, je ne pense pas qu'elle présente un intérêt pour vous, monsieur le président, parce que je ne suis pas cette affaire de très près. Je pourrais même vous induire en erreur et je n'y tiens pas. Les relations évoluent incontestablement et elles continueront d'évoluer pendant que les États-Unis examinent les possibilités d'intégration et de modification de sa structure de commandement et la réaction éventuelle du NORAD dans ce contexte.

+-

    M. Joe McGuire: Les Américains envisagent-ils un commandement du Nord opérant sur le territoire canadien? Comment sera-t-il structuré? Il ne concernera pas uniquement le nord des États-Unis, mais le nord de toute l'Amérique du Nord. Nous serons concernés d'une façon ou d'une autre, qu'il soit intégré ou non.

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, je voudrais exposer d'abord l'approche américaine. En tant que puissance et que force militaire mondiales, les forces armées américaines opèrent à l'échelle mondiale. Elles ont ce qu'elles appellent des CINC—c'est-à-dire des commandants en chef—, mais je crois que la terminologie est en train de changer. Quoi qu'il en soit, elles ont divisé le monde en cinq régions principales et pour chaque région, elles ont confié la responsabilité des opérations à un chef militaire. S'il est nécessaire de mener des opérations dans leur région, celles-ci sont sous leur responsabilité. Ces chefs militaires ont un quartier général et du personnel chargé de suivre de près ce qui se passe dans la région dont ils sont responsables; si des opérations militaires sont nécessaires dans leur région, ils constituent les forces chargées de les mener. Après les attentats du 11 septembre, les Américains ont remanié leur structure; ils ont assimilé le NORTHCOM—qui englobe toute l'Amérique du Nord et les régions voisines—à une région de commandement, et ont nommé un responsable à sa tête.

    Le but principal est la défense des États-Unis, mais n'y a-t-il pas d'autres intérêts en jeu? Certainement. Cela veut-il dire que le NORTHCOM mènera automatiquement des opérations à l'extérieur de cette région? Non, certainement pas. Les États-Unis envisagent d'établir des relations entre le NORTHCOM ou le SOUTHCOM, ou les divers autres commandements et les autres pays dans les régions concernées. À mon avis, ce n'est pas parce que les Américains l'ont appelé NORTHCOM et que la région globale concernée englobe le Canada que nous sommes tenus de collaborer ou qu'ils opéreront au Canada également.

+-

    Le président: Merci, monsieur McGuire.

+-

    M. Joe McGuire: Monsieur le président, la distinction est que cela suppose notre collaboration, mais je présume que cela se discute.

º  +-(1635)  

+-

    Le président: Oui.

    Monsieur Bachand.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: Monsieur le président, je commencerai en rappelant, moi aussi, le mandat du comité. Vous vous rappellerez que j'avais proposé que nous recevions les généraux des trois principaux corps de l'armée canadienne parce que nous n'étions pas prêts à entamer tout de suite l'étude sur les relations américano-canadiennes concernant l'armée, et il était bien clair qu'il fallait que nous nous consacrions à l'état de préparation des trois corps de l'armée canadienne advenant un éventuel conflit en Irak. D'ailleurs, les trois généraux vont venir ici.

    Je veux dire au général que les questions qui nous seront adressées en tant que députés n'auront certainement pas pour but de savoir si le Iltis a cinq vitesses ou si le canon du VBL III est supérieur à 105 millimètres. Dans le comté de Saint-Jean, au Québec et au Canada, les gens ne veulent pas savoir cela. Ce sont les questions d'actualité qui intéressent les gens. Ils voient comment les choses se déploient actuellement, ils voient les réactions du président Bush, ils voient les inspecteurs et ils vivent dans la crainte que ces derniers découvrent quelque chose de gros qui cautionnerait une attaque contre l'Irak. Les gens de Saint-Jean, comme ceux du Québec et du Canada, vont nous demander si notre armée est prête à y aller. Qu'est-ce que je leur répondrai?

    Je demande au général de me donner son appui pour que je puisse fournir une réponse aux gens. Bien sûr, si je réponds à mes électeurs que le Livre blanc nous dit qu'il faut avoir une brigade, on va me demander combien il y a de personnes dans une brigade. Je leur dirai qu'il y en a de 2 000 à 6 000. On va ensuite me demander quelles tâches les brigades peuvent accomplir. Je leur répondrai que cela dépend de la situation, qu'on peut envoyer 2 000 personnes pour accomplir une tâche spécifique et qu'on peut en envoyer 6 000 pour une autre tâche. On va alors me demander quelle est la nature des tâches, si on est prêt, si on va là pour garder des jardins ou pour faire des promenades dans les palais présidentiels en Irak, avec 2 000 soldats, ou si on y va pour vérifier l'identité des gens à l'entrée d'un palais présidentiel. On va nous demander si c'est ce que l'armée canadienne sera appelée à faire.

    Il me semble que présentement, les gens veulent savoir de quelle façon on est capable de contribuer, dans quelle mesure on peut le faire et si la contribution est significative.

    Je ne suis pas capable d'accepter des réponses du genre «entre 2 000 et 6 000» et «ça va dépendre des tâches qu'on va nous imposer». Je sais que le général va me dire que c'est la triste vérité, mais au fond, pourquoi ne nous dit-il pas qu'on n'est pas capable d'y aller? Il vient de dire lui-même qu'il a retiré les troupes de l'Afghanistan après six mois et il recommande maintenant qu'on retire les troupes de Bosnie parce qu'elles sont essoufflées. Je ne pense pas qu'on puisse les envoyer dans une nouvelle aventure avant au moins six mois, avec une brigade complète. Qu'il nous dise tout simplement qu'on est incapable de les envoyer. Je vais comprendre et je vais le dire aux gens.

    Ce serait peut-être bon pour notre dossier aussi. Peut-être les gens diraient-ils que ça n'a pas de bon sens de n'envoyer personne là-bas. On n'a pas les budgets pour les envoyer. On pourrait leur demander s'ils sont d'accord pour payer plus. C'est à ce moment-là que le véritable débat va s'enclencher.

    Je ne voudrais pas être victime d'un détournement du mandat du comité qui ferait en sorte que l'on parlerait de la cinquième vitesse des Iltis et de la grosseur des canons. Je veux savoir si on est capable d'y aller et combien de personnes on peut envoyer en Irak pour accomplir des tâches importantes. Tel est le mandat du comité actuellement.

[Traduction]

+-

    Le président: Monsieur Bachand, je pense que le général a déjà mentionné qu'il n'était pas en mesure de fournir des renseignements précis, notamment parce que le gouvernement n'a pas encore pris de décision, même si le comité voudrait en obtenir. Le comité a parfaitement le droit de demander des renseignements. Le nombre d'informations que peuvent fournir le gouvernement et le lieutenant-général Jeffery ne répondra toutefois pas nécessairement à nos attentes. Je pense que c'est entendu.

    Nous devons comprendre par ailleurs qu'aucune mission précise n'a été confiée au Canada. Le nombre de soldats affectés à une mission précise dépendrait de la nature de cette mission. Je suis sûr que le général sera en mesure de faire d'autres commentaires et de donner de plus amples renseignements à ce sujet.

    Général.

º  +-(1640)  

+-

    Lgén Mike Jeffery: Je n'en suis pas sûr, monsieur le président. Ce n'est pas que je ne veuille pas donner davantage de renseignements. Compte tenu de ce que j'ai déjà mentionné et conscient des préoccupations et du degré de frustration du comité à ce sujet, je pense que celui-ci cherche à obtenir des réponses noir sur blanc dans un contexte qui est encore très flou.

    Je peux fournir un groupement tactique d'infanterie légère. Je peux fournir un groupement tactique d'infanterie mécanisé. Je peux même fournir davantage, jusqu'à une brigade, selon les circonstances. Je me permets toutefois d'insister sur le fait que je ne peux pas maintenir une brigade en puissance pendant de longues périodes parce que nous avons quelques difficultés en ce qui concerne la «durabilité». Comme pour toutes les organisations, cela dépend en fait de ce que l'on attend de moi.

    Même si l'Armée de terre était trois fois plus importante, nous ne pourrions probablement pas donner des réponses plus précises parce que l'état de préparation change sous l'influence de divers facteurs. Nous ne pouvons pas affirmer que nous sommes capables de participer à une mission et que nous pouvons accepter les risques sans connaître la nature de cette mission et sans avoir fait les analyses nécessaires.

+-

    Le président: Merci, général.

    Monsieur Bachand, le temps dont vous disposiez est écoulé. Je suis certain que vous en êtes conscient.

    Monsieur Price. Vous avez cinq minutes.

+-

    M. David Price: Merci, monsieur le président.

    Général Jeffery, en ce qui concerne le Sommet de Prague et la force d'intervention rapide—car je suis conscient que vous ne pouvez pas parler de la Force navale ou de la Force aérienne—ce que l'on envisage dans ce contexte, c'est la mise en place d'une force permanente, ce qui implique la présence de militaires sur place. J'imagine que vous étudiez également la question pour voir ce que vous êtes en mesure de fournir.

    À ce sommet, on a mentionné clairement que les forces provenant de divers pays devraient se spécialiser dans un domaine précis. C'est l'objectif. Un domaine précis sera confié à chaque pays et chaque pays ajoutera ses troupes à cette force permanente pour pouvoir établir une force d'intervention rapide prête à intervenir dans le délai prévu, dont je ne me souviens plus.

    Pourriez-vous donner des informations plus précises à ce sujet, y compris les délais?

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, je ne suis pas au courant de tout ce qui s'est dit au cours des discussions, car elles se poursuivent. On n'a pas encore déterminé quelles seraient la taille de la force ni ses capacités précises. On tient de nombreuses discussions, et même en quelque sorte des négociations, pour régler ces questions.

    Concrètement, nous pourrions probablement fournir un groupement tactique ou deux, tout au plus. À plus long terme, nous pourrions certainement fournir davantage, pour autant que nous ayons des ressources supplémentaires, mais c'est à peu près notre capacité actuelle. La difficulté viendra du fait que certains pays membres de l'OTAN s'attendent à ce que nous fournissions une formation de la taille d'une brigade et rien de moins. À court terme, nous aurions de la difficulté à le faire et je ne sais donc pas très bien ce qui sera décidé.

    De nombreuses discussions et des négociations sont en cours. Est-ce qu'on accepterait que nous fournissions une formation plus petite qu'une brigade? En toute sincérité, je l'ignore, parce que je n'ai pas participé à ces discussions.

+-

    M. David Price: C'est la période de Noël après tout et nous pourrions peut-être préparer une liste de cadeaux de Noël. Si vous pouviez choisir la spécialité que vous voulez intégrer à cette force, opteriez-vous pour un groupe de reconnaissance? Je vous pose la question en ce qui concerne l'Armée de terre, bien entendu, parce que je sais que vous ne pouvez pas répondre en ce qui concerne les deux autres forces.

+-

    Lgén Mike Jeffery: Il y aurait à ce niveau plusieurs possibilités. Nous avons de bons groupes d'infanterie, de bons groupes de reconnaissance et plusieurs autres groupes qui pourraient assurer facilement le niveau de capacité et d'état de préparation nécessaire. Étant donné que vous m'avez demandé ce que je choisirais comme cadeau de Noël, je réponds que j'opterais pour une brigade. Ce n'est, bien entendu, pas réalisable dans le présent...

+-

    M. David Price: Vous devez toutefois établir une liste des cadeaux que vous souhaitez recevoir.

+-

    Le président: On ne sait jamais.

    Avez-vous d'autres questions, monsieur Price?

º  +-(1645)  

+-

    M. David Price: Oui, et elle concerne un sujet qui a déjà été abordé, à savoir les nouveaux véhicules. Les réserves auraient un modèle de véhicule—celui qui est déjà commandé—et la Force régulière en aurait un autre. S'agit-il en gros du même véhicule à la seule différence près que l'un serait un peu plus blindé que l'autre? Je suis sûr que vous êtes à l'étape de la planification en ce qui concerne le deuxième. Pourriez-vous donner quelques informations précises à ce sujet?

+-

    Lgén Mike Jeffery: Nous nous demandions s'il ne conviendrait pas d'opter pour un véhicule qui soit à la fois un véhicule opérationnel et un véhicule d'instruction. Nous avons fait plusieurs essais. Nous avons déjà utilisé des véhicules commerciaux à des fins opérationnelles. S'ils font l'affaire, les véhicules commerciaux présentent toutefois un problème de capacité et de durabilité. Nous avons également déjà utilisé ce que l'on appelle des véhicules de modèle militaire réglementaire, qui sont beaucoup plus coûteux.

    Le raisonnement était le suivant: si l'on pouvait obtenir un véhicule fabriqué en deux versions, une version commerciale adaptée à des fins militaires—c'est-à-dire un modèle commercial auquel on apporte des modifications mineures pour répondre aux exigences des forces armées—pour l'instruction ou les opérations intérieures et, idéalement, le même type de véhicule, mais en version militaire réglementaire, pour les grandes opérations, le niveau de transfert des compétences entre les deux véhicules serait élevé. Un des modèles est un véhicule efficace pour l'instruction et les opérations intérieures et les compétences sont transférables à l'autre modèle de véhicule. C'est le raisonnement que l'on tenait il y a des années mais, pour diverses raisons—notamment liées à la sous-traitance—nous sommes maintenant presque certains qu'il s'agira de deux véhicules différents.

    La formule envisagée initialement n'était pas réalisable. Cela ne signifie toutefois pas que le concept était mauvais. Il n'était pas vraiment nécessaire d'investir dans l'achat de véhicules de modèle militaire réglementaire pour l'instruction au Canada. Nous avons donc opté pour deux véhicules différents dont l'un aurait une capacité moindre et serait moins coûteux, afin de pouvoir en acheter un plus grand nombre avec le budget dont nous disposons. C'est le raisonnement que nous avons tenu et c'est l'option qui est retenue pour l'instant.

+-

    Le président: Merci, général.

    Merci, monsieur Price.

    Madame Wayne.

+-

    Mme Elsie Wayne: Général Jeffery, d'après le rapport intitulé Une nation vulnérable que nous avons reçu—et qui a été mentionné par mon collègue Bob Wood—, je pense que depuis l'examen du programme qui a été fait en 1994, notre Armée de terre a un approvisionnement national qui n'est pas suffisamment financé. L'écart était initialement de 10 p. 100 par an mais depuis peu, il est d'environ 30 p. 100. Le rapport indique que dans 18 mois—c'est-à-dire en 2004—, entre 40 et 50 p. 100 des armes et des véhicules des Forces armées pourraient être immobilisés parce que l'achat de pièces de rechange a été négligé ou qu'il est inadéquat. Le rapport mentionne en outre que, en ce qui concerne les pièces de rechange, l'immobilisation pourrait durer de deux à cinq ans et qu'elle pourrait même durer de cinq à dix ans en ce qui concerne la main-d'oeuvre. Pourriez-vous faire des commentaires à ce sujet?

+-

    Le président: Je crois que le général a déjà fait quelques commentaires à ce sujet précédemment, madame Wayne.

+-

    Mme Elsie Wayne: Je suis désolée.

+-

    Le président: Général, avez-vous d'autres commentaires à faire à ce sujet?

+-

    Lgén Mike Jeffery: En ce qui concerne la période d'examen du programme de 1994, je voudrais m'assurer que vous comprenez la dynamique.

    La portion du budget d'approvisionnement national destinée à l'Armée de terre—car ce budget est un budget ministériel et ne relève donc pas de l'Armée—contient des fonds pour l'achat des pièces nécessaires pour effectuer les réparations importantes et la révision de tous nos véhicules. Le montant que l'Armée de terre reçoit dans le cadre de ce budget a considérablement augmenté au cours de cette période.

    Il a considérablement augmenté parce que nous avons fait entrer en service des flottes supplémentaires de véhicules et parce que les besoins d'approvisionnement national se sont accrus dans ce domaine. La technologie de pointe est plus coûteuse et, par conséquent, notre budget a considérablement augmenté avec l'arrivée de ces véhicules plus récents. En raison de la diminution globale du budget, cette situation a engendré d'énormes pressions sur l'approvisionnement national, si bien que des forces concurrentes entrent en jeu à ce niveau. Je ne peux pas confirmer ni nier que le «trou budgétaire» représentait 10 p. 100 des fonds nécessaires et que ce pourcentage a augmenté depuis lors. Je n'ai pas les données nécessaires.

    Comme je l'ai mentionné tantôt au sujet de l'immobilisation de 40 à 50 p. 100 des véhicules en raison d'une pénurie de pièces et de main-d'oeuvre, je ne peux confirmer ni nier ces chiffres non plus. J'ignore comment cette analyse a été effectuée. Je trouve ce pourcentage extrêmement élevé. La question des pièces et de l'approvisionnement national est une question que nous gérons sur une base annuelle. Nous décidons d'investir davantage dans l'achat de pièces de rechange après avoir effectué un examen des risques.

    On peut échafauder des scénarios de crise en faisant concorder diverses prévisions, mais nous avons des moyens de contrôle. Nous gérons effectivement une «brèche» importante en matière de capacité et de ressources. Le ministre a expliqué qu'elle se chiffrait à 1 milliard de dollars. Cela représente une somme considérable et, comme elle persiste depuis un certain temps, les risques deviennent visibles. La question est de savoir si nous sommes en mesure de gérer cette brèche. Je pense que oui.

    Il est indéniable que des véhicules et des armes sont immobilisés à cause d'une pénurie de main-d'oeuvre. En continuant à faire des prévisions, vous pourriez élaborer des scénarios de crise. Nous éviterons toutefois la crise car nous apporterons les changements nécessaires et modifierons les priorités en conséquence. Je décide d'immobiliser certains secteurs de l'Armée bien avant l'état de crise, ce qui me permets d'accorder toute mon attention au problème et de le régler.

    Je ne peux donc pas nier les résultats de cette analyse théorique, mais nous avons la responsabilité de veiller à ce que la situation ne dégénère pas à ce point. Les causes sous-jacentes sont bien réelles et j'en tiens compte.

º  +-(1650)  

+-

    Le président: Madame Wayne, vous avez encore le temps pour une très brève question.

+-

    Mme Elsie Wayne: Monsieur le président, je signale au général que M. David Price, M. Leon Benoit et moi-même faisions partie d'un groupe d'étude du CPAC. L'étude était basée sur une tribune téléphonique, mais on a également fait un sondage. Les résultats de ce sondage indiquent que 89 p. 100 des Canadiens sont en faveur d'accorder de l'aide à nos Forces armées. Les Forces canadiennes ont donc la priorité puisque 89 p. 100 des Canadiens sont actuellement convaincus du rôle capital qu'elles jouent.

    Notre rôle n'est pas de vous critiquer, mais plutôt de vous aider. Notre rôle consiste à communiquer au gouvernement des informations précises afin de démontrer qu'une injection de fonds est nécessaire, afin de vous accorder les fonds nécessaires pour accroître le nombre de brigades et pour obtenir tout l'équipement dont vous avez besoin. C'est pour cela que nous sommes ici, monsieur. Je tenais à ce que vous le sachiez. Si vous nous donnez par contre l'impression que vous n'avez pas besoin d'aide, je pense que nous devrions avoir un petit entretien en privé.

+-

    Le président: Madame Wayne a dépassé le nombre de minutes dont elle disposait, général, mais je pense qu'il convient de vous donner l'occasion de répondre à cette question.

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, j'ai appris depuis longtemps à ne jamais refuser de l'aide ou de l'assistance. Je pense qu'aucun représentant des Forces canadiennes ou du ministère de la Défense nationale ne refuse de l'aide. Cependant, nous comprenons le contexte de cet examen et nous tentons de donner des informations et des opinions objectives sur les buts que nous essayons d'atteindre. Nous ne tentons pas d'occulter les problèmes. Je pense qu'on est au courant de notre situation, mais nous gérons nos difficultés et nos faiblesses.

+-

    Le président: Je vous remercie, général.

    Monsieur Wood.

+-

    M. Bob Wood: Merci, monsieur le président.

    Général, il y a deux semaines, le premier ministre a, paraît-il, mentionné que le gouvernement octroierait des fonds supplémentaires pour la défense dans le nouveau budget. Il est question de 1,5 milliard de dollars. C'est dans ce contexte que je voudrais parler de la Force de réserve. Lorsqu'on aura réparti ce montant de 1,5 milliard de dollars entre les divers secteurs des Forces canadiennes, restera-t-il assez de fonds pour mettre en oeuvre le deuxième volet de la restructuration de la Réserve de l'Armée de terre? N'êtes-vous pas l'adjoint spécial du Chef d'état-major en ce qui concerne la Restructuration de la Réserve?

+-

    Lgén Mike Jeffery: Je l'étais.

+-

    M. Bob Wood: L'êtes-vous encore?

+-

    Le président: Avant que vous ne répondiez à cette question, général, je me demande si M. Wood n'est pas mieux renseigné que nous sur le prochain budget.

+-

    M. Bob Wood: Non, mais les chances sont bonnes. Le premier ministre a mentionné que l'on prévoirait des fonds pour les Forces armées et nous le croyons sur parole.

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, comme vous le savez, lorsque je suis arrivé à Ottawa, j'étais l'adjoint spécial du Chef d'état-major de la Défense en ce qui concerne la Restructuration de la Réserve de la Force terrestre, avant de prendre le commandement de l'Armée. Je suis toujours en quelque sorte son conseiller spécial, mais plus officiellement. À titre de commandant, je suis responsable de la Réserve et, par conséquent, j'assume encore cette responsabilité.

    Nous n'avons pas reçu de fonds supplémentaires ni aucune confirmation à ce sujet, si bien que nous n'avons pas fait de répartition théorique ni officielle. Nous connaissons le coût global du deuxième volet de la restructuration; il est d'ailleurs mentionné dans la stratégie globale. Nous tenons ces chiffres à jour en tenant compte de l'inflation et de divers autres facteurs mais, comme je l'ai mentionné, nous attendons impatiemment les décisions du gouvernement en ce qui concerne la politique et les ressources pour poursuivre la restructuration de la Réserve. Si le gouvernement décidait de ne pas nous octroyer de fonds, nous espérons qu'il ne laisse planer aucun doute à ce sujet parce que nous devons absolument savoir à quoi nous en tenir.

    J'espère que la décision sera en notre faveur. Je pense en effet que la Réserve a grand besoin d'un tel appui. Somme toute, nous attendons d'avoir les fonds pour faire des projets. Nous pourrons alors discuter de leur répartition.

º  +-(1655)  

+-

    Le président: Monsieur Wood, avez-vous d'autres questions?

+-

    M. Bob Wood: Pensez-vous que les fonds destinés à la Réserve devraient être désignés spécifiquement afin d'exclure toute possibilité qu'ils soient utilisés dans d'autres secteurs?

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, je pense que le deuxième volet de la restructuration entraînera une modification de la structure de la Force et c'est pourquoi il est nécessaire que le gouvernement donne des instructions précises. Nous procédons à l'expansion de certains secteurs de l'organisation; nous avons donc besoin d'instructions précises et de savoir combien nous aurons à notre disposition.

    J'aurais toutefois des inquiétudes si quelqu'un décidait—comme on l'a déjà suggéré—de différencier les fonds destinés à la Réserve et ceux destinés à la Force régulière parce que cela nous causerait des problèmes. Les deux éléments doivent être entièrement intégrés et notre tâche serait extrêmement compliquée si on faisait une nette distinction entre les fonds destinés à la Force de réserve et ceux destinés à la Force régulière. Il est toutefois indispensable d'avoir la certitude d'obtenir des fonds supplémentaires pour réaliser notre projet de restructuration de la Réserve.

    Je tiens à mentionner—car je crois que c'est important pour avoir une vue d'ensemble de la situation—qu'au cours des trois ou quatre dernières années, en raison des pressions auxquelles l'Armée de terre a été soumise, le budget de la Force de réserve a augmenté alors que celui de la force de campagne a comparativement diminué. Contrairement à ce que certaines personnes ont tendance à penser, en ce qui concerne le financement global, nous protégeons en fait davantage la Force de réserve que la Force régulière.

+-

    M. Bob Wood: Je vous remercie, général.

    Est-ce qu'il me reste un peu de temps?

+-

    Le président: Il vous reste 35 secondes.

+-

    M. Bob Wood: Une réponse de 20 secondes suffira. Pensez-vous qu'il est nécessaire de préparer un autre Livre blanc sur la défense? Pouvez-vous répondre en 20 secondes?

+-

    Lgén Mike Jeffery: J'ai déjà mentionné que, étant donné l'ampleur des problèmes auxquels nous faisons face, que ce soit au niveau national ou à l'échelle planétaire, et les nombreuses priorités différentes dont nous devons tenir compte, il serait important de tenir un débat sur la sécurité nationale. Quant à savoir s'il conviendrait de tenir ce débat dans le contexte d'un examen des politiques ou d'un livre blanc, j'estime que ce n'est pas à moi de décider. Je n'ai d'ailleurs pas d'opinion bien arrêtée à ce sujet. Comme l'a mentionné le ministre ici, la priorité la plus importante est toutefois de régler le problème du maintien en puissance des Forces canadiennes. C'est une question qui fait l'unanimité.

    Il s'agira ensuite de se demander comment il conviendra de régler le problème à plus longue échéance. Nous avons diverses options, mais il est absolument nécessaire de tenir un débat ouvert et transparent sur cette question afin d'avoir des éclaircissements sur les perspectives en matière de sécurité nationale.

+-

    Le président: Je vous remercie, général Jeffery.

    Merci, monsieur Wood.

    Monsieur Benoit, vous avez cinq minutes.

+-

    M. Leon Benoit: Merci, monsieur le président.

    Je voudrais poser dans une minute une question sur le problème du maintien de la puissance, que vous venez de mentionner. J'aimerais toutefois d'abord poser une question au sujet du commentaire qu'a fait le président en début de séance sur la présentation d'une médaille, au cours de la fin de semaine dernière, aux soldats qui ont participé au combat dans la poche de Medak. C'est très réconfortant.

    En 1997 ou en 1998, nous avons accueilli ici plusieurs témoins parmi lesquels se trouvait, si je ne m'abuse, M. Matt Stopford. C'est lui qui avait attiré l'attention des Canadiens sur ces exploits. Il a participé aux opérations dans la poche de Medak et pourtant, il n'a pas reçu de médaille. Je voudrais savoir pourquoi.

»  +-(1700)  

+-

    Lgén Mike Jeffery: De quelle médaille s'agit-il, monsieur le président? Est-ce qu'il s'agit de la mention élogieuse à l'intention d'une unité?

+-

    M. Leon Benoit: Il s'agit de la médaille qui a été présentée par la Gouverneure générale aux personnes qui ont participé aux conflits dans la poche de Medak.

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, je pense qu'un grand nombre des personnes qui faisaient partie du groupement tactique 2 PPCLI dans la poche de Medak n'ont pas pu assister ou n'ont pas assisté à la cérémonie à Winnipeg pour divers motifs. Je pense que M. Stopford n'a pas assisté à cette cérémonie. Par conséquent, il n'était pas là pour recevoir la médaille. Je pense toutefois, et je m'y attends, que toutes les personnes qui ont participé à cette mission recevront la médaille. Il s'agit d'attendre le moment opportun. On n'a nullement l'intention d'oublier certaines personnes.

    Cette médaille, cette mention élogieuse à l'intention d'une unité, n'est pas une médaille semblable aux autres médailles. Il s'agit d'un symbole que l'on agrafe sur l'uniforme ou sur des vêtements civils. Toutes les personnes qui ont participé à cette opération ont droit à cette médaille et peuvent la porter en tout temps. Les autres membres du 2 PPCLI qui n'ont pas participé à l'opération dans la poche de Medak peuvent également la porter, mais à l'intérieur de l'unité seulement. M. Stopford a le droit de recevoir et de porter cette médaille et je suis certain qu'il la recevra en temps opportun.

+-

    M. Leon Benoit: Dans ce cas, il a dû recevoir une invitation pour assister à cette cérémonie.

+-

    Lgén Mike Jeffery: J'ai parlé au sergent-major Mike Spellen, qui est à la retraite—et que vous connaissez peut-être—et il m'a dit qu'il en avait touché un mot à M.Stopford pour qu'il sache qu'il était le bienvenu à la cérémonie.

+-

    M. Leon Benoit: Je vous remercie, général.

    En ce qui concerne le maintien en puissance, je vous ai posé tout à l'heure une question sur la possibilité de fournir une brigade et vous avez répondu que le gouvernement ne s'était pas engagé dans le Livre blanc à maintenir une brigade pendant une période de plus de six mois. C'est exact, mais le gouvernement s'est engagé à maintenir deux groupements tactiques pendant une période prolongée. C'est indiqué dans le Livre blanc. Pourriez-vous fournir deux groupements tactiques?

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, cela dépend des circonstances. Je voudrais faire la distinction entre ce que nous pouvons faire en théorie et ce que nous pouvons faire concrètement.

    La difficulté en ce qui concerne le Livre blanc et autres documents d'orientation analogues est qu'il ne précise pas ce que l'on entend par «groupement tactique» et n'indique pas avec précision combien de personnes cela représente. Je voudrais donc situer ce terme dans le contexte de la terminologie militaire courante. Un groupement tactique est normalement basé sur l'équivalent d'un bataillon d'infanterie. Un bataillon d'infanterie, un bataillon mécanisé, compte normalement entre 700 et 750 militaires. Au cours d'opérations normales comme les opérations de combat menées en Europe centrale, un groupement tactique avec tous les services de soutien peut comprendre jusqu'à 1 000 soldats. L'Armée de terre peut maintenir environ 2 000 militaires à l'étranger à la fois, soit l'équivalent de deux groupements tactiques. C'est donc le raisonnement qu'ont tenu les auteurs du Livre blanc.

    Le problème, c'est que le monde a évolué au cours des dix dernières années et que nous avons participé de plus en plus souvent à des opérations d'un type différent. Le concept même du groupement tactique a changé et sa nature également. Avant que l'on ne décide d'en réduire l'effectif au dernier roulement, nous avons eu à un certain moment, à savoir en Bosnie, un groupement tactique qui comptait près de 1 900 membres des Forces armées. Autrement dit, dans ce cas-là, un groupement tactique était composé de l'équivalent d'environ deux groupements tactiques classiques. Par conséquent, lorsque nous avons envoyé un groupement tactique supplémentaire en Afghanistan, cela représentait en fait l'équivalent de trois groupements.

    Par conséquent, en théorie, d'après les calculs sur lesquels est fondée la politique énoncée dans le Livre blanc et d'après les décisions qui ont été prises en matière de structure de la force et de ressources afin que l'Armée de terre ait la capacité voulue, cette capacité correspond grosso modo à ce qui était prévu dans ce document, malgré le manque de personnel et de ressources. Étant donné que la demande a augmenté, nous ne pouvons pas maintenir ces troupes pendant une longue période. Nous pouvons fournir ce niveau supplémentaire de temps en temps, et nous l'avons déjà fait. Nous avons dépassé plusieurs fois la barre au cours des dix dernières années. Au cours de certaines périodes, jusqu'à 4 000 membres des Forces canadiennes étaient en même temps à l'étranger. Cela provoque toutefois une usure à la longue. C'est pourquoi nous ne pouvons pas prolonger cette situation.

»  +-(1705)  

+-

    Le président: Je vous remercie, monsieur Benoit.

    Deux de nos collègues du parti gouvernemental ont des questions à poser. J'attendrai donc.

    Allez-y, monsieur Wood.

+-

    M. Bob Wood: Général, en ce qui concerne ma question sur le Livre blanc, je voudrais savoir si vous pensez que c'est urgent.

+-

    Lgén Mike Jeffery: Qu'entendez-vous par là? Je ne plaisante pas.

    Ce qui est essentiel dans l'immédiat, c'est de régler la question du maintien en puissance. C'est indéniable. Personnellement, je pense que le débat qu'il faudra tenir à ce sujet devra être un débat très approfondi, qui durera un certain temps. Je ne pense pas qu'il faille se précipiter et entamer immédiatement ce débat. Il n'a certainement pas la priorité sur le problème du maintien en puissance, mais j'espère qu'un débat sera tenu au cours des prochains mois ou des prochaines années et que ce débat permettra de prendre des décisions, afin que l'on sache à quoi s'en tenir. Je pense que le gouvernement a mentionné que c'était nécessaire, d'après les discussions que nous avons ici, d'après les problèmes que vous avez mis en évidence ou que d'autres comités ont mis en évidence, d'après le Congrès des associations de la Défense et autres organismes analogues et d'après les préoccupations exprimées par de nombreux Canadiens. Il est nécessaire d'obtenir une réponse et de savoir à quoi s'en tenir. C'est une question importante qu'il faut tenter de régler, non pas à la hâte, mais avec l'intention de donner, dans un délai raisonnable, des indications précises quant à l'orientation que nous devons prendre en tant qu'institution.

+-

    M. Bob Wood: Je vous remercie.

+-

    Le président: Monsieur Price.

+-

    M. David Price: Merci, monsieur le président. Je n'ai qu'une toute petite question à poser.

    Je pense que la plupart de mes collègues ont eu l'occasion de jeter un coup d'oeil sur nos véhicules de reconnaissance Coyote. Ce sont des machines épatantes. Les opérations de reconnaissance sur le terrain de combat ont considérablement évolué. Elles font appel à une technologie de pointe. Le Coyote est de l'excellent matériel de pointe, mais il faut dire que l'on a maintenant de plus en plus recours à des avions sans pilote. Je pense qu'une intégration entre le Coyote et ce type de véhicule est possible. Fait-on des études à ce sujet?

+-

    Lgén Mike Jeffery: Dans le contexte des discussions que nous avons déjà eues sur la Stratégie de l'Armée de terre et des nouvelles approches que nous adoptons, nous envisageons un milieu dans lequel les connaissances informatiques joueront un rôle de plus en plus important. L'utilisation simultanée de systèmes terrestres et aériens de pointe pour avoir une meilleure vue d'ensemble de la situation—ce que nous appelons une meilleure prise de conscience de la situation—et de divers véhicules pilotés comme le Coyote et éventuellement de véhicules sans pilote, ainsi que d'avions avec ou sans pilote, sont les diverses plates-formes que nous examinons.

    Nous élaborons les concepts. Nous faisons de la recherche-développement et des essais sur divers systèmes. Nous échangeons des renseignements avec nos alliés pour pouvoir tirer profit des résultats de leurs recherches. Nous nous efforçons de mettre en place des programmes d'investissement qui ont pour but, bien entendu, de nous permettre d'atteindre ce niveau. Nous tenons à investir un pourcentage assez important de nos ressources financières limitées dans ce secteur pour mettre en place les plates-formes de commandement, de contrôle et de communications et les plates-formes de surveillance nécessaires pour être beaucoup mieux informés sur la situation. C'est absolument nécessaire de nos jours, sinon, on ne sait pas où on va et on n'a pas une très grande capacité opérationnelle.

    Pour revenir à la Stratégie de l'Armée de terre, la difficulté pour nous est qu'il s'agit d'un système relativement fermé, autrement dit qu'il faut trouver une partie de ces ressources à l'interne. Par conséquent, nous faisons du financement interne. Certaines des personnes nécessaires pour faire fonctionner ces systèmes devront être détachées d'autres services et nous serons par conséquent bien obligés de prendre des risques dans d'autres secteurs. C'est toutefois dans ce sens que nous orientons nos efforts.

+-

    Le président: Bien. Je vous remercie, monsieur Price.

    Il reste encore quelques minutes pour les représentants du parti gouvernemental et, par conséquent, je profiterai de l'occasion pour poser une petite question.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: On n'est pas censé passer d'un côté à l'autre?

[Traduction]

Vous venez de...

»  +-(1710)  

+-

    Le président: Non, parce que les cinq minutes dont nous disposions ne sont pas écoulées.

+-

    Mr. Claude Bachand: Peut-on partager les cinq minutes entre deux personnes?

    Une voix: Oui.

+-

    M. Claude Bachand: Il vous reste donc quelques minutes? Combien?

+-

    Le président: Oui, il m'en reste, mais de moins en moins.

    Général, vous pourriez peut-être répondre rapidement à la question suivante. J'ai entendu dire que les forces procédaient à la vente de 12 hélicoptères Griffin. Pourriez-vous expliquer les motifs de cette décision?

+-

    Lgén Mike Jeffery: J'avoue franchement, monsieur le président, que vous me prenez de court parce que je ne suis pas au courant de tels projets. Je suis sincère. Compte tenu des contraintes budgétaires, nous devons examiner diverses options qui nous permettraient de vivre selon nos moyens. Je n'irais pas jusqu'à nier que l'on fasse de tels projets mais, dans ce cas précis, je ne suis pas au courant.

+-

    Le président: C'est bien.

    Monsieur Bachand. Je vous signale que je n'ai pas dépassé le délai de cinq minutes.

+-

    M. Claude Bachand: Bien. Je vous remercie.

    Est-ce que je dispose également de cinq minutes?

+-

    Le président: Oui.

[Français]

+-

    M. Claude Bachand: Il y a un point sur lequel je suis parfaitement d'accord avec le général.

    Je pense qu'il est temps qu'on tienne un débat sur la politique de la défense nationale. Je tiens d'ailleurs à rappeler respectueusement à mes collègues que c'est notre parti qui a proposé d'élaborer une politique de défense nationale avant que ne soient injectées des sommes d'argent massives dans ce secteur.

    À mon avis, monsieur le président, l'armée canadienne est en quelque sorte à la croisée des chemins. Il y a, par exemple, des généraux et des colonels, dont je ne peux pas révéler l'identité, qui me confient que pour eux, les bateaux sont ce qui compte le plus et que l'armée, en comparaison, est relativement peu importante. C'est un exemple que je mentionne souvent.

    Je trouve également que la doctrine militaire a énormément changé depuis les événements du 11 septembre; le général pourrait peut-être dire quelques mots à ce sujet.

    Depuis des millénaires, l'homme était habitué à se lancer sur des champs de bataille ou des théâtres opérationnels où il y avait devant lui un adversaire. Le 11 septembre est venu changer ça. Je pose régulièrement la question suivante, à savoir si on a besoin de sous-marins pour faire la guerre au terrorisme. La réponse, à mon avis, est non. Selon moi, la souveraineté, la calotte polaire et le passage du Nord-Est sont les vrais enjeux .

    Il est temps qu'on prenne des initiatives à l'égard de la politique de la défense nationale et qu'on donne aux contribuables la possibilité de dire sans détours la façon dont ils voient les choses.  Il est important de procéder ainsi étant donné que ce sont eux qui payent la note.

    J'arrive maintenant à ma question principale.

    Les Forces spéciales sont, selon moi, bien adaptées à la nouvelle doctrine militaire. L'adversaire n'est pas toujours visible. Dans ce contexte, il faut mentionner que la contribution des Forces spéciales canadiennes en Afghanistan a été substantielle.

    Je voudrais savoir, monsieur le président, si le général est d'avis que les Forces spéciales sont un corps de l'armée unique, qui se différencie de l'aviation et de la marine. Dans le contexte mondial actuel, compte tenu du terrorisme, de la lutte au terrorisme, d'une situation de conflit traditionnel où des troupes sont envoyées d'avance pour accomplir un certain travail, et d'un conflit armé qui pourrait se déclarer, considère-t-il que ce groupe est devenu une composante très importante?

[Traduction]

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, si j'ai bien compris la question, c'est plutôt une question de politique de la défense que de ressources. Je comprends le raisonnement sur lequel est fondée cette question. Cependant, la question que nous examinons est celle des fonds nécessaires pour permettre à l'organisation de survivre, sachant que toute discussion ou débat approfondi sera de longue durée, que ce soit dans le cadre d'un examen de la politique ou dans un autre contexte. En tant qu'institution, nous avons besoin de ressources et de certitudes à brève échéance et je considère par conséquent que cela doit être la priorité.

    En ce qui concerne le débat et l'orientation future, je ne tiens pas à faire de distinction entre l'Armée de terre, la Force navale et la Force aérienne. Les enjeux sont la sécurité et la défense nationales et nous nous efforçons de maintenir une perspective mondiale et nationale. Sachant qu'il faudra prendre des décisions difficiles si nous n'avons pas les moyens de tout régler d'un coup, je pense qu'il faudra adopter une perspective globale. Il est à mon avis trop facile de penser que tous les problèmes seront réglés si l'on se débarrasse de tel ou tel secteur, qu'il s'agisse de l'Armée de terre, de la Force navale ou de la Force aérienne. On pourrait le faire, mais ce sont des décisions nationales très difficiles à prendre. Je suis avant tout un militaire et, même si je souhaite ardemment que l'Armée de terre soit efficace, je tiens à ce que l'on adopte une approche plus équilibrée sinon, il faut être conscient des risques.

    En ce qui concerne les forces opérationnelles spéciales, je les considère très utiles et ce, depuis des années. Vous savez déjà que le gouvernement a décidé d'augmenter la taille de nos forces spéciales. D'après les changements qui se produisent dans l'Armée, je me demande si mes forces d'infanterie légère ne pourraient pas assumer de plus en plus ce type de fonctions. Je pense par conséquent que ces forces constituent un facteur important de la capacité future des Forces armées.

    La seule préoccupation que j'ai concerne la mise en place d'une force et son maintien en puissance parce que les compétences nécessaires sont très difficiles à acquérir et à maintenir. Nous avons besoin de jeunes hommes—et dans certains cas de jeunes femmes—qui soient extrêmement compétents. Ils ne sont pas légion. On ne peut pas en faire une production de masse. Je ne pense pas que le bassin génétique—sans vouloir être négatif—des Forces canadiennes soit suffisamment vaste ou profond pour fournir la plupart des ressources humaines nécessaires à un accroissement de la capacité des forces spéciales. Si nous ne procédons pas avec beaucoup de prudence, la capacité de ces forces spéciales s'effritera probablement. Si nous ne faisons pas preuve d'une prudence extrême, la qualité pourrait baisser. Compte tenu des attentes que nous avons à l'égard de ces militaires, les risques pourraient être un jour très élevés. Je pense qu'il faut en être conscient.

»  +-(1715)  

+-

    Le président: Je vous remercie, monsieur Bachand.

    Y a-t-il d'autres questions du côté gouvernemental? Non?

    Général, je voudrais vous poser une autre question au sujet de la coopération dans le domaine du renseignement. Pour des raisons évidentes, vous ne pourrez pas me donner des informations très précises à ce sujet, mais je présume que l'on peut considérer que la participation canadienne en Afghanistan nous a permis d'obtenir des renseignements très intéressants sur ce qui s'est passé sur place en ce qui concerne certains autres alliés au cours de notre engagement, surtout du côté terrestre. Étant donné que les Britanniques et les Australiens ont décidé de suivre les Américains sans poser de questions, ne pensez-vous pas que l'on néglige de nous transmettre certains renseignements qui viennent de cette région?

+-

    Lgén Mike Jeffery: Monsieur le président, je ne suis pas certain que mes compétences et mes connaissances personnelles me permettent de répondre à cette question. Vous auriez probablement tout intérêt à la poser à l'amiral Greg Madison, le sous-chef d'état-major de la Défense, ou à son officier supérieur du renseignement, le général Michel Gauthier.

    Nous avons certes conclu des accords stratégiques nationaux sur l'échange de renseignements avec nos alliés et les activités dans ce domaine n'ont pas été interrompues. Pendant que nous étions en Afghanistan, nous avons pu recueillir des renseignements importants que nous avons communiqués à nos alliés, et ceux-ci nous ont communiqué également les renseignements qu'ils avaient recueillis. Ces échanges se poursuivent. Cependant, lorsqu'on fait les préparatifs en vue d'opérations précises, même dans les organisations internationales ou multinationales, on prévoit différents niveaux de groupes. Les pays qui ont accepté de suivre s'échangent des renseignements. En acceptant de participer, certains pays participent à la planification à un niveau sur lequel nous n'avons aucun droit de regard et échangent certains types de renseignements.

    On ne nous communique pas tous les renseignements, c'est indéniable. Je pense toutefois qu'on nous communique les renseignements nécessaires mais, comme je viens de le mentionner, l'amiral Madison est mieux placé que moi pour répondre à votre question.

+-

    Le président: Monsieur Benoit.

+-

    M. Leon Benoit: Merci, monsieur le président.

    À propos du maintien en puissance de deux groupements tactiques pour une période prolongée, vous avez dit que ce serait possible dans certaines circonstances mais pas toujours.

    De nombreux membres des forces se sont plaints du nombre trop élevé de déploiements. Je voudrais savoir quelle est votre évaluation de la situation si le Canada devait maintenir un engagement de deux groupements tactiques pour une période prolongée, surtout si l'on déployait également du personnel de la Force aérienne et de la Force navale. Si j'ai bien compris, les mouvements de personnel entre l'Armée de terre, la Force navale et la Force aérienne sont fréquents en ce qui concerne les techniciens, le personnel des services de communications et diverses autres branches; le nombre excessif de déploiements pose un problème particulier en ce qui les concerne. Je voudrais savoir quelles pourraient être, d'après vous, les incidences de cette situation sur le personnel et si plusieurs membres des Forces canadiennes pourraient démissionner pour ce motif.

»  +-(1720)  

+-

    Lgén Mike Jeffery: Étant donné que le rythme des affectations est très élevé depuis une dizaine d'années, je pense qu'il est indéniable que cette situation ait eu un effet d'usure sur le personnel, que ce soit dans l'Armée de terre, dans la Force navale ou dans la Force aérienne. Dans l'Armée de terre, il est certain que plusieurs employés sont lassés du nombre de déploiements.

    Quant à savoir si cette situation pourrait engendrer un exode—je pense que c'est l'objet essentiel de votre question—c'est très difficile à déterminer. Je ne tente pas d'esquiver le problème. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte.

    J'ai pris l'habitude de poser des questions aux soldats, aux sous-officiers et aux officiers lorsque je fais mes tournées. Je leur demande parfois à combien de missions opérationnelles ils ont participé et s'ils sont intéressés à participer à nouveau. Parfois j'entame une petite discussion pour savoir ce qu'ils en pensent. Certaines personnes qui ont déjà participé à huit ou neuf missions sont impatientes de recommencer. Par contre, d'autres qui n'ont participé qu'à une ou deux opérations s'en lassent déjà. Par conséquent, il est difficile de répondre à cette question. Il n'y a pas de chiffre optimal en ce qui concerne les missions.

    La réaction dépend notamment de l'âge. Les jeunes ont tendance à être débordants d'énergie et à vouloir participer à d'autres missions. Par contre, les sous-officiers plus âgés et plus expérimentés, qui ont participé à un assez grand nombre de missions et ont une famille et de jeunes adolescents, souhaiteraient faire moins de déplacements. Mais ce n'est pas une règle absolue. Il est difficile d'avoir une bonne perspective de la situation. J'ai souvent eu des discussions, en particulier avec mes commandants supérieurs, pour tenter d'évaluer la situation ensemble.

    Nous constatons un degré de lassitude croissant, c'est indéniable. Faut-il en conclure pour autant qu'un beau jour on se rendra compte qu'un pourcentage important de l'effectif n'est pas disposé à participer à une opération? Je ne le pense pas. À moins que l'on n'apporte certains changements, je pense plutôt que le niveau d'attrition augmentera progressivement.

    Actuellement, ces niveaux sont étonnamment faibles. Ils sont de l'ordre de 5 à 6 p. 100, ce qui est peu, même pour les 10 ou 20 dernières années. Par conséquent, nous n'avons actuellement aucune preuve concrète que cela pose un problème, mais nous avons le pressentiment que cela deviendra un problème, notamment à cause des caractéristiques démographiques des forces, de l'Armée de terre en particulier; en effet, un pourcentage élevé de notre personnel expérimenté atteindra bientôt le niveau magique pour la retraite, soit 20 années de service à l'âge de 40 ans. Lorsqu'ils atteignent ce niveau, les membres des Forces canadiennes ont le droit de prendre leur retraite tout en touchant une pension ou une rente. Ils peuvent prendre leur retraite tout en ayant un revenu régulier et ils sont encore assez jeunes pour entamer une nouvelle carrière.

    Étant donné que d'après le profil démographique, un grand nombre de personnes sont sur le point d'atteindre ce niveau, et compte tenu du rythme très élevé des affectations au cours des dix dernières années, il est à craindre qu'un nombre croissant de membres des forces profitent de l'occasion pour s'en aller d'ici trois à cinq ans. J'insiste toutefois sur le fait que ce n'est qu'un pressentiment. On ne peut pas faire d'évaluation rigoureuse de la situation; seul le nombre de départs pourra confirmer si ces craintes sont justifiées.

+-

    M. Leon Benoit: Dans quel groupe précis y a-t-il forte pénurie? Dans des groupes comme ceux des techniciens d'entretien et des employés des services de communication ou dans certains secteurs logistiques? Vous le savez probablement mieux que moi. J'ai cru comprendre qu'un grand nombre de personnes qui font normalement partie de l'Armée de terre ont été détachées à la Force navale ou à la Force aérienne pour leur apporter de l'aide et inversement, dans le seul but de regrouper un nombre suffisant de personnes.

    Mon autre question est la suivante: si le Canada s'engage en Iraq—en février par exemple—, l'instruction au niveau des brigades prévue à Wainwright aura-t-elle lieu malgré tout?

+-

    Lgén Mike Jeffery: Je pense que les secteurs où les pénuries de personnel sont les plus fortes sont, d'une manière générale, ceux des experts techniques dans certaines fonctions logistiques, étant donné que nous les avions beaucoup mis à rude contribution. Parmi les techniciens, notamment parmi les techniciens en systèmes de contrôle du feu, il y a des gens de métier très spécialisés. Ils doivent être extrêmement compétents. Ils ont beaucoup d'aptitudes pour tout ce qui est technique. Il faut des années pour atteindre le niveau de compagnon et devenir un expert. Je ne peux pas citer de chiffre, mais je pense que nous n'avons qu'environ 75 p. 100 du nombre de techniciens en systèmes de contrôle du feu dont nous avons besoin. Nous acquérons de plus en plus d'équipement de pointe et nous devons par conséquent imposer de plus en plus de contraintes à nos techniciens. Ce sont par conséquent les mêmes personnes qui participent continuellement aux opérations.

    Lorsque l'effectif est déjà insuffisant dans un secteur et que l'on sait qu'à cause des exigences supplémentaires, ce secteur devra prendre de l'expansion, il ne reste plus qu'à utiliser le personnel en place puisqu'on a décidé de mettre tel équipement de pointe en service. Il faut donc pousser ces personnes à participer constamment aux opérations. Comment faire pour régénérer ce secteur? C'est la dynamique fondamentale du problème.

    Je ne peux pas répondre à cette question. Il n'y a pas de réponse facile. Il faut attirer des personnes supplémentaires et apporter davantage de sang neuf dans le secteur. C'est ce que nous nous efforçons de faire. Nous veillons à alléger les pressions auxquelles ces spécialistes sont soumis dans la mesure du possible, pour éviter de les épuiser, mais c'est de la haute voltige. Le problème se pose dans plusieurs professions.

    Les déploiements opérationnels pourraient-ils pour une raison ou pour une autre avoir une incidence sur un événement comme le camp d'instruction prévu pour les brigades? Certainement. Tout dépend du nombre de membres des forces qu'il faudrait mobiliser, de la date à laquelle il faut partir et de l'endroit où on les envoie. Ce camp est toutefois une occasion de tenter de réunir les personnes clés dans un même lieu pour atteindre ce niveau d'instruction. Si ces personnes sont envoyées en mission, l'événement n'aura pas lieu, cela va de soi. Il nous restera toujours une possibilité de ne pas l'annuler mais encore faut-il que nous soyons en mesure de maintenir le rendement nécessaire. Nous ne créons pas de besoins supplémentaires en matière d'instruction; nous nous assurons seulement que les personnes concernées soient réunies pour acquérir cette expérience.

    En clair, le projet pourrait être compromis s'il faut participer à des missions opérationnelles, mais j'espère que si ces missions ne sont pas trop nombreuses, nous pourrons malgré tout le réaliser en partie.

»  -(1725)  

+-

    Le président: Monsieur Benoit, avez-vous d'autres questions?

+-

    M. Leon Benoit: Non. Je vous remercie.

+-

    Le président: Et monsieur Bachand? Non?

    Y a-t-il des questions chez les représentants du parti gouvernemental? Non?

    Général, au nom de mes collègues, je tiens à vous remercier de votre participation. Mes collègues ont posé certaines questions très intéressantes et vous avez donné des réponses très instructives. Je pense que vos commentaires nous ont beaucoup aidés. Je suis certain que nous vous reverrons.

+-

    Lgén Mike Jeffery: Ce fut un plaisir pour moi. Je vous remercie.

-

    Le président: La séance est levée.