:
La séance est ouverte. Bienvenue à tous, et je demanderais à tous les caméramans de bien vouloir quitter la salle.
J'aimerais, au nom de tout le comité, souhaiter à chacun une très chaleureuse bienvenue. Nous poursuivons ici les audiences du comité consacrées à l'étude du chapitre 9, « L'administration des régimes de retraite et d'assurances — Gendarmerie royale du Canada », du rapport de novembre 2006 du vérificateur général du Canada.
Nous accueillons parmi nous aujourd'hui, de la Gendarmerie royale du Canada, Paul Gauvin, sous-commissaire, Gestion générale et contrôle, et André Girard, sergent d'état-major, Section des renseignements et analyses criminelles.
Comparaissent également à titre personnel, Keith Estabrooks; John Spice, commissaire adjoint (retraité), Gendarmerie royale du Canada; et Pierre Lavoie, surintendant (retraité), Gendarmerie royale du Canada. Il y a également dans la salle d'autres personnes auxquelles nous ferons peut-être appel, selon les circonstances.
Avant de vous demander de faire vos déclarations liminaires, si je comprends bien, monsieur Christopherson, vous aimeriez dire quelque chose.
:
Merci, monsieur le président.
Je soulève la question de privilège. Je ne me sens pas bien à l'idée de laisser simplement faire. Étant donné que nous en sommes à la dernière étape ou avons tout juste bouclé un rapport sur les fuites, et compte tenu du fait que le gouvernement a décidé que les auteurs de fuites doivent être menottés et sortis de force de leur lieu de travail, je ne pense pas que l'on doive taire, sans rien dire, le fait que quelqu'un au comité a décidé qu'il était plus important d'attirer l'attention des médias. En conséquence, dans le journal de vendredi, paru après notre séance à huis clos, un journaliste dit dans une partie de son... Je n'en veux pas au journaliste; il fait son travail. Mais le nôtre est de respecter le caractère confidentiel des dossiers que nous abordons. C'est ce que nous disons aux bureaucrates qu'ils doivent faire. Cela rejoint toute la question de l'éthique dont nous discutons relativement aux agents de la GRC.
Je lis dans l'article « Cependant, des sources ont dit que le panel a décidé de rappeler... » et vient ensuite une liste de noms. Et si quelqu'un souhaite prétendre que cela était public et disponible à partir du procès-verbal affiché, à ma connaissance, celui-ci a été affiché le vendredi, à 15 h 50, soit dans l'après-midi de la journée où le rapport paraissait dans le journal du matin.
Monsieur le président, les gens n'ont pas à répondre s'ils ne le veulent pas. J'étais très ferme là-dessus au sous-comité. Je me suis un petit peu calmé depuis, mais je ne vais pas laisser passer la chose sans souligner qu'en bout de ligne il y a des membres du comité — certains membres — qui sont des hypocrites. Vous ne pouvez pas dire aux gens qui travaillent pour les Canadiens, par le biais du gouvernement du Canada, que vous ne pouvez pas divulguer des renseignements confidentiels lorsque cela fait partie de votre travail. Nous ne parlons pas de dénonciateurs qui nous avertissent de choses qui ne devraient pas être en train de se faire, et de les protéger et de rendre publics les actes fautifs. Nous parlons de personnes dont c'est le devoir de maintenir la confidentialité, et si nous ne respectons pas ces normes en ce qui concerne nos droits et privilèges respectifs, alors quels droits avons-nous de pontifier sur la colline du Parlement sur l'obligation de tout le monde de respecter cette norme?
Monsieur le président, nous pouvons faire mieux. Il nous faut faire mieux, sans quoi le comité n'aura pas la base morale requise pour faire son travail. C'est ainsi que je demande à mes collègues de faire preuve d'un peu plus de respect, surtout les uns envers les autres, lorsqu'ils donnent leur parole quant au maintien du secret, si l'idée de tenir sa parole publiquement ne suffit pas.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais simplement dire que j'appuie tout ce qu'a dit mon collègue, monsieur Christopherson. Je suis resté bouche bée en lisant cet article dans le Globe and Mail et en constatant la quantité de renseignements confidentiels qui avaient été divulgués.
On me cite dans cet article, parce que M. Leblanc m'a demandé de lui donner des renseignements de base et un petit peu de contexte pour un article qu'il écrivait. À la fin, il m'a dit ce qu'il savait, et j'ai été abasourdi de constater tout ce qu'il savait déjà. Il semble, si je comprends bien cet article, monsieur le président, qu'il dit « Le rapport de la Bibliothèque du Parlement dit... », et qu'il avait en fait en main copie du rapport de la Bibliothèque du Parlement qui nous avait été remis de façon confidentielle.
Les règles veulent que les délibérations et les questions abordées lors d'une séance à huis clos doivent demeurer confidentielles. Les résultats d'une telle réunion peuvent être rendus publics, et je songe à une motion qui a été adoptée et ainsi de suite. Mais nous avions tous parlé de la nécessité du maintien du caractère confidentiel de la discussion sur ce dossier alors même que nous nous penchions sur un rapport sur les fuites — monsieur le président, cela est arrivé simultanément, ce qui ne fait qu'aggraver encore la situation. L'ironie de la chose est parfaitement incroyable.
Je pense, monsieur le président, que vous devriez sonder tous les membres du comité pour déterminer qui a divulgué ce rapport et qui a parlé aux journalistes. Oui, j'ai discuté avec Daniel Leblanc, mais strictement pour lui donner des renseignements contextuels relativement à la situation. Voilà ce que j'ai fait, mais quelqu'un d'autre a été très précis, fournissant des noms, des citations, et, je devine, le rapport. Je pense, monsieur le président, que nous devrions sonder tout le monde et demander à chacun si c'est lui le coupable.
Et je viens de dire que ce n'est pas moi.
:
Eh bien, monsieur Williams, je ne suis pas certain que nous ayons le temps de traiter de cela aujourd'hui. Je tiens cependant à reprendre certains des commentaires qu'a faits M. Christopherson et certains des vôtres.
Nous parlons ici d'une chose que nous prenons très au sérieux. Rien de ce qui est dit lors d'une séance tenue à huis clos ne doit être divulgué à l'extérieur de la réunion, qu'il s'agisse d'un journaliste ou de n'importe qui d'autre, d'ailleurs. La personne qui propose une motion, discute d'une motion, vote sur une motion... C'est précisément pour que ces éléments demeurent confidentiels que nous avons siégé à huis clos. Pourquoi avoir pris la peine de siéger à huis clos si tel n'était pas le cas.
Il est clair que quelqu'un a fourni au journaliste en question copie du rapport que nous avions chargé l'analyste de préparer. Cela devait être discuté à huis clos, comme tout le monde le sait.
Il me faut souligner ici que le comité a déjà été confronté à une situation semblable. Un incident identique s'est produit il y a trois ou quatre ans. L'ancien député de Toronto-Danforth avait divulgué des questions dont nous avions traité à huis clos, et nous en avions fait rapport à la Chambre.
Encore une fois, c'est très grave. Je suis déçu que cela soit arrivé.
Madame Sgro.
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais prendre quelques instants pour parler d'efforts soutenus qui ont été faits, et que l'on continue de faire durant les réunions du comité permanent, et qui ne peuvent être perçus que comme des tentatives visant à me discréditer et à remettre mon intégrité en question au moyen de témoignages fallacieux, d'allégations et d'assertions que l'on semble accepter sans faire le moindre effort pour s'assurer de leur véracité.
Par souci d'équité envers moi, j'aimerais aborder certains commentaires et allégations qui ont été faits à mon endroit au cours de réunions récentes du comité, notamment celles des 16, 18 et 30 avril.
Lors de la réunion du comité du 16 avril, M. Wrzesnewskyj a interrogé le commissaire Zaccardelli pour savoir si un ancien dirigeant principal des finances de la GRC, M. Gordon Clark, l'avait informé que je détenais un dossier comportant toutes les demandes inconvenantes et illégales qu'il m'avait présentées. Cette allégation de seconde main de M. Clark est sans fondement et n'a aucun bien-fondé. J'ai été privilégié de travailler pour des sous-ministres dans quelques-uns des ministères les plus importants et complexes de notre gouvernement, comme Emploi et Immigration Canada et Transports Canada. J'ai également eu le privilège de travailler pour trois commissaires de la GRC: M. Murray, M. Zaccardelli et Mme Busson. Toutes ces personnes représentent des exemples de dévouement et de professionnalisme, et nos relations professionnelles ont toujours été axées sur la confiance et le respect mutuels.
Je tiens à déclarer sans détour que je n'ai, en aucun temps, conservé un livre ou quelque type de dossier que ce soit comportant les demandes que je considérais inconvenantes ou illégales. Je tiens par ailleurs à souligner tout aussi clairement que je n'ai jamais reçu de ces personnes de demandes inconvenantes ou illégales. Il me faudrait par ailleurs ajouter que M. Clark a pris sa retraite de la GRC au milieu des années 1990. J'ai été nommé directeur des finances en novembre 1999. Je n'ai rencontré M. Clark que dans le cadre de cérémonies de la GRC, soit en un nombre très limité d'occasions au cours des sept dernières années. Puisque M. Clark et moi n'avons jamais travaillé ensemble, la façon dont il s'y se serait pris pour être suffisamment informé pour alléguer quoi que ce soit au sujet de ma conduite n'est pas claire, pas plus que ne l'est la raison pour laquelle l'on pourrait accorder une certaine crédibilité à cette allégation.
Suppression de demandes d'accès à l'information: Lors de la réunion du comité du 18 avril, une motion a été déposée pour que le sergent de la GRC à la retraite, Keith Estabrooks, comparaisse devant le Comité permanent des comptes publics et apporte tous les documents et dossiers pertinents faisant état de la suppression de demandes d'accès à l'information de la part de M. Gauvin. Le membre du comité qui a proposé la motion, M. Wrzesnewskyj, a fait référence à sept numéros de dossiers présumés être en cause dans l'enquête sur la caisse de retraite. À titre de dirigeant principal des finances, je ne détiens aucune autorité hiérarchique exerçant une influence sur le service chargé de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels. Ce service relève directement du commissaire adjoint, Direction des affaires publiques et des services de communication, et non du dirigeant principal des finances.
D'autre part, la politique de la GRC stipule que seul le service chargé de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels détient le pouvoir de protéger des renseignements dans les dossiers de la GRC et que ces protections sont appliquées au cas par cas par l'OR du service chargé de l'accès à l'information.
Je devrais également ajouter que j'ai demandé au président de ce comité la permission d'examiner les documents qui, dit-on, appuient cette allégation, mais on m'y a refusé l'accès. Pourtant, je suis certain que ces documents ne renferment aucune preuve appuyant cette allégation, celle-ci étant sans fondement.
Au sujet du dossier numéro 3951-3-02914/05, je confirme que le service chargé de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels a envoyé une demande d'examen de ce dossier à mon bureau le 14 mars 2006. Je confirme également que j'ai répondu à cette demande le 21 mars 2006. Je devrais cependant insister sur le fait que l'initiative d'envoyer ce document a été prise par le service chargé de l'AIPRP et non par moi, comme l'a insinué M. Estabrooks. Dans ma réponse du 21 mars 2006, j'ai donné mon avis au sujet des conséquences possibles de la divulgation de renseignements personnels particuliers liés à l'enquête des Services policiers d'Ottawa pour que les responsables de l'AIPRP puissent l'examiner. Mon avis était, et reste le même aujourd'hui, que la divulgation de renseignements que je percevais comme étant des renseignements personnels en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels pourrait se solder par une dérogation à la loi.
J'étais également préoccupé par le fait qu'une telle infraction pourrait entraîner des poursuites civiles contre la GRC. Au moment où le processus visant à déterminer si l'on devrait appliquer des mesures disciplinaires à l'interne vis-à-vis les personnes concernées était en cours, la divulgation de renseignements personnels aurait pu être extrêmement préjudiciable pour ces personnes. Pour que les choses soient bien claires, je n'étais pas l'une des personnes qui auraient été visées par des mesures disciplinaires.
Avis juridiques du services du contentieux de la GRC au sujet de la divulgation de renseignements personnels: Il se trouve que les services juridiques de la GRC avaient procédé à un examen préliminaire de ce dossier, de même qu'à une analyse plus approfondie, puis ils en étaient arrivés à la conclusion qu'il y aurait des préoccupations en matière de protection des renseignements personnels relativement à la divulgation des renseignements demandés.
Bien que j'aie donné mon avis, lorsqu'on me l'avait demandé, ce fut l'OR du service chargé de l'AIPRP qui a, en bout de ligne, déterminé quels étaient les renseignements qui devraient être approuvés ou non. Je ne sais rien de plus du processus décisionnel à l'intérieur du service chargé de l'AIPRP dans le contexte de ce dossier.
Vu l'heure, je vais sauter la partie suivante et passer tout de suite à la page 5 des 13 pages que fait mon texte en français. La seule information que je voulais obtenir était le titre des sept numéros de dossiers individuels pour déterminer, s'il y a lieu, les éléments parmi ceux-ci qui évoquaient certains souvenirs chez moi, y compris la question de savoir si l'on avait cherché à obtenir mon avis à leur sujet ou non.
L'inspecteur Cowan m'a indiqué que lorsqu'il s'est présenté au service chargé de l'accès à l'information et de la protection des renseignements privés, le caporal Kent Swin l'a escorté jusqu'à l'aire de bureaux où il lui a présenté le caporal Lee Duchesne. L'inspecteur a d'abord parlé au caporal Duchesne en personne et a ensuite eu une conversation téléphonique avec le sergent Jeff Hurry. Cependant, ni l'un ni l'autre n'a été en mesure de fournir les renseignements que l'inspecteur Cowan tentait d'obtenir en mon nom.
Cependant, ces officiers ont offert d'essayer de joindre un officier autorisé qui pourrait être en mesure de répondre à la demande de l'inspecteur Cowan, et celui-ci est revenu à mon bureau pour me communiquer ces développements.
Il est resté environ dix minutes, en tout, au service chargé de l'AIPRP. Tout ce que je cherchais à obtenir auprès du service chargé de l'AIPRP était les titres des dossiers. Tout ce que j'avais à l'époque était des numéros, qui m'avaient été fournis tard dans la journée.
Je ne vais pas discuter de la présence de l'inspecteur Cowan au service chargé de l'AIPRP à moins que vous ayez des questions là-dessus, auquel cas je me ferai un plaisir d'y répondre.
En ce qui concerne les documents manquants, M. Estabrooks a déclaré ceci:
Lorsque je suis retourné travailler à temps partiel à titre d'employé occasionnel, le caporal Luc Poulin m'a demandé d'examiner le dossier du fonds de pension une fois de plus et il m'a suggéré d'y jeter un coup d'oeil puisque je connaissais bien tous ces dossiers. Alors que je parcourais ces documents, j'ai remarqué qu'il y en avait que j'avais moi-même écrits qui avaient disparu, sans rime ni raison, à savoir pourquoi. Les notes de service dactylographiées que j'avais mises dans le dossier étaient là mais il y avait une note en particulier que j'avais écrite à la main, que j'ai apportée avec moi, qui ne se trouve pas dans le dossier que nous pouvons trouver.
J'en ai conservé une copie lorsque j'ai quitté. Lorsque j'ai pris ma retraite, j'ai gardé mes notes. Je les ai parcourues. J'en ai une copie, c'est une photocopie du document A5 qui a été traduit pour la Chambre des communes.
Il semble qu'une théorie de conspiration soit défendue et alimentée par des rumeurs et des insinuations et que M. Estabrooks fournit des renseignements inexacts au député d'Etobicoke en ce qui concerne ma présumée suppression de demandes d'accès à l'information.
Toute allégation à cet effet est totalement fausse, tout comme c'est le cas de toute allégation de comportement déplacé de la part de l'inspecteur Cowan.
Aussi, la question à savoir ce sont les intérêts de qui que M. Estabrooks sert en plus des siens n'est pas claire. Le comité semble accepter ses attaques non justifiées et vindicatives à l'endroit de ma personne et de mon intégrité sans que l'on essaie d'exiger les preuves ou les justifications qui s'imposent de ce qu'il affirme.
:
Je vais sauter à la fin.
Le sergent d'état-major Frizzell... Lors de la réunion du comité du 7 avril, le sergent d'état-major Frizzell a déclaré: « Ce que j'ai constaté était, comme Mme George l'a mentionné dans sa lettre, qu'ils ont exigé un remboursement de 540 000 $ plus intérêts, même si la Great West Life leur a envoyé un chèque de 578 000 $... Il n'y a qu'une bagatelle de 36 000 $ qui a disparu... »
Je pense que c'est là la partie importante, et je tiens tout particulièrement à déposer ceci auprès du comité. Ce que j'aimerais faire c'est vous présenter ceci, et je l'ai annexé à la fin de ma déclaration. J'estime que cela est très important pour le comité, et je vais m'arrêter là.
Premièrement, nous avons reçu un chèque de 579 942,48 $. Lorsque nous avons reçu le chèque, nous avons crédité 540 327,36 $ au fonds de pension, comme il se devait. En plus de cela, il y avait des intérêts: 1 792,21 $. Nous avons là encore crédité le fonds de pension. Les autres 37 000 $ — le montant était de 37 822,91 $ — correspondaient à la TPS, et nous avons, comme il le fallait, crédité le compte de TPS.
Je tiens donc à souligner tout particulièrement qu'il n'y a pas d'argent manquant. C'était une transaction qui aurait dû être effectuée lorsque nous avons reçu l'argent, et cela a été fait. Je pense qu'il s'agit d'un élément important, car des membres du comité et d'autres — des gens de l'extérieur — ont téléphoné au sujet des 37 000 $ manquants, et je tiens à mettre clairement sur la table le fait qu'il n'y a pas du tout d'argent manquant. Les 37 000 $ ont toujours été là, et ils ont été crédités au bon compte, soit celui de la TPS.
Merci beaucoup.
:
Cela me satisfait, monsieur le président. Je vous remercie infiniment.
Cela dit, je vais vous faire part de mes commentaires d'ouverture. Premièrement, je remercie les membres du comité de me permettre de venir témoigner aujourd'hui, particulièrement sur les demandes d'accès à des documents que j'ai faites par l'intermédiaire de la Loi sur l'accès à l'information.
J'oeuvre à la GRC depuis déjà 31 ans. J'occupe le rang de sergent d'état-major. Durant les 16 dernières années, j'ai oeuvré en tant que représentant divisionnaire aux relations fonctionnelles à la Division C, représentant les membres réguliers et civils de la Gendarmerie royale du Canada au Québec, incluant le détachement de Cornwall, en Ontario. J'occupais les mêmes fonctions que le sergent d'état-major Ron Lewis occupait avant sa retraite.
Les postes de représentants divisionnaires sont électifs pour des périodes de deux ou de trois ans et, depuis 1990, j'ai été réélu dans ces fonctions, soit par une grande majorité de votes ou à l'unanimité. Lors de la dernière mise en candidature pour ce poste, on m'a empêché de postuler comme candidat parce que j'avais fait parvenir des lettres au ministre de la Sécurité publique, l'honorable Stockwell Day. J'ai déposé auprès du greffe, dans les deux langues officielles, les lettres envoyées au ministre de la Sécurité publique, les lettres de représailles qui ont suivi à mon égard ainsi que le refus concernant mon droit de postuler à nouveau pour le poste que j'occupais depuis 16 ans déjà.
Des copies de lettres non traduites sont également incluses. J'apprécierais l'assistance du greffier pour que ces lettres puissent être traduites aux fins d'appréciation par les membres du comité.
L'ironie de tout cela tient du fait que mes problèmes ont débuté, entre autres, lorsque j'ai demandé, par l'intermédiaire de l'accès à l'information, le rapport de la police d'Ottawa en ce qui a trait à l'enquête criminelle qui avait été apparemment menée par ce corps de police sur les agissements de certains cadres supérieurs de la GRC, dont certains auraient déjà témoigné devant votre comité. D'autres demandes d'accès à l'information ont également porté sur l'embauche, par la GRC, de membres retraités en tant qu'employés civils temporaires immédiatement ou peu de temps après leur départ de l'organisation policière.
Il n'y a aucun doute dans mon esprit que le fait d'avoir fait ces demandes et écrit des lettres au ministre de la Sécurité publique pour discuter davantage des problèmes faisant l'objet d'interventions devant ce comité m'a assujetti à des représailles de la part de représentants de l'employeur ayant résulté en un transfert punitif à mon égard après qu'on m'ait empêché de briguer les suffrages pour un huitième terme consécutif pour représenter les membres de la Division C qui, de surcroît, n'ont aucun pouvoir pour contrer ces actions prises à mon égard. Malheureusement pour les membres de la GRC, la récente décision de la Cour suprême du Canada de refuser d'entendre l'appel de M. Robert Reed vient de donner davantage de pouvoir à l'état-major supérieur, rendant plus vulnérables les membres de la GRC à des représailles lorsqu'ils agissent comme délateurs d'actes présumés fautifs commis ou pouvant être commis par des cadres supérieurs.
[Traduction]
Avant de conclure, j'aimerais également dire aux honorables membres du comité que les mesures prises contre moi coïncident également avec l'issue d'une plainte que j'avais déposée auprès du Bureau du commissaire aux langues officielles relativement au fait qu'aucune traduction simultanée n'avait été demandée par le chef du système de relations de travail à la GRC, qu'on appelle le système des représentants divisionnaires, lors d'une réunion officielle à laquelle participaient tous les représentants de partout au Canada, l'ancien commissaire de la GRC, M. Giuliano Zaccardelli, et Mme Barbara George.
Je pourrais fournir au comité, sur demande, la plainte, la documentation à l'appui et le résultat relativement à l'affaire dont je viens de vous parler. D'après ce que je comprends, mon représentant divisionnaire, le sergent d'état-major Gaétan Delisle, a rencontré Mme Barbara George pour intervenir en ma faveur, sans résultat. D'autre part, l'actuel commissaire, qui aurait pu corriger ce traitement injuste, a, jusqu'ici, refusé de rencontrer l'un ou l'autre d'entre nous.
[Français]
Encore une fois, je remercie le comité de m'avoir permis de venir l'assister dans ses travaux. Je suis maintenant disponible pour répondre à vos questions.
Bonjour, monsieur le président. Je remercie le comité de me donner l'occasion de comparaître.
Voici quelques renseignements à mon sujet. J'ai occupé le poste de conseiller à l'éthique et à l'intégrité à la Gendarmerie royale du Canada. J'ai pris ma retraite de la GRC en novembre 2003 après 35 ans de service. J'avais le grade de commissaire adjoint et j'ai occupé le poste de conseiller à l'éthique et à l'intégrité de février 2002 jusqu'à ma retraite, en novembre 2003. J'ai commencé ma carrière à la GRC au Manitoba et j'ai également occupé des postes de commandement au quartier général d'Ottawa, en Alberta et au Yukon.
L'ancien commissaire Zaccardelli m'a demandé d'assumer le rôle de conseiller à l'éthique et je relevais directement de lui. J'ai été conseiller de l'État-major supérieur de la GRC ainsi qu'agent supérieur responsable de la divulgation interne d'actes répréhensibles, conformément à la politique du Conseil du Trésor. Je voyais mon rôle comme celui d'un quasi-ombudsman et je traitais couramment de problèmes de comportement au sein de la GRC, comme des problèmes de harcèlement, d'abus de pouvoir et d'autorité, et de conduite contraire à l'éthique.
J'attendais avec impatience de pouvoir comparaître devant votre comité et je répondrai à toutes vos questions au meilleur de ma capacité. J'ai quelques commentaires supplémentaires à faire, mais je vais les réserver pour plus tard, si vous le voulez bien.
:
Je tiens à remercier les membres du comité de m'avoir invité à comparaître. Permettez-moi de me présenter. J'ai servi dans la GRC pendant plus de 28 ans. Le gros de mon expérience fut acquis dans différentes fonctions opérationnelles et administratives. En 2001, j'ai obtenu une promotion au grade d'inspecteur et une mutation à Ottawa. Après m'être porté volontaire en mai 2005, j'ai été affecté au poste de coordonnateur de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels. J'y suis resté jusqu'à mon départ, en février 2007.
Tel qu'indiqué dans le fascicule d'information que j'ai remis au greffier, durant mon stage comme coordonnateur, j'ai été aux prises avec un mandat très difficile à accomplir, car le volume de travail dépassait largement les capacités d'accomplir la besogne. À cause d'une pénurie aiguë de personnel, on ne suffisait tout simplement pas à la tâche. Chaque mois, on accumulait de plus en plus de retard dans le traitement des demandes d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels. Seules ces lacunes en termes de ressources humaines sont responsables des retards dans le traitement des demandes. Cela m'a causé énormément de frustration, car je ne pouvais satisfaire aux obligations en vertu des deux lois.
Possédant toute l'autorité et les pouvoirs délégués nécessaires pour l'accomplissement de mes fonctions, au bout du compte, j'étais le seul et unique responsable des décisions prises concernant la divulgation de renseignements en réponse à toute demande, incluant la demande visant le rapport de la police d'Ottawa dans le dossier qui vous intéresse. Je tiens à vous dire que j'ai toujours accompli mon devoir comme coordonnateur avec conviction, dans le respect de la loi et avec un sens de l'éthique que j'ai acquis et exercé tout au long de ma longue carrière dans la GRC.
Je suis conscient du fait que M. Estabrooks, qui a oeuvré sous ma direction lors de mon service comme coordonnateur, a fait certaines déclarations lors de sa comparution devant vous le 30 avril dernier. Je tiens à vous dire que je m'objecte à plusieurs insinuations faites par mon ancien collègue, dont deux en particulier.
Premièrement, je ne suis pas d'accord avec M. Estabrooks lorsqu'il déclare qu'il fut relevé du dossier. Tel que décrit dans mon fascicule, lorsque j'ai pris possession du dossier le 21 mars 2007, je n'ai fait que mon devoir de coordonnateur, qui m'obligeait personnellement à entreprendre les démarches nécessaires afin d'assurer la divulgation du rapport sur le sujet, surtout après avoir pris des engagements auprès du directeur général des Enquêtes et révisions du bureau du commissaire à l'information, qui, depuis une certaine période, demandait régulièrement des comptes.
Étant le seul officier en service à la Direction de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels et celui qui possédait les autorités déléguées, il m'appartenait, à moi seul, d'entreprendre les démarches nécessaires auprès des membres de la gestion de la GRC pour faire aboutir le dossier, de documenter toutes ces démarches dans l'éventualité d'avoir à justifier les actions prises, de répondre aux interrogations pressantes de M. Dupuis, le directeur général des Enquêtes et révisions au bureau du commissaire à l'information, de prendre les engagements nécessaires au nom de la GRC et, finalement, de divulguer le rapport. C'est exactement ce que j'ai fait.
Deuxièmement, je m'objecte également à la déclaration de M. Estabrooks selon laquelle la participation du sous-commissaire Gauvin dans le processus constitue une conduite manquant à l'éthique. Selon moi, bien que cela ne soit pas fréquent, rien n'empêche un cadre de prendre part au processus de traitement d'une demande d'accès à l'information appartenant à l'institution et de faire des recommandations.
Les membres de la gestion de la GRC ont un droit, sinon un devoir légitime de faire valoir leur point de vue pour s'assurer que les intérêts du public et ceux de l'institution sont pris en considération dans l'élaboration de la décision finale du coordonnateur de donner un accès ou non, complet ou partiel, aux renseignements demandés. Il n'y a donc rien d'illégal ou de contraire à l'éthique dans une telle consultation.
En définitive, cependant, il appartient au coordonnateur de soupeser ces considérations avant de prendre les décisions qui s'imposent quant aux renseignements qui peuvent être divulgués et ceux qui doivent être retenus. C'est ce que j'ai fait.
Je trouve ainsi blessant et malveillant de laisser planer un doute sur mon intégrité ou mon sens de l'éthique dans l'exécution de mes tâches.
Ayant fait cette mise au point, il me fera maintenant plaisir de répondre à vos questions.
:
Juste pour appuyer ce que vous dites, je comprends les préoccupations soulevées par M. Williams, et c'est justement pourquoi nous avons eu une longue discussion. Pour être juste, nous avions une demande écrite de la commissaire de la GRC, qui nous a indiquait, dans une missive très polie et respectueuse, qu'à son avis ces deux témoins supplémentaires seraient utiles et en mesure de nous fournir de précieuses informations.
M. Wrzesnewskyj en avait au moins trois ou quatre autres. Il nous en avait averti plus tôt et la question avait été renvoyée au comité directeur. Nous ne voulions pas lui opposer tout simplement un refus définitif, étant donné que nous essayons d'avancer sujet par sujet.
Voilà donc quel était notre dilemme, et au lieu de répartir cela entre deux ou trois réunions, nous avons dit que nous laisserions les témoins de la liste originale se présenter, se faire assermenter et s'installer à la table. Pour ce qui est des autres témoins, ils allaient être ici, leur présence allait être soulignée et ils allaient être à la disposition des députés désireux de faire appel à eux.
Le président et le comité directeur sont en train de respecter cela, afin que nous ne nous retrouvions pas dans la même situation que la dernière fois, avec toutes ces personnes entassées. Cela n'avait pas vraiment fonctionné. En vérité, tout ce qui nous restait comme possibilités était de dire à la commissaire et à M. Wrzesnewskyj « Absolument pas, tant pis, délai artificiel, nous ne pouvons pas le faire », ou alors d'avoir deux réunions ou de procéder comme nous le faisons.
Ce que nous avons décidé, pour être juste envers la commissaire et pour être juste envers notre collègue membre du comité, a été que nous autoriserions ces personnes à être dans l'assistance et à venir à la table, au besoin, pour être interrogées par les membres du comité.
Voilà comment nous en sommes arrivés là.
:
Monsieur le président, c'était tard un vendredi, et j'ai reçu de mon avocat certains numéros — strictement des numéros de dossier — qui avaient été discutés au comité. Les numéros ne me disaient absolument rien, alors j'ai demandé à mon adjoint administratif d'aller voir au bureau d'AIPRP si nous ne pourrions pas obtenir les titres correspondant aux numéros de dossier — uniquement les titres. Il est revenu et a dit qu'il en avait discuté avec les gens là-bas — et ils n'étaient pas très nombreux, étant donné que nous étions vendredi et qu'il se faisait tard dans l'après-midi. Les gens ont dit qu'il leur fallait faire quelques appels téléphoniques, l'équipe sur place ne pouvant pas prendre la décision. La réponse a été que non, les renseignements ne pouvaient pas être divulgués — et c'était la fin de l'histoire.
Puis j'ai parlé au 2IC responsable des affaires publiques, et je lui ai demandé si une telle liste était disponible. Il m'a dit qu'il y avait eu, l'après-midi même, une rencontre entre plusieurs personnes, dont les gens du service juridique. Ni moi ni mon personnel n'y avions été invités, mais, oui, une telle liste était disponible; elle se promenait d'ailleurs au sein du service. On m'a donc donné la liste et tout ce qu'elle comportait — et je l'ai ici — c'était, d'un côté, des numéros de dossier, et les titres, au milieu, et c'est tout. Je n'ai jamais reçu autre chose, donc, que les simples numéros de dossier et ce à quoi ils renvoyaient — des numéros tout seuls, ne signifient rien du tout.
Cela s'est donc passé tard un vendredi, et je revenais ici le lundi. Au fond, je voulais simplement pouvoir me préparer pendant la fin de semaine afin d'être bien certain que, quoi qu'on me demande, j'en aie au moins une petite idée afin d'être en mesure de répondre.
:
Tout d'abord, je tiens à souligner que ce document a une préface. Le 21 mars 2006, comme M. Gauvin l'a mentionné précédemment, j'ai reçu une note de service indiquant qu'il y avait des renseignements personnels et des gens sous enquête, et que le rapport du Service de police d'Ottawa ne devrait pas être relâché.
J'ai immédiatement dit à l'adjoint de M. Gauvin que cela n'arriverait tout simplement pas et que s'il avait des inquiétudes, il pouvait me les indiquer, qu'on en discuterait, mais que d'aucune façon le rapport n'allait pas être relâché. De surcroît, je m'étais engagé personnellement envers le directeur général du Commissariat à l'information à sortir le rapport. Depuis plusieurs mois, celui-ci était examiné par les services juridiques et ça n'en finissait plus.
Quelques minutes après le départ de M. McConnell, l'assistant de M. Gauvin, j'ai reçu un message sur ma boîte vocale me disant que le rapport ne devait pas être dévoilé, un point, c'est tout, et qu'ils ne participeraient pas à l'exercice que je leur proposais.
Environ une heure plus tard, j'ai reçu la note de service de M. Estabrooks dont vous parlez. Je lui ai indiqué essentiellement que je n'étais pas d'accord avec lui, que les recommandations de M. Gauvin n'étaient que des recommandations et que j'avais l'intention de faire mon travail. C'est ce que j'ai dit à M. Gauvin. J'ai immédiatement mis ce rapport dans le dossier de traitement simplement parce que, à titre de coordonnateur, je dois rendre des comptes à M. Dupuis, du Commissariat à l'information. De surcroît, depuis six mois, celui-ci me talonnait chaque semaine. Je n'avais aucun intérêt à ne pas vouloir un document comme celui-là, qui confirmait que je faisais mon travail du mieux que je le pouvais en dépit des obstacles.
:
Oui, monsieur. Bien que j'ai été représentant divisionnaire pendant 16 ans, il y a toujours une crainte, si je puis dire, lorsqu'on sort du rang pour s'exprimer librement, même dans cette démocratie, surtout dans le cadre d'une organisation paramilitaire comme la GRC. Il y a des répercussions, et nous constatons cela chaque jour auprès de nos membres.
Nous avons beaucoup de membres sur le terrain qui ont malheureusement été atteints. Mes collègues membres du PRDRF, et qui représentent tous ces membres sur une base quotidienne, sont au courant. Ils sont au courant du harcèlement qui se fait. Ils sont au courant du harcèlement sexuel et des autres anomalies relevés sur le terrain. Ils sont au courant des tentatives de camouflage qui ont été lancées sur le terrain, et ils ont peur de parler.
Je voulais m'assurer d'un certain degré de protection, car je m'expose en venant ici m'exprimer librement devant le comité. J'ai le même sentiment que les membres sur le terrain. La seule différence est que j'ai derrière moi 31 années d'expérience. Mais j'ai encore un bout de chemin à faire au sein de l'organisation, et je tiens à m'acquitter de mes fonctions avec fierté. J'aimerais que cette organisation ait la même devise et qu'elle respecte vraiment sa devise, Maintiens le droit, qui figure sur l'insigne de chaque membre de la force. Voilà ce que je veux pour l'avenir de cette organisation.
J'écoutais plus tôt les commentaires de M. Lewis. Il a dit ne pas avoir vécu de difficultés. Il sera possible de vérifier les transcriptions, mais je sais qu'il a déjà comparu devant le comité et exprimé beaucoup de frustration quant à l'obtention d'information et de documentation, et de mesures prises par des cadres supérieurs. J'étais assis au fond de la salle, et j'ai entendu M. Lewis parler de cela.
Il dit du PRDRF qu'il est indépendant, mais je regrette, il n'est pas indépendant. Il s'agit d'un programme de la GRC qui relève de la responsabilité du commissaire de la GRC, qui est seul responsable, en vertu de l'article 5 de la loi, de tous les programmes y compris le PRDRF, et de leur application.
:
Monsieur, vous me demandez de répondre à des questions, et avec ces questions, vous prenez en fait des choses de-ci de-là pour essayer d'obtenir les réponses que vous voulez sans doute entendre.
Ce que je vais vous dire c'est que, le 21 mars, lorsque le rapport est revenu du bureau de M. Gauvin... Et je n'ai d'aucune façon insinué, mais alors pas du tout, que le travail du sergent Estabrooks ou celui du sergent Black étaient en doute. En fait, je n'ai même pas eu l'occasion d'examiner le rapport. Il est revenu le 21, avec la recommandation qu'il soit divulgué. J'avais tout de suite dit à M. McConnell que, dans le cas de ce rapport, nous allions passer au crible ce qui devait être passé au crible, mais qu'il était exclu qu'il soit diffusé. Comme je l'ai déjà dit, donc, j'ai reçu un appel téléphonique au cours duquel on m'a dit que, non, nous n'allions pas participer à cet exercice.
J'ai alors immédiatement dactylographié une note de service, que je suis allé porter en personne à M. McConnell, lui disant: « Voici la conversation que nous avons eue, voici le choix que vous faites, et il est exclu que ce rapport sorte. Il me faut faire mon travail ». Le lendemain, je suis allé voir mon commissaire adjoint, M. Corrigan, pour lui dire ce qui était arrivé. Je lui ai dit qu'il était exclu que ce rapport sorte, que j'allais faire mon travail, un point c'est tout.
Le 22, un petit peu plus tard dans la journée, on m'a appris que le commissaire adjoint Corrigan était venu chercher les rapports et qu'il les avait renvoyés au service du contentieux. Or, nous avions pris un engagement. Je m'étais engagé, le 24 mars, auprès du Bureau du commissaire à l'information, à ce que le rapport sorte. Voilà maintenant que le rapport était repris et renvoyé une deuxième fois au service du contentieux. J'ai donc demandé au service du contentieux quand le rapport allait revenir. On m'a dit le 29. Le 24 tombait un vendredi, et le 29 était le mercredi suivant. Je me suis alors dit que quelques jours de plus n'allaient pas changer grand-chose.
Entre le 29 mars et le 4 avril, nous avons déménagé la section tout entière, débranchant ordinateurs, téléphones, et ainsi de suite, et il n'y a donc en vérité eu aucun suivi de ma part pendant au moins cinq jours. En gros, personne dans la section n'a travaillé.
Le 5 avril, soit le mercredi suivant, j'ai reçu un appel de M. Dan Dupuis, du Bureau du commissaire à l'information, qui n'était pas très heureux du fait que ce rapport n'ait pas été divulgué et me demandant qui il devait assigner à comparaître à son bureau pour lui dire ce qui se passait avec ce rapport. J'ai dit à M. Dupuis que je me renseignerais pour savoir à qui il devrait envoyer des assignations, quelles seraient les disponibilités de ces personnes, et que je lui reviendrais là-dessus. M. Dupuis a très lourdement insisté pour dire qu'il voulait que quelqu'un comparaisse devant lui en ville le lendemain, soit le jeudi.
Il y a donc eu des aller-retour. M. Dupuis a enchaîné avec un courriel me disant, plus ou moins, sa façon de penser, si je peux m'exprimer ainsi. Je me suis retourné et ai envoyé un courriel à M. Corrigan, l'avocat qui s'occupait du dossier au service du contentieux, à M. Gauvin, et j'en ai également envoyé copie à M. McConnell, afin d'être bien certain que M. Gauvin allait recevoir le message disant qu'on leur demandait d'aller en ville expliquer ce qui se passait avec le rapport.
Il ne s'était pas écoulé dix minutes que l'adjoint de M. Gauvin était à ma porte, me pointant du doigt, me demandant de quoi il s'agissait, disant que M. Gauvin n'avait rien à voir avec cette décision et que la décision m'était revenue à moi depuis le tout début. J'ai informé M. McConnell de la note de service du 21 et lui ai dit que ce n'était certainement pas l'impression que j'avais. Et, deuxièmement, j'ai souligné que je leur avais demandé de participer à l'épluchage du rapport pour indiquer ce qui leur posait problème, et qu'ils avaient refusé. Et voici maintenant qu'il me disait que la décision m'était appartenue depuis le tout début. J'ai dit: « Très bien, mais gardez bien à l'esprit qu'à l'avenir ce sera ma décision », et c'était tout.
J'ai rappelé M. Dupuis, et M. Dupuis a convenu que si je pouvais fournir avant lundi le rapport, à lui ou au demandeur, alors il se passerait de nous convoquer devant le Bureau du commissaire à l'information.
Suite à cela, j'ai appelé l'avocat des services juridiques qui s'occupait du dossier et je lui ai plus ou moins dit ce qui se passait et que le rapport devait sortir lundi, sans quoi cela allait chauffer. J'ai averti mon commissaire adjoint de ce qui passait. Il était tout à fait derrière moi. Il a dit « Quoi qu'il faille que tu fasses, vas-y, et c'est tout ». Je me suis donc assis le vendredi après-midi avec l'avocat du service du contentieux et nous avons passé en revue le rapport et comparé ce que nous avions fait de part et d'autre. À l'époque, cela faisait déjà plusieurs mois que j'étais au service d'AIPRP. J'avais une assez bonne idée de ce qui se passait. J'avais vu des douzaines de rapports passer par mon bureau, alors je n'étais pas...
Il s'agissait d'un rapport de 51 pages, et il n'y avait rien de trop compliqué. Nous nous sommes assis ensemble et avons parcouru le rapport. Le lundi, nous avons finalisé la divulgation finale du rapport. J'étais censé le remettre à M. Dupuis le mardi matin. Le 11, il a annulé le rendez-vous que nous avions et m'a demandé de me présenter le 12, ce que j'ai fait. Je lui ai remis le rapport. Le 13, je suis retourné au bureau. J'ai rencontré M. Estabrooks et l'analyste qui travaillait pour lui. J'ai dit « Voici le document pour divulgation. Pourriez-vous vous assurer qu'il soit envoyé par la poste au demandeur? » Voilà très exactement ce que j'ai fait.
:
Merci, monsieur le président.
Je dois dire que je suis perdu. Nous avons ici un rapport de la police municipale d'Ottawa, assistée par la GRC, sur le fonds de pension, qui est de l'argent appartenant à tous les membres. Ce rapport est allé d'avis juridique en avis juridique en montant jusqu'au commissaire ou au commissaire adjoint. Il est allé au commissaire à l'information. Il a circulé partout. Il a été classé secret. Il a été retiré des archives. Il a été effacé de l'ordinateur. Et ce n'est qu'un rapport sur le fonds de pension de la GRC. Cela dépasse l'entendement. Je m'y perds complètement dans tous les méandres de cette histoire.
Quoi qu'il en soit, le point que j'aimerais clarifier, monsieur le président, porte sur le fait que M. Gauvin, dans sa déclaration liminaire, a déclaré: « À titre de dirigeant principal des finances, je ne détiens aucune autorité hiérarchique exerçant une influence sur le service chargé de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels de la GRC ». Mais ensuite, quelques paragraphes plus loin, il confirme qu'une demande d'examen du dossier a été envoyée à son bureau, etc., et qu'il a effectivement examiné ces dossiers.
Monsieur Gauvin, premièrement, confirmez-vous que vous n'aviez aucun pouvoir hiérarchique sur l'accès à l'information?
:
Je l'ai déjà expliqué, je crois.
Un accord avait été conclu entre le Comité de l'assurance, qui était présidé par un sous-commissaire et le directeur des ressources humaines, je crois, à l'époque — ou peut-être était-il juste membre... Il était présidé par le sous-commissaire de la région du Centre. Ils ont convenu que, parce que les bénéficiaires de l'assurance — 40 p. 100 d'entre eux étaient retraités... Ils ont convenu entre eux que 40 p. 100 de ces frais seraient imputés au fonds de pension. C'est ce qu'ils ont fait.
Nous-mêmes n'étions pas au courant de cela jusqu'à ce que nous recevions une facture qu'il fallait payer. Ils n'avaient mis personne au courant de cet arrangement. Tout d'un coup, nous recevons une facture. Nous la regardons et nous disons: « À quel compte imputons-nous ce montant? Cela n'a pas de sens ». Nous avons donc cherché un contrat ou un protocole d'entente ou quelque chose. Finalement, nous sommes tombés sur une lettre signée par le directeur des ressources humaines et le président du Comité de l'assurance. Ensuite, nous avons trouvé un accord avec la Great-West Life qui avait été signé par Great-West et Morneau Sobeco et approuvé par Dominic Crupi. Nous avons donc regardé cela et jugé que nous ne pouvions pas imputer... Il n'était pas logique de laisser cela grever le fonds de pension, car l'assurance n'a rien à voir avec la retraite. Donc, immédiatement, nous avons pris des mesures pour enlever le montant du fonds de pension, car il n'aurait jamais dû être imputé là.
Il nous restait alors deux options. À quel poste imputer ce montant? Nous pouvions l'imputer aux affectations de crédit ou bien nous pouvions l'imputer aux primes d'assurance. La première option pour le commissaire et pour moi-même était de l'imputer au compte des crédits votés.
:
Non; initialement, c'était imputé au compte de pension.
Donc, nous avons ensuite reçu un chèque en retour de Morneau, pour retirer le débit du compte de pension, car le montant n'aurait jamais dû lui être imputé en premier lieu. Nous avons crédité le compte de pension, comme il se devait, et ensuite nous ne savions plus à quel compte imputer le débit, sauf celui des primes d'assurance, car dans l'intervalle nous avons reçu un avis juridique — en fait, deux avis juridiques, l'un du Conseil du Trésor et l'autre de notre propre conseiller juridique — disant que nous ne pouvions pas imputer ce montant aux crédits votés parce que la GRC n'a pas le pouvoir d'exploiter un régime d'assurance.
Pour terminer — et je sais que cela prend quelques minutes à expliquer — maintenant les RH se retrouvent à tenir toutes sortes de discussions avec le Conseil du Trésor pour déterminer ce que nous allons faire à l'avenir. De toute évidence, les membres de la GRC ont besoin d'une assurance. Ils exercent une profession dangereuse. Il nous faut donc décider quoi faire à l'avenir et obtenir l'autorisation, tout d'abord, d'administrer ce régime et, deuxièmement, décider à quel poste imputer les frais.
:
Monsieur le président, je pense que vous faites erreur. La remarque sur la solitude a été faite par la sous-commissaire Barb George lors de sa conversation avec Fraser Macaulay.
Cependant, j'ai eu plusieurs conversations, au fil du temps, avec le commissaire concernant tant les doléances de M. Lewis que celles de Fraser Macaulay. Si je me souviens bien, j'ai même transmis au commissaire copie d'un courriel que m'a adressé Denise Revine.
J'ai bien vu que les choses ne progressaient pas bien, mais dès que l'audit a été lancé, j'ai estimé que nous étions allés aussi loin que nous pouvions et qu'il fallait laisser ce poursuivre cette vérification. Celle-ci allait...
Le processus, par exemple, consiste à demander une vérification interne — et j'ai travaillé dans le domaine de la vérification il y a de nombreuses années mais je crois que les mêmes principes s'appliquent toujours — la vérification a lieu et dès qu'elle établit qu'il y a criminalité ou violation du code de conduite, vous suspendez la vérification et ouvrez une enquête criminelle.
L'audit se déroulait donc. Pour ma part, je ne doutais pas que les vérificateurs allaient faire tout leur possible pour aller au fond des choses. Je sais que tant Fraser que Denise avaient des réserves à ce sujet, et nous avons rencontré les vérificateurs pour détailler ces préoccupations. J'ai répété à ce moment-là aux vérificateurs que si j'étais mécontent des résultats, je saisirais le Bureau de l'intégrité de la fonction publique, car comme agent supérieur responsable de la divulgation interne d'actes répréhensibles, c'était mon obligation de le faire.
Cela dit, je n'ai pas vu le rapport de vérification lorsqu'il a été terminé, et je ne faisais plus partie de l'organisation au moment où le Service de police d'Ottawa a mené son enquête.
:
« Ce dont le Comité des comptes publics traite actuellement est la conséquence de la culture et du comportement de la GRC. Le comportement anti-déontologique de certaines personnes a engendré cette situation, à mon avis, à cause du phénomène de la corruption d'une noble cause ». La corruption d'une noble cause est simplement la croyance que la fin justifie les moyens. « Lorsque les employés voient que les auteurs d'actes contraires à l'éthique n'ont pas de comptes à rendre, ou qu'ils sont témoins d'actes anti-déontologiques non sanctionnés, ils commencent parfois à imiter ces comportements. Je signale au comité qu'en août 2005, je suis revenu dans le cadre d'un contrat de services personnel pour examiner la corruption à la GRC ».
À ce stade, le dossier, le Projet Probité, le nom de code de l'enquête de la police municipale d'Ottawa — j'y ai fait référence au cours du bref contrat de 42 jours que j'avais... J'ai suggéré à la sous-commissaire responsable des ressources humaines, la dirigeante principale des ressources humaines, Barb George — et j'ai eu des discussions également avec le directeur du renseignement criminel au sujet de mon projet — d'analyser ce dossier sous l'angle de la corruption.
Je poursuis: « Je veux signaler au comité que les actes de Mme Revine sont louables. Elle a eu le courage moral de porter cette affaire à l'attention du surintendant principal Fraser Macaulay alors qu'elle savait que c'était ouvrir la boîte de Pandore. Elle n'est pas une 'dénonciatrice' ».
Je sais qu'elle a été qualifiée de dénonciatrice dans ce comité et dans la presse. Mais, à mon avis, elle n'est pas une dénonciatrice. Elle est une fonctionnaire dévouée qui a fait son travail.
« La GRC devrait être extrêmement fière de son dévouement dans cette affaire. L'action de Fraser Macaulay, de Ron Lewis et de Mike Frizzell sont également louables. Tant le surintendant principal Macaulay que le sergent d'état-major Mike Frizzell ont essuyé les critiques et même le mépris pour leur ténacité. Cela, monsieur le président, est tout simplement inadmissible. Je trouve le comportement de certains hauts responsables, dont vous avez entendu le témoignage, très troublant. Si cette affaire avait été gérée correctement d'emblée, conformément à ces valeurs de la GRC que sont l'honnêteté, l'intégrité » — et le professionnalisme — « la compassion, la responsabilité et le respect, nous ne serions pas là aujourd'hui ».
Comme je l'ai indiqué, on m'a dit le 21 que ce rapport ne devait pas être communiqué, pour les raisons que j'ai dites. Ma réponse à M. McConnell a été qu'il était exclu que ce rapport ne soit pas communiqué, que nous allions prendre en considération leurs réserves, mais que le rapport devait être transmis.
J'ai décrit les étapes suivantes. Le cinq, lorsque la situation a commencé à se gâter, en quelque sorte, lorsque des assignations à comparaître étaient émises ou que le Bureau du commissaire à l'information parlait d'envoyer des assignations, j'ai envoyé un courriel à M. Gauvin, avec copie à M. McConnell pour m'assurer que M. Gauvin le recevrait, et c'est à ce moment-là que M. McConnell est arrivé pour demander ce qui se passait.
C'était ma décision depuis le début. Eux ne faisaient que des recommandations, mais après tout la décision m'appartenait. Excusez-moi, je ne pensais pas à ce moment-là que la décision m'appartenait. J'avais l'intention de la prendre, mais je devais suivre les étapes voulues pour...
:
Eh bien, vous avez droit à votre opinion.
Ce que je dis, c'est que chaque organisation est soumise aux fragilités de la condition humaine. La GRC a connu des problèmes d'abus de pouvoir et d'autorité. Elle a connu des problèmes de harcèlement. J'ai eu à connaître de quantités d'affaires de ce genre au cours de mes 21 mois de conseiller en éthique, mais j'ai aussi été commandant d'une division et commandant d'une sous-division et responsable de plusieurs directions. Je vous le dis, on peut régler les problèmes de façon très amiable si vous avez les bonnes aptitudes de communication et si vous voulez vous donner la peine. Je ne suis pas convaincu, en l'occurrence, que les problèmes dénoncés par Mme Revine aient été traités de cette manière. Pour ce qui est de la personne qu'elle dénonçait — M. Crupi — et les irrégularités etc., elle se sentait seule contre tous, à l'exception de M. Macaulay.
Ce n'est pas normal de se sentir ainsi abandonnée. Si c'est le cas dans le milieu dans lequel vous travaillez, eh bien il y a quelque chose qui cloche avec ce milieu, il y a quelque chose qui cloche avec les personnes en situation de pouvoir, comme M. Crupi. Comment cela a-t-il pu arriver? Pourquoi personne n'a-t-il jamais vu que cet homme était un tyran? Tout revenait au fait qu'il marchait au son du tambour de M. Ewanovich, qui voulait faire avancer les programmes de RH, et pour cela ils ont utilisé des fonds là où ils en trouvaient. En l'occurrence, ils ont pioché dans le fonds de pension pour réaliser certains programmes. Vous ne pouvez pas me dire que M. Ewanovich n'était pas au courant. Il avait régulièrement des conversations avec M. Crupi. Est-ce que le commissaire savait? Je ne suis pas sûr, mais je sais que j'ai eu des entretiens avec le commissaire sur cette question particulière, sur le comportement tant de Crupi que d'Ewanovich. Je peux vous donner quantité de détails, si vous le souhaitez, sur certaines de ces conversations.
Ai-je répondu à votre question?
Maintenant, je suis dans un grand flou pour ce qui est de vos réponses sur un certain point, et j'aimerais un peu de clarté, et je vais vous donner l'occasion de jeter un peu de clarté.
En un mot, vous m'avez dit que vous aviez dit à ce comité que Crupi traitait avec Travaux publics et que vous n'aviez pas réellement à vous inquiéter parce que Travaux publics s'occupait de tout. À une autre réunion, vous nous avez dit que vous aviez retiré à Dominic Crupi le pouvoir de passer les contrats et que vous ne saviez pas vraiment qu'il faisait toutes ces choses.
Quelle est la bonne réponse? Est-ce que vous pensiez que Travaux publics aurait les leviers pour contrôler M. Crupi, ou bien est-ce la réponse que vous avez donnée auparavant, à savoir que vous avez annulé ses pouvoirs contractuels et que vous ne saviez pas qu'il faisait tout cela? Ce n'était que 6 millions de dollars. Vous étiez au courant des 580 000 $ et de toutes les imputations et réimputations, etc., mais 6 millions de dollars pouvaient passer par les mains de M. Crupi pour alimenter ce réseau qu'il avait créé, et vous ne...
Que répondez-vous à cela?
:
Je pense que cette situation particulière était le pire scénario.
J'ai rencontré une dame — je ne vais pas la nommer ici — mais elle travaillait dans ce milieu avec M. Crupi et elle avait peur de cet homme.
Vous devez comprendre ma position en tant que conseiller à l'éthique. Mon bureau était à l'étage principal du bâtiment central et je pouvais voir les gens faire les cent pas devant chez moi jusqu'à ce qu'il n'y ait personne en vue dans le couloir avant de se glisser dans mon bureau. Il n'était pas bien vu de se rendre chez le conseiller à l'éthique.
Cette pauvre femme s'est torturée avant de décider de venir me voir, mais elle ne voulait pas que j'intervienne, car si je ne réussissais pas, sa vie deviendrait encore plus pénible. Le désespoir que l'on voit chez les employés... Et croyez-moi, j'avais une boîte de Kleenex dans mon bureau et je disais aux gens que je m'en servais pour me débarrasser de ma gomme Nicorette pour éviter qu'elle se retrouve dans ma lessive à la maison, mais c'était pour les personnes qui venaient me rencontrer. Très souvent les gens s'effondraient en larmes en racontant les problèmes qu'ils avaient dans leur milieu de travail.
J'ai signalé cela. J'ai parlé au commissaire. J'ai parlé au sous-commissaire. Dieu, j'ai parlé à tout le monde de ce comportement et personne n'a eu de comptes à rendre. Moi-même je n'étais pas en mesure d'exiger des comptes. J'étais là pour signaler les actes répréhensibles. Et lorsque je le faisais, les fautifs auraient dû avoir à rendre des comptes.
C'est arrivé à un point où le commissaire m'a pris à part un jour et m'a dit: « John, certains des commandants et sous-commissaires pensent que tu en fait trop, ils ne comprennent réellement pas ce rôle d'agent supérieur responsable des actes répréhensibles en milieu de travail ». J'ai répondu: « Commissaire, ce n'est pas par manque de communication, car j'ai expliqué ce rôle à chaque cours pour les nouveaux agents. Je l'ai expliqué au sein de l'EGS et au sein de l'EMS. J'ai envoyé des communiqués sur le rôle des agents supérieurs. S'ils ne comprennent pas ce rôle, il y a quelque chose qui cloche chez eux ».
Je vais m'arrêter, car je pourrais continuer longtemps.
:
D'accord. Merci de cette réponse. Et je vous ai laissé parler.
Je vais mentionner plusieurs choses. Je sais que je vais manquer de temps avant de terminer, et je vais faire aussi vite que possible.
Je veux juste dire ceci à M. Estabrooks — et peut-être aura-t-il l'occasion de répondre. Cette temporisation éventuelle, si le retard était intentionnel pour des raisons juridiques et autres, si une enquête publique — dont je persiste à penser qu'elle aura lieu — prouve que c'était intentionnel, pourrait s'avérer être en rapport avec le délai de rescription auquelon s'est heurté, qui a fait que des personnes qui auraient dû être sanctionnées ne l'ont pas été parce que le délai pour cela était dépassé. Il pourrait donc être intéressant de voir s'il n'y a pas là un lien avec une temporisation délibérée, une manoeuvre visant à faire intervenir le délai de prescription.
Monsieur Lavoie, selon votre interprétation, monsieur, que s'est-il passé le jour dont parle M. Estabrooks, lorsque l'adjoint de M. Gauvin est arrivé? Quelle est votre interprétation de ce qui s'est passé?
:
Monsieur le président, j'ai besoin d'un petit conseil.
Étant donné la discussion qui s'est déroulée avec M. Spice — qui était très importante, étant donné que nous ne savions pas s'il allait revenir, et nous y avons consacré pas mal de temps — nous n'avons pas eu assez de temps, à mon avis, pour couvrir tous les points qui devaient être le sujet central de cette réunion d'aujourd'hui, à savoir ce qui s'est passé à l'intérieur de la zone protégée et les allégations selon lesquelles des documents auraient disparu après que l'adjoint exécutif d'un sous-commissaire se soit présenté en un lieu où il n'était pas forcément censé se trouver, etc. etc. Nous n'avons pas eu la comparution de cet adjoint exécutif et cela fait partie du problème que M. Wrzesnewskyj a soulevé au sujet des personnes qui sont invitées et qui ne le sont pas. Je n'ai pas le nom au bout des doigts, veuillez m'excuser. M. Estabrooks était absent ce jour-là mais la personne de service lorsque cet AE est passé — nous devrions entendre le témoignage de cette personne.
La réunion d'aujourd'hui devait porter sur toute cette question car ces allégations, si elles sont vraies, signifient que des tentatives de camouflage ont lieu à l'heure même où nous nous réunissons ici. Et si cela n'a pas eu lieu, alors il nous faut dissiper ces allégations et mettre fin à cette pression et ne pas laisser planer ce nuage.
Je m'en remets donc à vous, monsieur le président. Je sais que le temps est un article précieux, mais nous ne sommes pas réellement allés au fond du sujet que nous devions examiner aujourd'hui sans qu'il en soit de la faute du comité. Que faisons-nous? Dans quelle situation cela nous place-t-il, monsieur le président? Je ne veux pas laisser ces questions sans réponse.
:
Pourriez-vous m'accorder juste un instant, s'il vous plaît.
J'aimerais parler au comité très brièvement de toute cette question de l'enquête menée par la police municipale d'Ottawa et de la réaction du procureur de la Couronne.
On a dit que la raison pour laquelle rien n'a été fait était « l'absence de perspectives raisonnables de condamnation », comme le veut la formule. Et j'espère — et je suis sûr qu'il y a des juristes autour de cette table qui connaissent la question bien mieux que moi — que cela ne signifie pas qu'il n'y a pas eu de délit criminel, mais simplement qu'il n'y a pas assez de preuves pour justifier la mise en accusation. Donc, une enquête plus poussée aurait bien pu amener le niveau des preuves à un point où une accusation aurait pu être portée. Et je ne sais pas, je ne fais que spéculer, mais peut-être est-ce là un point auquel le comité devrait réfléchir.
J'aimerais vous soumettre une définition de la corruption policière, et elle figure dans la documentation que je vous ai fournie. Lorsque nous nous sommes penchés sur la corruption interne à la GRC, le projet pour lequel on m'a rappelé au travail, nous nous sommes mis d'accord sur cette définition de la corruption: « La corruption policière consiste en toute activité illégale ou inconduite comportant l'utilisation du pouvoir professionnel pour un gain personnel, collectif ou organisationnel ». C'est une définition largement admise formulée par Sayed et Bruce en 1998. Il importe de ne pas perdre de vue cette définition, pas plus que toute la notion de « corruption pour une noble cause » — la fin justifie les moyens — lors de vos délibérations.
J'ai fait beaucoup de chemin pour comparaître ici et je ne sais pas si je vais revenir, et donc pour terminer, monsieur le président, à mon humble avis, la GRC a besoin d'un mécanisme de surveillance pour ce qui est des plaintes visant les gestionnaires supérieurs, du niveau EX jusqu'à celui de commissaire. Il faudrait un ombudsman propre à la GRC pour assurer un certain niveau de reddition de comptes. Et en sus, je pense que la Loi sur la GRC doit être modifiée de façon à accroître le délai de prescription relatif aux sanctions pour faute. Si nous ne le faisons pas... Cela est un problème depuis un très grand nombre d'années; ce n'est pas nouveau. Mais ces deux choses, soit un ombudsman ou une forme de comité de surveillance, sont indispensables.
Je vous remercie beaucoup et vous prie de m'excuser d'avoir pris tant de temps.