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La séance est ouverte. Il s’agit de la 59
e réunion du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie. Conformément à l'article 108(2) du Règlement, le comité reprend son étude sur la contrefaçon et le piratage de la propriété intellectuelle.
Nous accueillons six invités aujourd’hui. Chacun d’eux va faire une déclaration préliminaire d’au plus cinq minutes, puis nous passerons immédiatement aux questions du comité. Je vous présente les invités dans l’ordre où ils vont intervenir.
Premièrement, M. Lee Webster, président du comité de la propriété intellectuelle de la Chambre de commerce du Canada. Deuxièmement, quelqu’un que nous connaissons bien ici, M. Jayson Myers, premier vice-président et économiste en chef de Manufacturiers et Exportateurs du Canada. Troisièmement, M. Michael Hilliard, avocat de société chez Microsoft Canada Co. Quatrièmement, M. Douglas Frith, président de l’Association canadienne des distributeurs de films. Cinquièmement, M. Lorne Lipkus, président du comité de l’éducation et de la formation du Réseau anti-contrefaçon canadien. Enfin, M. Graham Henderson, président de l’Association de l’industrie canadienne de l’enregistrement.
Messieurs, je vous souhaite la bienvenue.
Comme je viens de le dire, M. Webster va prendre la parole en premier, suivi des autres intervenants, dans l’ordre que j’ai donné. Nous apprécierions beaucoup que votre introduction ne dépasse pas cinq minutes pour que nous puissions consacrer le plus de temps possible aux questions du comité.
Monsieur Webster, vous avez la parole.
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Monsieur le président, honorables membres du comité, bonjour.
Je m’appelle Lee Webster. Je suis président du comité de la propriété intellectuelle de la Chambre de commerce du Canada. Je suis également un associé du cabinet d’avocats Osler, Hoskin & Harcourt de Toronto. J’exerce le droit de la propriété à l’échelle internationale depuis plus de 25 ans.
Je suis ici pour vous dire que le Canada est en train de perdre la guerre contre la contrefaçon des produits. Auparavant, la contrefaçon portait essentiellement sur les t-shirts bas de gamme, les montres et autres produits de luxe. Mais, le peu de risques qu’encourent les contrefacteurs et les bonnes marges de profit qu’ils réalisent ont encouragé ces criminels, notamment le crime organisé, à intensifier leurs activités et à contrefaire toutes sortes de produits : médicaments, plaquettes de frein et autres pièces pour automobiles, produits électriques et produits de soins personnels. Aucun secteur n’est épargné par cette activité illégale.
Il faut savoir que la contrefaçon constitue un risque grave pour la santé et pour la sécurité en raison de la qualité médiocre et inégale des produits de contrefaçon et de leur nature potentiellement dangereuse. Les contrefacteurs ne se soucient guère de savoir si les produits de contrefaçon présentent ou non un danger pour les consommateurs; leur seul souci, c’est le profit, l’appât du gain. On s’est rendu compte que certaines piles de contrefaçon importées au Canada contenaient du mercure et présentaient un risque d’explosion. On a trouvé au Canada des shampooings de contrefaçon importés des États-Unis qui étaient contaminés par des bactéries. Je suis sûr que vous avez entendu parler de cette pauvre femme en Colombie-Britannique qui a succombé à un empoisonnement après avoir avalé des médicaments achetés par Internet. Il s’est avéré après analyse que ces médicaments étaient additionnés d’agents de remplissage contenant, croyez-le ou non, du plomb et de l’uranium.
Empêcher la distribution des produits de contrefaçon ne se limite pas à la protection des droits légitimes des concepteurs de montres et de sacs à main haut de gamme. Hormis les questions de sécurité, on ne peut pas nier le fait que c’est également une question de perte d’emplois et de recettes fiscales. La contrefaçon et le piratage ne font pas l’objet de vérifications sérieuses au Canada et continuent donc de croître à un rythme exponentiel. On estime à des milliards de dollars par an la valeur des produits de contrefaçon au Canada, et les estimations sont en hausse. Les conséquences économiques de ce problème sur les sociétés canadiennes et la perte de recettes fiscales pour le gouvernement sont considérables. Ce problème a une incidence négative sur les affaires au Canada et sur les membres de la Chambre de commerce.
La Chambre de commerce du Canada est d’avis que, dans le contexte d’une économie mondiale qui évolue rapidement, la protection de la propriété intellectuelle est fondamentale pour la compétitivité du Canada.
Dans une économie fondée sur les connaissances, la propriété intellectuelle est un facteur essentiel pour promouvoir l’investissement dans la recherche et l’innovation, le commerce international et l’investissement, la protection des consommateurs, et la croissance économique dans son ensemble. On peut prétendre que tout cela est orchestré par l’industrie du spectacle qui cherche à protéger sa propriété intellectuelle du téléchargement illégal. Même si cette préoccupation est authentique, le problème est bien plus vaste. Les problèmes de l’industrie du spectacle ne sont qu’un seul aspect du problème plus général qu’est le vol de la propriété intellectuelle. Voler la propriété intellectuelle de quelqu’un revient non seulement à dépouiller un détenteur de droits des avantages économiques que lui confèrent ces droits, reconnus depuis bien longtemps par des lois de notre droit civil traditionnel comme les lois sur les brevets, les marques de fabrique et les droits d’auteur; mais en plus, cela ternit la réputation de notre pays à l’étranger en trompant le consommateur, sans parler du fait que cela peut mettre en danger la santé et la sécurité des consommateurs.
Ce problème n’est pas passé inaperçu auprès de nos principaux partenaires commerciaux. La semaine dernière justement, pour la 13e année consécutive, le Bureau du Représentant des États-Unis pour le commerce a de nouveau inscrit le Canada sur la liste de surveillance spéciale 301, liste annuelle qui répertorie les pays dont les mesures de protection de la propriété intellectuelle sont jugées insuffisantes.
Le gouvernement du Canada doit commencer à prendre des mesures significatives et vigoureuses immédiatement pour contrer ce problème. La Chambre de commerce du Canada demande depuis longtemps que des mesures soient prises, et nous prenons comme un signe encourageant le fait que le comité ici présent et que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale étudient attentivement le problème de la contrefaçon au Canada. Il était temps que le gouvernement prenne ce problème au sérieux et agisse en conséquence.
Le Réseau anti-contrefaçon canadien a publié un rapport complet sur la contrefaçon et le piratage au Canada intitulé Une carte pour le changement. La Chambre de commerce du Canada est en accord total avec ce rapport et les recommandations qui y figurent. Le présent comité a déjà commencé à s’attaquer au problème en intégrant à son récent rapport une section sur la contrefaçon dans le secteur manufacturier. Le comité de la sécurité publique va bientôt publier un rapport sur les conséquences des produits de contrefaçon sur la santé et la sécurité.
Mes collègues présents aujourd’hui vont approfondir les recommandations précises qui permettront d’inverser la tendance en matière de vol de la propriété intellectuelle. Mais je souhaiterais avant souligner quelques faits.
En premier lieu, il faut que les organismes d’application de la loi et les substituts du procureur général disposent de meilleurs outils pour pouvoir lutter efficacement contre l’importation, la fabrication, la distribution et la vente de produits contrefaits dans ce pays.
En deuxième lieu, les douaniers doivent notamment être investis de nouveaux pouvoirs et bénéficier de ressources plus importantes pour pouvoir fouiller les marchandises aux frontières et saisir les produits soupçonnés d’être des produits contrefaits.
Il faut prendre bien d’autres mesures encore. Les lois canadiennes en vigueur sur la propriété intellectuelle ne prévoient pas de mesures de redressement efficaces et efficientes — et je souligne bien « efficientes » — en cas de contrefaçon de produits.
Pour terminer, il est urgent de réviser en profondeur toutes nos lois liées à la propriété intellectuelle, la Loi sur le droit d’auteur, la Loi sur les marques de commerce et la Loi sur les brevets, ainsi que les dispositions d’autres ensembles de lois qui portent sur la propriété intellectuelle, par exemple le Code criminel, et ce afin que les détenteurs de droits et les autorités possèdent les outils nécessaires pour mettre fin de façon efficace et efficiente à la circulation des produits de contrefaçon dans ce pays. Il faut mettre un terme aux activités des contrefacteurs. Le cadre canadien relatif à la propriété intellectuelle doit être élevé aux normes de celui de nos partenaires commerciaux internationaux.
Nous vous remercions de nous avoir donné l’occasion d’exprimer les points de vue de la Chambre de commerce. Je répondrai à toutes vos questions avec plaisir à l’issue de nos exposés.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour mesdames et messieurs.
[Français]
Bonjour, mesdames et messieurs. Je vais maintenant lire ma présentation. Je suis assuré que la version traduite sera bientôt prête à être distribuée aux membres du comité.
[Traduction]
Pour commencer, je voudrais vous témoigner ma reconnaissance et vous adresser mes remerciements pour le travail que vous accomplissez, pour l’efficacité avec laquelle vous représentez les fabricants du Canada et pour les efforts que vous déployez en leur nom. Le budget prévoit un certain nombre de mesures qui s’inspirent des recommandations formulées par ce comité; je m’attends à une réponse très positive du gouvernement à votre rapport sur la compétitivité dans le secteur de la fabrication.
L’une des questions que vous avez reconnues comme étant prioritaires lorsque vous vous êtes adressés aux fabricants de tout le pays est le problème du commerce déloyal et, plus précisément, le problème que posent, pour l’économie canadienne, les produits contrefaits et le vol de propriété intellectuelle. Je vais me faire l’écho des propos de M. Webster. Il s’agit d’un problème urgent qui touche une grande variété de produits et de services au Canada.
Je voudrais dire aussi que l’industrie ne dispose pas d’estimations économiques précises de l’ampleur du problème. Je pense que parmi nos estimations, certaines sont raisonnables, mais elles sous-évaluent une partie des conséquences économiques et sociales qu’engendrent les activités de contrefaçon.
J’aimerais vous parler un peu de l’expérience de Manufacturiers et Exportateurs du Canada (MEC) en la matière et de ce que nous faisons pour lutter contre le commerce des produits de contrefaçon. En plus, en tant que membre du Réseau anti-contrefaçon canadien, MEC approuve totalement les recommandations qui seront exprimées tout à l’heure.
Dans l’exemplaire de mon exposé que vous possédez, j’ai énuméré le nombre de produits qui ont été portés à notre attention par nos membres et que nous avons donc répertoriés.
Aliments, boissons et produits du tabac : cigarettes, bière, alcool, vin de glace, sirop d’érable et fruits en conserve.
Habillement : bien sûr, vêtements, chaussures, sacs à main, bijoux. J’ai jeté un œil attentif et très intéressé sur la garde-robe de ma femme, et je peux vous dire que ce n’est pas beau à voir.
Produits électroniques : puces, semi-conducteurs, modules électroniques, commutateurs, CD et DVD, consoles de jeux, lecteurs audionumériques MP3, téléphones cellulaires, ordinateurs, lampes, piles, appareils électroménagers.
Produits en métal et en plastique : produits moulés. Les États-Unis importent et répertorient dans leurs importations en provenance du Canada plus de produits moulés destinés au secteur automobile qu’on n’en fabrique au Canada; ces produits portent de fausses marques et passent ainsi du Canada aux États-Unis.
Pièces pour automobiles : freins, systèmes électroniques de pièces pour automobiles, textiles pour voitures, colorants pour automobiles.
Équipement: bétonnières. Notre premier vice-président travaille en collaboration avec Monarch Industries à Winnipeg; il a vu une bétonnière dans une foire commerciale aux États-Unis — ils en fabriquent — il s’est approché en se disant que ce produit lui était familier. En consultant le catalogue fourni par une société chinoise, il est tombé sur une photo de lui aux côtés d’une bétonnière avec la légende : « Un autre client satisfait ».
Une large gamme de produits sont touchés, notamment dans le domaine médical — produits pharmaceutiques, instruments médicaux — et bien sûr les logiciels.
Le marché de la contrefaçon au Canada, que nous avons essayé d’estimer, est évalué à 20 à 30 milliards de dollars par an. Je sais que certains contestent ces chiffres, mais il s’agit pourtant d’estimations plutôt raisonnables. Ces montant équivalent à 2 à 3 p. 100 de nos importations et de nos exportations combinées, ils correspondent aux estimations de l’OCDE et à celles de la Chambre de commerce internationale. Cependant, il faut que je vous précise un point : ces chiffres ne tiennent pas compte de la production nationale de produits de contrefaçon, ni bien sûr des conséquences sociales et économiques pour le Canada. Il est impossible de réaliser des analyses économiques précises puisqu’il s’agit d’activités criminelles et de marché noir. Si l’on pouvait chiffrer la valeur de ce marché, le problème ne se poserait pas; mais il se trouve qu’on ne peut pas surveiller efficacement ce marché clandestin.
Un témoin vous a dit qu’il faut réunir des données sûres et fiables avant d’agir. Il y a une chose que je souhaite vous dire aujourd’hui. Il est vrai que nous devons réaliser des analyses économiques, mais cela ne doit pas nous empêcher d’agir.
Vous verrez le reste de mon exposé lorsqu’il circulera parmi vous.
L’ampleur des conséquences sociales et économiques de la contrefaçon dépasse de beaucoup l’ampleur de cette activité. Il ne s’agit pas seulement de ventes perdues, de salaires en moins, de pertes de recettes fiscales ou de parts de marché. C’est également une perte d’investissement et d’innovation. Sans compter les incidences sur la sécurité et la sécurité exposées par M. Webster et les conséquences juridiques et financières. Le vrai danger est que si les États-Unis ferment leur frontière parce que nous sommes incapables de sécuriser les nôtres, cette décision mettrait un frein aux activités transfrontières de nos deux pays, à savoir 1,5 milliard de dollars d’échanges à la frontière entre nos deux pays. C’est le danger que court le Canada en figurant sur cette liste de surveillance du Bureau du représentant américain au commerce.
MEC lutte activement contre la contrefaçon. Nous travaillons en collaboration avec la CSA, la GRC et le Réseau anti-contrefaçon canadien. Toutefois, nous avons tiré les conclusions et les enseignements suivants de notre expérience : ce sont les entreprises canadiennes qui doivent déceler les activités de contrefaçon; mais comme il est quasiment impossible de savoir à quel moment précis se déroulent ces activités, il est tout aussi impossible d’obtenir une ordonnance du tribunal pour faire appliquer la loi. L’application des lois ne doit pas revenir au secteur civil; c’est difficile d’un point de vue pratique, c’est coûteux, c’est inefficace, sans compter les problèmes qui se posent en matière d’exécution de la loi et de répartition des ressources consacrées à l’application de la loi. Et franchement, ce n’est pas une priorité du gouvernement.
Les recommandations que nous avons formulées sont tout à fait en accord avec celles du Réseau anti-contrefaçon canadien. Je laisse la parole à un représentant de ce réseau qui va vous formuler des recommandations bien précises.
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Merci, monsieur le président.
Je m’appelle Michael Hilliard et je suis avocat de société chez Microsoft Canada. Je suis heureux d’avoir l’occasion de m’exprimer devant ce comité et de vous faire part de quelques réflexions sur l’importance de protéger les droits de propriété intellectuelle et d’appliquer les lois qui les régissent, en particulier concernant les logiciels.
Le problème du piratage informatique au Canada est un problème de taille. Selon la dernière enquête BSA-IDC sur le sujet, le taux de piratage informatique s’élève à 33 p. 100 au Canada. Trente-trois pour cent des logiciels au Canada sont piratés. Ce taux baisse depuis quelques années, mais il reste considérablement plus élevé qu’aux États-Unis, 21 p. 100, qu’en Nouvelle-Zélande, 23 p. 100, qu’en Finlande, 26 p. 100, et que dans beaucoup d’autres pays développés.
Les pertes dues au piratage au Canada sont chiffrées à plus de 800 millions de dollars. Ce problème entraîne de nombreuses conséquences économiques néfastes. Il sape les efforts des développeurs de logiciels canadiens. Il en résulte moins d’emplois sur le marché officiel du logiciel et une perte de recettes fiscales. Selon l’IDC, si l’on pouvait réduire à 26 p. 100 le taux de piratage au Canada, on retrouverait 14 000 nouveaux emplois dans le secteur du logiciel et les recettes fiscales augmenteraient de 2 milliards de dollars.
Autrement dit, ce problème ne concerne pas uniquement les fabricants de logiciels comme Microsoft. Pour chaque dollar de logiciel vendu, il se vend au moins 1,25 $ en services destinés à concevoir, installer, personnaliser et soutenir le logiciel. La plupart de ces services ou revenus supplémentaires sont fournis par des entreprises locales.
Au-delà des aspects économiques du piratage, les Canadiens qui utilisent des logiciels piratés courent des risques considérables. Une enquête récente de l’IDC a porté sur l’étude de sites Web qui proposent des clés de produits de contrefaçon, de logiciels piratés, etc.; 25 p. 100 de ces sites Web tentaient d’installer des logiciels malveillants ou potentiellement parasites. L’échelle des conséquences de ce type de logiciels parasites est variée : conséquences sans trop de gravité (logiciels de publicité, fenêtres flash ou piratage de page d’accueil), conséquences ennuyeuses (fonctions destructrices des chevaux de Troie qui épuisent les ressources de l’ordinateur) et conséquences désastreuses lorsque des logiciels de référence ou des espions de clavier prennent contrôle de l’ordinateur pour envoyer du pourriel, entreposer des fichiers illégalement ou donner accès à des données de nature délicate.
Pour les entreprises, une étude récente de spécialistes de la sécurité des TI a montré que les frais à engager pour résoudre les problèmes déclenchés par un virus, un accès non autorisé à de l’information ou le vol de renseignements peut dépasser 20 000 $ par incident.
À Microsoft, nous prenons très au sérieux le problème du piratage informatique. Nous avons regroupé les divers investissements que nous y consacrons en une seule initiative que nous appelons l’initiative Microsoft pour les logiciels authentiques. Cette initiative a trois principaux volets stratégiques : le premier est l’information, en sensibilisant aux risques que présentent les logiciels de contrefaçon et à l’importance de détenir des licences de logiciels par des campagnes de communications auprès des consommateurs. Le deuxième est le génie-logiciel. Nous dotons nos logiciels de dispositifs anti-contrefaçon qui alertent le consommateur de la présence d’un logiciel de contrefaçon, et qui le protège de certains des dangers dont je viens de parler. Et le troisième est l’application de la loi. Microsoft soutient activement les représentants du gouvernement et les instances chargées d’appliquer la loi qui prennent des mesures contre le piratage informatique et contre les personnes dont pourraient être victimes les entreprises et les consommateurs canadiens sans méfiance.
Par ailleurs, Microsoft ne se contente pas de se reposer sur le gouvernement pour contrer ce problème. Microsoft entend prendre toutes les mesures judiciaires nécessaires pour protéger ses partenaires et les consommateurs honnêtes.
Pour contrer le problème du piratage informatique, en plus d’être tout à fait favorable aux recommandations du Réseau anti-contrefaçon canadien, Microsoft croit que le gouvernement du Canada devrait prendre les mesures suivantes : la première, mettre en vigueur immédiatement les dispositions du Traité de l’OMPI sur le droit d’auteur et du Traité de l’OMPI sur les interprétations et exécutions et les phonogrammes; la deuxième, investir l’Agence des services frontaliers du Canada de pouvoirs autonomes l’autorisant à saisir ou à détruire les produits de contrefaçon; la troisième, faire de la fabrication, de la vente et de la distribution de marques non authentiques une infraction au Code criminel; et la quatrième, octroyer à la GRC et au ministère de la Justice les ressources nécessaires à la lutte efficace contre la contrefaçon.
Les droits de propriété intellectuelle jouent un rôle croissant dans l’économie mondiale. Pour que les Canadiens puissent bénéficier des avantages de cette économie et y être compétitifs, il est impératif que le cadre juridique du Canada et son régime d’application de la loi soient renforcés, afin d’encourager le développement et la protection de la propriété intellectuelle.
Au nom de Microsoft, je vous remercie de l’intérêt que le comité porte à cette question, et je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer devant vous tous.
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Je vous remercie monsieur le président, mesdames et messieurs les députés.
Je suis président de l’Association canadienne des distributeurs de films, qui agit à titre de porte-parole pour défendre les intérêts des grands studios de production de films, de technoloisir et de télévision. Nos membres sont Sony Pictures, Universal Pictures, Warner Bros., Paramount Pictures, 20th Century Fox et Disney; autrement dit, les producteurs qui font une grande partie des films que vos enfants, mes enfants et mes petits-enfants verront cet été.
Le Canada a un grave problème de crime contre la propriété intellectuelle; voilà longtemps qu’il aurait fallu prendre des mesures claires pour renforcer le système d’application de la Loi sur la propriété intellectuelle au Canada. Comme le dit la GRC, du point de vue de l’application de la loi criminelle, il est essentiel de commencer par établir qui est perdant et qui est gagnant. Les détenteurs de droits, les détaillants légitimes, le grand public, les entreprises canadiennes et l’économie canadienne sont tous perdants. Ce sont les criminels qui y gagnent. Par conséquent, l’Association canadienne des distributeurs de films est favorable à l’ensemble des recommandations qui figurent dans le rapport du Réseau anti-contrefaçon canadien.
Je voudrais axer mes commentaires aujourd’hui sur notre principal sujet d’inquiétude: l’impact sur le marché du piratage mondial de films des enregistrements illégaux sur caméscope réalisés dans les cinémas canadiens.
Voici les faits. Tout piratage de film, qu’il s’agisse de copie illégale d’un DVD ou de téléchargement sur Internet, commence par un vol de film. Aujourd’hui, plus de 90 p. 100 de tous les films récents qui sont piratés proviennent de films illégalement enregistrés dans des cinémas. Les auteurs réalisent des bénéfices en vendant des copies à des personnes qui les distribuent sur Internet et à des réseaux criminels organisés qui reproduisent et vendent des millions de DVD illégaux dans le monde entier.
Comment savons-nous cela? Parce qu’en 2003, les grands studios de production de films ont commencé à se pencher sur le problème de l’enregistrement illégal sur caméscope en intégrant à leurs épreuves de films des empreintes en filigrane sophistiquées pour qu’il soit possible de déterminer par analyse technique le cinéma exact où l’enregistrement sur caméscope a été effectué. Les exemplaires pirates qui circulent dans le monde entier et les copies illégales que l’on trouve sur Internet sont continuellement analysés afin qu’on détermine leur provenance et le cinéma où l’image a été enregistrée pour la première fois. C’est ainsi que nous savons que le Canada est désormais une source vaste et croissante de copies pirates de films.
Rien qu’en 2006, les enregistrements illégaux réalisés au Canada sur caméscope ont généré environ 20 p. 100 à 25 p. 100 des versions illégales de tous les films des grands studios de production que l’on pouvait trouver sur Internet ou sur des DVD illégaux dans le monde.
Les DVD pirates et les copies de films des grands studios que l’on a trouvés sur Internet provenaient de cinémas situés en Colombie-Britannique, en Nouvelle-Écosse, en Ontario, en Alberta et au Québec. On a trouvé des copies DVD de ces films volés dans plus de 45 pays, et ils étaient proposés sur Internet par plus de 130 pseudo-groupes de lancement, qui sont largement responsables de la distribution en ligne des copies illégales de films. Avec les progrès des technologies numériques, croyez-moi, il s’agit de vols très organisés. Les auteurs emploient des méthodes diverses pour produire des copies d’excellente qualité et utilisent des installations d’écoute assistée afin de produire des bandes sonores impeccables dans les deux langues officielles.
Malgré la gravité du problème, le Canada n’a pas promulgué de loi visant à dissuader efficacement les auteurs d’enregistrements illégaux. En vertu du droit en vigueur au Canada sur le droit d’auteur, des éléments de preuve doivent permettre de démontrer que la copie du film a été enregistrée sur caméscope à des fins commerciales. Les professionnels de l’enregistrement illégal le savent très bien et prétendent tout simplement avoir fait une copie pour leur usage personnel. Les agents d’application de la loi appelés par des employés de cinéma qui surprennent des personnes procédant à un enregistrement sur caméscope ne peuvent qu’invoquer le fait qu’aucune disposition précise interdisant l’enregistrement par caméscope ne figure dans le Code criminel.
Non inquiétés par les agents d’application de la loi, les auteurs d’enregistrement poursuivent leurs activités. Ils constituent une menace pour les employés de cinéma, et l’augmentation constante de leurs actes est préoccupante. Les Associations des propriétaires de cinémas du Canada s’inquiètent pour les plus de 17 000 employés de cinémas au Canada qui doivent généralement confronter ces malfaiteurs sans l’intervention d’agents d’application de la loi, ce qui pose évidemment un gros problème. C’est la raison pour laquelle les Associations des propriétaires de cinémas du Canada, tous les membres des principaux syndicats et confréries et les distributeurs canadiens se joignent à nous pour demander au gouvernement de prendre des dispositions afin de modifier le Code criminel et d’y inclure des dispositions relatives à l’enregistrement de films sur caméscope.
Concernant les mesures que nous prenons dans notre industrie, nous consacrons des ressources importantes à des initiatives d’information, de technologie, de sécurité et de formation pour lutter contre ce problème. Mais nous n’y arriverons pas sans l’existence de lois dissuasives qui garantissent que les autorités puissent prendre des mesures efficaces pour mettre fin au vol de films et qui envoient le signal clair que les activités criminelles ne sont pas tolérées au Canada.
Merci, monsieur le président.
:
Je vous remercie monsieur le président, mesdames, messieurs les députés.
[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant votre comité. J'apprécie grandement d'avoir été invité à vous donner mon point de vue sur le problème de la contrefaçon et du piratage.
[Traduction]
En plus d’être un membre-fondateur du Réseau anti-contrefaçon canadien, je suis avocat en exercice privé depuis 26 ans. L’intégralité de mon activité consiste à traiter plusieurs centaines de dossiers de contrefaçon par an dans tout le Canada pour plus de 75 marques et fabricants différents. Dans tous ces dossiers, il est rare que je ne puisse pas trouver de produits de contrefaçon dans un domaine précis.
Si je suis ici aujourd’hui, c’est pour vous expliquer que j’ai toujours et immanquablement trouvé, et c’est toujours le cas aujourd’hui, des produits de contrefaçon dans presque tous les grands mails et centres commerciaux du Canada. On en trouve tous les ans dans de nombreux magasins de détail partout au Canada, et quand je dis nombreux, je veux dire des centaines.
J’ai participé à des descentes dans des usines de fabrication au Canada prises en flagrant délit de fabrication de vêtements, de batteries de cellulaires et d’accessoires.
J’ai participé à une descente dans une unité de distribution au Canada qui importait pour des centaines de milliers de dollars de cartouches à jet d’encre et d’emballages de contrefaçon séparés, et qui les assemblait pour les vendre sur le marché canadien.
Récemment, nous avons saisi de grandes quantités de casques d’écoute pour téléphones cellulaires chez un importateur de casques de contrefaçon Bluetooth qui importait les emballages à part. Ces produits étaient destinés à être distribués par Internet au Canada, dans des entreprises canadiennes. Depuis la fin du mois de novembre de l’année dernière, j’ai personnellement ouvert plus de 50 nouveaux dossiers de contrefaçon de casques d’écoute pour téléphones cellulaires. Ces produits ne sont pas approuvés et ne sont pas fabriqués avec les matériaux requis.
Un grand nombre de contrefacteurs et de pirates ne négocient qu’en argent liquide. Nous avons souvent affaire à eux, et j’ai toutes les raisons de croire qu’ils ne déclarent pas leurs revenus à l’Agence du revenu du Canada.
Voici rapidement quelques exemples.
Au cours des deux dernières années, je me suis rendu à plusieurs reprises au Richmond Night Market à Richmond, en C.-B., accompagné de nos équipes de lutte contre la contrefaçon, et de membres de la GRC et de Santé Canada. Chaque fois, parmi les centaines d’établissements présents, nous en avons repéré plus de 60 qui vendaient des produits de contrefaçon, dont la liste vous a déjà été énumérée : piles, appareils, cartouches à jet d’encre, produits électriques, bijoux, lunettes de soleil. Même à une quinzaine de personnes, nous n’avons jamais pu épingler plus de 10 p. 100 à 15 p. 100 des marchands, parce qu’ils prennent la fuite dès qu’ils nous repèrent.
Le marché de Richmond exige de tout marchand qu’il possède également un magasin de détail à Richmond pour avoir un autre point de vente. À Richmond et à Burnaby, en C.-B., on a repéré des douzaines d’endroits à l’arrière des magasins qui ont pignon sur rue où sont écoulées de grandes quantités d’articles de luxe. Il faut connaître quelqu’un pour y accéder.
Je suis appelé plusieurs fois par an par des membres de la GRC et de l’ASFC. Ils m’avertissent qu’ils ne se sont pas opposés à l’entrée d’une expédition au Canada alors qu’ils savaient parfaitement qu’il s’agissait de produits de contrefaçon. Plusieurs fois par an, la police ou les autorités me disent que, même s’ils ont détecté l’importation de produits de contrefaçon au Canada, ils décident de ne pas engager de poursuites, soit parce que les produits sont protégés par une marque de fabrique mais pas par le droit d’auteur, soit, et c’est le cas le plus fréquent, parce qu’ils ne disposent pas des ressources suffisantes pour intervenir.
J’ai vu de nombreux cas où les propriétaires de marque n’ont pas été officiellement avisés du nom des importateurs ou des exportateurs. Ils ne peuvent donc pas, tant que les autorités ne saisissent pas la marchandise, suivre la piste des produits dans le réseau de distribution. J’ai vu très souvent des expéditions admises au Canada, fractionnées puis renvoyées aux États-Unis.
Tant qu’aucune enquête n’est lancée, comment le propriétaire d’une marque pourrait-il savoir qu’il est victime du crime organisé? Nous n’avons pas accès à la base de données qui répertorie les criminels. La police y a accès, mais si elle ne partage pas ce type d’information, nous n’avons aucun moyen de le savoir. Cependant, je peux vous dire que dans de nombreux cas — des dizaines — la police m’a personnellement prévenu que le dossier sur lequel j’étais en train de travailler concernait des membres du crime organisé.
Je dirige des séances de formation et je donne des conférences sur la lutte contre la contrefaçon depuis bientôt 12 ans. Des représentants de l’Agence du revenu du Canada y assistent régulièrement et se réjouissent du fait qu’on leur transmette ces cas. Mais de nombreux procureurs de la Couronne et agents des douanes canadiennes brillent par leur absence.
Dans un endroit appelé le Pacific Mall, j’ai récemment repéré plus de 50 établissements vendant des produits de contrefaçon divers. Chaque fois que nous y faisons une descente et que nous pénétrons dans le premier établissement, ils ferment tous boutique. J’ai essayé de faire des achats avec ma carte Interac ou ma carte de crédit, mais ils refusent et n’acceptent que de l’argent comptant. Un informateur m’a dit qu’un marchand de l’un des marchés aux puces de la région de Toronto — à Saint-Jacobs il me semble — engrange de 5 000 $ à 7 000 $ d’argent liquide par semaine.
Quand on me demande où on peut trouver des produits de contrefaçon au Canada, ma réponse tient en un seul mot : partout. Quand on me demande quelle est l’ampleur du problème, je réponds qu’il est bien plus grand qu’on ne l’imagine. Quand on me demande ce qu’on fait pour lutter contre le problème, je réponds qu’on n’en fait pas assez.
Je vous remercie de m’avoir donné cette occasion de m’exprimer devant vous.
:
Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés.
Je m’appelle Graham Henderson. Je suis le président de l’Association de l’industrie canadienne de l’enregistrement et je fais partie du comité directeur du Réseau anti-contrefaçon canadien. C’est en son nom que j’ai le plaisir de présenter mes commentaires sur les recommandations du Réseau anti-contrefaçon canadien.
Je dois dire tout de suite que les solutions ne sont pas compliquées et qu’elles n’ont pas besoin d’être onéreuses. D’autres pays s’en sont déjà rendu compte. Il existe des feuilles de route.
À de nombreux égards, nous sommes loin derrière nos partenaires commerciaux. Il suffit de consulter les politiques d’application de la loi relative à la propriété intellectuelle de l’Europe, des États-Unis et du Japon, et de regarder la législation type promulguée par l’Organisation mondiale des douanes, dont le Canada est membre.
Si vous me le permettez, je voudrais attirer l’attention du comité sur les documents que le Réseau anti-contrefaçon canadien a préparé à votre attention. Le premier est un communiqué de presse qui stipule qu’une enquête CACN/Pollara a conclu que 39 p. 100 des Canadiens ont déjà acheté, sciemment ou non, des produits de contrefaçon. Aux États-Unis, ce pourcentage est de 13 p. 100, trois fois moins qu’au Canada. Le deuxième document énumère les questions qui ont été posées dans le cadre de cette enquête.
Le troisième document est une étude de cas, une sorte de conte qui se conclue par une morale et qui explique combien la situation est déplorable au Canada. Le texte porte sur un auteur de DVD de contrefaçon de Vancouver qui a fait fi de la loi pendant des années. Maintes fois des poursuites ont été engagées contre lui, maintes fois il a été condamné, et lors de sa dernière inculpation, il a été condamné à une amende de 5 000 $. Ça vaut le coup d’être lu.
Nous avons également joint une présentation en PowerPoint, j’ai vu certains d’entre vous la parcourir. Nous l’avons jointe pour montrer l’incroyable variété de produits que l’on trouve au Canada sous forme de contrefaçons.
J’ai également joint un discours que j’ai prononcé devant le Economic Club of Toronto et qui servira de résumé au plan d’action dont je vais vous parler un instant.
Enfin, et peut-être le document le plus important de tous, vous trouverez le document En route pour le changement du Réseau anti-contrefaçon canadien. Il s’agit du sommaire accompagné dans les dernières pages — et c’est le plus important — de nos recommandations.
Nous vous avons également remis un extrait de ce plan d’action qui établit clairement un lien entre ces activités et le crime organisé. Je pourrais ajouter que ce document de deux pages contredit carrément les propos d’un précédent témoin. Le crime organisé est à l’origine de ces actes, et vous verrez ici que le SCRS, Interpol et la GRC s’accordent à dire que c’est le cas.
Que devons-nous faire exactement? Et bien, comme je vous disais, le Réseau anti-contrefaçon canadien a dressé une liste détaillée de recommandations, dont vous possédez un exemplaire. Il m’est impossible de toutes les passer en revue de façon approfondie, et je vais donc me limiter à quelques-unes.
Pour pallier le manque de ressources consacrées à la lutte contre la contrefaçon au niveau de la police et des poursuites, et combler l’insuffisance des sanctions pénales, nous devons, premièrement, faire en sorte que la GRC et le ministère de la Justice disposent des ressources financières et humaines nécessaires pour pouvoir lutter contre la contrefaçon; et deuxièmement, consacrer les fonds nécessaires à la mise sur pied d’une équipe spéciale de lutte contre le crime contre la propriété intellectuelle composée de policiers, de douaniers et de procureurs fédéraux, qui orientera et coordonnera l’application de la loi relative aux crimes contre la propriété intellectuelle. Ce type d’équipe existe dans beaucoup d’autres pays.
Pour actualiser la législation relative aux crimes contre la propriété intellectuelle, nous devons, premièrement, promulguer une loi qui définisse clairement la contrefaçon de marques comme une infraction criminelle précise en vertu de la Loi sur les marques de commerce; et deuxièmement, promulguer une loi pour que l’enregistrement sur caméscope dans les cinémas soit une infraction criminelle. Pour investir les douaniers de pouvoirs efficaces, nous devons mettre en vigueur une législation qui interdise clairement l’importation de marchandises de contrefaçon. Et nous devons investir l’ASFC des pouvoirs exprès qui lui manquent pour retenir, cibler, saisir et détruire les produits de contrefaçon de sa propre initiative.
Enfin, et c’est peut-être la recommandation la plus importante — quoiqu’elles le soient toutes — il faut renforcer le statut de la propriété intellectuelle dans ce pays. Pour que le Canada soit une nation plus prospère et plus compétitive, nous devons suivre la voie d’autres nations et établir des conseils fédéraux et provinciaux de coordination de la propriété intellectuelle avec participation ministérielle. Ce type de structure existe au Brésil, aux États-Unis, en Angleterre et au Japon.
Nous pouvons mettre ces mesures en vigueur. Vous n’avez entendu que des fonctionnaires vous dire combien c’était difficile à mettre en place vu la quantité d’obstacles à franchir. Je crois qu’on a battu le record du monde de l’emploi du mot « complexe ». Nous sommes venus, avec toutes les autres parties prenantes, témoigner devant vous aujourd’hui pour vous dire tout simplement que ce n’est pas si difficile que cela.
Il y a cinq mois, le réseau canadien de lutte contre la contrefaçon entamait une première étude importante sur les répercussions économiques de la contrefaçon, sur les lacunes des lois et des règlements qui sont à l’origine du problème, ainsi que sur le lien étroit entre les économies innovatrices et la protection rigoureuse de la propriété intellectuelle. Par ailleurs, l’étude vise les pratiques exemplaires employées à l’échelle planétaire. Le rapport officiel, qui a été diffusé aujourd’hui, est en train d’être traduit. Dès que la version française sera prête, elle sera fournie au comité.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je veux d’abord remercier tous les témoins de leur présence. Vous complétez très bien le travail dont a entendu parler le comité, comme l’a dit M. Myers, relativement à notre rapport sur l’industrie. C’était unanime. Je crois que nous comprenons la question. Nous l’avons saisie.
Il y a des gens qui estiment que la meilleure approche, qui complète peut-être les problèmes plutôt complexes auxquels le groupe de travail semble se heurter, c’est de—Un témoin nous a dit la semaine dernière que nous devrions étudier la question plus à fond, que nous devrions charger un comité de préparer un rapport, que le gouvernement ne devrait exécuter aucune mesure et que, en fait, nous devrions recommencer à zéro.
Monsieur Frith, en tant qu’ex-membre de ce comité et d’autres comités, vous pourrez sans doute confirmer mon opinion. Au cours de mes 14 ans comme député, je n’ai jamais vu une situation où deux comités étudiant la même question simultanément ont tiré sensiblement les mêmes conclusions.
Monsieur Henderson, laissez-moi vous interroger d’abord. Pouvez-vous nous donner une idée de ce que cela signifierait si nous recommencions à zéro, c’est-à-dire entamer un rapport, entamer une étude? Qu’est-ce que cela fait à la réputation internationale du Canada, sans compter au problème de la contrefaçon au Canada?
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Je pense que cela montre simplement que nous ne sommes pas disposés à nous attaquer à un problème qui saute aux yeux. L’idée que nous n’avons pas assez étudié la question est fausse. Non seulement a-t-elle été l’objet d’une étude approfondie au Canada — et nous avons produit un rapport qui, soit dit en passant, a été réalisé en six mois et non en six ans —, mais elle a été étudiée à fond tant au Canada qu’à l’échelle mondiale.
Par exemple, sur le plan du lien avec le crime organisé, le Service canadien de renseignements criminels a fait observer, dans ses rapports annuels de 2005 et 2006, que la contrefaçon était liée au crime organisé. La GRC a dit la même chose dans son rapport sur les crimes liés aux DPI. Par ailleurs, dans son témoignage devant le comité de la sécurité, Mike Cabana a dit :
Nos rapports de renseignements stratégiques nous révèlent que les marges de profit sont très considérables et que les risques de se faire prendre […] sont très faibles. Si faibles, en fait, qu’au Canada, pratiquement tous les grands groupes du crime organisé et même des groupes de terroristes, comme l’a révélé un dossier particulier, se livrent très activement à la fabrication, à l’importation et à la distribution de marchandises contrefaites.
Je ne comprends pas qu’il reste encore des études à faire.
Pour ce qui est des pertes financières, vous l’avez entendu maintes fois de la bouche des témoins, aujourd’hui et la semaine dernière. J’ai devant moi un rapport d’étude qui a été préparé par le comté de Los Angeles intitulé A False Bargain—The Los Angeles County Economic Consequences of Counterfeit Product; on le trouve sur le Web à l’adresse www.laedc.org/consulting/projects/2007_piracy-study.pdf. Pensons-nous vraiment que nous pourrons obtenir des résultats différents, que, d’une façon ou d’une autre, le Canada ne subira aucune répercussion économique grave? Je ne pense pas. Nos lois sont pires.
Je suis donc d’accord avec ce que M. Myers a dit plus tôt aujourd’hui. Nous avons étudié la question. Ne rien faire ne fera qu’aggraver le problème.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue.
Au sujet de la propriété intellectuelle et de la contrefaçon, d'autres témoins nous ont dit qu'il y avait des brevets, mais qu'il en coûtait très cher de défendre ceux-ci devant les tribunaux, compte tenu des frais d'avocat et de la longueur des délais nécessaires avant d'arriver à quelque chose de concret.
Avez-vous une idée de la façon dont on pourrait atténuer les délais et établir une procédure nettement moins dispendieuse? Avez-vous des suggestions à nous faire à ce sujet?
Par ailleurs, monsieur Myers, en tant que premier vice-président de l'organisme Manufacturiers et exportateurs du Canada, voulez-vous nous dire à combien se chiffrent d'après vous, en termes de dollars perdus par année, les vols reliés à la contrefaçon au Canada?
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J’aimerais pouvoir vous expliquer toute l’ampleur de cette activité, mais cela est extrêmement difficile, outre essayer de calculer approximativement les répercussions économiques. Si nous connaissions toute l’ampleur de l’activité, nous aurions une longueur d’avance, en ce sens que nous pourrions prendre note d’au moins une partie des activités de contrefaçon beaucoup mieux que nous ne le faisons actuellement. Mais puisque nous n’appliquons pas les règlements, nous n’avons pas vraiment une bonne idée de l’ampleur du problème au Canada. Et on ne parle là que du marché.
Si on envisage les incidences sociales et économiques des pertes d’investissements et d’activités d’innovation, ainsi que les préoccupations en matière d’application rigoureuse de la loi soulevées à la frontière en raison de l’inquiétude relative à nos frontières qui ne sont pas sûres et de l’éventuel afflux de produits contrefaits, surtout en provenance de l’Asie et passant par le Canada à destination des États-Unis, aucune importante analyse économique n’a été faite de toutes ces incidences, sauf celle du RCLS. Je crois que c’est l’analyse la plus fiable qui ait été faite jusqu’à présent au Canada.
Au chapitre des recommandations — et j’appuie encore une fois les paroles de M. Henderson — je pense que la première chose à faire est d’accorder la priorité à la question. Si je ne m’abuse, entre 1999 et 2004, les agents de douane américains ont procédé à approximativement 36 000 saisies. Au cours de la même période, les agents de douane canadiens ont fait six saisies. Même sur une échelle de un à dix, nous n’arrivons pas à la cheville des Américains.
Si les législateurs et nos agences de services frontaliers n’y accordent pas la priorité et que nous n’y affectons pas les fonds nécessaires, nous n’y attachons pas suffisamment d’importance. Je crois que c’est probablement là la première étape. Certes, les recommandations formulées par le RCLS sont beaucoup plus précises et détaillées.
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Du point de vue des affaires, j'ai l'habitude de vivre cela tout le temps. Je n’y puis pas grand-chose, mais je pense que nous aurons de sérieux problèmes avec les États-Unis. Il y a de cela un mois environ, un de nos clients m’a demandé d’enregistrer ses marques de fabrique auprès de nos autorités frontalières afin de permettre la saisie des marchandises quand elles entrent. Je lui ai écrit pour expliquer que nous ne pouvions absolument rien pour lui, étant donné que nous n’avions aucun mécanisme d’application.
J’ai rencontré un camarade la semaine dernière à la réunion de l’Association internationale des marques et il a été totalement abasourdi d’entendre que nous n’avions aucun mécanisme d’application à nos frontières.
Je voudrais ajouter autre chose afin de vous permettre de voir les choses sous un autre angle. J’ai des relations d’affaires avec une société étrangère spécialisée dans les machines à sous. Ce groupe est spécialisé dans la technologie des jeux et ses machines sont utilisées dans les casinos ici au Canada. Ces dirigeants m’ont dit que les machines à sous bas de gamme ne constituaient pas un problème pour eux au Canada parce que notre industrie était hautement réglementée. Par contre, ces machines leur causent d’énormes problèmes dans des pays d’Amérique du Sud comme la Colombie, le Pérou, l’Argentine et même dans des anciennes républiques soviétiques d’Europe de l’Est.
Ils n’ont cependant pas perdu le Canada de vue; en effet, ils ont découvert en Colombie des machines bas de gamme vendues sur le marché par les cartels de la drogue. Quand ils ont examiné ces machines, ils ont trouvé l’endroit où étaient fabriquées leurs cartes de circuits imprimés. Vous avez deviné qu’elles sont fabriquées dans ce pays, et vous vous demandez comment ces cartes de circuits imprimés bas de gamme se retrouvent en Colombie. Il doit certainement y avoir un lien avec le crime organisé.
Cela m’amène à spéculer. Peut-être est-ce là un moyen de transférer au Canada l’argent de la drogue. J’en parle sans preuve, mais je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi nous trouvons en Colombie des mémoires EPROM fabriqués au Canada.
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Je crois pouvoir répondre. Je fais respecter les droits de PI pour mes clients depuis longtemps.
Ce que je constate, c'est que même si les outils de base sont en place, il est très difficile d'exercer ces droits. Je dirais qu'à la frontière, les outils d'application de la loi brillent par leur absence; mais si l'on est au Canada et qu'on s'occupe d'une vente de produits ici, on peut recourir à la Loi sur le droit d'auteur ou à la Loi sur les marques de commerce. Les causes d'action sont là, mais il n'est vraiment pas facile de faire respecter ces droits.
Vous avez entendu Michael Hilliard témoigner au sujet du cas de Microsoft Interplus. Il faut beaucoup de temps et de travail pour mener des poursuites dans un dossier comme celui-là. Et si l'on fait face à une défense vigoureuse, cela coûtera une fortune.
Nous devons peaufiner notre législation pour la rendre plus efficace et efficiente. Il y a d'autres cas particuliers, comme l'enregistrement par caméscope — nous avons parlé de la police à la frontière — mais les droits existants doivent être légèrement ajustés pour nous permettre d'agir dans ce dossier de façon efficace et efficiente.
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Je pense que, dans une large proportion, ils sont vendus sur le marché noir. Des distributeurs ou des importateurs font venir ces produits, puis les distribuent sur le marché nord-américain, et c'est l'une des raisons pour lesquelles il est si difficile d'arrêter cette activité à la frontière. Je vais vous donner un exemple.
Depuis 12 ans, je travaille auprès d'une fonderie qui fabrique des pièces automobiles moulées. Pendant cette période, des produits frauduleux ont fait leur entrée sur le marché canadien. Notre cas a été renvoyé tantôt au ministère des Finances, tantôt à l'ASFC. Le ministère des Finances, le responsable du règlement, prétend n'être pas prêt à réécrire la loi en entier, et l'ASFC, pour sa part, nous dit qu'elle ne pourra l'appliquer tant qu'elle ne sera pas réécrite.
C'est une petite entreprise. On lui a laissé la responsabilité de déterminer qui, exactement, importe ces pièces. Il s'agit probablement d'un distributeur qui exploite un marché plus ou moins noir, et qui vend ses produits aux États-Unis, mais à moins qu'on lui fournisse des preuves que ce produit entre ici, le service de sécurité frontalier dit ne pas pouvoir y mettre un terme. Alors, en somme, on a seulement... on n'a pas seulement abandonné, mais on a mis fin à toute l'opération.
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Le témoin auquel vous faites allusion a comparu il y a une semaine. Il a pris ses informations dans les journaux. Quand on fait de la politique comme vous en faites et comme j'en ai fait moi-même, on sait que ce qui est publié dans les journaux n'est pas toujours exact.
Ensuite, à notre avis, il a bien mal interprété les données de l'industrie et, surtout, les chiffres qu'il a cités faisaient référence à un site Web piraté il y a plus de trois ans, ce qui n'a absolument plus rien à voir.
C'est au cours des trois dernières années que nous avons créé les filigranes. Nous avons désormais les moyens de savoir d'où vient la copie piratée. Les studios ajoutent maintenant un filigrane même à leurs copies sur cassette vidéo ou DVD. Ils ont accru la sécurité pendant et après la production. Alors, citer une étude vieille d'il y a plus de trois ans ne présente aucun intérêt étant donné que la quasi-totalité de nos produits portent maintenant un filigrane et que nous pouvons prouver de façon empirique les chiffres.
Par ailleurs, je voulais dire... J'étais député en 1980. Toute cette bataille sur la propriété intellectuelle a en fait opposé les fonctionnaires des ministères de l'Industrie et du Patrimoine pendant une vingtaine d'années si je ne m'abuse, et c'est vraiment une question qui transcende les allégeances politiques parce que les choses n'ont pas changé même si un gouvernement libéral a cédé sa place à un gouvernement conservateur.
Il faut vraiment que les deux ministres, celui du Patrimoine canadien et celui de l'Industrie, aient beaucoup de détermination parce que la mentalité des fonctionnaires du ministère de l'Industrie est telle que nous tomberions des nues si jamais ils proposaient de déposer un projet de loi qui rendait nos règles conformes à celles de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle.
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Nous avons discuté avec M. Bradley et un certain nombre de sociétés de transport. Les relations avec les entreprises font partie du système d'accréditation des États-Unis et des méthodes à mettre en place dans le cadre de leur programme de partenariat pour la lutte contre le terrorisme à la frontière, ou C-TPAT.
Il y a deux ou trois enjeux ici. Celui de l'application de la loi en est seulement un. C'est bien beau de dire que c'est important, mais les camionneurs ont l'impression que leur industrie, qui a déjà un trop lourd fardeau à porter, a toujours de plus en plus de coûts à payer pour la sécurité à la frontière.
Je crois que les expéditeurs, les camionneurs ainsi que les compagnies maritimes et aériennes veulent tous faire leur part, mais ils ont besoin d'aide pour que l'application de la loi à la frontière soit efficace.
J'aimerais ajouter, monsieur Masse, au sujet de la politique commerciale générale dont vous avez parlé, que c'est un problème particulièrement important dans nos relations avec notre principal partenaire commercial qui est les États-Unis. Nos ententes commerciales devraient adopter un point de vue commun. Les Américains, les Européens et les Australiens ont intenté des recours contre d'autres pays, dont la Chine, sur des questions de propriété intellectuelle. Je crois que nous devrions exposer nos vues avec vigueur auprès de l'OMC. Nous devrions renforcer les mesures de protection de la propriété intellectuelle dans tous nos traités commerciaux internationaux, y compris celui que nous sommes en train de négocier avec la Corée.
Je peux vous dire que, si nous ne faisons pas appliquer la loi, nous ne pourrons vraiment pas nous attendre à ce que les autres le fassent. En fait, certains soutiennent que la Chine fait appliquer de façon plus rigoureuse que le Canada les règles sur la propriété intellectuelle.
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Merci de cette précision. J'ai eu l'impression, dans l'article que j'ai lu, que c'était le même programme que celui que nous avions ici.
Au sujet des caméscopes, monsieur Frith, il me semble étrange que les films enregistrés à partir de cet appareil dans une salle de cinéma soient de qualité suffisante pour pouvoir être reproduits et distribués. Tout le monde recherche la technologie 5.1 Dolby sur le marché nord-américain, ce que n'offre pas un caméscope à un seul haut-parleur. Mais j'imagine que le marché existe.
Quand on va au concert, on nous interdit d'entrer dans la salle avec une caméra ou un autre appareil du genre. Il faut dire que c'est le promoteur qui l'exige, et non la loi. Ce serait fort simple d'avoir une loi qui rende cela illégal, pour protéger la propriété intellectuelle. Ce n'est pas très coûteux; il s'agit seulement de rédiger une mesure législative.
Pourquoi ne l'a-t-on pas fait? Y a-t-il des conflits de compétences, des possibilités de contestation en vertu de la Charte? Quels sont les arguments, les problèmes?
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Merci, monsieur le président.
Je ne sais pas ce que nous allons faire d'ici quelques mois à ce sujet, mais il faut agir. Tout dépendra de l'orientation donnée par le gouvernement et des échanges qu'il pourrait y avoir entre le ministère du Patrimoine et celui de l'Industrie, mais le Parlement devra intervenir. Il y a certaines pistes de solution que nous pouvons explorer.
Les gens nous parlent de l'administration des douanes. Je traverse la frontière assez souvent chaque année, et je crois toujours qu'il est inquiétant de devoir se fier au bon jugement d'un douanier pour régler un problème. Chaque fois que je me présente à la frontière, j'ai l'impression que je pourrais porter une large tunique et cacher un AK-47 et que le douanier me demanderait quand même si je rapporte des cigarettes. C'est ainsi au Canada. Le jour où nous aurons une politique frontalière continentale, nous serons peut-être plus sérieux, même aux douanes.
Le Code criminel que tout le monde veut faire modifier est complexe au Canada. Les provinces et les territoires ont la responsabilité de faire appliquer une loi qui est adoptée par le gouvernement fédéral; de plus, la question de l'intention criminelle et celle de l'obtention d'éléments de preuve constituent assurément des obstacles de taille.
On a parlé d'éducation, comme vient de le faire. On peut bien dire aux gens de ne pas acheter des produits contrefaits parce qu'ils ne sont pas de qualité, mais quand, au Québec, les consommateurs versent 60 p. 100 de leur revenu en impôts, on peut comprendre que le prix ait nécessairement plus d'importance que la qualité pour eux.
C'est ce qui m'amène à penser qu'il y a une solution bien simple qui consiste à s'attaquer aux détaillants. On a été en mesure de rendre passibles d'une infraction tous les restaurateurs des provinces et territoires du Canada ayant de la viande avariée dans leurs réfrigérateurs, sans avoir à prouver qu'ils avaient l'intention de la vendre. Ils ne peuvent se défendre contre le fait qu'ils en possèdent, que cette viande se trouve sur les lieux. La chaîne de possession est facile à établir. On ne peut pas imputer la responsabilité à celui qui la leur a vendue. La viande est là et il y a infraction.
Parmi toutes les solutions qui s'offrent à nous, il faudra finir par choisir la plus simple. Que pensez-vous de s'en prendre aux détaillants?
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Merci, monsieur McTeague.
J'ai une question à poser. Elle sera peut-être suivie d'une question supplémentaire.
Vous dites, et je cite, qu'il faut « donner à l'ASFC l'autorité expresse de cibler, détenir, saisir et détruire les marchandises contrefaites de sa propre initiative. » Vous ajoutez qu'il faut « mettre en place des règlements qui favorisent la détection de telles marchandises, comme l'obligation de déclaration des renseignements concernant la marque, au cours des expéditions. »
Monsieur Lipkus, vous pouvez peut-être répondre à la question, puisque je crois que c'est vous qui avez préparé ce document, où vous donnez des exemples de produits contrefaits. Franchement, je ne serais pas en mesure de dire, en tant que consommateur, que ces produits sont contrefaits. Comment peut-on le savoir? Vous montrez un cravate Burberry. L'étiquette à l'intérieur dit qu'il s'agit d'une cravate Burberry. Comment les douaniers, les détaillants, ou n'importe quel autre intervenant de la chaîne d'approvisionnement, peuvent-ils savoir si ce produit est contrefait?
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C'est plus facile qu'on ne le croit généralement. Comme pour bien d'autres choses, quand on ne le sait pas, on trouve cela impressionnant. Il suffit de rechercher les petits indices qui vont nous dire si un article est contrefait ou non. Prenons l'exemple du sac à main de luxe Burberry. Les douaniers et les agents de la GRC ont fait appel à mes services pendant de nombreuses années, et je n'ai encore jamais trouvé de produits de luxe qui étaient authentiques.
Le fait est que les entreprises légitimes envoient leurs produits du point A au point B, et que les faussaires, eux, expédient les marchandises aux points C, D, E et F. Les douaniers n'ont qu'à inscrire les adresses exactes et l'ordinateur leur fournit les réponses. Ils inscrivent sacs Burberry, et voient qu'ils sont envoyés de telle ville à destination de telle autre ville. Est-ce possible? Oui, sauf que dans 99,999 p. 100 des cas, ce sont des sacs contrefaits. C'est le marché qu'il faut cibler.
Pour ce qui est de l'identification des produits contrefaits, nous organisons régulièrement des séances de formation à ce sujet. Les entreprises aussi. Je dois en donner une, mercredi, à Calgary, à plus de 100 personnes chargées de l'application de la loi. Plus de 40 entreprises sont représentées. À la fin de la séance de trois jours, les participants seront en mesure de dire si les produits sont contrefaits ou authentiques.
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Vous avez parlé de sensibilisation. Des gens de la GRC nous ont apporté des disjoncteurs comme ceux-là. Ils ont été installés dans des hôpitaux parce que même des électriciens n'étaient pas capables de faire la différence.
On devrait mener une campagne de sensibilisation parce que les gens ont beaucoup de difficulté à déterminer s'il s'agit vraiment d'une contrefaçon. Le prix peut être un facteur, mais on peut se laisser berner parce qu'on a vu des rallonges identiques à des rallonges normales, si ce n'est qu'elles ont trois brins. Cet argent ne pourrait-il pas servir plutôt à mettre plus de personnel aux douanes et aux postes frontaliers?
Si les produits qui entrent au pays dans des conteneurs sont assortis d'un brevet, on pourrait essayer de contacter le propriétaire pour savoir s'il a fait fabriquer ces produits à l'extérieur. Ce serait peut-être une piste de solution.
Monsieur Webster, vous avez dit que les délais judiciaires étaient très longs. Il peut être très clair, par exemple, que deux sacs à main ont été contrefaits, mais il s'écoule plusieurs mois avant que la cour rende une décision. Vous avez proposé d'ajouter plusieurs juges.