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Ceci s'adresse à mes collègues. Je demande à nos témoins d'aujourd'hui de bien vouloir m'excuser.
Au sujet de la motion de Mme Bourgeois, dont nous traiterons plus tard, j'ai deux ou trois préoccupations que je veux vous soumettre, si vous me le permettez.
Le fait est que notre comité a pour mandat de superviser les politiques et non pas nécessairement de prendre des décisions en la matière; c'est la pratique. Il se peut que cette décision serve les intérêts de l'État ou du contribuable, mais pas nécessairement, et nous pourrions même créer non seulement des pertes, mais aussi une responsabilité civile pour la Couronne, puisqu'il s'agit de quelque chose de permanent.
Quoi qu'il en soit, je pense que nous devrions demander un avis juridique ici, aujourd'hui, avant de passer au vote. Il s'agit simplement de demander l'opinion juridique de la Chambre à ce sujet, si quelqu'un peut venir.
Nous ne voulons pas reporter notre décision. Nous voulons qu'une décision soit prise aujourd'hui et nous avons toute latitude pour prendre cette décision, mais je crois que cela est une précaution à instaurer pour nous éviter de faire quelque chose qui n'est peut-être pas bénéfique pour la Couronne, les contribuables ou des tierces parties.
Je vous demande d'y réfléchir.
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Je vous remercie, madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité, de m'avoir invité à comparaître.
Lorsque je suis venu témoigner devant le comité, le 29 mars dernier, pour examiner les pratiques de recrutement, de maintien en poste et d'embauche du gouvernement fédéral sous le prisme de l'équité en matière d'emploi, mes collègues et moi avons eu l'occasion de faire la lumière sur les enjeux auxquels sont confrontés les conseillers et conseillères en rémunération.
Je réagissais ainsi aux interventions d'une présidence qui était, et qui je l'espère l'est encore, frustrée et mécontente du fait qu'un gouvernement après l'autre se soit trompé sur les priorités à fixer en ce qui concerne la classification, le recrutement et la formation des conseillers et conseillères en rémunération.
Madame la présidente, le 29 mars, vous avez déclaré « il est évident que nous devons passer à l'acte parce que personne ne voudra travailler pour nous si nous ne pouvons les payer ». À peu de choses près, ma prédécesseure avait dit la même chose lors des Congrès nationaux triennaux de l'AFPC en 2003 et en 2006.
D'ailleurs, j'espère de tout coeur que l'attention que porte le comité à ce dossier donnera lieu à des mesures concrètes et me permettra d'annoncer au Congrès de 2009 que le gouvernement a enfin saisi les enjeux et qu'il a doté ses conseillers et conseillères en rémunération, pour ne nommer que ce groupe, d'un système de classification juste et raisonnable.
Le 29 mars dernier, nous avions déclaré qu'un système de classification inadéquat était la cause sous-jacente de la situation que vivaient les conseillers et conseillères en rémunération et nous avions constaté que leur norme de classification, qui remonte à 1965, n'avait jamais été mise à jour.
Au cours des 42 années qui se sont écoulées, la nature du travail s'est considérablement transformée. Qui plus est, la complexité des dossiers et le nombre de règlements et de dispositions législatives n'ont fait que croître. Or, le rythme des changements apportés à la classification des conseillers et conseillères en rémunération n'a pas suivi le rythme des changements apportés aux programmes et aux textes législatifs. Peut-on parler de justice?
Je dois dire que j'ai soulevé la question avec le , le 16 avril, quelque temps après m'être présenté devant le comité. Honnêtement, le ministre s'est dit inquiet de la situation. Seul le temps nous permettra de constater si son inquiétude se traduira par des mesures concrètes et pertinentes.
D'ici là, l'intérêt que vous portez à ce dossier, les pressions exercées par le syndicat et les appels lancés individuellement par les conseillers et conseillères auprès du ministre et des représentants du ministère seront les seuls moyens de faire avancer les choses.
Je parle en toute connaissance de cause. Les dossiers de classification sont longs à régler et, pour une raison qui m'échappe, le gouvernement est incapable de mener à terme plus d'un dossier à la fois.
Ainsi, lorsque mon syndicat et l'AGRHFPC se sont entendus, il y a un peu plus d'un an, pour mettre en place un système de classification complet pour le groupe PA, nous savions fort bien qu'il faudrait faire attendre d'autres groupes du secteur fédéral avant que leurs questions de classification, si légitimes soient-elles, ne puissent être prises en considération. Malgré les contrecoups, c'était la décision à prendre. En effet, le groupe PA, le plus important du secteur public fédéral, se révèle complexe à bien des égards. Il englobe d'ailleurs les conseillers et conseillères en rémunération.
Je rappelle que le gouvernement précédent avait reconnu l'ampleur du problème de la classification, du moins en partie, puisqu'il avait affecté la somme d'un milliard de dollars pour corriger la situation. Or, c'est à peine si cette somme a été entamée. Ce manque d'action est un témoignage éloquent de l'échec du gouvernement à prendre acte de l'ampleur du problème et à prendre des mesures correctives pertinentes, de son incapacité à s'engager avec l'AFPC dans d'importantes initiatives comme la refonte des politiques et à faire progresser le secteur des relations de travail et des ressources humaines. Autrement dit, cet argent se trouve dans les coffres du gouvernement plutôt que dans les poches des travailleurs.
Dans un mémoire que présentaient au comité les conseillers et conseillères en rémunération du Conseil du Trésor, on affirmait que la solution du Conseil du Trésor passait par la centralisation des services de pension à Shediac, au Nouveau-Brunswick. Or, les conseillers et conseillères en rémunération estiment que la mesure ne viendra en rien remédier à la situation. Je me permets quelques commentaires à ce propos.
Nous avons été mis au courant, moi et d'autres présidents de syndicats de la fonction publique fédérale, de la proposition du gouvernement. Je suis d'accord avec les conseillers, le projet de transformation des services de pension ne règle rien. Toutefois, je dois admettre que c'est un pas dans la bonne direction. Il faut être réaliste, le système d'administration des services de pension est bien mal en point et la centralisation des fonctions tombe sous le sens.
Cela dit, la centralisation aura d'importantes conséquences sur la collectivité des conseillers en rémunération, des conséquences qui ne sont pas évaluées à leur juste valeur dans le cadre du projet de transformation des services de pension. De plus, les motifs réels du projet soulèvent de nombreuses inquiétudes. Se sert-on de l'amélioration du service à la clientèle comme prétexte pour masquer une réduction des emplois? Il faudra tirer ces doutes au clair.
Je dois signaler, à l'instar des conseillers et conseillères en rémunération, que la mise en place de numéros sans frais et de systèmes en libre-service sur le Web n'évoque guère, chez les employés et la population canadienne, l'image d'un service à la hauteur des attentes. Or, le gouvernement considère qu'un tel modèle sera l'un des bienfaits de la transformation des services de pension. Toutefois, ce même gouvernement doit bien admettre que la mise en oeuvre d'un modèle de services identique à Service Canada n'a réussi qu'à aliéner la clientèle, à engendrer l'insatisfaction et à susciter la résistance, surtout de la part des personnes âgées. Je ne suis pas réfractaire au changement, bien au contraire. Je crois qu'il y a de réels avantages à se servir de numéros sans frais et à mettre en place des systèmes en libre-service sur le Web, mais ces outils doivent servir de compléments aux services. En effet, rien ne peut remplacer la communication personnalisée entre un expert en pension ou en rémunération et une personne qui cherche à obtenir des réponses à ses questions sur les prestations ou les avantages ou encore qui cherche de l'aide pour analyser ses options.
Bref, le gouvernement a hérité d'un système d'administration des pensions et de la paie complètement désuet. Il a hérité d'un système qui a besoin d'être remanié de fond en comble. Il a hérité d'un système qui sous-estime la valeur de ses conseillers et conseillères en rémunération.
Il est vrai que le dossier est loin d'être dans la mire du public. Toutefois, le gouvernement a le devoir de régler la situation. En effet, nos membres ne manqueront pas de tenir compte des mesures prises par le gouvernement dans ce dossier lorsque viendra le moment de voter.
De nouveau, je vous remercie infiniment, madame la présidente, de m'avoir invité à faire cet exposé.
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Eh bien, je peux tenter de répondre à cette question, car je pense qu'une bonne partie de notre exposé a déjà été couverte et je ne veux pas répéter les mêmes choses. Un des obstacles à la reclassification, évidemment, vient des modèles de prestation de services. Il semble que plutôt que de reclassifier la compétence que nous avons, nous préférons avoir recours à un moyen détourné qui consiste à modifier la façon dont les services sont assurés.
Vous avez raison de dire qu'il y a deux modèles. Il y a le modèle actuel, que la majorité des ministères utilisent, et il y a le modèle basé sur l'activité, le plus récent. Ce dernier retire aux conseillers en rémunération la responsabilité de superviser les comptes et, essentiellement, les choses sont structurées de telle sorte qu'un très grand nombre de conseillers en rémunération interviennent dans chaque compte. Si vous êtes promu, la transaction sera effectuée par une personne qui s'occupe des promotions. Si vous avez droit à une paie intérimaire ou si vous partez à la retraite... tout est étroitement lié à l'activité, et ce sont effectivement ces ministères qui éprouvent le plus de problèmes.
Dès que vous retirez une responsabilité au conseiller en rémunération, vous risquez de créer le chaos, parce que si un employé a une question au sujet de son compte, il n'a personne en particulier à qui s'adresser dans le groupe de la rémunération. Cela réduit aussi la compétence en général, car d'ici deux ou trois ans les personnes qui possèdent les compétences partiront à la retraite et vous n'aurez plus que des personnes qui, si une question complexe leur est soumise, par exemple un T4 dont le solde est erroné — À qui confions-nous cela, si personne n'a travaillé sur les T4, si personne n'a les connaissances générales voulues, parce que tous ont fait un peu de tout? Cela a donné lieu à d'énormes arriérés et à un véritable chaos, parce que des personnes différentes travaillent dans les mêmes dossiers.
Cela a aussi créé des situations où, en raison de l'énorme arriéré, la santé des travailleurs est menacée. Des personnes travaillent six jours par semaine et n'arrivent pas à rattraper le retard. Elles finissent par partir. Autrefois, un conseiller en rémunération pouvait passer d'un ministère à un autre parce que le lieu de travail était plus près de son domicile ou parce qu'il croyait qu'il y serait mieux traité. Aujourd'hui, des spécialistes pleinement formés nous quittent; ils ne veulent pas accepter de postes en rémunération dans d'autres ministères. Ils partent en disant « je refuse de faire un travail qui comporte tant de responsabilités et tant de pressions — vu la complexité des connaissances requises — et qui est si mal rémunéré. »
Alors si les ministères — Et vous en avez nommé un, Travaux publics. Il faut aussi mentionner l'ARC et Statistique Canada. Le MDN a également adopté un modèle de prestation des services qui chevauche les deux systèmes, mais il essaie d'implanter le modèle basé sur l'activité. Nous nous sommes efforcés de convaincre la direction que cela n'était pas une bonne idée.
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Merci, madame la présidente.
Merci de ne pas monopoliser la discussion. Vous avez déjà posé quelques-unes de mes questions.
Premièrement, madame la présidente, et mon commentaire s'adresse à M. Gordon, je tiens à dire, au sujet de cette menace de ne pas voter pour nous, que nous ne sommes plus dans les années 40. Votre représentant à Sudbury, celui qui porte une casquette de baseball, m'a menacé au cours de la première année qui a suivi mon élection. Il a disparu, et je suis toujours là. Cela est absurde. Ne me menacez pas de ne pas voter pour nous. Je sais très bien que vous ne votez pas pour moi et que vous ne le ferez pas. Vos membres le font, toutefois.
Je suis insulté. Vous parlez à des gens qui ont de lourdes responsabilités et vous laissez entendre qu'ils peuvent être achetés avec des voix.
J'aimerais savoir s'il existe un problème. Je veux savoir si les personnes qui nous ont appelés n'ont pas touché leur paie depuis trois mois. C'est tout ce qui m'intéresse. Le système est si mal en point que je n'y comprendrais rien de toute façon. Nous avons entendu vos gestionnaires. Un ministère ignore ce que l'autre ministère fait. Ils ont été incapables de répondre à nos questions. Je n'ai pas l'énergie voulue et il ne me reste pas suffisamment d'années à vivre pour corriger la situation. Je veux savoir si cette jeune femme, ce jeune homme, cette mère chef de famille monoparentale qui travaillent pour le gouvernement du Canada doivent attendre trois mois avant d'être payés. C'est tout ce qui m'intéresse. Si cela est effectivement ce qui se passe, alors je veux savoir pourquoi. Avez-vous rattrapé le retard? C'est tout ce qui m'intéresse. Le reste...
Si vous me dites que c'est ce dont vous allez parler, je retournerai à mon bureau en attendant le vote. J'ai perdu mon temps ici, mardi. Ce n'est pas ce que nous voulons étudier. Ai-je raison?
Une voix: Oui.
M. Raymond Bonin: D'accord, alors ne nous égarons pas. Nous voulons parler des employés, de ceux qui ne nous menacent pas de ne pas voter pour nous. Nous voulons connaître leur situation, parce que nous nous soucions d'eux. Est-ce qu'il reçoivent leur paie à temps? Sinon, nous allons nous occuper de leur cas. Quelqu'un doit nous indiquer si les personnes qui nous appellent nous disent la vérité. Je crois que oui, mais je sais très bien que les employés ont trop peur pour parler, depuis janvier 2006.
Je suis sérieux. La situation est très grave. Les directeurs dans les ministères n'ont pas le droit de parler aux députés, et leurs employés ont encore plus peur qu'eux de nous parler. C'est un autre problème. C'est pourquoi nous n'arrivons pas à recueillir plus d'information, et je vais demander au comité d'examiner les raisons pour lesquelles les employés ont si peur de parler à leur député. Si les employés du gouvernement ont peur de nous parler, comment sauront-ils comment les citoyens canadiens sont gouvernés? C'est un autre problème.
Aidez-moi, s'il vous plaît. Y a-t-il des employés qui ne sont pas payés? L'arriéré a-t-il été comblé? Le problème est-il réglé? Tenons-nous-en à cela, s'il vous plaît.
Bonjour à vous tous.
Avant-hier, nous avons entendu des gens du Secrétariat du Conseil du Trésor. Je ne veux pas être méchant envers eux, mais ils n'avaient pas l'air d'être au courant de ce qui se passait. Cela m'étonne beaucoup.
J'ai eu le plaisir de rencontrer le ministre Fortier au mois de mars. D'autres personnes voulaient assister à cette rencontre, mais elles avaient peur de perdre leur emploi si elles rencontraient le ministre, à cause de l'ampleur que la chose prenait pour eux. Bien que j'aie eu le consentement du ministre — et je ne dis pas que le ministre est un méchant loup —, il y avait une crainte.
Même si j'avais dit aux personnes de consulter leur syndicat pour s'assurer d'utiliser le bon processus, l'une d'entre elles était bien contente d'y aller avec moi. Je l'ai fait pour lui rendre service et pour faire avancer les choses. Elle voulait exprimer son désarroi : en tant que nouvelle employée, elle avait dû attendre jusqu'à trois mois pour recevoir sa première paie. C'est un des éléments qui ont été mis en lumière.
Un autre élément est le temps supplémentaire, que l'on tarde à payer. On a entendu quelqu'un dire qu'il avait dû attendre jusqu'à un an avant que son temps supplémentaire ne lui soit payé.
Aussi, des gens qui étaient avec le ministre ont dit pendant la rencontre que certains cadres ou hauts fonctionnaires qui avaient changé de poste et reçu une hausse de salaire avaient dû attendre longtemps avant de recevoir la différence de salaire. Une fois que cela a été dit, on a cité un chiffre, soit 2 000 personnes à Travaux publics qui demeurent à Ottawa ou à Gatineau. Je suis également de la région. Ils sont venus me voir ou m'ont appelé pour savoir ce qu'il en était et ce qu'on pouvait faire. Le ministre nous a dit qu'il ferait les efforts nécessaires pour régler ce problème. Évidemment, il était mal venu de dire autre chose.
Vous en avez déjà parlé au comité, et vos documents en font également état. Les personnes qui m'accompagnaient ont souligné qu'il y avait un problème lié à la rémunération. Les conseillers en rémunération reçoivent une formation et passent par toutes les étapes, etc. Or, quand ils s'aperçoivent qu'ils pourraient avoir ailleurs un meilleur salaire et moins de tâches, ils quittent leur poste.
Vous suggérez d'augmenter le salaire en fonction du marché. Vous donnez l'exemple des informaticiens. Récemment, on a proposé des solutions pour garder nos informaticiens, car ils quittaient leur poste très vite pour occuper un autre poste ailleurs dans la fonction publique ou à l'extérieur de celle-ci.
Vous êtes une sorte de syndicat, vous représentez vos membres. Avez-vous des solutions claires que nous pourrions présenter au ministre lorsque ce dernier reviendra devant ce comité? Cela paraîtra dans le compte rendu de cette rencontre. On connaît le problème, du moins en partie. M. Bonin vit cette réalité chez lui, et d'autres personnes connaissent des employés de l'État ailleurs.
Avez-vous des pistes de solution à proposer?
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Depuis 2000, on a comparu devant tous les comités du gouvernement fédéral, dont l'Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada, l'AGRHFPC, qui s'appelle maintenant Agence de la fonction publique du Canada. Nous avons également rencontré Mme Turmel, qui était au syndicat à l'époque. On se relançait constamment la balle. On disait être prêt à nous reclassifier si l'AGRHFPC était d'accord. De son côté, l'agence disait être d'accord à la condition que le syndicat soit d'accord.
Quand nous avons changé de président de syndicat pour M. Gordon, ils ont examiné notre situation et ont été d'accord pour nous rencontrer. Ils ont finalement admis qu'il y avait vraiment un sérieux problème de classification. Comme les gens ne veulent pas travailler à la rémunération, il y a une grave pénurie de personnel. Les gens ne sont pas payés à temps. Les gens qui travaillent à la rémunération font beaucoup d'heures supplémentaire et se rendent malades.
Cela a un grand impact sur l'impôt de ces employés. Quand ça fait un an qu'une personne doit payer de l'impôt provincial et qu'elle a seulement payé de l'impôt fédéral, cela a un impact important à la fin de l'année. En ce qui concerne la promotion, elle aurait dû l'avoir en 2005. On est en 2007 et elle n'a pas encore reçu son chèque. Lorsqu'elle va recevoir son chèque, cela aura un important impact sur l'impôt qu'elle devra payer.
Tant qu'ils ne reverront pas la classification, il y aura toujours un problème. Les gens ne veulent pas rester à la rémunération. Le travail est trop complexe. En ce moment, ils parlent de nous enlever des tâches et d'envoyer certains dossiers, comme celui des pensions, à Moncton. Cela ne va rien résoudre. C'est nous qui avons les dossiers des employés. Ils vont quand même nous téléphoner. Il va falloir qu'on confirme des informations, qu'on fasse des recherches dans les dossiers, et ainsi de suite. Les gens ne veulent pas être servis par un numéro 1-800. Quand je vais prendre ma retraite, je vais appeler à Moncton, et ils vont m'envoyer des documents par télécopieur pour que je les remplisse.
Nous sommes plusieurs conseillers en rémunération et nous rencontrons des gens dans des associations ou dans des comités. Quand ils savent que nous sommes des conseillers en rémunération, ils nous disent travailler à Travaux publics et n'avoir personne à qui s'adresser. Une personne m'a déjà demandé de l'aider; cela faisait trois fois qu'elle changeait sa date de retraite. Une autre personne encore m'a dit qu'on lui avait envoyé des documents par la poste et qu'elle ne savait pas comment les compléter. Elle m'a dit qu'elle me paierait si je l'aidais à le faire.
C'est épouvantable, cela ne s'est jamais vu. Il faut qu'ils revoient notre classification. S'ils refusent de le faire, rien ne changera, même s'ils embauchent des gens de l'extérieur.
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Merci beaucoup. Bienvenue à tous.
Nous essayons de régler ce problème depuis quelques temps et, comme vous venez de l'entendre, nous n'y parvenons pas. Nous avons eu une journée frustrante, mardi, car certains témoins ont été incapables de nous fournir l'information que nous leur demandions. Je crois que nous réalisons plus de progrès avec vous aujourd'hui. Je vous remercie de l'information que vous nous communiquez.
Je veux m'assurer de bien comprendre le problème. Les membres du comité ont entendu dire que certaines personnes n'étaient pas payées en temps opportun, ou pas payées du tout. On nous dit ici que les problèmes de la rémunération découlent de problèmes qui touchent les postes des conseillers en rémunération. D'après ce que vous nous dites, je crois comprendre que ce travail nécessite non seulement des habiletés très particulières, mais aussi la capacité de tenir compte de règles très complexes, de conventions collectives et de divers facteurs. Vous traitez de tous les aspects de la rémunération.
Il me semble que le problème fondamental du conseiller en rémunération est que son poste n'est pas adéquatement classifié, qu'il est mal rémunéré parce qu'il n'a pas le bon niveau de classification. Comme le travail est mal rémunéré et extrêmement exigeant, il est difficile de combler les postes et de maintenir les employés à l'effectif. Cela entraîne des pénuries plus importantes, aggravées par la difficulté de remplacer les baby-boomers qui partent. Le problème ne fait donc qu'empirer.
J'ai vu dans votre mémoire que les conseillers en rémunération doivent faire des heures supplémentaires, souvent sans rémunération. Évidemment, nous avons tous entendu parler cette semaine du recours collectif intenté contre une des grandes banques pour un problème identique. C'est une question qui — Cela paraît simple d'émettre le chèque de paie de quelqu'un, mais ce n'est que la pointe de l'iceberg.
Cela paraît simple de reclassifier le poste, mais comment pouvons-nous concrètement y arriver? Si la classification est à l'origine du problème, lorsque la classification et la rémunération seront adéquates, au niveau approprié, il sera plus facile de recruter et de maintenir des employés à l'effectif. Comment devons-nous nous y prendre?
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, je voudrais dire que j'ai un immense respect pour le travail effectué par les employés de l'État. Je pense que dans ce monde où l'on essaie de rationaliser à l'extrême, ceux qui écopent sont habituellement les employés.
Je ne suis pas choquée par la question du vote, qui a été soulevée par M. Gordon. Je pense que c'est de bonne guerre. La chose a peut-être été perçue comme un manque de délicatesse, mais il s'agit à mon avis d'un rapport de force. Dans la mesure où le Québec et les autres députés fédéraux sont impliqués dans ce rapport de force, je comprends la situation. Pour ma part, je ne vous en veux pas.
Madame la présidente, nous savons maintenant, puisque vous avez vous-même soulevé la question, que les employés ont peur de leur employeur. Je sais à quel point ils sont peu protégés et que même la Loi sur la protection des dénonciateurs ne les protège pas assez. J'ai fait des interventions à la Chambre pour que la période de protection soit allongée. La Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles prévoit 60 jours, si je ne m'abuse, ce qui est inadmissible.
Pour terminer, je vais vous poser une question bien anodine.
Si on augmentait votre salaire, est-ce que tous les problèmes seraient réglés?
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Madame la présidente, le sujet n'est pas nouveau, il est soulevé si fréquemment que je me promène pratiquement toute la journée avec des documents sur la question. J'ai eu l'occasion d'aborder récemment ce sujet devant d'autres comités, si bien que je ne suis pas entièrement surpris par cette question et que je n'arrive pas sans aucune préparation.
Il me semble que la motion propose la mise en place d'un moratoire sur la vente de ces immeubles de manière à permettre au ministère de fournir au comité les études et l'information pertinentes auxquelles M. Kramp fait allusion lorsqu'il évoque la demande de documents.
Étant donné la nature des cessions-bails, je suppose que de tels documents contiendraient des informations financières ou commerciales qui pourraient être de nature confidentielle pour des tiers ayant conclu un contrat ou traitant avec le gouvernement. Est-ce exact?
Une voix: C'est exact.
M. Rob Walsh: Bien, je pense avoir cerné la question.
La règle générale est facile à exposer, bien qu'elle ne vous mène pas très loin. Selon la règle générale, il n'y a aucune limite au pouvoir dont disposent les comités de réclamer de quiconque, y compris le gouvernement, la production de documents.
Cela étant dit, ne vous emballez pas tout de suite, car il reste encore à voir où cela peut vous mener. Franchement, cela ne vous mène pas très loin, car il peut très bien arriver que le gouvernement ou n'importe quel autre interlocuteur, ait des raisons valables et légitimes de vouloir protéger la confidentialité de certains documents. Il s'agit essentiellement ici d'une question de confidentialité.
J'aimerais vous référer à l'ouvrage de Marleau et Montpetit qui est bien entendu notre bible en la matière. Le guide de procédure aborde cette question aux pages 864 et 865. On y trouve un exemple qui ne correspond pas exactement au vôtre mais qui est assez semblable :
La Chambre n'a fixé aucune limite au pouvoir d'exiger le dépôt de documents et de dossiers, mais il peut ne pas être opportun d'insister pour qu'ils soient déposés dans tous les cas. En 1991, le Comité permanent des privilèges et des élections a fait remarquer ce qui suit :
— le texte est extrait d'un rapport de ce comité —
La Chambre des communes reconnaît qu'elle ne doit pas exiger la production de documents dans tous les cas. Ainsi, les considérations ayant trait à la politique officielle, notamment la sécurité nationale, les relations extérieures et d'autres facteurs influent sur la décision d'exiger ou non la production de ces documents.
Dans une note relative à ce passage, on évoque une situation particulière. Un comité qui n'avait pu obtenir un document avait signalé l'affaire à la Chambre :
« Le Comité présenta un rapport dans lequel il concluait que le Comité permanent de la justice et du solliciteur général avait été en droit d'insister ». Il s'agissait du Comité permanent des privilèges et des élections qui est maintenant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Il s'était penché sur le cas de l'autre comité et conclut que « le Comité permanent de la justice et du solliciteur général avait été en droit d'insister pour que les deux rapports soient déposés et recommandait que la Chambre ordonne au solliciteur général de se conformer à l'ordre de dépôt. La Chambre adopta par la suite une motion dans ce sens, à condition que les rapports soient présentés lors d'une séance à huis clos du Comité permanent de la justice et du solliciteur général. »
À strictement parler, si votre comité n'obtient pas les documents qu'il réclame, il doit s'adresser à la Chambre, comme l'avait fait l'autre comité. Un membre du comité ou le président, peut-être, peut soulever, au nom du comité, une question de privilège ou présenter un rapport à la Chambre pour expliquer qu'il y a eu atteinte à vos privilèges. La Chambre pourra ensuite soumettre l'affaire au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre qui fera ensuite rapport à la Chambre. Par la suite, la Chambre pourra accepter ou non les conclusions du comité concernant l'atteinte au privilège et appuyer ou non la décision d'exiger la production des documents en question.
Voilà essentiellement la marche à suivre. Elle peut porter fruit mais les résultats ne sont pas garantis.
L'autre possibilité vers laquelle vous pouvez vous tourner est le Règlement de la Chambre des communes. Je sais que ce n'est pas votre lecture préférée, mais ce document qui définit le mandat des différents comités intervient de temps à autre dans votre vie.
Il pourrait être intéressant pour vous d'examiner le mandat du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires et de le comparer aux fonctions et au mandat du Comité permanent des comptes publics.
Essentiellement, les opérations gouvernementales — je vais y revenir dans un instant à propos du Règlement — Comme l'indique le titre de votre comité, les opérations gouvernementales et les prévisions budgétaires concernent les dépenses futures, les plans de dépenses. Les comptes publics s'intéressent à ce que l'on dépense et vérifient si les fonds sont bien utilisés.
Le sous-alinéa 108(3)c)(ii) du Règlement de la Chambre qui concerne le mandat de votre comité précise qu'il porte sur l'étude de l'efficacité, de l'administration et du fonctionnement des ministères et organismes ainsi que de leurs plans opérationnels et de dépenses.
Par postes opérationnels et de dépenses, le Règlement désigne, au sous-alinéa (iii) de l'alinéa c), certains postes opérationnels et de dépenses dans tous les ministères et agences. Il désigne donc certains postes opérationnels à l'échelle de tout le gouvernement.
Je mentionne ceci uniquement à titre de comparaison avec le Comité des comptes publics dont la mission consiste par la suite à examiner de quelle manière le gouvernement a dépensé l'argent qui lui a été accordé. Bien entendu, le Comité des comptes publics examine également les rapports du vérificateur général. Je vous indique ceci pour attirer votre attention sur l'origine de votre mandat — vous tenez votre mandat de la Chambre. La Chambre vous indique ce que vous pouvez faire et voilà le point de référence qui vous permet de vérifier si vous vous conformez à votre mandat. Si j'étais votre conseiller juridique, je pourrais avancer un argument — c'est simplement un argument comme nous avons l'habitude d'en présenter à tout propos, nous autres les avocats. Selon cet argument, on peut prétendre que les documents se rapportant aux marchés conclus par le gouvernement ne relèvent pas vraiment des plans que le gouvernement peut avoir en matière de dépenses.
Je ne sais pas dans quelle mesure ces documents relèvent de cette catégorie ou d'une autre, mais vous parlez d'études et d'informations concernant l'impact de cessions-bails. On peut prétendre que les études concernant l'impact de cessions-bails en tant que véhicules se rapportant à la cession d'un titre de propriété dans le cadre d'une étude financière, relèvent effectivement de l'intérêt légitime de votre comité, considérant qu'il s'agit là, généralement parlant, d'une raison valable d'agir dans l'intérêt du public.
En revanche, le fait de réclamer des documents faisant état de certaines ententes de cession-bail qui ont été conclues ou qui sont envisagées avec certaines parties pourrait être interprété comme une initiative allant au-delà des objectifs de politique publique ou des objectifs d'intérêt public de votre comité et considéré plutôt comme une enquête sur des transactions particulières. Je vous indique ceci, si vous le permettez, madame la présidente, afin de préciser le contexte juridique dans lequel fonctionne votre comité. Je sais qu'il est vrai que les comités disposent virtuellement du pouvoir illimité d'exiger des documents. Ce pouvoir est illimité dans le sens que personne ne peut s'adresser à un tribunal pour obtenir une ordonnance interdisant au comité de le faire. Cependant, tout comme la Chambre, le comité est une autorité publique et il dispose de pouvoirs légaux. Ce sont des pouvoirs légaux qui vous sont conférés. De manière générale, dans un contexte juridique, les pouvoirs légaux sont exercés en conformité des pouvoirs conférés dans une loi et de façon générale, ces pouvoirs doivent être exercés de manière raisonnable et, dans certains cas, selon la procédure établie, etc.
On peut penser que cela ne s'applique pas à un comité de la Chambre, car nul n'est censé lui dire ce qu'il doit faire. Personne ne peut peut-être vous dire quoi faire, mais cela ne signifie pas que vous pouvez, selon moi, négliger — Mais en qualité de conseiller juridique des comités en général et de votre comité en particulier, je pense que nous devons, quelles que soient les exemptions dont nous disposons à l'égard de nombreuses lois en vertu du privilège parlementaire, exercer nos fonctions à la Chambre des communes de manière responsable, comme si les lois du pays s'appliquaient à nous. En effet, la population canadienne s'attend à mon avis à ce que l'ensemble des personnalités publiques, des fonctionnaires et des institutions agissent de façon générale en conformité des principes qu'appliquent les autres institutions, c'est-à-dire de façon raisonnable et en suivant une procédure appropriée.
Cela étant dit, votre comité est le seul à décider s'il souhaite ou non réclamer la production d'un document. Personne d'autre que la Chambre des communes elle-même ne peut s'opposer au choix de votre comité concernant les actions qu'il décide d'entreprendre. Vous n'aurez à rendre compte de votre décision qu'au tribunal de l'opinion publique, comme on dit. Je vous avise simplement que vous fonctionnez dans un contexte juridique qui s'applique également à l'ensemble du pays. On peut presque dire qu'il s'agit d'une valeur culturelle générale que l'on désigne parfois par l'expression « primauté du droit », mais la primauté du droit est un principe juridique qui s'applique plutôt aux questions justiciables dont sont saisis les tribunaux. Cependant, nous vivons dans une culture régie par des critères juridiques, des valeurs juridiques et des attentes juridiques, une culture qui valorise le caractère raisonnable des actions et l'application régulière de la loi.
C'est également dans ce contexte juridique que s'applique bien entendu la Loi sur le vérificateur général. Cette loi confère à l'agent public qu'est le vérificateur général, le pouvoir de réclamer du gouvernement des informations concernant les dépenses, les contrats, etc. Je suis certain que beaucoup d'entre vous connaissent bien cette loi. Par ailleurs, la Loi sur la gestion des finances publiques contient des dispositions relatives aux activités du vérificateur général. Ces dispositions sont contenues dans la loi. Par conséquent, le vérificateur général, en sa qualité de haut fonctionnaire du Parlement, pourrait bien être amené à examiner les opérations de cession-bail du gouvernement, afin de vérifier l'optimisation des ressources et d'autres aspects.
Au risque d'aller au-delà de ce que vous attendez de moi, je dirais que la question que vous devez vous poser en tant que comité, consiste à vérifier si en recherchant les informations que vous réclamez, vous n'allez pas au-delà de ce qui est approprié pour un comité parlementaire et si, à certains égards — C'est une question à laquelle a été confronté le Comité des comptes publics par le passé lorsqu'il a eu à faire face à certaines situations délicates au gouvernement. Je me souviens que le président de l'époque avait affirmé : « Notre comité ne se lance pas dans la microgestion, nous n'avons pas l'intention de gérer le gouvernement, nous ne cherchons pas à vérifier si la bonne décision de gestion a été prise à tel ou tel moment; nous voulons découvrir ce qui s'est passé afin de nous assurer que les principes généraux de probité et d'honnêteté, etc., ont été respectés, mais nous ne nous lançons pas dans la gestion ».
De la même manière, vous pouvez vous demander si les informations que vous réclamez ne vous amènent pas en fait à faire de la microgestion ou à vous immiscer dans la sphère de responsabilité qui relève essentiellement du gouvernement et qui consiste à gérer les fonds publics qu'il a été autorisé à dépenser.
Je reconnais avec vous que les comités peuvent agir comme bon leur semble. Je tiens à affirmer ce principe et je serai le premier à le défendrex — Il n'y a aucun doute là-dessus, et la démocratie n'existerait pas dans notre pays si la Chambre des communes et ses comités ne disposaient pas de la prérogative que l'on appelle parfois le « droit d'enquêter au nom de la nation ». Il est impensable que la Chambre des communes, en tant que Chambre élue, se voie interdire par un tiers de procéder à des enquêtes dans l'intérêt public. C'est un privilège dont bénéficient la Chambre des communes et ses comités, mais c'est un privilège dont il faut, à mon avis, user de manière responsable — même si personne ne peut vous dire ce que cela signifie. C'est à vous d'en juger et je suis certain que vous prendrez votre décision dans cet état d'esprit.
C'est tout ce que je peux dire sur la position de votre comité en ce qui a trait à la possibilité de réclamer certains documents du gouvernement.
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Merci beaucoup, monsieur Walsh, d'être venu.
J'ai brièvement discuté avec Ray — qui ne m'en voudra pas je pense d'en parler — à l'extérieur de l'Édifice de l'Est, hier, et je pense que tant lui que Mme Bourgeois, Mme Nash et toutes les autres personnes concernées agissent en toute honnêteté en cette affaire. Aussi, compte tenu de ce que nous a dit M. Walsh, et puisque le libellé de la motion est tout à fait vague et que le comité n'est pas convaincu de l'utilité, etc., que les études et l'information pertinentes concernant l'impact de ces cessions-bails — Je pense que l'information que recherche Mme Bourgeois est tout à fait différente de celle que veulent obtenir M. Bonin et M. Simard.
Si l'on en juge par le libellé, je pense que le comité demandera par cette motion au gouvernement de dépasser la limite décrite par M. Walsh qui est l'autolimitation raisonnable de l'intérêt public relativement aux ententes confidentielles que le gouvernement fédéral a signées en matière d'opérations courantes de vente, de cessions-bails et de marketing. En revanche, il existe peut-être d'autres informations qui n'ont pas été fournies par le ministre, le sous-ministre ou le SMA responsable des biens immobiliers lorsqu'ils ont témoigné devant le comité et il se peut que les informations qu'ils ont fournies ne paraissent pas satisfaisantes aux membres du comité. Cela peut se concevoir et les membres du comité ont tout à fait le droit de réclamer toutes les informations qu'ils souhaitent obtenir.
C'est pourquoi, je propose une autre solution — qui ne nécessite pas le dépôt d'une motion — et qui consiste pour les membres du comité à élaborer une liste de questions et une liste des informations très précises que certains membres du comité n'ont pas obtenues et qu'ils désireraient avoir. Nous donnerions au ministère des Travaux publics la possibilité de présenter un exposé privé à tout membre du comité qui souhaiterait obtenir des informations plus complètes sur cette question. Cette formule permettrait aux membres du comité de rencontrer le SMA responsable des biens immobiliers et de lui poser personnellement des questions.
Mais si l'on en juge par le libellé de la motion, je pense que M. Walsh a expliqué très clairement que la motion demande au gouvernement fédéral d'enfreindre les ententes de confidentialité que nous avons signées avec les parties qui sont nos partenaires dans ces opérations de vente et de cession-bail. Cependant, nous sommes tout à fait prêts à fournir les informations complémentaires que plusieurs membres du comité réclament et auxquelles ils regrettent de ne pas avoir eu accès. Dans la mesure où les membres du comité qui souhaitent obtenir des informations complémentaires exposeront leurs questions de façon claire, je me ferai un plaisir, en ma qualité de secrétaire parlementaire du , de présenter ces questions au ministre qui fournira une réponse écrite dès que possible.
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Merci, monsieur Walsh, de vous être déplacé pour nous rencontrer.
Tout d'abord, je voudrais reprendre un peu ce que j'ai dit lors de notre dernière rencontre. Il faut bien comprendre que cette motion n'affiche pas la couleur d'un parti; elle ne se veut pas partisane. Il ne s'agit pas non plus d'une motion visant à empêcher à tout prix la vente de ces immeubles. Son objectif est tout simplement d'exiger qu'on nous fournisse les informations dont nous avons besoin pour faire convenablement notre travail de députés.
À quatre reprises, nous avons tenu une rencontre d'une heure et demie ou deux heures portant sur ces immeubles. Or, nous n'avons jamais été capables d'obtenir l'information voulue. Je trouve la chose assez pitoyable. C'est une question de respect. Vous vous demandez de quelles informations il s'agit? Je vous donne un exemple. En 2003, une sous-ministre de Travaux publics Canada a comparu devant ce comité et a dit disposer de résultats de planification selon lesquels le gouvernement était performant en matière de gestion d'immeubles. Selon ses dires, le salaire des employés qui faisaient le ménage dans ces immeubles était le seul aspect non performant.
Le ministre est parti en nous disant que le gouvernement n'était pas un bon gestionnaire d'immeubles. Je lui ai demandé sur quoi il fondait cette affirmation, mais il ne m'a pas répondu. On a tenté de connaître ne serait-ce qu'un petit pourcentage du montant payé aux banques. On a aussi voulu savoir ce qu'il adviendrait de l'argent généré par la vente des immeubles. Ces gens ne nous ont jamais fait part de la moindre planification concernant cet argent. Ils nous ont dit qu'il serait utilisé pour la réfaction des autres immeubles, mais sans préciser à combien s'élèverait le coût de ces réparations. Ils nous ont dit ne pas avoir de plan et ne pas savoir quelle orientation donner à ce dossier.
Je voudrais vous faire remarquer que l'argent généré par la vente de ces neuf immeubles appartient également aux Québécois et aux Québécoises. Si vous n'avez pas de comptes à rendre aux Canadiens et aux Canadiennes, pour ma part, j'en ai à rendre aux Québécois et aux Québécoises. Je veux qu'on réponde à mes questions. Je ne veux pas outrepasser mes droits, mais je veux des réponses.
La deuxième fois que le ministre est venu témoigner devant ce comité, nous avons littéralement perdu notre temps. En effet, tout est toujours confidentiel. Je crois que nous sommes capables de tenir notre langue. Nous savons jusqu'où nous pouvons aller. Il n'est pas question de boycotter le ministre ou la vente des immeubles. C'est simplement une question de respect envers les parlementaires que nous sommes, les comptes que nous avons à rendre et la Loi sur la responsabilité, en vertu de laquelle nous avons des obligations.
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L’argument voulant que nous n’ayons pas à nous inquiéter des confidentialités qui sont en jeu, parce que la motion n’est pas exécutoire, témoigne en fait d’un manque de respect envers la Chambre. Que faut-il penser de nous si nous adoptons une motion, en sachant peut-être qu’elle n’est pas dans l’intérêt du Canada, sur la base du fait qu’elle est impossible à appliquer?
Si elle est exécutoire, si quelqu’un risque de l’appliquer, elle est à déconseiller; mais parce qu’elle n’est pas exécutoire, adoptons-la. C’est la logique que je semble entendre, et cela équivaut à un manque de respect envers la Chambre.
Si les membres du comité pensaient en toute honnêteté que la requête inhérente à cette motion serait dans l’intérêt du Canada si elle était appliquée, alors je respecterais leur décision de voter pour; je pourrais la comprendre. Mais de se prononcer pour la motion, malgré qu’elle ne soit pas dans l’intérêt du pays ou des contribuables, parce qu’elle ne sera pas mise en application est un exercice futile et irrespectueux envers la Chambre des communes.
Deuxièmement, il y a des éléments de confidentialité en jeu. Honnêtement, je ne pense pas que les membres du comité souhaitent la divulgation d’éléments confidentiels qui nuiraient aux contribuables canadiens. Je ne vois aucune conspiration ici.
Je proposerais que les membres qui soutiennent cette motion la modifient tout simplement pour préciser les renseignements particuliers qu’ils aimeraient obtenir. S’ils ne tiennent pas à voir les éléments confidentiels, ils n’ont qu’à indiquer que nous aimerions consulter les études réalisées sur la nature générale des cessions-baux et ainsi de suite. Il suffit de dresser la liste de ce que vous recherchez, ensuite je ne verrai aucun inconvénient à adopter la motion.
Il serait peut-être encore plus simple de se limiter à dire que cela « ne contrevient pas aux dispositions de confidentialité des contrats gouvernementaux existants ou des marchés passés avec des fournisseurs », ou de formuler un énoncé en ce sens, pour montrer qu’il s’agit d’une motion de bonne foi visant à aider les législateurs à prendre une décision éclairée, et non une tentative de la part d’un comité parlementaire de violer les intérêts de confidentialité du gouvernement et du secteur privé.
Je propose à ceux qui favorisent cette motion d’en limiter l’impact aux secteurs qui ne sont pas touchés par la confidentialité et de le faire explicitement. La motion aura ensuite une meilleure chance d’être suivie.
La seule autre solution est de proposer une mesure que nous savons impossible à appliquer. Il se peut que bien des personnes qui votent pour la motion ne veulent même pas la voir appliquée; ces gens-là se prononcent pour parce qu’ils savent qu’elle ne sera pas appliquée. C’est une proposition qui va à l’encontre de son but.