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Bonjour. Je déclare la séance ouverte. Il s'agit de la 43
e séance et, conformément au paragraphe 81(4) du Règlement, nous examinons le Budget principal des dépenses 2007-2008: crédit 40, Commissariat à l'information du Canada, sous la rubrique Justice, renvoyé au comité le 27 février 2007.
Les membres du comité constateront qu'il y a une caméra dans la salle. Radio-Canada a demandé à téléviser ou enregistrer tout ou partie de la séance, à son choix. La filière normale a été suivie et c'est ce qui explique sa présence ici. Il s'agit d'une caméra fixe qui sera dirigée sur l'intervenant et uniquement l'intervenant — enfin, c'est ce que j'espère. C'est pourquoi ces personnes sont ici.
La caméra ne peut voir que l'arrière de ma tête, la pire partie de mon anatomie, je vous l'assure. L'arrière est pire que le devant.
Nous recevons aujourd'hui le commissaire à l'information, M. Robert Marleau, M. Alan Leadbeater, sous-commissaire à l'information, un habitué du comité, J.G.D. Dupuis, directeur général, Enquêtes et révisions, ainsi que Ruth McEwan, directrice générale, Services ministériels, Direction générale de la gestion intégrée.
Comme je viens de les présenter, vous n'avez pas à le faire.
Bienvenue à vous. J'imagine que vous avez une déclaration liminaire, après quoi nous passerons directement aux questions.
Monsieur Marleau, à vous la parole.
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Merci, monsieur le président. C'est pour moi un plaisir d'être ici aujourd'hui afin de vous aider à examiner le Budget des dépenses du Commissariat à l'information du Canada.
J'avoue d'emblée que je suis au début d'un long et difficile processus d'apprentissage concernant les subtilités de la Loi sur l'accès à l'information et le rôle du Commissariat en ce qui a trait à son application. De fait, c'est la première fois que je me présente devant le comité en ma qualité de commissaire à l'information. Toutefois, je comprends bien le rôle du comité ainsi que la relation toute spéciale que les hauts fonctionnaires et moi-même entretenons avec nos comités respectifs ainsi qu'avec le Parlement tout entier.
Mon propos vise ici à vous faire part de ce qui suit: je m'adresse à ce comité, et à tous les députés et sénateurs, pour qu'ils m'aident à exercer de mon mieux mes fonctions de commissaire à l'information.
On dit que le droit de savoir est vital dans une démocratie. Bien entendu, le secret gouvernemental se fonde sur de nombreux motifs justifiables, mais en raison des fortes pressions qui pèsent sur tous les gouvernements, ceux-ci peuvent en venir à tolérer une tendance indue au secret, et à utiliser celui-ci comme outil stratégique et politique, en l'invoquant pour se soustraire à leurs obligations en matière de transparence et pour éviter les situations embarrassantes.
[Français]
En vertu du mandat qui m'est conféré par le Parlement, je dois, au cours des sept prochaines années, m'assurer que les gouvernements maintiennent un équilibre adéquat entre la transparence et le secret — équilibre que définissent clairement les dispositions de la Loi sur l'accès à l'information, équilibre qui ne s'est pas démenti depuis les 24 dernières années. Dans les mois à venir, si le gouvernement réagit positivement au premier rapport du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, les députés seront appelés à examiner attentivement les propositions du gouvernement ayant trait à la réforme de l'accès à l'information, et à s'assurer que cette loi demeure vigoureuse.
[Traduction]
Mes priorités découlent de la loi. J'ai l'obligation de fournir aux citoyens les résultats d'enquêtes approfondies et justes sur les plaintes déposées contre les institutions gouvernementales. Je dois convaincre celles-ci, dans le cadre de mes attributions, qu'elles corrigent tout recours excessif au secret sans devoir faire appel aux tribunaux. Je m'engage à donner droit de cité à la raison, de façon constructive, chaque fois qu'on soulève la question du maintien de l'équilibre approprié entre l'ouverture et le secret dans les pratiques du gouvernement fédéral. Autrement dit, je ne ferai pas office de défenseur des demandeurs d'information ni d'adversaire du gouvernement; je servirai le Parlement dans l'application de la Loi sur l'accès à l'information et dans la réalisation de ses objectifs, tels que décrits par la Cour suprême du Canada, pour faciliter la démocratie, en veillant à ce que les citoyens disposent de l'information nécessaire pour prendre une part active au processus démocratique.
Le principal secteur d'activités du CIC concerne les enquêtes sur les plaintes en vertu de l'article 30 de la Loi sur l'accès à l'information. Tous nos enquêteurs ont pour objectif de régler les plaintes, et ils font très bien leur travail. Le nombre des plaintes et le temps dévolu à leur résolution continuent de constituer un problème. L'année dernière, la hausse du financement relatif aux enquêtes s'est avérée très bénéfique. Nous avons malheureusement pris du retard car nous ne disposions pas des locaux nécessaires pour accueillir les nouveaux employés. Le problème est désormais résolu, et nous devrions être pleinement fonctionnels d'ici à la fin de l'été, cette année.
[Français]
Si Ie gouvernement ne se conforme pas aux recommandations du commissaire, I'étape suivante est une demande de révision auprès de la Cour fédérale du Canada. Au cours des audiences d'approbation de ma nomination, j'ai dit au Parlement que j'ai et que j'aurai toujours un préjugé contre les procédures judiciaires. Malgré cette réticence à recourir aux tribunaux, lorsque les droits fondamentaux des citoyens sont en péril et que la médiation a échoué, Ie commissaire n'a d'autre choix que de défendre la cause avec vigueur devant Ie tribunal compétent, y compris la Cour suprême du Canada.
[Traduction]
Au fil des années, la Loi sur l'accès à l'information s'est avérée très solide; la plupart des décisions rendues par le tribunal lui ont été largement favorables. Il ne fait aucun doute que certains cas difficiles surgiront et exigeront une interprétation de la cour afin de protéger l'intégrité de la loi et les droits qu'elle procure à la population canadienne, et que la cour pourra compter sur l'apport du commissaire.
Le Commissariat n'a pas de mandat législatif précis en matière de vérification ou de formation. Pourtant, on exerce des pressions de plus en plus fortes sur mon organisation pour qu'elle procure de l'aide aux institutions. Nous effectuons des enquêtes systémiques et nous réalisons des fiches de rendement. Croyez-le ou non, de nombreux responsables d'organismes souhaitent se conformer pleinement à la Loi sur l'accès à l'information, et s'adressent à nous pour obtenir des conseils et une évaluation à cet égard. Si leur rendement et leurs connaissances sont à leur meilleur, le nombre de plaintes décline. Il pourrait être plus profitable d'investir pour dispenser des conseils, de la formation et des mesures de sensibilisation que de hausser progressivement le budget affecté aux enquêtes.
Le Commissariat à l'information et le Commissariat à la protection de la vie privée travaillent depuis quatre ans avec l'Université de l'Alberta à un programme de certificat en accès à l'information et protection des renseignements personnels, offert en ligne.
Au cours de la dernière année, mon bureau a travaillé avec un groupe d'éminents experts du domaine de l'accès et des renseignements personnels afin de développer des normes professionnelles pour les administrateurs de l'accès à l'information et des renseignements personnels. Pour ma part, je considère déjà comme une priorité d'obtenir du Conseil du Trésor, en tant qu'employeur fédéral, qu'il soutienne le programme de l'Université de l'Alberta, reconnaisse que les nouvelles normes nationales sont souhaitables, sinon obligatoires, pour ce qui est de ses politiques de recrutement et de promotion des agents d'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels. Au cours des prochains mois, je souhaite obtenir la collaboration du comité permanent sur cette question et en faire un des éléments de tout débat susceptible d'avoir lieu dans l'avenir sur la réforme de la Loi sur l'accès à l'information.
Comme vous le verrez dans la Partie II et III de la documentation, mon bureau demande l'approbation du Parlement concernant le crédit 40, pour des ressources d'un montant de 6 684 000 $, desquels 5 278 000 $ sont utilisés pour les salaires des employés, à l'exclusion des avantages sociaux des employés, et un montant anticipé de 1,4 million de dollars pour les dépenses de fonctionnement.
[Français]
Mesdames, messieurs, je suis prêt à répondre à vos questions. Je tâcherai de vous expliquer qui nous sommes, ce que nous faisons, de quelle façon nous évaluons notre rendement, ce qui nous attend et comment nous avons employé nos ressources. Vous souhaitez peut-être en savoir plus, et c'est la raison de notre présence ici. Je suis certain que nous saurons collaborer de manière fructueuse.
[Traduction]
Merci beaucoup.
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M. Peterson m'a devancée un peu. Vous savez, monsieur Marleau, qu'on s'est vus dans le cadre des travaux d'un autre comité, le Comité de surveillance des finances. C'est pourquoi je suis un peu au courant de votre dossier. C'est pour cela aussi que je tiens à aborder le même sujet que M. Peterson.
Effectivement, on a vu que le gouvernement a tout fait pour empêcher la publication des rapports internes du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international qui fait état de la torture en Afghanistan. Je vais vous poser la même question en français, cela vous permettra de vous exercer. Le gouvernement conservateur a d'abord nié l'existence de ce document, puis il a été contraint de refaire ses devoirs. Finalement, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international a rendu publique une version que je qualifierais de hautement censurée du document.
J'ai plusieurs questions à vous poser par rapport à tout cela, principalement parce que ce dossier d'accès à l'information vous concerne directement.
Ma première question est la suivante. Vous le savez, ce vieux gouvernement conservateur — je suis assez tannée d'entendre parler du nouveau gouvernement conservateur — promettait en campagne électorale d'appliquer les recommandations du commissaire Gomery en procédant à une réforme de la Loi sur l'accès à l'information, ce qu'il n'a toujours pas fait. Je dois dire que, malheureusement, comme tous les gouvernements des 30 dernières années, celui-ci refuse de modifier l'actuelle loi. En fait, il « pellete par en avant », mais on voit bien que c'est un refus. On va le voir peut-être très bientôt. J'ai soumis une motion à ce comité il y a presque six mois pour demander que le nouveau ministre dépose un avant-projet de loi afin de moderniser la Loi sur l'accès à l'information. Pour le moment, je constate qu'il refuse de le faire. On verra plus tard. Ce gouvernement conservateur refuse de modifier la Loi sur l'accès à l'information. J'ai l'impression que cela lui permet de se soustraire trop facilement à ses obligations. La tentative de camouflage qu'on a vue ces derniers jours en est un autre exemple.
Vous avez répondu à M. Peterson de deux manières. Je ne sais lequel d'entre vous a dit quoi. L'un de vous a dit que vous aviez reçu une plainte, et l'autre a dit que vous n'aviez pas été saisis de ce cas. C'est ce que j'ai entendu. Je voudrais que vous m'expliquiez la nuance.
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Le cas auquel vous faites référence a été soumis avant que j'arrive en poste, mais j'ai suivi l'actualité à l'époque. Je crois que c'est un cas au sujet duquel enquête la commissaire à la protection de la vie privée, et non mon bureau.
Mais pour répondre à votre question de façon plus générale, je connais très bien les pouvoirs parlementaires des comités. Ce n'est pas à un commissaire de se prononcer sur le bien-fondé de la décision d'un comité de faire enquête sur quoi que ce soit. Si l'enquête est faite en parallèle avec une enquête de mon bureau, nous nous orientons selon les termes de la loi qui nous autorise à agir, et le comité, en parallèle, adopte l'avenue qu'il choisit.
Évidemment, la médiatisation autour d'une enquête menée par un comité parlementaire pourrait peut-être ralentir ou heurter notre propre enquête, mais il n'appartient pas au commissaire de s'y opposer, à moins d'être invité à comparaître et de participer à cette enquête. Le comité est libre de décider de faire ce qu'il veut.
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On se retrouve encore avec le problème attribuable au fait que la Loi sur l'accès à l'information n'a pas encore été modernisée.
Ne croyez-vous pas que le cas que l'on retrouve aujourd'hui dans les pages du Globe and Mail devrait inciter encore davantage le ministre à préparer ce fameux avant-projet de loi et à venir nous le présenter au comité le plus rapidement possible, comme on le lui a demandé?
D'ailleurs, je veux juste rafraîchir, non pas votre mémoire qui est excellente, mais celle de tout le monde ici. On lui a demandé de nous présenter une Loi sur l'accès à l'information modernisée et plus contraignante avant le 15 décembre 2006, pas 2007. Vous voyez que ce ministre est très en retard dans ses devoirs.
Alors, ne croyez-vous pas que le cas que l'on découvre aujourd'hui dans les journaux est un autre signal au ministre de se dépêcher à rédiger une nouvelle loi?
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Je ne sais pas si je peux dire que le cas rapporté dans les journaux ce matin, ou hier, est un autre exemple qui rend une révision de la loi nécessaire, sans avoir vu les détails du cas. Il est possible que les éléments qui ont été censurés l'aient été correctement en vertu de la loi et qu'il n'y ait pas eu de zèle. Il est possible aussi que ce soit le contraire. Sans connaître les détails, je ne peux pas faire de commentaire.
Mais pour revenir à votre question sur la révision de fond de la Loi sur l'accès à l'information, je ne peux pas vous confirmer ou affirmer que c'est l'intention du gouvernement de procéder à une révision de fond. Je peux toutefois vous dire que de mon côté, ma première initiative, comme commissaire, a été de rencontrer le ministre de la Justice, de lui offrir toute notre collaboration dans un effort de révision, même un effort de révision préalable à ce qu'il vous présenterait. Je me suis entendu avec le sous-ministre de la Justice — et on a créé un petit comité de travail qui a commencé ses travaux la semaine dernière — pour analyser le projet de loi que mon prédécesseur vous a remis et le document de discussion qui a été déposé par le ministre en avril de l'année dernière, afin d'essayer, à la base, de déterminer où il y a un terrain d'entente. On veut aussi voir comment le projet de loi a réglé certaines choses et remplir les pages laissées blanches parce que certaines choses n'ont pas été dites par mon prédécesseur et que d'autres n'ont pas été dites par le ministre dans son document de discussion.
On espère donc avoir un document de travail qui aidera les deux parties, et le comité se retrouvera peut-être à étudier un avant-projet de loi. Mais de notre côté, c'est aussi une initiative pour engager un dialogue sur le plan administratif avec le ministère de la Justice, pour mieux se comprendre lorsqu'on doit prendre des positions publiques.
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C'est précisément ce que j'allais faire. Je tenais simplement à préciser que je ne cherchais pas à esquiver la question. Comme je l'ai déjà dit, et cela a été confirmé par le sous-commissaire, la loi nous interdit de commenter tout détail d'une enquête, même après la conclusion de l'enquête.
Dans le cas d'une enquête type, notre bureau reçoit une plainte type que nous évaluons. On communique avec l'auteur de la plainte pour obtenir des éclaircissements. Il arrive que l'information fournie soit restreinte parce que parfois l'auteur de la plainte n'est pas tout à fait sûr de ce qu'il demande. Si nous décidons de donner suite à la demande du plaignant, nous assignerons alors un enquêteur chargé de la plainte.
L'enquêteur examinera les faits, les documents. Il peut même parler aux membres du cabinet du ministre ou à toute personne qui a joué un rôle dans la communication ou la non-communication du document. L'enquêteur formule alors une opinion qui est ensuite soumise au directeur des enquêtes, qui l'examinera. Il peut alors intervenir et dire, écoutez, notre enquêteur a formulé cette recommandation mais vous ne semblez pas être d'accord. Pourrions-nous essayer de nouveau en ayant recours à la médiation? M. Dupuis essaiera de convaincre le ministère de se conformer à notre recommandation. Nous accepterons également des représentations de la part de l'auteur de la demande.
Au bout du compte, il faut qu'une décision soit rendue; il s'agit soit d'un rapport en vertu de l'article 35 ou en vertu de l'article 37. En dernier recours, la cause peut être portée devant la Cour fédérale. Si je recommande la communication du document, parce que je n'ai pas le pouvoir d'ordonner la communication, ce sera à la Cour de décider si le document doit être communiqué ou non.
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Pendant les 30 premiers jours, soit durant presque tout le mois de février, j'ai passé mon temps à m'informer des questions de fond qui entourent le débat sur le projet de loi que le comité a recommandé au ministre. J'ai présenté mes lettres de créance aux ministres principaux.
Ma priorité est de développer, de concert avec le Conseil du Trésor, un programme pour faire accepter des normes de rendement et d'éducation à l'intention des coordonnateurs des différents ministères. Je crois fermement que le fait d'avoir des gens reconnus comme étant des professionnels à un niveau déterminé dans tous les ministères permet de mieux comprendre et d'appliquer la loi et, au bout du compte, de diminuer le nombre de plaintes.
C'est la raison pour laquelle j'ai parlé du programme de l'Université de l'Alberta, qui offre une formation en ligne et un certificat dans les deux langues officielles et que je recommanderai à l'employeur, le Conseil du Trésor.
Nos priorités sont les mêmes que celles fixées dans la loi.
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Si le temps le permet, je partagerai mon temps avec mon collègue.
J'enchaîne sur ce qu'ont dit MM. Vincent et Marleau.
Je suis heureux de vous revoir. Je suis heureux d'apprendre que vous vous habituez à votre nouvel emploi. Et j'ai trouvé votre exposé très encourageant. Vous déclarez que vos priorités découlent de la loi, mais que votre mandat consiste à convaincre les institutions gouvernementales — ce sont de nobles paroles, et je suis sérieux quand je le dis; lorsque j'ai lu votre exposé je me suis dit que c'était une bonne chose — de corriger tout recours excessif au secret sans devoir faire appel aux tribunaux.
Puis, un peu plus loin, vous dites, « Je ne ferai pas office de défenseur des demandeurs d'information ni d'adversaire du gouvernement. » Je suppose que cela signifie qu'il doit y avoir beaucoup de plaintes frivoles. Et je me demande — et je sais que certains de mes collègues vont vous poser des questions plus substantielles à propos du budget — si un grand nombre des coûts qui existent dans votre commissariat se rattachent à des plaintes frivoles. Êtes-vous en mesure d'éliminer ces plaintes frivoles et par conséquent d'accélérer le processus et même d'en améliorer l'efficacité?
C'est la seule question que je voulais vous poser.
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Il n'existait pas de programmes formels. Cela a débuté en 2003. En fait, brièvement, pendant que j'étais commissaire par intérim à la protection de la vie privée, je me suis joint au commissaire de l'époque, M. Reid, pour appuyer ce programme, et mon successeur là-bas a donné suite à cette initiative.
Il s'agit d'un nouveau programme qui est offert en ligne. Il compte cinq modules, je crois, qu'il faut suivre pour être accrédité, et nous venons d'avoir une quarantaine d'étudiants qui ont écrit leurs examens dans notre bureau il y a quelques fins de semaine. Je crois qu'il existe à l'heure actuelle partout au pays plus de 500 diplômés du programme.
Pour enchaîner sur ce que M. Vincent disait lorsqu'il m'a demandé s'il y avait quelque chose que j'aimerais changer dans la loi, cela en représente un aspect. J'ai dit dans mon exposé que je n'ai pas un mandat en matière d'éducation mais je pense, comme le commissaire à la protection de la vie privée, que nous devrions envisager un mandat en matière d'éducation et de formation pour que l'on comprenne mieux en quoi consiste l'accès à l'information et réduire ainsi, du moins je l'espère, le nombre de plaintes.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur Marleau. Il est tout à fait approprié que vous soyez ici aujourd'hui, parce que je peux vous dire que certains membres de notre comité de l'accès à l'information sont tout à fait scandalisés par ce que nous considérons être certaines des atteintes les plus flagrantes à notre système de liberté d'information à avoir été révélées publiquement. Je sais que vous avez reçu trois plaintes officielles à propos de cette même question, l'une provenant de la députée néo-démocrate, Dawn Black. J'ai sa lettre de plainte ici.
Il s'agit non seulement de la violation la plus flagrante et la plus grave que nous ayons constatée, mais la question soulevée est extrêmement importante, tant au niveau national qu'international, parce qu'on nous accuse de violer la Convention de Genève en raison de certains renseignements qui ont été censurés. Il est clair que le gouvernement a été reconnu coupable de censurer des passages de ce rapport — 36 passages d'un rapport de 20 pages, en invoquant dans tous les cas sauf deux, le paragraphe 15(1) de la Loi sur l'accès à l'information, dont nous supervisons l'application.
D'après votre interprétation du paragraphe 15(1), a-t-on le droit de censurer des renseignements aussi fondamentaux que... ? Laissez-moi vous lire un passage qui a été censuré et que nous savons maintenant faire partie du rapport et vous demander si à votre avis cette information peut faire l'objet d'une exception en vertu du paragraphe 15(1). On y dit que les forces militaires, les services de renseignements et les policiers ont été impliqués dans des arrestations arbitraires, des kidnappings, des cas d'extorsion, des cas de torture et des meurtres d'individus soupçonnés d'avoir commis des crimes.
Pourquoi cette information serait-elle visée par les dispositions du paragraphe 15(1), sous la catégorie des affaires internationales, etc.? À votre avis, est-ce le genre d'information qui peut être exclu en vertu du paragraphe 15(1)?
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Eh bien, je n'ai jamais rien vu d'aussi détaillé jusqu'à présent. Je tiens à vous en féliciter. Je ne vous poserai même pas d'autres questions. Cela est suffisant pour moi cette année.
J'ai trouvé très utile que vous indiquiez les cinq fonctions que vous effectuez sous la rubrique « Que faisons-nous? ». Nous en avons parlé, parce que dans les livres bleus ici, à la page 3, vous dites que vous vous efforcerez de réduire le nombre de plaintes d'accès à l'information et que vous le ferez de trois façons et entre autres en éduquant les gestionnaires des institutions du gouvernement fédéral.
À la page 3, vous mentionnez également que vous vous efforcerez de développer une fonction publique fédérale informée et bien formée. Je pense que c'est une très bonne chose, parce que ceux qui ont reçu une formation adéquate à propos de la Loi sur l'accès à l'information pourront, du moins nous l'espérons, prendre des décisions cohérentes et correctes en vertu de la loi quant aux renseignements qui peuvent être communiqués ou non.
Cela m'amène à la question posée par M. , à propos du programme auquel vous participez. Là où je veux en venir, c'est que vous avez indiqué que vous n'avez pas vraiment de mandat en matière d'éducation. Pourtant, vous êtes en train d'exécuter un mandat en matière d'éducation, que vous en ayez le mandat ou non.
Pour revenir ensuite à M. . Lorsque vous avez répondu à la question de M. , vous nous avez plus ou moins laissé entendre que si nous étudions l'accès à l'information, il serait bon que nous envisagions de recommander que l'on vous confie un mandat en matière d'éducation, et de toute évidence cela exigerait des fonds supplémentaires, etc. Ai-je raison de penser que c'est ce que vous aimeriez que nous fassions, et est-ce à votre avis l'orientation que devrait prendre le commissariat à l'information, pour ce qui est de former les agents de l'accès à l'information ici à Ottawa?
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Je ne voudrais pas, monsieur le président, assumer la responsabilité de la formation des coordonnateurs de l'accès à l'information. Ce sont des employés fédéraux, et ce mandat relève du Conseil du Trésor. Nous offrons une certaine formation dans le cadre de nos examens. Nous procédons à deux types d'enquêtes, l'une qui suit les plaintes et ensuite les examens dont nous prenons l'initiative; et dans le cadre de ce processus, lorsque nous évaluons le rendement des ministères, nous faisons beaucoup de formation et de sensibilisation, et nous continuerons de le faire.
Si l'on revoyait la loi, l'une de mes recommandations serait que l'on nous confie un mandat en matière d'éducation qui met surtout l'accent sur la sensibilisation. Nous avons fait beaucoup de travail, à mon avis, en collaboration avec le commissaire à la protection de la vie privée et l'Université de l'Alberta à l'aide des ressources existantes, avec de très faibles investissements de notre part — surtout intellectuelles — en plus des fonctions exercées par mes agents.
Si vous me le permettez, j'aimerais faire un parallèle ici avec la vérification interne. Le gouvernement du Canada, le Conseil du Trésor, ont établi des normes pour le recrutement des vérificateurs internes. Ils établissent les normes pour le recrutement des agents financiers pour lesquels une accréditation est exigée. Je pense qu'il faudrait faire de même pour les coordonnateurs de l'accès à l'information, afin qu'un sous-ministre qui reçoit un rapport du bureau de son coordonnateur qui indique que l'information doit être communiquée, puisse examiner ce rapport avec la même confiance que s'il le recevait d'un agent financier supérieur ou d'un vérificateur interne.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier l'équipe du Commissariat à l'information qui est ici aujourd'hui.
J'ai simplement une question à poser, parce que toutes les questions que j'avais notées ont déjà été posées par mes collègues, et vous y avez assez bien répondu.
Je dois dire qu'en ce qui concerne le progrès que vous avez réalisé l'année dernière, l'équipe de votre bureau a fait un travail remarquable pour ce qui est d'effectuer un nombre élevé d'enquêtes et pour ce qui est d'avoir réduit l'arriéré et d'avoir pris cette initiative en matière d'éducation. Donc je tiens vraiment à vous en féliciter et je vous souhaite du succès au cours de l'année à venir pendant laquelle vous continuerez à travailler à concrétiser ces objectifs importants.
Je tiens également à dire que vous avez dû répondre à des questions assez dures ici ce matin et que la façon professionnelle dont vous y avez répondu m'inspire une très grande confiance dans vos compétences. Je trouve donc rassurant que vous maîtrisiez vos dossiers et que vous compreniez bien et exécutiez le rôle objectif de cette charge qui vous est confiée en tant que mandataire du Parlement, conformément aux principes importants de l'accès à l'information et de la protection de la vie privée, comme il se doit, dans l'exécution de vos fonctions.
J'en arrive à ma question. Comme le président l'a également mentionné, le rapport que vous nous avez présenté était très bien préparé, à mon avis. L'un des points que j'ai relevés, toutefois, concernait votre rôle. J'ai été un peu étonné — je pense que c'était vers la fin de l'été — lorsque nous avons reçu un rapport spécial au Parlement du Commissariat à l'information. Il s'agissait d'un document assez exhaustif sur les amendements proposés à la Loi fédérale sur la responsabilité, un document très détaillé, préparé à une époque où le Commissariat faisait face à un arriéré et subissait certaines pressions administratives.
Comment la préparation d'un document et d'une étude comme ceux-là cadre-t-elle avec votre mandat? Il s'agissait vraisemblablement de conseils et de propositions qui étaient faites au Parlement. J'en ignore l'origine. Est-ce une initiative que votre commissariat déciderait simplement de prendre? Comment cela cadre-t-il avec le mandat du commissariat, sans que l'on vous demande d'intervenir et de fournir ce genre d'observation?
À la page 3, il y a deux choses dont je veux parler. La première concerne la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Notre comité, monsieur Marleau, et vous pourrez peut-être nous aider avec cela dans une certaine mesure, a pris une décision qui reste inchangée. À l'automne, il est possible que le comité entreprenne une étude importante sur la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Évidemment, c'est une fonction que vous avez déjà exercée, mais sous l'angle de l'accès à l'information, croyez-vous que ce serait une bonne idée pour notre comité? Est-il temps que notre comité examine cette loi? Avez-vous des commentaires à faire à cet égard?
:
Tout d'abord, nous avons nos propres manuels et il y a des précédents. De plus, comme on l'a dit au début en réponse à la question de M. Peterson, il faut écouter le pourquoi de la décision qui a été prise par les gens du ministère. C'est sûr que nous écouterons leur raisonnement, pourquoi ils croient qu'il y a préjudice.
Si nous ne croyons pas qu'il y a clairement préjudice, nous leur ferons part de notre point de vue. Une discussion s'ensuivra. Lorsque le commissaire verra le rapport, la position du ministère, la position du plaignant de même que notre propre opinion lui seront exposées. C'est alors que le commissaire devra trancher, une fois qu'il aura analysé les diverses opinions et qu'une enquête indépendante sur toutes les positions aura été menée.
Il est clair que durant l'enquête, beaucoup de choses se font. Le ministère verra donc notre point de vue, et nous verrons le sien. Il est possible qu'en fin de compte, seulement 20 p. 100 du document ne soit pas divulgué, alors qu'au départ, le ministère ne voulait pas divulguer plus de 50 p. 100 du document. Si nous n'appuyons pas cette décision, il faudra convaincre le commissaire, qui devra approcher le ministre et lui dire qu'il faut que le document soit divulgué.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Marleau, il est difficile de surestimer l'importance du commissariat. Nous avons entendu d'autres témoins et entendu des gens dire que la liberté de l'information est une pierre angulaire fondamentale de la démocratie occidentale. Des gens ont dit que c'était quasi constitutionnel. Encore une fois, votre service est dans l'oeil de l'ouragan, au coeur de la crise de confiance dans le gouvernement.
Si le premier ministre et son gouvernement étaient au courant des réalités des détenus afghans et ont choisi de cacher la vérité, alors ils ont rompu la confiance avec la population canadienne sur une échelle monumentale. Le scandale des commandites ne concernait que de l'argent; il s'agit ici des valeurs fondamentales en fonction desquelles les Canadiens se définissent. C'est le genre de chose qui fait tomber les gouvernements. Je n'exagère pas du tout. Cela ne suffira pas qu'un ministre démissionne, ceci pourrait en fait faire tomber le gouvernement. Le Commissariat est au coeur de l'affaire et vous nous avez dit avoir un arriéré de 1 057 cas.
J'ai deux questions.
Premièrement, si vous en recevez l'instruction du comité, vous est-il possible d'accélérer l'enquête et de couper la file, en quelque sorte?
Deuxièmement, quelle forme votre rapport finira-t-il par prendre? Comme je l'ai dit, cela revêt un intérêt national et international critique.
Ce sont mes questions pour commencer.
:
Monsieur Wallace, désolé, mais vous avez dépassé vos cinq minutes. Deux autres personnes veulent en poser et il reste sept minutes. Je dois donc vous interrompre.
Je suis un de ceux-là. Je vais essayer d'être aussi bref que possible. Nous avons un invité, M. Lussier, et j'aimerais lui donner l'occasion de prendre la parole.
Je rappelle aux membres du comité que nous avons déjà employé deux heures. Cette remarque se situe dans le contexte des discussions que nous avons eues sur l'utilité de faire comparaître des gens au sujet du budget des dépenses.
Monsieur Marleau, mes questions portent encore une fois sur ce document-ci. À la page 4, vous dites avoir déféré 16 affaires devant les tribunaux et que les jugements ont été rendus en faveur du commissariat dans 100 p. 100 des cas. C'est un chiffre extraordinaire. Je comprends votre peu d'empressement à vous adresser aux tribunaux parce que plus vous le ferez plus vous risquerez de perdre votre score de 100 p. 100.
Ce qui me fascine, c'est le paragraphe suivant. Vous dites que la Couronne a porté 66 affaires contre le commissaire à l'information devant les tribunaux. Celles-ci portaient sur des questions de compétence et de procédure. Vous avez eu gain de cause dans 95 p. 100 des cas. Quel genre de conseil la Couronne reçoit-elle si vous avez un taux de succès de 95 p. 100? Quand vous parlez de la Couronne dans cette phrase, de qui s'agit-il? Est-ce le ministère de la Justice?