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Monsieur le président, merci de m' avoir donné l'occasion de rencontrer le comité et de discuter du Canadian Centre for Fisheries Innovation (Centre canadien pour l'innovation dans le domaine des pêches) ou CCFI.
Mise sur pied en 1987, l'Agence de promotion économique du Canada atlantique (APECA) est l' organisme de développement économique régional fédéral pour la région de l'Atlantique. Son siège social est situé à Moncton, au Nouveau-Brunswick, et elle a des bureaux régionaux dans les capitales de chacune des quatre provinces de l'Atlantique.
Le mandat de l'agence consiste à stimuler l'économie de la région dans tous les secteurs d'activité par la défense des intérêts de la région, la coordination des activités de développement économique des ministères fédéraux et l'exécution des programmes en vue d'atteindre des résultats précis. Les programmes de l'agence se concentrent sur le développement des entreprises, le développement des collectivités et l'innovation.
Le Canadian Centre for Fisheries Innovation (CCFI) relève de l'Université Memorial de Terre-Neuve et est logé au Marine Institute de l'Université, à St. John's (Terre-Neuve-et-Labrador). Le CCFI collabore avec l'industrie des pêches pour aider le secteur à accéder à la capacité de recherche de divers établissements du Canada atlantique. Le CCFI ne fait aucune recherche-développement. Au moins 20 organismes et établissements ont des capacités de recherche en matière de pêches au Canada atlantique et j'ai joint cette liste.
L'APECA a joué un rôle dans la création du Canadian Centre for Fisheries Innovation il y a 20 ans. Quant à moi, j'ai été personnellement lié au Centre pendant les 13 premières années de son existence en tant que représentant de l'agence au sein du conseil d'administration et du comité de direction du conseil. À ce moment-là, il était admis que l'industrie des pêches ne profitait pas à sa juste mesure de l'accès aux capacités scientifiques et techniques des établissements de recherche, surtout du Marine Institute et de l'Université Memorial. On avait aussi l'impression que la capacité des établissements n'était pas mise au service de l'industrie des pêches.
En 1988, l'APECA en était à ses premiers balbutiements. Elle avait pour mandat d'appuyer le développement économique au Canada atlantique. L'industrie des pêches était aux prises avec des défis particuliers dans le secteur du poisson de fond et avait besoin de plus d'innovation. De 1988 à 1999, l'agence a injecté 15 millions de dollars dans le CCFI pour financer deux mandats quinquennaux.
L'économie du Canada atlantique a évolué au fil des ans, et l'APECA a adapté ses méthodes en conséquence. À la fin des années 1990, l'agence a modifié ses façons de faire et a adopté une approche plus directe de prestation de services aux entreprises.
Après le deuxième mandat de cinq ans, l'agence a enjoint au CCFI de stabiliser sa situation et de chercher d'autres bailleurs de fonds pour ses activités. Le financement provenant des accords fédéraux-provinciaux s'est poursuivi pendant trois autres années.
En 2002, l'agence a créé le Fonds d'innovation de l'Atlantique (FIA), une importante mesure visant à stimuler l'essor du Canada atlantique par l'innovation. La raison d'être du FIA était d'encourager, de faciliter et de financer la commercialisation des produits de la recherche dans le monde des affaires et les établissements. La priorité a été accordée aux mesures qui étaient assorties de plans de recherche précis et qui visaient l'atteinte de résultats précis intégrant les capacités de recherche des établissements aux entreprises commerciales pour obtenir des produits pouvant être commercialisés.
Le CCFI a reçu du financement lors de la première série d'appels de propositions du FIA, mais on lui a rappelé une fois de plus qu'il devait viser la viabilité, tant dans son administration que dans son financement. Le CCFI a présenté par la suite trois autres propositions au FIA, qui ont été refusées.
Enfin, en 2008, le CCFI a obtenu 1,5 million de dollars de l'APECA par l'entremise du Fonds des collectivités innovatrices (FCI) de l'agence, à la condition de présenter un plan de viabilité. Le plan proposé prévoyait que l'agence accorde au centre 1 million de dollars par année indéfiniment pour assurer son fonctionnement.
L'APECA reconnaît publiquement la contribution qu'ont apportée le CCFI, ainsi que les établissements de recherche de la région, à l'intégration de la recherche et de l'innovation dans l'épanouissement du secteur des pêches au Canada atlantique. Cependant, en 20 ans, l'industrie des pêches a évolué, les établissements de recherche se sont associés plus directement au secteur privé, et l'APECA a adapté ses méthodes et ses programmes aux changements dans l'économie.
L'industrie des fruits de mer au Canada atlantique a développé ses propres sources de financement direct pour la recherche et l'innovation, comme en témoignent les quelque 60 millions de dollars accordés aux organismes de pêche et d'aquaculture par le Fonds d'innovation de l'Atlantique de l'APECA depuis 2002.
Des entreprises et des établissements de tout le Canada atlantique ont présenté des projets au FIA afin d'obtenir du financement pour des projets clés de R-D qui sont liés à des débouchés commerciaux en aval pour des entreprises données ou le secteur en général. En voici quelques exemples : Quinlan Brothers Limited de St. Anthony, à Terre-Neuve-et-Labrador, a obtenu des fonds du FIA pour soutenir la R-D liée à la transformation de la chitine et du chitosane, des dérivés naturels de la carapace de la crevette et du crabe; l'entreprise Les Algues acadiennes Ltée de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, a obtenu du financement du FIA pour faire des recherches sur la mise au point et la commercialisation de deux nouveaux produits alimentaires à base d'algues; le FIA appuie Aqua Bounty Canada Inc. de Souris, dans l'Île-du-Prince-Édouard, dans ses recherches visant à générer une technologie qui produirait du saumon atlantique stérile; le Collège de médecine vétérinaire de l'Atlantique de l'Université de l'Île-du-Prince-Édouard, étudiera, grâce à une aide financière du FIA, les effets de la mue du homard afin d'améliorer la qualité et la valeur des débarquements dans le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse.
L'un des principaux objectifs du Fonds d'innovation de l'Atlantique est de faire le pont entre les capacités industrielles en commercialisation et les capacités institutionnelles en recherche-développement. Il s'agit là également d'un objectif des parties prenantes des quatre coins de la région. Par exemple, à l'heure actuelle, 14 universités et collèges du Canada atlantique ont des bureaux de liaison avec l'industrie et j'en ai joint la liste à votre intention. La plupart de ces bureaux ont été mis sur pied depuis la création du Fonds d'innovation de l'Atlantique. Chacun de ces bureaux a pour mandat de nouer des liens pertinents avec tous les secteurs de l'économie de la région atlantique, dont celui de la pêche.
Il y a un dialogue constant au sein de ce secteur. Par exemple, de nouvelles technologies permettent aux établissements de cerner leurs capacités de recherche et d'en faire la promotion auprès de publics intéressés. Ainsi, l'Université Memorial a récemment annoncé le lancement d'un nouveau moteur de recherche sur Internet conçu spécialement dans cette optique. Ces échanges constants et permanents n'existaient pas il y a 20 ans, au moment de la création du CCFI.
Ces deux dernières décennies, les programmes de l'APECA ont été adaptés pour suivre l'évolution de l'économie au Canada atlantique. Dans le cadre de nos programmes destinés aux entreprises, nous accordons maintenant des prêts remboursables, plutôt que des contributions non remboursables. Nos programmes communautaires visent à stimuler les activités économiques durables directement dans les collectivités touchées. Nos programmes d'innovation exigent des résultats de recherche précis, qui donnent lieu à la commercialisation de produits et à des projets viables.
L'agence estime que l'objectif initial du CCFI, formulé lors de sa création, a été atteint. L'industrie des pêches et les établissements ayant des capacités de recherche connexes travaillent maintenant main dans la main. La présence d'un organisme indépendant non viable qui demande 2 millions de dollars par année pour poursuivre la recherche-développement ne représente plus une utilisation appropriée ou souhaitable des fonds de l'APECA.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Rick, merci d'être venu.
Vous affirmez que l'APECA a très bien réussi à stimuler l'innovation dans le Canada atlantique et je peux dire que oui, c'est ce que vous avez fait. Je pense que cette agence a apporté à la région de l'Atlantique énormément de leadership, d'expertise, sans parler des dollars, des fonds dont nous avions grandement besoin, afin de créer une culture et une capacité d'innovation dans cette région, qui est, je crois, un modèle pour le reste du pays.
C'est à ce point-ci qu'il conviendrait de lancer un débat théorique sur l'innovation et ses mécanismes. Je lisais une chronique ou un éditorial intéressant dans le Globe and Mail de samedi écrit par le président et vice-chancelier de l'Université de Calgary. Il faisait remarquer que le Canada obtenait d'excellents résultats dans le domaine de l'innovation mais qu'il était moins bon pour mettre en place des mécanismes d'innovation ou pour commercialiser les découvertes techniques. Le président de l'Université de Calgary affirmait qu'il était absolument essentiel de créer des réseaux de façon à faciliter la mise en place de mécanismes pour la commercialisation des innovations et la prospérité des entreprises. Il faisait référence expressément à ces réseaux de connaissance, comme le CCFI, qui permettent d'utiliser les avancées de la science pure ou de la science fondamentale dans la science appliquée et l'innovation commerciale. Il mentionnait que c'était là le chaînon manquant.
Nous avons entendu le directeur exécutif du CCFI nous dire que l'APECA estimait que les chaînons de cette chaîne d'innovation, pour ce qui est du secteur des pêches, étaient suffisamment forts pour que l'on puisse se passer du CCFI.
Rick, pouvez-vous nous expliquer comment l'industrie des pêches a réussi à régler aussi bien cet aspect essentiel et comment cette solution pouvait être utilisée comme modèle par le reste du pays, parce qu'il est clair que ce modèle ne se retrouve pas dans le reste du pays.
Je sais que notre temps est limité, mais j'aimerais poser une seconde question. Le CCFI a respecté, ou même dépassé, toutes les dispositions relatives aux mécanismes d'exécution par des tierces parties, comme l'indiquent les commentaires du Conseil du Trésor et du Vérificateur général. Le CCFI a-t-il omis de faire certaines choses au point de susciter des préoccupations de la part de l'APECA? Si c'est le cas, nous ne sommes pas au courant. En fait, je crois savoir que la CCFI a fait l'objet de nombreuses vérifications, et qu'il a été reconnu qu'il respectait toutes ces conditions d'exécution par des tierces parties et que, s'il ne les respectait pas, il les dépassait.
J'aimerais beaucoup, Rick, que vous expliquiez tout ceci à notre comité.
En passant, je vous remercie d'être venu si rapidement. Je l'apprécie.
Je vais commencer par répondre à la seconde question, parce que je ne suis pas sûr d'avoir bien compris la première.
Nos rapports avec le CCFI, sur le plan de la reddition de comptes et de ce genre de chose, est une relation client-associé. Nous recevons régulièrement des rapports, sans doute trimestriels, qui nous tiennent au courant des activités du CCFI et ensuite, à la fin de chaque année, nous recevons tous les états financiers préparés par Ernst & Young. Je pense que c'est le vérificateur que le CCFI utilise à l'heure actuelle.
Nous avons constaté que les aspects financiers des activités du CCFI étaient très solides; c'est un organisme tout à fait transparent et il n'y a pas de raison de s'inquiéter ou de se poser des questions à ce sujet.
Cela répond-il à votre question?
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Très bien. Je vais essayer de préciser ma première question. Il est d'ailleurs possible que vous ne soyez pas en mesure d'y répondre et que ce soit peut-être une question ou un débat qui touche les politiques intergouvernementales.
Vous avez essentiellement affirmé qu'il existe un réseau bien établi et fonctionnel au sein d'Atlantique Canada, plus particulièrement dans le système universitaire, qui permet de transférer la technologie de l'environnement universitaire au secteur privé, ce à quoi je souscris tout à fait. Cela a permis de mettre sur pied d'excellents établissements. La question est de savoir s'ils suffisent à la tâche.
J'ai remarqué que le président de l'Université de Calgary avait déclaré que c'était un problème canadien: nous ne sommes pas très bons pour transférer la technologie de l'environnement universitaire au secteur privé. C'est un de nos points faibles, qui ne touche pas l'aspect intellectuel, mais l'aspect transfert des connaissances, c'est-à-dire l'application commerciale des résultats de la recherche.
L'APECA finance d'autres organismes comme Springboard Atlantic. Devons-nous en déduire que ces activités vont cesser, étant donné que les établissements disposent de mécanismes pour transmettre leur expertise, leur capacité de R-D au sein de l'université...? Je sais que Dalhousie a un bureau de liaison, Memorial en a un et Saint-Mary's aussi. Pratiquement toutes les universités ont des bureaux de liaison. Est-ce que Springboard Atlantic devrait s'attendre à devoir bientôt fermer ses portes pour cette raison?
Si ce n'est pas le cas, qu'est-ce qui est vraiment si particulier au sujet du CCFI et de l'industrie des pêches pour que celle-ci n'ait pas besoin d'un intermédiaire pour que l'innovation, la recherche et le développement effectués dans le milieu universitaire et collégial soient transférés au secteur privé? Comment y sont-ils parvenus? Pourrions-nous en faire un modèle exportable?
À mon avis, il y a encore des choses à faire dans ce domaine et un organisme comme le CCFI a encore son utilité. Je pense que Springboard Atlantic est encore utile et que les autres initiatives que l'APECA pourrait financer sans recourir aux réseaux et mécanismes existants sont encore utiles.
Vous pourriez peut-être faire porter vos commentaires sur le CCFI, en particulier.
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Depuis les débuts de l'APECA et au cours des années, une des approches que nous avons adoptées pour travailler avec les industries, les associations professionnelles ou avec les groupes des diverses industries, a consisté à choisir des initiatives particulières — et habituellement, ce sont ces organismes qui les proposent — susceptibles d'avoir des effets positifs pour l'industrie et les différents acteurs, pour autant que l'industrie soit en mesure de les mettre en oeuvre.
L'approche de l'APECA a toujours consisté à fournir des capitaux de démarrage, des fonds pour aider les organisations pendant les premières étapes de leur projet, pour que l'excellent travail qu'elles ont l'intention et l'espoir d'accomplir soit transféré à ceux qui vont en retirer un avantage. Progressivement, ceux qui en retirent un avantage direct — et cela peut être des ministères ayant un mandat précis — assument progressivement une plus grande partie du coût de cette activité.
Ces initiatives sont toujours axées sur la viabilité, car sinon, le gouvernement serait obligé de financer de façon permanente ce genre d'activité, et si c'était le cas, alors il serait probablement préférable que ce soit une structure gouvernementale plutôt qu'une structure indépendante qui se charge de les mettre en oeuvre. Mais là encore, l'important est que, lorsque l'APECA participe à un projet, que ce soit une association touristique ou un aspect des pêches, d'une façon générale, elle y participe pendant un moment et elle le transfère ensuite à l'industrie, lorsque celle-ci constate l'intérêt de ce projet.
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Je pense que vous avez posé trois questions.
L'honorable Gerry Byrne: C'est possible.
M. Richard Comerford: La question a-t-elle été tranchée? Je dirais que oui. Le ministre MacKay et le ministre Ashfield ont écrit au CCFI et ont informé sa direction que l'APECA ne le financerait plus.
Les autres questions portaient, je crois, sur l'effet multiplicateur et la viabilité. Pour ce qui est de la viabilité, le CCFI utilise deux catégories de fonds. L'un couvre les coûts de fonctionnement, qui sont les salaires, les loyers, les déplacements, etc. pour le personnel. L'autre, les activités de programme.
Jusqu'à récemment, le budget de l'APECA couvrait les deux catégories de financement et représentait au total 1,5 million de dollars, avec 0,5 million de dollars pour le fonctionnement et 1 million de dollars pour la recherche et le développement.
La question était...?
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je vois que vous êtes généreux en ce qui concerne le temps alloué aujourd'hui. Donc, vous le serez de façon équitable, j'en suis assuré, ce qui fait que je pourrai en profiter un peu plus.
Des voix: Ah, ah!
M. Raynald Blais: Bonjour. Tout d'abord, je m'adresse aux membres du comité. Je devrai vous quitter peu après midi. J'accorde une entrevue sur le dossier de la chasse au loup-marin. Vous savez qu'aujourd'hui est un jour triste, presque un jour de deuil, parce que le Parlement européen a décidé, dans une très grande majorité, de voter en faveur d'une interdiction des produits de la chasse au phoque. Pour ma part, c'est un combat qui se poursuit, un combat pour la vérité et le respect de nos traditions, notamment aux Îles-de-la-Madeleine.
D'autre part, j'entends aussi parler de la possibilité qu'il y ait un débat d'urgence à ce sujet ce soir, et on verra. Toutefois, j'aimerais souligner qu'il est sûr et certain qu'il faudra se pencher de nouveau sur le dossier de la chasse au loup-marin. Je ne sais pas comment on pourra le faire. J'espère qu'on le fera jeudi prochain.
Bonjour. J'ai entendu les gens du Canadian Centre for Fisheries Innovation. Aujourd'hui, je vous entends. J'ai assez bien compris le message de ce centre d'innovations, mais j'ai un peu de difficulté à décoder le vôtre. Vous allez m'aider au cours des prochaines minutes à mieux vous comprendre.
Vous me direz si je suis dans le tort ou pas. On dirait qu'il y a une certaine philosophie qui veut qu'un organisme en recherche et développement, pour pouvoir exister durant bon nombre d'années, doit impérativement et obligatoirement finir par trouver du financement auprès du privé afin que le gouvernement, à un certain moment, arrête de financer cet organisme. Il ne faudrait pas que ce soit comme cela. Je me dis que le gouvernement ou votre agence peut approuver un financement sur une base annuelle, bisannuelle, trisannuelle, ou sur un plan quinquennal, avec des rapports d'étape, et ainsi de suite. Et s'il y a certains faits qui font en sorte qu'on ne soit pas satisfaits du travail accompli, on arrête le financement.
J'ai toujours compris que la recherche et développement demeure le parent pauvre du privé, si j'ose dire. Le privé va investir s'il y trouve son compte, s'il veut faire un peu plus d'argent. Je pense notamment aux produits pharmaceutiques. Des centaines de millions de dollars sont consacrés à la recherche et développement, mais on vise un marché.
Dans le domaine des pêches, on vise à comprendre ce qui se passe en-dessous de l'eau, ce qu'on ne voit pas. On commence seulement, à mon avis, à faire un peu de recherche et développement dans ce secteur. Rappelons-nous que, même dans le dossier de la morue, dossier qu'on connaît très bien, on ne sait pas encore aujourd'hui quelle est la chaîne d'événements qui permet d'expliquer scientifiquement ce qui s'est passé par rapport à la morue. C'est de la recherche et du développement qui sont extrêmement difficiles, extrêmement longs, à mon avis.
J'aimerais vous donner la chance de m'expliquer votre philosophie, votre façon de voir par rapport à des organismes de recherche et développement qui viennent vous voir et auxquels, éventuellement, vous dites non, qu'ils n'ont pas fait l'effort nécessaire pour obtenir du financement privé et que vous leur coupez les vivres.
J'ai l'impression qu'il y a toutes sortes de manières de procéder qui vous permettraient de garder quand même la mainmise sur le financement que vous accordez à ces organismes. Cependant, il faut comprendre que le travail de ces organismes, en matière de recherche et développement, est un travail de longue haleine, qu'on le veuille ou non. Dans le domaine des pêches, j'ai l'impression que cela risque de faire en sorte qu'un centre, comme le Canadian Centre for Fisheries Innovation , ne pourra pas et ne pourrait pas aller chercher du financement du côté du privé pour combler le manque à gagner.
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Nous avons demandé un plan de viabilité dans la dernière lettre d'offre ou dans le dernier contrat que nous avons conclu avec le CCFI. Avant cela, environ trois ans auparavant... Je dirais que cela fait huit ou 10 ans que se pose la question d'un plan de développement et de la capacité de l'APECA de continuer à financer éternellement le CCFI.
Après les discussions que nous avons eues avec le CCFI, il y a environ cinq ans, le centre a embauché un consultant pour qu'il prépare un rapport sur les options ou les solutions touchant la structure de l'organisation. Après avoir examiné toutes les options, les responsables nous ont dit qu'ils préféraient la structure actuelle. Ils préféraient le statu quo.
Lorsqu'ils nous ont dit cela, nous leur avons répondu que ce n'était pas réaliste, que ce n'était pas la bonne façon de poursuivre ces activités, mais il semble que ces responsables avaient examiné d'autres options et avaient finalement conclu qu'ils demanderaient à l'APECA de leur fournir pratiquement la totalité de leur budget. Pour moi, l'expression « plan de viabilité » veut dire, pratiquement par définition, que, si quelqu'un vous dit d'exercer des activités viables, vous ne vous attendez pas à ce que cette personne revienne et vous dise « Donnez-moi de l'argent et mes activités seront viables. » C'est la façon dont nous avons considéré la situation.
Je peux vous dire que nous avons transmis cette décision au Marine Institute ou à l'université. Nous l'avons transmise aux membres du conseil, ou au président du conseil, et à M. Bonnell un certain nombre de fois.
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Merci encore une fois d'être venus.
Permettez-moi de répéter ce que mon collègue, M. Byrne, a déclaré plus tôt. En cette période d'incertitude économique, c'est l'innovation qui va donner aux Canadiens la possibilité d'être compétitifs dans tous les secteurs — les pêches et les autres — et je crois que tous ceux qui sont dans la salle ici sont de cet avis.
J'ai trois commentaires à faire avant de terminer par une question. La première chose, monsieur Comerford, est qu'il a été dit, au cours de la discussion sur l'ambigüité apparente de l'avis, qu'on pouvait se demander si le financement allait effectivement être supprimé ou s'il restait encore un espoir de le voir se poursuivre. Si l'institut pouvait trouver une autre source de financement, on pourrait penser qu'il reste encore de l'espoir. C'est en tout cas l'impression qu'a eue le président du CCFI, comme il l'a déclaré au cours de son témoignage.
La deuxième partie de la question que je vais poser est que j'aimerais savoir si les programmes de l'APECA sont suffisamment souples pour que l'on modifie certaines conditions qui permettraient de laisser cette porte ouverte?
Voici la troisième partie de la question. Serait-il possible de fixer un nouveau délai assorti de nouvelles conditions qui dirait au CCFI ceci: Si vous pouvez nous présenter, dans un certain délai, un projet comportant des conditions acceptables pour l'APECA, un projet qui favoriserait l'innovation et nous aiderait à renforcer notre compétitivité sur le plan international, alors ce serait votre dernière chance? Est-ce que cette possibilité existe?
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Pour ce qui est de la flexibilité de nos programmes, je ferai un certain nombre de commentaires. Nous devons mettre en oeuvre les programmes existants avec les budgets que nous avons. Lorsque nous examinons un programme, comme n'importe quel ministère, nous savons qu'il est assorti de conditions fixées par le Conseil du Trésor. Ces conditions se traduisent ensuite par des règles et des lignes directrices et nous essayons de faire correspondre les raisons pour lesquelles le financement nous a été accordé à la façon dont les fonds vont être dépensés.
Il serait peut-être trop long d'examiner en détail chacun de nos programmes, mais nous avons évalué la possibilité de financer le CCFI par rapport à nos trois principales catégories de programme et nous avons constaté qu'il y avait un manque de compatibilité. Dans le cas du Fonds d'innovation de l'Atlantique, il y avait d'autres projets qui respectaient davantage les critères et qui avaient donc priorité par rapport au CCFI; lorsque nous avons comparé ces différents projets, nous avons constaté que le CCFI ne l'emportait pas. Pour ce qui est de nos autres programmes, par exemple, nos programmes communautaires, les fonds doivent être dépensés dans la collectivité qui est concernée. Nous venons de créer un Fonds d'adaptation des collectivités et ces fonds doivent être dépensés dans les collectivités concernées.
Le CCFI dépense la plus grande partie de ses fonds dans des établissements qui sont situés dans les collectivités comme Halifax ou St. John's.
Je suis en train de passer en revue nos programmes pour voir comment ils pourraient s'appliquer au CCFI.
Il y a ensuite les autres programmes, ceux que nous utilisons pour aider les entreprises, pour les aider à prendre de l'expansion, à se moderniser, ce genre de chose. À l'heure actuelle, ces programmes sont très sollicités à cause du resserrement du crédit, ce qui a sérieusement limité notre capacité de modifier les objectifs pour lesquels nous accordons du financement.
Pour répondre à votre question sur la flexibilité, je dirais que les règles le permettraient peut-être, mais nous n'avons pas le budget ni les priorités qui nous permettraient de le faire.
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Merci, monsieur le président.
Je pense que les Canadiens, qu'ils vivent dans la péninsule de Gaspé, aux Îles de la Madeleine, sur la côte nord de l'Île-du-Prince-Édouard ou sur la côte nord-est de Terre-Neuve, sur la péninsule nord, veulent que leurs parlementaires fassent preuve de leadership et leur montrent qu'ils comprennent la question.
Le mot « brasseur » est utilisé dans la Loi sur les pêches. C'est un terme qui figure dans la définition de la Loi sur les pêches au sujet des groupes d'âge. Il est utilisé par le ministère des Pêches et des Océans dans notre règlement sur les permis.
Je ne pense pas que nos chasseurs de phoques et les collectivités où ils habitent veulent vraiment que nous présentions une motion édulcorée. Ils veulent constater que leurs parlementaires comprennent l'industrie, comprennent cette question, sont prêts à confronter qui que ce soit avec des faits, n'ont pas peur d'utiliser les termes qui figurent et sont utilisés dans les propres documents du gouvernement, les règlements et la description générale de l'industrie. Ils veulent savoir si nous sommes prêts à accepter les discours et les termes vagues qu'utilisent les défenseurs des animaux ou si nous allons nous placer du côté de nos chasseurs de phoques et de leurs collectivités et dire que c'est une erreur. Ces campagnes négatives sont fondées sur des faussetés et ne perdurent que grâce à toutes ces faussetés. Si le gouvernement lui-même utilise le terme « brasseur », si les agents des pêches utilisent le terme « brasseur », qu'allons-nous faire? Allons-nous modifier la motion en disant que nous voulons caresser les bébés phoques, parce que ce sont en fait les bébés phoques que nous voulons protéger? Pourquoi ne pas ajouter les mots « bébés phoques » dans la motion? C'est exactement ce que je veux dire. Soyons sérieux.
C'est exactement de cette façon que se fait la chasse. Elle se fait de façon non cruelle, durable et éthique. Cela décrit l'industrie et il est bon pour cette industrie que les parlementaires ne cherchent pas à éviter ces termes, que les parlementaires ne cherchent pas à éviter ce fait. Et c'est exactement ce que nos chasseurs de phoques veulent savoir: que nous rejetons l'emploi des termes faux et trompeurs qu'utilisent ceux qui voudraient qu'au Canada on arrête de tuer les bébés phoques.
Je ne vais pas ajouter les « bébés phoques » dans ma motion. Je ne vais pas supprimer les autres termes qui sont tout à fait appropriés parce que c'est exactement comment fonctionne cette industrie. Il est bon que 12 parlementaires déclarent officiellement que c'est exactement ce qu'ils pensent, et que c'est ce qui s'est fait dans le passé, ce qui se fait à l'heure actuelle et ce qui se fera à l'avenir; et que tout cela est justifié, non cruel, éthique, responsable et durable, et que c'est ainsi qu'il faut agir. Si le Comité permanent des pêches et des océans n'est pas prêt à adopter cette motion et si le Comité permanent des pêches et des océans et ses membres cherchent à se défiler et renoncent à faire cette déclaration, pourquoi ne pas introduire un amendement disant que nous aimons beaucoup caresser les bébés phoques, pendant que vous y êtes.
Merci monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je trouve que la motion est très importante et qu'elle doit être adoptée aujourd'hui. Il est vraiment très important qu'on appuie les chasseurs de phoque. Il ne faudrait pas perdre cette motion pour un mot, d'autant plus qu'en français, le mot est tout à fait acceptable. Le problème n'existe que dans la version anglaise, pas la version française.
Je suggère que l'on insère dans la version anglaise le mot français entre guillemets. Ainsi, on n'utiliserait plus le mot beater, simplement le mot français, d'autant plus que la plupart des chasseurs sont francophones. On respecterait ainsi l'idée de M. Byrne et de M. Kamp. Tout le monde serait heureux.
Je répète, monsieur le président, que je trouve qu'il est important que cette motion soit adoptée aujourd'hui avec ou sans le mot, mais elle doit être adoptée. Pour nos chasseurs, c'est important. Si on ne les chasse pas, si on arrête, il y aura tellement de phoques qu'on ne saura plus quoi faire avec eux. C'est primordial, au moment où on pourrait utiliser la viande, qui est extraordinaire et qui se perd actuellement.
Il faut que cela soit accepté. Si M. Temp M. Byrne acceptaient, on pourrait mettre le mot français dans le texte anglais. Le mot français est tout à fait acceptable, « brasseur » n'est pas beater.
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Merci, monsieur le président.
Cette situation ne date pas d'hier. Depuis plusieurs années, certains Européens font des représentations qui, plus souvent qu'autrement, sont trompeuses. On a demandé des avis d'expert pour s'assurer que les phoques étaient tués de façon humaine et qu'ils ne souffraient pas trop. C'est sûr que quiconque se fait tuer...
Mis à part un changement minime apporté à la chasse elle-même, tous les arguments amenés devant l'Union européenne faisaient état de cette situation et de ces maux, et étaient présentés de cette façon. Le fait d'« adoucir » une représentation manifeste souvent un recul de notre part, un sentiment de culpabilité. Je mets des guillemets parce que je ne suis pas sûr que ça adoucisse réellement. Or, on n'a pas à se sentir coupables de la façon dont on fait les choses chez nous. On n'a pas à se justifier devant nos propres citoyens, qui sont d'accord avec nous.
La motion qu'on présente vise à faire savoir, au niveau international, que nous allons maintenir notre point et que nous allons le défendre. D'ailleurs, on mentionne qu'on veut en appeler devant l'OMC et on n'est pas les seuls: d'autres veulent intervenir avec nous. En ce sens, il faut conserver l'attitude qu'on a toujours eue et continuer à dire qu'on a raison de faire les choses ainsi, que c'est acceptable. C'est en démontrant qu'on est sûrs d'avoir raison qu'on va garder notre force au niveau international.
Je ne suis pas directement contre la motion de Randy, je pense qu'elle est correcte. J'étais déjà sensible à cette motion et je continuerai à l'appuyer telle qu'elle a été présentée à l'origine.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je dois vous dire que je suis très déçu de la façon dont évoluent les choses.
Permettez-moi de vous dire, monsieur Kamp, que les termes que vous avez proposés sont tout à fait acceptables et je pense que tous les membres du comité les approuvent, parce qu'il est très important que nous transmettions ce message.
Par contre, monsieur le président, je ne comprends pas pourquoi vous avez laissé une motion comme celle-ci modifier profondément la motion dont est saisi le comité. Vous avez supprimé quatre lignes de la motion qui expliquait la chasse aux phoques et la méthode d'abattage approuvée, et je ne sais pas pourquoi vous n'acceptez pas un bref amendement favorable pour placer vos mots, c'est ce que vous avez dit, à la fin de l'amendement et, aussi, pour ajouter les mots que vous avez proposés, parce que les mots que vous présentez-là sont aussi très importants.
Mais il me paraît ridicule de vouloir modifier la motion qui a été présentée par mon collègue. Il me paraît ridicule que vous le fassiez pour des raisons partisanes.
Vous vous posez toutes sortes de questions sur le mot « récolter » et toutes sortes de questions sur le mot « chasse ». Ce sont là des termes qui sont utilisés dans l'industrie du phoque. Selon l'endroit où vous êtes, les gens utilisent le mot « chasse » et non le mot « récolte ». C'est la façon dont les choses se font sur la glace.
Il y a aussi le mot « brasseur ». On appelle les phoques de cette façon à cause de leur pelage. Il y a en fait un nom qui les décrit: le guenillou. C'est le pelage blanc qu'ils perdent quand ils muent et c'est alors le terme qui est utilisé. Cela désigne les jeunes phoques. C'est la façon dont nous avons toujours appelé les phoques et nous ne devrions pas avoir peur de le dire de cette façon. Je ne comprends pas pourquoi nous voudrions adoucir le ton de cette motion.
Il faut être franc et direct avec les gens. Cela fait trop longtemps que nous essayons d'adoucir les termes utilisés et nous n'avons rien obtenu. Soyons francs et directs entre nous.
J'aime votre formulation, elle me paraît excellente, mais je crois qu'on pourrait l'ajouter après le dernier point-virgule. De plus, le comité s'entend accord sur la nécessité d'adopter cette motion. Je ne comprends pas pourquoi vous essayez d'en atténuer la portée.
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Je voulais simplement dire ceci. Je vois mes collègues du Parti libéral qui essaient de faire de cette motion une affaire partisane. Ce n'est pas du tout le cas. Nous allons nous entendre sur la formulation de la motion. Chercher un désaccord alors qu'il y a un accord, est une attitude qui me paraît partisane.
La formulation actuelle est la suivante: « le Comité permanent des pêches et des océans endosse sans réserve la chasse aux phoques du Groenland, » une déclaration qui n'a pas changé, « et le comité condamne l'interdiction des produits du phoque canadien par l'Union européenne malgré l'existence de preuves déterminantes démontrant sa durabilité » qui est un mot qui a été utilisé auparavant, « absence de cruauté » qui sont des mots qui figuraient déjà dans la motion « et la valeur qu'elle représente pour des milliers de familles qui vivent sur les côtes du Canada », un nouvel élément qui n'avait pas été ajouté à la motion précédente.
Il me semble que nous essayons de chercher des points de désaccord alors que nous sommes en fait d'accord. Si vous voulez revenir à la formulation précédente, je l'accepterai personnellement, sans hésiter. Si nous voulons simplement décider, en gentlemen assis autour de cette table, de trouver une solution qui nous permettra de conserver le contenu de la motion, de satisfaire les membres assis de l'autre côté de la table et d'ajouter un élément concernant le vote de l'Union européenne, je pense que, si nous abordons cette question dans un esprit positif, nous allons probablement obtenir les résultats que nous espérons.
Je vais mettre au vote la motion. Nous allons voter par appel nominal. Je vais donc demander à la greffière de procéder à un vote par appel nominal.
(La motion est adoptée à l'unanimité.)
Le président: Le comité adopte la motion à l'unanimité. Je vais demander à la greffière, tel que le précise la motion, de rendre immédiatement publics les résultats du vote par appel nominal en le communiquant aux médias. Elle préparera les avis aux médias qui seront diffusés dans l'ensemble du Canada.
Il reste un dernier point à l'ordre du jour. M. Blais souhaite que nous demandions jeudi, à cause du caractère urgent de cette question, au ministre du MPO et à ses collaborateurs de venir informer le comité des événements entourant l'interdiction des produits du phoque par l'Union européenne.
En fait, je ne fais qu'informer le comité. Le comité veut-il procéder ainsi? Merci.