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Merci beaucoup, madame la présidente.
Madame la présidente, messieurs, mesdames membres du comité, il me fait grand plaisir d'être parmi vous aujourd'hui pour discuter de ma candidature pour le poste de commissaire à l'intégrité du secteur public. C'est un véritable privilège et un grand honneur d'être considérée pour ce poste. J'aimerais par conséquent partager avec vous ma feuille de route et vous faire part de ma perspective générale relativement aux fonctions de ce poste important pour la fonction publique et le gouvernement, mais aussi, je le pense, pour l'ensemble des Canadiens.
[Traduction]
En guise d’introduction, permettez-moi de vous dire un peu qui je suis. Je suis née dans le petit village de Saint-Albert, en Ontario, où mes parents, Madeleine Laflèche et feu Albert Ouimet, exploitaient une ferme laitière.
J’ai fait mes études primaires à l’école locale, après quoi j’ai fréquenté l’école secondaire de Casselman, le village voisin. J’ai par la suite obtenu un diplôme spécialisé en lettres françaises à l’Université d’Ottawa, puis un baccalauréat en droit civil et un autre en common law. Après avoir fait un stage dans un cabinet local qui se consacrait surtout à la pratique générale, j’ai évidemment passé les examens du barreau.
Mon mari et moi sommes mariés depuis 26 ans, et nous avons deux filles merveilleuses.
Je suis entrée à la fonction publique fédérale en 1982, à titre d’agente de réglementation et de consultation publique auprès de la Commission de contrôle de l’énergie atomique (qui s’appelle maintenant Commission canadienne de sûreté nucléaire). J’ai ainsi été initiée comme jeune cadre à l’importance de disposer d’un cadre de réglementation solide au profit du public ainsi que de l’industrie.
Je suis ensuite passée à la Commission de la fonction publique, où j’ai dirigé des enquêtes sur la nomination et le renvoi de fonctionnaires, à titre de présidente du comité d’appel. Il s’agissait d’une fonction quasi judiciaire consistant à m’assurer que le principe du mérite était respecté lors des nominations, et que l’on avait donné aux employés rétrogradés ou congédiés la chance de se faire entendre. Dans tous les cas, bien entendu, il fallait respecter les principes de la justice naturelle.
À l'heure actuelle, un nouveau tribunal veille au respect de ces principes et exerce le même rôle. Des processus de dotation sains, justes, transparents et fondés sur le mérite constituent le fondement d’une fonction publique capable de fournir les meilleurs services possibles aux Canadiens
près avoir dirigé brièvement la Direction des affaires réglementaires de Revenu Canada (Douanes), je suis devenue la première directrice de la Section des opérations d’application de la loi, qui regroupait les enquêtes sur les fraudes commerciales et le programme de répression des stupéfiants. Grâce à la rigueur de nos processus et au zèle de nos agents, nous obtenions d’excellents résultats lors des poursuites que nous intentions.
En 1992, je suis passée au Secrétariat de l’appareil gouvernemental, au Bureau du Conseil privé, où j’ai eu le privilège de servir trois premiers ministres et de donner des conseils sur le portefeuille économique dans le contexte des transitions et de la restructuration du gouvernement. La prestation de conseils touchant les rôles et la responsabilité des titulaires de hautes charges publiques faisait également partie de nos fonctions permanentes. Dans ce contexte, je me suis familiarisée avec le fonctionnement du gouvernement et j'ai constaté l’importance de conseils indépendants de la part des fonctionnaires pour assurer la continuité et le bon gouvernement.
J’ai ensuite travaillé pendant cinq ans au ministère du Solliciteur général du Canada, où je suis devenue avec le temps sous-solliciteure générale adjointe, directement responsable du Programme des services de police autochtones. Je chérirai toujours le titre de chef de police honoraire des premières nations qui m’a alors été décerné par l’Association des chefs de police des Premières Nations.
À la fin de 1999, je suis devenue première dirigeante de Consultation et Vérification Canada au ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux, où nous offrions, moyennant recouvrement des frais, une gamme complète de services destinés à améliorer l’efficacité, l’efficience et la responsabilisation.
Quelques années plus tard, je suis retournée à ce ministère à titre de sous-ministre déléguée et j’ai alors guidé une restructuration majeure de l’organisation, qui comptait plus de 14 000 employés. Je me suis également intéressée de très près au nouveau Plan d’action sur les valeurs et l’éthique du ministère en 2004, et j’ai aidé à résoudre divers problèmes opérationnels.
Juste avant cela, j’avais occupé les fonctions de directrice exécutive de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié après les événements du 11 septembre 2001. Au cours de cette période, un modèle très efficace de règlement à l’amiable des différends a été élaboré au sein de notre Division de l’immigration.
Je sais que ceci intéresse particulièrement certains membres du comité. Je sais que le règlement à l’amiable des différends est essentiel au bon fonctionnement des tribunaux administratifs, qui sont établis expressément pour rendre la justice plus rapidement et plus simplement que les tribunaux traditionnels, dans des domaines spécialisés.
Quelques remarques, enfin, au sujet de mon poste actuel de sous-ministre déléguée au ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada. Mon rôle consiste à soutenir la sous-ministre comme elle le juge à propos et à agir en son nom au besoin. Ces dernières années, je me suis occupée principalement d’affaires ministérielles, comme les relations avec les syndicats d’employés, les griefs, les questions de diversité et les stratégies relatives aux ressources humaines. La sous-ministre actuelle m’a en outre confié le rôle de championne des valeurs et de l’éthique, il y a environ un mois.
On dira peut-être que j’ai eu une carrière éclectique, mais le fil conducteur en a été le désir de servir et d’apporter une contribution dans l’intérêt public. Je pense que ma formation juridique m’a bien servie, en particulier dans des cadres quasi judiciaires, lesquels présentent évidemment une similitude avec la charge de commissaire à l’intégrité du secteur public. Je m’estime privilégiée de voir ma candidature prise en considération pour le poste de commissaire à l’intégrité du secteur public.
J’ai examiné les nouvelles dispositions de la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d’actes répréhensibles pour évaluer les tâches à venir. Il m’apparaît que les nouvelles dispositions visent à établir un régime législatif solide pour régir la divulgation d’actes répréhensibles dans le secteur public fédéral, ce qui comptait beaucoup aux yeux des membres de ce comité.
Les éléments clés de la loi sont les suivants : la création du poste de commissaire relevant directement du Parlement et possédant une compétence élargie; le pouvoir du commissaire de faire rapport des conclusions de ses enquêtes et de formuler des recommandations dans les cas où il est établi que des actes répréhensibles ont été commis, et celui de présenter des rapports spéciaux au Parlement; l’interdiction claire de toute mesure de représailles contre les plaignants.
Le fait que le commissaire peut, lorsque cela se justifie, s'adresser à un nouveau tribunal, offre une protection supplémentaire aux plaignants potentiels. Il y a aussi un certain nombre d’autres dispositions, comme l’aide juridique et la divulgation protégée, mais je sais que les membres du comité en sont bien au fait.
En temps utile, j’examinerai soigneusement les rapports entre le rôle du commissaire et ceux d'autres organismes de surveillance et agences parlementaires, et même de certaines fonctions internes. Mais, ici encore, le cadre défini dans la loi me servira de guide.
Le poste de commissaire à l’intégrité du secteur public s’accompagne de la confiance du Parlement. En termes simples, le rôle essentiel du commissaire et du commissariat consistera à mettre en application une loi qui vise à encourager les employés du secteur public ayant des raisons de croire que des actes répréhensibles graves ont été commis, à les signaler, et de protéger ces employés contre les représailles possibles. On vise ainsi à établir un système juste, accessible et qui permet de servir l’intérêt de la justice. Par-dessus tout, le but visé est de protéger l’intérêt public.
[Français]
Dans ma carrière, j'ai eu le privilège de pouvoir servir les Canadiens dans des rôles très différents. Je suis honorée d'être considérée pour le poste de commissaire à l'intégrité. Somme toute, je conçois ce rôle comme contribuant à rehausser la réputation du secteur public en offrant une grande transparence et une ouverture pour toute personne qui se croit lésée. Mes origines sont modestes, mais je viens d'un milieu où l'honnêteté et la franchise avaient une grande valeur. C'est avec fierté que je me souviens que mon père a toujours été vu comme un homme d'une grande intégrité. C'était sa marque de commerce. C'était de notoriété publique, non seulement dans notre petite communauté, mais dans les villages avoisinants.
En sa mémoire, c'est avec humilité et fierté que je porterai le titre de commissaire à l'intégrité, si ce comité et les deux Chambres m'offrent leur confiance.
Merci.
Je vous ai posé la question pour m'assurer qu'il n'y avait pas de conflit d'intérêts, avant d'aller plus loin.
À mon avis, ces personnes ont fait ce qui s'imposait et cela leur a valu malheureusement d'être congédiées.
Dans le cas de M. Chopra, c'est arrivé plus d'une fois. Il est comme un hamster dans sa roue. Chaque fois qu'on lui redonne son poste, il est démis de ses fonctions. Il vaudrait la peine pour vous d'étudier son cas, de même que celui de Mme Hayden et de M. Lambert. Ces gens ont agi correctement en cherchant à protéger la santé des Canadiens. Ils ont pris la parole, en ont payé le prix et continuent d'en payer le prix.
Il serait utile que vous examiniez ce dossier. En effet, il reste certains dossiers à nettoyer avant de pouvoir tourner la page. J'invite d'ailleurs mes collègues ministériels à vous assister dans votre travail. C'est essentiel, je les encourage vivement à le faire.
Je vous incite donc à examiner ce dossier, parce que ce sera utile. Sans aucun doute, c'est un dossier complexe, mais c'est un cas type de ce qui arrive aux dénonciateurs. Les trois personnes concernées ont perdu leur poste, sans motif valable dans le cas le plus récent.
J'aimerais aussi vous parler de M. Jeewanjee, qui travaillait pour l'ACDI et à qui il est arrivé quelque chose de semblable. Il a fait une analyse critique de l'examen des programmes de l'ACDI. Il a été isolé des autres et n'a pas reçu de promotion. Autrement dit, on l'a écarté. Il défend actuellement son dossier. C'est un autre cas à étudier.
Parlons de la loi, qui est largement de nature normative, ce qui est utile à mon avis. Dans un domaine, si l'on considère les paramètres — Il y a eu au comité, comme dans le cas de la loi précédente, un débat sur le cas de la GRC.
Si votre nomination est acceptée — et je ne vois pas pourquoi elle ne le serait pas, mais tout dépend évidemment du Parlement — il serait intéressant d'examiner la loi actuelle par rapport à la situation à la GRC. La loi permet aux membres de la GRC de se manifester, mais ils doivent tout d'abord suivre la chaîne de commandement et les processus internes de la GRC. J'aimerais avoir vos observations à ce sujet puisque, évidemment, vous devez vous borner à des observations.
À mon avis, le problème, c'est qu'il y a actuellement un manque de confiance dans la chaîne de commandement de la GRC. On pourrait dire que des maillons sont rompus. Les questions de M. Poilievre nous ont été utiles à cet égard. Vous avez le pouvoir d'enquêter, d'assigner à comparaître, d'obliger des gens à témoigner.
Avez-vous songé à cet aspect de la loi. Autrement dit, quel est l'effet pour la GRC? Comment les membres de la GRC peuvent-ils porter plainte tout en étant protégés, s'ils veulent dénoncer quelque chose? Nous avons vu quelques-uns d'entre eux présenter leurs problèmes à un comité — pas le nôtre — mais je suis fort préoccupé. Il se trouve que je sais qu'ils sont nombreux à vouloir en faire autant, mais n'osent pas le faire, parce qu'ils se sentent vulnérables.
J'aimerais savoir ce que vous avez observé. Au sujet de la loi, comment s'appliquera-t-elle à la GRC? Avez-vous eu le temps d'y songer? Je comprends que vous ne l'ayez peut-être pas eu encore.
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Certainement, madame la présidente.
Je commence par la deuxième question. J'ai mal choisi mes mots. J'aurais dû parler du secteur public plutôt que de la fonction publique. Pendant ma carrière, j'ai eu à traiter avec des sociétés d'État, ce qui m'a permis de bien comprendre leur rôle et l'importance de l'exécution de politiques et de programmes.
Pour ce qui est d'éducation, de prévention et de formation — Si je ne m'abuse, la question de savoir qui devrait assumer ces responsabilités a fait l'objet de discussions au comité. L'entité qui s'appelle depuis peu l'Agence de la fonction publique du Canada a, de concert avec le Conseil du Trésor, un rôle à jouer en matière d'éducation et de formation, qui est très important pour tout employeur.
Comme tout tribunal — La Cour suprême du Canada, par l'entremise de sa juge en chef, fait de la sensibilisation — non pas que je me compare à la Cour suprême, mais les tribunaux en général veulent faire connaître leur mandat, faire preuve de transparence et d'ouverture et s'efforcer de se rapprocher des divers groupes qui dispensent des services aux Canadiens, tenter d'améliorer la façon dont ils s'acquittent de leurs tâches et régler les problèmes qui peuvent surgir en milieu de travail.
Je voudrais donc, de façon générale, faire connaître le rôle et le mandat de cette nouvelle institution et ne pas travailler isolément. Voilà ma première observation, madame la présidente.
La deuxième question portait sur le règlement extrajudiciaire des différends. C'est dans ce contexte que j'ai parlé d'un supérieur qui prendrait des mesures correctives. Dans le contexte d'un processus de médiation, on parle toujours d'amener les parties à reconnaître qu'un tort a été causé ou qu'une erreur a été commise et j'ai souvent constaté que le manque de communication, soit de la part du plaignant, soit de celle de l'intimé, était un aspect critique. Il est souvent possible de régler de telles questions dans divers contextes.
C'est ce que j'avais à dire là-dessus.
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J'aimerais aborder une dernière question qui m'apparaît importante.
La question de l'anonymat, si ma mémoire est bonne, nous a talonnés durant de nombreuses années. L'anonymat est crucial et je crois que nous avons pris toutes les mesures possibles pour le préserver. Je me souviens que nous avions déterminé que, dans les petits ministères et organismes, l'auteur de toute dénonciation serait fort probablement reconnu et qu'il serait possible de prendre des mesures de protection raisonnables à son égard, y compris son transfert.
L'autre aspect très délicat avait trait au degré de confiance que les membres de la fonction publique, au sens de la loi, accorderaient au processus, à son caractère équitable et à l'intégrité du titulaire de la charge. D'ailleurs, le cynisme que suscitait le renouvellement de la fonction publique s'est reporté sur le processus de la dénonciation. Le cynisme de fonctionnaires étaient très grand.
Je vous dis cela en guise de préambule car je note, en lisant votre curriculum vitae que, depuis le début des années 1990, vous faites essentiellement partie des cadres. Or, ce ne sont pas des cadres qui ont dénoncé des actes répréhensibles mais bien des fonctionnaires occupant des postes subalternes à ceux que vous avez détenus.
Étant donné que vous avez occupé surtout des postes de gestion, croyez-vous que la fonction publique, au sens de la loi, pourra vous faire confiance, comme nouvelle commissaire, et vous croire capable de vous acquitter de vos responsabilités de façon juste et efficace?
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Merci, madame la présidente.
Premièrement, je vous renvoie au serment que j'ai prêté comme avocate. Deuxièmement, j'ai eu très tôt dans ma carrière à travailler dans un contexte quasi-judiciaire. Je crois donc avoir établi ma neutralité et jouir d'une certaine crédibilité à cet égard, sachant que non seulement il doit y avoir justice, mais il doit aussi y avoir apparence de justice.
Comme je l'ai dit, je suis également intervenu dans de nombreuses situations ayant trait au règlement extrajudiciaire des différends et j'en ai donné quelques exemples. Au départ, il faut considérer à mon avis que le titulaire du poste, à titre de mandataire du Parlement, en est la prolongation et qu'il lui incombe de se laisser d'abord et avant tout guider par le cadre législatif.
En dernière analyse, je suis convaincue que la grande communauté que constituent le secteur public et la fonction publique tient à la mise en oeuvre de cette loi, qui est un gage de transparence et d'ouverture, et souhaite rehausser la crédibilité en matière de prestation de services aux Canadiens.
Je tiens aussi à laisser le message suivant aux membres du comité, s'ils veulent bien appuyer ma candidature: je m'acquitterai de mes fonctions de la façon la plus neutre, impartiale et consciencieuse possible. Je suis convaincue que vous n'en attendez pas moins.
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Merci, madame la présidente.
Madame Ouimet, on a soulevé un grand nombre de problèmes auxquels vous devrez faire face, à commencer par les 60 jours de protection qu'assure la loi, ce qui est beaucoup trop peu, et aux 1 500 $ alloués, qui constituent une somme trop mince pour les montants qui sont demandés par les avocats qui exigent maintenant, comme vous le savez sans doute, 150 $, 200 $ ou 300 $ l'heure juste pour écouter une cause.
Je voudrais revenir sur ce que M. Poilievre a dit plus tôt. Lorsque des gens font des dénonciations, dans 99,9 p. 100 des cas, ils ne le font pas par méchanceté: ce ne sont pas des abus, des plaintes futiles. S'ils font des plaintes, c'est parce que vraiment cela touche le code d'éthique qu'ils ont reçu à titre de travailleurs de la fonction publique. Partir avec l'idée que nous aurons énormément de cas de dénonciation futiles, à mon avis, c'est mal partir. Je ne pense pas qu'il y ait eu énormément de cas de dénonciation jusqu'à présent, compte tenu de tous les problèmes que ces gens peuvent vivre. D'abord, ils sont bien souvent reçus par une personne qui ne connaît pas ce qu'ils peuvent vivre. Avant de dénoncer, ils y ont pensé à deux fois. La personne qui les recevra devra être très compréhensive, devra écouter convenablement et ne pas se faire annoncer par le Conseil du Trésor ou la fonction publique, parce que les ennemis de ces dénonciateurs sont le Conseil du Trésor et la fonction publique. Ils peuvent perdre leur emploi, s'ils dénoncent. Il faudra donc une commissaire à l'éthique qui soit en mesure d'aller les voir sur leur lieu de travail et de créer un climat de confiance. Oui, on peut avoir beaucoup de plaintes légitimes, mais très peu de plaintes qui peuvent nuire à une carrière, parce que les employés de la fonction publique y pensent bien comme il faut.
C'était mon commentaire, madame la présidente.