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Madame la Présidente, je prendrais la parole en premier sur cette motion. J'interviens aujourd'hui dans un débat très important portant sur l'agriculture, qui est fort touchée actuellement tant au Canada qu'au Québec, en raison de la crise de la vache folle.
Cette crise est survenue dans un contexte où peu de pays ont autant délaissé le secteur agricole que le Canada ne l'a fait depuis dix ans, en raison des décisions prises par un ministre des Finances qui depuis est devenu premier ministre. Cette situation survient fort mal puisqu'en période de crise telle que celle que nous connaissons, c'est à ce moment que les producteurs auraient besoin de l'aide de l'État canadien.
Selon les calculs du Centre canadien pour des solutions de rechange en politique, le gouvernement fédéral a coupé ses dépenses en agriculture de moitié depuis dix ans. Quand Ottawa intervient dans cette crise, c'est pour mettre en place des mesures pancanadiennes qui ne répondent pas aux besoins spécifiques des producteurs du Québec. La source de ce problème, c'est la décision américaine d'interdire le boeuf du Canada et du Québec aux États-Unis, parce qu'il y a eu une vache folle en Alberta.
On nous disait, il y a à peu près un an, quand l'actuel premier ministre a accédé à son poste, que les choses avanceraient, que l'on réglerait ce problème, que les relations seraient meilleures. Le président Bush vient de quitter le Canada. Peu de choses ont été dites, tant sur la question du bois d'oeuvre ou la vache folle. Le président Bush a beaucoup plus parlé du bouclier antimissile. Or, en termes de progrès, rien n'a été fait.
On nous répète depuis 18 mois que la solution approche. Elle s'en vient. Ces gens qui ne cessent de répéter cela me font penser à ceux et celles qui affirment voir la lumière au bout du tunnel et qui ne se rendent pas compte que c'est un train qui s'en vient.
Parlons maintenant des pratiques sanitaires au Canada. On doit s'apercevoir qu'au Québec, la situation est bien meilleure qu'ailleurs. Je disais « une vache folle » que l'on a trouvée en Alberta qui se trouve à environ à 5 000 kilomètres du Québec. Les échanges de cheptels entre l'Alberta, le North Dakota, l'Idaho, le Montana sont beaucoup plus nombreux qu'avec le Québec. Pourtant, le Québec écope.
Quand est arrivée la maladie chez les volailles de New Castle, le Canada a décidé d'interdire les volailles provenant de quatre États et pas de l'ensemble de tous les États américains. Avec sagesse, le ministre de l'Agriculture d'alors s'était rendu compte que le coq de Los Angeles n'avait pas de rapport avec la poule de New York. On aurait pu demander aux États-Unis d'avoir la même attitude envers la question du boeuf et de la vache de réforme au Québec.
J'ai demandé au ministre de l'Agriculture d'alors pourquoi on ne régionalisait pas la question. On nous a répondu qu'il fallait que les Canadiens et les Canadiennes aient les mêmes normes d'un bout à l'autre du Canada, même si cela ne fonctionne pas. Quand vous faites de la vache folle un symbole d'unité nationale, il y a un gros problème en la demeure. Cela est irresponsable.
Je disais donc que la réglementation du Québec est bien meilleure qu'ailleurs. Le système de traçabilité est bien implanté. On peut donc suivre l'animal, de sa naissance à sa vente. Au Québec, il y a également l'interdiction des farines de ruminants, mise en place quatre ans avant que cela ne soit fait ailleurs. Je me rappelle de la tremblante du mouton aussi. Québec était intervenu avant.
Personnellement, j'ai rencontré des gens à travers le Québec qui ont subi les conséquences de l'inertie d'Ottawa relativement à la question de la tremblante du mouton et voilà qu'on nous répète le cas au sujet de la vache de réforme et de la production bovine.
Si le Québec était souverain, il ne connaîtrait pas un tel problème. J'ai entendu le premier ministre nous dire: « Voilà un marché intégré, celui de l'Amérique du Nord. Les conditions sont partout à travers l'Amérique du Nord. »
Un petit cours de géographie ne lui aurait pas fait de tort, parce que le Mexique fait partie de l'Amérique du Nord et, entre autres, de l'ALENA. De plus, le Mexique n'est pas touché, parce qu'il est un pays souverain, même si ce dernier est plus près de l'Alberta que l'Alberta ne l'est du Québec.
Prenons des marchés où l'économie est beaucoup plus intégrée. Je pense à l'Union européenne. Quand il y a eu le problème de la vache folle en Angleterre, l'Allemagne n'a pas été touchée. Quand il y a eu le problème de la vache folle en France, même l'Italie, qui est un pays limitrophe de la France, n'a pas été touchée, parce que c'étaient des pays souverains. On n'aurait pas été touchés si on n'avait pas fait partie du Canada. Tout au moins, on pourrait régionaliser.
Je cite ici Laurent Pellerin, président de l'UPA:
Si nous étions des provinces morcelées avec des systèmes d'inspection distincts et des mécanismes régionalisés de mise en marché de nos produits, une seule province, aujourd'hui, aurait à vivre ce problème.
On aurait beaucoup plus de moyens pour aider l'Alberta, parce que les producteurs de boeuf en Alberta ont aussi besoin d'aide. Eux aussi souffrent de cette crise. Toutefois, avoir mis à la disposition de l'Alberta tous les moyens dont le fédéral dispose, les aidant plus et ne touchant pas l'ensemble du Canada, voilà ce qui aurait été une solution logique.
Le président de Maple Leaf Food, Michael McCain, qui n'est pas un souverainiste—mais cela ne l'empêche pas de penser pour autant, lui!—, s'est récemment déclaré favorable à la division du Canada en différentes zones d'un point de vue de la santé animale. C'est faisable dans la mesure où il y a une volonté politique et suffisamment d'intelligence et de réalisme pour faire en sorte qu'on ait des programmes qui soient adaptés aux besoins de différentes réalités partout au Canada et au Québec.
C'est pour cela qu'on demande qu'il y ait absolument une décentralisation de certains aspects du système d'inspection des aliments. Si tel avait été le cas, le Québec aurait été épargné.
J'en vois sourire de l'autre côté. Ils trouvent cela bien drôle. Ils sont trop peureux pour se rendre au congrès de l'UPA, cependant. Ils sourient aussi, mais ils sont trop pleutres pour se lever debout et parler aux agriculteurs qui les attendaient à Québec ce matin. Ce sont des actes de lâcheté, ni plus ni moins!
Des voix: Oh, oh!
M. Gilles Duceppe: Là, ils viennent de se réveiller! Quand on leur parle de lâcheté, ils se reconnaissent.
La ministre québécoise de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, Mme Gauthier, a demandé de faire en sorte que la Loi sur la commercialisation des produits agricoles soit appliquée pour qu'il y ait un prix plancher. Voilà ce qui aurait aidé tout le secteur agricole du Québec, les agriculteurs, les agricultrices—parce qu'il y en a aussi. Le fédéral a le pouvoir de faire cela, mais il a refusé, parce que certaines provinces s'y opposaient. Quand vient le temps d'aider le Québec, si certaines provinces s'y opposent, on ne bouge pas de ce côté. Toutefois, quand le Québec est mal pris, il importe peu que la solution soit aussi bonne pour les autres.
On nous a proposé une série de plans d'aide. On nous dit qu'il y a eu 366 millions de dollars. La Fédération des producteurs de bovins nous dit que seulement 90 millions de dollars ont été reçus d'Ottawa depuis le début de la crise au chapitre des mesures spécifiques. On n'est pas pour prendre l'ensemble des budgets de l'agriculture pour dire: « On a donné tant. » Il y a une crise exceptionnelle. Cela prend des mesures exceptionnelles.
Si on ajoute à l'indemnisation fédérale les 60 millions de dollars reçus de Québec, les producteurs ont à assumer des pertes, après indemnisation, de l'ordre de 241 millions de dollars. Il n'y ni aide directe pour compenser la chute du prix des bovins ni programme de prêts sans intérêt.
Parlant de la vision centralisatrice du fédéral et de la non-reconnaissance du caractère particulier du Québec, Laurent Pellerin disait, et je le cite:
Les besoins des éleveurs québécois sont mal pris en compte pour la simple et bonne raison que le modèle d'intervention est fondé sur une réalité étrangère à celle du Québec et qu'il est inapplicable, surtout dans son dernier volet, au secteur de la vache de réforme et à celui du veau d'embouche.
Ce n'est pas parce que les vaches de réforme, les boeufs et les veaux ont quatre pattes que c'est tout pareil! Le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire devrait comprendre au moins cela, s'il est digne d'être ministre.
Les producteurs qui élèvent du bovin pour la boucherie sont concentrés en Alberta. Ils reçoivent un dédommagement pour l'ensemble des bêtes qu'ils abattent. Cinquante pour cent de la production laitière est au Québec. La majorité des producteurs de bovins sont en fait des producteurs laitiers qui vendent la viande des vaches qui ne donnent pas assez de lait, c'est ce qu'on appelle les vaches de réforme.
Chaque année, les producteurs renouvellent 25 p. 100 du troupeau. Or, l'aide fédérale ne compte que pour 16 p. 100. Cela revient à dire que, comme les prix on chuté de 70 p. 100, ils ne reçoivent un dédommagement que pour les deux tiers des animaux qui, chaque année, sont amenés à l'abattoir. Il faut une bonification du plan fédéral.
Le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire a dit récemment qu'il reconnaissait le problème. Après 18 mois, il nous a dit qu'il y avait un problème concernant la vache de réforme. On lui a posé la question et, comme d'habitude, voici ce qu'il nous a répondu:
[Traduction]
« J'ai un plan ». Il s'agit d'un plan en six points ou en sept points. C'est toujours un plan, mais jamais une solution. C'est ça le problème avec les libéraux.
[Français]
S'il comprenait, pourquoi n'a-t-il pas agi depuis 18 mois? Maintenant qu'il dit comprendre, pourquoi a-t-il peur de se rendre à Québec pour dire: « Je vous ai compris et voilà les solutions que j'apporte »? Il préfère rester à Ottawa, ce matin, faisant preuve de lâcheté, je le répète.
On nous dit que la frontière réouvrira dans six mois, au mieux, parce que cela prend 90 jours pour que le projet de règlement entre les deux pays soit conforme aux lois américains et au budget disponible. Par la suite, des consultations publiques se tiendront sur une période de 60 jours. Alors, et alors seulement, on verra si le projet est accepté. Cela est au mieux dans six mois, si jamais c'était accepté. En revanche, les programmes fédéraux ne permettent pas de se rendre jusqu'à cette date. La plupart sont terminés, même que le dernier programme, annoncé le 10 septembre 2004, prend fin le 29 février 2005.
D'ici ce temps, des gens perdent leur ferme et on assiste à des cas de suicide. Néanmoins, ces gens demeurent froids à cette réalité. Ce sont des chiffres, des statistiques, de beaux plans en cinq, six ou sept points, sans solution. Ce sont des bureaucrates jusqu'à l'os. On n'a pas besoin de ces gens. Il faut avoir des mesures concrètes. Par mesures concrètes, j'entends la mise sur pied de véritables programmes d'aide directe fournissant une aide immédiate. C'est actuellement qu'il faut agir, pas dans six mois, pas dans un plan qui suivra un plan qui en suivra un autre. Ce n'est pas un processus dans un processus dans un autre processus. On en a assez de cela. Les agriculteurs veulent une réponse immédiate. Ils l'attendaient ce matin, à Québec. On se cache à Ottawa plutôt que d'aller parler aux gens à Québec.
On veut la mise sur pied d'un programme de prêts sans intérêts. Voilà qui ne coûte pas d'argent au fédéral. Voilà qui aiderait à des gens. On veut la mise sur pied d'un véritable programme pour les animaux de réforme couvrant l'ensemble du renouvellement du cheptel qui se situe autour de 25 p. 100 chaque année, et non pas un programme qui n'en couvre que 16 p. 100.
Il faut également s'occuper des veaux laitiers et des veaux d'embouche. Il faut bonifier les programmes existants pour les producteurs de bovins et de vaches de réforme. Le dernier programme ne représente que 15 p. 100 des besoins des producteurs du Québec. Comme je le disais tout à l'heure, à peine 90 millions de dollars ont été versés. Il faut prolonger les programmes existants au moins jusqu'à la réouverture des frontières.
La situation est alarmante. Des gens perdent toute une vie, des gens perdent leur ferme, et on reste froid ici, à Ottawa.
C'est une industrie fort importante économiquement parlant, mais c'est plus que cela. Tout pays a besoin d'une agriculture qui se porte bien. Tout pays a besoin d'avoir chez lui une agriculture qui permet de nourrir les gens de chez lui. C'est fondamental. Les bureaucrates ici ne comprennent pas cela. On accepte mal également cette attitude d'Ottawa, toujours la même, du Ottawa knows best. C'est partout pareil. Que cela fonctionne ou non, ce sera les mêmes règles partout, plutôt que de s'adapter à avoir une attitude humaine dans cette crise qui touche des êtres humains. Ces derniers y ont consacré leur vie. Ce sont des êtres qui travaillent sept jours par semaine, comme peu de gens le font dans la société. Ils sont au bout du rouleau. Ils n'ont rien devant eux; ils vont tout perdre et ils sont désespérés.
Il faut faire en sorte d'aider avec des programmes qui correspondent aux besoins de ces gens. Je vous donnerai une statistique. L'an passé, le revenu annuel des agriculteurs à travers le Canada a été un revenu négatif. En d'autres mots, ils ont travaillé 360 jours durant l'année—et c'est la réalité—et ils sont arrivés avec moins d'argent au bout du rouleau. Ils ont payé pour travailler. Ils ont généré des revenus négatifs. Telle est la situation. Pendant ce temps, le ministre a un plan, un autre plan qui ne fonctionne jamais.
Je demande donc de toute urgence que des mesures exceptionnelles soient adoptées face à une crise exceptionnelle. Tout refus n'est qu'irresponsabilité et lâcheté. Le refus d'assister ce matin au congrès de l'UPA est d'ailleurs un acte de lâcheté et d'irresponsabilité à l'image d'un ministre qui ne mérite d'autre qualificatif que celui de pleutre.
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Madame la Présidente, pardonnez-moi de ne pas avoir suivi les règles. Je présente mes excuses.
Je suis content de pouvoir débattre de cette motion de l'opposition. Cette dernière nous donne l'occasion de discuter du dossier, particulièrement en ce qui concerne les animaux de réforme, mais aussi, de façon plus générale, pour ce qui est de l'ESB et de ses répercussions sur la frontière.
Comme on l'a mentionné dans une des questions, un débat exploratoire s'est tenu à la Chambre et j'ai eu la chance d'y participer. Je suis heureux que nous ayons à nouveau la possibilité de discuter du dossier aujourd'hui.
C'est un dossier important pour les producteurs. Je dois signaler que, bien que cette question soit importante pour les producteurs du Québec, c'est une question nationale qui a des ramifications pour les producteurs à l'échelle du pays.
Il est très important que nous comprenions l'importance de trouver des solutions à court terme, au moment où nous nous apprêtons à relever un ensemble de défis particuliers. Nous devons nous attaquer aux problèmes auxquels les producteurs font face sur le terrain à tous les jours, trouver des solutions à moyen terme et aborder certaines des solutions à long terme.
Nous devons nous rappeler, et il est important de soulever ce point à ce moment-ci, que la situation ne se limite pas aux éleveurs de bétail. D'autres ruminants sont touchés par la fermeture de la frontière. Il est impératif que tous les députés le sachent, parce que nous avons aussi ces types d'éleveurs dans nos circonscriptions. Il importe que nous abordions aussi leurs problèmes.
En ce qui concerne les animaux de réforme, il importe de bien comprendre le problème et ce qui se produit. Bien sûr, il y a tout d'abord la fermeture de la frontière. Cette fermeture a eu un impact très direct, car les producteurs ne peuvent plus, comme c'était le cas avant mai 2003, envoyer leurs vieux animaux de réforme dans les abattoirs américains. La fermeture de la frontière les empêche évidemment de faire cela.
Le problème est un peu plus complexe que ça; il ne se limite pas au fait que nous ne puissions pas faire entrer d'animaux sur pied aux États-Unis. Les règles établies relativement à l'exportation de boeuf en caisse carton aux États-Unis ont modifié les règles en matière d'abattage. Une disposition de ces dernières interdit le mélange de jeunes animaux et d'animaux âgés à l'abattage. Cette disposition a occasionné d'autres problèmes en réduisant le nombre d'endroits où transformer les animaux de réforme.
Deux groupes différents de producteurs en subissent les conséquences. Dans les deux cas, c'est une partie de leur revenu qui est touchée, pas la totalité de leur revenu, mais certes une partie.
Prenons les producteurs laitiers. Le gros de leur revenu provient de la production de lait. Ce revenu continue de rentrer. Cependant, les producteurs doivent réformer leurs animaux. Ce sont les animaux de réforme et le prix que les producteurs en obtiennent qui posent problème, un problème qu'il faut régler.
La même chose s'applique aux naisseurs. Ils tirent en grande partie leur revenu de la vente de veaux, mais ils ont eux aussi des animaux de réforme. Ils vivent la même situation. Une partie de leurs activités et de leur entreprise de naissage est touchée par l'ESB.
Il est important de se rappeler, et je pense que tous les députés le reconnaissent, que, même si le problème des animaux de réforme n'a des effets que sur une partie du revenu des producteurs, il s'agit d'une partie importante de leur revenu et de leur entreprise en général. Il faut vraiment faire quelque chose à ce sujet.
La motion dont la Chambre est saisie indique que le gouvernement a pris des mesures inadéquates. Je ne suis pas d'accord. Le gouvernement gère le problème de l'ESB et de la baisse du revenu agricole de manière très active. Le député d'en face a posé une question au sujet du revenu agricole et il a tout à fait raison. L'année 2003 a été une année très difficile et le revenu agricole en a souffert.
Ce qu'il faut dire toutefois c'est que le gouvernement n'a pas tourné le dos aux producteurs alors qu'ils affrontaient ce genre de situation. En réalité, les versements du gouvernement aux producteurs ont atteint des niveaux record, proportionnels à leurs difficultés de revenus. Comme je l'ai dit, les versements ont été considérables en 2003 et la tendance va se poursuivre en 2004.
De plus, nous avons lancé plusieurs initiatives adaptées au problème de l'ESB. Le Programme national de redressement de l'industrie a été établi peu après la fermeture de la frontière. Il visait précisément à favoriser la relance du marché, à assurer l'acheminement et l'abattage du bétail. Le programme a été une réussite à cet égard.
Nous avons établi un programme visant les animaux de réforme, qui a assuré un soutien aux producteurs.
Il y a eu le PATI, dont les derniers versements ont été effectués le mois dernier. Dans le cadre de ce programme, plus de 900 million de dollars ont été versés aux producteurs.
Le 10 septembre dernier, nous annoncions la Stratégie nationale de repositionnement de l'industrie de l'élevage, une approche à plusieurs volets conçue pour favoriser le repositionnement du secteur de manière à ce qu'il renoue avec la rentabilité, avec ou sans l'ouverture des frontières. Je dois signaler que l'un des principaux objectifs de ce programme consiste à prendre des mesures permettant aux producteurs de tirer beaucoup mieux parti du marché. Grâce aux initiatives, et particulièrement aux programmes de retrait des veaux de court engraissementet des bovins d'abattage, nous avons pu constater une nette reprise des prix des bovins d'engraissement et d'abattage. Les prix ne sont pas encore aux niveaux souhaités mais ils sont très nettement supérieurs au creux du milieu de l'été, alors que le prix du bovin d'abattage était de 65¢. Je crois qu'il a atteint 85¢ la semaine dernière. Il a reculé un peu depuis, du fait qu'il fluctue selon le marché, mais la progression est très bonne.
Malgré ce que le chef du Bloc québécois a déclaré, on a fait d'importants investissements au Québec par l'entremise des programmes dont j'ai parlé et de nos programmes de gestion des risques de l'entreprise. Cependant, cela ne veut pas dire que les vaches de réforme ne continuent pas d'être un problème pour les producteurs laitiers. C'est toujours le cas. C'est vrai pour les producteurs laitiers du Québec, mais je devrais également mentionner que même si l'industrie laitière est importante au Québec, elle ne se retrouve pas qu'au Québec. D'autres régions du pays ont une industrie laitière. Lorsque nous nous penchons sur la question des vaches de réforme, il est absolument essentiel qu'à titre de ministre fédéral de l'Agriculture, j'adopte une position et un point de vue tenant compte de tous les producteurs, où qu'ils soient établis au Canada, et que je veille à offrir des programmes s'adressant à tous les producteurs. Nous essayons certes de le faire.
Je voudrais mentionner que, particulièrement dans nos programmes de gestion du risque de l'entreprise cette année, au titre du PCSRA, quelque 450 millions de dollars ont déjà été avancés aux producteurs, dont une partie pour l'année 2003 et une partie sous forme d'avances pour 2004 ainsi que dans le cadre de notre programme d'avances spéciales que nous avons annoncé dans notre train de mesures du 10 septembre. Ces avances sont essentielles, car elles sont conçues pour fournir de l'argent aux producteurs pour l'année en cours à un moment où ils ont absolument besoin de cet argent.
La réalité, c'est que dans la période qui vient, et c'est particulièrement vrai dans le secteur laitier, des changements se produiront et ils auront des répercussions sur les processus et sur la façon dont nous voulons procéder.
En décembre, et cela prendra effet au début de l'année prochaine, la Commission canadienne du lait établira un nouveau prix pour le lait. C'est important, surtout en ce qui concerne les vaches de réforme, parce que la commission doit notamment, lorsqu'elle établit le prix, évaluer ce qu'elle appelle la valeur nette de récupération des vaches. Si cette valeur a diminué, et c'est certes le cas, il faut en tenir compte dans toute augmentation de prix qui peut être envisagée. C'est une variable importante et nous aurons l'occasion de voir comment cela se passe à brève échéance.
Je ne veux pas dire qu'il s'agit là de la solution à l'ensemble du problème, mais c'est un élément important. Je pense qu'il est indispensable de comprendre cela et d'en tenir compte dans notre recherche de solutions à moyen et à long terme.
Nous devons aussi comprendre en quoi les changements dans la situation à la frontière peuvent avoir des répercussions sur les bêtes de réforme. Le problème ne se limite pas à une modification des règles des États-Unis concernant l'âge autorisé pour les animaux vivants. Il concerne aussi l'autorisation d'abattage de bêtes d'âges différents. Si la règle à cet égard est modifiée, la capacité d'abattage d'animaux plus âgés augmentera certainement. Si cette capacité augmente, l'environnement sera certainement plus concurrentiel et permettra une reprise, quant aux prix. C'est un aspect important qu'il nous faut examiner.
Quoi qu'il en soit, même si ces conditions étaient réunies, comme je l'ai dit à la Chambre à maintes occasions, nous examinons un certain nombre d'avenues supplémentaires afin de déterminer ce qui pourrait être fait afin de fournir aux producteurs laitiers et bovins une aide pour leurs bêtes de réforme. Nous avons participé à des échanges dynamiques avec les producteurs et nos homologues provinciaux du Québec afin de déterminer la meilleure approche à adopter. À cet égard, je reconnais le bien-fondé de la motion qui préconise l'adoption de mesures supplémentaires dans les meilleurs délais, mais je refuse catégoriquement l'allégation selon laquelle rien n'a été fait jusqu'à maintenant.
Il importe aussi de comprendre quelles doivent être les solutions à long terme en ce qui concerne les bêtes de réforme, cela, afin de veiller à ce qu'il y ait une capacité d'abattage suffisante pour le nombre de bêtes existant dans un environnement concurrentiel. C'est le marché, lorsqu'il peut fonctionner de manière rationnelle, qui fixera le prix versé pour les bêtes. Actuellement, le marché ne fonctionne toutefois pas rationnellement, à cause des distorsions provoquées par la fermeture de la frontière et par la règle qui interdit aux usines d'abattre des bêtes d'âges différents.
Lorsque nous avons fait cette annonce, le 10 septembre, et que nous avons présenté une série d'initiatives en vue d'accroître notre capacité d'abattage, tant en augmentant les ressources de notre organisme de réglementation qu'en procurant un fonds de réserve pour pertes sur prêts, nous avons certes présenté une solution à long terme. C'est un travail que nous devrons poursuivre. Voilà une façon d'augmenter notre capacité d'abattage. Comme je l'ai déjà dit, la nouvelle règle pourrait aussi contribuer à l'augmentation de notre capacité d'abattage. Nous devons déterminer exactement en quoi consiste cette nouvelle règle.
Il est essentiel que nous ne perdions pas de vue l'importance de trouver des marchés ailleurs qu'aux États-Unis.
Je suis déçu d'entendre le chef du Bloc québécois parler sans cesse de se renfermer sur soi, de s'isoler et de repousser les autres, à un moment où nous devrions élargir notre marché, en étendre la portée internationale et chercher d'autres pays avec lesquels faire affaire. C'est ce que nous avons fait au Japon, par exemple, et nous sommes satisfaits des changements que ce dernier a apporté à sa politique intérieure, qui lui permettront de modifier sa politique sur l'importation.
Nous accueillons des techniciens de Taïwan qui se penchent sérieusement sur la possibilité d'ouvrir leur marché à nos exportations et de faire des recommandations à cet égard. En ce qui concerne les produits laitiers, nous avons conclu une entente avec la Chine en vertu de laquelle nous pourrons y exporter du matériel génétique, y compris des embryons et de la semence bovine. La semaine dernière, j'ai appris avec joie que le Japon acceptait d'ouvrir son marché à nos exportations de viande provenant de bêtes de moins de 30 mois.
Le député du Bloc dit qu'on n'a fait aucun progrès. Le voilà, le progrès. En ce qui concerne les États-Unis, l'examen de la nouvelle règle par l'OMB est assorti d'un échéancier bien précis: il sera terminé dans les 90 jours.
Hier et avant-hier, lorsque le président des États-Unis était ici, il a dit qu'il avait l'intention de demander à ses fonctionnaires d'agir aussi promptement que possible. Voilà du progrès, et nous allons continuer d'exhorter les Américains à agir promptement.
Nous ne devons pas douter une seconde que nos producteurs traversent une période très difficile. La crise de l'ESB dure depuis presque 20 mois et pendant tout ce temps, ils ont travaillé d'arrache-pied et ont fait preuve d'une grande force morale. Nous ne devons pas oublier que les éleveurs de bovins et les producteurs laitiers ont bâti une solide industrie au pays, qui est sans égal dans le monde. Notre gouvernement s'emploie depuis 19 mois à faire son travail, c'est-à-dire à soutenir financièrement les producteurs. J'ai mentionné les programmes que nous avons mis sur pied parce qu'il est essentiel que nous travaillions en partenariat avec nos producteurs. Parallèlement, nous devons aussi nous occuper des problèmes structuraux, ce qui signifie par exemple qu'il faut s'efforcer d'augmenter la capacité d'abattage et de développer les marchés qui sont accessibles.
Nous ne devrions pas oublier, et cela s'applique aussi à l'industrie laitière, qu'il y d'autres problèmes à résoudre que celui des vaches de réforme. Il y a la question des génisses, dont nous ne savons pas encore quoi faire. Les producteurs ont perdu ce marché également. Dans notre recherche d'une solution globale, nous devons tenir compte de ce composant de la problématique.
Nous devons nous assurer que nous protégeons le patrimoine génétique de nos troupeaux. Tout en nous efforçant de trouver des remèdes et de faire des progrès, il ne faut pas perdre de vue que nous sommes les meilleurs au monde.
Nous devons également examiner le problème des stocks excessifs et de la taille trop grande du troupeau. C'est ce problème qui explique que nous ayons dû avoir recours au programme de gestion des animaux âgés annoncé le 10 septembre.
Tous ces programmes sont importants. Toutes ces questions sont cruciales. Notre travail avec l'industrie est important. En fait, l'initiative annoncée le 10 septembre a été préparée conjointement avec l'industrie et les provinces. Nous travaillons et nous continuerons de travailler avec les producteurs au Québec et dans le reste du pays. Nous continuerons à rechercher des solutions, tant pour la question particulière des animaux de réforme que pour la question plus vaste des effets de l'ESB.