:
Y a-t-il consentement unanime pour proposer la motion?
(La motion est adoptée.)
[Traduction]
Le président: Bienvenue à tous les témoins.
Nous accueillons M. Iskander, président de MacDonald, Dettwiler and Associates Ltd. Vous êtes le bienvenu au comité.
Nous entendrons également, de l'Université d'Ottawa,
[Français]
M. Donat Pharand, professeur émérite de l'Université d'Ottawa. Je peux vous le confirmer puisque j'ai eu la chance d'être un de ses étudiants à cette même université. Vous étiez un de mes meilleurs professeurs, monsieur Pharand.
Bienvenue à notre comité.
:
Merci, monsieur le président, membres du comité.
Mon nom est Mag Iskander, président de la division Systèmes d'information de la Corporation MDA. C'est un privilège d'avoir la chance de vous expliquer comment les technologies spatiales et de défense mises au point par la Corporation MDA peuvent contribuer grandement à la sécurité de l'Arctique canadien.
[Traduction]
Je suis certain que tous les membres du comité reconnaissent que la sécurité et la souveraineté dans l'Arctique canadien sont des défis de taille. Les zones terrestres et océaniques sont immenses. Le climat est hostile, ce qui rend toutes les activités humaines difficiles et souvent impossibles. Une grande partie de la région est plongée dans le noir plusieurs mois par année.
Pour protéger une zone aussi vaste et hostile, il faut avoir recours à de multiples systèmes complémentaires qui fonctionnent comme un système de systèmes intégré. Je suis fier de vous dire que nous avons au Canada la technologie exceptionnelle et la capacité industrielle voulues pour fournir et exploiter ce système. À bien des égards, la technologie et l'expérience opérationnelle du Canada dans ce domaine sont uniques et à la fine pointe dans le monde.
La division Systèmes d'information de MDA est l'entreprise spatiale principale du Canada et constitue un élément clé de l'industrie de défense canadienne. En 2008, les ventes de la division ont dépassé les 400 millions de dollars, et environ 60 p. 100 de ces ventes ont été faites à l'étranger. La division emploie environ 1 700 Canadiens d'un bout à l'autre du Canada: Vancouver, Toronto, Montréal, Ottawa, Halifax, Gatineau et Suffield, en Alberta.
Depuis plus de 40 ans, MDA est un collaborateur clé dans la plupart des projets actuels et futurs de surveillance et de communication dans l'Arctique: dans l'espace, dans l'atmosphère, sur terre et sur et sous la surface de l'océan.
Il est clair qu'un élément clé de la sécurité dans l'Arctique est la connaissance de la situation dans des zones étendues et que les systèmes basés dans l'espace sont le moyen le plus efficace et même le seul capable de fournir cette connaissance.
Les satellites canadiens Radarsat 1 et 2, opérationnels depuis près de 15 ans, ont été construits et sont exploités par MDA et ils fournissent au quotidien des données de surveillance utilisées par de nombreux ministères canadiens. Ces satellites sont utilisés régulièrement pour la surveillance des glaces, la détection des navires, la surveillance des incidents de pollution, de la pêche et de la pêche illégale, la sécurité maritime et la cartographie en continu des côtes et des régions maritimes.
Succédera à Radarsat 2, la mission Constellation Radarsat, ou MCR, qui est actuellement au stade de la conception chez MDA aux termes d'un contrat signé avec l'Agence spatiale canadienne. Lorsque les satellites de la MCR seront lancés, le système fournira une surveillance fréquente à haute résolution et ce, dans toutes les conditions météorologiques, des zones étendues, c'est-à-dire toute la région de l'Arctique, une tâche qui ne peut s'accomplir qu'à partir de l'espace.
La composante principale de l'approche « système de systèmes » est l'infrastructure des communications. Dans la stratégie de l'Arctique canadien, la mission satellitaire de télécommunications et de météorologie en orbite polaire, ou PCW, actuellement proposée par l'Agence spatiale canadienne fournira une liaison de télécommunications à bande passante élevée reliant un grand nombre de systèmes de l'Arctique.
Bien que l'espace fournisse une surveillance et une connaissance de la situation dans des zones étendues, les systèmes aéroportés assurent une surveillance et une capacité constante de réagir à des incidents précis.
MDA est un intervenant clé qui fournit au Canada les capacités de surveillance aérienne nécessaires pour ces tâches. MDA construit actuellement un radar imageur aéroporté de la prochaine génération au Canada pour l'aéronef patrouilleur CP140 du MDN et d'autres projets futurs de surveillance aéroportée. MDA fournit également le service d'UAV, c'est-à-dire véhicule aérien télépiloté, tout à fait opérationnel Noctua à Kandahar afin de soutenir les troupes canadiennes qui y sont déployées. À la suite de cette expérience, MDA développe des solutions de pointe destinées à l'industrie canadienne pour le projet de système interarmées de surveillance et d'acquisition d'objectifs au moyen d'UAV, appelé JUSTAS, et un avion multimission canadien, le CMA.
Sur et sous la surface océanique, MDA a été l'intégrateur de système, et il continue de fournir le soutien en service pour les navires de défense côtière de la Marine. Ces navires patrouillent actuellement les côtes du Canada, surveillant la circulation maritime et se chargeant de la détection des mines pour protéger les routes maritimes du Canada.
Que lui réserve l'avenir? MDA développe activement des solutions complètes pour permettre la connaissance de la situation dans l'Arctique pour les futurs navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique, les NPEA. Afin de remplir leurs missions, les NPEA doivent être liés aux autres systèmes de l'Arctique tels que Radarsat-2, MCR, JUSTAS et CMA.
Si on veut maximiser l'efficacité et la valeur opérationnelle de ces systèmes de surveillance, il faut tous les relier dans un réseau opérationnel et un centre de fusion de l'information. MDA a construit et continue d'entretenir et de mettre à jour le Système d'exploitation des informations opérationnelles du Commandement maritime de la Marine canadienne, le MCOIN. Il s'agit d'un élément clé du Centre des opérations de sécurité maritime qui assure la fusion de l'information maritime et de la connaissance de la situation pour la Marine canadienne et divers organismes canadiens.
Grâce aux efforts du gouvernement et au travail effectué dans l'industrie canadienne, je crois que nous connaissons désormais les paramètres de chacun de ces systèmes et savons comment les mettre en réseau et les intégrer dans un système de systèmes opérationnel et efficace afin de satisfaire aux exigences sur le plan de la souveraineté et de la sécurité dans l'Arctique canadien.
J'exhorte le Canada à réaliser ces projets le plus rapidement possible. De plus, puisque l'objectif fondamental est la souveraineté du Canada dans l'Arctique, il est essentiel que ces projets soient contrôlés et réalisés par le Canada et par des Canadiens. Il est possible d'y arriver grâce à un solide partenariat entre le gouvernement du Canada et une industrie canadienne spatiale et de défense qui est à l'avant-garde. Nous recommandons, pour atteindre ces objectifs, d'élaborer et d'implanter une solide stratégie pour l'industrie canadienne de la défense et un plan spatial à long terme.
[Français]
Je suis fier d'être canadien et de diriger la division Systèmes d'information de MDA, un collaborateur principal de la sécurité et de la souveraineté dans l'Arctique canadien. Je me réjouis de poursuivre le partenariat fructueux avec le gouvernement canadien.
Je vous remercie beaucoup de votre temps.
:
J'étais censé prendre entre cinq et sept minutes. J'espère que j'aurai un peu plus de temps. J'ai sept points à aborder et vous êtes censés les avoir sous les yeux. Je vais les énumérer et je vais vous dire sur lesquels je propose de passer un peu plus de temps.
Le premier point, c'est le sens de termes clés. Le deuxième: la souveraineté sur les îles. Il suffira de 30 secondes. Le troisième concerne les droits, les droits souverains du Canada sur le plateau continental de l'Arctique. Le quatrième est la souveraineté du Canada, et je souligne le terme souveraineté, sur les eaux de l'archipel arctique. Cinquièmement, il y a le statut juridique du passage du Nord-Ouest, qui comprend six ou sept routes. Au sixième point, je propose quelques mesures visant à prévenir l'internationalisation du passage du Nord-Ouest. Vient en septième lieu la coopération avec les autres États de l'Arctique. Voilà donc les sept points que vous êtes censés avoir sous les yeux, et chacun d'eux comprend des points subsidiaires.
Pourquoi s'arrêter aux termes clés? Il a fallu une douzaine d'années de négociation pour parvenir au texte de la Convention de 1982 sur le droit de la mer. Chaque mot y a donc un sens très particulier. Chose certaine, c'est le cas d'un bon nombre d'entre eux. Il est donc important de s'entendre sur les termes avant de s'engager dans quelque discussion que ce soit. Je répète ceci parce que j'ai parfois entendu dire qu'il s'agissait de lignes directrices. Ce n'est pas le cas. Il s'agit d'un traité exécutoire qui lie les 155 signataires. Comme je l'ai dit, la convention a été adoptée en 1982 au bout d'environ 14 ans de tractations, et elle n'est entrée en vigueur qu'en 1994. Voilà qui suffit à mesurer l'importance de ce texte.
Voyons donc la signification de termes clés. J'en ai six qui me paraissent les plus importants, même s'il ne s'agit pas ici du Comité de l'énergie, mais du Comité de la défense, qui doit s'intéresser surtout, je le présume, aux droits de navigation, par exemple. Néanmoins, la définition de ces termes doit vous intéresser.
Le premier terme est la souveraineté. Tout le monde en parle, mais parfois, je le crains, à mauvais escient. Il est possible de la définir très simplement. C'est la souveraineté territoriale. La souveraineté politique est présumée. La souveraineté territoriale peut se définir comme la totalité, comme l'ensemble des pouvoirs de l'État, les pouvoirs qu'il exerce à l'intérieur des limites de son territoire et cela, sur le plan horizontal et dans l'axe vertical. C'est le principe usque ad caelum et ad infernos, qui veut dire « jusqu’aux cieux et jusqu’aux entrailles de la terre », qui s'applique sous réserve des droits de survol prévus dans les traités et conventions.
Deuxième terme: eaux intérieures, à ne pas confondre avec les eaux territoriales. Les eaux intérieures sont situées à l'intérieur des lignes de base à partir desquelles sont définies les eaux territoriales. Ces eaux intérieures englobent, et c'est important dans le cas du Canada, les eaux fermées par des lignes de base droites entre les échancrures de la côte ou le long d'un archipel côtier. C'est le cas du Canada, comme je l'ai dit il y a un instant.
Puis, il y a les eaux territoriales. Elles sont situées du côté maritime des lignes de base, et il est généralement accepté et prévu par convention qu'elles s'étendent sur 12 milles. Bien sûr, l'État est souverain sous réserve, et c'est important pour les marins, du droit de passage inoffensif de navires étrangers. Sous réserve de ce droit, l'État côtier exerce sa souveraineté sur des eaux territoriales de 12 milles.
Quatrième terme: zone économique exclusive, innovation de la Convention de l'ONU sur le droit de la mer. Auparavant, la haute mer commençait juste à l'extérieur des eaux territoriales. Il existe maintenant une zone économique exclusive de 200 milles nautiques. Cette distance est mesurée à partir des lignes de base. L'État côtier n'a aucune souveraineté à l'égard de cette zone. Il y a en principe liberté de navigation, comme en haute mer. Toutefois, et c'est là qu'intervient la notion de plateau continental, l'État côtier possède des droits souverains — non la souveraineté — des droits exclusifs à l'égard des ressources du plateau, celles qui sont dans les eaux et le plateau continental. Nous en dirons un mot tout à l'heure. Au-delà des 200 milles s'étend la haute mer: liberté complète de navigation et toutes les autres libertés de la haute mer.
Dernière notion clé de la liste que vous n'avez pas: le plateau continental. C'est le prolongement du territoire terrestre sous la mer. L'État côtier a droit de regard sur une zone d'au moins 200 milles, mais elle peut aller plus loin. S'il est établi qu'il s'agit de la même formation géologique et donc du prolongement de la masse terrestre sous la mer, la zone peut aller beaucoup plus loin. Il en sera question tout à l'heure. Je veux parler de la limite extérieure.
Voilà les termes clés.
Le numéro deux de ma liste est la souveraineté sur les îles. La souveraineté canadienne sur les eaux de l'Arctique ne faut aucun doute. Deux fois seulement, au cours de l'histoire, elle a été remise en cause. D'abord en 1920. Le Danemark a adopté le point de vue de son explorateur, Rasmussen, qui a dit que les Esquimaux du Danemark, ainsi qu'on appelait alors ce peuple au Groenland et ailleurs, pouvaient traverser et chasser le boeuf musqué dans l'île d'Ellesmere. C'était une zone inoccupée. La Grande-Bretagne, qui s'occupait des affaires étrangères du Canada à l'époque, a fait parvenir une note au Danemark, et ce fut la fin de l'incident. Aucune contestation par la suite.
La deuxième fois, la remise en question a été un peu plus sérieuse. C'était en 1928, au sujet des îles Sverdrup, à l'ouest d'Ellesmere. Sverdrup, explorateur norvégien, avait passé trois ou quatre ans à explorer trois îles énormes. C'était plus sérieux, cette fois. La Norvège aurait fort bien pu revendiquer ces îles en se fondant sur les explorations menées par ses ressortissants et des dépenses assez considérables. Toutefois, en 1928...
Je suis désolé. J'ai fait 400 milles de route hier, et je ne sais pas comment j'ai attrapé ce rhume.
En 1928, nous avons réglé la question avec la Norvège. En 1930, nous avons eu un échange de notes: la Norvège reconnaissait la souveraineté du Canada sur les trois îles Sverdrup, sous réserve qu'elle ne reconnaissait pas la « théorie des secteurs », dont je pourrai dire un mot si vous le voulez. Ce fut la fin de cet épisode.
Les fondements de notre titre sont doubles: d'abord, le transfert des îles au Canada en 1870, et, deuxièmement, les explorations que le Canada y a menées après le transfert de 1870. La souveraineté du Canada sur les îles ne fait donc aucun doute.
La troisième question, celle des droits souverains du Canada sur le plateau continental, est plus compliquée. Monsieur le président, j'ai été très heureux de lire sur l'ordre du jour que j'ai reçu du comité que Ron McNabb devait comparaître. Je ne le vois pas. Il n'est pas ici?
:
Très bien. À mon humble opinion, il est le grand expert de cette question.
Je vais me contenter de dire ceci. Nous avons deux problèmes. Il y a bien sûr le vieux problème de la délimitation latérale, c'est-à-dire avec les États voisins. Au Canada, nous avons un problème avec les États-Unis du côté de l'Alaska, dans la mer de Beaufort. Nous avons essayé de le régler par la négociation en 1984 et en 1985. Nous avions avec les États-Unis quatre problèmes de frontières maritimes, et nous avons tenté de régler les quatre en un an et demi de négociation. Comme nous n'avons pas réussi, nous nous sommes adressés aux tribunaux pour régler celui du golfe du Maine, et nous avons laissé les trois autres de côté. Ils sont toujours en suspens, et celui de Beaufort en est un.
Notre deuxième problème de délimitation latérale se pose avec le Danemark ou plutôt le Groenland. En 1974, nous sommes parvenus à une délimitation du plateau continental jusqu'à la mer de Lincoln, et nous avons laissé un petit vide dans la ligne à cause d'une île rocheuse qui se situe au beau milieu de la médiane, l'île de Hans, du nom de Hans Hendrik, Groenlandais qui a participé à une expédition de l'explorateur américain Elisha Kane. C'est Kane — à qui nous devons le bassin Kane — qui a nommé l'île en l'honneur de Hans Kendrik.
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas un problème grave, et c'est pourquoi j'ai dit il y a un instant qu'il n'y pas de problème de souveraineté, à proprement parler, car c'est très mineur.
De toute façon et en ce qui...
:
D'accord. Je suis vraiment désolé, monsieur le président. Je vais parler tout de suite des eaux de l'archipel, dans le passage du Nord-Ouest.
En 1985, après le passage du Polar Sea, le brise-glaces américain pour lequel on avait refusé de demander la permission du Canada afin de passer du détroit de Lancaster jusqu'à l'autre côté... Les Américains ont refusé de demander la permission. Après cela, en septembre 1985, nous avons dessiné des lignes de base droites autour de l'archipel canadien dans l'Arctique, comme l'Union soviétique l'avait fait en janvier.
Ces lignes de base ont été dessinées non d'après la convention, à laquelle nous n'étions pas partie, mais en nous appuyant sur le droit coutumier international interprété et appliqué en 1951 par la Cour internationale de justice, à La Haye, dans un différend entre la Grande-Bretagne et la Norvège. La décision de la cour — avec, dois-je l'ajouter, l'aval du juge américain Hackworth — a été que toutes les eaux situées à l'intérieur des lignes de base sont des eaux intérieures, dans lesquelles, je m'empresse de le préciser, il n'y a pas de droit de passage inoffensif.
Une modification a été apportée à la convention de 1982 qui, comme je l'ai dit, n'est entrée en vigueur qu'en 1994. La modification veut qu'il n'existe pas de droit de passage inoffensif dans les eaux intérieures. La situation est identique à celle qui existait avant l'établissement de lignes de base droites.
Je peux donner davantage de détails.
À propos du statut juridique du passage du Nord-Ouest, la route principale est celle du détroit de Lancaster, du détroit de McClure et du golfe Amundsen. Il deviendra certainement, dans quelques années, d'après les scientifiques, en particulier...
[Français]
M. Fortier, n'est-ce pas, qui est une grande autorité en la matière, —
[Traduction]
... la principale route, au lieu des autres variantes.
J'ai passé 28 jours à bord d'un brise-glaces, le Sir John Franklin, et c'est le parcours que nous avons suivi. Disons qu'il n'est pas aussi dangereux que d'autres pour ce qui est des glaces, mais il est beaucoup plus long. La navigation y est particulièrement lente parce que nous n'avons pas de données hydrographiques à jour. Nous ne savons pas exactement à quel distance se trouve le fond tout au long de la route.
:
Monsieur le président, je vais partager mon temps de parole avec M. Bagnell.
Monsieur Pharand, votre exposé m'a beaucoup plu. J'espère que vous pourrez revenir le terminer. Il était très intéressant.
Nos préoccupations majeures concernent les changements climatiques, l'économie et la défense de l'Arctique. Selon certains, nous n'avons pas été aussi prompts que d'autres pays circumpolaires à répondre aux besoins de l'Arctique sur les plans des changements climatiques, de l'adaptation, de la défense, etc. Que pensez-vous de ces inquiétudes? Pouvons-nous capitaliser sur les retombées économiques du Nord?
Deuxièmement, pouvez-vous nous dire, à propos du passage du Nord-Ouest... Des craintes ont été exprimées. Pouvons-nous contrôler les eaux au milieu... Oui, nous le pouvons le long des îles, mais pas nécessairement dans le passage lui-même.
:
Merci de votre question, qui est fondamentale.
Vos deux questions sont liées, car elles portent toutes les deux sur les mesures que le Canada devrait prendre et n'a pas encore prises pour exercer un contrôle réel sur les diverses routes du passage du Nord-Ouest. Il y a en a sept. J'ai communiqué une carte, mais, malheureusement, vous ne l'avez pas. À l'avenir, on empruntera les deux routes que j'ai indiquées.
Les temps ont changé à cause de la fonte des glaces. Elles sont plus minces et moins étendues. Il y a deux dimensions. Immédiatement, nous avons tendance à dire que la navigation sera possible très bientôt et que le Canada peut en retirer des avantages économiques.
Ce n'est pas si simple. Pourquoi? Aucune entreprise de transport maritime ne prendra les risques en cause, et il s'agit en fin de compte de risques monétaires, à moins d'avoir l'assurance que l'État côtier, le Canada, a l'infrastructure voulue, c'est-à-dire toutes sortes d'installations qui, soit dit en passant, existent toutes de l'autre côté, en Russie. Non seulement elle a 12 brise-glaces à propulsion nucléaire, mais sa réglementation lui permet aussi d'obliger les navires étrangers, lorsqu'elle le juge bon, à faire appel à un pilote russe lorsqu'ils se trouvent dans des eaux difficiles, couvertes de glace.
Je signale en passant que la Russie a terminé il y a quatre ans une étude qui s'est échelonnée sur six ans. Ses documents de recherche occupent quatre pieds sur mes rayonnages. L'étude a été financée surtout par le Japon, je crois. Les pays de l'Est, comme la Chine et le Japon, sont après tout intéressés par la possibilité de raccourcir leurs trajets de 4 000 ou 5 000 milles nautiques en passant par ce qu'on appelle la route maritime du Nord, de l'autre côté du pôle, et aussi de notre côté, peut-être.
Pour résumer ma réponse, je répète que, pour ce qui est de la première partie, il est vrai que, en principe, le Canada peut tirer des avantages considérables de la fonte des glaces et du dégagement des deux routes principales, mais surtout de celle du détroit de McClure.
Quant à votre deuxième question, la réponse est non: pas tant que nous ne pourrons pas prouver que nous avons l'infrastructure nécessaire pour protéger les navires étrangers.
:
Je vais vous poser une question, monsieur Pharand. Vous semblez bien connaître la situation.
D'abord, en ce qui concerne la stratégie canadienne pour la souveraineté dans le Grand Nord, est-ce que je me trompe en disant qu'un argument très important va être l'occupation de ce territoire, depuis des temps immémoriaux, par une population qui s'appelle les Inuits? L'argument principal pour revendiquer la souveraineté ne serait-il pas la présence de ces peuples?
Ensuite, vous avez parlé d'un traité ou d'une convention internationale. Cependant, il existe une commission de l'ONU qui s'appelle la Commission des limites du plateau continental. Grâce aux études qui lui sont fournies, elle essaie de voir quel est l'espace consacré à chacune des nations circumpolaires.
Pensez-vous qu'au bout du compte, ce sont les arguments, les meilleures stratégies, pour établir la souveraineté canadienne dans le Grand Nord, à savoir l'occupation des territoires par les Inuits et une démonstration scientifique que le plateau continental canadien s'étend sur une certaine distance?
:
Non. Je crois en avoir 12 sur ma liste. Je ne suis pas sûr. Je me suis limité à six, comme vous auriez pu le voir dans mon esquisse. La première me semble la plus importante: rendre obligatoire l'actuel régime de réglementation dans le Nord, et surtout le faire respecter.
Ce que le premier ministre Harper a dit en août 2008, c'est qu'il entendait rendre cette réglementation exécutoire, ce que certains d'entre nous réclament depuis le début, depuis environ 25 ans. Fort bien. L'intention est bonne. Il a exprimé un certain nombre de bonnes intentions. Mais il faut d'abord agir. Deuxièmement, il faut avoir une réglementation qui convient si on veut appuyer les mesures d'exécution. Si j'ai bien compris un fonctionnaire de Transports Canada, on s'attend à ce que le règlement soit en place d'ici 2010. De bonnes intentions, de bonnes attentes, voilà les seules bonnes choses dont on peut faire état à ce propos.
Il ne sert à rien de savoir qu'un navire est sur les lieux et que vous ne lui auriez peut-être pas donné la permission d'entrer. Soit dit en passant, selon la réglementation du Nord, ce n'est pas une permission qui est donnée; on se contente de reconnaître les faits. Une distinction très nette est faite. Le Canada dit: « Oui, d'accord, très bien. Nous allons inspecter votre navire. » Nous reconnaissons qu'un avis a été donné, mais non qu'une permission a été demandée ou accordée. Cela laisse beaucoup à désirer, quand on pense à ce qu'il faut pour exercer un contrôle efficace sur la navigation.
Il y a une autre question, bien sûr, celle du brise-glaces polaire. Comme vous le savez, en 1985, peu après les mesures sur les lignes de base, M. Clark, ministre des Affaires étrangères, a décidé, et c'était une décision ferme, que nous aurions un brise-glaces de classe 8. C'était mieux que rien. Pas aussi bien qu'un classe 10, mais c'était un bon bâtiment de classe 8. Le gouvernement suivant a trouvé que c'était trop cher, que nous n'en avions pas besoin, et tout a été annulé. Nous n'en avons donc aucun. Nous n'avons que trois brise-glaces moyens, le vieux Louis S. St Laurent et un ou deux autres petits brise-glaces.
Avec ces bâtiments, impossible de contrôler la glace vieille de plusieurs années. Même si la glace n'est pas aussi épaisse ni aussi étendue, la glace pluriannuelle qui descend le détroit de McClure ou le McClintock... Nous avons été bloqués deux jours à cause de la glace polaire qui descendait. On peut bien dire que la glace fond, mais les énormes morceaux de glace libérés par la fonte constituent un très grand danger. Il faut donc être prêt et avoir un brise-glaces polaire assez puissant.
:
Les capacités radar sont uniques en leur genre. Elles sont utilisées 24 heures par jour et sept jours par semaine. Les nuages et la lumière, ou plutôt l'absence de lumière, ne dérangent pas. La zone visée est plongée dans le noir pendant la majeure partie de l'année. D'où l'avantage du radar.
Quant à l'observation des eaux, leur surface est plane. Comme les navires sont des objets très petits par rapport à la grandeur de l'océan, les dispositifs optiques ne donnent pas la valeur optimale d'observation. Le radar peut déceler les navires en détectant leur sillage. Il peut interpréter l'angle du sillage, voir les vagues et ainsi repérer les navires par le sillage qu'ils laissent derrière eux.
Si on associe ces renseignements à d'autres moyens d'identification comme l'AIS, le système d'identification automatique, et à d'autres données, on peut dégager une information rapide et exacte pour prendre une décision et prendre les mesures d'exécution dont le professeur a parlé. La seule façon d'y parvenir, dans une zone aussi vaste, c'est l'observation par radar depuis l'espace. Voilà vraiment l'avantage du radar.
Pour ce qui est du sol, de ce qui s'y passe et de l'information à terre, le radar aéroporté est encore là très important. Les caractéristiques sont les mêmes. Malgré les nuages et l'absence de lumière, le radar, qu'il soit à bord d'un avion de patrouille CP140 ou d'un appareil sans pilote, donne la même information. Dans ce dernier cas, on se rapproche du temps réel. En survolant les lieux, on obtient les images.
Il s'agit d'une approche par étape. Le radar en orbite basse donne une image globale. Ses données ne sont pas vraiment très utiles si on n'a pas les techniques et algorithmes voulus pour analyser les données et déceler les changements. Ici, au Canada, nous sommes sans conteste les chefs de file dans le monde. La détection des changements est l'un de nos points forts. On obtient donc l'image globale. Si on remarque un point intéressant, on peut déployer une surveillance radar plus localisée pour préciser la nature des activités, après quoi on décide s'il y a lieu d'intervenir.
:
Ça ne vaut rien, absolument rien, et les Russes ne sont pas fous, ils le savent très bien. C'est un spectacle. C'est pour la publicité.
Cela dit, je tiens à ajouter que, sur le plan scientifique, les Russes sont beaucoup plus avancés que les quatre autres États arctiques en ce qui a trait à la connaissance géologique du bassin arctique polaire. Ils ont commencé en 1937 avec l'expédition Papanine et ils sont rendus présentement à la station 45, si je ne m'abuse. Ils connaissent la géologie du bassin arctique polaire.
En 1974, les Russes ont publié une carte géologique qui montrait déjà le Lomonosov Ridge. Les Américains disent qu'il contient approximativement 25 p. 100 des réserves pétrolières mondiales, et cela est présentement en jeu. D'un côté du pôle, il y a la Russie; et de l'autre, le Danemark et le Canada.
Sur les plans scientifique et juridique, de façon générale, il y a une assez bonne collaboration. Les cinq États arctiques ont d'ailleurs fait une déclaration au Groenland il n'y a pas tellement longtemps, soit le 28 mai 2008. Ces cinq États s'entendent très bien. Malgré le spectacle du drapeau russe, les États s'entendent.
[Traduction]
La Convention sur le droit de la mer prévoit des obligations et des droits importants quant à la délimitation du bord extérieur du plateau continental. La protection de l'environnement marin, qui est, bien entendu, d'une énorme importance, concerne les zones couvertes de glace, la liberté de navigation, les recherches scientifiques marines et d'autres utilisations de la mer. C'est l'élément important. Nous demeurons engagés à l'égard de ce cadre juridique et au règlement ordonné des revendications qui pourraient se recouper.
[Français]
Il est important de souligner que même si les États-Unis ne sont pas encore partie à la convention, ils ont souscrit à la déclaration des chefs d'État des cinq pays arctiques.
En réponse à votre question, cela n'a aucune valeur.
:
Excusez-moi, je n'avais pas saisi.
Joseph-Elzéar Bernier a fait quatre voyages dans l'Arctique et lors d'un de ses voyages, il a posé une plaque. Il croyait à la théorie des secteurs, qui ne vaut rien sur le plan juridique, je peux vous l'assurer. Néanmoins, je ne veux pas dire que son geste ne valait rien.
Il a dit qu'il prenait possession de toutes les terres, pas des eaux. Il l'a expliqué d'ailleurs dans un livre qu'il a publié plus tard. Il a dit qu'il prenait possession de toutes les terres au nom du Canada à l'intérieur de ce triangle, c'est-à-dire du 141e degré de longitude au 69e degré de latitude, en faisant un détour du côté du Groenland.
Dans la totalité, si la souveraineté territoriale du Canada concernait uniquement les terres et les îles, cela vaudrait quelque chose. Par contre, cela ne vaut rien pour ce qui est des eaux que nous réclamons, et en particulier, cela ne vaut rien pour ce qui est du statut juridique des routes du passage du Nord-Ouest.
:
Premièrement, il faut faire la distinction entre le territoire terrestre proprement dit et le territoire marin. Quand on parle des eaux de l'archipel Arctique, y inclus les eaux du passage du Nord-Ouest, on parle du territoire marin.
La question de l'occupation depuis des temps immémoriaux par les Inuits est importante pour le territoire terrestre, mais ne peut apporter de preuve sur le plan du territoire marin.
À mon humble avis, comme je l'ai écrit — le gouvernement canadien n'est pas complètement de mon avis à ce sujet —, nous ne pouvons pas établir un titre historique pour les eaux de l'archipel Arctique. Nous pouvons, d'autre part, établir notre souveraineté sur la base du droit international coutumier tel qu'interprété par la cour en 1951. J'ai indiqué, un peu plus tôt, que j'étais confiant sur ce plan.
Nous pouvons nous servir non seulement des actes d'occupation du territoire terrestre, mais en plus, il faut se référer au fait que les Inuits canadiens ont utilisé certaines étendues d'eau, comme s'il s'était agi de territoire terrestre, pour faire la pêche, la chasse aux phoques, etc., et ce, depuis des temps immémoriaux.
Je pense que nous pouvons faire comme la Norvège et invoquer ces actes pour consolider notre souveraineté, mais pas pour l'établir. Établir une souveraineté sur des eaux est plus difficile que d'établir une souveraineté sur un territoire. Il faut que vous prouviez les trois mêmes choses.
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Vous avez parlé des sous-marins et de leur détection. Lorsque nous revendiquons le plein de contrôle de ces eaux, nous avons la responsabilité d'y exercer ce contrôle d'un bout à l'autre des passages. Nous devons être en mesure de montrer que nous avons un contrôle complet et efficace, et cela comprend l'interdiction de navires étrangers. Ce sont des eaux souveraines du Canada. Avez-vous notre permission? Si oui, très bien, nous allons faire une inspection pour savoir si vous respectez la Loi de 1970 sur la prévention de la pollution des eaux arctiques et son règlement d'application.
L'une des six mesures que je signale ici est la détection des sous-marins. Normalement, lorsqu'on décide si un détroit est international ou non, et cela fait toute la différence du monde, on ne compte que les passages par des bâtiments en surface. Je dois toutefois ajouter que si l'État côtier a des raisons de croire que des sous-marins naviguent dans ses eaux, cela peut fort bien être retenu contre lui. Cela peut compter comme un passage de bâtiment étranger pour lequel la permission n'a pas été demandée. Voilà pourquoi je propose depuis des années que nous ayons une capacité de détection de sous-marins aux deux extrémités: dans le détroit de Lancaster et dans celui de McClure, et dans le golfe Amundsen. Ici, il n'y a pas de gros problème, car un sous-marin ne pourrait pas aller très loin, mais il a été prouvé que des sous-marins américains s'étaient avancés dans les détroits de McClure et de Lancaster. Nous sommes au courant, et c'est très bien. Cela est compté dans la liste de 69 passages. J'ai compté les passages de bâtiments étrangers de 1905 — Amundsen a fait le premier voyage dans un bateau de pêche entre 1903 et 1905 — et la fin de 2005. En 100 ans, il y a eu 69 traversées. Cela comprend les traversées dans les deux sens. En 1969, par exemple, un pétrolier à coque renforcée, le Manhattan, a fait l'essai dans un sens, puis dans l'autre. J'ai compté deux passages.
Depuis 2005, je n'ai pas le compte précis, mais ces deux ou trois dernières années, il y a eu peut-être sept ou huit navires d'excursion par année. Cela est loin de suffire pour faire du passage du Nord-Ouest un détroit international ou, comme on le dit dans la convention, comme un détroit ouvert à la navigation internationale. Quant aux sous-marins, la différence est la suivante: s'il s'agit d'un détroit international, il existe un nouveau droit, depuis l'entrée en vigueur de la convention, le « passage en transit ». Cela semble très anodin. C'est une création de la délégation britannique. Cela semble tout à fait inoffensif: transit. Le passage en transit veut dire que le sous-marin étranger n'a même pas à faire surface. La convention parle du droit de passage selon le mode normal de navigation. Pour un sous-marin, c'est sous l'eau. Voilà où réside la grande difficulté entre les Américains et nous. Ils prétendent qu'il s'agit d'un détroit international.
Je commence par votre deuxième question. Oui, le passage de transit veut dire non seulement le droit de navigation sur et sous les eaux, mais aussi le droit de navigation au-dessus, c'est-à-dire le survol en avion. Vous avez tout à fait raison. Je n'en ai pas parlé dans ma réponse, mais c'est un autre élément dangereux de ce nouveau droit de passage en transit.
Quant à votre première question, je n'oserais pas... J'étudie beaucoup la question. Lorsque nous avons essayé de régler les quatre problèmes de frontières maritimes, il y a une vingtaine d'années, j'ai été appelé comme universitaire en résidence aux Affaires étrangères et j'ai conseillé le gouvernement au sujet de ces quatre problèmes. Je n'oserais pas dire que nous avions absolument raison et les Américains absolument tort. Ce qui va arriver, je dirais, c'est que, si nous nous adressons aux tribunaux, le résultat sera une ligne située entre les deux proposées et si nous nous entendons à l'amiable, ce sera aussi une ligne située entre les deux.
Nous utilisons le 141e méridien et nous soutenons que nous appuyons depuis longtemps sur le prolongement de ce méridien. Le fondement juridique de notre position, c'est donc l'utilisation historique d'une certaine longitude.
Les Américains ont un meilleur point de départ. Ils disent qu'il faut utiliser la médiane. C'était la règle dans la convention de 1958 sur le plateau continental, mais cette règle ne tient plus. Néanmoins, elle est toujours considérée comme un facteur équitable. Étant donné le profil concave de la côte, du côté canadien, la médiane qui commence ici va à peu près comme ceci, à l'intérieur.
Ce qu'il y a de bien, peut-être... Je ne sais pas, ce pourrait être le contraire. Au fur et à mesure que nous progresserons, ce sera peut-être plutôt un désavantage pour le Canada. Pourquoi? Si vous regardez une carte géologique moderne, vous remarquerez que la ligne d'équidistance va comme ceci. Mais regardez l'archipel: la ligne médiane revient et franchit le 141e méridien, du côté américain, disons.
En passant, je ne pense pas qu'on puisse trouver une meilleure description sur carte que celle du dernier numéro du National Geographic. Sur le plan juridique, vous constaterez que la carte est très exacte.
Je le répète, je n'ose pas répondre à votre question ni avancer une hypothèse. Je me contenterais de dire que nous allons faire un compromis en fonction d'un certain nombre de facteurs équitables. Je pourrais dresser une liste.
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L'expert en finances me dit de plonger. Je vais être très bref, car je ne sais vraiment pas.
Je dirais que, en ce qui concerne l'exploitation des ressources naturelles, la question est très délicate. Je signale cependant ceci avec plaisir: au Conseil de l'Arctique, que le Canada a aidé à mettre sur pied en 1990, je crois, ou en 1992, les cinq États de l'Arctique sont en train d'élaborer un code polaire. Le mot « code » a été remplacé par « lignes directrices » parce que quelqu'un s'opposait au mot « code ». Ces lignes directrices visent expressément à protéger l'environnement marin en cas de déversement à partir d'un navire ou même de l'exploitation des ressources du plateau continental.
La question est très importante. Combien de temps les dommages vont-ils durer? Nous n'en savons rien, mais il est certain que ce sera très long. La dépollution, là-haut, n'est pas... Même dans le cas de l'Exxon Valdez, il a fallu des années. La situation est bien pire plus au nord, parce l'environnement est difficile.
Je ne peux pas en dire plus. Je suis désolé.
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Première question. On ne peut décider à l'avance du nombre de traversées nécessaire pour dire que c'est un détroit international où le nouveau droit de transit s'applique. Je ne peux vous dire qu'une chose. Quelqu'un a parlé tout à l'heure de l'affaire du détroit de Corfou. La convention ne définit pas ce qu'est un détroit utilisé pour la navigation internationale. L'expression est employée, comme je viens de le dire.
Il y a eu une seule cause, l'affaire du détroit de Corfou, en 1949, devant la Cour internationale de justice. Dans ce cas-là, sur une période de 18 mois, près de 2 000 navires sont allés au port de Corfou. Ce sont les seuls dont on a compté la traversée.
Il ne s'agit pas ici d'une zone comme celle du port de Corfou. Il s'agit d'une région éloignée, et il faut en tenir compte.
En 1933, la Cour permanente de justice internationale, dans l'affaire de l'est du Groenland, a tenu compte de ce fait pour déterminer quels actes d'occupation suffisaient, que ce soit par le Danemark ou la Norvège. Dans ce cas, c'est le Danemark qui a eu gain de cause.
Je vous réponds en fait que je n'en sais rien. Personne ne sait combien de traversées il faut, mais je peux vous assurer que 69 traversées en 100 ans, ce n'est certainement pas suffisant.
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Merci, professeur Pharand.
Je tiens à en profiter aussi pour remercier M. Iskander de sa présentation. Je vous remercie grandement d'avoir participé à nos travaux.
Membres du comité, avant que vous ne quittiez, j'ai une motion, par suite de notre discussion du début de la rencontre.
[Traduction]
À moins que la vérificatrice générale ne comparaisse le 1er ou le 3 juin, le comité entendra des témoins dans le cadre de son étude de la souveraineté dans l'Arctique.
Le comité est-il d'accord?
Nous avons l'appui de MM. Wilfert et Hawn.
Des voix: D'accord.
Le président: À vous, monsieur Wilfert.