:
La séance est ouverte. Bienvenue à tous.
Le comité se réunit aujourd'hui, conformément au Règlement, pour examiner le chapitre 8, intitulé « L'amélioration de l'efficacité de l'aide — Agence canadienne de développement international », du rapport de l'automne 2009 de la vérificatrice générale du Canada.
Nous sommes heureux d'accueillir aujourd'hui, d'abord, du Bureau du vérificateur général du Canada, Richard Flageole, vérificateur général adjoint, accompagné de John Reed, directeur principal, et de Dusan Duvnjak, directeur. Nous entendrons également, de l'Agence canadienne de développement international, la présidente et administratrice des comptes, Margaret Biggs, et le premier vice-président, David Moloney.
Au nom du comité, je vous souhaite la bienvenue.
Je signale aux membres du comité et aux témoins qu'il est possible que nous devions suspendre la séance pour prendre part à un vote, mais cela ne prendrait qu'une dizaine ou une quinzaine de minutes. Du reste, ce n'est qu'une possibilité. Quoi qu'il en soit, cela ne dépend pas de nous, alors je vais demander aux témoins de faire leurs déclarations préliminaires.
Je crois comprendre, monsieur Flageole, que vous allez faire la déclaration liminaire au nom du Bureau du vérificateur général du Canada. Vous avez la parole.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Je vous remercie de nous donner l'occasion de discuter du chapitre 8 de notre Rapport d'automne 2009, intitulé « L'amélioration de l'efficacité de l'aide », qui concerne l'Agence canadienne de développement international ou l'ACDI.
Comme vous l'avez signalé, je suis accompagné de M. John Reed, directeur principal, et de M. Dusan Duvnjak, directeur. Ils étaient chargés d'effectuer cette vérification.
L'ACDI administre la majeure partie du programme canadien d'aide publique au développement. Au cours du dernier exercice, elle a dépensé environ 3,5 milliards de dollars, dont près de la moitié a été consacrée à ses programmes géographiques, c'est-à-dire d'aide de pays-à-pays. Ces programmes sont mis en œuvre dans plus de 60 pays, dont 20 sont considérés comme des pays cibles.
Notre vérification visait à évaluer la mesure dans laquelle l'agence respecte les engagements qu'elle a pris en 2002 en vue d'améliorer l'efficience de l'aide publique qu'elle octroie dans le cadre de ses programmes géographiques. Plus particulièrement, nous avons examiné le processus de gestion mis en œuvre par l'ACDI pour donner suite à ses engagements de favoriser l'alignement de son aide sur les priorités et les besoins des pays bénéficiaires, l'harmonisation de ses activités avec celles d'autres donateurs, l'utilisation d'approches-programmes et l'accroissement de la concentration sectorielle. Selon l'ACDI, ces engagements sont primordiaux pour optimiser l'aide publique au développement.
[Français]
Comme nous le signalons dans le chapitre, l'agence a fait des progrès en vue d'aligner ses projets sur les besoins des pays bénéficiaires et d'harmoniser ses efforts avec d'autres donateurs.
Beaucoup d'acteurs œuvrant dans le secteur de l'aide au développement, ici et à l'étranger, ont décrit l'ACDI et son personnel sur le terrain comme des partenaires précieux et actifs. Nous avons pourtant constaté que, dans l'ensemble, l'agence n'avait pas instauré les processus de gestion élémentaires requis pour guider la mise en œuvre de ses engagements et y donner suite. Le réaménagement fréquent de ses priorités et de son orientation politique et des faiblesses dans ses méthodes de gestion ont entravé la capacité de l'agence à mettre en œuvre un programme d'aide au développement efficace.
Pour ce qui est de l'accroissement de la concentration sectorielle, l'agence avait reconnu que ses programmes étaient dispersés entre un trop grand nombre de secteurs. Elle s'était donc engagée à concentrer l'aide canadienne sur un moins grand nombre de secteurs afin d'en amplifier l'effet. Nous n'avons toutefois rien trouvé qui nous permet de croire que l'agence a, de fait, concentré son aide sur un plus petit nombre de secteurs. Cela est attribuable au fait que les priorités sectorielles de l'agence sont définies en termes généraux, qu'elles changent trop souvent et que l'agence n'a jamais défini de plan solide pour mieux cibler son aide.
[Traduction]
Cette situation a aussi nui à la capacité de l'agence de déterminer ses forces par rapport à celles des autres donateurs et d'en tirer parti. Notre vérification n'a pas permis de constater les forces de l'ACDI dans le cadre de l'élaboration de ses programmes-pays ou de ses projets individuels. L'agence a aussi enregistré plus de progrès en vue de déterminer les types de compétences et de connaissances spécialisées dont elle a besoin pour appuyer ses priorités et la manière dont elle peut les fournir. Elle doit clairement cerner les priorités sectorielles et les secteurs de programmes qu'elle financera et ceux qu'elle ne financera pas, et se doter des compétences et des connaissances spécialisées dont elle a besoin.
Au cours des dix dernières années, de nouveaux types de projets, les approches-programmes, ont été mis en œuvre. Ces approches appellent de nouvelles formes de financement, comme des transferts directs aux Trésors des pays bénéficiaires, et nécessitent la collaboration de plusieurs donateurs. Généralement, le gouvernement du pays bénéficiaire doit s'occuper de la distribution de l'aide.
Nous avons constaté, dans le cadre de notre vérification, que l'appui apporté par l'ensemble de l'agence aux approches-programmes n'a pas été uniforme, ni fourni en temps opportun. La direction de l'agence n'a pas impulsé une orientation très précise ni fixé des cibles à ses bureaux géographiques sur la manière d'utiliser les approches-programmes et le moment où il convient de les utiliser. De plus, l'agence n'a pas clairement défini les conditions précises que régisse sa participation à une approche-programme. Et elle n'a pas non plus normalisé les évaluations des risques qui doivent être exécutées avant d'accepter de telles approches.
Étant donné que l'ACDI a acquis une vaste expérience dans la mise en œuvre de ce genre d'approche au cours des dix dernières années, il serait primordial qu'elle évalue leur utilisation afin de déterminer si ces approches lui permettent, dans les faits, d'atteindre ses buts.
[Français]
Nous avons constaté que, dans le cadre du processus de planification des programmes-pays de l'agence, les cadres de programmation pour les pays que nous avons examinés étaient tous expirés à la fin de notre vérification et qu'il n'y avait pas de processus de planification par pays. L'agence a amorcé un nouveau processus de planification assorti d'exigences qui changent constamment, ce qui est une source de frustration pour le personnel qui se retrouve à avoir moins de temps à consacrer au travail d'analyse. Résultat, les donateurs partenaires, les gouvernements des pays bénéficiaires et le personnel chargé des programmes ne connaissaient pas bien l'orientation de l'agence et son engagement à long terme.
Pour ce qui est du financement des projets, nous avons constaté que l'ACDI avait recensé au préalable et comme il se doit les risques liés aux projets et surveillé ces risques tout au long de la mise en œuvre des projets. Par ailleurs, nous avons constaté que la lourdeur des processus administratifs au sein de l'agence nuisait à l'efficacité des processus décisionnels. Ainsi, une étude interne menée par l'agence en 2007 a conclu qu'il fallait, en moyenne, 43 mois pour faire approuver un projet. Même si l'agence a reconnu, en 2002, ce problème de longue date, il n'a toujours pas été réglé.
À notre avis, bon nombre des faiblesses que je viens de mentionner, et qui sont décrites dans le chapitre, découlent de l'absence d'un plan directeur pour encadrer la mise en œuvre des engagements pris dans l'Énoncé de politique de 2002. L'agence n'a pas accompagné ses intentions premières de plans d'action précis et d'un suivi. De fait, même lorsque des plans d'action ont été définis, ils n'ont pas été achevés.
[Traduction]
Enfin, comme nous l'avons souligné dans le chapitre, le développement international étant un processus à long terme, il nécessite une prévisibilité et une stabilité au niveau des programmes. À notre avis, au cours des dernières années, la fréquente orientation des politiques et le roulement important au niveau de la haute direction ont grandement compliqué la tâche de l'agence lorsqu'il s'est agi de mettre en oeuvre son programme d'action sur l'efficacité de l'aide.
L'ACDI a accepté nos recommandations et nous croyons comprendre qu'elle a établi un plan d'action détaillé. Nous sommes certes encouragés par l'engagement pris par la présente direction, mais nous gardons à l'esprit les initiatives lancées par le passé qui n'ont pas été menées à terme en temps voulu. Le comité souhaitera peut-être demander à l'agence de faire rapport sur ses progrès afin de veiller à ce que la dynamique lancée ne s'essouffle pas.
Voilà qui conclut ma déclaration préliminaire. Nous serons heureux de répondre aux questions du comité.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais profiter de l'occasion qui m'est donnée pour discuter du chapitre 8 du rapport de l'automne 2009 de la vérificatrice générale du Canada, qui porte sur l'Agence canadienne de développement international, l'ACDI.
L'efficacité de l'aide est une priorité du gouvernement du Canada. L'ACDI est dotée d'un programme qui répond à l'engagement du gouvernement d'assurer que l'aide de développement fournie par le Canada donne des résultats concrets.
[Traduction]
Les recommandations de la vérificatrice générale cadrent très bien avec nos efforts en cours visant à améliorer notre façon de travailler. J'aimerais rappeler que la vérification a été terminée voilà six mois, à la mi-mai, et que beaucoup de mesures ont été prises depuis.
Permettez-moi de prendre quelques minutes pour vous présenter les progrès importants qu'a réalisés l'ACDI pour mettre en oeuvre son programme d'action sur l'efficacité de l'aide. Je souhaite insister sur trois secteurs en particulier: la concentration accrue du programme de l'ACDI, l'amélioration de la gestion et une mise en oeuvre soutenue, et la rationalisation des processus opérationnels.
Premièrement, quant à la concentration accrue des activités de l'ACDI, l'agence a accompli d'importants progrès dans la définition et le peaufinage de ses priorités. En effet, nous sommes déjà allés au-delà de plusieurs des mesures énoncées dans le rapport de la vérificatrice générale. Nous avons restreint la portée de notre concentration sur les plans géographique et thématique afin que nos ressources puissent avoir le plus grand effet là où le besoin est le plus grand.
En ce qui a trait à la concentration géographique, la ministre Oda a annoncé en février que 80 p. 100 de l'aide bilatérale de l'ACDI irait à 20 pays en particulier. Les 20 p. 100 restants de notre aide seront investis dans quelques pays, selon les besoins. L'ACDI a respecté ses engagements de cette année.
En ce qui a trait à la concentration thématique, la ministre a présenté, en mai dernier, les priorités thématiques pour le développement international: accroître la sécurité alimentaire, assurer aux enfants et aux jeunes un avenir meilleur et stimuler une croissance économique durable. Elle a ensuite dévoilé la Stratégie de l'ACDI sur la sécurité alimentaire en octobre et la Stratégie sur les enfants et les jeunes en novembre. La troisième, soit la Stratégie sur la croissance économique durable, sera lancée l'an prochain.
[Français]
Pour chacune de ces stratégies, nous avons tenu des consultations poussées avec des partenaires et des experts pour établir ce que nous croyons être un plan solide pour nos secteurs prioritaires.
[Traduction]
Dans chaque secteur prioritaire de l'agence, la concentration de celle-ci a été limitée davantage sur des éléments qui, d'après nous, auront le plus grand effet et où le Canada peut apporter une contribution significative. Par exemple, dans le secteur sur les enfants et les jeunes, l'ACDI mettra l'accent sur les éléments suivants: la santé et la survie infantiles, y compris la santé maternelle, l'accès à une éducation de qualité, particulièrement pour les filles et les jeunes femmes, et la sécurité. En se fondant sur ces secteurs prioritaires, l'agence a aussi restreint la portée de ses actions au niveau des pays, et les stratégies-pays ont été approuvées.
[Français]
Je crois que la concentration des efforts de l'ACDI a amélioré nos résultats ainsi que l'expertise et l'efficacité de l'agence. Cette approche nous apportera des indications claires qui sont tant attendues de la part de nos partenaires et de notre personnel.
[Traduction]
Deuxièmement, je souhaite mettre en relief les efforts que nous déployons pour faire en sorte que les outils de gestion appropriés soient en place pour assurer un suivi et une mise en oeuvre soutenus des priorités du gouvernement en matière de développement. Le rapport de la vérificatrice générale indique à juste titre que les intentions précédentes n'avaient pas été accompagnées de plans d'action précis. Nous convenons qu'il s'agissait d'une préoccupation durant la période visée par l'examen. Toutefois, je suis heureuse de signaler que depuis, beaucoup de travail a été accompli à cet égard.
L'ACDI a mis en place un plan d'action en matière d'efficacité de l'aide. Il fournit à l'ensemble de l'agence des mesures claires et une orientation concrète, y compris des indicateurs et des objectifs assortis de délais, pour la mise en oeuvre de tous les éléments clés du programme d'action sur l'efficacité de l'aide. L'agence assurera un suivi du rendement et préparera un rapport d'étape tous les ans.
[Français]
L'ACDI a également instauré une politique pour régir l'utilisation d'approches-programmes à l'échelle de l'agence, c'est-à-dire les circonstances dans lesquelles il faut recourir à des approches-programmes pour maximiser les résultats et comment mettre en place ces approches.
[Traduction]
La politique n'avait pas été instaurée lorsque la vérification a été effectuée. Les approches-programmes sont une nouvelle approche. L'ACDI, comme les autres donateurs, a dû apprendre en travaillant. Nous avons maintenant regroupé les leçons que nous avons retenues dans notre politique sur les approches-programmes et les avons directement communiquées au personnel.
[Français]
Troisièmement, l'ACDI a été critiquée à juste titre au sujet de ses processus administratifs à la fois lents et complexes.
[Traduction]
Le délai et l'imprévisibilité du processus de prise de décision de l'ACDI ont fait de l'agence un partenaire non fiable et inefficient, en plus de compromettre son efficacité. L'agence est passée à l'action. Elle a mis à l'essai un nouveau processus opérationnel, qui s'est avéré un succès, pour réduire les délais de traitement de ses principaux programmes bilatéraux, les faisant passer de 43 mois à un maximum de 15 mois. Il s'agit d'une réduction de 66 p. 100, et ces processus seront mis en oeuvre en janvier 2010.
[Français]
L'agence a également réduit de 60 p. 100 les délais de traitement des programmes de partenariat, lesquels sont passés de 50 à 20 semaines.
[Traduction]
En conclusion, j'attire votre attention sur le plan d'action détaillé que l'agence a préparé en réponse à cette vérification: bon nombre des mesures ont déjà été mises en oeuvre, et les autres sont sur la bonne voie. Je dépose également aujourd'hui le rapport de mi-mandat de l'OCDE au sujet de l'Aide au développement du Canada, qui fait suite à son évaluation de 2007. L'OCDE a encouragé l'ACDI à cibler davantage ses efforts et il indique, dans son rapport, que le Canada fait des progrès et qu'il est sur la bonne voie.
Je crois que les démarches entreprises par l'ACDI répondront à toutes les préoccupations soulevées par la vérificatrice générale.
[Français]
L'ACDI est maintenant dotée d'un programme plus ciblé, plus efficace et plus responsable. Elle a établi des priorités claires et un plan de gestion permettant d'assurer une mise en œuvre soutenue de programmes d'action sur l'efficacité de l'aide.
[Traduction]
L'agence peut également compter sur le talent et l'expertise de son personnel. Comme la vérificatrice l'a signalé lorsqu'elle a comparu devant vous le 4 novembre, le personnel de l'ACDI sur le terrain est fort estimé des pays donateurs et des pays bénéficiaires de notre aide, qui lui sont reconnaissants de ses efforts.
Je suis d'avis que nous disposons maintenant des priorités du plan dont nous avons besoin pour dispenser de façon plus efficace l'aide canadienne.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, madame Biggs.
Permettez-moi de faire quelques précisions avant de commencer la première série de questions.
Premièrement, j'ai l'intention d'interrompre le tour de questions à 17 h 15 pour mettre aux voix le procès-verbal de la réunion du comité de direction pendant les 15 dernières minutes de notre séance de deux heures.
Deuxièmement, vous y verrez peut-être une décision préliminaire, mais il incombe au président de prévoir les questions susceptibles d'être évoquées.
Ainsi, je m'attends à ce que le dossier KAIROS soit soulevé, car il fait l'objet d'un débat public. On a fait plusieurs constats et recommandations relativement aux objectifs de rendement, aux évaluations, aux buts, aux attentes, aux progrès réalisés et à l'expertise nécessaire. Si la décision de supprimer le financement se rattache expressément à une constatation, je vais accepter la question, mais je n'admettrai aucune discussion ou question portant sur le bien-fondé de la décision. Il s'agit d'une décision de principe prise par le gouvernement. Cette séance n'est pas le prolongement de la période des questions; c'est une audience du Comité des comptes publics et toute question de cette nature sera déclarée irrecevable.
Vous avez sept minutes, madame Crombie.
:
Le gouvernement vient de révéler les 20 pays qu'il a choisis et il a utilisé trois critères de sélection. Le premier, comme vous l'imaginez, est s'il y a des besoins considérables dans un pays donné, qu'il s'agisse de la réduction de la pauvreté, en termes de pauvreté absolue et relative, et si le pays est particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles, par exemple.
Le second critère, c'est la capacité du Canada de changer les choses et il y a plusieurs façons de le déterminer. Le pays en question peut-il utiliser notre aide efficacement? Est-ce qu'il dispose des outils de gouvernance et de gestion qui nous permettrons de nous assurer de bons résultats? Nous essayons également de déterminer si nous avons la présence sur le terrain et la capacité de surveiller notre travail dans ces pays. Nous vérifions si le Canada peut vraiment exercer une certaine influence sur ces pays. Pouvons-nous vraiment jouer un rôle important? Parce que nous serions un des principaux donateurs.
Le troisième critère consiste à déterminer dans quelle mesure notre sélection est alignée sur nos priorités en matière de politiques étrangères. Comme vous l'imaginez, cela revient, par exemple, à nos valeurs démocratiques.
Si, pour l'un des 20 pays sélectionnés, les conditions se détérioraient — si le pays n'était plus conforme à nos priorités en matière de politiques étrangères ou si nous avions le sentiment que nous ne pouvions pas utiliser de façon efficace et efficiente nos ressources —, nous prendrions les mesures correctives nécessaires et nous aviserions le ministre que nous souhaitons mettre un terme à notre partenariat. Nous avons choisi les pays minutieusement afin d'éviter cette situation, mais si elle se produit, nous surveillerions la situation de près et prendrions les mesures appropriées.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Cela me donne l'occasion de m'entretenir avec vous. On a eu l'occasion de se voir rapidement lors du dépôt du rapport de la vérificatrice générale. J'en profite aujourd'hui pour avoir un peu plus de précisions.
Monsieur Flageole, je vais résumer probablement un peu rapidement votre intervention. Vous avez dit, en résumé, que le rapport sur la coopération internationale et l'ACDI découlait de l'absence d'un plan directeur pour encadrer la mise en œuvre des engagements qui avaient été pris lors de l'énoncé politique de 2002. En fin de compte, vous mentionnez que l'ACDI acceptait vos recommandations et que vous pouviez croire et comprendre qu'à partir de cela, elle avait établi un plan d'action détaillé.
À la suite de cela, est-elle tenue de vous présenter, dans un laps de temps défini, un plan qui corrige les irrégularités que vous avez relevées dans le fonctionnement? On sentait, à travers tout cela, un important cafouillage au cours des quatre dernières années et une certaine lenteur administrative au chapitre de la gestion des projets.
J'imagine que tout ne se fait pas en criant « ciseau », mais elle s'est engagée à vous présenter un plan d'action. Vous présente-elle ce plan dans un délai prescrit, ou est-ce selon la bonne volonté de la ministre?
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Ce plan d'action a-t-il été distribué au comité? Je vous remercie.
Je m'adresse à vous, madame Biggs. Je vais faire des énoncés très larges. Vous avez dit que vous aviez accompli d'importants progrès sur le plan de la définition et du peaufinage des priorités de l'ACDI. Vous avez aussi mentionné que vous aviez mené ou tenu des consultations très poussées.
On entend souvent les ONG ou des experts nous dire qu'ils sont préoccupés par le manque de consultation ou par la façon dont les consultations sont menées, d'autant plus que certains organismes se voient ou s'attendent à se voir couper l'aide qu'ils recevaient depuis 35 ans, dans certains cas.
De quelle façon les priorités peuvent-elles changer? Après 35 ans, comment un organisme qui a toujours été appuyé et subventionné par l'ACDI peut-il réagir quand il reçoit un simple coup de téléphone d'un fonctionnaire qui lui annonce qu'il n'est plus admissible?
Ont-ils été consultés ou avisés? On essaie de leur donner des réponses, mais on en a très peu parce qu'on ne sait pas sur quoi s'appuie l'ACDI pour définir qui recevra de l'aide, dorénavant.
:
Je vais répondre de deux façons, monsieur le président.
En ce qui concerne nos priorités, lorsque nous réfléchissons à ce que nous voulons faire dans un pays, nous tenons des consultations. À titre d'exemple, nous avons organisé de vastes consultations l'été dernier avant d'élaborer nos priorités thématiques. Nous avons consulté un grand nombre de Canadiens dans plusieurs disciplines chez nous, nous avons consulté les intervenants dans les pays où nous sommes engagés et nous avons consulté d'autres partenaires, d'autres organismes donateurs. Donc, nous avons bel et bien tenu des consultations et l'ACDI consulte continuellement les joueurs clés.
Nous avons eu des consultations pour ce dossier. Lorsque nous élaborons nos stratégies pour certains pays, nous allons consulter à la fois au Canada et dans les pays concernés, ainsi que les pays partenaires, etc. L'ACDI a toujours tenu beaucoup de consultations. C'est également une des exigences de la loi qui concerne l'aide au développement à l'étranger que de consulter, et nous le faisons.
Nous ne faisons pas de consultations pour les décisions opérationnelles. Ce sont les décisions du gouvernement, du ministère et du ministre, et nous ne faisons pas de consultations pour cela. Les Canadiens peuvent présenter leurs demandes et les décisions sont prises à l'interne.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous d'être présents.
Je veux revenir sur ce qu'a dit Mme Deschamps. Nous sommes tous deux membres du comité exécutif de l'Association parlementaire Canada-Afrique. Cependant, je veux adopter un point de vue plus général. Monsieur le président, je respecte ce que vous avez dit plus tôt, et je suis entièrement d'accord. Si vous croyez que je vais trop loin, je sais que vous me rappellerez à l'ordre, mais je ferai de mon mieux pour ne pas en arriver là.
À la suite de votre réponse au sujet des consultations, j'aimerais parler de la procédure utilisée. Étant donné l'indignation que l'on entend partout au pays, il ne semble pas y avoir eu beaucoup de consultations au sujet du financement de KAIROS. Il s'agit de groupes de justice sociale, d'organisations religieuses; ils font du bon travail, et ils ont perdu les sept millions de dollars auxquels ils s'attendaient pour la période d'octobre 2009 à décembre 2013.
Je ne peux pas vous poser de question au sujet de la décision de réduire le financement, mais je peux vous demander quelle a été la procédure suivie. J'aimerais savoir à quel point cette procédure a posé problème, étant donné la vérification que nous avons devant nous. Et j'aimerais poser la même question au sujet du financement pour les pays africains. J'ai déjà soulevé ce point lorsque la vérificatrice a déposé son rapport. Nous avons tenu une réunion extraordinaire avec 10 à 12 ambassadeurs de l'Afrique — il est rare qu'on en rassemble autant —, qui nous ont parlé du financement de l'ACDI qu'ils allaient perdre. Il n'y a sûrement pas eu beaucoup de consultations, sinon ils n'auraient pas été aussi surpris.
Ils ne pouvaient pas comprendre pourquoi le Canada, un ami de longue date de l'Afrique, se débarrassait de ses vieux amis pour s'en faire de nouveaux. Ce sont les termes qu'ils ont utilisés. Ils ne comprenaient pas pourquoi on leur faisait cela. C'est de cette façon qu'ils comprenaient les choses. Ils nous ont rappelé qu'ils faisaient partie de nos amis sur la scène internationale, dans un contexte où les pays africains essaient de voter en bloc. Ils nous avaient toujours perçu comme un proche allié. Nous pourrions perdre jusqu'à 55 votes à l'ONU sur des sujets qui nous tiennent à coeur.
Je ne peux pas vous demander d'expliquer la décision financière, mais je veux en savoir plus sur les procédures. Quelles procédures ont été suivies? Aidez-moi à comprendre comment nous sommes passés du financement à l'indignation. Je veux savoir quelle procédure a été suivie — je ne veux pas que vous m'expliquiez la décision politique, mais le processus entrepris par la bureaucratie.
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Peut-être pourrais-je distinguer deux questions différentes.
Comme la vérificatrice générale l'a mentionné, et comme il est indiqué dans la vérification, c'est le gouvernement qui décide des politiques au sujet des priorités pour l'aide au développement. Le gouvernement a décidé de concentrer son aide pour accroître son efficacité. C'est la décision du gouvernement. Mais cette façon de faire a également été recommandée par la vérificatrice générale et l'OCDE. Le gouvernement a adopté cette politique sur la base de trois critères: le besoin, l'efficacité et les priorités en matière de politiques étrangères.
Le choix des projets financiers est une question opérationnelle. Le point que vous soulevez n'a rien à voir avec les programmes mentionnés dans le rapport de la vérificatrice générale. Ils font partie d'un secteur différent de l'agence. Ils n'ont rien à voir avec l'établissement des priorités. Il s'agit plutôt d'exercer la diligence requise pour voir si une initiative permettra la meilleure utilisation possible de l'argent des contribuables.
C'est notre mandat de donner de tels conseils, et nous prenons de telles décisions chaque jour. C'est une question différente. Nous ne mènerions jamais de consultation à ce sujet. Il s'agit de saines pratiques de gestion — les critères sont-ils clairs et les résultats attendus sont-ils solides, réalistes et positifs?
Voilà la diligence dont les Canadiens s'attendent de leurs fonctionnaires, et c'est le travail que nous faisons. Il s'agit d'une décision opérationnelle, et elle n'a rien à voir avec ce qui est mentionné dans le rapport de la vérificatrice générale.
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Oui, j'avais l'impression que je ne pourrais pas aller très loin.
Ces questions sont si importantes que je veux vous les poser. Je comprends la réponse que vous m'avez donnée et je n'irai pas plus loin à ce sujet. On arrive ensuite dans le domaine du politique, et je respecte cette limite. Merci d'avoir répondu d'une façon aussi complète.
J'ai l'impression que l'ACDI, surtout en Afrique, est soit adorée, soit détestée. Parfois on entend, « merci au ciel que l'ACDI soit ici, et voici ce que l'agence fait pour nous », et parfois les gens lèvent les yeux au ciel et il ne semble pas y avoir d'objectif. Le rapport en fait mention, nous en avons discuté à de nombreuses occasions, et notre président s'assure que nous en parlions lorsque c'est pertinent. Depuis 2000, il y a eu cinq ministres et quatre personnes à la présidence de l'agence; vous êtes la quatrième.
Je sais que vous ne pouvez pas parler du processus de nomination — nous en avons discuté ailleurs, mais je veux vous poser la question suivante. Quelles sont les conséquences pour l'ACDI lorsque la tête, c'est-à-dire la présidence, vous-mêmes, et le ministre, changent continuellement, et qu'il y a de nouvelles personnes qui apportent de nouvelles priorités? Pour ces régions du monde où les gens lèvent les yeux au ciel lorsqu'ils entendent l'acronyme « ACDI », dans quelle mesure cela est-il dû au manque d'un leadership cohérent de la part du ministre et du président, d'après vous?
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Peut-être pourrais-je fournir un peu de contexte à ce sujet, monsieur. Le rapport de la vérificatrice générale et la vérification couvrent une période où la façon de travailler de toutes les agences donatrices était en plein changement. Cela a trait à l'efficacité de l'aide. Il y a eu une rencontre à Rome en 2002 qui a lancé le débat. Il y a eu la déclaration de Paris en 2005. Il y a eu la rencontre à Accra, le programme d'Accra, en 2008. Tous les pays donateurs ont essayé de trouver la meilleure façon d'utiliser leurs fonds.
Cela signifie que toutes les agences ont essayé de trouver la façon d'offrir l'aide la plus efficace, et je crois que cela respecte vos attentes. Cela a apporté un degré de changement, et l'ACDI — et je crois que le rapport de la vérificatrice générale le démontre — essayait de déterminer comment mieux y arriver et apprenait sur le tas. Je crois qu'une grande partie des changements que vous constatez, c'est-à-dire que nous sommes mieux à même de fixer des priorités plus claires, vient du fait que nous savons mieux comment offrir une aide efficace.
Voilà une partie du contexte. Comme on peut s'y attendre, pour toute organisation où il y a du changement, la gouvernance change. Il y a eu trois ministres d'un gouvernement, et peut-être deux ministres d'un autre. Ces changements engendrent des coûts puisque ces gens doivent se mettre à jour. Je crois qu'avec le gouvernement actuel, dès 2007, le budget énonçait que l'ACDI allait cibler ses évaluations internationales, se concentrer sur les résultats, déployer son aide et décentraliser ses opérations. Le budget de 2008 allait dans la même direction. Depuis, il y a eu une mise en oeuvre constante du déliement de l'aide, de pays cibles, de priorités thématiques, et c'est ce que nous mettons en place à l'agence.
Je crois qu'on a maintenant les directives nécessaires pour faire tout ce que vous voudriez que l'on fasse pour rendre notre aide plus efficace.
:
De nombreuses mesures ont été prises, à commencer par des cibles géographiques, comme on vient de le mentionner. Il y a aussi la question des cibles thématiques, c'est-à-dire les trois priorités thématiques établies par la ministre Oda. Au-delà de ces thématiques qui, bien entendu, sont plutôt vastes, nous nous sommes concentrés sur certains éléments principaux qui, selon nous, auront les plus grandes répercussions en matière de besoin. Ce sont également des éléments où le Canada peut apporter un niveau particulier d'attention.
Alors, nous ciblons nos activités dans le cadre de nos balises thématiques et nous mettons l'accent, dans les pays où nous intervenons, sur les sous-éléments de nos thématiques.
Nous avons également réglé une autre question particulièrement importante, c'est-à-dire que le Canada a pris les mesures pour éliminer les contraintes liées à l'aide alimentaire. Par exemple, ces mesures permettent au Programme alimentaire mondial d'acquérir de l'assistance alimentaire de la façon la mieux adaptée et la plus rentable possible. On peut ainsi accroître la valeur de chaque dollar canadien de 20 à 30 p. 100, ce qui est très efficient. Et quelquefois, on peut s'approvisionner en aide alimentaire dans le pays même.
Nous comptons également éliminer les contraintes liées à tous nos types d'aide d'ici 2012-2013, ce qui aura d'immenses répercussions relativement à l'efficacité de l'aide que nous apportons. Alors, je pense que bon nombre de ces importantes mesures...
Et enfin, même si le gouvernement a commencé avec le budget de 2007, nous avons entrepris d'affecter davantage de ressources, de personnel et de fonctions sur le terrain afin d'être davantage sensibles aux besoins. Une fois de plus, c'est une question pour laquelle le Canada avait été critiqué par l'OCDE. Nous avons adopté un certain nombre de mesures concrètes, que nous pouvons vous détailler si vous le souhaitez et je pense qu'elles nous permettront d'être davantage efficaces sur le terrain.
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Merci, monsieur Saxton.
Madame Biggs, j'ai une question que je veux soulever avant que nous passions au deuxième tour.
J'ai examiné le rapport de vérification et, comme nous l'avons signalé, il se penche sur bon nombre de questions. Bien sûr, c'était pendant la période de vérification, et ce que vous nous avez dit porte sur la période après la vérification. Vous avez pris des mesures et vous approuvez toutes les recommandations établies dans le rapport sur le rendement.
J'ai également lu le rapport sur le rendement ministériel pour l'exercice 2008-2009. Bon nombre de questions qui ont été soulevées dans le rapport de la vérificatrice générale ne se retrouvent pas dans votre rapport de vérification: les défis auxquels était confrontée l'agence et certaines des difficultés qui sont clairement cernées. Vous, à titre d'administratrice des comptes, avez signé un certificat attestant que le rapport sur le rendement était équilibré et qu'il reflétait... C'est ce que les parlementaires veulent voir. Nous voulons un document qui indique clairement ce qu'a fait le ministère, mais qui énonce également les défis et les risques que l'agence doit affronter.
Avez-vous des commentaires sur le contenu de ce rapport sur le rendement et pouvez-vous expliquer pourquoi, selon moi, il ne se penche pas sur les questions soulevées dans le rapport de la vérificatrice générale?
Selon ma lecture du rapport de l'OCDE concernant l'ACDI, l'observation concernant les 18 mois ne constituait pas une critique. C'était plutôt un commentaire constructif selon lequel le processus reflétait de la part de l'ACDI un souci de compréhension profonde et d'engagement. L'observation a donc été perçue comme étant constructive.
Pour ce qui est des priorités, dans une perspective internationale, le gouvernement en retient essentiellement cinq. L'ACDI, pour sa part, met l'accent sur trois d'entre elles, comme on pourrait s'y attendre, puisqu'il s'agit de celles qui cadrent le mieux avec notre mandat de réduction de la pauvreté. Et, je le répète, j'estime que l'OCDE est plutôt élogieuse que critique à l'égard de l'ACDI.
Pour ce qui est de l'intégration des enjeux transversaux, l'ACDI se soucie déjà très attentivement de l'égalité des sexes dans ses activités et nous sommes d'ailleurs perçus comme un chef de file mondial sur cette question. Nous allons renouveler nos engagements à cet égard et l'ACDI compte bien donner suite aux observations de l'OCDE très prochainement. Je n'y vois aucune forme de critique.