Je vais donc reprendre plus bas sur la même page.
De ce fait, une fois que le système a été opérationnel et a fonctionné à nouveau, les chasseurs de phoques avaient déjà dépassé, bien malgré eux, les quotas de leur secteur, ce qui a donné lieu à des transferts de quotas.
Ces transferts ont pénalisé certains chasseurs et en ont avantagé d'autres. La saison 2006 est un excellent exemple de cette situation alors que les chasseurs de la région du front ont été pénalisés à cause de dépassements dans la région du Golfe.
Je constate par ailleurs dans le procès-verbal de votre réunion du 15 juin 2006 que M. David Bevan, sous-ministre adjoint de Pêches et océans, a fait allusion au problème des rapports quotidiens en disant que :
Sur certains bateaux où il y avait peut-être une centaine d'animaux, on n'en déclarait qu'une cinquantaine; ce n'est qu'après que l'on rectifiait les chiffres. Il est nécessaire que nous réglions ce problème pour avoir une idée plus précise du nombre d'animaux tués quotidiennement.
L'une des principales manières pour le MPO de régler ce problème a été de s'attendre à ce que les transformateurs lui donnent la meilleure estimation du nombre d'animaux débarqués aux différents endroits. À cette époque de l'année, les transformateurs sont extrêmement occupés parce qu'ils doivent se procurer les animaux, organiser le transport entre le port de débarquement et l'usine de transformation, effectuer la transformation et payer rapidement les chasseurs.
Or, on oblige les transformateurs à fournir cette information au MPO chaque jour avant 10 heures. S'ils ne le font pas, ils reçoivent un avertissement ou s'exposent à des poursuites. L'utilisation de ces informations exige par ailleurs un nombre considérable d'années-personnes, à un point tel que le ministère a été obligé de consacrer en permanence au moins un employé à cette tâche.
Nous avons vu dans le passé que ces informations ont souvent été mal interprétées par le personnel du ministère, par exemple lorsque des prises ont été comptées deux fois. Dans ce cas, le ministère ferme la chasse parce que le quota a été atteint mais, quand on vérifie les chiffres, il devient évident que beaucoup d'autres animaux auraient encore pu être chassés.
Le ministère s'enorgueillit d'avoir un programme de chasse bien géré, le respect des quotas étant un critère primordial. Pourtant, l'expérience nous a montré que le système de rapports quotidiens par radio est parfois hors service à des périodes critiques durant la chasse.
Pendant la saison 2006, la chasse dans la région du front a été ouverte le 12 avril à 6 h, heure avancée de Terre-Neuve, et a été fermée à 19 h 30 le même jour. Le quota n'ayant pas été atteint durant cette période, la chasse a été de nouveau ouverte le jeudi 13 avril à 6 h pour être de nouveau fermée le même jour à midi. Le ministère a alors informé les chasseurs qu'il allait calculer le total des prises et leur dire ensuite si la chasse pourrait reprendre.
Le lendemain 14 avril, qui était le Vendredi saint, le ministère était fermé, et il est resté fermé le samedi 15, le dimanche 16 et le lundi 17. Une partie importante de la chasse au phoque dans la région du front en 2006 a eu lieu bien au nord de Terre-Neuve, au large de la côte est du Labrador, dans la baie Groswater. La plupart des chasseurs n'étaient pas prêts à attendre plusieurs jours pour savoir si la chasse allait reprendre. Beaucoup auraient pu attendre jusqu'au samedi mais pas jusqu'au mardi suivant.
Pour la prochaine saison et pour les saisons futures, nous recommandons que le MPO ait assez de personnel à sa disposition pour rester ouvert pendant la fin de semaine ou les jours de congé afin de s'assurer que cette situation ne puisse pas se reproduire. Sinon, le ministère pourrait envisager de sous-traiter au secteur privé le traitement et la compilation des résultats des rapports radio.
Ces dépassements, qui sont coûteux aux chasseurs et aux transformateurs, sont souvent dénaturés dans la presse par les groupes de défense des animaux et ils nuisent aux efforts continuellement déployés pour assurer une bonne gestion de la chasse aux phoques.
Une autre question méritant l'attention du ministère est que le système actuel du « premier arrivé, premier servi » suscite une mentalité de course au quota, chaque chasseur voulant s'assurer qu'il obtiendra sa juste part. Cette mentalité peut pousser certains chasseurs à ne pas porter l'attention voulue à l'emploi de bonnes méthodes de chasse, ce qui contribue de nouveau à faire croire que celle-ci est cruelle.
Il convient d'envisager des moyens pour éliminer ou réduire cette mentalité de course afin d'assurer le respect de bonnes procédures. L'une des solutions envisageables consisterait à adopter la recommandation des vétérinaires selon laquelle le chasseur, après avoir tué un phoque à la carabine ou au hakapik — mais ceci vaut surtout pour le hakapik — serait tenu de palper le crâne pour s'assurer qu'il est complètement fracassé et que l'animal est irrémédiablement inconscient, avant de le saigner. Cette méthode aurait pour effet de ralentir les choses, sans compter qu'elle améliorerait considérablement la qualité de la viande et de la fourrure.
Évidemment, le concept d'un quota par bateau pourrait aussi être le moyen d'éliminer la mentalité de course, mais il soulève un certain nombre de problèmes. En effet, il serait très difficile à mettre en oeuvre manière juste et équitable pour tous les chasseurs.
Si le TAC devait être réparti entre un grand nombre de chasseurs ou de bateaux, le nombre d'animaux que chacun pourrait prendre risquerait d'être trop petit pour que la chasse soit rentable. En outre, sa répartition entre un grand nombre de petits éléments pourrait faire en sorte que, certaines saisons, le TAC total ne serait pas atteint. Or, le secteur s'attend à ce que le TAC soit pris en totalité pendant chaque saison de chasse.
Hélas, je n'ai pas de solution idéale à proposer mais nous savons tous que la mentalité de course est un problème et que nous devrions donc tous nous efforcer de trouver une solution afin d'assurer le succès des objectifs de conservation et de maintien de la chasse sans cruauté.
La deuxième question que je souhaite aborder concerne les efforts incessants que déploient les groupes de défense des animaux pour mettre fin à la chasse par des campagnes de désinformation, de diffusion de données trompeuses et, ce qui est tout aussi important pour la collectivité des chasseurs, de perpétuation d'une image du chasseur de phoques comme un être barbare et inhumain.
Pendant des décennies, le gouvernement du Canada a mené sans succès une bataille contre ces groupes en essayant continuellement d'avancer des informations factuelles et logiques pour contrer les réactions émotives et en considérant toujours que le rôle du MPO et du MAECI consiste uniquement à défendre nos pratiques de gestion. Ces deux ministères insistent sur le fait qu'il ne leur appartient pas de défendre les chasseurs ou la chasse. L'interdiction de la chasse au début des années 1980 a démontré que cette tactique ne fonctionne pas, ce qui vient encore une fois d'être confirmé par l'interdiction récemment imposée par le Parlement allemand. Je précise en outre que cette interdiction allemande a été adoptée après que l'un des meilleurs experts du MPO se soit adressé aux députés allemands pour exposer tous les arguments du gouvernement du Canada.
Cette interdiction a deux importantes conséquences pour le secteur canadien de la chasse aux phoques. Elle a été adoptée malgré le fait que la Commission européenne ait demandé à ses États-membres de ne pas imposer d'interdiction unilatérale, ce qui ouvre maintenant la porte à l'adoption d'interdictions unilatérales par les Pays-Bas, la Belgique, la Grande-Bretagne et l'Italie dont les parlements ont tous engagé un débat sur la question. Une série d'interdictions de cette nature ne pourrait que légitimer les arguments des opposants à la chasse et les aider à convaincre d'autres personnes, notamment des Canadiens. Sur le plan commercial, ce genre d'interdiction accroît la difficulté et le coût de la commercialisation des produits du phoque. Pourquoi? Parce que la plupart des voies de transport empruntent des points de passage en Europe, ce qui oblige à chercher des méthodes plus coûteuses et plus difficiles pour acheminer les produits aux acheteurs.
Il y a longtemps que les chasseurs canadiens savent que les politiciens et les citoyens d'Europe ne tiennent aucun compte des faits réels. Ils se moquent de savoir si nous avons tort ou raison quand nous parlons de conservation ou de chasse sans cruauté. La seule chose qui compte pour leurs politiciens, c'est qu'on leur dise qu'il y a dans leur circonscription des gens qui voteront contre eux s'ils n'interviennent pas contre les actions des brutes du Canada. Leurs citoyens sont horrifiés quand on leur présente les mensonges que diffusent les groupes de défense des animaux. Il s'agit là de questions qui suscitent les passions et qu'on ne peut contrer que d'une seule manière : en menant une campagne énergique pour démontrer aux populations qu'on les trompe, qu'on leur donne de fausses informations et qu'on leur ment. Autrement dit, nous devons faire connaître la réalité avec émotion.
Les interdictions proposées par certains gouvernements européens sont destinées à interdire la chasse commerciale mais sans condamner la chasse par les peuples autochtones. Nous devrions exiger de ces gouvernements qu'ils ne traitent pas cette question avec racisme. Au lieu de proposer l'interdiction de l'importation des produits du phoque, ils devraient nous dire quelles seraient les bonnes méthodes de chasse, à leur avis. Après tout, on chasse aussi beaucoup d'animaux en Europe.
Nous avons vu dans le passé des films montrant des méthodes inacceptables d'abattage des phoques dans le cadre d'incidents qui ont peut-être bien été mis en scène. Il convient de souligner aussi que, dans le procès-verbal de votre réunion du 15 juin, M. David Bevan a dit que, sur environ 14 000 permis de chasse, seulement 50 accusations d'infraction aux règlements ont été portées en 2005 et 30 en 2006, avec 37 avertissements. Il a ajouté ensuite ceci :
En outre, nous délivrons des permis d'observation de chasse aux phoques. Nous avons délivré 73 permis cette année alors que nous avions reçu 97 demandes. Nous avons donc refusé d'octroyer un permis à quatre demandeurs. En 2005, nous avions délivré 60 permis et 42 en 2004. Par conséquent, la chasse suscite de plus en plus d'intérêt.
Et, un peu plus loin :
En 2006, sept membres de la Humane Society of the United States et un photographe pigiste de l'agence Reuters ont été arrêtés. Ils font actuellement l'objet d'une enquête. On n'a pas encore porté d'accusations. L'enquête est en cours.
En 2005,12 observateurs sans permis se sont vu infliger une amende de 1 000 $ chacun après avoir été accusés et condamnés. il est évident que leur principal objectif était d'attirer l'attention sur leur cause en perturbant la chasse et en se faisant arrêter et accuser par les autorités canadiennes.
On ne devrait pas accorder de permis d'observation de la chasse aux protestataires et aux représentants des médias.
Le mouvement de défense des animaux est aujourd'hui un secteur énorme sur la scène internationale, mettant en jeu des millions de dollars, et aucun de nous ne devrait être assez naïf pour penser qu'il va renoncer à sa principale source de financement, la chasse aux phoques. S'imaginer qu'on va pouvoir le convaincre avec des faits n'est pas seulement un signe de naïveté, c'est aussi un abandon du secteur canadien de la chasse aux phoques et un abandon de tous les chasseurs er de leurs familles du Québec, du Nunavut et de Terre-Neuve-et-Labrador, avec l'épitaphe que le mouvement leur a préparée : les chasseurs de phoques sont des barbares inhumains.
La livraison du 30 octobre 2004 de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, publiée à Hambourg, en Allemagne, contenait un article sur Greenpeace rédigé par Sébastian Knauer. On pouvait y lire des informations sur différents aspects de Greenpeace, allant de ses ressources financières — 170 millions d'euros à l'échelle mondiale en 2004 — jusqu'à ses domaines de protestation pour l'avenir.
L'un de ses secteurs d'intérêt concerne Greenpeace Canada et on peut lire dans l'article que :
Dans le pays fondateur de Greenpeace, un débat de fond s'est engagé sur la chasse aux phoques. Selon Steven Guilbeaut, un militant de Greenpeace, ces mammifères marins ne sont plus une espèce menacée. Par conséquent, on devrait pouvoir autoriser la chasse de 350 000 individus par an. Toutefois, la haute direction internationale exige que des campagnes massives de protestation sur la glace soient préparées pour la prochaine saison. Selon Fouad Hamdan, la porte-parole de Greenpeace en Allemagne, « nous perdrons toute crédibilité si nous assistons à cette chasse sans rien faire. Les phoques ne sont peut-être plus une espèce menacée mais ces créatures sont excellentes pour l'image ». Afin de ramener les Canadiens dans le droit chemin, le directeur Leiopold veut être sévère : « Nous ne saurions tolérer qu'on ne respecte pas nos principes ».
Pour atteindre ses objectifs, le mouvement de défense des animaux ne veut pas seulement s'attaquer à la chasse aux phoques, il veut s'attaquer aussi à de nombreux aspects de la vie au Canada, comme la pêche et le tourisme, au moyen de campagnes de boycottage des produits de la pêche et de l'industrie canadienne du tourisme au Canada même, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe. Si l'on en croit l'expérience acquise dans ces pays, son prochain objectif sera d'abolir la pêche au chalut à plateaux dans les eaux canadiennes au moyen de boycotts similaires.
Les groupes de défense des animaux, qui font croire qu'ils agissent par souci de conservation, sont la plus grande menace au bien-être économique des collectivités rurales côtières du Canada. En 40 ans, ils sont passés du statut de marginaux illuminés à celui de centres d'attention. Ils ont réussi à créer une scission entre les collectivités rurales et urbaines. Ils ont réussi à créer l'illusion que ce sont des écologistes et que nous sommes des barbares. Au fond, le vrai problème n'est pas la chasse aux phoques, c'est le droit des Canadiens d'agir selon les lois du Canada, et notre gouvernement et nos politiciens ne devraient jamais l'oublier.
Le gouvernement du Canada et les gouvernements des provinces devraient avoir compris aujourd'hui que les tactiques des 40 dernières années ont lamentablement échoué. Pourtant, les réunions auxquelles nous avons participé nous montrent qu'ils essayent continuellement de réinventer le fil à couper le beurre en proposant constamment de nouvelles versions de ce qui n'a encore jamais marché, et en y consacrant beaucoup d'argent. Les dignes citoyens canadiens du Québec, de Nunavut et de Terre-Neuve-et-Labrador méritent certainement mieux.
Durant la crise de Cuba, pendant les années 60, Bobby Kennedy, alors procureur général des États-Unis — je vais devoir le paraphraser — avait dit qu'on peut compter sur les Canadiens pour donner toute l'aide possible sauf une aide réelle. Si le gouvernement du Canada et les gouvernements des provinces ne changent pas de tactique, les chasseurs de phoques canadiens seront malheureusement obligés de faire le même constat.
Merci, monsieur le président.
:
Je n'ai pas grand-chose à dire car John a fort bien présenté la situation.
Je veux simplement revenir un peu sur la gestion de la chasse aux phoques. John en a beaucoup parlé et je ne vais pas répéter ce qu'il a dit.
Je ne lirai pas mes notes. Je vais d'abord vous dire qui je suis.
Je représente le groupe des propriétaires de petits bateaux de la zone 5 qui va jusqu'au Labrador, jusqu'à Hawke Harbour et Harbour Deep. Je représente ces gens-là.
Nous avons un problème avec la gestion des petits bateaux. Ils ne sont pas identifiés. Donc, si vous avez un exploitant qui pêche dans la zone 6 ou la zone 5, ou qui pratique la chasse aux phoques, si vous préférez cette expression, vous ne pouvez pas le savoir. Si la zone 5 est fermée, il peut monter dans son bateau et vous ne pourrez pas savoir d'où il vient si vous n'allez pas l'aborder pour lui demander son permis.
Le problème est que, quand les grandes flottes vont chercher leur quota, elles prennent aussi une partie du nôtre. Ce n'est pas juste. Il faut instaurer un système de gestion garantissant que, quand les grands bateaux ont pris leur quota, leur saison est finie. Quand vous allez chasser l'orignal, une fois que vous avez tué votre animal, c'est fini pour la saison. Votre chasse est terminée. C'est indispensable par souci d'équité. C'est pour ça que le système a été mis en place.
Nous avions des problèmes il y a quelques années. Des phoques partaient au large, les bateaux prenaient la mer et, quand ils revenaient, tous les phoques avaient été pris. Il n'y en avait plus pour les petits bateaux. Je pense que Gerry s'en souviendra. Nous avons protesté auprès du MPO et nous avons fini par avoir notre propre quota. Toutefois, à quoi ça nous sert d'avoir notre propre quota si les gros bateaux continuent de chasser? Ça ne sert à rien.
Il y a eu beaucoup de réunions à ce sujet mais le système est très difficile à faire respecter. Peut-être pourrions-nous suggérer un système de code de couleurs. Si je sors dans un 34 pi 11 po, mon permis serait différent d'un permis de haute mer. Je pourrais avoir un permis vert, bleu ou de n'importe quelle couleur, ça n'a pas d'importance. Uune fois que j'aurai atteint mon quota, ce serait fini pour moi. Quand les petits bateaux ont fini, ils ne peuvent plus sortir. Quand nous avons atteint notre quota, nous ne pouvons pas continuer. Par contre, quand ce sont les gros bateaux, ils continuent de chasser. Ce n'est pas juste. Il faut les gérer. Ils ne doivent pas pouvoir continuer. C'est une sorte de cumul. Si vous faites la tournée de l'île, vous en entendrez continuellement parler. C'est ça le gros problème.
C'est surtout pour ça que je suis ici aujourd'hui. Si vous réussissez à formuler un règlement... Il y a toutes sortes de bateaux en dessous des 34 pi 11 po qui ne sont pas enregistrés et qui n'ont rien. Ils n'ont besoin de rien.
Vous voulez les obliger à arrêter? Imposez immédiatement le gel des bateaux. Nous pourrions demander qu'on arrête les bateaux mais à quoi ça servirait? On ne peut pas arrêter les bateaux qui ne sont pas enregistrés. Quand on est obligé d'enregistrer son bateau, on peut imposer une limite. Il y a un point à ne pas dépasser. Je ne vois pas d'autre solution. Aujourd'hui, tout le monde... On construit des bateaux de 34 pi 11 po pour la chasse aux phoques. Il n'y a que 60 000 ou 70 000 phoques, à peu près. Ça représente un phoque et demi chacun. C'est vrai. C'est à peu près tout. Si vous divisez le nombre de phoques par le nombre de permis, ça fait à peu près un phoque et demi par permis.
Il nous faut ça. Nos ressources sont très limitées, les gars. Je peux vous dire que nous n'avons pas de grosses ressources. Il y a un peu de morue et un peu de crabe. Le phoque est traité différemment du crabe, je peux vous le dire. Le dernier pêcheur qui voulait pêcher du crabe n'en avait pas beaucoup. Il n'en ramenait qu'une poignée. Mais le dernier chasseur de phoques peut en ramener autant, si ce n'est plus, que les autres qui ont fait ça pendant toute leur vie. Il y a quelque chose qui ne va pas là-dedans. Ce n'est pas juste. C'est nous qui avons maintenu cette activité mais, maintenant que les prix ont monté, tout le monde veut faire la même chose. Ça ne va pas.
S'il y a un moyen quelconque de faire respecter ce règlement, pour que les petits bateaux aient leur propre quota et que les gros aient le leur, ce serait très apprécié. Ça donnerait une meilleure gestion.
Vous avez parlé tout à l'heure du hakapik, Johnny, et je crois qu'on envisage de l'interdire. Nous, des petits bateaux, nous en avons parlé. Nous pensons que ce n'est pas une bonne idée d'interdire le hakapik. De toute façon, nous ne l'utilisons pas. Nous ne l'avons pratiquement jamais utilisé mais, si on l'interdit, qu'est-ce qui va arriver? On interdira ensuite la gaffe. Si nous cédons devant les défenseurs des animaux de cette manière, et qu'on interdit la gaffe, il y aura un problème de sécurité.
Le hakapik est un merveilleux instrument à avoir sur la glace en cas de chute ou si un ami se met à glisser dans l'eau. Il n'y a rien de mieux qu'un hakapik ou une gaffe pour l'accrocher et le tirer à bord.
S'ils réussissent à faire interdire le hakapik, ils feront ensuite la même chose avec la gaffe. On ne pourra plus gaffer les phoques. Dans ce cas... Vous ne pourrez plus avoir ça dans votre bateau. Ce sera comme le magnum. Avant, on pouvait en avoir mais, d'un seul coup, il a été interdit d'en avoir dans son bateau. Vous ne pourrez plus avoir un hakapik ni une gaffe dans votre bateau. Que se passera-t-il si un pêcheur tombe à l'eau ou si vous tombez sur la glace? Je n'irais pas sur la glace sans une gaffe, et je suis chasseur depuis longtemps. Je chassais déjà le phoque à l'époque où on rejetait les peaux pour ne conserver que la viande, c'est vous dire.
La chasse a toujours été assez sécuritaire, je crois. Nous n'avons pas perdu beaucoup de chasseurs sur la glace. Touchons du bois ! Avec toutes les balles qui étaient tirées et tous les gens qui couraient sur la glace avec des gaffes et des hakapiks, bon sang, on a bien fait ces dernières années. Il y a eu un petit incident l'an dernier, je crois, dans le Golfe, où un type s'est blessé la main mais c'est parce qu'il avait une mauvaise balle dans son fusil, n'est-ce pas?
Alors, écoutez, les gars, c'est pas mal. On a tué plus de 300 000 animaux. N'allez pas résoudre un problème qui n'existe pas. Laissez la gaffe où elle est. Laissez le hakapik où il est. Vous savez, c'est une question de sécurité. C'est pas pour tuer des phoques. J'ai pas ça dans mon bateau pour tuer des phoques. J'utilise une carabine. La plupart des chasseurs chassent à la carabine parce que l'ouverture se fait tard aujourd'hui et qu'il faut une carabine si on veut les avoir. On peut aller sur la glace mais, à ce moment-là, beaucoup se sauvent et il y en a qui filent comme des lapins. C'est beaucoup plus facile de les tirer à la carabine et de les accrocher avec une gaffe. N'interdisez pas la gaffe ni le hakapik. Gardez ça en tête si vous voulez adopter un règlement — parce que je sais qu'on a proposé l'interdiction.
Évidemment, c'est le point de vue des petits bateaux. Je sais qu'il y a des opinions différentes mais je pense que la plupart des gens sont en faveur de la gaffe et du hakapik. Oui, c'est ce que je crains le plus.
Il y a une dernière chose que je veux vous dire avant d'arrêter, au sujet de la transformation. Je ne sais pas si c'est fédéral mais je vais en parler — c'est l'exportation des peaux traitées. Bon, c'est bien pour quelques emplois mais, bon sang, ce ne sera pas bon pour le chasseur. C'est le chasseur qui va devoir payer. Il va devoir payer le traitement des peaux. Il n'obtiendra pas son prix. Jusqu'à maintenant, on expédiait les peaux pour qu'elles soient traitées. C'est arrivé avec le crabe. Vous verrez, c'est ce qui va arriver. C'est ça qui est arrivé avec le crabe. On n'a pas pu vendre le crabe et, d'un seul coup, le prix s'est effondré.
Je crois qu'il faut faire attention. Je sais qu'il y a un projet de loi qui va être déposé, en 2008 je pense. Nous ne sommes pas contents de ça non plus. Nous avons eu une réunion là-dessus.
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On a déjà presque tout dit mais je vais vous lire ce que j'ai préparé. Il y aura peut-être des répétitions.
La chasse aux phoques au large de Terre-Neuve-et-Labrador est une chasse très rentable pour tout le monde, pas seulement pour sa valeur économique mais aussi parce qu'elle contribue à protéger d'autres espèces marines en évitant la surpopulation de phoques. Les phoques se reproduisent à un rythme très rapide et mangent trois fois leur poids chaque jour. Si leur nombre n'est pas contrôlé, ils détruiront la chaîne alimentaire, ce qui serait catastrophique non seulement pour notre population mais aussi pour les autres espèces vivant dans nos océans.
Les protestataires du sud du Golfe, où je pratique ma chasse, sont l'un de nos principaux problèmes. Ils causent des problèmes à tous les gens qui sont touchés de près ou de loin par la chasse aux phoques.
Au printemps, lorsque les chasseurs préparent leur matériel pour participer à l'une des pêches les plus dangereuses au monde, les protestataires filment la chasse pour inciter les riches à leur donner de l'argent et à venir observer. Ils diffusent des films et donnent de fausses informations à des gens qui n'ont aucune idée de la manière dont cette chasse se pratique. Ils leur disent que c'est une activité barbare, ce qui est faux.
On les rencontre sur la glace. Ils viennent nous voir — ça m'est arrivé — avec des lunettes-masque, les yeux protégés, et de longs bâtons pointus et ils nous lancent des obscénités et font des enregistrements avec leurs caméras vidéo qu'ils nous collent en pleine face. Ils prennent le nom de notre bateau, ils trouvent notre numéro de téléphone et notre adresse et ils affichent ça sur Internet en demandant aux gens de nous téléphoner et de menacer notre famille, de menacer de nous tuer, de nous dépecer vivants, etc.
Je pense que ce sont eux, les barbares. Pensez-vous que des gens comme ça devraient être autorisés à venir sur la glace ou à survoler les chasseurs en hélicoptère? Absolument pas. Quiconque fait ça devrait être poursuivi.
L'an dernier, j'ai participé à une ligne ouverte et quelque chose m'a pris par surprise. Le ministre fédéral des Pêches y participait aussi et il a dit que nous devrions faire comme si les manifestants n'était pas là. Je pense que c'est de la lâcheté de la part d'un ministre fédéral. Comment peut-on adopter une telle attitude avec des gens qui vous attaquent avec des bâtons et qui vous plantent des caméras en plein visage? C'est peut-être une solution facile mais ça ne règle rien. On ne peut pas faire comme si ces gens n'étaient pas là. Il faut les confronter directement. C'est aussi une question de sécurité pour nos familles. Quand on est pris dans le piège, comme je l'ai été...
La chasse dans le Golfe se pratique dans le Golfe du Saint-Laurent, près des Îles-de-la-Madeleine et près de l'Î.-P.-E., dans le détroit de Northumberland. C'est là que les protestataires établissent leur base à l'Î.-P.-E., parce qu'ils ont probablement peur d'aller ailleurs. Il y a des motels et il y a des hélicoptères. Je ne pense pas qu'ils oseraient établir à leur base ailleurs. L'Î.-P.-E. est plus une région de tourisme que d'affaires. Je ne sais pas s'il y a des chasseurs de phoques à l'Î.-P.-E. Voilà en tout cas l'un de nos gros problèmes, les protestataires.
La chasse dans les Îles-de-la-Madeleine ouvre plus tôt qu'à Terre-Neuve-et-Labrador. Les chasseurs doivent donc aller chercher leurs phoques car ils ne peuvent pas chasser les blanchons. Ils chassent encore surtout les brasseurs mais on voit plus de phoques blancs maintenant.
Si leur chasse ouvrait plus tard, en même temps qu'à Terre-Neuve, on n'aurait pas autant de problèmes avec les protestataires. Si l'ouverture se faisait plus tard, la glace serait un peu réchauffée et les protestataires n'auraient pas ces grands îlots de glace pour circuler en motoneige ou atterrir en hélicoptère. À ce moment-là, de toutes façons, la plupart des phoques sont noirs, ce sont des brasseurs. On n'aurait donc pas le même problème avec les protestataires si la chasse commençait plus tard, comme chez nous. Ce que je dis, c'est qu'ils ne pourraient pas venir aussi facilement en motoneige ou en hélicoptère.
Vous savez, il y a là beaucoup de gens armés de fusils puissants qui pratiquent la chasse, et il y a tous ces illuminés qui nous plantent des caméras en plein visage et qui nous menacent avec des bâtons. Si on ne fait rien, il arrivera quelque chose, tôt ou tard. J'espère qu'on va faire quelque chose avant qu'il y ait un accident, parce que c'est grave, vous savez. Il y a des gens qui sont inquiets. J'ai réussi à chasser sans incident jusqu'à maintenant. Ici, sur le front, on n'a pas trop ce genre de problème. Mais, quand on a un fusil et qu'on est loin du phoque, il pourrait arriver qu'on ne voie pas le type qui est allongé devant.
Je vais parler du hakapik dont Wilf a déjà dit quelques mots.
Le hakapik a été introduit par les chasseurs pour remplacer la gaffe. La gaffe n'avait pas ce bouton à son extrémité pour tuer les phoques. C'est comme ça qu'on a inventé le hakapik. On s'en sert essentiellement sur les grandes îlots de glace au sud du Golfe, près de l'Î.-P.-E. Cette arme ne serait pas couramment utilisée par les chasseurs si la chasse débutait plus tard, comme à Terre-Neuve-et-Labrador.
Je peux dire que la chasse à Terre-Neuve-et-Labrador se fait à 95 p. 100 au fusil. Si on utilise le hakapik, c'est seulement pour s'assurer que le phoque est bien mort ou pour récupérer un phoque se trouvant au-delà du plateau. Si on interdit le hakapik, on ne fera que donner encore plus de munitions aux protestataires et on réduira la sécurité des chasseurs. Il ne faut pas interdire le hakapik parce qu'il sert plus de moyen de sécurité pour récupérer les phoques, pas pour les tuer. C'est comme ça dans la chasse de Terre-Neuve-et-Labrador, et même au nord du Golfe d'où je viens, bien que nous commencions notre chasse un peu plus tôt que sur le front.
Nous avons aussi un problème de surcapacité. Je me souviens qu'il n'y avait probablement que 10 ou 15 grands bateaux qui pratiquaient la chasse au phoque il y a des années, lorsque les animaux n'avaient aucune valeur. Il n'y avait pas beacoup de bateaux de moins de 35 pieds quand le phoque ne valait rien. Aujourd'hui, il y a probablement plus de deux cents gros bateaux. Je ne comprends pas. Il me semble que le MPO n'est plus capable de contrôler la situation. Il ne sait pas quoi faire mais nous sommes trop nombreux.
Je pense que la chasse ne devrait être ouverte qu'aux personnes ayant un permis de pêche et un BPC, parce que nous savons que c'est très important pour elles, et pas aux gens qui ne dépendent pas de la pêche pour gagner leur vie. Avec l'aide des pêcheurs restant à la maison, nous n'aurions probablement pas eu autant d'émigration. Je pense que la chasse devrait être strictement réservée aux gens qui gagnent leur vie en pêchant.
Passons maintenant à la TVH et à l'A-E. Comment se fait-il que les chasseurs doivent percevoir la TVH auprès des acheteurs alors que nous savons tous que ce sont les acheteurs qui doivent récupérer toute TVH devant être perçue? S'il devait arriver que nous commencions à faire ça, ce serait une dépense supplémentaire qui sortirait des poches des chasseurs car personne ne pourra jamais obtenir de l'argent des petites sociétés. Personne.
Je voudrais parler un peu de l'A-E. Chasser le phoque est-il un emploi? Quand vous êtes sur la glace du lever du jour jusqu'à la tombée de la nuit et que vous ne rentrez dormir qu'une heure ou deux avant de repartir chasser, à mon avis, ça ressemble beaucoup à un emploi. Donc, comment se fait-il que le revenu de la chasse ne soit pas assurable? Je ne connais pas la réponse mais, si l'un d'entre vous la connait, j'aimerais bien le savoir. Si ce revenu était considéré comme un revenu assurable, ça empêcherait peut-être certains de nos concitoyens d'émigrer parce qu'ils seraient admissibles à l'A-E.
Voilà certaines des questions auxquelles nous devons réfléchir et auxquelles il faut répondre sans essayer de temporiser. Nous avons ici une excellente activité économique pour toutes les parties concernées et nous ne voudrions pas qu'elle disparaisse.
Merci.
C'est seulement vendredi en fin de journée que j'ai appris qu'il y aurait cette séance. Je constate que le comité doit ensuite aller au Québec, dans les Îles, et aller dans les Îles me coûterait 3 000 $ et me prendrait quatre jours de voyage. Je vais donc m'adresser à vous aujourd'hui.
J'ai fait partie du comité du Québec, de Terre-Neuve, des Îles-de-la-Madeleine et de l'Î.-P.-E., le comité de partage -- le comité des quotas. Avant l'an dernier, il n'y avait pas de parts régionales mais l'an dernier -- disons deux semaines avant la chasse -- le ministre a décidé d'accorder des parts régionales. Comme vous le savez, nous sommes à quatre ou cinq mois de la prochaine chasse et la question n'est pas encore réglée. Que se passera-t-il l'an prochain?
Nous étions censés en discuter pendant l'hiver. Je vois que, cette année, le forum sur le phoque ne se tiendra même pas avant fin janvier ou février. C'est tard pour organiser un forum juste avant une chasse. Nous avons beaucoup de problèmes. Comme d'autres l'ont déjà dit, nous avons le problème du hakapik, le registre des petits bateaux et, selon certains, l’A-E. On a l’A-E dans les Îles; le phoque est assurable. Ils ont trouvé une solution. Nous essayons d'obtenir de la même chose sur la Basse-Côte-Nord comme à Terre-Neuve. Le bureau qui me représente à Sept-Îles représente aussi la Haute-Côte-Nord. On a trouvé une solution là-bas. Je pense que 50 p. 100 du revenu de la chasse est assurable.
Voilà des questions dont nous devons discuter ensemble. Or, on commence à discuter de la pêche juste avant l'ouverture de la pêche et puis tout le monde est alors pressé de se mettre à pécher, ou à chasser, ou à faire des choses comme ça. Est-ce qu'on ne pourrait pas discuter de la pêche un ou deux mois après la fin de la saison, pour voir quels sont les problèmes? L'an dernier, nous avons eu un problème de dépassement des quotas. Je sais que, dans ma région, si le téléphone cellulaire ne marche pas, je n'ai pas de contact téléphonique et je dois donc obtenir un téléphone cellulaire de Terre-Neuve, mais je ne peux pas appeler le numéro 800 du Québec parce qu'on n'accepte pas le code 709. Je ne peux donc pas déclarer mes phoques.
J'appelle la garde côtière mais elle dit qu'elle ne peut pas téléphoner à Pêches et océans pour donner mon chiffre, et j'ai donc peut-être dépassé mon quota l'an dernier. À qui la faute? Peut-être au pêcheur mais peut-être aussi au système. Je vis au Québec. Je vis dans une région de minorité anglophone mais le répondeur est en français seulement. Quand je dois répondre à 20 questions... Les questions sont trop longues. Quel est le numéro de votre bateau? Combien de membres d'équipage? Quelle date voulez-vous? Ce message doit être lu chaque jour et, si vous lisez un message chaque jour, dois-je déclarer la date? Voilà une question qu'on pourrait enlever.
L'an dernier, nous avons chassé en fin de semaine mais qui surveille ce qui se passe en fin de semaine? Le répondeur téléphonique? Dans mon secteur, nous avons un quota de 8 000 phoques pour 400 chasseurs et le répondeur n'accepte peut-être que 20 messages. Que se passe-t-il avec les autres?
Voilà toutes les choses dont nous devrions discuter après la fin de la saison de chasse pour essayer de les résoudre dans le forum. L'an dernier, pour la part régionale que nous avons essayée de régler en ouvrant plus tard, comme le disait M. Genge, le grand problème que nous avons eu dans le Golfe est que les Îles voulaient ouvrir le 28 mars alors que nous, à Terre-Neuve, voulions ouvrir le 8 avril. C'était ça le problème. L'an dernier, nous avons obtenu une part régionale et les Îles ont ouvert autour du 30 mars, ce qui est peut-être encore trop tôt. Toutefois, avec les parts régionales, nous avons quand même avancé. On a tué moins de guenillous l'an dernier. On a eu de meilleurs prix.
Avec le temps, je pense que les Îles se rendront compte qu'elles obtiendront de meilleurs prix en ouvrant plus tard.
La seule solution est la part régionale. Les quotas par bateau seraient la solution idéale. J'ai 200 pêcheurs professionnels dans mon secteur et il y a peut-être 600 permis de chasse. Tous les enfants de plus de 14 ou 15 ans ont un permis, et les femmes aussi.
Que faire avec les permis de chasse au phoque? Doit-on geler les permis? Si j'ai 90 ans et que je décède demain matin, mon permis ne pourra pas être transmis à mes enfants. Si on gèle les permis, que va-t-il se passer? Est-ce seulement dans les cas... C'est l'activité commerciale dont les règles sont les moins cohérentes. Il n'y a aucune règle valable. Nous sommes tous du Canada et nous devrions tous être tenus aux mêmes règles.
On parlait tout à l'heure de petits bateaux et de gros bateaux. Je représente les deux groupes. Dans notre secteur, il n'y a pas de quotas de petits bateaux ni de quotas de gros bateaux. Le problème est que, quand un chasseur part dans ce qu'on appelle un gros bateau et qu'il part avec quatre bateaux hors-bord, chasse-t-il avec un gros bateau ou avec des petits bateaux? Il faut régler ça. Si vous chassez avec un gros bateau de 65 pieds, n'emmenez pas un bateau de 18 pieds à bord. Êtes-vous dans un bateau de chasse ou un bateau de ramassage?
Il faudra peut-être une année de discussions pour régler ces questions mais il va falloir qu'on y arrive. Est-ce que mes quatre petits bateaux ont le même numéro que mon gros bateau? Tous les membres d'équipage sont à bord de ce bateau parce que je peux avoir quatre chasseurs permanents à bord avec un type seulement qui enregistre. Le jour où la chasse se termine, l'un des trois autres peuvent m'emmener à bord de son petit bateau. Je pourrais tout chasser moi-même, les 8 000 phoques de la Basse-Côte-Nord. Si j'ai un bon bateau, je peux prendre les 8 000 phoques moi-même.
Merci.
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Au cours des années, nous n'avons fait que présenter des faits et des chiffres mais, comme je l'ai dit, ce n'est pas ça qui intéresse ces gens-là. C'est une question d'émotion. C'est leur principale source d'argent. Ils recueillent des dons en diffusant des images de blanchons qui se font tuer, les larmes aux yeux. Or, on ne chasse plus de blanchons depuis 1982. Ça a été interdit à cause des protestataires. Ça n'avait rien à voir avec le marché ou avec quoi que ce soit d'autre. C'était juste une question d'image.
Je pense que nous devrions être beaucoup plus agressifs. On diffuse actuellement des mensonges. Les protestataires ne disent pas la vérité. Je pense que le gouvernement canadien devrait être beaucoup plus agressif fasse à ces groupes de protestataires.
Aux États-Unis, par exemple, on a adopté le Marine Mammal Protection Act il y a un certain temps, qui interdit l'importation de produits du phoque, mais le gouvernement canadien n'a pas fait grand-chose au cours des années pour y réagir. Nous avons là un énorme marché de 300 millions de personnes à notre porte mais nous ne pouvons pas y avoir accès.
Il y a aussi les problèmes de logistique que ça crée. Notre entreprise a perdu des produits qui ont été accidentellement expédiés en passant par les États-Unis et que la douane américaine a saisis. Maintenant, nous faisons très attention à ce que nos expéditions ne soient pas obligées de passer par les États-Unis.
Par exemple, le principal centre de répartition en Amérique du Nord de la plupart des sociétés de messagerie se trouve probablement quelque part aux États-Unis. Quand nous expédions des échantillons à notre société-mère, nous devons donner une fausse description pour éviter qu'ils soient saisis par les douanes américaines. J'ai récemment expédié des échantillons de notre huile de phoque à des fins d'analyse et, sur les documents, j'ai dit qu'il s'agissait d'huile marine. On ne peut pas faire autrement. C'est dommage de devoir faire ça pour un produit légal mais il n'y a pas d'autre solution.
Nous n'avons pas présenté le bon aspect de la chasse aux phoques canadienne, concernant par exemple l'huile de phoque. Nous n'avons pas fait connaître au public les avantages de cette huile sur le plan cardio-vasculaire et sur le cholestérol. Comme on dit, vous pouvez présenter des effets jusqu'à la fin des temps en parlant des aspects positifs de la chasse aux phoques mais ça ne suffira pas. Il faut aussi agir sur le plan de l'émotion, comme ces gens-là.
C'est une question très émotive pour moi. Je suis actif dans le secteur de la chasse aux phoques à Terre-Neuve depuis près de 30 ans et je suis très fier de ce que je fais, de mon entreprise et des chasseurs. C'est une question émotive pour moi et pour des gens comme Rene et Wilf. Rene a été personnellement attaqué l'an dernier. Il est temps que le gouvernement commence à défendre les citoyens.
Si vous demandez aux chasseurs ce que signifie la chasse pour eux, ils vous parleront de l'époque de leurs pères où la chasse se pratiquait au printemps et constituait un élément très important de leur gagne-pain. Comme on dit, pendant le long mois de mars, le mois du froid et de la faim, lorsque les réserves commencent à s'épuiser, les gens avaient d'un seul coup la possibilité de mettre quelques dollars de plus dans leurs poches et de la viande sur la table. C'est une question d'émotion et c'est comme ça qu'il faut la traiter.
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Quand il s'agit d'une activité compétitive, comme la chasse aux phoques, la mentalité de course est quasiment inévitable. Il sera pratiquement impossible de l'éliminer. L'an dernier, les vétérinaires que nous avons rencontrés à Halifax nous ont parlé de l'utilisation du hakapik. Ils avaient dit qu'il faudrait palper le crâne de l'animal pour s'assurer qu'il est irrévocablement inconscient, comme ils disaient.
Si vous allez dans un abattoir où l'on abat des vaches, elles ne sont pas mortes quand elles sont rendues irrévocablement inconscientes par une décharge électrique. En palpant le crâne, on s'assure que le cerveau est détruit. Faire ça et saigner ensuite l'animal serait bénéfique sur le plan de la qualité. L'un des facteurs importants quand on tue un animal est la saignée. Les phoques qui ne sont pas saignés correctement acquièrent ce qu'on appelle une brûlure de glace et que les anciens chasseurs appelaient une brûlure de sang.
Quand l'animal est mort et que le cœur a cessé de battre, le sang s'accumule dans les parties inférieures, ce qui nuit à la qualité de la peau. Par exemple, la peau d'un phoque qui a une brûlure de glace est comme du papier de soie. Certains jours, selon la force du soleil et d'autres facteurs semblables, cela peut se faire en quelques minutes seulement. Saigner l'animal éviterait l'apparition de ce problème. Par contre, cela ralentirait la chasse. Les chasseurs ne pourraient pas aller abattre les animaux l'un après l'autre. Ils devraient s'arrêter à chaque animal pour le saigner et cela les ralentirait un peu.
En ce qui concerne les quotas des bateaux, comme je l'ai dit, il y a de nombreux chasseurs et bateaux. Il y a 14 000 permis et des centaines de bateaux qui sortent chaque année. Si on commence à répartir, ça risque de ne pas être rentable. Si le commandant doit équiper son bateau pour ramener 150 peaux, ça n'en vaut quasiment pas la peine. L'assurance coûte tellement cher aux chasseurs que, selon mes informations, ça ne vaut pas la peine de sortir de pour ne ramener qu'une centaine d'animaux.
Si l'on commence à répartir le quota, on risque de ne pas atteindre le maximum. Il pourrait y avoir un bateau ne pouvant prendre que 100 ou 200 têtes avant d'être obligé de rentrer. Un autre bateau pourrait être coincé dans les glaces et ne pas pouvoir arriver jusqu'aux animaux. Les animaux ne sont faciles à atteindre que pendant une courte période. Une fois qu'ils apprennent à nager, ils deviennent des brasseurs et il devient très difficile de les attraper. Ça coûte très cher de naviguer entre les bancs de glace pour aller chercher ces animaux.
Si le quota était réparti en éléments encore plus petits, on risquerait encore plus de ne ramener que 250 000 têtes, voire moins, sur un TAC total de 325 000. Regardez les statistiques des années passées et, au cours des 20 dernières années, je pense que le TAC total n'a été pris que pendant deux ou trois années, pour des raisons variables. Parfois, c'est à cause de la glace, parfois, parce que la chasse a été fermée trop tôt. Je pense que la subdivision serait très problématique.