:
Votre attention, s'il-vous-plaît.
Je voudrais vous souhaiter la bienvenue à tous et vous remercier d'être ici ce matin. Nous sommes le comité parlementaire des langues officielles et sommes ravis de nous trouver ici à Sherbrooke.
Nous avons commencé notre tournée cette semaine à St. John's, à Terre-Neuve. Nous étions à Moncton hier et ici aujourd'hui.
Notre comité parlementaire existe depuis environ 25 ans et c'est la première fois qu'il prend la décision de parcourir le pays, de rencontrer directement les gens, sur le terrain, et de se pencher sur leurs institutions, pour voir ce qui se passe sur le terrain. Jusqu'à maintenant, cela s'est avéré très instructif.
Si nous nous tournons vers l'avenir, nous savons qu'un plan d'action a été établi et nous voulons savoir comment il fonctionne dans les collectivités. Nous voulons avoir vos opinions au sujet du plan et entendre vos propositions, si vous en avez, sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Les membres du comité présents ce matin sont: Sylvie Boucher, Pierre Lemieux et Daniel Petit, qui représentent le gouvernement; Jean-Claude D'Amours, de l'opposition officielle; et Guy André, du Bloc québécois.
Je m'appelle quant à moi Yvon Godin. Je viens du nord-est du Nouveau-Brunswick et je représente le nouveau Parti démocratique.
Pour commencer, ce matin, nous allons entendre le Réseau communautaire de santé et de services sociaux, l'Association des Townshippers et l'Université Bishop.
Je voudrais dire aux trois intervenants qu'ils disposent de dix minutes pour leurs exposés. On vous a peut-être dit trois minutes, mais vous pouvez en prendre environ une dizaine. Après cela, nous ferons un tour de table et les membres du comité poseront des questions.
Monsieur Carter.
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Si on n'avait eu que trois minutes, on était prêt à limiter nos commentaires, mais merci de nous accorder un peu plus de temps.
Le Réseau communautaire de santé et de services sociaux, Community Health and Social Services Network, est un réseau composé d'organismes communautaires, d'établissements publics et d'autres composantes du système de santé et de services sociaux du Québec. Le réseau vise la promotion de projets de partenariat afin d'améliorer l'accès en anglais aux services de santé et aux services sociaux.
Je fais la présentation surtout pour être fidèle à la directive de présenter les résultats des investissements du gouvernement fédéral dans le domaine de la santé ici, au Québec. Je vais parler de certains défis et peut-être aussi de pistes d'action, des orientations qu'on prévoit et auxquelles le gouvernement fédéral pourrait donner suite dans le futur.
Je tiens à vous remercier, membres du comité, de m'avoir invité à vous présenter un rapport sur les résultats de l'investissement de 26,7 millions de dollars, fait par le fédéral au Québec, pour améliorer l'accès aux services de santé en langue anglaise. Au total, 4,7 millions de dollars ont été consacrés à la création de réseaux officiels pour rassembler les prestataires de services et les communautés d'expression anglaise. Une autre somme de 10 millions de dollars a permis d'améliorer les conditions d'accès aux services sociaux et aux services de santé de niveau primaire, en langue anglaise. Une somme de 12 millions de dollars sert à renforcer la capacité des ressources humaines, du système de santé et de services sociaux au Québec, à desservir les personnes d'expression anglaise et à offrir, grâce à la technologie, des services aux communautés d'expression anglaise isolées.
Quels sont les résultats de l'investissement de 4,7 millions de dollars dans les réseaux communautaires et de partenariats? Cet investissement a permis de créer 10 réseaux locaux et régionaux, en plus d'un réseau provincial de 65 organismes. C'est ce réseau que je représente. Ces réseaux officiels ont rassemblé les communautés et les prestataires de services de santé et de services sociaux dans les régions suivantes: la Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine, la Basse-Côte-Nord, Chaudières-Appalaches, les Cantons de l'Est, la partie est de Montréal et l'Outaouais.
Les réseaux ont acquis une base de connaissances très importante qui leur permet de mieux cerner les besoins et définir les priorités. Quand on parle des réseaux, on parle aussi des établissements publics qui en font partie. Quand je parle de partenariat, cela inclut toujours la communauté, le réseau public de santé et de services sociaux, les centres de santé et de services sociaux et les autres établissements publics qui desservent les communautés.
Le défi premier consiste à soutenir ces partenariats dans le contexte d'un remaniement en profondeur du système de santé et de services sociaux. On est en constante réorganisation de notre système de santé ici, au Québec, comme dans d'autres provinces aussi, j'imagine, et c'est tout un défi pour les communautés que de participer pleinement à cette réorganisation échelonnée sur plusieurs années. La nouvelle formule de prestation de services au Québec a donné lieu à la création de 95 réseaux de services pour répondre aux besoins locaux. Nos 10 réseaux actuels sont en activité dans environ 25 p. 100 de ces nouveaux territoires.
L'horizon de mise en oeuvre de la réforme au Québec dépasse sûrement le présent plan d'action, qui se termine dans quelques mois. Nous prévoyons qu'un engagement du gouvernement fédéral s'impose au-delà de 2007-2008 pour aider les 11 réseaux actuels à réaliser les objectifs de réorganisation, ainsi que pour créer de nouveaux réseaux dans nombre de communautés vulnérables que l'investissement actuel dans le domaine des partenariats ne touche pas.
La deuxième mesure porte sur les soins primaires: améliorer l'accès aux soins primaires. Il s'agit d'un investissement de 10 millions de dollars. À cet égard, 37 établissements publics ont amélioré leur capacité de servir les personnes d'expression anglaise dans leur langue. Ces projets se sont réalisés sur une période de 15 mois, qui s'est terminée en mars 2006. Sept projets consistaient à coordonner les tentatives d'améliorer le taux d'utilisation d'Info-Santé, une ligne téléphonique d'information sur la santé pour les personnes d'expression anglaise. Un nouveau système téléphonique centralisé, qui a été créé grâce à l'investissement, a été mis en place dans quatre régions. Il garantira la disponibilité de ces services téléphoniques dans l'ensemble du Québec, grâce à une vaste formation linguistique et à la traduction des protocoles de soins infirmiers et des guides d'intervention sociale.
Pour ce qui est des autres projets dans ce domaine, 25 autres établissements ont amélioré leurs services de première ligne, et cinq autres centres de soins de longue durée ont adapté leurs programmes pour mieux servir la population. À titre de mesure, les établissements ont recruté de nouveaux employés ayant la capacité de desservir la population d'expression anglaise, ainsi que des bénévoles des communautés d'expression anglaise. Une formation linguistique spécialisée a été donnée aux membres du personnel, et un volume important de documents ont été traduits pour les usagers du système de santé.
En ce qui concerne les défis, le plus difficile sera de maintenir les résultats des investissements lorsque les prochaines étapes de la réorganisation se concrétiseront. Les 37 projets se sont terminés il y a quelques mois, en mars 2006. Nous avons 26 projets en attente d'un investissement supplémentaire de 3,4 millions de dollars cette année. Ce sont des activités censées se terminer en mars 2007. Nous sommes sur le point de conclure des ententes pour que le Québec reçoive cette enveloppe budgétaire de 3,4 millions de dollars.
Qu'en est-il de l'engagement autour des prestations de services? Nous pensons qu'un engagement s'impose au-delà de 2006-2007 et nous voulons que notre partenaire principal, le ministère de la Santé du Québec, continue à recevoir une contribution financière du Canada pour appuyer ses mesures d'amélioration de l'accès aux services en langue anglaise.
Soulignons que c'est une contribution récurrente qui cadre avec son plan de réorganisation pluriannuel. Nous ne voulons pas d'un projet de quelques mois seulement qui ne nous permette de participer à une étape de réorganisation que pendant ces quelques mois, et nous ne pouvons pas rester à l'étape de réorganisation si nous n'avons pas les moyens de favoriser l'adaptation du réseau public.
En ce qui a trait à la troisième mesure, le développement des ressources humaines et la prestation des services à distance, il s'agit d'un investissement de 12 millions de dollars. L'année dernière, nous avons formé 1 400 professionnels d'expression française, qui travaillent dans 81 établissements publics répartis dans 15 régions administratives du Québec. Cette formation linguistique leur permet de mieux desservir les clients d'expression anglaise. En 2006, nous avons commencé à offrir des cours de formation à 2 000 autres professionnels, qui prendront part à cette mesure.
On prévoit que l'année prochaine, 4 000 professionnels francophones au Québec, dans toutes les régions administratives, auront reçu cette formation.
De plus, nous avons réalisé 22 partenariats-pilotes novateurs dans 14 régions pour créer des stages afin d'accroître le nombre d'étudiants d'expression anglaise en sciences infirmières, en travail social et dans d'autres disciplines de la santé qui reçoivent une formation professionnelle dans les régions.
Ces partenariats réunissent — et c'est ce qui est novateur — des communautés d'expression anglaise, des établissements de langue française dans les régions et des programmes de langue anglaise d'études professionnelles. Il s'agit d'un partenariat tripartite, en fait. Ces partenariats constituent une première mesure visant à augmenter le nombre de professionnels d'expression anglaise dans les régions, pour desservir les communautés.
Passons maintenant aux défis.
Il me reste deux minutes?
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Je m'appelle Michael Van Lierop et je suis président de l'Association des Townshippers.
[Français]
Bonjour, tout le monde. Je voudrais vous remercier de me permettre de vous parler aujourd'hui de notre position concernant le plan d'action de 2003 pour les minorités de langue officielle.
[Traduction]
L'Association des Townshippers est un organisme bénévole à but non lucratif et non partisan. Il œuvre au nom de 41 000 personnes d'expression anglaise dispersées sur un territoire en grande majorité rural de la dimension à peu près de la Belgique. On trouve une carte ainsi que de l'information de base pertinente dans le livre Profil de la communauté d'expression anglaise dans les Cantons-de-l'Est dont nous vous avons remis un exemplaire.
Au cours des trois dernières décennies, la taille et le profil de la communauté d'expression anglaise dans les Cantons-de-l'Est ont changé de façon dramatique. Notre communauté a perdu à peu près 30 p. 100 de ses membres et ne constitue actuellement qu'environ 6 p. 100 de la population totale. Elle comporte un taux d'aînés élevé et un faible taux de jeunes. Les anglophones âgés de 15 à 44 ans ont des niveaux de scolarité, d'emploi et de revenu inférieurs à ceux de leurs homologues francophones ou de leurs aînés anglophones.
Ces caractéristiques représentent des déterminants de santé clés. La communauté d'expression anglaise dans les Cantons présente des besoins particuliers en services de santé et sociaux. Pour les jeunes, les services sociaux sont névralgiques. Par exemple, le bureau de la Protection de la jeunesse à Cowansville signale qu'en mars 2006, 52 p. 100 des cas traités étaient des anglophones, même si les anglophones ne représentent qu'environ 23 p. 100 de la population de la région avoisinante.
L'efficacité des services sociaux repose en grande partie sur la langue — compréhension claire et nuancée.
Dans un autre domaine, la langue devient un facteur clé dans la prestation de services aux aînés, dont le niveau de bilinguisme en général est moins élevé que celui des jeunes.
Dans la situation actuelle, nous pouvons témoigner de la capacité du Plan d'action pour les langues officielles à réaliser des changements mesurables et durables. Nous avons noté ses effets sur notre communauté dans le domaine des services de santé et sociaux. Voici ce que le Plan d'action a apporté dans la région : tout d'abord, la démarche de Partenariat et Réseautage dans les services de santé et sociaux; deuxièmement, les séances de télésanté; troisièmement, les démarches en soins de santé de première ligne; quatrièmement, la formation en langue des intervenants de première ligne en services de santé et sociaux; cinquièmement, le développement de ressources humaines.
Dans les Cantons-de-l'Est, une démarche de partenariat des services de santé et sociaux ainsi que de réseautage a permis la création de deux groupes de réseautage, d'un service d'information et de référence, d'une banque de bénévoles et d'un réseau d'information pour les aînés. Les deux groupes de réseautage ont réalisé des évaluations des besoins et ont rallié la collaboration des fournisseurs de services. Ils y sont parvenus en sensibilisant les fournisseurs de services aux réalités courantes de la communauté d'expression anglaise et en réunissant les fournisseurs de services et des membres de la communauté afin qu'ils travaillent ensemble pour améliorer l'accès aux services. Récemment, plus de 80 intervenants ont assisté à un colloque sur la jeunesse, sur les besoins de la communauté ainsi que sur les services disponibles.
En une année, le service d'information et de référence de l'Association a reçu 150 demandes de membres de la communauté à propos des services de santé et sociaux. Même si les services qu'ils cherchent sont parfois déjà disponibles en anglais, ces derniers ne sont pas accessibles parce que les aînés, par exemple, peuvent ne pas être capables de les trouver dans l'annuaire téléphonique. Des fournisseurs de soins de santé téléphonent également pour demander de l'aide afin de diriger un client vers des ressources en anglais ou à propos de bénévoles d'expression anglaise.
D'autres initiatives réalisées grâce au Plan d'action fédéral portent sur la traduction de documents des services de santé et sociaux locaux; des séances d'information pour les aînés; des activités de sensibilisation à la santé mentale; et des ateliers. Ces démarches ont mené à l'amélioration des relations entre les intervenants de première ligne et la communauté d'expression anglaise. Comme le déclarait un intervenant: « Nous savions que la communauté d'expression anglaise présentait des besoins auxquels nous ne répondions pas. Mais nous ne savions pas comment rejoindre les membres de la communauté. En organisant ces séances d'information, vous avez réussi à faire réaliser cet arrimage. »
La communication, la compréhension et la collaboration entre les fournisseurs de services et les membres de la communauté d'expression anglaise: voilà les facteurs qui ont mené à l'amélioration de l'accès aux services pour notre communauté. La démarche de partenariat et de réseautage s'est aussi traduite par des mesures améliorant concrètement l'accès. Par exemple, deux centres de santé ont été les premiers à donner de l'information en anglais sur leur site Web; d'autres ont placé bien en vue leurs dépliants d'information en anglais.
Deux éléments constituent la clé du succès de ces groupes de réseautage. D'abord, nous devons recevoir un soutien financier pour des ressources et des coordonnateurs qui peuvent travailler de façon efficace avec nos partenaires, ce que ne peuvent faire des bénévoles. Ensuite, nous devons recevoir des ressources de telle sorte que ces groupes de réseautage sont gérés par la collectivité. Nous espérons sérieusement que nous pourrons continuer à profiter de ces éléments clés.
De notre point de vue, le Plan d'action 2003 a pris du temps pour s'implanter dans des domaines tels que l'éducation, le développement économique et la fonction publique. Les anglophones de notre région ont un besoin réel d'améliorer l'enseignement de la langue française dans les écoles de même que chez les adultes. Malgré des contraintes financières énormes, la Commission scolaire Eastern Townships a augmenté, dans le curriculum, la proportion de cours offerts en français dans ses écoles. Le plan d'action devrait fournir un soutien à cette initiative. Les adultes anglophones à faible revenu n'ont pas accès actuellement à des cours de français gratuitement. Il s'agit d'un besoin criant.
La communauté d'expression anglaise dans les Cantons a subi un exode des meilleurs et des plus brillants de ses membres qui sont partis à la recherche de meilleures perspectives d'emplois ailleurs. L'Association des Townshippers cherche de manière urgente à améliorer l'accès des anglophones à des perspectives d'emploi et d'entrepreneuriat dans notre région. Tant que le portrait actuel d'une faible scolarisation, d'un faible taux d'emploi et de revenu ne changera pas, la communauté d'expression anglaise ne peut apporter sa juste part à la prospérité des Cantons-de-l'Est. Notre optique vise à représenter un atout économique dans l'ensemble de la société plutôt qu'un fardeau.
L'Association des Townshippers collabore avec le Quebec Community Groups Network afin d'inciter les anglophones à postuler des emplois dans la fonction publique fédérale au Québec. Malgré tout, seulement 7,5 p. 100 des fonctionnaires fédéraux au Québec sont d'expression anglaise, alors que ce devrait se situer à 12,9 p. 100. Dans les Cantons-de-l'Est, selon certains rapports anecdotiques, la fonction publique fédérale ne possède toujours pas la capacité de donner des services de base bilingues de façon régulière. Il est toutefois difficile d'évaluer l'efficacité du plan d'action fédéral puisque plusieurs de ses recommandations ne sont pas encore mises en œuvre. Au cours des prochaines années, nous espérons pouvoir constater un impact dans les domaines de l'éducation, du développement économique et de la fonction publique.
En résumé, nous recommandons ce qui suit: tout d'abord, reconduire le Plan d'action 2003 et un appui plus actif du gouvernement du Canada; deuxièmement, poursuivre les démarches dans le domaine des services de santé et sociaux et les élargir, tout en continuant à favoriser la participation de la communauté à ces mesures; et, enfin, mettre en œuvre complètement les mesures reliées à l'éducation, au développement économique et à la fonction publique et prolonger le temps alloué à leur mise en œuvre.
Le plan d'action fédéral pour les minorités de langue officielle est extrêmement prometteur et a donné des résultats très positifs pour notre communauté, là où il a été mis en œuvre. Cependant, il a été en partie paralysé par la lenteur de sa mise en œuvre. Nous, vos partenaires communautaires, nous efforçons d'être vigilants et responsables dans notre utilisation des fonds publics. Cependant, cette vigilance se voit gravement compromise lorsqu'on nous donne deux ou trois ans pour parachever un plan d'action de cinq ans. Les problèmes auxquels s'attaque le plan sont très complexes, comme vous pouvez le constater. Un financement à long terme est nécessaire pour les résoudre.
Merci.
:
Bonjour. Je m'appelle Jonathan Rittenhouse et je suis vice-président de l'Université Bishop's.
En préambule à ce que je m'apprête à dire, laissez-moi préciser que Bishop's n'a ressenti aucune répercussion directe du fonctionnement du Plan d'action 2003; vraiment aucune. Notre exposé pourrait donc être fort succinct.
[Français]
Mais je suis ici pour parler des activités passées et futures de notre université en rapport avec la vitalité de la communauté minoritaire du Québec. Comme vous le savez, l'Université Bishop a été établie avant notre Confédération canadienne et elle est, encore aujourd'hui, la principale institution anglophone à l'extérieur de Montréal. Elle est une composante majeure de la vitalité de la communauté minoritaire du Québec. Comme vous le savez également, nous sommes une université de taille modeste, mais nous continuons à attirer des étudiants et étudiantes des quatre coins du monde.
[Traduction]
Dix pour cent de nos étudiants proviennent de plus de 50 pays, 45 p. 100 d'entre eux de toutes les provinces et de tous les territoires du Canada et plus de 20 p. 100 sont des francophones du Québec. S'ils viennent, c'est pour notre réputation bien établie comme institution axée sur l'étudiant; en outre, pour les gens venant de l'étranger, nous sommes une porte d'entrée sûre, à échelle humaine, pour le Canada et pour le Québec. Si nous attirons des gens du Québec, c'est aussi parce que nous sommes une porte d'entrée sûre et à échelle humaine pour le Canada et le monde.
[Français]
Dans notre cours d'instruction de premier cycle — et nous avons reçu des prix pour cette catégorie d'évaluation —, nous donnons à nos étudiantes et étudiants des occasions riches, intenses et non artificielles d'établir des contacts avec un large éventail de personnes et de cultures.
[Traduction]
Notre centre de recherche des Cantons-de-l'Est promeut depuis près de 25 ans l'étude la région, avec un accent particulier sur la communauté minoritaire. Mais comme l'a montré sans équivoque la conférence la plus récente, que nous avons tenue cette fin de semaine, — c'était une conférence axée sur le visage changeant de nos communautés culturelles dans la région —, nous avons de la collectivité et de la région une acception ouverte et large.
Qui plus est, le centre des recherches des Cantons-de-l'Est de l'université abrite officiellement le patrimoine des archives de la collectivité anglophone. Nous avons réuni, préservé et rendu disponible les archives personnelles et institutionnelles de notre région, par exemple, l'Association des Townshippers.
[Français]
Pendant plus de deux générations, notre école des sciences de l'éducation a joué un rôle majeur dans la formation des enseignantes et enseignants qui ont travaillé, et qui travaillent encore, dans toutes les commissions scolaires du Québec, particulièrement dans les régions rurales.
Notre centre d'entrepreneurship Dobson-Lagassé a établi, depuis cinq ans, sa réputation de centre innovateur qui offre des cours, des avis et des conseils à de nouveaux entrepreneurs avec l'aide d'un grand réseau de notaires. Ainsi, toutes nos ressources culturelles — notre grand théâtre, notre théâtre-studio, notre galerie d'art, notre salle de concerts, notre bibliothèque et notre terrain sportif — offrent à notre communauté des ressources et des activités d'un niveau sans pareil à l'extérieur de Montréal. Mais nous pouvons et devons faire plus et mieux, peut-être avec l'aide du plan progressif de 2003 pour l'avenir du bassin du lac Champlain.
Nous sommes maintenant en cours de planification stratégique globale pour l'institution. Comme l'a dit notre directeur, M. Robert Poupart, cette planification a pour but fondamental d'assurer notre vitalité pour le XXIe siècle. Nous présumons qu'il dirait aujourd'hui que notre vitalité future est importante, non seulement pour la vitalité de la communauté minoritaire à l'extérieur de Montréal, mais aussi pour la communauté majoritaire.
[Traduction]
Avec, là aussi, un plan d'action de 2003 pleinement mis en oeuvre, je dirais spécifiquement que nous sommes prêts à jouer un rôle encore plus crucial dans le développement local. Nous souhaitons élargir nos activités afin de mieux englober le sentiment d'apprentissage tout au long de la vie et de répondre à la demande récente du gouvernement provincial, qui voudrait voir les institutions d'éducation mieux au service de leurs collectivités. Dans le rapport du gouvernement, on dit « envers la demande ».
Nous pensons pouvoir élargir nos services afin de répondre aux besoins de la communauté majoritaire en matière de formation professionnelle, notamment grâce à notre longue expérience de l'enseignement des secondes langues, enseignement où nous incluons toujours un élément culturel. C'est un service qui peut attirer des étudiants venus de l'étranger à notre campus, et qui le fait d'ailleurs, ce qui étend la réputation du Québec plus largement.
Qui plus est, nous pouvons travailler en plus étroite collaboration avec les organismes anglophones locaux et les employeurs locaux afin d'adapter les cours que nous offrons à leurs besoins pressants tant dans le domaine social que dans le domaine commercial. On vient de vous présenter avec beaucoup de détail ces besoins.
Nous croyons sincèrement que le gouvernement fédéral, grâce à son plan d'action et à d'autres démarches, peut jouer un rôle positif et aider notre institution à atteindre ces objectifs.
[Français]
Enfin, nous avons déjà parlé avec des représentants fédéraux de notre grand projet d'établir l'équivalent de la Grande Bibliothèque à Montréal. Nous souhaitons agrandir et réanimer notre bibliothèque et en faire une grande ressource intellectuelle, culturelle et sociale; une ressource ouverte pouvant répondre aux besoins des utilisateurs et pouvant assurer la vitalité continue de notre université et des communautés minoritaires et culturelles hors de Montréal, des Québécois et Québécoises de la région; une ressource qui permette à l'université de continuer à attirer des gens à notre petite institution.
Comme notre slogan le dit: « Une petite université, une grande institution ».
[Français]
Mesdames et messieurs, bonjour. Je m'appelle Robert Donnely.
[Traduction]
Je suis président de Voice of English-Speaking Québec, dont le siège social se trouve à Québec.
Ce matin, vous avez entendu certaines organisations vous présenter des idées. Dans la deuxième partie de la matinée, vous allez entendre un exposé de ma part. Je représente l'une des 25 organisations qui font partie du Quebec Community Groups Network.
Je fais également partie de l'exécutif du QCGN, et après moi vous entendrez M. Riordon. Il est trésorier et parlera au nom du Quebec Community Groups Network. Donc, vous entendrez les témoignages de l'une des organisations après quoi vous entendrez un représentant du groupe cadre, qui est le QCGN. M. Riordon aura des choses intéressantes à dire à propos des budgets et du soutien aux collectivités.
[Français]
Je pense que je devrais venir à Sherbrooke plus souvent. Je ne savais pas que la route 55 était terminée et qu'elle avait quatre voies, parfois même cinq voies. C'est très impressionnant.
Le Voice of English-Speaking Québec, VEQ, est une association qui compte 1 100 membres de la communauté de Québec. Le représentant de l'Université Bishop a dit ce matin qu'il faisait partie de la principale institution anglophone hors Montréal. Le VEQ de Québec n'est peut-être pas une aussi grande organisation, mais nous sommes une des plus dynamiques. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi.
Dans une communauté régionale d'environ 700 000 habitants, 1 100 membres ne représentent pas un gros pourcentage.
Je ne savais pas quel genre de consultations il y aurait aujourd'hui. J'aurais peut-être dû apporter avec moi davantage de documents, plutôt que deux pages photocopiées, mais les idées viendront quand même.
Je vais d'abord vous expliquer un peu ce qu'est le VEQ et vous parler du concept du Vitality Logic Model. Pour finir, je ferais quelques commentaires sur le VEQ en tant qu'association régionale, nos buts et ce à quoi nous allons travailler au cours des trois prochaines années.
Je vais lire en anglais les trois premiers paragraphes pour expliquer un peu notre mandat. La version française du document est très semblable à l'anglaise.
[Traduction]
VEQ est un organisme autonome sans but lucratif dédié à la préservation d'une communauté d'expression anglaise dynamique dans les régions de Québec et de Chaudière-Appalaches, et à la promotion de ses intérêts. Tous ceux qu'une telle initiative intéresse sont de toute évidence les bienvenus dans notre organisme. VEQ croit en une formule forfaitaire visant une communauté qui inclut tous les individus, les groupes de citoyens et les institutions structurées, qui se doivent, ensemble, de jouer un rôle important et de participer dans la composante d'une communauté qui doit devenir forte et dynamique.
Une résultante de sa politique de diversification a vu VEQ accroître son réseau d'une façon constante depuis 1982, son année d'incorporation. À l'heure actuelle, VEQ maintient un partenariat actif avec environ 60 groupes et associations communautaires et est fière de mentionner une adhésion à sa cause par près de 1 100 personnes. L'administration interne de VEQ représente un échantillon de la structure de la communauté anglophone locale et même de membres de la collectivité francophone.
L'organisation est gérée par un conseil d'administration composé de 21 bénévoles. Le conseil est composé de personnes qui sont activement impliquées dans la communauté locale anglophone. À l'heure actuelle, des représentants de la Commission scolaire anglophone, de la communauté d'affaires, des églises et des services de santé et services sociaux siègent au conseil.
Les opérations quotidiennes de VEQ sont gérées par une directrice générale avec l'aide de plusieurs sous-comités et de coordonnateurs/coordonnatrices de projet. Le bureau central de VEQ à Québec se compose d'un effectif de deux employés à temps plein et parfois d'une troisième personne chargée de projets individuels.
Des employés de VEQ et la directrice générale réfèrent tout problème d'envergure aux sous-comités compétents pour obtenir orientation et conseils. Ultérieurement, le président du sous-comité fait rapport des progrès au conseil d'administration.
Nous sommes fiers de dire que nous avons un conseil actif de 21 membres, dont 19 sont en fonction à l'heure actuelle. Nous tenons six réunions par année. La grande majorité de nos membres assiste à ces réunions et participe à nos travaux et nous fournit ses commentaires.
La participation de VEQ dans la communauté locale anglophone peut se résumer de plusieurs façons. D'abord, VEQ fournit des information aux personnes qui ont besoin de services en anglais. Vous avez entendu ce matin le témoignage de Jim Carter à propos des services sociaux et de santé. Avant que tout ce secteur soit mis sur pied, au cours des cinq dernières années, VEQ a été le point de départ pour les personnes désirant savoir où elles peuvent obtenir des services en anglais et comment on peut leur venir en aide.
Le service de référence attire une clientèle variée, allant de groupes communautaires qui recherchent une occasion d'annoncer leurs produits et services, à des résidents anglophones désirant des services spécialisés en anglais, aux nouveaux arrivants dans la communauté à la recherche d'une vue d'ensemble de ce qui est offert et où ces services sont localisés. Un des services de VEQ qui est grandement apprécié est celui de la banque d'emplois qui détaille les emplois disponibles dans la région nécessitant une connaissance de l'anglais.
Par ailleurs, VEQ participe activement à la communauté anglophone en organisant des activités communautaires et sociales et aussi en étant un principal intervenant dans la défense de causes communes. À cet égard, VEQ s'intéresse principalement à soutenir les divers établissements anglophones faisant partie de la collectivité anglophone locale.
La vitalité des petites collectivités est directement influencée par le degré d'implication des institutions qui l'entourent. Les organisations culturelles, les écoles, les hôpitaux, les foyers pour personnes âgées, les médias et d'autres services sociaux sont tous importants lorsqu'on considère le rôle que jouent les institutions pour contribuer au bien-être d'une collectivité et, j'ajouterais, pour contribuer à créer un sentiment d'appartenance.
Ce sentiment d'appartenance m'amène à vous parler d'un deuxième document qui porte sur ce que nous appelons un modèle de logique conceptuel de vitalité. Vous verrez qu'on le désigne comme modèle conceptuel du QCGN. En fait, en tant que membre de l'exécutif, je suis également président du comité de développement communautaire, une initiative du QCGN. Nous avons joué un rôle actif à cet égard et nous travaillons à trouver des solutions pour les collectivités en leur offrant conseils et aide en matière de développement communautaire.
Il importe de signaler que le développement communautaire n'est pas une fin en soi. Le développement communautaire est un moyen d'arriver à une fin. C'est l'une des pièces du casse-tête. Les gens croient parfois que le développement communautaire est la solution à tout. C'est une partie de la solution mais pas la seule solution. Donc ce petit tableau, dont vous avez une copie en anglais ou en français, mis à part les différentes couleurs, vous indique simplement les différentes composantes qui entrent en ligne de compte.
À gauche, l'encadré sur la situation illustre le déclin de la vitalité au sein des communautés anglophones minoritaires dans la province de Québec. C'est la situation. Je pense que vous en avez entendu parler ce matin. Si vous prenez le document de deux pages que nous vous avons fourni, vous y trouverez un graphique qui montre le déclin de la population anglophone d'après les recensements de 1991 à 2001. Nous avons la quasi certitude que le recensement 2005 suivra la même tendance. À la dernière page, vous trouverez des chiffres très clairs, notamment sur les anglophones qui quittent la région du Québec. Nous essayons de renverser la tendance, comme la plupart des organisations au sein du QCGN.
Dans ce document, vous pouvez voir le rôle par différents facteurs. Le premier encadré bleu représente les indicateurs de vitalité dans les divers domaines. Vous pouvez constater que les services de santé et les services sociaux, au milieu, ne représentent qu'un indicateur parmi cinq autres. Vous avez beaucoup entendu parler de ce domaine ce matin, mais il y a d'autres domaines qui sont également très importants.
Le grand encadré bleu illustre les niveaux d'influence du QCGN, à savoir sociétal, sectoriel, communautaire, familial et individuel.
Quels sont les investissements visant à renforcer la vitalité? Nous agissons par le biais de l'élaboration de politiques, de la recherche, du développement communautaire, de la représentation et du réseautage. C'est pour cela que je vous disais plus tôt que le développement communautaire avait un rôle à jouer mais ne représentait pas à lui seul toute la solution.
Qui sont les bénéficiaires? Cela va de la société canadienne jusqu'aux individus au sein des communautés.
Les deux derniers encadrés illustrent nos objectifs à court terme et à long terme. À court terme, nous souhaitons renforcer la participation communautaire, développer la participation régionale et gouvernementale, accroître la participation sectorielle, consolider le sentiment d'appartenance, et répondre aux besoins identifiés par la communauté anglophone.
À long terme, nous avons parfois les mêmes objectifs, comme l'accroissement du sentiment communautaire et d'appartenance, ainsi que ce concept de vitalité, qui est d'ailleurs le titre de ce modèle de logique conceptuelle. Nous visons également à une amélioration de la sécurité, de la santé et du bien-être; un accroissement des services en anglais; des possibilités d'éducation et d'emploi accrues, et des niveaux accrus d'activité culturelle. Je suis certain que tout le monde s'accordera à dire que ce sont des objectifs louables, mais on en parle toujours dans une optique d'amélioration, de progrès, et c'est dans ce cadre-là que nous pensons que la vitalité peut être utile.
Le QCGN est principalement financé par PCH-Patrimoine Canada, qui représente l'une des 25 organisations. Cet organisme nous verse environ 150 000 $ de financement de base. Nous obtenons parfois des subventions de 30 000 $ ou de 40 000 $ pour des projets individuels. Cependant, notre financement ne provient pas seulement du palier fédéral. Nous présentons des demandes pour des subventions provinciales du Fonds jeunesse Québec, ainsi que dans d'autres domaines, car c'est tout aussi important pour les dossiers sur lesquels nous travaillons. L'essentiel, c'est la vitalité communautaire, et le développement communautaire représente un moyen important d'arriver à nos fins.
Nous représentons l'une des quelque 25 organisations au sein du QCGN, et nous ne sommes pas très différents des autres. Nous devons présenter notre plan d'action, notre plan stratégique, à PCH un an avant son approbation. Nous travaillons actuellement à l'élaboration d'un plan stratégique sur deux ans pour notre organisme. Notre conseil d'administration s'est réuni à plusieurs reprises. Nous avons contacté nos membres. Au cours des deux derniers mois, nous avons rencontré 200 membres de notre communauté par groupe de une, deux, cinq ou dix personnes, nous avons rencontré des groupes confessionnels, des groupes sociaux, etc., afin d'entendre ce qu'ils avaient à dire sur VEQ, ce que nous devrions faire d'après eux, s'ils pensent que nous sommes sur la bonne voie. Nous présentons ensuite les résultats à notre conseil d'administration, et nous décidons des domaines dans lesquels nous allons oeuvrer l'année suivante et l'autre année et il est toujours question de vitalité. Comme vous pouvez le constater, les trois piliers de VEQ visent à mettre un terme à l'exode.
Comment réaliser cela au Québec? De deux façons. Nous travaillons avec les nouveaux venus au Québec, surtout les anglophones, avec l'Université Laval, et avec les entreprises qui font venir des gens. C'est essentiel, surtout après deux, trois ou quatre ans, lorsqu'ils doivent choisir de retourner à Toronto, Calgary, Detroit, Los Angeles, ou rester ici. Nous devons faire en sorte qu'ils aient envie de rester.
Le deuxième volet important, c'est notre initiative jeunesse, nous travaillons avec les jeunes pour les aider dans leurs perspectives professionnelles. S'ils décident d'aller à l'université, nous devons faire en sorte qu'ils aient envie de revenir au Québec parce que cette province a quelque chose à leur offrir.
Le deuxième élément essentiel sera la conservation et la direction de nos institutions. En venant ici aujourd'hui, j'ai entendu à la radio que dans la région de Châteauguay il est question de fermer trois écoles anglaises. C'est toujours ce qui se passe ici au Québec. L'an dernier, à Québec, à la base de Valcartier, il y avait un projet de fermer l'école et d'envoyer les enfants aux deux écoles de langue anglaise du centre-ville. Des anciens combattants s'en sont mêlés et ont exercé des pressions parce qu'ils jugeaient qu'il s'agissait d'une institution importante.
La dernière chose, c'est tout simplement de créer un sentiment d'appartenance. Pourquoi? Parce que si vous avez le sentiment qu'une communauté existe et que vous en faites partie, alors vous trouvez que c'est important.
Merci.
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Merci. Au nom des 25 groupes adhérents du Quebec Community Groups Network, je tiens à vous dire ma reconnaissance de l'occasion qui nous est donnée de décrire publiquement ce qu'est notre réalité et en particulier à vous remercier d'être venus ailleurs qu'à Montréal, même si cette région est importante elle aussi.
Le plan d'action fédéral et l'appui constant du ministère du Patrimoine canadien et de quelques autres ministères fédéraux fournissent des fonds de démarrage dont ont désespérément besoin les grands efforts entrepris par les bénévoles de la communauté de langue anglaise pour essayer de rebâtir ou à tout le moins assurer la survie de la communauté anglophone au Québec.
Quels sont les résultats? Eh bien, nous avons obtenu certains bons résultats. Il y a d'excellents résultats dont nous devrions tous nous réjouir et dont nous nous réjouissons en effet et nous aimerions vous en faire part.
Ce matin, Jim Carter vous a parlé de l'accès aux soins de santé en anglais que Santé Canada continue d'appuyer à l'aide d'un programme important. Ce résultat préliminaire donne à penser qu'il y a des progrès valables. Ce programme est rendu au milieu de sa durée de cinq ans et on espère que le financement continuera au-delà des cinq premières années. Le développement de la communauté réalisé par nos groupes adhérents est financé surtout par Patrimoine canadien et c'est la pure vérité de dire que ces groupes ne pourraient pas en général survivre sans cette aide. La plupart des groupes font de gros efforts, mais avec des moyens très limités et dans des circonstances difficiles. Les efforts sont appréciés, mais les résultats ne sont pas suffisants pour conclure que la communauté exhibe une grande vitalité, à quelques rares exceptions près.
L'injection récente de fonds de Patrimoine canadien par l'intermédiaire du ministère de l'Éducation du Québec, ce qui est toute une réalisation quand on connaît les antécédents de leurs relations, permettra de créer 15 centres d'apprentissage locaux dans le secteur anglais. Ces centres d'apprentissage, espère-t-on, renforceront tant les communautés que les écoles anglaises en les aidant à travailler plus efficacement ensemble. On espère beaucoup que ce modèle sera productif et qu'il pourra être répété dans l'avenir.
Des groupes sectoriels, distincts des groupes régionaux, sont présents dans le domaine des arts, du théâtre, des médias, du patrimoine rural et agricole, de l'enseignement aux adultes et à distance ainsi que dans d'autres secteurs. Ils bénéficient tous d'appuis essentiels et viennent consolider la communauté de manière utile.
Je suis très fier des réalisations de beaucoup de ces groupes, qui travaillent avec très peu de moyens mais qui arrivent à changer les choses dans leur communauté. Tout ce travail est très apprécié et fournit des appuis qui sont tout à fait les bienvenus dans la communauté anglaise, mais si nous prenons du recul et adoptons une perspective plus vaste, comment se porte la communauté anglaise au Québec? On a déjà entendu ce matin quantité de descriptions de la situation de la communauté anglaise.
Regardons un peu en arrière. Au cours des trois dernières décennies et demie, plus d'un quart de million de Canadiens anglais ont quitté le Québec. L'exode continue. La population anglaise qui reste est plus vieille que sa cohorte française parce que beaucoup de ceux qui partent sont plus jeunes et plus instruits et donc plus mobiles. Les jeunes qui restent sont moins bien instruits et souffrent donc d'un taux plus élevé de chômage et connaissent un taux plus bas de réussite socio-économique.
Au sein de la communauté anglaise, les infrastructures, comme les écoles, ne cessent de vieillir. Certaines de nos écoles ont 100 ans. Il n'y a pas vraiment de source de ressourcement de la communauté. L'immigration est en grande partie bloquée par la loi. Le taux de natalité est évidemment très bas en raison de l'âge médian de cette population.
C'est un fait qu'une communauté anglaise prospère au Québec est un atout précieux à la fois pour la province et pour notre grand pays. Mais si l'on veut être réalistes et si l'on prend le temps de regarder ce qui se passe, la tendance augure mal pour la survie de cet atout national si les niveaux actuels d'appui restent les mêmes dans l'avenir.
Les populations minoritaires françaises et anglaises au Canada sont de taille très semblable, soit un peu moins d'un million chacune. Les échos que j'ai de la minorité francophone à l'extérieur du Québec me portent à penser que l'aide qu'elles reçoivent produit des résultats positifs. Je m'en réjouis. Nous nous en réjouissons tous. Toutefois, il est temps de se demander si le Canada veut conserver une population d'anglophones au Québec ou s'il est plus commode politiquement de nous laisser tous émigrer ou nous éteindre.
Je pose la question: que veut le Canada?
Le QCGN, mes collègues et moi-même voulons que notre grand pays reste bilingue et qu'il y ait une communauté anglophone active et dynamique au Québec. Je vous demande de faire en sorte que nous ayons les outils et l'aide dont nous avons besoin pour réussir.
Merci.
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J'enseigne dans un cégep public anglophone à Québec où il y a 1 000 étudiants. Il s'agit du St. Lawrence Campus du Champlain College, qu'on trouve aussi à Lennoxville.
Maintenant, la grande majorité de nos étudiants sont des francophones qui viennent faire des études au cégep en français; c'est un choix qu'ils font. Comme vous le dites, les gens doivent maintenant être bilingues quand ils finissent leurs études.
Cela fait 30 ans que j'y enseigne. C'est bien évident que d'année en année, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir aller faire des études universitaires à l'extérieur. Pour nous, à Québec, l'extérieur n'est pas seulement l'Ontario et le Nouveau-Brunswick; c'est aussi Montréal. Quand les étudiants partent pour trois, quatre ou cinq ans, il est difficile de les faire revenir.
Il y a deux ans, en 2004, on a fait une étude auprès de 1 080 élèves du secondaire IV, du secondaire V et du cégep. On leur a demandé comment ils entrevoyaient leur avenir. Ensuite, on a dégagé les réponses des 400 élèves anglophones pour les étudier, mais les réponses étaient partout les mêmes: la priorité était l'emploi. Pour les anglophones, même à Québec, le bilinguisme n'était pas un atout pour l'emploi. En tout cas, ils n'en sont pas convaincus. Par contre, la Chambre de commerce de Québec nous dit toujours le contraire, mais les jeunes n'en sont pas convaincus. De leur côté, les francophones associent les études universitaires, comme vous venez tout juste de le dire, à la vitalité de la communauté où ils iront étudier. Ils se demandent s'ils auront un avenir là où ils iront. Ils ont cependant des raisons de retourner dans leur milieu: des amis, un emploi, une famille, etc. Quand plusieurs amis quittent pour aller à l'université, ils restent tous ensemble là où ils vont étudier. Alors, c'est un problème. On travaille beaucoup avec les jeunes afin d'essayer de s'organiser et de contrer cette situation, mais c'est un travail énorme, bien sûr.
Mais les nouveaux arrivants, que j'appelle les new comers, nous aident beaucoup. En effet, ils pourront remplacer ceux qui auront quitté. Ils veulent devenir bilingues, mais ils veulent aussi demeurer à Québec. On peut réussir à les intégrer à notre communauté et à les retenir.