Je voudrais d’abord demander à toute personne ayant un appareil photo de quitter la salle. Merci beaucoup.
Je souhaite la bienvenue à tout le monde.
Collègues, membres du public et témoins, cette réunion se tient, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, pour étudier un rapport sur les divergences entre les témoignages de personnes qui ont comparu devant notre comité et devant la commission Gomery.
La réunion comportera deux parties. La première commence à 15 h 30 et ira jusqu’à 16 h 30. Nous avons un témoin, M. Jean Pelletier. À 16 h 30, nous aurons une pause d’une ou deux minutes, après quoi nous siégerons jusqu’à 17 h 30 pour entendre M. Charles Guité.
Monsieur Sweet.
:
Monsieur Pelletier, je vous souhaite la bienvenue au nom des membres du comité.
Avant de commencer, je voudrais présenter quelques observations préliminaires. Ensuite, nous inviterons M. Pelletier à présenter un exposé, puis, comme en ont convenu les membres du comité, nous ferons un seul tour de table à sept minutes, en suivant la procédure habituelle. S’ils le souhaitent, les membres du Parti conservateur et du Parti libéral peuvent prendre 14 minutes en bloc au lieu de deux périodes de sept minutes chacune.
J’ai quelques observations à présenter, compte tenu de la nature particulière de cette audience.
Mesdames et messieurs, avant d’entreprendre les travaux d’aujourd’hui, je crois qu’il est utile de présenter quelques observations préliminaires concernant cette réunion. Au cours de l’hiver et du printemps 2004, le Parlement s’est penché sur ce qu’on appelle communément le scandale des commandites. Pendant cette période de la 37e législature, le Comité des comptes publics a entendu un certain nombre de témoins au sujet du rapport de novembre 2003 de la vérificatrice générale.
Tandis que le Comité tenait ses audiences, la commission d’enquête Gomery a entrepris ses travaux et a aussi entendu plusieurs des personnes qui ont témoigné devant le comité. Par ailleurs, la GRC et d’autres services de police ont enquêté sur les activités de commandites des témoins entendus par le comité ou par la commission Gomery. Certains de ceux qui ont été touchés par toutes ces procédures ont fait l’objet d’accusations et ont été jugés. Quelques-uns ont été reconnus coupables.
Les travaux du Comité des comptes publics ont mis en lumière l’importance du travail d’enquête des comités parlementaires en général. Ce travail, effectué dans le cadre des pouvoirs inhérents du Parlement et conformément à la Loi sur le Parlement du Canada et au Règlement de la Chambre des communes, contribue au bon fonctionnement du pouvoir législatif. II vise à renforcer la doctrine et les pratiques de reddition de comptes et, par conséquent, à renforcer directement la démocratie au Canada.
Cette mise en contexte m’amène à la question de principe qui motive la réunion d’aujourd’hui. Conformément aux mesures et aux normes applicables dans les régimes démocratiques fondés sur la primauté du droit, les comités parlementaires ont le droit, dans le cadre de leur travail, de connaître la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
Permettez-moi d’insister sur ce point. Qu’on se fonde sur le droit parlementaire, le serment professionnel des fonctionnaires nommés, le témoignage d’autres personnes, assermentées ou non conformément au paragraphe 10(3) de la Loi sur le Parlement du Canada, les témoins qui comparaissent et déposent devant les comités parlementaires sont tenus de répondre à toutes les questions qui leur sont posées, de veiller à ce que leurs réponses soient complètes et d’éviter d’induire les comités en erreur en omettant des informations pertinentes ou en présentant des renseignements qui représentent un faux témoignage ou un outrage au Parlement.
Les comités parlementaires ne sont pas des tribunaux, mais ils ont droit aux mêmes normes de respect et d’honnêteté que les tribunaux. S’ils croient que des témoignages donnés ne respectent pas ces normes, les comités sont parfaitement fondés à en examiner les motifs et à prendre des mesures correctives. La loi, les privilèges et la coutume du Parlement leur accordent ce droit et leur imposent, à mon avis, cette responsabilité.
En ce qui concerne plus particulièrement les témoins d’aujourd’hui, c’est la règle de la vérité qui s’applique. Le comité a examiné les témoignages rendus par ces témoins devant lui et, plus lard, devant la commission Gomery. Le comité estime qu’il existe des incohérences apparentes, et peut-être des contradictions, entre ces témoignages.
Le comité affirme son droit de poser des questions aux témoins dans de telles circonstances. C’est ce qu’il entend faire aujourd’hui. Les témoins que nous entendrons auront l’occasion d’expliquer les incohérences ou les contradictions de leurs témoignages. Je demande aux membres du comité de concentrer leurs questions sur ces divergences afin de trouver une explication.
Nous n’avons pas – et j’insiste beaucoup là-dessus – à réexaminer les nombreuses questions de fond entourant ce qu’on appelle communément le scandale des commandites.
Je vous remercie de votre attention.
Je vais maintenant céder la parole à M. Pelletier pour qu’il présente son exposé préliminaire.
Mais nous allons d’abord demander au greffier de faire prêter serment au témoin.
Monsieur Williams.
:
Monsieur le président, je veux saluer tout le monde.
Je suis ici en tout respect du Parlement et de ses institutions, un respect que j'ai toujours eu et qui ne m'a pas quitté. Je suis, bien sûr, surpris de me retrouver ici, puisque depuis avril 2004, il y a eu une commission royale d'enquête qui a duré des mois, un rapport exhaustif qui a enclenché davantage le système judiciaire, alors qu'une révision judiciaire du rapport est demandée à la Cour fédérale et ne sera entendue qu'au début de 2008.
J'ai été surpris de lire dans votre procès-verbal que j'avais refusé de venir. Si on s'en tient à la lettre que mon procureur a envoyée à votre greffier le 28 mai 2007 et qui se termine par les deux lignes suivantes: « Pour ces motifs, je vous saurais gré de demander au Comité de retirer son invitation jusqu'à la conclusion desdites procédures judiciaires », cela n'indique pas que je refuse de venir. Étant donné que la crédibilité des témoins sera au coeur de la procédure de révision judiciaire devant la Cour fédérale, je trouvais qu'il importait peut-être, pour cette raison, de surseoir à ma présence ici une fois que les procédures devant le Cour fédérale seront terminées.
Cela dit, j'apprécierais beaucoup, monsieur le président, que vous corrigiez votre procès-verbal pour y inscrire que je n'ai pas refusé d'être présent, mais que j'ai plutôt demandé de différer l'invitation.
Vous m'avez envoyé trois questions, et les questions des membres de votre comité vont s'y limiter.
D'entrée de jeu, monsieur le président, je vous dirai qu'après avoir révisé les textes, à la Commission Gomery et ici, je ne vois pas, pour ma part, de contradiction. J'aurai l'occasion, bien sûr, d'en dire davantage là-dessus en répondant aux questions.
Mais je veux d'emblée dire et répéter que jamais il ne m'est venu à l'esprit de vouloir induire en erreur votre comité. S'il y a des zones grises, qu'on les éclaircisse, mais je n'ai en aucune façon voulu induire votre comité en erreur. J'ai trop de respect pour le Parlement et ses institutions pour ce faire.
Monsieur le président, je suis maintenant disposé à répondre aux questions que les membres du comité voudront bien me poser.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Pelletier, je vous remercie d’avoir pris le temps de venir aujourd’hui. Je crois savoir que vous avez des ennuis de santé. J’apprécie donc beaucoup votre présence.
Bien sûr, vous connaissez bien depuis des années le rôle du comité des comptes publics. Nous nous occupons aujourd’hui de problèmes soulevés par des témoignages incohérents et des divergences que nous voulons essayer d’éclaircir et de corriger.
Nous avons été chargés d’enquêter sur les incohérences alléguées entre le témoignage que vous avez présenté au comité des comptes publics le 6 avril 2004 et votre témoignage devant la commission d’enquête du juge Gomery.
L’une des sources de confusion découle d’une déclaration que vous avez faite devant le comité, dans laquelle vous avez dit – je vous prie de me demander de répéter si je vais trop vite –, et je cite:
Le bureau du premier ministre n’a eu aucun rôle, ni direct ni indirect, dans le choix des agences ou des firmes qui sont devenues des intermédiaires entre le gouvernement et les organisateurs d’événements subventionnés. Sur la sélection des intermédiaires, nous n’avons eu rien à faire. Sur l’attribution des contrats à qui ou à qui, nous n’avons eu rien à faire. Sur la fixation des honoraires ou des honoraires de production ou de simples honoraires de quelque nature que ce soit, le bureau du premier ministre n’a rien eu à faire là-dedans.
Nous n’avons été, en aucune façon au bureau du premier ministre, impliqués dans la gestion administrative du programme. Je veux mettre cela de façon très claire.
C’est ce que vous avez dit au comité des comptes publics.
Par ailleurs, devant la commission du juge Gomery, vous avez dit:
Bien, il n’y avait pas de critère absolument je dirais objectif et là-dedans, vous savez, jamais on ne trouvera des critères suffisamment normés pour qu’on puisse faire faire le choix par l’informatique... Alors, il y a une partie, je dirais, subjective qui simplement est une question de bon jugement. Alors, on essayait d’avoir du bon jugement dans les recommandations qu’on faisait.
Pouvez-vous expliquer au comité la différence qu’il y a entre le fait de donner un avis politique sur le choix d’un projet et la gestion administrative du programme, y compris le processus d’attribution des contrats, le choix des agences et la fixation des honoraires à verser aux intermédiaires?
Si vous voulez que je répète n’importe quoi, je serai heureuse de le faire.
:
Madame, j'ai clairement établi, tant ici qu'à la Commission Gomery, la différence entre le choix des agences, l'administration des contrats qui s'en suivait et les avis que nous devions donner au sujet des événements à commanditer et, dans certains cas, de la commandite.
Pour ce qui est du choix des agences, ce qui bien sûr venait après la décision de subventionner ou commanditer un événement, le bureau du premier ministre, je le réaffirme, n'a jamais été impliqué. Nous n'avons pas choisi les agences; nous n'avons pas indiqué quelque condition de contrat que ce soit; nous n'avons négocié aucune de ces conditions; nous n'avons signé aucun contrat et nous n'avons approuvé comme paiement aucun compte reçu. Voilà pour l'administration, la gestion administrative du programme.
Par ailleurs, avant qu'on en arrive à choisir une agence, ce qui, je le répète, n'était pas notre boulot, on nous demandait parfois un avis sur un événement à commanditer. Nous avons donné des avis à savoir si un événement donné devrait être commandité ou non. Lorsque requis, nous nous sommes prononcés parfois sur le budget qui serait accordé à une commandite donnée si elle était retenue. J'ai toujours indiqué que nous ne prenions pas les décisions finales à ce sujet, mais que nous faisions des recommandations et qu'il appartenait aux gestionnaires du projet du ministère des Travaux publics de prendre les décisions finales et d'ensuite gérer la machine administrative, en toute exclusivité, pour ce qui est du choix de l'agence, des conditions de contrat, des signatures de contrat, du paiement des factures.
Madame, est-ce que cela répond à votre question?
D'ailleurs, si vous me le permettez, j'ajouterai que dans le cadre du témoignage que j'ai fait ici même, m'a posé la question suivante:
Monsieur Pelletier, pourriez-vous nous indiquer quelle différence vous voyez entre une implication du bureau du premier ministre, du bureau d'un ministre ou d'un député, c'est-à-dire une implication politique dans un dossier, et une ingérence administrative?
Je lui ai fait la réponse suivante, que vous trouverez dans le compte-rendu des témoignages:
Si le bureau du premier ministre avait choisi des firmes pour être les intermédiaires pour la livraison du programme, si nous avions déterminé que tel dossier allait à telle firme et que les conditions de paiement à la firme seraient celles-ci et non pas celles-là, nous serions intervenus dans l'administration et la livraison du programme. Nous n'avons touché à cela en aucune façon au bureau du premier ministre. Probablement que nous avons exprimé des avis sur l'opportunité de subventionner tel dossier plutôt que tel autre, pour une raison x, y ou z, mais la décision finale n'était pas prise par le bureau du premier ministre. Si le bureau qui administrait le dossier était plus influencé par nos commentaires que par ceux de Pierre, Jean, Jacques venant d'ailleurs, je ne peux rien y faire. La décision n'était pas prise au bureau du premier ministre
M. Jason Kenney m'a demandé ceci au sujet de mes rencontres avec M. Guité:
[Traduction]
Lui avez-vous parlé précisément du dossier des commandites? Lui avez-vous dit qu’il devrait autoriser le financement de projets particuliers?
[Français]
Il parlait de mes rencontres avec M. Guité. J'ai répondu ce qui suit:
Il n'y a pas l'ombre d'un doute que nous faisions des recommandations, comme n'importe quel député ou n'importe quel ministre qui appuie les dossiers de ses commettants à l'égard d'un programme où une décision doit être prise.
:
Votre temps de parole est écoulé. Nous allons passer tout de suite à l’interrogateur suivant.
Avant de donner la parole à M. Laforest, j’ai quelques observations à faire aux interrogateurs. Si vous mentionnez le rapport de la Bibliothèque du Parlement, je vous prie de mentionner la page que vous citez pour aider les interprètes.
Je voudrais également rappeler aux membres du comité qu’il importe de poser des questions concises et claires.
J’aimerais aussi demander au témoin d’être bref et de ne pas s’écarter de la question qui lui est posée.
[Français]
Monsieur Laforest.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Pelletier, bonjour.
La question, aujourd'hui, porte sur des témoignages qui nous apparaissent assez différents. Je parle de ceux que vous avez livrés devant le Comité permanent des comptes publics et de ceux que vous avez faits, une autre journée, devant la Commission Gomery. Je me suis particulièrement penché sur vos déclarations relatives aux dépenses du gouvernement fédéral durant la campagne référendaire lors de ces journées.
Ainsi, le 6 avril 2004, devant le Comité permanent des comptes publics, vous avez dit, et je cite : « J'ai dit qu'il y avait eu, d'une part, la publicité durant le référendum; et nous ne nous en sommes pas mêlés. » Par contre, on peut trouver à la page 12 485 du Volume 71 ce que vous avez dit le 7 février 2005 et que je cite:
Vous savez, mon rôle durant la période référendaire était surtout d’assurer la coordination avec le Comité du NON qui était dirigé par le chef de l’opposition à Québec. C’était surtout ça mon rôle.
Or, on sait qu'une note émanent de M. Howard Balloch du Bureau du Conseil privé suggère que le gouvernement fédéral assure des dépenses de publicité dans le camp du non. Il y a ensuite une référence à la compagnie BCP. D'ailleurs, des notes portant sur les dépenses du gouvernement fédéral en publicité référendaire vous ont été destinées personnellement.
M. Balloch travaillait pour le Bureau du Conseil privé, tout comme vous, et vous étiez chef de cabinet. Comment pouvez-vous dire que vous assuriez la coordination avec le comité du Non, qui partageait des factures avec Option Canada?
Comment expliquez-vous cela? Il me semble que c'est contradictoire.
:
J'ai un rappel au Règlement.
J'ai très bien compris l'intervention de M. Williams, tout à l'heure, qui faisait référence aux documents de la Bibliothèque du Parlement. M. Pelletier veut savoir à quelle page précise cela se trouve dans le document de la Bibliothèque du Parlement. Je vous rappelle le libellé de la motion adoptée par ce comité le 9 mai 2007. Je vais vous en faire lecture.
Que les témoins clés suivants : Jean-Marc Bard, Jean Pelletier et Charles Guité soient invités à comparaître de nouveau devant ce Comité pour s'expliquer sur les apparentes divergences dans les témoignages donnés au Comité permanent des Comptes publics de la Chambre des communes lors de ses audiences sur le Rapport de la Vérificatrice générale de novembre 2003 ainsi que les témoignages devant la Commission Gomery.
Monsieur le président, M. Laforest a été clair. Le 6 avril 2004, M. Pelletier a déclaré cela et il a fait une autre déclaration devant la Commission Gomery le 7 février 2005, que l'on trouve à la page 12 485. Le problème de pagination dont vous faites état est sérieux et réel. Par contre, on a devant nous la date où cela a été dit. C'est tout juste si vous ne me l'avez pas dit lorsque je siégeais au Comité permanent des comptes publics. Je répète donc que c'était le 7 février 2005 et que l'on trouve cela à la page 12 485.
Monsieur le président, étant donné le libellé de la motion que ce comité a adoptée, il n'est pas vrai que l'on va s'en tenir uniquement aux documents de la Bibliothèque du Parlement. Il y a des contradictions. Le service de la Bibliothèque du Parlement, qui est très compétent, n'a peut-être pas trouvé ou vu certains éléments. Par contre, nous en avons trouvé.
Maintenant je comprends pourquoi M. Williams voulait s'assurer que cela ait été déposé. Ce n'est pas vrai que si on trouve d'autres contradictions, on s'empêchera d'y aller. J'aimerais régler cela dès le départ.
:
Merci, monsieur le président.
Je constate que mon collègue du NPD s'enflamme, mais je veux simplement lui rappeler que nulle part dans la motion il n'est écrit que les questions posées aux témoins Jean-Marc Bard, Jean Pelletier et Charles Guité ne devaient porter que sur le document préparé par la Bibliothèque du Parlement. Il est écrit que ces personnes viendront devant le comité pour s'expliquer sur des divergences apparentes. Il n'y en a peut-être pas, c'est peut-être simplement une question d'interprétation.
Pour ma part, je suis persuadé que M. Pelletier n'a pas honte de ce qu'il a dit. C'est un homme d'honneur. Je suis persuadé qu'il reconnaît ce qu'il a dit. Jean Pelletier représente, dans la ville de Québec, une institution.
:
Monsieur Pelletier, j'aimerais que vous nous expliquiez comment il se fait que, le 6 avril 2004, vous ayez déclaré au Comité des comptes publics: « J'ai dit qu'il y avait eu, d'une part, la publicité durant le référendum; et nous ne nous en sommes pas mêlés », alors que le 7 février 2005, devant la commission Gomery, vous avez dit:
Vous savez, mon rôle durant la période référendaire était surtout d’assurer la coordination avec le Comité du NON qui était dirigé par le chef de l’opposition à Québec. C’était surtout ça mon rôle.
Vous avez utilisé l'expression « surtout ça », ce qui signifie que vous aviez aussi d'autres rôles.
On sait qu'au Bureau du Conseil privé, on trouvait M. Howard Balloch, qui a suggéré que le gouvernement fédéral assume des dépenses de publicité pour le camp du Non durant la campagne référendaire. On fait référence à la compagnie de publicité BCP. D'ailleurs, il y a des notes à ce sujet qu'on a également et qu'on pourrait même déposer aujourd'hui concernant les dépenses fédérales en publicité référendaire. Elles vous étaient destinées personnellement, vous en avez reçu une copie conforme. Puisque M. Balloch travaillait pour le Bureau du Conseil privé et que vous assuriez la coordination avec le Comité du Non, qui partageait des factures de la campagne référendaire avec Option Canada, comment pouvez-vous dire...
Je prétends que cela contredit votre affirmation selon laquelle vous ne vous en étiez pas mêlé. Au contraire, vous vous en êtes mêlé. Je vous demande donc de nous expliquer cette contradiction.
:
Je comprends, mais tout cela n’a rien à voir avec ma question. Je vous ai demandé où cette rencontre a eu lieu. Vous avez dit que ce n’était pas à une réception.
Je vous remercie de m’avoir donné cette réponse claire et sans équivoque, parce qu’elle montre qu’il y a contradiction avec votre témoignage au comité, le 6 avril 2004, au cours duquel vous avez dit, et je cite: « Je n’ai jamais eu de rencontres formelles avec ces gens. » Vous parliez des agences de publicité. Vous avez dit: « J’ai rencontré M. Boulay une fois au cours d’une réception, mais je n’ai eu aucun contact professionnel avec ces agences. »
Il y a là deux contradictions. D’abord, vous avez dit ici, au comité, en avril 2004, que vous avez rencontré M. Boulay une fois à une réception. Nous avons par ailleurs votre témoignage disant que vous l’avez rencontré une autre fois pour discuter d’une souscription de 5 000 $ qu’il a faite au Parti libéral. Et vous venez tout juste de dire que cette rencontre n’a pas eu lieu au cours d’une réception.
Vous avez donc dit qu’il y a eu qu’une seule rencontre et que ce n’était pas à une réception. Or vous venez d’admettre qu’il y a eu une seconde réunion pour discuter d’une souscription de 5 000 $ au Parti libéral.
[Français]
Monsieur Pelletier, je serai direct. Avez-vous menti lors de votre précédent témoignage devant ce comité, ou êtes-vous en train de mentir présentement?
:
Vous admettez donc qu’il y a eu une erreur. Vous dites maintenant qu’il y a eu en fait une seconde réunion. Encore une fois, vous avez dit au comité que vous avez rencontré M. Boulay une seule fois à une réception. Vous avez dit ensuite que vous avez rencontré M. Boulay pour discuter d’une souscription de 5 000 $. Il s’agit d’une réunion distincte que vous venez de confirmer ici.
Il y a ensuite une autre contradiction. Vous avez dit au comité que vous n’avez eu aucun contact officiel avec les agences de publicité. Nous savons maintenant que vous avez eu une rencontre très officielle avec l’un des cadres les plus notoires de ces agences, M. Boulay, pour discuter de la souscription que j’ai mentionnée.
[Français]
Comprenez-vous pourquoi ces contradictions sont si importantes, monsieur Pelletier? Vous avez rencontré des présidents d'agence alors que vous occupiez le poste de chef de cabinet du premier ministre Chrétien, mais vous avez tenté de nier la tenue de ces rencontres afin de cacher le lien entre le bureau du premier ministre et les agences qui ont reçu de l'argent sale. Si vous avez fait des erreurs d'une telle importance, monsieur Pelletier, cela ressemble à une tentative de cacher le lien qui existait entre le bureau du premier ministre libéral et les agences qui ont reçu des millions de dollars en argent sale. Comment peut-on vous croire quand vous avez dit trois choses contradictoires ici et devant la Commission Gomery?
:
Monsieur le président, je pense que j'ai déjà parfaitement répondu à la question. Premièrement, j'ai dit devant ce comité que je n'avais eu aucun contact avec M. Boulay concernant le dossier des commandites. Je le réaffirme avec force.
Deuxièmement, j'ai été mis en présence de M. Boulay à une réception où il y avait plusieurs centaines de personnes. Je n'appelle pas cela une réunion, j'appelle cela une rencontre fortuite.
Troisièmement, j'ai expliqué comme il faut les circonstances de mon intervention auprès de M. Boulay en ce qui a trait à sa souscription. Je l'ai fait pour être bien sûr que les règles avaient été suivies correctement. Ma réponse est donc claire et complète.
:
La seule question que j’ai à poser, monsieur le président, c’est...
Monsieur Pelletier, vous semblez avoir une histoire très fragmentée. Vous avez rencontré M. Boulay à une réception, vous ne lui avez jamais parlé du scandale des commandites et vous n’avez pas parlé ici d’une autre rencontre parce que le chèque de 5 000 $ était une tout autre affaire.
Nous avons cependant noté au cours de l’enquête qu’il y avait un lien entre l’argent versé à titre de paiement par le gouvernement du Canada dans le cadre du programme des commandites et les dons faits au Parti libéral. Par conséquent, la distinction claire que vous faites entre une rencontre qui n’avait rien à voir avec le scandale des commandites et une autre où il a été question d’un don de 5 000 $ au Parti libéral me surprend. Je ne comprends même pas de quelle façon le Bureau du Conseil privé était au courant du compte en banque sur lequel le chèque a été tiré, et pourquoi il vous en a informé puisque cette question concerne davantage Élections Canada que le BCP ou le CPM.
Vous pourrez peut-être nous expliquer pourquoi le BCP vous a informé de ce chèque de 5 000 $. Je pense que la question est très pertinente, monsieur Pelletier, parce qu’il a été établi qu’il y a un lien entre le scandale des commandites et les dons au Parti libéral.
:
Oui. Cette réunion est censée nous donner des réponses au sujet des contradictions qui existent entre les témoignages présentés ici et à la commission Gomery. Or nous n’arrivons pas encore à obtenir ces réponses.
Nous lui avons demandé pourquoi il a omis de mentionner la réunion concernant le don de 5 000 $ de M. Boulay. C’est évidemment très important. Il avait été interrogé à ce sujet devant le comité, mais avait dit qu’il n’y a pas eu de réunion. Il a nié l’existence de toute autre réunion, à part une rencontre fortuite à une réception. Nous lui avions posé cette question très clairement.
Je vous demande, monsieur le président, d’intervenir pour exiger du témoin qu’il réponde aux questions que nous lui posons.
Je vous remercie.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur Pelletier, d’être venu aujourd’hui.
Je cite votre témoignage direct figurant dans ces documents, à partir de la page xiii. Voici ce qu’on vous a demandé, monsieur, au comité:
Avant l’analyse faite par la vérificatrice générale du fonctionnement de ce ministère, étiez-vous personnellement au courant ou avez-vous été informé d’activités menées par les responsables des communications au gouvernement fédéral ou de processus suivis par ces responsables, qui auraient été contraires aux dispositions de la Loi sur la gestion des finances publiques?
Vous avez répondu, monsieur: « Pas directement. Les seuls renseignements que j’ai obtenus provenaient d’une vérification interne faite en 1999-2000. »
À la commission, on vous a posé la question suivante: « Quelles sont les informations ou rumeurs que vous aviez glanées quant à la possible existence de certains problèmes dans l’administration et la gestion des commandites? » Vous aviez alors donné une réponse beaucoup plus complète dans laquelle vous avez dit: « Ce que les gens disaient c’est que c’était toujours les mêmes qui avaient les contrats... » Ce qui a été confirmé. Vous avez ajouté: « ... et que les autres se plaignaient de n’y avoir pas accès et que, conséquemment, il y avait peut-être un irrespect des règles qui avaient été mises en place. » Cela aussi a été confirmé.
Votre réponse suivante, « Par des articles de journaux qui laissaient entendre des problèmes, par l’habituel bavardage au cercle des journalistes... », était encore une fois très complète.
On a l’impression, monsieur, que vous ne saviez rien et n’aviez entendu parler de rien avant la parution du rapport officiel de 1999-2000. Par contre, à la commission, vous avez donné une réponse très complète, qui semblait aller plus loin sur le plan de l’honnêteté, en disant que vous aviez entendu parler de ces autres choses.
Il y a là une importante divergence. Pouvez-vous nous l’expliquer, monsieur?
:
Je dois reprendre la parole, monsieur. C’est moi que le président a autorisé à parler, monsieur. Je vous remercie. Vous parlez, vous parlez et, à mon humble avis, vous vous écartez du sujet.
Vous avez parlé des faits. Or, dans la première question, il n’est nulle part question de faits. On vous a simplement demandé si vous étiez « personnellement au courant... d’activités ». Au comité, vous avez dit non. Plus tard, vous avez dit que vous aviez entendu ceci et cela, et ce que vous aviez entendu a été confirmé. Nous avons donc l’impression que vous n’avez pas donné au comité une réponse aussi complète qu’à la commission.
Veuillez expliquer cette divergence.
:
D’accord. Je dois vous dire que je n’ai pas trouvé votre réponse très satisfaisante.
Je vais passer à la question suivante. Vous êtes bien préparé et vous savez ce qui vous attend. Voici la question qu’on vous avait posée:
Pourriez-vous clarifier pour nous le rôle de votre bureau quant aux détails administratifs du Programme de commandites, aux questions de publicité...
La citation est plus longue, mais c’est la partie qui m’intéresse.
Vous avez répondu:
Nous n’avons été, en aucune façon au bureau du premier ministre, impliqués dans la gestion administrative du programme. Je veux mettre cela de façon très claire.
Ensuite, à la commission, on vous a demandé ce qui suit:
Je comprends de votre réponse que les avis que vous avez fournis à M. Guité étaient d’une part sur l’à-propos de l’appui à un événement... [et d]’autre part sur le niveau de financement des événements?
À cela, vous avez répondu:
Oui. Il y avait des événements qui demandaient trop puis je disais: « Non, ça n’a pas de bon sens. Ça c’est trop. C’est un bon événement qui mérite mais pas à ce niveau-là. »
Et « ce niveau-là », c’était le niveau de financement.
À ce que je peux voir, il y avait bel et bien intervention...
Qu’avez-vous à dire à ce sujet?
:
Je vous en prie, monsieur le président, je vous en prie. J’espère bien que la présidence tient compte de ce temps. Je veux bien répéter la question à condition que mon temps de parole ne soit pas réduit.
D’accord, très bien, monsieur. Je serai heureux de répéter la question.
Ce que j'ai dit, c’est que vous avez déclaré ici... Allons donc, monsieur, c’est dans la seconde partie du document. Vous devriez déjà très bien le savoir. Vous devriez même le connaître par cœur. Si j’avais été à votre place, je le connaîtrais sur le bout des doigts.
Vous avez donc été interrogé sur le rôle de votre bureau dans les détails administratifs du programme des commandites. Vous avez répondu:
Nous n’avons été, en aucune façon au bureau du premier ministre, impliqués dans la gestion administrative du programme. Je veux mettre cela de façon très claire.
Vous avez aussi dit à la commission:
Oui. Il y avait des événements qui demandaient trop puis je disais: « Non, ça n’a pas de bon sens. Ça c’est trop. C’est un bon événement qui mérite mais pas à ce niveau-là. »
Encore une fois, il s’agissait du niveau de financement.
Ainsi, d’une part, vous avez dit d’une façon catégorique que votre bureau n’avait rien à voir dans l’administration. Plus tard, devant le commissaire, vous avez dit que oui. Vous semblez bien être intervenu d’une façon importante dans certaines de ces décisions.
:
Jusqu’à sept minutes. Je serai bref.
J’ai bien l’impression que les événements dramatiques qui se sont déroulés aujourd’hui dans cette salle mériteraient un Oscar ou un prix quelconque.
[Français]
Monsieur Pelletier, la dernière fois que vous avez comparu devant ce comité, vous avez indiqué avoir fourni des suggestions à M. Guité. Peut-être qu'en anglais, le mot était « input », plutôt que « suggestions ». Vous aviez indiqué que le bureau du premier ministre n'avait joué aucun rôle en ce qui avait trait au choix des intermédiaires, des agences ou des entreprises qui faisaient affaire avec le gouvernement dans le cadre des événements commandités. Vous avez indiqué que vous n'aviez joué aucun rôle au chapitre de l'attribution des contrats, de l'établissement des frais ou de l'administration du programme.
Pourriez-vous confirmer qu'un avis politique était offert, mais pas un avis sur l'administration, la gestion du programme?
:
Vous avez fini? C'était bref.
À la Commission Gomery, vous aviez indiqué qu'on avait donné des directives à M. Guité relativement à la sélection des projets. La dernière fois que vous avez comparu devant ce comité, vous avez indiqué, en réponse aux questions de M. Crête et de M. Kenney, qu'il était acceptable de faire des interventions pour des projets variés.
Pouvez-vous expliquer aux membres de ce comité quelle est la différence entre des avis politiques et des avis administratifs sur la gestion d'un programme? Pourriez-vous nous expliquer quelle est la différence entre les deux? Il me semble que certains membres du comité ne comprennent pas cela.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Guité, comme vous le savez, nous examinons les divergences dans les témoignages présentés au comité des comptes publics et à la commission Gomery, pour essayer de connaître la vérité. De toute évidence, il y a des incohérences.
Au cours de la réunion tenue par le comité le 22 avril 2004, vous avez parlé sous serment de la question des directives politiques. En réponse à la question de l’un de mes collègues, vous avez dit:
Il y a une grande différence entre ingérence politique et opinion politique. À mon avis, il s’agit de deux choses entièrement différentes. Il n’y a jamais eu d’ingérence en ce qui concerne le choix des agences. Je n’aurais pas laissé qui que ce soit s’ingérer là-dedans, parce les ministres ne doivent pas intervenir dans le processus de sélection.
Vous avez ajouté: « Vous demandez si les ministres ont contribué au fonctionnement du programme en indiquant qui devait être commandité et quelles commandites devaient être offertes. Bien sûr que oui. ».
Cette déclaration est-elle exacte? La confirmez-vous aujourd’hui?
:
Oui. Si vous reprenez les comptes rendus, vous verrez que j’ai dit, à la dernière page de mon exposé préliminaire, la dernière fois que j’étais ici...
Permettez-moi de revenir en arrière. La première fois que j’étais ici, monsieur le président, j’avais l’obligation de respecter un serment de secret professionnel, ce qui m’a obligé à refuser de répondre à beaucoup de questions. La deuxième fois, le Conseil privé m’avait déchargé de cette obligation. C’est à cette réunion que j’ai terminé mon exposé préliminaire par ce qui suit:
Lorsque j’étais directeur exécutif, je tiens à préciser – je veux que cela soit très clair – que le Cabinet du premier ministre, le ministre Gagliano et le ministre Dingwall n’ont jamais proposé de noms ni n’ont participé au processus de sélection des agences.
Je maintiens aujourd’hui cette affirmation.
J’avais alors terminé mon exposé en disant:
Le CPM et des ministres ont-ils formulé des opinions et participé à des décisions concernant des événements qui ont été commandités et la sélection d’agences? Absolument.
:
Oui. Vous voyez, ce que...
Je l’ai expliqué, et j'ai eu le même problème à la commission Gomery. Le système politique n’est jamais intervenu dans la sélection des agences jugées admissibles, sauf dans un ou deux cas. Je l’ai mentionné lors de ma dernière comparution ici. Je pense que c’était dans le cas du cabinet de Paul Martin. Je suis même allé jusqu’à prendre contact avec le commissaire aux conflits d’intérêts – je crois que c’était son titre – pour lui dire que j’avais des preuves assez concluantes de l’existence d’un conflit d’intérêts. Il m’avait dit que non, que je n’avais pas à m’inquiéter et que je pouvais poursuivre mon travail.
Je crois que j'avais expliqué cela au comité la dernière fois que j’étais ici. J’avais parlé de l’intervention du cabinet de Martin, qui suggérait d’ajouter des noms à la liste. Le résultat final, c’est que nous avons annulé le concours.
Si j’avais disposé des documents qu’on m’a montrés à la commission Gomery, je les aurais présentés au comité. Mais il y avait tout un feu d’artifice entre les sous-ministres, les sous-ministres adjoints et les ministres.
Encore une fois, je maintiens ce que j’ai dit. Les ministres ne sont jamais intervenus pour qu’une agence soit inscrite sur la liste des entreprises admissibles à faire affaire avec le gouvernement. Intervenaient-ils dans le choix des événements à financer? Absolument.
J’ai ici un document. Le cabinet du ministre tient un journal, dont je vais citer quelques extraits plus tard, si le temps le permet. Sont-ils intervenus? Vous savez, il y a un journal du cabinet du ministre sur le programme des commandites et les discussions entre le BCP, le CPM, etc. Toutefois, ils ne sont jamais intervenus.
:
D’après moi, l’apport, ce serait de dire, par exemple: Non, nous ne voulons pas de cette manifestation, nous préférons plutôt celle-ci. Ou encore: Oui, nous voulons cette manifestation, et voilà ce que nous souhaitons.
Sur le plan administratif, il s’agirait du montant qu’ils auraient attribué à la manifestation.
Si vous revenez aux dossiers, je crois qu’il a été clairement établi à la commission Gomery... Je crois qu’il s’agissait du Festival des tulipes de 2000 ou 1999. Je crois que j’étais encore là. Je suis parti en août 1999, c’était donc probablement le Festival des tulipes du printemps 1999. J’avais rejeté la demande des organisateurs du Festival.
Si vous revenez au dossier de la mission Gomery, vous y trouverez toute une histoire concernant la façon dont la demande a finalement été approuvée ainsi que les discussions qui ont eu lieu entre... J’essaie de me souvenir des noms. Je crois que Manley était l’un d’eux. Des lettres et des courriels ont été échangés entre les ministres et, en fin de compte, le système politique a dit à mon organisation: Oui, nous allons approuver X, Y et Z.
Pour moi, c’est cela, l’intervention dans l’administration du programme.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Guité. Je me rappelle de votre témoignage au Comité permanent des comptes publics. J'étais présent à ce moment-là. Vous comprenez très bien qu'on essaie de voir s'il y a une différence entre un témoignage livré au Comité permanent des comptes publics et un autre livré devant la Commission Gomery.
Je vais débuter par un point assez précis, assez pointu. Devant le Comité permanent des comptes publics, vous m'avez dit que vous étiez responsable du succès du référendum de 1995, succès pour le camp du NON, bien entendu. Cependant, à la Commission Gomery, vous vous présentiez comme l'exécutant du bureau du premier ministre.
Je vous réfère à la page 19 867. Il était question du love-in de Montréal qui a eu lieu le 27 octobre 1995. Lors de votre témoignage devant la Commission Gomery le 29 avril 2005, vous avez dit, et je cite:
Par conséquent, durant la période pré-référendaire, pendant le référendum même et après, je suis venu même en personne, évidemment, pour le fameux grand rassemblement qui a eu lieu à Montréal le jour avant ou la semaine avant le référendum, je suis venu à Montréal avec le coffre plein de ces articles-là pour faire la promotion de la cause.
J'aurais besoin de réponses à des questions précises parce que vous m'aviez dit, devant le Comité permanent des comptes publics, que vous étiez responsable de ce succès, alors qu'ailleurs, vous disiez être un exécutant.
À qui avez-vous livré ce matériel? Qui vous a aidé à l'installer? Parmi les politiciens présents, qui avez-vous rencontré? Parmi les leaders du camp du NON présents, lesquels étaient au courant de l'implication du fédéral dans cette manifestation? Qu'en était-il de M. Jean Charest, de M. Daniel Johnson, du sénateur Pierre Claude Nolin et de Mme Frulla?
J'ai une autre question. À votre avis, ce matériel promotionnel a-t-il été comptabilisé dans les dépenses du comité du NON? Des fonds fédéraux avaient-ils été investis dans ce rassemblement, selon vous? Combien d'argent provenait du gouvernement fédéral? Combien a pu coûter au total un tel événement? Des employés de votre service ou du Bureau du Conseil privé ont-ils travaillé à cet événement?
Voici ma dernière question. Parmi les projets auxquels vous avez travaillé à cette époque, avez-vous eu à partager des factures avec d'autres organisations extérieures au gouvernement, par exemple le comité du NON, le Conseil de l'unité canadienne ou Option Canada?
:
J'ai un rappel au Règlement, monsieur le président.
Avec respect, monsieur le président, si le témoin veut répondre, je pense qu'on va le laisser répondre. M. Guité n'a pas la réputation d'être gêné, mais s'il est gêné de répondre à mes questions, je lui fais confiance, il va me le dire.
Merci, monsieur le président.
:
Monsieur le président, je crois que vous avez raison. Il y a là près de huit questions, mais je vais essayer de répondre en fonction de ce que je crois qu’il cherche.
La veille du
[Français]
grand rassemblement à Montréal, j'étais à Montréal. Il y avait, dans mon auto, 200 ou 300 drapeaux canadiens, pas tellement grands, et peut-être 10 000 épinglettes avec le drapeau du Canada et le drapeau du Québec ensemble, la feuille d'érable, etc. Je ne me rappelle pas qu'il y ait eu autre chose. Il y avait des drapeaux, des épinglettes, ainsi que des plumes, si je me rappelle bien. J'ai laissé le tout au Château Champlain. Je n'ai pas remis ces choses à quelqu'un en particulier, je les ai laissées dans le lobby du Château Champlain parce que, si je me rappelle bien, ils s'étaient servis d'une suite en haut pour coordonner les choses le lendemain, pour le rassemblement. Je ne peux pas le confirmer, mais si je me rappelle bien, il y avait là des personnes. J'ai dit à la réception de l'hôtel de dire aux personnes que les produits étaient arrivés.
Le lendemain, la journée du grand rassemblement, je suis descendu à Montréal deux fois durant la journée, de nouveau avec des articles promotionnels, des drapeaux et des épinglettes.
D'autre part, étais-je au courant de factures partagées par de telles organisations? Non, pas à ma connaissance, mais je sais que des dépenses ont été faites et n'ont abouti à rien.
:
Par exemple, à l'époque, il existait une organisation qui s'appelait... Je ne me souviens pas du nom en français.
[Traduction]
C’était le BRFP, le Bureau des relations fédérales-provinciales.
[Français]
Si je me rappelle bien, M. Stéphane Dion en était le ministre. Le Bureau du Conseil privé s'occupait beaucoup du référendum. Au sein du Bureau du Conseil privé, il y avait un groupe pour lequel travaillait à plein temps un de mes employés. Si je me rappelle bien, en février ou mars 1995 — le référendum a eu lieu à l'automne 1995 —, ils ont préparé un document en anglais et en français qu'ils voulaient distribuer dans tous les foyers du Québec, à l'occupant. On voulait également le distribuer dans la rue, le faire paraître dans les journaux, etc. J'ai reçu une communication de mon employé qui travaillait là et qui m'a mis au courant de ce projet. Je peux me tromper sur certaines choses, on parle de 1995. J'ai répondu que je ne décidais pas.
[Traduction]
Ils décident, je paie la facture et ils m’envoient l’argent.
[Français]
Quand j'ai vu le document, j'ai fortement suggéré de faire un sondage, de réunir un groupe de consultation pour évaluer ce document. Quand je l'ai vu, je n'étais pas d'accord. Il a fallu exercer des pressions assez fortes, il a fallu des discussions. Ils ont fait un sondage auprès de personnes qui voteraient oui et auprès d'autres qui voteraient non. Si je me rappelle bien — je peux encore me tromper, monsieur Guimond —,
[Traduction]
ce fut un désastre du côté du non et, à plus forte raison, du côté du oui.
J’ai donc reçu un appel... C'est peut-être mon employé qui l’a reçu. C’était le BCP ou le BRFP: « Passez-le à la déchiqueteuse. »
Par conséquent, j’ai appelé l’imprimeur pour l'informer et, je vous le donne en mille, tout avait été imprimé. Je ne parle pas de quelques milliers d’exemplaires. Il y en avait des millions. « Passez-le à la déchiqueteuse. »
:
Quoi qu’il en soit, qui a payé? Le BRFP, le BCP... l’argent de l’unité.
J’avais complètement oublié ce document. Je ne sais pas où la commission Gomery a trouvé tous ces documents, mais elle en avait une pleine salle, de la taille de celle-ci.
Un exemplaire du document que nous devions distribuer m’a été envoyé. Je l’ai ici. Il portait en anglais le titre A Critical Look at the Draft Bill on Sovereignty.
[Français]
« Livret-critique de l'avant-projet de loi sur la souveraineté ».
:
À la commission Gomery, vous avez dit qu’ils intervenaient. C’est ce que vous avez dit.
Je vais vous citer une autre déclaration que vous avez faite devant la commission. Le 22 novembre 2004, M. Pratte vous a posé la question suivante:
Vous souvenez-vous si M. Pelletier vous a dit de changer d’agence pour un événement?
Vous avez répondu:
Régulièrement… lorsque nous avons révisé la liste. Il ne la modifiait pas, mais disait qu’un événement devrait plutôt être confié à une agence donnée.
Nous ne parlons pas ici de la question de savoir si un festival devrait avoir lieu au Mont-Royal ou Alma. Nous parlons d’agences dont on a retenu les services pour faire du travail ou, dans la plupart des cas, pour ne rien faire du tout.
Vous dites que le niveau politique n’est pas intervenu, mais, à la commission Gomery, vous avez déclaré que le chef de cabinet du premier ministre examinait la liste des agences et choisissait celles qui recevraient l’assiette au beurre. Alors, c’est lequel des deux?
:
Oui, mais vous avez dit... D’accord, je ne répéterai pas. Je l’ai déjà fait. Je crois que les choses sont évidentes pour quiconque a écouté.
Je vais vous donner un autre exemple. Voici une question qui a été posée au sujet des agences à la commission Gomery:
Qui signifie le mot « commentaire », au juste, dans le cas de M. Gagliano? S’agissait-il de commentaires et de discussions, ou est-ce que cela voulait dire « décisions »?
Vous avez répondu: « Décisions. »
En avril 2004, vous avez dit au Parlement que Gagliano n’était jamais intervenu dans ces décisions. Ensuite, vous avez dit à la commission Gomery qu’il est non seulement intervenu, mais qu’il a pris des décisions. C’est une contradiction flagrante.
Par l’intermédiaire de la bureaucratie, le gouvernement du Canada déclare une agence admissible à faire affaire avec le gouvernement. À cette fin, il faut organiser un concours. Il y a un jury, etc. Le système politique ne s’est jamais mêlé de cela, sauf dans le cas du cabinet de Paul Martin.
J’ai pris connaissance d’un autre cas qui a été porté à mon attention au cours de l’enquête Gomery. Le 20 mars 1995, Mme Bourgon, qui était alors greffière du Conseil privé, a recommandé à M. Chrétien d’approuver le versement de 100 000 $ à deux agences de publicité dont les liens avec le Parti libéral étaient bien connus, pour la période allant jusqu’au référendum du Québec. Il n'y a pas eu d’appel d’offres. Les paiements ont été considérés comme des déboursés de publicité.
J’ai ainsi découvert à la commission Gomery que le cabinet du premier ministre était directement intervenu dans le choix d’agences. Mais si j’avais su cela quand je suis arrivé...
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Guité, à la page viii des documents qui vous ont été transmis, vous trouverez que vous avez dit ce qui suit au comité, dans votre exposé préliminaire:
Pour la période durant laquelle j’ai été en poste... la DGSCC n’a jamais choisi une agence sans suivre la procédure définie dans la politique et les lignes directrices en matière de passation de marchés.
Devant la commission Gomery, on vous a dit:
… la démarche que vous employiez n’était pas tout à fait conforme aux dispositions de l’Annexe U.
Je suppose que cela représente la politique et les lignes directrices en matière de passation de marchés. Votre réponse a été la suivante:
C’était leur interprétation, oui.
On vous a demandé ensuite:
Et en fait, c’est même votre interprétation, n’est-ce pas?
Vous avez dit: « C’est exact. »
On vous a demandé:
Il est assez clair... que vous n’avez pas organisé de concours pour chaque événement.
Il y a probablement une erreur ici. Vous avez dit:
Il y a ensuite la question:
Et vous êtes d’accord avec moi qu’il est également très clair que cette démarche n’était pas conforme aux dispositions de l’Annexe U?
Vous avez dit que vous êtes d’accord.
Ainsi, dans vos observations préliminaires, vous avez dit que tout était fait selon les règles. Mais vous avez donné des réponses différentes devant la commission Gomery.
Pouvez-vous nous expliquer cela, je vous prie?
Lorsque nous choisissons les agences, nous suivons le règlement en formant un comité chargé de la sélection. Une fois que l’agence est choisie, c’est un peu comme dans le cas d’une offre à commandes.
L’annexe U de la politique dit que si plus d’une agence est attribuée à un ministère – par exemple, Santé Canada et le Tourisme en ont deux ou trois –, chaque fois qu’il y a une nouvelle campagne, il faut refaire un concours. C’est cette disposition de l’annexe U que nous n’appliquions pas.
Quand je dis « nous », j’entends mon organisation et tous les ministères d’Ottawa. Depuis que j’ai commencé à travailler ici, une fois que l’agence est attribuée à un ministère, on ne refaisait pas de concours pour déterminer quelle agence obtiendrait chaque projet.
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D’accord. Nous avons de très bons analystes. Je suis sûr qu’ils s’en rendront compte.
On vous a posé une question très simple concernant les cadeaux. « Avez-vous reçu des cadeaux de M. Lafleur? » Vous avez dit non, ce qui est bien commode. Toutefois, à la commission, on vous a demandé:
Est-ce que vous vous souvenez d'avoir reçu de nombreux présents et cadeaux de Monsieur Lafleur?
Vous avez dit:
J’ai reçu des cadeaux, oui, mais... Monsieur le juge, je pense qu’en général, tous les codes d’éthique reconnaissent que ce genre de cadeaux sont dans la norme. Ce n’est pas des montants exorbitants.
Bien sûr, la question n’est pas de savoir si les cadeaux étaient hors norme. On vous avait posé une question très directe: Avez-vous reçu des cadeaux? Vous avez dit non. Là-bas, à la même question, vous avez donné une réponse différente. Veuillez nous l’expliquer.
:
Je comprends cela, mais voilà ce qui me préoccupe, monsieur: quand vous dites non de cette façon, c’est non. De toute évidence, votre intention était de vous assurer que personne ne pensait que des choses irrégulières se passaient. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi vous l’avez fait. Vous avez apparemment dit non pour mettre fin à cette affaire.
Si vous vous étiez limité à dire non, je n’aurais pas eu de questions à vous poser. Toutefois, vous avez dit que vous avez reçu des cadeaux. C’est très clair, monsieur. On vous a demandé si vous avez reçu des cadeaux. Vous avez répondu non. Devant la commission, cependant, à la même question, vous avez répondu oui. Voilà. Et vous ne nous avez pas donné une explication satisfaisante, monsieur.
Je vais revenir au point où en était M. Poilievre, et voir si je peux aller plus loin.
Si je comprends bien votre argument, vous avez dit qu’il s’agit d’un processus en deux étapes. On commence par déclarer une agence admissible. À ce stade, elle est inscrite sur une liste, à partir de laquelle elle peut être choisie. Vous dites qu’il n’y a pas eu d’ingérence politique dans le choix des agences admissibles, mais qu’il y en avait au stade du choix à faire parmi les agences figurant sur la liste.
:
D’accord, j’ai compris ce que vous avez dit.
Permettez-moi de vous poser la question suivante. On vous a demandé dans quelle mesure le programme faisait l’objet d’une ingérence politique constante. Vous avez dit: « Il y a une grande différence entre ingérence politique et opinion politique... Il n’y a jamais eu d’ingérence en ce qui concerne le choix des agences. Je n’aurais pas laissé qui que ce soit s’ingérer là-dedans, parce les ministres ne doivent pas intervenir dans le processus de sélection. »
Permettez-moi de finir. Vous insistez, monsieur, sur l’expression « choix des agences admissibles ». Vous ne dites rien de cette admissibilité ici. Vous n’avez parlé que du choix.
:
Monsieur Guité, lors de votre dernière comparution devant le comité, au cours de laquelle vous aviez prêté serment, Jason Kenney vous a posé la question suivante: « Dans votre exposé, vous avez dit que vous n’aviez jamais reçu d’indications du bureau du premier ministre, de M. Gagliano ou de M. Dingwall, qu’ils n’avaient jamais proposé de noms ni participé au processus de sélection des agences. Je crois que par la suite, vous avez modifié cette version des événements. »
Vous avez répondu: « Non, je ne l’ai jamais modifiée et je ne la modifierai jamais. »
M. Kenney a dit: « Je vois. »
Vous avez alors ajouté: « Ils n’ont jamais participé au processus de sélection des agences. Il y a toute une différence entre le fait de choisir une agence et celui d’attribuer une commandite. »
Monsieur Guité, c’est là une affirmation très catégorique. Maintenez-vous encore que c’est la vérité?
:
Très simplement, lorsqu’il y avait un concours pour le ministère de la Santé, mon service recevait une demande du directeur général ou du sous-ministre adjoint pour qu’il organise un concours. Nous organisions ce concours en nous conformant à la politique d’achat mentionnée par M. Christopherson. Il n’y a jamais, jamais eu d’intervention politique, sauf dans quelques rares cas.
Je crois que j’ai dit cela au comité lorsque j’ai comparu et que je l’ai dit à la commission Gomery. J’ai même découvert, à la commission, qu’il y avait quelques cas que je ne connaissais pas.
Une fois ce processus lancé... Pour vous permettre de comprendre très clairement, je reprends l’exemple de Santé Canada... Santé Canada ainsi que mon service et les membres du comité n’étaient jamais, jamais soumis à des pressions politiques. Nous avions donc choisi trois agences et les avions déclarées admissibles à travailler pour Santé Canada. Après leur inscription sur la liste des agences admissibles, le ministre, le CPM, le BCP ou quelqu’un d’autre pouvait intervenir au sujet de ce que ces agences devaient faire pour le ministère.
C’est sur ce point qu’il semble y avoir un malentendu. J’ai eu les mêmes difficultés devant la commission Gomery quand j’ai dit qu’il n’y avait pas d’intervention politique... Peut-être aurais-je dû parler de la liste des agences admissibles par opposition à l’attribution du travail. Par conséquent, pour moi, la déclaration que j’ai faite ici, c’est que le système politique n’est jamais intervenu dans le choix des agences admissibles, jamais, sauf dans le cas que j’ai mentionné pour Chrétien et l’autre concernant Paul Martin... Je crois qu’il y en a eu un autre, mais je n’arrive pas à me souvenir lequel.
:
Je pourrais peut-être ajouter quelque chose afin que ce soit clair pour tout le monde. Je vais vous donner un autre exemple clair qui a été mentionné à la commission Gomery.
Il y avait un concours pour Tourisme Canada. De mon temps, Tourisme Canada avait un budget de 50 ou 60 millions de dollars par an. Il dépensait beaucoup partout dans le monde, ce qui était parfait pour attirer des touristes au Canada.
Nous avions donc un concours. Une agence de Toronto a gagné. Une autre de Montréal s’est classée deuxième et une autre, troisième, quatrième, cinquième et ainsi de suite. La politique permettait au ministre de choisir l’agence classée deuxième, première ou troisième si la différence était inférieure à 10 p. 100.
À titre de président du comité de sélection, j’ai envoyé une lettre au ministère pour l’informer des résultats du concours. Le système politique est alors intervenu par l’entremise des bureaucrates de Tourisme Canada, qui ont dit qu’ils n’étaient pas d’accord. Ils voulaient que le contrat soit réparti entre deux agences. Ils étaient donc intervenus dans la décision concernant la répartition des travaux de cet organisme. Une agence a obtenu l’Europe et le Canada, et l’autre, l’Australie et l’Extrême-Orient.
C’était le même processus dans le cas des commandites.
Monsieur Guité, vous avez donné de longues explications pour essayer de faire la distinction entre l’attribution d’un contrat ouvert à une agence de publicité et l’attribution de travaux dans le cadre d’un tel contrat.
On vous avait demandé s’il y a eu une ingérence politique constante dans ce programme. Vous avez répondu:
Il y a une grande différence entre ingérence politique et opinion politique... Il n’y a jamais eu d’ingérence en ce qui concerne le choix des agences. Je n’aurais pas laissé qui que ce soit s’ingérer là-dedans, parce les ministres ne doivent pas intervenir dans le processus de sélection.
Je reviens encore à la question: « Y a-t-il eu une ingérence politique constante dans ce programme? » Vous essayez maintenant de dire qu’il s’agissait du processus de sélection avant le début du programme. Or la question était claire. Elle portait sur l’« ingérence politique constante » pendant que le programme était en cours. Vous avez répondu « jamais ». Ensuite, vous avez essayé de nuancer cette réponse en disant qu’il y avait une différence entre donner l’autorisation d’engager une agence et lui attribuer des travaux par la suite.
La question qui vous a été posée portait clairement sur l’ingérence politique dans le fonctionnement du programme. Vous avez tourné la question et essayé de nous dire qu’il s’agissait de l’approbation de l’agence au départ. Pourquoi avez-vous trompé le comité?
:
Je n’ai jamais trompé le comité.
Monsieur le président, je crois que je vais avoir à donner la même réponse qu’à M. Christopherson et à l’autre.
Encore une fois, monsieur Williams, comme je l’ai expliqué il y a quelques instants, le système politique n’est jamais, jamais intervenu dans le choix des agences admissibles. Est-il intervenu dans la sélection des agences et l’attribution des projets? Oui.
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J’avais quitté le gouvernement depuis août 1999. Je suis venu ici et, en réponse aux questions qu’on m’a posées, sauf la première fois, où j’ai été assez brusque à cause de la fameuse clause de confidentialité... Lors de ma seconde comparution, j’ai répondu aux questions du mieux que je pouvais et aussi honnêtement et ouvertement que possible.
Lors de l’enquête Gomery, on m’a cuisiné à Ottawa pendant quatre jours et demi ou cinq jours, puis la même chose à Montréal. J’avais à mes côtés un adjoint désigné par la commission pour m’aider à me retrouver dans les – je ne sais pas – 150 volumes de documents, de données, etc. De toute évidence, si vous me mettez sous les yeux un document que j’ai signé en 1995, 1996 ou 1997, les choses me reviendront facilement. Je dirais: « Oui, je me souviens de cela. » Il n’est aussi arrivé de ne pas me souvenir de certains d’entre eux.
Par conséquent, si vous dites que j’ai donné des renseignements plus clairs à la commission Gomery, vous avez parfaitement raison. C’est tout à fait vrai parce que j’avais toute l’information sous les yeux. En fait, quand j’étais incapable de répondre, le commissaire me disait: « Eh bien, monsieur Guité, si vous voulez y penser jusqu’à demain matin, vous pouvez emporter ces documents à la maison. Vous pourrez les regarder à loisir pour voir s’ils ne peuvent pas rafraîchir votre mémoire après une bonne nuit de sommeil. » À plusieurs reprises, je revenais le lendemain et je disais: « Je ne suis pas tout à fait sûr, mais c’est possible. »
:
Monsieur Poilievre, je crois que cela était évident dès le départ. J’ai clairement dit que M. Guité aurait la possibilité de présenter des observations finales.
J’ai juste une question à vous poser, monsieur Guité. Lorsque vous avez comparu en 2002, il y a eu l’échange suivant.
Question: « ... croyez-vous également que toutes les dispositions relatives au Règlement sur les contrats du gouvernement ont été appliquées? »
Votre réponse: « Oui. »
Question: « Il n’y a personne d’autre que vous. »
Votre réponse: « Non. »
Question: « S’il y a de la confusion dans ce dossier, le seul et unique responsable en est M. Charles Guité. »
Votre réponse: « C’est exact. »
Cela était-il exact à ce moment-là?