Mesdames et messieurs, je suis très heureux de pouvoir m'adresser à vous aujourd'hui. En fait, il s'agit de la dernière occasion que j'ai de le faire.
À titre de chef d'état-major de la défense, la mission canadienne en Afghanistan a constitué l'une de mes principales responsabilités. Au cours des dernières années, il ne s'est pas écoulé une seule journée — et c'est la vérité — sans que mes pensées ne soient occupées par diverses questions touchant cette mission.
[Traduction]
Ce soir, je vais parler surtout du point de vue militaire sur notre rôle dans la mission canadienne en Afghanistan. Il s'agit de notre responsabilité en matière de sécurité, et l'accent est mis de plus en plus sur la création de forces afghanes de sécurité nationale et leur capacité d'instaurer elles-mêmes et de maintenir un contexte plus sûr à Kandahar et, donc, dans tout le pays.
[Français]
Pour évaluer la situation actuelle à Kandahar, il faut se rappeler que l'éducation d'unités est une entreprise à long terme, et que la province de Kandahar constitue le fief des talibans. C'est vraiment le centre de gravité de l'Afghanistan. Ce sont les mots du président Karzaï.
La situation à Kandahar évolue lentement et péniblement, mais les progrès sont tout de même apparents. Nous sommes loin de septembre 2006 et de l'opération Méduse, alors que Kandahar était essentiellement une zone de combat.
[Traduction]
Nos opérations en Afghanistan sont soigneusement conçues et menées de façon à obtenir un seul résultat global, soit d'aider les Afghans, dans le cadre de la mission canadienne, à sécuriser et à reconstruire leur pays, surtout dans la province de Kandahar, où nous dirigeons la mission de l'OTAN.
Les opérations ont trois orientations principales ou axes stratégiques, si on veut, pour obtenir ce seul résultat.
Il y a d'abord les opérations de sécurité, notamment des combats, menées en partenariat avec les Afghans et les forces alliées pour déstabiliser les Talibans et ainsi permettre à la construction, dans son sens le plus général, de se poursuivre et de s'accélérer. Ces opérations sont l'élément le plus précieux de notre contribution au développement et à l'établissement de la gouvernance pour assurer la réussite de ces efforts. Elles contribuent directement à la construction, à la reconstruction de l'Afghanistan.
Deuxièmement, nous appuyons directement la création de l'armée et de la police nationales afghanes. Dans le premier cas, nous avons fait de grands progrès, car les dirigeants de l'Armée nationale afghane assument une responsabilité croissante en matière de sécurité, surtout depuis quelques mois et plus particulièrement ces derniers jours. Il y a une brigade complète de l'Armée nationale afghane sur le terrain dans la province de Kandahar. Ces derniers jours, elle a montré sa capacité de réagir, avec une autre brigade de l'Armée nationale afghane, de préparer et de mener des opérations, et de le faire avec un matériel toujours amélioré, dont une partie, comme les fusils C7, vient du Canada.
En ce qui concerne la police, les progrès sont plus timides, mais il y a eu récemment des éléments positifs, grâce à un investissement international massif dans la constitution de forces policières afghanes.
Troisièmement, tout en essayant d'instaurer une meilleure sécurité selon ces deux premiers axes stratégiques, nous travaillons directement, en la soutenant, avec l'Équipe Canada — ACDI, MAECI et GRC — en réalisant ou en facilitant des initiatives précises. Ces efforts sont essentiels à la stabilité à long terme et nous ferons tout ce que nous pouvons pour en assurer la réussite. À cet égard, nous avons tous la même optique commune.
Je vais terminer en disant qu'il y a cinq éléments à ne pas perdre de vue dans notre mission en Afghanistan et notre façon de l'aborder.
D'abord, en contenant les Talibans dans le Sud, qui est le centre de gravité, comme je l'ai dit, nous permettons au reste de l'Afghanistan de se développer avec seulement des entraves mineures. Kaboul, les provinces du Nord-Est, Mazar-e-Sharif, dans la province de Balkh, dans le Nord, et tout l'Ouest sont beaucoup plus stables et se sont développés et continuent de le faire beaucoup plus rapidement que le Sud. C'est un énorme avantage et c'est incroyablement constructif. Parfois, dans une ville comme Kaboul, on se demande pourquoi elle retient l'attention de la communauté internationale. Il faut maintenant que cette attention se tourne de plus en plus vers le Sud.
Deuxièmement, malgré tout le progrès réalisé dans le reste du pays et le progrès difficile, mais progrès tout de même, accompli dans le Sud, l'ennemi a son mot à dire et est complètement libre dans le choix de ses tactiques. Il ne tient jamais compte des conventions de Genève. Nous devons toujours nous rappeler qu'il a son mot à dire.
Troisièmement, il y a eu et il y aura d'autres revers dans la mission. Les Talibans ne sont pas impressionnants, mais ils sont capables d'apprendre, de surprendre et de tuer.
Quatrièmement, le développement est absolument essentiel comme manifestation concrète d'un changement constructif, comme signe qu'il y a autre chose que la vie désespérée garantie par les Talibans. Dans le développement, les emplois sont très importants. Les routes que nous aidons à construire — la route Foster et d'autres — et l'engagement du Canada à construire des écoles, à reconstruire le barrage Dahla, à appliquer un programme massif d'inoculation pour les enfants, dont le taux de mortalité est le plus élevé au monde, tout cela compte beaucoup pour la population.
Je viens de faire allusion à une conversation que j'ai eue il y a quatre ans avec le président Karzaï, lorsque je commandais la FIAS. Nous parlions du besoin désespéré d'emplois dans le pays pour tenir les gens éloignés des Talibans, empêcher qu'ils ne soient incités par eux, pour 10 $ par jour, à prendre une arme et à tirer sur nous ou les forces de sécurité afghanes. Il est absolument nécessaire de leur donner des emplois, de l'espoir en l'avenir. J'ai discuté avec le président du programme que le Canada a appliqué autrefois, immédiatement après la Première Guerre mondiale, juste avant la grande crise. Des centaines de milliers de jeunes gens rentraient après avoir servi dans l'armée et n'avaient ni travail, ni espoir. Nous avons lancé au Canada un programme de construction qui a aidé, je crois, à bâtir le pays que nous avons aujourd'hui. Il a donné de l'espoir en l'avenir et un moyen de survivre dans l'immédiat.
Un dernier point, avant de récapituler: la gouvernance est peut-être le pilier le plus important de tout pays. Cela continue de me préoccuper, et je sais que cette préoccupation est partagée. Comment pouvons-nous aider les Afghans à bâtir une structure de gouvernement efficace aux niveaux national et provincial et ensuite à répondre aux besoins de la population de façon durable?
Je rappelle sans cesse qu'on a beaucoup construit en Afghanistan par le passé, mais que, lorsque tous les troubles ont débuté, au début des années 1990, ce n'est pas l'armée qui s'est écroulée, ni les forces de sécurité, mais le gouvernement. Et c'est ainsi que les forces de sécurité se sont désagrégées et que ses membres sont allés se mettre au service des seigneurs de la guerre, ce qui a mené directement à la situation actuelle.
Je conclus par quelques mots sur nos jeunes gens et nos jeunes femmes de l'armée, dont le dévouement et le courage ont permis de réaliser les grands progrès qui commencent à apparaître à Kandahar et dans tout le reste de l'Afghanistan. Ce sont de jeunes Canadiens épatants. Ce sont des jeunes ordinaires qui font un travail extraordinaire grâce à leur grand dévouement. Ils sont professionnels, très motivés, robustes dans leur approche et efficaces. Ils portent notre drapeau à l'épaule, ce dont nous sommes fiers et ils nous représentent, vous, moi et le Canada, d'une façon exceptionnelle.
Je tiens à les remercier publiquement, eux et leur famille du travail qu'ils font, du stress qu'ils subissent et des sacrifices qu'ils consentent.
Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis disposé à répondre à toutes les questions que vous voudrez bien me poser.
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Merci de votre question.
Monsieur le président, je répondrais ceci: je prendrais avec un énorme grain de sel tout ce que disent les Talibans. Je le répète, ils ne s'embarrassent ni du droit de la guerre, ni de la Convention de Genève, ni de la vérité, certainement.
Il est évident qu'ils gonflent les chiffres. Nous ne croyons pas qu'il y ait 400 guerriers dans tout le district. Ils ont exagéré le nombre de villages où ils exercent un certain contrôle ou sont présents sur le terrain. Certaines photos diffusées à la télévision, montrant des familles qui mènent une vie normale dans des villages dont les Talibans se seraient emparés montrent la fausseté de ces déclarations.
Les forces afghanes nous ont montré cette fois qu'à quelque chose malheur est bon. Ces derniers jours, les forces afghanes se sont imposées dans la province de Kandahar avec une brigade complète, en plus de celle qui était déjà là. L'automne dernier, lorsque nous menions avec elles des opérations contre les Talibans, elles pouvaient tout au plus gérer les opérations élémentaires d'un seul bataillon à la fois.
Aujourd'hui, elles dirigent des opérations aux niveaux de la brigade et du corps d'armée et elles ont assumé une responsabilité croissante qui est très constructive ces jours derniers — ce n'est pas parfait, mais très constructif — pour amener les soldats, les déplacer vers le district d'Arghandab, restabiliser le secteur et éviter que les Talibans ne contrôlent les villages de la région.
Les opérations progressent. Le porte-parole des Talibans, peu importe de qui qu'il s'agit, peut se présenter à la télévision et dire tout ce qu'il voudra. Au bout du compte, les forces de l'Armée nationale afghane, avec notre appui et celui d'autres forces alliées, assureront la sécurité à Kandahar, qui est l'objectif des Talibans. Deuxièmement, elles rétabliront la stabilité et la sécurité dans le district d'Arghandab. Nous allons y parvenir dans les prochains jours, et les Talibans seront chassés. Et j'espère que, avec les forces de sécurité afghanes, nous pourrons nous implanter si solidement que les Talibans ne pourront y revenir de sitôt.
Je prendrais donc avec un grain sel ce que dit ce type. Nous menons des opérations, elles seront fructueuses et nous aiderons à rétablir la sécurité dans les quelques villages où les Talibans se trouvent en ce moment.
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Merci de cette question, monsieur.
D'abord, dans toute campagne contre-insurrectionnelle où l'infrastructure est rudimentaire sur le plan des communications par téléphone et Internet, là où la population est aussi nombreuse qu'elle peut l'être dans le sud de l'Afghanistan, il est incroyablement difficile de savoir ce qui se passe dans les nombreux petits villages et localités, dans les vallées autour de Kandahar.
Pour ce qui est de la prison de Sarposa, par exemple, nous ne travaillons pas seuls, mais avec nos alliés de l'OTAN et les Afghans afin de bâtir un réseau de collecte de renseignements robuste, mais passablement complexe. Nous analysons toute l'information reçue avec tous ces partenaires et nous essayons de prévoir exactement où les gens vont se trouver, de façon à mener des opérations proactives au lieu d'être pris par surprise. Lorsque l'infrastructure est rudimentaire et que des Talibans peuvent venir d'ailleurs et mener une opération sans en parler sur un téléphone portable ni parler du projet à leur entourage, il arrive qu'ils puissent causer une surprise. On ne peut pas savoir tout et tout le temps. Et il s'agit d'une culture dans laquelle il est extrêmement difficile d'obtenir des renseignements.
Nous recevons sans cesse de l'information. À toute heure, tous les jours et toutes les semaines, nous recevons des milliers de renseignements et nous essayons de les comparer pour voir s'il est possible d'en tirer quelque chose. Mais parfois, ce ne sont que des milliers de renseignements dont il ne se dégage aucun sens pour nous, ou bien ce sont des mensonges, ou ils ont été transmis délibérément par les Talibans. Ou bien ils décident de faire quelque chose, nous l'apprenons, et ils ne peuvent pas passer à l'action.
Voici un exemple de la façon dont les choses se passent, parfois. J'étais commandant de la FIAS. Nous étions en train de mener une opération. Nous nous sommes retrouvés, avec mon petit convoi de sécurité, au milieu d'une ville dans le pire des embouteillages. Nous étions complètement immobilisés, entourés de centaines de véhicules, camions, voitures, mules et chameaux, tricycles et motocyclettes. Nous ne pouvions pas bouger. Nous avons reçu une alerte par la radio sécurisée: il y avait un kamikaze dans la ville et sa cible était le commandant de la FIAS. Nous devions nous méfier de ce kamikaze. Autre renseignement: le kamikaze était dans un taxi jaune. Nous avons regardé autour. Il n'y avait pas moins de 72 taxis jaunes dans notre champ de vision. Ce renseignement perdait automatiquement toute signification. Si l'explosion nous avait touchés, mon convoi et moi, je suis sûr que quelqu'un, après coup, aurait dit: « Vous auriez dû le savoir. Quelqu'un vous a dit qu'il était dans un taxi jaune. »
Il est extrêmement difficile d'analyser l'énorme quantité de renseignements que nous obtenons, le nombre astronomique de faits qu'on nous signale et d'en tirer une idée très claire pour éviter les surprises. La plupart du temps, nous tombons juste et nous agissons de façon proactive pour prévenir une attaque, nous lancer à la poursuite des dirigeants ou faire d'autres choses qui nous semblent justifiées. Dans la vaste majorité des cas, nous arrivons à savoir, mais sur une certaine période, avec assez d'information qui circule et assez d'information qui nous reste cachée, et une bonne sécurité opérationnelle du côté des Talibans — et ils ont une bonne sécurité opérationnelle, et c'est pourquoi certains de leurs dirigeants survivent depuis des années sans être ciblés ni atteints par les forces de l'OTAN ou les nôtres —, ils arrivent parfois à causer la surprise. Dans le cas de la prison de Sarposa, ils ont réussi.
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D'abord, madame, je ne crois pas que ce genre d'incident se reproduira. Les Afghans et, dans ce cas-ci, le ministère de la Justice, responsable de cette prison et de sa sécurité, tirent et ont tiré des enseignements très pénibles de ce qui s'est produit. Ils prennent des mesures pour que, ailleurs dans leur pays, ce genre de chose ne puisse se produire ou en tout cas pour que ce soit beaucoup plus difficile à réaliser.
Deuxièmement, c'est leur responsabilité de sécuriser les prisons. Nous travaillerons avec eux dans les jours et semaines qui viennent pour garantir une sécurité suffisante dans toutes les installations de la province de Kandahar et prévenir ce genre d'incident. Les Afghans ont déjà beaucoup appris. Dans les jours et les semaines à venir, nous ferons une analyse complète de l'attaque et nous les aiderons à tirer d'autres leçons.
Nous savons qu'une très puissante bombe qui se trouvait à l'intérieur d'un camion a frappé le mur de la prison et a ouvert une brèche. L'explosion a provoqué la stupeur et la consternation, elle a semé la destruction et la mort dans un grand périmètre, ce qui a créé des conditions propices à l'évasion d'un grand nombre de prisonniers.
Nous allons tout revoir avec les Afghans. Nous allons les aider à tirer les enseignements pour prévenir toute récidive et à améliorer la sécurité des prisons dont ils ont la responsabilité. Ce n'est pas notre responsabilité à nous, mais nous voulons travailler avec eux dans les environs immédiats de la prison pour les aider à améliorer la sécurité.
Je le répète, nous ne sommes pas parfaits. L'ennemi à sa chance. Il peut parfois nous surprendre et réussir une attaque, comme il l'a fait cette fois-ci de toute évidence. Nous allons collaborer d'autant plus avec les Afghans pour atténuer les risques que ce type d'incident ne se reproduise.
J'en reviens au même point. Dans les unités où j'ai travaillé, nous avions des règles. La première, c'est qu'il faut se concentrer sur l'ennemi, et c'est ce que nous faisons. L'ennemi a son mot à dire et nous tenons à ce qu'il ne puisse pas en profiter très souvent.
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Monsieur le président et monsieur Bachand, merci beaucoup de la question.
D'abord, il est vrai que l'attaque a été importante, mais je ne suis pas sûr qu'il y ait eu 50 combattants. Je serais porté à attendre que nous ayons des précisions.
Je ne nie pas l'importance de l'attaque. Il y a eu un élément de surprise et l'ennemi a atteint son objectif. Il peut s'en vanter, puisque l'attaque a été une réussite. Mais prétendre que nous aurions absolument dû savoir ce qui allait survenir, c'est ne pas comprendre la complexité de la situation sur le terrain. Dans cette vaste région très peuplée, avec des hommes qui circulent avec des armes dans de petits véhicules, qui peuvent surgir à tout moment, il est relativement facile de lancer des attaques. Le fait que, la plupart du temps et même la majorité du temps, nous puissions prévenir ces attaques témoigne du travail acharné que nous faisons et du succès que nous remportons déjà.
De temps à autre, l'ennemi perce nos défenses. Nous avons encore une importante analyse à faire avec les gens du ministère de la Justice chargés de la sécurité de la prison. C'était leur responsabilité, pas la nôtre. Nous travaillons dans le contexte général des opérations de sécurité à mener, non en nous concentrant sur chacune des infrastructures clés de Kandahar et des environs. Nous sommes loin d'avoir les effectifs pour le faire.
Nous allons faire l'analyse avec les responsables. Nous tenons nous-mêmes à savoir comment l'attaque s'est produite et nous en tirerons des leçons qui renforceront notre capacité à l'avenir.
Je ne sais pas, mais sans doute que le SCC nous a donné quelques détails sur les besoins en sécurité. Dans le cadre d'Équipe Canada, nous devons avoir commencé à travailler avec le ministère de la Justice pour faire mettre en place les mesures de sécurité plutôt que de le faire nous-mêmes. Nous ne sommes pas là pour veiller sur toutes les infrastructures.
Donc, c'était effectivement une attaque importante. Oui, l'ennemi a remporté un certain succès. Et vous savez quoi? Nous allons poursuivre les opérations normales. Nous y veillerons. Les Afghans font tout ce qu'ils peuvent pour tirer des leçons et apporter des correctifs. À l'avenir, nous serons mieux préparés. Mais il est bien certain que nous aurions préféré que l'incident ne se produise pas.
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C'est en grande partie la deuxième raison. Je ne suis pas de très près la situation en Irak. J'ai toujours amplement de quoi occuper toutes mes heures de veille.
D'après ce que j'ai pu voir moi-même, les Américains ont pu faire en Iraq des progrès qui leur semblent assez appréciables, de sorte que, dans bien des cas, la violence a diminué. Grâce à quoi les pertes ont été nettement moins lourdes, et il est évident que c'est très important pour eux. Elles sont maintenant moins lourdes qu'en Afghanistan, où elles restent constantes.
Je ne veux toutefois rien sous-estimer. En ce moment, nous prévoyons et constatons dans la région d'Arghandab — et cela explique peut-être en partie l'incident de Sarposa — que, dans le cycle normal de la campagne, dans le sud de l'Afghanistan, il y a eu, par rapport à janvier, février et mars, une intensification des combats, des opérations et des attaques des Talibans. Cela a débuté en mai, à la fin de la récolte du pavot, quand tous ces jeunes hommes, pour 10 $ par jour, acceptent de prendre un fusil.
Nous avons donc une augmentation en ce moment même et pendant l'été. C'est exactement ce à quoi nous nous attendions, et nous avons mené des opérations pour atténuer autant que possible cette intensification et avons tâché d'en profiter pour accélérer les progrès.
Il a donc pu y avoir une légère hausse en Afghanistan, mais les Américains ont remporté des succès en Irak. Ils ont réduit leurs pertes parce qu'ils ont calmé la violence. Voilà l'explication de la différence, du changement.
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Merci, monsieur le président. Je vais partager mon temps de parole avec M. Dosanjh. Je vais tâcher de faire vite.
Bienvenue, général. Je m'intéresse à plusieurs choses, mais surtout à deux.
D'abord, la capacité de maintenir la paix, étant donné ce qui se passe avec le Pakistan et les problèmes constants à la frontière. D'après ce que je lis et ce que disent bien des gens, il semble que les ententes les plus récentes du gouvernement actuel avec les Talibans au Pakistan et son approche conciliante, nous allons toujours voir des insurgés franchir la frontière,
Croyez-vous que cela provoquera de l'instabilité? Jusqu'à quel point? Il me semble que les problèmes frontaliers n'auront pas de fin. Qu'en pensez-vous?
L'autre point concerne le développement. Je sais que nous avons intensifié les efforts. Vous venez de parler d'un certain nombre de projets et de travaux majeurs de construction. Dans quelle mesure le développement en Afghanistan, par nous et par d'autres, est désormais à l'avant-plan? Si nous ne gagnons pas le coeur et l'esprit des gens en leur procurant un revenu, en luttant contre la pauvreté, il me semble que nous ne réussirons probablement pas.
Il y a aussi le pavot. Pouvons-nous éradiquer cette culture? Y a-t-il un programme majeur de diversification, afin que les producteurs renoncent à cette culture? Achetons-nous le pavot?
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Maria Minna: Pas pour l'utiliser. Les producteurs ont besoin d'argent. Pouvons-nous les amener à cultiver autre chose? Ils doivent vendre leur produit. Au lieu de les laisser les vendre sur le marché illégal, peut-être pourrions-nous leur prendre les pavots.
Y a-t-il des idées vraiment innovatrices pour régler certains de ces problèmes?
Je vais commencer par le troisième point et suivre l'ordre inverse. Je suis un Terre-Neuvien. J'ai le cerveau qui fonctionne mystérieusement, même pour moi, parfois.
Le problème du pavot et de la drogue est énorme. Personne ne le minimise. Certainement pas moi, en tout cas. J'ai vu le problème de mes propres yeux. Des champs entiers, des acres, des vallées sont couverts de pavot, et on sait ce qu'on en tire: 95 p. 100 de la production mondiale d'opium, dont 5 à 10 p. 100 se retrouvent en Amérique du Nord. C'est une menace directe pour nous.
Voici ce qu'en pense le général Hillier, d'après ce qu'il sait de la mission et de ses observations dans le pays.
Il n'y a pas de solution à court terme. Il faut presque bâtir le pays en faisant abstraction du problème, qui sera éradiqué de cette manière. Dans les programmes de prévention de l'ONU en matière de drogues, on dit qu'aucun pays qui a un revenu par habitant de plus de 1 000 $ par an n'exporte de la drogue. En Afghanistan, ce revenu s'élève maintenant à 450 $. Il faut aider à bâtir l'économie, à instaurer la primauté du droit et à implanter une structure gouvernementale capable de veiller sur l'économie et le respect du droit et, enfin, éliminer totalement et réellement le problème de la drogue — ou au moins l'atténuer considérablement.
À plus court terme, divers programmes à l'intérieur du pays, dirigés par des Afghans et financés par de nombreux pays, remportent un succès variable. Ils n'ont pas pu encore modifier le volume fondamental de la production, mais on y met beaucoup de détermination. Selon moi, la solution viendra à long terme.
Deuxièmement, en ce qui concerne le développement et la conquête du coeur et de l'esprit de la population, je reviens à ce que j'ai dit dans ma déclaration d'ouverture. Si on met de côté Helmand, Kandahar et une ou deux autres provinces du Sud, le développement a été phénoménal dans le reste de l'Afghanistan, qui forme un grand arc, y compris à Kaboul et la province de Badakhshan, Mazar, Balkh et Herat. Il y a des services médicaux de base, des routes, des réseaux de transport, etc. Tout cela est très élémentaire, mais le travail se poursuit. Des Afghans ont pu reprendre l'agriculture, rentrer chez eux et connaître une certaine sécurité. Même si nous nous posons des questions et avons des inquiétudes au sujet des capacités de la police, nous estimons que, dans le reste de l'Afghanistan, le développement est phénoménal.
Si on va à Kaboul après être allé dans les provinces, on se demande: « Pourquoi perdre notre temps ici? Nous devrions faire porter nos efforts ailleurs, puisque le développement est aussi avancé. » Mais ce développement, surtout dans les transports, dépend du troisième problème. On peut donner aux agriculteurs la possibilité de cultiver autre chose. Ils sont célèbres dans le monde pour la qualité de leurs pastèques, de leurs fruits et légumes, dont ils approvisionnaient le Pakistan. Autrefois, ils fournissaient à l'Inde toute sa consommation de figues, mais tout cela est disparu lorsque les réseaux de transport ont été détruits. Celui qui produit de l'opium peut transporter une cargaison de 10 millions de dollars avec quelques mules, mais pour transporter 10 millions de dollars de pastèques, par exemple, il faut un réseau routier, il faut un réseau de transport pour transporter les produits vers les marchés.
Le développement est fondamental. Il progresse dans tout le pays. C'est plus difficile dans le Sud à cause de risques accrus, d'un manque de sécurité ou de l'instabilité.
Quant au maintien de la paix, il est certain qu'il faut deux éléments pour aider l'Afghanistan à devenir un pays stable.
Il faut d'abord aider les Afghans à bâtir leurs propres infrastructures, notamment en matière de sécurité, pour qu'ils puissent s'occuper de leurs entreprises.
Deuxièmement, il faut aider le Pakistan à régler les problèmes des provinces tribales de ressort fédéral et améliorer la vie de la population de cette région. Nous nous inquiétons beaucoup de certaines des choses qui se sont passées à la frontière et de la facilité avec laquelle on peut la franchir avec des armes à certains endroits. Le Pakistan a fait beaucoup — du point de vue militaire — ces dernières années et surtout ces derniers mois. Il doit faire encore beaucoup et il aura besoin d'aide, c'est sûr. La solution se trouve aussi bien en Afghanistan qu'au Pakistan, et les défis sont immenses.
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Monsieur, je crois qu'il est toujours vrai qu'à quelque chose malheur est bon. Et si on cherche assez bien, on peut aussi dire que ce qui est bon présente un côté sombre. Et il y a bien des gens qui cherchent toujours ce qui va mal.
Sur le plan militaire, nous avons observé les forces de sécurité de l'Armée nationale afghane. Depuis deux ans et demi — en tout cas pour ce qui est des Canadiens —, nous essayons de créer et de développer ses unités et de former ses chefs, de les amener à prendre la responsabilité des opérations de sécurité et ensuite à obtenir des résultats. Le beau côté, cette fois-ci, c'est que nous avons vu soudain que, malgré des difficultés et des problèmes considérables, l'armée arrivait à faire le travail. C'est ce que nous avons constaté.
Lorsque nous avons mené des opérations avec un de ses bataillons, en novembre et octobre derniers, à peu près dans le même secteur, les Afghans avaient du mal à diriger un petit bataillon. Nous avions une importante unité des Forces canadiennes avec eux pour les garantir et les épauler. Cette fois-ci l'armée afghane a une brigade complète qui est active près d'Arghandab. Les Afghans ont fait toute la planification et ont mis les opérations en place. Ils semblent réussir relativement bien à mener les opérations.
Au lieu d'avoir un partenariat dans ces opérations, nous jouons plutôt un rôle de soutien, même si nous avons des pelotons dans leurs compagnies pour les aider à mener eux-mêmes les opérations. Ce que nous avons vu est très constructif, et nous voulons continuer sur cette lancée.
Les Afghans ont aussi assumé la responsabilité d'instaurer le calme et la stabilité, la sécurité psychologique, si on veut, dans la ville de Kandahar après l'évasion de Sarposa et après tout ce que les porte-parole des Talibans ont dit qu'ils allaient faire à Arghandab. On a appelé des renforts policiers, dont une partie du bataillon de l'ANCOP. Ils ont été très visibles et, selon nous, très efficaces pour rétablir la stabilité dans la ville de Kandahar pour que les gens soient convaincus que les Talibans ne vont pas se réimplanter. Cela nous semble très constructif. Les forces afghanes étaient incapables de le faire il y a six mois, et encore moins il y a 12 mois.
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Merci beaucoup de cette question, monsieur.
J'hésiterais avant de parler d'éléments auxquels on s'est engagé, comme si cela était confirmé. Que je sache, rien de ce que nous avons entendu ne découle des observations de témoins directs. Il faut donc être très prudent.
Oui, nous allons faire enquête. Le ministre et moi sommes du même avis à ce sujet, et nous allons faire enquête et, s'il y a un fond de vérité à ce que certains soldats ont dit, nous allons essayer de faire toute la lumière.
Hier, j'ai simplement réaffirmé mes attentes auprès de ma chaîne de commandement. Mais je répète que nous voulons au départ mettre un point d'interrogation sur tout. À ma connaissance et d'après ce que j'ai entendu jusqu'à maintenant, personne ne dit avoir été directement témoin d'agressions de quelque nature. Hier, je n'ai pas parlé seulement de possibilités d'agressions sexuelles, mais de voies de fait graves de toute nature. Si nos soldats en sont témoins, comme ce fut le cas en Bosnie et en Croatie, personne ne restera indifférent. Nous sommes là pour aider les Afghans. Si nous étions témoins de voies de fait graves, la chaîne de commandement serait immédiatement alertée, agirait tout de suite et, avec l'appui de la chaîne de commandement, l'affaire serait confiée aux Afghans pour qu'ils s'en occupent avec notre aide.
Donc, je le répète, nous allons faire enquête et, s'il y a des éléments sérieux, nous ferons savoir ce que nous aurons découvert.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de nous donner à moi et à mon collègue de l'ACDI, Stephen Wallace, l’occasion de faire le point sur la conférence de Paris.
Le 12 juin, les gouvernements français et afghan, de concert avec les Nations Unies, ont tenu une conférence de haut niveau sur l’Afghanistan. Le ministre des Affaires étrangères du Canada, l'honorable David Emerson, a assisté à la conférence avec des représentants de 85 pays et organisations, dont tous les principaux fournisseurs de contingents et d’aide au développement, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l’OTAN et les pays de la région, notamment le Pakistan et l'Iran.
Le président Sarkozy, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, et le président Karzaï ont prononcé les allocutions d’ouverture lors de la séance inaugurale présidée par le ministre français des Affaires étrangères, M. Bernard Kouchner, et son homologue afghan, M. Spanta.
La conférence marquait une étape déterminante dans les relations de la communauté internationale avec l’Afghanistan. Il s’agissait en outre de faire connaître à nos partenaires internationaux l’orientation du Canada à l’égard de l’Afghanistan. Cette rencontre s’est également avérée utile pour faire valoir les intérêts canadiens dans plusieurs dossiers importants pour notre pays.
Je profiterai de ma brève intervention pour situer la conférence au regard de la situation actuelle en Afghanistan, présenter les objectifs canadiens pour cette rencontre et expliquer dans quelle mesure ces grands objectifs ont été atteints.
Monsieur le président, permettez-moi d’abord de situer brièvement, dans son contexte, la situation en Afghanistan pendant la période qui a précédé la conférence de Paris.
Premièrement, il est important de rappeler que les Talibans ont été chassés du pouvoir il y a presque sept ans déjà.
Deuxièmement, le Pacte pour l’Afghanistan a été signé lors d’une conférence similaire, tenue à Londres, il y a deux ans et demi. Et nous sommes désormais à mi-parcours de la mise en œuvre de ce cadre de coopération internationale avec l’Afghanistan, échelonné sur cinq ans. Le Pacte constitue toujours la base commune sur laquelle repose la coopération entre l’Afghanistan et la communauté internationale. Il renferme une série d’objectifs axés sur la sécurité, la gouvernance ainsi que le développement social et économique.
Troisièmement, en mars 2008, le Conseil de sécurité a adopté un nouveau mandat mieux défini pour la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan, la MANUA. Le Conseil a également approuvé la nomination de l’ambassadeur Kai Eide au poste de nouveau représentant spécial des Nations Unies dans ce pays.
Quatrièmement, lors du Sommet de l’OTAN d’avril 2008, à Bucarest, les alliés ont réaffirmé leur détermination commune à poursuivre leurs efforts en Afghanistan. De même, s’agissant de la mission afghane, les partenaires de l’OTAN se sont entendus sur les principes directeurs suivants: un engagement ferme et commun, qui s’inscrive dans la durée; le soutien au renforcement du leadership des Afghans et de la prise de responsabilité par ces derniers; une approche globale de la communauté internationale, conjuguant efforts civils et militaires; une coopération et un engagement accrus avec les pays voisins de l’Afghanistan, en particulier le Pakistan.
La conférence de Paris a permis de faire le point non seulement sur les progrès réalisés pendant la première moitié du calendrier prévu par le pacte, mais aussi sur les difficultés à surmonter au cours de la deuxième moitié, et ils sont nombreux, comme les incidents du week-end dernier l'ont montré. Le gouvernement afghan a également lancé la stratégie nationale afghane de développement, la SNAD, à savoir un plan d’action sur le long terme pour le redressement social et économique du pays.
Ce document important est le produit de consultations rigoureuses, menées pendant plus de deux ans, efforts que la Banque mondiale et le FMI ont d’ailleurs tenu à saluer. Il énonce une stratégie approfondie et multiforme, applicable à tous les secteurs du développement en Afghanistan.
[Français]
Monsieur le président, j'évoquerai maintenant les objectifs du Canada pour cette rencontre. Je tiens d'abord à souligner que, dans une perspective canadienne, la Conférence de Paris a été une réussite. D'abord et avant tout, face à la situation actuelle, le gouvernement canadien souhaitait que les principaux acteurs internationaux et afghans souscrivent à la nécessité d'une action ciblée et fondée sur les priorités.
Dans cette optique, la conférence offrait une tribune idéale au ministre des Affaires étrangères et du Commerce international pour faire connaître les six grandes priorités du gouvernement du Canada, telles qu'énoncées dans le premier rapport trimestriel déposé au Parlement le 10 juin dernier. Le ministre Emerson a pu souligner ses priorités dans son intervention, pendant la conférence, au cours d'entretiens bilatéraux et auprès des représentants des médias internationaux. Les Afghans et nos partenaires internationaux ont salué l'orientation suivie par le Canada.
Un deuxième objectif visait à réaffirmer que le Canada figure au nombre des principaux donateurs bilatéraux. Sous ce rapport, notre pays s'est engagé à verser une contribution de près de 600 millions de dollars, qui concorde avec nos priorités et la Stratégie nationale afghane de développement, de sorte que notre apport financier sur 10 ans se chiffrera à 1,9 milliard de dollars.
Au cours des trois prochaines années, l'aide financière consentie par le Canada servira à renforcer les capacités des forces nationales de sécurité afghanes; à renforcer la capacité du gouvernement afghan à fournir des services de base tels que l'approvisionnement en eau, l'éducation et un soutien à une croissance économique axée sur la création d'emploi; à soutenir les efforts visant à consolider le dialogue entre les parties afghane et pakistanaise, notamment sur la question de la gestion de leur frontière commune; et à soutenir la remise en état urgente de la principale source d'approvisionnement en eau de Kandahar, à savoir le barrage de Dalah ainsi que son réseau de canaux d'irrigation.
Mon collègue de l'ACDI, Stephen Wallace, pourra expliquer plus en détails nos activités de reconstruction et de développement.
Notre troisième objectif, monsieur le président, consistait à exprimer clairement le ferme soutien du Canada au nouveau représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en Afghanistan, M. Kai Eide, désormais le principal haut représentant de la communauté internationale dans ce pays. Sur ce point, il convient de rappeler que tous les participants, y compris le président Karzaï, lui ont exprimé un soutien clair et fort.
Pour sa part, le ministre Emerson a aussi réaffirmé l'appui du Canada au rôle crucial que doit jouer l'Organisation des Nations Unies dans ce pays. Le ministre a aussi profité de l'occasion pour communiquer un certain nombre d'autres messages à l'intention du gouvernement afghan et de la communauté internationale.
En conclusion, on peut affirmer que la Conférence de Paris marque un point tournant dans les relations de la communauté internationale avec l'Afghanistan. Monsieur le président, le Canada a joué un rôle important lors de cette rencontre, tout comme il le fait en Afghanistan.
[Traduction]
Monsieur le Président, je vous remercie à nouveau de m’avoir invité à faire le point sur la conférence de Paris. C’est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du comité.
Je cède la parole à mon collègue de l'ACDI.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. C'est un vrai plaisir de comparaître ce soir.
[Français]
Merci beaucoup de cette occasion. C'est un honneur d'être ici ce soir.
[Traduction]
Je profite de l'occasion pour étoffer certaines des observations de mon collègue et celles de M. David Mulroney, qui a comparu récemment devant le comité, et vous donner des précisions sur l'approche adoptée par le Canada à l'égard des six priorités dont il a déjà été question.
D'abord, permettez-moi d'aborder la question de l'harmonisation de ces six priorités avec les échanges qui ont eu lieu à Pari et les besoins locaux des Afghans.
Je dirai d'abord que nous avons pris grand soin de nous assurer que ces six priorités sont pleinement compatibles avec celles du gouvernement afghan. Elles sont clairement énoncées dans le Pacte sur l'Afghanistan et la stratégie nationale afghane de développement, dont il a été question en détail à Paris. Le gouvernement afghan y a insisté sur la nécessité de mieux hiérarchiser les priorités à l'intérieur de la stratégie de développement et de mieux cibler les interventions, ce qui nous a semblé important et que nous avons appuyé. Nous essayons d'honorer cet engagement en nous efforçant d'axer nos programmes autour d'un ensemble d'objectifs très définis.
À Paris, le gouvernement a souligné qu'il était important que la communauté internationale appuie plus énergiquement deux éléments particuliers de la stratégie de développement: l'infrastructure et le développement rural, de façon à améliorer directement le bien-être des Afghans et à leur donner des débouchés.
L'initiative canadienne de remise en état du barrage Dahla aidera à répondre concrètement à ce besoin dans la province de Kandahar en assurant à la majorité de la population un approvisionnement sûr en eau, en créant plus de 10 000 emplois saisonniers grâce aux travaux de remise en état et en permettant la bonne irrigation constante d'au moins 10 000 hectares de terres fertiles.
De plus, la stratégie de développement insiste sur la nécessité de renforcer le secteur de l'éducation. Ces derniers moins, le gouvernement afghan a demandé au Canada d'assumer un rôle de leadership dans ce secteur, ce que notre pays a accepté volontiers. Il est maintenant le plus important donateur du Programme d'amélioration de la qualité de l'éducation, programme dont les objectifs sont de bâtir des écoles, d'améliorer la formation des enseignants, de faciliter l'accès aux études pour les filles et d'améliorer l'ensemble du système d'éducation. Nous prévoyons renforcer notre appui au programme à Kandahar et au niveau national et l'étayer par des programmes visant expressément à renforcer la capacité et l'innovation.
Le Canada est aussi conscient que, pour les Afghans, la bonne gouvernance se traduit par un gouvernement qui est en mesure d'offrir les services de base. Notre programme aidera à soutenir les élections nationales et à bâtir les institutions au niveau infranational, en mettant toutefois l'accent sur Kandahar. La viabilité de l'État afghan au niveau national passe par une province de Kandahar plus sûre et mieux gouvernée, et c'est pourquoi le Canada, d'ici l'an prochain, portera de 17 à 50 p. 100 son soutien aux programmes destinés à cette province.
Permettez-moi de dire quelques mots de la sécurité dans le contexte de la prestation de l'aide à Kandahar.
Bien que nous offrions depuis déjà un certain temps des programmes de développement concrets à Kandahar — grâce à vos bons offices et à ceux du greffier, nous venons de distribuer la mise à jour de juin 2008 des résultats de nos programmes dans la province de Kandahar et dans tout le pays —, nous souhaitons accomplir beaucoup plus, et nous admettons que la sécurité demeure et demeurera une difficulté pour la mission globale du Canada.
Le rapport remis récemment au Parlement dit qu'on s'attend à ce que le climat de sécurité dans le pays « demeure stable au mieux, mais il pourrait se détériorer au cours des prochains mois dans certaines provinces. » La sécurité a toujours été et demeurera un facteur clé dans la planification et l'exécution des projets réalisés par l'ACDI. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons ciblé de manière aussi explicite la pleine participation de la collectivité, un leadership fort pour l'administration locale et le choix de priorités qui mobilisent un large soutien dans le public. Notre approche de la mise en oeuvre sera souple, car elle doit être souple et constamment revue en fonction de l'évolution de la situation locale.
[Français]
Permettez-moi, monsieur le président, de passer quelques minutes sur la question de l'efficacité de l'aide, un sujet qui a été abordé à Paris et qui a été discuté longuement.
La communauté internationale et le gouvernement afghan ont reconnu qu'il fallait absolument travailler ensemble pour améliorer la prestation de l'aide en Afghanistan. Le Pacte de l'Afghanistan et la Stratégie de développement national ont clairement établi les principes de base de l'efficacité de l'aide, et le programme d'aide du Canada repose sur ceux-ci:
- premièrement, notre aide est orientée directement en fonction des priorités explicites du gouvernement afghan, et les processus de planification nationaux en tiennent compte entièrement;
- deuxièmement, nous collaborerons de près avec le gouvernement de l'Afghanistan et avec d'autres bailleurs de fonds pour que l'aide qui doit être axée sur ces résultats soit gérée de manière transparente et responsable.
Le Canada participe donc activement aux travaux de divers groupes sectoriels en vue d'améliorer la coordination des initiatives en Afghanistan. Notamment, il joue un rôle direct au niveau de la dynamisation du Conseil commun de coordination — the Joint Coordination and Monitoring Board, in other words —, qui est chargé du suivi et de la mise en oeuvre.
À notre avis, et comme le mentionnait mon collègue M. Brodeur, le représentant spécial du secrétaire des Nations Unies pour l'Afghanistan, M. Eide, a un rôle essentiel à jouer dans l'amélioration de la coordination des initiatives d'aide au développement en Afghanistan, et ce dernier pourra d'ailleurs compter sur le plein soutien entier du Canada.
[Traduction]
Monsieur le président, permettez-moi de conclure par quelques mots sur la responsabilité à l'égard des résultats. Le Canada est désormais au troisième rang des plus importants donateurs en Afghanistan et il a une contribution importante à faire dans cette région. À la conférence de Paris, le gouvernement afghan s'est engagé à pratiquer une pleine transparence en ce qui concerne l'aide reçue de la communauté internationale, son utilisation et sa propre capacité de trouver des revenus à l'intérieur du pays.
Les donateurs étrangers, dont le Canada, doivent eux aussi rendre compte des résultats obtenus. La surveillance du programme de développement de l'ACDI est donc un élément essentiel de notre travail. Il comprend des mécanismes vigoureux de vérification. Au cours des cinq dernières années, nous avons effectué avec nos principaux partenaires plus de 150 vérifications, évaluations et examens de nos principaux programmes. Nous continuerons de mesurer et de faire connaître régulièrement les résultats des projets comme ceux que vous avez sous les yeux, et nous contribuerons directement à définir les repères sur lesquels se fonderont nos rapports trimestriels au Parlement.
Nous sommes conscients des difficultés à surmonter en Afghanistan, qui est l'un des contextes les plus ardus que le Canada ait connus dans son programme d'aide. Il reste que, guidés par nos nouvelles priorités et appuyés par une présence accrue sur le terrain, l'établissement d'objectifs très clairs et la délégation de certains pouvoirs, nos efforts en Afghanistan seront, nous le croyons, mieux ciblés et planifiés avec cohérence, dans un cadre de responsabilisation solide. De la sorte, notre approche de notre mission, d'ici 2011, sera plus efficace.
Monsieur le président, je vous remercie beaucoup de nous avoir donné cette occasion de vous renseigner sur la conférence de Paris et les enjeux dont dépend la réussite à long terme du développement de l'Afghanistan. Je me ferai un plaisir de répondre aux questions des membres du comité.
Merci beaucoup.
:
Si je peux me permettre, monsieur le président, je voudrais situer le problème sur un plan très pratique. La corruption est toujours un risque, c'est évident. L'importance de l'enjeu est reconnue et on s'entend clairement, de façon plus générale, sur la nécessité d'une action immédiate et le fait qu'il s'agit d'un problème à régler sur le long terme. Mais comment faut-il s'y prendre? C'est autour de cet aspect concret qu'il faudra intensifier les efforts, selon moi.
En ce moment, nous faisons trois choses essentielles. D'abord, il nous a fallu mettre l'accent sur le renforcement de la capacité locale de gestion financière et de reddition des comptes dans l'appareil gouvernemental. Une évaluation récente réalisée il y a seulement un mois par la Banque mondiale a porté sur les progrès réalisés par le gouvernement afghan dans son système de comptabilité des dépenses publiques et des finances entre 2005 et décembre 2007. Il y a eu des progrès, dont témoignent par exemple les marchés publics, une planification transparente et le contrôle budgétaire. Ce sont des éléments fondamentaux de la bonne gouvernance.
Il y a donc une tendance à l'amélioration, mais il y a encore du progrès à réaliser, et nous croyons que la chose à faire est de se concentrer sur le renforcement de la capacité de responsabilisation et la saine administration publique.
Nous croyons aussi qu'il sera essentiel de continuer à choisir les bons types de programme et de bons partenaires dont la compétence est établie et qui sont dotés du bon type de fonction de surveillance. Un bon exemple est le Fonds d'affectation spéciale pour la reconstruction de l'Afghanistan, appliqué de concert avec le ministère des Finances. Le fonds est géré avec la banque et vérifié par PricewaterhouseCoopers. Nous devons nous tourner vers des programmes qui renforcent les capacités, mais où la surveillance est étroite et dont le bilan est bon.
Enfin, il faut assurer le suivi. J'ai dit dans ma déclaration d'ouverture, monsieur le président, que nous devons avoir un régime rigoureux d'évaluations et de vérifications, d'examens et d'évaluations de contrôle. Il s'agit d'avoir assez d'information pour assurer le suivi, pour intervenir dans les programmes qui ont des faiblesses, renforcer les capacités ou, pour parler franchement, réduire ou éliminer les programmes qui ne donnent pas de bons résultats.
Voilà, sur le plan pratique, les choses auxquelles nous devons travailler, qui permettent de lutter dans l'immédiat contre la corruption, et aussi de renforcer les capacités à long terme en même temps.
La deuxième question, monsieur le président, portait sur le travail des secteurs policier et judiciaire. Là encore, les Affaires étrangères ont été le principal responsable. Mon collègue, M. Brodeur, pourrait peut-être en parler également.
:
La formation policière est également un enjeu qui revient régulièrement dans les réunions internationales. Elle est cruciale. Nous comprenons tous que, pour les Afghans aussi, il est important de former une police compétente et professionnelle.
Il y a des progrès. Mais pas aussi rapides ni aussi bons que nous le voudrions. Nous travaillons très fort de ce côté-là avec nos partenaires que sont la GRC et le Service correctionnel du Canada. L'an dernier, nous avons formé plus de 600 agents de la police nationale, dans l'équipe de reconstruction provinciale à Kandahar.
Notre problème, actuellement, est que la formation de la police se résume en fait à former les agents aux techniques élémentaires de survie. Les Talibans considèrent les policiers comme le maillon faible du système de sécurité. Ils sont donc ciblés davantage que l'Armée nationale afghane, par exemple. Les victimes sont donc bien plus nombreuses du côté de la police. Nous partons de loin.
Beaucoup de recrues sont analphabètes, ce qui gêne la formation, et il faut en tenir compte. Beaucoup viennent aussi de familles très pauvres. La corruption fait donc problème, également. Nous avons multiplié les efforts pour trouver les fonds nécessaires au paiement des salaires, pour équiper les policiers, pour recruter de bons éléments, vérifier leurs antécédents et les former.
Nous avons travaillé ensemble avec d'autres partenaires. EUPOL, par exemple, est sur le point de lancer une grande mission en Afghanistan pour appuyer nos efforts de formation. Les États-Unis participent à cet effort, comme le général Hillier l'a expliqué. Et nous persévérons. Il faudra du temps pour parvenir au niveau que nous cherchons à atteindre.
:
Merci, messieurs, d'être venus nous rencontrer ce soir. J'ai jeté un bref coup d'oeil au document qui, j'imagine, provient du ministère. Je ne sais pas exactement d'où il provient.
Un des objectifs de ce comité est d'obtenir de vraies réponses et des informations claires. Dans le document, on utilise la formulation « Le Canada appuie directement ». Les chiffres qui y figurent sont faramineux. Par exemple, sous la rubrique « Éducation », on peut lire que: « près de 6 millions d'enfants (dont le tiers sont des filles) sont inscrits à l'école pour l'année scolaire 2007-2008 ». On peut lire plus loin qu'on a formé 9 000 enseignants.
Qu'est-ce que le Canada fait exactement et quels sont les résultats obtenus? On peut répondre à cette question en énonçant des chiffres simples ou des objectifs simples — dans certains domaines, il n'est pas possible d'établir des chiffres — pour qu'on puisse transmettre cette information aux gens de nos comtés.
Je m'excuse de le dire, mais une brochure comme celle-là ne me sert absolument à rien. L'information est noyée dans je ne sais trop quel contexte. Je ne sais pas qui est impliqué et je suis incapable de dire ce que fait le Canada. Je croyais qu'un des objectifs était de mieux informer la population afin qu'elle sache exactement les projets que mènent le Canada, le rôle qu'il joue auprès des gens et quels sont les buts et les résultats.
La semaine dernière, M. Maloney a dit au comité qu'on allait bientôt construire 50 écoles. Je lui ai demandé ce qu'on avait construit jusqu'à maintenant. J'attends encore la réponse. Pour pouvoir comprendre ce que signifie construire 50 écoles en Afghanistan, je dois connaître notre capacité. Si on en construit 50 en je ne sais combien de temps, plus ce qu'on a déjà... Bref, on parle de choses simples comme ça. Or, ce n'est pas ce que je vois dans ce document. À vous écouter, je n'ai pas l'impression non plus qu'on aura ces informations. Je commence à trouver que c'est de la bouillie pour les chats. Sans vouloir sous-estimer votre prestation, vous dites des choses qui ne font pas appel à notre intelligence ou à notre capacité de comprendre.
Je ne sais pas si c'est moi qui ai de mauvaises attentes, mais est-ce possible d'obtenir des chiffres précis et des informations claires sur ce qui se passe là-bas?
:
Je vous remercie de votre question.
Madame, monsieur le président, permettez-moi de vous donner des éclaircissements sur le tableau des résultats qui se trouve devant vous.
Il y a, par exemple, des références à certains résultats de programme dans les domaines de l'éducation, comme vous le mentionniez, et de l'économie. Dans le cas de ces deux programmes, le Canada fournit un appui direct à des activités afghanes qui mettent à contribution un certain nombre de bailleurs de fonds, mais à l'égard desquelles le Canada joue un rôle de premier plan. Comme je l'ai mentionné déjà, nous sommes le principal bailleur de fonds dans le cas du programme national en matière d'éducation. C'est ce programme qui a permis de faire passer le nombre d'étudiants de 700 000 à 6 millions, et qui va maintenant encore plus loin.
En tant que principal bailleur de fonds, le Canada consacre ses efforts à l'expansion du système scolaire, y compris celui de Kandahar. Je peux donc vous dire qu'il y a exactement 337 écoles à Kandahar en ce moment. Dans les districts où sont appliquées les nouvelles priorités canadiennes, nous allons construire une cinquantaine d'écoles, qui vont s'ajouter aux 337 qui existent déjà. Ce travail est déjà amorcé. Nous avons des données très concrètes à ce sujet.
Le microcrédit est un autre exemple. Cette fiche de résultats va vous permettre de constater que dans le cas des programmes de microcrédit, nous avons maintenant presque 500 000 clients, dont les deux tiers sont des femmes. En ce qui concerne le programme national de microcrédit, le Canada a été le premier bailleur de fonds. C'est donc dire que nous sommes en mesure de décrire très concrètement le problème. On parle ici d'un dollar ou un dollar et demi par jour par habitant. Par l'entremise du programme, de petits projets de 100 $ ou 150 $ sont réalisés, ce qui permet de canaliser une activité économique domestique ou communautaire. C'est une réalisation canadienne très concrète dont le taux de réussite, en termes de remboursement, se situe à 96 p. 100.
Nous sommes très conscients et soucieux de la correspondance entre les montants investis et les résultats obtenus. La mise à jour que nous avons faite pour le mois de juin fera aussi partie de celle qui sera présentée au Parlement dans le cadre des rapports trimestriels. C'est une préoccupation que nous partageons pleinement, et nous voulons l'exprimer clairement, non seulement au niveau national mais à Kandahar même, où nous obtenons des résultats très pointus et détaillés. Merci.
:
Je comprends fort bien la question. J'ai l'impression qu'il doit s'agir d'un montant cumulatif.
Voici ce qui sera différent, désormais.
D'abord, nous avons un ensemble de priorités très précis pour Kandahar, dans des domaines comme la prestation des services de base aux citoyens par les institutions publiques, les services de base en éducation, les services de base en matière d'infrastructures et de croissance économique, et une insistance très nette sur les besoins humanitaires des réfugiés, des personnes déplacées, des populations les plus vulnérables, en ce qui concerne les services médicaux. Nous avons donc un ensemble de priorités très clairement définies.
Deuxièmement, nous avons un certain nombre d'initiatives distinctives qui sont importantes, visibles, directes. Dans le cas du barrage Dahla, par exemple, il s'agit d'un projet de trois ans qui coûtera probablement environ 50 millions de dollars. La construction de 50 écoles est une autre initiative qui représente un gros investissement. C'est une intervention directe et visible de l'ordre de 10 millions de dollars et plus.
Quant à la lutte contre la polio, à l'achèvement de ce travail, à l'éradication de cette maladie dont la majorité des cas, en Afghanistan se trouvent dans le Sud, il s'agit d'un programme de 60 millions de dollars qui touchera sept millions d'enfants, dont 350 000 dans la province de Kandahar.
Ces projets distinctifs sont assortis d'un programme d'investissement, revêtent une certaine ampleur et constituent un effort direct, en plus de nos priorités ciblées. Nous croyons que cela nous permettra d'atteindre l'objectif fixé.
Cela dit, l'objectif est ambitieux et il n'est pas sans risques. Et il faut l'atteindre dans un contexte où le niveau de sécurité est instable. Pour réussir, il nous faudra très bien concentrer nos efforts. Il faudra que nous puissions livrer des résultats de manière très précise et souple en fonction des objectifs et tenir le cap, notamment en déléguant des responsabilités aux autorités locales et en épaulant les gens sur le terrain.
Tout le monde est impatient. Nous voulons faire le plus de progrès possible. Les Afghans sont impatients à tous les niveaux eux aussi.
Il est très important de savoir que, en 2001, l'Afghanistan, à bien des égards, avait bien des problèmes en plus de la pauvreté. Quand on est l'un de pays les plus pauvres de la planète, selon le revenu par habitant, et qu'on vient de traverser 30 ans de conflits et d'oppression qui ont tout détruit, il faut surmonter un triple problème: la pauvreté, les conflits et la destruction.
Il y a eu d'excellents progrès dans certains domaines. Nous avons dit un mot de l'éducation et des programmes de santé, dont la couverture, pour les soins élémentaires, est passée de 8 à plus de 80 p. 100. Et un demi-million d'Afghans ont profité du microcrédit. C'est un parcours phénoménal.
Il y a encore beaucoup à faire et un long chemin à parcourir, étant donné le point de départ. Il faut donc dire clairement ce que nous pouvons accomplir et ce qui n'est pas possible. C'est là qu'interviennent les six priorités dont nous avons parlé. Elles mettent l'accent sur les éléments fondamentaux: sécurité, services de base aux citoyens, aide humanitaire aux plus vulnérables, implantation d'institutions nationales, relations frontalières entre l'Afghanistan et le Pakistan, réconciliation politique. Nous croyons que, en mettant un accent direct et marqué sur les priorités qui importent désormais et en permettant au Canada de concentrer ses efforts militaires, civils et gouvernementaux et en faisant appel aux alliances avec les partenaires du Canada, il est possible de réaliser de nouveaux progrès en nous appuyant sur ce qui s'est fait jusqu'à maintenant.
J'interviens le premier, mais j'ai l'impression de réduire mon collègue au silence.
Il y a des choses que nous savons pouvoir faire et qui sont essentielles à une saine administration publique: aider les Afghans à implanter un processus budgétaire, à rendre le processus budgétaire transparent, aider le Parlement à s'occuper du processus budgétaire, appliquer un système de marchés publics qui est juste, qui peut être surveillé et qui respecte les normes internationales. Il y a des éléments qui, directement, portent sur la façon de renforcer la capacité au niveau individuel.
Il y a eu des progrès intéressants. Des ministères comme celui de la Santé et de l'Éducation ont très bien fait et commencent à respecter des normes très exigeantes de responsabilisation et de transparence. Il faut néanmoins continuer à mettre l'accent sur le leadership afghan, et le Canada et la communauté internationale doivent continuer à renforcer les capacités sur le plan technique et sur les plans de la gestion et du leadership pour pouvoir aller plus loin.
Nous devons donc mettre l'accent sur les éléments fondamentaux au niveau national et, au niveau infranational, à Kandahar. Deuxièmement, comme je l'ai dit, nous devons faire très attention au choix des programmes, ministères et institutions où il est possible de faire des progrès, d'obtenir des résultats et d'en faire état. Cela peut avoir un effet d'entraînement. Il faut donc pouvoir être clair à propos du renforcement des capacités, de la mise en évidence des résultats, de la capacité de mettre l'accent sur les éléments importants pour faire d'autres progrès. Je pense que ce sont les éléments fondamentaux auxquels il faut s'intéresser à l'avenir pour contrer la corruption et assurer la responsabilisation. Il y a des progrès notables dans certains domaines, mais nous savons aussi qu'il faut faire des efforts qu'il faudra soutenir pendant un certain temps.