:
Je déclare la séance ouverte.
Je souhaite la bienvenue à toutes les personnes présentes et je désire présenter mes excuses aux témoins et à l'assistance. Malheureusement, la Chambre a été retenue en raison d'un grand nombre de votes et nous avons pris plus de temps que prévu. Ainsi fonctionnent le Parlement et la démocratie, j'imagine...
Cette séance porte sur l'étude du chapitre 1, « Une étude sur les paiements de transfert fédéraux aux provinces et aux territoires » du Rapport de décembre 2008 de la vérificatrice du générale du Canada. Nous accueillons un très grand nombre de témoins; permettez-moi une fois de plus de vous souhaiter la bienvenue à tous et à toutes.
Nous accueillons, bien entendu, du Bureau du vérificateur général, la vérificatrice générale, Sheila Fraser. Elle est accompagnée de Neil Maxwell, vérificateur général adjoint. Nous entendrons également le sous-ministre et administrateur des comptes du ministère des Finances, Rob Wright. Il est accompagné de Barbara Anderson, sous-ministre adjointe. Du Secrétariat du Conseil du Trésor, nous entendrons le contrôleur général du Canada, M. Rod Monette. Il est accompagné de John Morgan, contrôleur général adjoint. Du Conseil privé, nous accueillons M. Alfred MacLeod, sous-ministre adjoint, ainsi que Krista Campbell, directrice générale intérimaire. Enfin, du Conseil sur la comptabilité dans le secteur public, nous entendrons Mme Nola Buhr, présidente, ainsi que Tim Beauchamp, directeur.
C'est donc un groupe assez prestigieux. Bienvenue à tous et à toutes.
Bien entendu, nous ne prendrons pas les deux heures prévues, mais nous devrions pouvoir terminer un peu après 17 h 30. Je demanderai aux témoins qui ont présenté des rapports de les résumer et d'être le plus brefs possible.
Nous commencerons avec vous, madame Fraser.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais que ma déclaration complète figure au compte rendu, mais j'en résumerai une partie.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de présenter les résultats de notre étude des paiements de transfert fédéraux aux provinces et aux territoires, qui a été publiée dans notre rapport de décembre 2008. Comme vous l'avez mentionné, je suis accompagnée aujourd'hui de Neil Maxwell, vérificateur général adjoint responsable de ce chapitre.
Les paiements de transfert fédéraux aux provinces et aux territoires représentent une large part des dépenses annuelles du gouvernement fédéral. Ils sont une source importante de financement pour les services fournis aux Canadiens. En 2006-2007, le dernier exercice pour lequel nous avions de l'information complète lors de la période d'examen de l'étude, les paiements de transfert fédéraux ont atteint environ 50 milliards de dollars, ce qui représente un peu moins de 23 p. 100 des dépenses fédérales. Nous avons réalisé cette étude afin de répondre aux questions des parlementaires sur les paiements de transfert. Comme il s'agit d'une étude, non d'une vérification, le présent chapitre est descriptif et ne contient aucune recommandation.
[Français]
Dans ce rapport, nous avons examiné les trois principaux mécanismes utilisés par le gouvernement fédéral pour transférer des fonds aux provinces et aux territoires. Dans la déclaration, on donne plus de détails sur chacune de ces modalités.
Nous avons constaté que la nature et la portée des conditions qui se rattachent aux paiements de transfert fédéraux aux provinces et aux territoires varient grandement. Certains paiements de transfert sont inconditionnels, alors que d'autres sont assortis de conditions particulières qui, par exemple, obligent souvent les bénéficiaires à faire rapport au gouvernement fédéral de l'utilisation des fonds transférés.
À titre de vérificateurs, nous reconnaissons que les décisions d'assortir ou non de conditions les paiements de transfert et, le cas échéant, d'en déterminer la portée relèvent du domaine des politiques et sont souvent le fruit de délicates négociations fédérales-provinciales-territoriales, et nous ne remettons pas en question ces décisions.
Selon le gouvernement fédéral, l'étendue de la responsabilité fédérale en ce qui concerne l'utilisation que font les provinces et les territoires des fonds transférés dépend de la nature et de la portée des conditions qui se rattachent à ces transferts. Dans tous les cas, le gouvernement fédéral est responsable du choix qu'il fait d'utiliser des paiements de transfert conditionnels ou inconditionnels selon ce qu'il juge être, dans les circonstances, la meilleure option stratégique.
[Traduction]
En 1999, un changement important a été effectué aux mécanismes de transfert utilisés par le gouvernement fédéral par le recours aux fiducies. Depuis, 23 fiducies ont été établies afin de transférer environ 27 milliards de dollars aux provinces et aux territoires. Dans les annonces rendues publiques par le gouvernement fédéral, celui-ci précise à quelles fins sont réservés les transferts aux provinces et aux territoires effectués par le truchement des fiducies — par exemple, le recrutement de policiers ou le logement abordable, mais aucune condition n'oblige légalement les provinces et les territoires à consacrer les fonds aux fins annoncées ni à rendre des comptes sur la façon dont ils utilisent les fonds au gouvernement fédéral.
Comme solution de rechange, des fonctionnaires fédéraux nous ont informés que, dans le cas des fiducies créées récemment, le gouvernement avait exigé des provinces et des territoires qu'ils annoncent publiquement la façon dont ils prévoyaient utiliser les fonds, en supposant que leur assemblée législative et leurs citoyens leur demanderont de rendre des comptes.
Monsieur le président, ceci termine ce très bref résumé de ma déclaration d'ouverture. Nous serions heureux de répondre aux questions des membres du comité.
J'aimerais également que ma déclaration figure dans le compte rendu, monsieur le président.
Nous sommes heureux d'être ici. J'aimerais remercier la vérificatrice générale pour son rapport. C'est un examen très complet des transferts fédéraux aux provinces; ils sont extrêmement importants, surtout en cette période économique difficile.
Cette année, les transferts totalisent environ 60 milliards de dollars, ce qui représente plus de 20 p. 100 du budget du gouvernement fédéral. Il existe quatre principaux programmes de transfert: le transfert canadien en matière de santé et le transfert canadien en matière de programmes sociaux, qui sont des mécanismes conditionnels de transfert aux provinces, ainsi que la péréquation et la formule de financement des territoires, qui ne sont pas des mécanismes conditionnels. Les provinces peuvent simplement affecter les fonds transférés en fonction de leurs propres besoins. Les quatre principaux programmes de transfert comptent pour environ 50 milliards de dollars du montant total des transferts aux provinces.
Comme l'a mentionné tout à l'heure la vérificatrice générale, il existe également d'importants programmes de transfert destinés aux infrastructures, au perfectionnement des compétences et au logement.
Enfin, au cours des dernières années, un certain nombre de fiducies ont été créées pour traiter des priorités urgentes.
[Français]
Les fiducies ont un objectif très clair. Ce sont des véhicules financiers transparents que le gouvernement du Canada utilise pour transférer des fonds ciblés aux provinces et aux territoires au titre de pressions urgentes à court terme dans les secteurs de priorité commune.
[Traduction]
Les fiducies offrent également aux provinces et aux territoires la marge de manœuvre nécessaire pour retirer des fonds immédiatement ou tout au long d'une période définie, selon leurs besoins respectifs.
J'aimerais souligner que les fiducies ressemblent beaucoup aux grands programmes de transfert. Que le financement fédéral provienne des grands programmes de transfert ou de fonds fiduciaires, les provinces et les territoires doivent rendre compte de la façon dont ils dépensent ces fonds à leurs citoyens, à leurs assemblées législatives et aux vérificateurs généraux. Je crois que le rapport mentionne qu'au cours des dernières années, le gouvernement a demandé et exigé des engagements publics à propos de l'utilisation des fonds, que les gouvernements provinciaux doivent respecter.
Ceci termine la version abrégée de ma déclaration, monsieur le président. Je suis heureux d'être ici.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais également que ma déclaration figure dans le compte rendu.
Monsieur le président, comme vous l'avez mentionné, je suis accompagné de M. John Morgan, contrôleur général adjoint, du secteur de la gestion financière et de l'analyse.
[Français]
Le Conseil du Trésor a approuvé la nouvelle Politique sur les paiements de transfert ainsi que la Directive connexe qui sont entrées en vigueur le 1er octobre 2008. Dans cette directive, nous avons spécifiquement traité des paiements de transfert aux autres ordres du gouvernement.
[Traduction]
Monsieur le président, nous avons aussi collaboré étroitement avec le ministère des Finances et les autres ministères fédéraux afin de réviser la comptabilité relative aux principaux programmes de transfert, pour nous assurer que nous avons bien appliqué les politiques comptables appropriées.
Merci beaucoup, monsieur le président. Je serai heureux de répondre à vos questions.
Je regrette, mais je ne parle pas français.
[Traduction]
Je m'adresserai donc à vous dans ma langue.
Merci de m'avoir invitée à m'adresser au Comité permanent des comptes publics. C'est une première pour le Conseil sur la comptabilité dans le secteur public, alors je sollicite votre indulgence. Nous n'avons pas soumis de document officiel, mais je vais prendre environ quatre minutes pour décrire sommairement notre organisation et expliquer quels sont les problèmes comptables qui touchent les transferts.
Le Conseil sur la comptabilité dans le secteur public, ou CCSP, comme nous l'appelons, doit son existence et sa réussite au fait que nous sommes à l'écoute des parties intéressées et que nous leur communiquons nos idées. Le conseil établit des normes comptables pour tous les ordres de gouvernement au Canada, à titre de normalisateur indépendant agissant dans l'intérêt public. Nous sommes indépendants des auteurs des documents comptables, des vérificateurs et des autres intervenants, et cette indépendance est importante si l'on veut éviter qu'un groupe d'intervenants influence ou oriente les normes. Il peut être difficile de trouver une solution qui convienne à tous et il arrive parfois qu'on nous critique, mais nous restons concentrés sur notre objectif.
Les membres du conseil, qui représentent tous les ordres de gouvernement, proviennent de partout au Canada. Le conseil est notamment composé d'auteurs, de vérificateurs et de représentants des ministres des Finances. En fait, un ancien ministre des Finances a déjà siégé au conseil. Il s'y trouve aussi des universitaires, des comptables et des utilisateurs des états financiers du gouvernement. Douze membres siègent au conseil, incluant les bénévoles.
Le conseil respecte une procédure bien établie, qui comprend la publication des principes et des lignes directrices proposés en vue de solliciter l'opinion du public. Chaque norme est publiée au moins deux fois afin que chacun des intervenants puisse s'exprimer et que toutes les idées soient recueillies. Il nous faut généralement entre 18 et 24 mois pour établir une norme.
Le conseil s'efforce d'obtenir une comparabilité. Je parle ici de comparabilité en matière de comptabilité. Cela permet aux utilisateurs de dégager les similarités et les différences. Les mêmes séries de faits devraient se traduire par une même comptabilité, alors que différents faits devraient donner lieu à une comptabilité différente.
Prenons une immobilisation, disons un camion. On peut penser qu'un camion est un camion, mais un camion conduit dans la région d'Ottawa peut exiger une comptabilité différente de celle d'un camion conduit dans la toundra ou sur un chemin forestier. Ce principe s'applique aussi aux ententes contractuelles. Les modalités d'un contrat peuvent jouer un rôle important lorsque vient le temps de déterminer comment il doit être comptabilisé. Par exemple, les contrats de location-exploitation diffèrent des contrats de location-acquisition.
Notre objectif, en tant que normalisateur, consiste à nous assurer que les actifs du gouvernement sont déclarés comme tels, et qu'il en est de même pour les passifs, etc. Nos définitions concernant les actifs et les passifs sont très strictes.
La comptabilité relative aux transferts gouvernementaux est l'un des sujets les plus controversés sur lesquels le Conseil sur la comptabilité dans le secteur public a dû se pencher. Cela fait plus de cinq ans maintenant que nous recueillons des opinions et que nous tentons de parvenir à un consensus à ce sujet.
Notre démarche porte sur ces questions: du point de vue de l'instance qui verse les fonds, existe-t-il un actif? Et du point de vue du bénéficiaire, les transferts constituent-ils des passifs ou des revenus? Avant de prendre une décision, il faut analyser les modalités de l'accord de transfert. La question est donc la suivante: dans quels cas une modalité engendre-t-elle un passif et quand n'est-ce pas le cas?
Laissez-moi vous donner un exemple. Une disposition générale qui exige que les fonds soient consacrés aux soins de santé n'est pas bien circonscrite. Les fonds pourraient être utilisés pour les salaires, l'équipement, etc., et cela n'irait pas à l'encontre de la disposition. Il est très difficile d'établir si le bénéficiaire a respecté l'intention initiale. Par contre, si l'accord implique l'acquisition d'un nouvel appareil d'IRM, c'est plus explicite et le bénéficiaire aura clairement un passif jusqu'à ce que l'appareil en question soit acquis. Il est facile de déterminer si l'appareil d'IRM a bien été acheté.
J'essaie de démontrer en quoi les modalités et les dispositions de chaque accord de transfert peuvent en définitive déterminer la façon dont on évalue l'intention de la source de financement, en l'occurrence le gouvernement fédéral, et établir quel type de comptabilité s'impose. En clair, un transfert non assorti de dispositions constitue un revenu dont le bénéficiaire peut disposer à sa guise. Cependant, si le transfert est assorti de dispositions précises, le bénéficiaire peut avoir un passif jusqu'à ce que ces dispositions soient respectées.
Ce problème n'est pas facile à résoudre. S'il l'était, nous aurions établi une norme beaucoup plus tôt.
Pour terminer, j'aimerais préciser que la comptabilité est axée sur l'évaluation de la situation financière et du bilan annuel. Bien que les états financiers permettent de rendre des comptes de plusieurs façons, ils ne peuvent démontrer si les ressources ont été utilisées de façon optimale, si le bénéficiaire a géré efficacement les ressources, ou si les ententes contractuelles ont été respectées. Ces questions sont examinées plus efficacement à l'aide d'autres rapports et mécanismes.
Voilà qui conclut ma déclaration préliminaire. Tim Beauchamp et moi-même serons heureux de répondre à toutes vos questions.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous tous de votre présence.
Je serai brève. J'ai une question pour la vérificatrice générale. Je pense à tous les mécanismes de paiements de transfert, notamment au transfert canadien en matière de santé, qui est assorti de conditions, et au transfert canadien en matière de programmes sociaux, qui comporte aussi des conditions. Je suis quelque peu préoccupée de voir que le transfert en matière de santé comporte des conditions, mais que cela n'empêche pas les provinces d'utiliser ces paiements pour acheter, par exemple, des tondeuses à gazon, au lieu de consacrer cet argent aux soins de santé. Et en ce qui concerne le transfert en matière de programmes sociaux, une province l'a utilisé pour accorder un allégement fiscal de 300 $.
Vous avez déclaré que les transferts importants les plus récents reflétaient un changement et étaient passés d'une reddition de comptes de gouvernement à gouvernement à une reddition de comptes de gouvernement à citoyens. En tant que membre du Comité des comptes publics, je me demande où devraient se situer nos préoccupations en ce qui concerne l'obligation de rendre compte de l'utilisation de cet argent — à savoir s'il est réellement dépensé dans l'intérêt des citoyens.
Je vous confie cette question, et j'aimerais interroger M. Wright concernant les fiducies.
Il existe un principe directeur. Il semble que les transferts soient annoncés, mais personne ne sait en quoi consiste le mécanisme d'encadrement de ces fiducies. Pouvez-vous me rassurer en m'expliquant la raison pour laquelle ce principe directeur n'est pas contraignant, juridiquement parlant, puisqu'il ne s'inscrit pas dans la convention de fiducie? Je songe notamment à l'écoFiducie; personne ne sait vraiment si les 5 milliards de dollars ont été utilisés ou non. Je vais m'en tenir à ces deux questions, parce que six minutes, ce n'est pas long.
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Merci, monsieur le président. Je peux peut-être commencer.
Concernant l'obligation de rendre compte de l'utilisation des fonds, les provinces et les territoires y sont évidemment assujettis et produisent des états financiers qui sont vérifiés par leur vérificateur législatif. À mon avis, la question concerne le Parlement du Canada et le type de justification qu'il désire obtenir concernant l'utilisation de ces fonds.
Comme vous l'avez mentionné, pour beaucoup de ces transferts, les provinces et les territoires n'ont pas à faire rapport au gouvernement fédéral, et il s'agit d'une décision politique. Il a été décidé que la reddition de comptes envers leurs citoyens était suffisante. Nous ne commentons pas cette décision. Le sous-ministre a peut-être des commentaires à formuler, mais il s'agit véritablement d'un choix politique.
Si vous le permettez, je vais reprendre à partir des propos de Sheila. Effectivement, si nous prenons l'important paiement de transfert que vous avez mentionné, soit le transfert en matière de programmes sociaux, ce qui nous importe dans la gestion de ces paiements de transfert est le domaine de priorité commun. Nous savons que les provinces consacrent des sommes considérables aux soins de santé et à certains éléments de l'enseignement postsecondaire et de l'aide sociale, et que nous ne fournissons qu'une partie des sommes dépensées dans ces domaines. Il ne fait aucun doute dans notre esprit que les gouvernements provinciaux dépensent l'équivalent de plusieurs fois le montant que nous leur transférons dans le domaine social. C'est pourquoi nous revenons toujours à l'élément central de notre discussion, à savoir les priorités communes, et au fait que les gouvernements provinciaux doivent rendre compte à leur électorat de l'utilisation judicieuse des fonds. Tous les mécanismes de reddition de comptes de ce processus sont efficaces.
De toute évidence, lorsque nous examinons... au fait, à quelle fréquence ces programmes sont-ils renouvelés? Tous les cinq ans, nous faisons le bilan de leur efficacité globale. Pouvons-nous améliorer notre efficience au niveau des paiements de transfert? Est-ce que nous obtenons les bons résultats à cet égard? Nous avons alors une bonne discussion sur les mécanismes de reddition de comptes, et l'essentiel du message c'est que nous fournissons des sommes considérables pour des priorités communes, que les provinces les utilisent et qu'elles rendent compte de l'utilisation globale de ces sommes. Les provinces ne distinguent ni ne contrôlent la part fournie par le gouvernement fédéral. J'estime que cette façon de faire a bien fonctionné au Canada.
Pour ce qui est des fonds en fiducie, comme je l'ai mentionné, qu'il s'agisse d'écofiducies ou d'autres types de fiducie établis... c'est un aspect qui entre en jeu s'il y a un surplus non prévu ou une certaine marge de manœuvre que nous n'avions pas prévue à la fin de l'exercice financier. C'est toujours un choix que nous devons faire, à savoir affecter ces fonds à la réduction de la dette ou adopter une autre approche en matière de dépenses. Si vous êtes assuré du long terme, vous pouvez prévoir des dépenses de programmes à long terme. Mais, comme l'a mentionné la vérificatrice générale, dans un passé récent, soit depuis 1999, il y a eu un certain nombre d'occasions où le gouvernement a affirmé: « Cette priorité importante et immédiate du gouvernement fédéral est partagée avec le gouvernement provincial. Nous déterminerons ensemble l'objectif commun à atteindre; la province devra préciser dans l'entente de fiducie comment elle entend utiliser les fonds et devra l'annoncer publiquement avant la fin de l'exercice, auquel cas nous leur transférerons les fonds pour l'atteinte de cet objectif commun. » On s'attend à un mode de reddition de comptes semblable concernant les paiements de transfert que vous venez de mentionner, par exemple le transfert social.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais vous remercier pour vos présentations.
Le fait que différents transferts ne soient pas assortis de conditions n'empêche pas les provinces de rapporter les progrès réalisés ou la façon dont elles dépensent cet argent.
Par contre, l'innovation est un élément qui semble ressortir du modèle québécois. Citons à titre d'exemple les programmes sociaux, soit les garderies à 7 $ maintenant. Dans les exemples que j'ai sous les yeux, il y a les mesures mises en place par le gouvernement du Québec pour aider les personnes bénéficiaires de l'aide sociale à accéder au marché du travail.
Au-delà des transferts, en établissant des objectifs communs et non des conditions d'encaissement, on permet l'innovation dans le domaine social.
Est-ce un avantage de certains de ces fonds?
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Il y a quatre types de transferts: le Transfert canadien en matière de santé, le Transfert canadien en matière de programmes sociaux, le Transfert du programme de péréquation et le Transfert de la formule de financement des territoires.
Les différents transferts d'argent aux provinces peuvent faire l'objet de rapports différents. Plusieurs organismes nationaux se plaignent du fait que les rapports sont irréguliers, incomplets et difficiles à comprendre. Concernant le Transfert canadien en matière de santé, la loi contient une obligation d'atteindre des objectifs particuliers de soins et de programmes spéciaux. Les provinces doivent rendre des comptes. Par contre, certaines provinces ne donnent pas tous les détails sur ce qu'elles ont fait de l'argent.
Les gens nous disent que la formule de financement des territoires fait l'objet de discussions. Or, dans les rapports qu'ils font au Parlement, ça semble assez invisible, malgré l'importance des montants qui sont transférés.
Le Transfert canadien en matière de programmes sociaux fait l'objet de très peu de discussions publiques. Pourtant, on sait que les inégalités entre les riches et les pauvres sont assez importantes et nombreuses.
Dans l'ensemble, le gouvernement fédéral rend-il dûment compte de ce qui relève de sa responsabilité? Rappelons que le gouvernement fédéral est responsable des services destinés aux peuples autochtones, aux Forces canadiennes, à la GRC, aux anciens combattants et aux détenus dans les pénitenciers. Le gouvernement fédéral transfère des sommes d'argent dans ces programmes, mais il doit lui aussi rendre des comptes. Par conséquent, il faut produire des rapports publics et harmoniser la façon de rendre compte des fonds qui sont transférés entre les différents paliers de gouvernement.
Je vous remercie pour vos exposés.
Ayant travaillé 13 ans à l'assemblée législative de ma province, dont une partie au Cabinet, je sais très bien ce que c'est que de recevoir les fonds fédéraux et de vouloir s'assurer qu'ils ne sont pas automatiquement associés à des conditions universelles, du genre « à nos conditions ou pas du tout ».
Sur certains plans, cette façon de faire n'est pas tellement différente de celle des provinces qui confient des programmes à leurs municipalités. Nous voulons offrir le plus de souplesse possible pour tenir compte des conditions locales, mais nous voulons également nous assurer d'atteindre les objectifs à long terme. Je suis très favorable au concept des paiements de transfert d'envergure fondés sur... prenons le cas des transferts en matière de santé, par exemple, qui sont fondés sur la Loi canadienne sur la santé, dans la mesure où vous maintenez cette position. Je suis à l'aise avec ça. Je crois que, pour certains de nous, le problème se situe au niveau des fiducies.
Monsieur le sous-ministre, je crois que vous avez avancé les chiffres de 23 fiducies et de 27 milliards de dollars. Le concept général de ces fiducies me semble efficace, mais je crois que notre démarche d'aujourd'hui porte essentiellement sur le moment où le gouvernement annonce que les sommes transférées servent un objectif bien précis. Je vais utiliser un objectif fictif. Si on parle de logements à prix abordable, par exemple, le gouvernement pourrait affirmer : « Nous avons comme objectif d'assurer x unités de logement pour x citoyens canadiens au cours de la période x. » Si nous voulons accorder aux provinces une certaine souplesse, mais que nous voulons également atteindre cet objectif à la fin de la période indiquée, une fois que les fonds auront été dépensés, ce type d'équilibre est nécessaire.
Eh bien, pour le moment on annonce de bonnes nouvelles — corrigez-moi si je me trompe, monsieur le sous-ministre — mais les provinces et les territoires qui reçoivent ces sommes font également une annonce. En fait, ils confirment les principes directeurs — nous y reviendrons en détail plus tard — disons par exemple en Ontario: « Nous sommes tous d'accord, nous allons faire ceci et cela, nous avons les mêmes objectifs; voilà c'est un beau projet et une belle opération de relations publiques. » Puis, ils vont de l'avant et, à partir de là, il n'y a pas de réelle comptabilité si j'ai bien compris ce qu'a dit la vérificatrice générale.
Lors de mon passage à l'assemblée législative de l'Ontario où nous recevions les comptes publics de la province, vous avez dit, monsieur le sous-ministre... et je vais vous citer. Vous avez dit que les provinces ne distinguent pas les dollars fédéraux versés dans l'un ou l'autre des fonds de fiducie. Le problème, c'est que nous pouvons penser que nous faisons du bon travail, du point de vue de la province, pour ce qui est d'atteindre l'objectif, mais nous avions su que certaines des sommes devaient être consacrées au logement... En fin de compte elles ont pu se trouver ailleurs.
Permettez que je remette mon chapeau provincial? Alors, au niveau des assemblées législatives, comment pouvons-nous savoir si les objectifs auxquels s'est engagée la province dans sa déclaration correspondent à la déclaration du gouvernement fédéral?
Je vous demanderais d'être bref parce que j'ai quelques questions. Je sais que ce n'est pas facile, surtout après mon intervention de 20 minutes.
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J'ai une ou deux choses à dire à ce sujet.
Tout d'abord, pour ce qui est des transferts en matière de programmes sociaux et en matière de santé, nous savons, grosso modo, que nous fournissons une partie — une partie importante, mais seulement une partie — de tous les fonds qui sont dépensés dans ces secteurs. Mais comme l'a mentionné la vérificatrice générale, on a fait état récemment d'un engagement public précis, d'un objectif, visant certaines des fiducies. Et dans les provinces, conformément à cet engagement public, on a assuré le suivi de cet élément particulier.
Un exemple: l'écoFiducie au sujet de laquelle mon collègue Rod Monette pourrait faire le point.
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Merci, monsieur Christopherson. En fait, cette question a été soulevée l'an dernier devant le comité, et nous avons examiné dans une certaine mesure ce que les provinces consignent. Nous nous sommes penchés sur les comptes publics en ce qui concerne quelques provinces, entre autres l'Île-du-Prince-Édouard, l'Ontario et le Québec.
Je serai en mesure de produire un compte rendu de ces examens au comité, par voie de lettre, monsieur Murphy, un peu plus tard.
En fait, nous avons une assez bonne idée des sommes qui sont versées, et des sommes qui sont enregistrées chaque année. Les montants sont ventilés parmi l'ensemble des fiducies.
Cela n'existait peut-être pas du temps où vous y étiez, monsieur Christopherson, mais il semble que ce soit le cas maintenant.
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Je vois. Mais le problème selon moi tient au fait que c'est sous la rubrique des principes de fonctionnement que ces rapports devraient être générés, mais ce n'est pas obligatoire. Alors il est possible d'inscrire ces montants où on veut, et de ne pas les indiquer là où on ne le souhaite pas, sans que rien de cela ne soit irrégulier.
Si vous me permettez, j'aimerais poursuivre dans la même veine. Dans son rapport, la vérificatrice générale donne des exemples de choses qui ont fait l'objet d'un suivi. C'est terrible. Oui, c'est ahurissant. Je veux parler de l'exemple donné au chapitre 3 du rapport de décembre 2008 du commissaire à l'environnement et au développement durable... C'est l'exemple qui est donné, et je vais simplement vous lire un passage. Cet exemple se rapporte à ce qui fait l'objet de suivi, dans le cas des fiducies et autres. Voici ce que l'on dit:
1.) Le Ministère ne sait pas dans quelle mesure ses programmes environnementaux ont contribué à améliorer l'environnement.
— ça pourrait poser un problème —
Il ne publie que très peu d'informations à ce sujet, car il ne surveille pas les résultats obtenus par ses programmes, ni ne présente de rapports à cet égard, sauf pour ce qui est des produits livrés, comme les projets d'infrastructures hydrauliques terminés...
2.) Le Ministère ne disposait pas d'information adéquate pour étayer l'affectation des ressources de fonctionnement aux divers programmes de contributions du volet Environnement du Cadre.
3.) L'élaboration du Service national d'information sur les terres et les eaux a été mal gérée.
Alors, même lorsqu'on prend la peine d'imposer des conditions, le suivi ne semble pas montrer qu'ils font un très bon travail. On semble y perdre au change lorsqu'on n'impose pas des engagements détaillés, mais il semble que ce soit la même chose lorsqu'on en impose. Alors comment pouvons-nous changer les choses, pour que tous y trouvent leur compte?
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C'est toute une question. Il me sera difficile d'être bref.
Au fond, il faut bien se rappeler que cette situation découle d'un choix politique; le gouvernement fait un choix éclairé quant à la façon de régler un problème qui, comme je l'ai dit, était urgent, et qui était aussi une priorité pour les provinces. De toute évidence, nous supposons, dans une large mesure, qu'elles agiront dans le sens de cette priorité commune.
Nous pouvons établir les conditions d'une fiducie, faire signer ces modalités et en faire l'annonce publique avant le transfert de l'argent, mais si nous souhaitons imposer des conditions continues, le problème qui se pose alors est que nous ne pouvons prélever l'argent, disons, à même un excédent non prévu pour une année, et le transférer ensuite. Alors si l'on impose des conditions supplémentaires, le problème qui se pose alors est qu'il faudrait étaler le versement sur plusieurs années, alors même que vous pouvez ne pas disposer de la souplesse nécessaire pour le faire.
Le gouvernement, dans tous les cas, tient compte des antécédents. Et je dirais que les gouvernements provinciaux sont conscients du fait que... Il n'y a pas de fiducies prévues dans le dernier budget, mais il y en a eu dans plusieurs budgets récents. Les provinces sont conscientes de l'importance pour elles de devenir des partenaires de choix. Elles sont conscientes que le gouvernement a pris certaines mesures, et entre autres l'engagement public d'intervenir de manière spécifique, et elles ont tout intérêt à voir leur assemblée législative veiller à ce que les progrès attendus se concrétisent.
Mais la situation est assez comparable dans le cas de transferts pour la péréquation et pour le financement des territoires, ou dans celui des transferts sociaux, qui ont été augmentés récemment. Lorsqu'il y a entente sur une priorité commune, le gouvernement fédéral n'assortit ces transferts d'aucune condition. C'est là où nous en sommes avec les fiducies.
Mais, en politique, il faut parfois faire des compromis. Il arrive parfois que le gouvernement fédéral dispose d'un excédent non prévu qui lui permet de débloquer du financement pour répondre à une priorité, avec un partenaire, sans que des conditions à long terme s'appliquent. Par contre, si des conditions s'appliquent, il se peut que vous ne disposiez pas de la marge de manœuvre financière nécessaire pour dépenser l'argent dans les années qui suivent. C'est le genre de compromis qu'il faut faire parfois.
Je puis seulement vous assurer que le gouvernement fait des choix éclairés, en conformité avec nos règles de comptabilité — pour autant que je sois qualifié pour parler de règles comptables.
:
Cette question est très importante.
La commission O'Brien a recommandé que l'abordabilité constitue un critère clé du programme de péréquation. Lorsque le rapport O'Brien a été rédigé, le prix du pétrole était au-dessous de 40 $ le baril. L'an dernier, le prix a grimpé à 145 $ le baril, puis il a chuté de 75 p. 100. L'une des choses qui en a souffert... Je crois que les gens prévoyaient une certaine croissance du programme, mais pas de 55 p. 100 sur cinq ans. La structure du programme de péréquation est fondée sur une moyenne triennale du PIB pour l'ensemble du pays de manière à aplanir les différences, et s'applique avec un décalage de deux ans. Nous avons connu un pic, avec le pétrole à 145 $ le baril, puis le cours a ensuite chuté de 75 p. 100. Selon la formule O'Brien, nous aurions été tenus, sur une période de cinq ans, de procéder à une répartition équitable de ces revenus, qui n'existent plus. En fait, dans l'esprit des recommandations découlant du rapport O'Brien, le gouvernement limite la croissance globale du programme, en appliquant la méthode de répartition prévue dans ce programme.
J'ai moi-même quelques questions à poser, mais avant de me lancer, j'aimerais intervenir pour demander aux membres du comité s'ils approuvent le procès-verbal du comité de direction, qui s'est réuni plus tôt aujourd'hui. On a distribué ce procès-verbal, et j'aimerais, en tant que président, recevoir une motion concernant son approbation.
La motion est proposée par Mme Ratansi. Souhaitez-vous en discuter? Sommes-nous tous en faveur de la motion?
(La motion est adoptée. [Voir le Procès-verbal])
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Je n'ai qu'une brève question pour Mme Buhr, qui porte encore sur les fiducies.
Comme vous le savez, madame Buhr, c'est une question très controversée. Je ne parle pas au nom du comité mais en mon nom personnel lorsque je dis que les fiducies ne respectent pas du tout le concept de reddition de comptes, en ce sens qu'au gouvernement, l'autorité exécutive doit rendre compte de ses dépenses au Parlement et, par le fait même, à la population canadienne. Nous savons tous pourquoi ces fiducies ont été instaurées. Elles ont leur raison d'être. Elles sont utiles et ont été conçues dans l'intérêt de la population.
Prenons par exemple l'écoFiducie pour les changements climatiques, évaluée à 1,51 milliard de dollars. L'exercice s'était révélé fructueux, nous nous sommes lancé des fleurs, et la dépense a été consignée le jour même de la création de la fiducie, sans tenir compte de la date de fin d'exercice. Tous les Canadiens croyaient que l'argent serait investi dans des mesures pour l'environnement et les changements climatiques, et que l'ensemble de la population en profiterait. Nous savons tous que ce n'est pas le cas. C'est vraiment très loin d'être le cas.
Selon l'entente, les provinces peuvent faire ce qu'elles désirent avec cet argent. Certaines ont mis l'argent dans les recettes générales. D'autres ont affecté ces fonds aux questions environnementales. D'autres encore ont affecté les fonds à des questions environnementales, en nous leurrant, en quelque sorte, parce qu'elles n'y ont pas affecté d'autres fonds. Mais nous ne savons pas où est allé l'argent, et il n'y a eu aucune uniformité entre les 10 provinces: elles ont toutes géré l'argent de manière différente. L'une l'a géré comme ceci et l'autre comme cela, si bien qu'il n'y a eu aucune uniformité pour ces crédits.
Mais pour l'instant, madame Buhr, je suis d'avis qu'on a trompé la population avec toute cette mascarade. Six cent cinquante personnes travaillent au Bureau du vérificateur général. Aucune d'entre elles n'a pu confirmer qu'un seul dollar a été affecté aux questions environnementales.
Pour couronner le tout, on a annoncé que cet argent servirait à réduire quelque peu les émissions de gaz à effet de serre. Bien entendu, nous savons que le commissaire à l'environnement et au développement durable a dit que tout ça n'était que fabulation. Il est impossible de recevoir de qui que ce soit une confirmation ou une infirmation de ce fait, ou encore une indication quant à l'importance de la réduction des émissions de gaz à effet de serre qui a été réalisée.
Je veux faire valoir que cette façon de faire ne correspond à aucun concept ou notion de reddition de comptes. Ce n'est pas ce que je considère être de la reddition de comptes. On veut de la cohérence et de la transparence, mais on s'attend aussi à ce que les états déposés au Parlement — dans ce cas-ci, les 1,519 milliard de dollars pour des questions environnementales — illustrent la véritable nature économique des opérations. Pour cet exemple précis, je pars du principe que ce n'est pas le cas. Loin de là.
Je demande à tout le monde pourquoi on procède ainsi. Pourquoi toute cette mascarade? J'obtiens toujours la même réponse: c'est la norme publiée par le Conseil sur la comptabilité dans le secteur public. Je sais que votre organisation, et non pas vous personnellement, a eu maille à partir avec cette norme depuis 2002, je crois. C'est évident qu'il y a un désaccord au sein du conseil. C'est évident qu'on vous oppose de la résistance — les provinces peut-être, je ne sais pas —, mais il me semble que bien des membres de votre conseil sont très mal à l'aise face à cette situation, et avec raison. Le problème persiste depuis 2002. Vous avez publié plusieurs normes différentes.
Pouvez-vous indiquer à notre comité la direction que vous comptez prendre? Je ne pense pas que vous puissiez jamais obtenir le consentement unanime de tous les membres de votre conseil. Quand déciderez-vous de passer à autre chose, et de publier une norme qui fera foi de pratiques comptables appropriées et qui me donnera satisfaction en tant que parlementaire et Canadien?
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Merci. J'ai compté environ quatre questions dans votre intervention.
Je vais commencer par distinguer la notion de reddition de comptes et la notion de comptabilité. Ce sont deux choses différentes. La reddition de comptes est une relation qui est établie dans ce cas, par quelqu'un qui fournit des fonds et quelqu'un qui utilise des fonds. La façon dont cette relation est comprise, que ce soit de manière officielle au moyen de conditions ou de manière non officielle par la pratique, l'histoire et l'entente, déterminera la perception que le bénéficiaire aura de l'opération et la façon dont il traitera cette opération. Puis, la comptabilité entre en jeu pour déterminer comment on peut rendre compte de cette relation. D'abord et avant tout, il faut définir cette relation. Qu'espérait-on accomplir avec cet argent? Comment est géré cet argent?
Une partie de la difficulté liée aux paiements de transfert vient du fait que la notion de reddition de comptes n'est pas claire. En ma qualité de citoyenne, je comprends très bien qu'il faut de la flexibilité; toutefois, si on élimine les conditions, l'argent pourra être affecté un peu n'importe où et on pourra en rendre compte un peu n'importe comment, ce qui m'amène à mon deuxième point.
On y a fait allusion plus tôt. Rob Wright a parlé de segmenter les dollars et de les déclarer séparément. On ne fait pas ça. On présente l'information financière sous forme de résumé. On regroupe l'information. Ce n'est pas possible, dans des états financiers condensés, de suivre un dollar provenant du gouvernement fédéral pour voir comment il a été dépensé. Pour ce faire, on a besoin d'éléments comme des rapports sur le rendement, qui permettent de mesurer notamment la création de nouvelles habitations ou la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce sont des mécanismes de déclaration de l'information différents dont nous avons besoin.
Comme je l'ai dit, nous ne nous penchons pas sur les politiques. Je peux comprendre que les gens soient préoccupés par la comptabilité, mais la comptabilité doit révéler l'essentiel de ce qui s'est produit.
Dans le cas des paiements de transfert publics, nous n'attendrons pas d'avoir l'unanimité, mais nous devons arriver à un consensus. Il y a actuellement une norme en vigueur. Nous nous efforçons d'établir une norme qui soit mieux que la norme actuelle, mais nous devons trouver un terrain d'entente parce que c'est ainsi que nous fonctionnons.
Je m'adresse au Secrétariat du Conseil du Trésor. Je veux juste revenir sur la question des paiements de transfert conditionnels et inconditionnels. Les gouvernements provinciaux et territoriaux préféreraient tous, sans aucun doute, les transferts inconditionnels pour pouvoir utiliser les fonds selon leurs propres priorités et, comme vous l'avez mentionné plus tôt, selon leurs propres besoins. Vous avez démontré qu'ils croient savoir mieux que quiconque quels sont leurs besoins — et ils n'ont pas à rendre compte de l'usage réservé aux fonds transférés ou de l'effet obtenu, le cas échéant.
Pourquoi le gouvernement fédéral ne voudrait-il pas appliquer les principes de reddition de comptes et de transparence qui sont exigés à l'égard des paiements de transfert conditionnels? À votre avis, la tendance est-elle de négocier davantage de paiements inconditionnels que conditionnels ou inversement?
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C'est une très bonne question, mais j'ai bien peur de ne pouvoir y répondre en quatre minutes. Voici ce qui en est.
Il y a certains domaines dans lesquels le gouvernement serait à l'aise d'accorder un transfert pour autant qu'il existe au préalable une entente indiquant comment il sera utilisé; il s'agit là d'une priorité partagée. Cependant il y a d'autres domaines où, vraiment, la conditionnalité est essentielle. Le plan de relance économique actuel mise beaucoup sur l'apport différentiel. Je crois qu'il est donc naturel que nous voulions savoir ce que les provinces font dans ces domaines. Pour nous assurer qu'il y ait un impact économique, nous voulons demander qu'elles intensifient leurs efforts pour que l'argent soit investi dès maintenant, puisque le besoin existe, comme nous le faisons. De plus, dans la mesure où nous recherchons un impact différentiel, il est essentiel d'imposer des conditions.
Dans d'autres domaines, si cela répond à une priorité commune ou à un problème urgent, la fiducie peut s'avérer un choix naturel quant à l'utilisation des ressources, et ce mécanisme a aussi donné de bons résultats. Mais je le répète, il faut se sentir à l'aise de le faire. Quand il décide d'une politique, le gouvernement, comme l'ont souligné la vérificatrice générale et nos collègues du Conseil sur la comptabilité, doit faire un choix éclairé. Je peux vous assurer que nos dirigeants prennent des décisions éclairées et qu'ils font preuve de prudence dans leurs choix.
J'ajouterais, comme dans l'exemple de Rod Monette... Je ne connais pas les détails, mais je sais que les provinces ont redoublé d'efforts dans le but de pouvoir rendre compte de leurs actions à leur gouvernement respectif, y compris en ce qui concerne l'écoFiducie. J'ajouterai que la population suit de près ces questions, et que certaines personnes très actives veilleront à ce que les provinces rendent des comptes à cet égard.
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Merci beaucoup, monsieur Saxton, pour cette question.
Oui, la nouvelle politique tient compte des transferts à d'autres ordres de gouvernement, y compris aux provinces. L'ancienne politique n'en faisait pas spécifiquement mention, mais la nouvelle, oui. Comme vous l'avez dit, monsieur Saxton, celle-ci est en vigueur depuis octobre 2008, et précise certaines dispositions, notamment en ce qui concerne les engagements devant être pris à l'égard du transfert d'argent, de l'utilisation des fonds, de la reddition de comptes, et bien plus encore.
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J'aimerais poser une question à Mme Fraser et une autre à M. Monette.
Madame Fraser, au chapitre 1 de votre rapport, à la page 9, vous énumérez les conditions que les provinces doivent respecter afin d'obtenir le Transfert canadien en matière de santé, c'est-à-dire la gestion publique, l'intégralité, l'universalité, la transférabilité et l'accessibilité. Du même coup, vous dites que Santé Canada est chargé de s'assurer du respect de ces conditions. Ces conditions sont-elles respectées? On sait que partout au Canada, dans toutes les provinces, souffle actuellement un important vent de privatisation dans le secteur de la santé, ce qui fait que l'accessibilité est souvent remise en cause. Dans le cas des institutions privées, l'accessibilité n'est plus la même. A-t-on évalué ou vérifié cela? Sinon, pouvez-vous nous indiquer ce qui nous permettrait de vérifier si c'est vraiment le cas?
Je poserai tout de suite à M. Monette ma deuxième question. Dans le cas des transferts fédéraux à des organisations internationales, entre autres la Banque mondiale, ces organisations qui reçoivent de l'argent sont-elles soumises aux mêmes critères, accords ou conditions de reddition que les provinces ou territoires?
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Puis, monsieur Wright, vous avez exprimé il y a une seconde notre volonté de surveiller les répercussions économiques, tout en insistant sur l'importance de la conditionnalité.
Madame Fraser, dans une de vos réponses, vous avez dit que le vérificateur général n'a pas la capacité de suivre l'usage réservé aux fonds fédéraux par les gouvernements locaux.
Voici ma question. Une motion tout juste adoptée en Chambre par les partis de l'opposition stipule qu'au moins 50 p. 100 du financement destiné aux infrastructures durant les deux prochaines années sera affecté selon les mêmes modalités que la taxe sur l'essence, ce qui signifie, du moins à ce que j'en comprends, qu'aucune condition n'est rattachée à ce financement. Comment pouvons-nous rendre des comptes à ceux qui nous ont élus? Comme cette situation s'apparente à tant d'autres transferts inconditionnels, je me demande comment rendre compte de ces sommes aux personnes qui nous ont élus, étant donné que nous ne pouvons le faire grâce à la vérification des municipalités. Y a-t-il un autre moyen?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais poursuivre au sujet des conditions, et j'accepte entièrement, madame Fraser, votre position selon laquelle la décision d'imposer ou non des conditions est politique, et que les politiciens auront à rendre compte de leurs actions par l'entremise de notre processus public. Mais voici ce qui me déboussole.
En théorie, on dit qu'il est bon d'avoir ces principes directeurs, parce qu'ils servent à justifier la démarche. Donc, à mon sens, dès le moment où vous franchissez le pas de la porte, vous vous êtes engagés à assurer une responsabilisation quelconque, sinon, vous n'auriez pas pris la peine d'établir de principes directeurs. Vous auriez simplement donné carte blanche en vous déclarant à l'aise avec ce flou, un peu comme ce fut le cas avec le transfert destiné à la santé — vous comprenez qu'il existe des paramètres élargis, c'est ainsi que vous voulez procéder, cela correspond à vos intentions. Le fait de parler de principes directeurs suppose en théorie qu'il existe des limites. Étant donné que les ententes ne sont pas juridiquement contraignantes, à l'issue de leur mise en œuvre, les provinces font des annonces allant dans le sens des principes directeurs, mais omettent d'en faire le suivi détaillé car rien ne les y oblige...
Ce qui m'intrigue, c'est qu'on part présumément de l'hypothèse — je crois que c'est le mot que vous aviez employé, madame Fraser — selon laquelle les gens de la province ou du territoire concerné tiendraient les élus responsables de cet argent. Mais en l'absence de conditions exécutoires, à quoi bon? Qu'accomplit-on en réalité? Et je distingue ici les éléments auxquels vous souhaitez donner de la souplesse de ceux envers lesquels vous avez entrepris d'agir, même si vous n'arrivez pas à serrer réellement la vis.
Pouvez-vous simplement m'aider à comprendre comment cette « hypothèse » peut se vérifier si aucun engagement exécutoire n'est pris envers les habitants de la province ou du territoire?
J'adore votre réponse. En 1993, lorsque le gouvernement libéral a pris le pouvoir, il a hérité d'une dette de 500 milliards de dollars ainsi que d'un déficit de 43 milliards de dollars, et il a laissé au gouvernement conservateur un surplus de 13 milliards de dollars, des bases solides.
Je tiens à signaler, monsieur le président, que j'aurais bien aimé être dans cette situation si j'avais été au gouvernement. Cela dit, ma question s'adresse au sous-ministre. Selon vos dires, vous vérifiez tous les cinq ans l'efficacité des modèles des paiements de transfert. C'est ce que j'ai entendu. Est-ce exact?
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C'est une question très importante, et je crois que nous devons faire le point sur la situation du Canada chaque fois que nous procédons à cet examen.
Un ensemble très important de programmes arrivaient à échéance en 2006-2007 ou nécessitaient à tout prix une refonte. Dans le budget de 2007, le gouvernement a accru le financement de ce groupe important de priorités en matière de transferts et a placé les transferts sur une trajectoire à long terme; cette décision, prise à la suite de travaux préparatoires, en était une éclairée.
Pour ce qui est de l'expiration de ces programmes prévue en 2012-2013, le gouvernement en place devra entreprendre une importante série de consultations publiques très sérieuses pour savoir ce que pensent les gens à tous les niveaux, non seulement les gouvernements provinciaux mais aussi les intervenants, qui ont des idées bien arrêtées sur la conditionnalité associée au résultat des transferts en matière de santé, d'enseignement postsecondaire, de politiques sociales et d'infrastructure, à d'autres programmes, au marché du travail et aux fiducies. On pourrait englober tout cela dans un vaste examen des accords fiscaux. Il faudra en mener un avant celui de 2012-2013.
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Je vous remercie. Le temps file et je dois partir, tout comme vous. J'apprécie cela.
Monsieur Wright, vous venez tout juste de parler d'un ensemble d'arrangements financiers qui fonctionnent bien avec les provinces; elles consentent à une fiducie et signent une entente dans laquelle elles s'engagent à utiliser les fonds transférés pour les fins qui avaient été prévues.
L'expression « fonds fiduciaire », en anglais « trust funds », est un peu ambiguë. Quand je l'entends, j'ai l'impression qu'il s'agit des fonds les plus fiables et les plus honnêtes, bref le meilleur type de fonds qu'il soit, même comparativement aux transferts auxquels on peut pourtant rattacher des conditions supplémentaires au besoin. Donc, je me demande, si on qualifie les fonds de fiduciaires... à mon avis, nous donnons parfois une fausse impression à nos électeurs en ne sachant pas vraiment de quoi nous parlons.
Je suis conscient qu'il ne s'agit que d'une étude, qui ne présente pas de recommandations, mais j'aimerais que vous nous donniez des idées pour nous aider à améliorer l'aspect reddition de comptes. La Loi fédérale sur la responsabilité a été mentionnée tout à l'heure. Ce gouvernement s'est donné comme mandat d'améliorer — non pas que les choses allaient mal — la reddition de comptes et la transparence aux fins de la Loi, et met tout en œuvre pour y arriver. Donc, je vous demande à nouveau de me faire part de vos idées, à un autre moment si cela est possible.
Je passe maintenant à un autre sujet, et j'aimerais avoir vos observations.
J'aimerais parler des transferts en matière de santé. Dans ma circonscription, des hôpitaux ferment leurs portes. Face à cette situation incroyable, nous avons haussé le financement à l'échelle locale, en plus des paiements de péréquation qui ont été versés aux provinces. Aidez-moi à comprendre. Devrions-nous chercher à rattacher des mesures de reddition de comptes aux paiements de péréquation pour assurer un certain suivi, spécialement alors que nous sommes en train de perdre le système de soins de santé de notre province? Je parle ici particulièrement de l'Ontario. Les petits hôpitaux des régions rurales sont touchés et ferment leurs portes.
Je peux donc affirmer avec une certitude presque absolue que si vous compariez le montant des transferts en matière de santé versés avec le montant des sommes utilisées par les provinces à cette fin, ils ne correspondraient pas.