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Oui, je vais faire de mon mieux, monsieur Easter.
Comme la majorité des membres du comité y avait consenti, une séance avait été prévue pour le mardi 22 mars parce que le budget n’était pas censé être déposé ce jour-là. Après la séance dont la date m’échappe — celle qui a précédé la séance du 22 mars et au cours de laquelle nous n’avons pu terminer le débat concernant votre motion —, M. Eyking a indiqué que les membres de votre parti souhaitaient utiliser la séance du 22 mars pour poursuivre ce débat. Par conséquent, nous avons inscrit ce point à l’ordre du jour de cette séance. Puis l’ordre du jour de la présente séance portant sur le sujet actuel a été publié la semaine dernière.
Il y a deux raisons — ou peut-être plus de deux — pour lesquelles, nous publions l’ordre du jour. L’une d’elles consiste, bien entendu, à informer tous les membres des travaux prévus. Deuxièmement, en envoyant l’ordre du jour, on permet aux membres de réagir s’ils ont des suggestions à faire ou s’ils souhaitent apporter des changements. Personne n’a dit quoi que ce soit l’autre jour.
Nous avons des témoins devant nous. Il ne s’agit pas d’un tour de passe-passe; ils sont ici. J’en ai assez des enfantillages tant de l’opposition que du gouvernement. Si, après avoir entendu les témoins, vous souhaitez débattre des motions, je pense que c’est ce que nous devrions faire. Les témoins sont déjà ici.
Madame Bonsant, vous avez levé votre main.
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Depuis, on applique continuellement les résultats des recherches effectuées dans les secteurs public et privé afin d’accroître la valeur du canola. Ces recherches font appel à la science traditionnelle et à la biotechnologie, y compris la modification génétique. En conjuguant ces méthodes et en mettant continuellement l’accent sur l’innovation, on assure la rentabilité des exploitations de canola et la croissance économique du Canada.
Le canola est la récolte qui rapporte le plus aux agriculteurs canadiens. En 2010, les recettes générées par le canola totalisaient 5,6 milliards de dollars. L’année dernière, on a produit 11,9 tonnes de canola sur 16,1 millions d’acres, une hausse par rapport aux chiffres de 2006 qui s’élevaient à 9,1 tonnes sur 13 millions d’acres. Le canola engendre au Canada 216 000 emplois et une activité économique de l’ordre de 14 milliards de dollars. Cette réussite est en grande partie imputable à l’innovation en biotechnologie.
Les membres du comité nous ont demandé notre avis au sujet des règlements et les politiques qui peuvent favoriser l’innovation en biotechnologie agricole.
Tout d’abord, nous devons nous assurer que notre système de réglementation est fondé sur la science. Les entreprises de biotechnologie investissent des millions de dollars dans la recherche et le développement afin d’introduire des innovations sur le marché. Pour ce faire, elles doivent avoir l’assurance que le cadre réglementaire pour ces produits est prévisible et fondé sur des principes scientifiques éprouvés. Ce facteur est également d’une importance primordiale sur les marchés internationaux. Le Canada est un pays exportateur. Quatre-vingts à quatre-vingt-dix pour cent de notre production de canola est exportée. Partout dans le monde, nous comptons sur la présence de systèmes de réglementation fondés sur la science afin d’obtenir un accès prévisible à ces marchés. Lorsque les décisions concernant l’accès aux marchés sont fondées sur des calculs politiques, ces marchés peuvent se refermer. Par conséquent, nous recommandons premièrement que, dans son rapport, le comité souligne l’importance de la réglementation fondée sur la science. Le Canada devrait également se prononcer catégoriquement à ce sujet sur la scène internationale.
En tant qu’importants exportateurs de produits agricoles, nous avons beaucoup à perdre si les nations décident d’imposer des barrières commerciales. L’un des principes fondamentaux du commerce international devrait consister à veiller à ce que les décisions relatives aux règlements et aux politiques soient fondées sur la science. C’est le but que nous poursuivons dans le cadre des négociations que le Canada et la Communauté européenne mènent actuellement en vue de conclure un accord commercial et économique. Le Canada et l’Europe ont tous deux mis sur pied des processus rigoureux pour approuver les produits agricoles fondés sur la modification génétique, mais leurs processus diffèrent sur un point. Au Canada, le produit est approuvé si, après une évaluation approfondie de son innocuité, l’organisme de réglementation conclut qu’il est inoffensif. En Europe, le processus comprend essentiellement deux étapes. L'Autorité européenne de sécurité des aliments procède à une évaluation de l’innocuité du produit qui est fondée sur la science et qui ressemble beaucoup à celle du Canada, puis elle donne son opinion. Mais, ensuite, l’évaluation de la demande prend une tournure politique en ce sens qu’elle doit être approuvée par un comité composé d’États membres. Cette deuxième partie du processus décisionnel entraîne d’importants délais et ne se fonde sur aucun critère précis.
Nous demandons que ce processus devienne prévisible et rapide et qu’il repose sur la science. Soyons clairs: nous n’exigeons pas la modification de normes de réglementation ou une réduction du nombre de normes de protection des humains ou du nombre de normes de sécurité.
En ce qui concerne le processus d’approbation des matériaux génétiquement modifiés, il est important que les organismes de réglementation prennent des décisions rapidement. Avant de commercialiser des caractères MG, les développeurs de semences présentent des demandes d’approbation dans tous les principaux marchés. Dans la plupart d’entre eux, une évaluation de l’innocuité du produit fondée sur la science devrait prendre de 18 à 24 mois. Si tous les principaux marchés qui entreprennent ces évaluations rendaient leur décision dans ce délai, cela réduirait le nombre de transactions non approuvées qui peuvent gêner le commerce.
La modification génétique ne constitue pas un risque pour la sécurité. Les caractères MG qu’on utilise à l’heure actuelle dans l’industrie du canola ont été soumis à de nombreux processus réglementaires fondés sur la science et ont été approuvés par de nombreux organismes de réglementation. De plus, 15 années d’expérience canadienne en biotechnologie prouvent que les caractères MG sont inoffensifs. Par conséquent, lorsqu’on se sert de règlements interdisant la présence de matériaux MG pour bloquer l’accès à des marchés, il s’agit simplement d’une barrière commerciale non tarifaire.
Nous demandons également au comité de recommander fortement que le Canada et d’autres nations qui vendent de grandes quantités de céréales élaborent des politiques pour gérer la présence de caractères MG à de faibles concentrations. De nos jours, le nombre de produits MG cultivés et le nombre d’acres ensemencés avec ces produits croissent rapidement au Canada ainsi que dans de nombreuses parties du monde. Dernièrement, nous avons remarqué que certains matériaux MG — qui sont approuvés dans un ou plusieurs pays, mais pas dans le pays qui importait les céréales — avaient entravé le commerce et causé d’importants préjudices économiques aux agriculteurs, aux manutentionnaires de céréales et aux utilisateurs finaux. Il est probable que, dans ces cas-là, ces perturbations étaient inutiles puisque le produit a été jugé inoffensif par les évaluateurs, qu’il n’était pas importé intentionnellement et qu’il était présent en très faibles quantités. Toutefois, ces incidents risquent de se reproduire de plus en plus fréquemment.
Pour régler les problèmes commerciaux relatifs aux produits MG, il faut élaborer à l’échelle mondiale des politiques et des approches pour gérer le risque et la présence de faibles concentrations de matériaux MG. Cela pourrait comprendre l’approbation synchronisée des produits MG dans tous les marchés, la reconnaissance mutuelle dans le cadre de laquelle l’organisme de réglementation d’un pays se fie à l’examen fondé sur la science qu’un autre pays a effectué et l’élaboration de politiques relatives à la présence de faibles concentrations de produits MG.
Nous demandons instamment au comité de recommander que le Canada intègre dans sa réglementation nationale une politique concernant la présence de faibles concentrations de produits MG et que les fonctionnaires qui s’occupent de nos politiques et de notre réglementation mènent des discussions avec leurs homologues internationaux visant à mettre en oeuvre des normes communes pour gérer la présence de faibles concentrations de matériaux MG à l’échelle internationale.
Finalement, nous prions instamment le comité de recommander que le gouvernement fédéral continue d’investir dans la recherche. Les pays qui nous entourent investissent dans les innovations agricoles afin d’accroître leur compétitivité à l’échelle internationale. Les recherches effectuées par le secteur public et le secteur privé ont tendance à avoir des objectifs et des échéanciers distincts, mais elles ont toutes deux un rôle important à jouer. Grâce à son programme de recherche, Agriculture Canada a grandement contribué à la réussite de l’agriculture canadienne et continuera d’être un précieux allié dans les années à venir.
Je remercie les membres du comité de leur attention, et j’ai hâte de répondre à leurs questions.
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Bonjour à tous. Je m'appelle Stephen Vandervalk et je suis président des Producteurs de grains du Canada. J'ai une ferme près de Lethbridge en Alberta.
J'aimerais vous entretenir des avantages que me procure la recherche en biotechnologie pour la gestion de ma ferme. Pour bien vous expliquer en quoi la biotechnologie a changé mes modes d'exploitation agricole, il faut que je vous parle de la façon dont mon père se livrait à l'agriculture avec les outils à sa disposition.
À l'époque où l'on utilisait le Treflan pour contrôler la folle avoine dans les cultures de canola, il fallait épandre le produit et labourer entièrement le sol jusqu'à quatre pouces de profondeur, et ce, à deux reprises. On était alors prêt à fertiliser et à ensemencer avant de labourer une troisième fois et, parfois même, une quatrième. Il n'existait alors aucun produit pour contrôler les mauvaises herbes à feuilles larges. En labourant aussi fréquemment, on exposait le sol, devenu véritable poudre noire, à tout un éventail de facteurs environnementaux, y compris le vent. Il est particulièrement troublant de voir ainsi sa terre s'envoler littéralement en poussière.
Mais les choses ont bien changé aujourd'hui avec les outils à ma disposition. J'ensemence également mon canola d'une manière totalement différente. Je commence par une pulvérisation de l'ensemble du champ pour bien repartir à zéro. Il me suffit ensuite d'un seul labour minimal pour l'ensemencer et le fertiliser. Une fois que le canola a poussé, je procède à une nouvelle pulvérisation. J'ai le choix entre différents produits pour contrôler toutes les mauvaises herbes, tant les graminées que celles à larges feuilles. J'ai également accès à plusieurs modes d'intervention distincts pour lutter contre la résistance aux mauvaises herbes. Je peux ensuite faire des combinaisons.
J'ai pour ainsi dire éliminé deux ou trois étapes, qui exigent toutes un labour et de l'équipement supplémentaire. Je tiens à insister sur ce point: un labour minimal, plutôt que trois ou quatre en profondeur. Sur ma ferme, le labour est l'ennemi à éviter. Il laisse s'échapper dans l'atmosphère du carbone ainsi que de l'humidité utile du sol. Ces nouvelles pratiques m'ont permis de réduire ma consommation de carburant et d'augmenter de 25 à 30 p. 100 la teneur en matière organique de mon sol. Celui-ci peut ainsi retenir davantage d'humidité et de carbone, ce qui fait grimper mes rendements. Et ce meilleur rendement se traduit par un sol encore plus riche en matières organiques. C'est un cycle bénéfique qui donne des résultats positifs tant pour ma ferme que pour mon sol.
Les cultures biotechnologiques ont aussi pour avantage de permettre des rotations différentes de celles que mon père avait l'habitude de faire. Il devait choisir les cultures qui étaient possibles pour lui, surtout en fonction des mauvaises herbes et des taux d'humidité. Je peux maintenant intégrer des légumineuses à ma rotation. Je me retrouve ainsi avec des sols en meilleure santé, des possibilités de mise en marché plus diversifiées et une hausse de mes rendements lors des années subséquentes. Alors que c'est l'environnement qui dictait à mon père ce qu'il devait planter, je peux choisir les cultures les mieux adaptées à la situation de ma ferme.
Nous irriguons une partie de nos terres et les nouvelles pratiques agricoles nous permettent d'utiliser beaucoup moins d'eau qu'auparavant. Ainsi, notre service d'irrigation a pu étendre la superficie arrosée pour la première fois en utilisant la même quantité d'eau. Cela s'explique du fait que, depuis cinq à dix ans, on n'a pas utilisé toute l'eau à laquelle on avait droit.
Ces nouvelles méthodes agricoles ont changé la donne pour ma ferme, non seulement du point de vue des résultats financiers, mais aussi pour ce qui est de sa viabilité à long terme.
En conclusion, j'ai pu maximiser l'efficience de mon exploitation agricole grâce aux technologies les plus récentes.
Nous entendons tous parler de la nécessité de doubler la production alimentaire d'ici 2050. Comme très peu de nouvelles terres arables deviendront disponibles, la seule façon d'y arriver sera d'en faire plus avec moins. Nous devrons donc réduire la quantité d'intrants nécessaires pour chaque unité d'extrant produit. Seules les nouvelles technologies peuvent nous permettre de le faire. C'est pourquoi nous devons aussi envisager sérieusement le recours à la biotechnologie pour la culture des céréales. Chaque année, cette culture devient de moins en moins concurrentielle et on commence à y recourir davantage pour les besoins de la rotation, plutôt que par simple choix.
Richard va vous en dire plus long.
Il y a trois points que je souhaiterais soulever rapidement. Il y a d'abord cette fausse idée d'une concentration des entreprises dans le secteur des semences qui obligerait les agriculteurs à s'approvisionner auprès d'un ou deux fournisseurs seulement. Rien ne saurait être plus loin de la vérité. J'ai ici quelques documents que je vais laisser à votre greffier. Le premier est de SeCan, le plus grand fournisseur de semences certifiées pour les agriculteurs canadiens. C'est un regroupement privé, sans but lucratif, comptant plus de 800 agriculteurs membres qui sont engagés, d'un bout à l'autre du pays, dans la production, le conditionnement et la commercialisation des semences. SeCan offre plus de 430 variétés de plantes de culture, y compris les céréales, les oléagineux, les légumineuses, les cultures spéciales et les graminées. La plupart des variétés distribuées ont été sélectionnées par des organisations publiques canadiennes comme Agriculture et Agroalimentaire Canada, les ministères provinciaux de l'Agriculture et les universités. Les agriculteurs peuvent acheter les variétés offertes par SeCan chez la plupart des détaillants de semences, souvent au sein même de leur localité. Permettez-moi aussi de vous montrer rapidement ce guide des semences du Manitoba où les agriculteurs peuvent choisir parmi des pages et des pages de cultures différentes et de variétés différentes d'une même culture.
En deuxième lieu, j'aimerais vous entretenir de la nécessité d'investir dans la recherche et l'innovation. Le secteur privé a investi énormément, ce qui a mené à des percées formidables relativement à trois cultures: le maïs, le soya et le canola. Mais les investissements privés sont plus restreints pour ce qui est des céréales, des cultures spéciales, des plantes fourragères et des légumineuses. Les recherches au sujet de ces cultures ont toujours été financées par des fonds publics et les prélèvements auprès des agriculteurs, mais les investissements en la matière sont aujourd'hui plus faibles qu'en 1994. On note de légères augmentations au cours des dernières années, mais il y a encore beaucoup de chemin à faire. La contribution du secteur public est importante, car il investit souvent dans des domaines où le secteur privé est absent. Par exemple, pour ce qui est de la science du sol, des maladies et de l'agronomie pure, si le secteur public n'investit pas, personne le fera car il n'y a aucun rendement commercial. Nous devons toutefois favoriser l'établissement de partenariats publics-privés de telle sorte que toutes les ressources disponibles puissent être mises à contribution.
Enfin, j'aimerais vous parler de la sûreté de nos cultures. J'ai devant moi un extrait d'un rapport publié tout récemment par la Commission européenne. Il s'intitule A decade of EU-funded GMO research (2001-2010). On y traite de différents aspects de la culture des OGM: études d'impact environnemental, salubrité des aliments, biomatériaux et risques associés, et gestion du risque. J'aimerais vous lire cet extrait:
La principale conclusion à tirer des efforts déployés dans le cadre de plus 130 projets de recherche, répartis sur une période de plus de 25 ans, et faisant intervenir plus de 500 groupes de recherche indépendants, est que la biotechnologie, et plus particulièrement les OGM, ne comportent pas à proprement parler plus de risques que les technologies conventionnelles de sélection des végétaux.
Cela provient de l'Union européenne.
En outre, l'Union européenne va de l'avant avec l'acceptation de faibles niveaux de concentration de nouveaux caractères dans les aliments pour animaux et de tels caractères issus de la biotechnologie se retrouvent maintenant dans des cultures couvrant plus d'un milliard d'hectares sur la planète. J'ai entendu une statistique l'autre jour. Un billion de repas servis et toujours pas un seul mal de tête. Au Canada, nous pouvons compter sur Agriculture et Agroalimentaire Canada, Santé Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments qui surveillent de très près les nouvelles technologies et les caractères qui sont introduits. La salubrité de nos aliments est garantie.
Les Producteurs de grain du Canada estiment que le gouvernement n'est pas tenu de fournir un gagne-pain aux agriculteurs, mais qu'il doit leur offrir un environnement stratégique leur permettant de gagner leur vie. Nous recommandons donc que vous ne perdiez pas votre temps à vous attaquer au faux problème de la concentration des entreprises, mais plutôt que vous investissiez avec nous dans la recherche publique, que vous favorisiez la création de partenariats de recherche publics-privés, et que vous appuyiez la mise en place d'un système d'approbation fondé sur des données scientifiques valables de manière à garantir que tous les nouveaux produits sont sûrs pour l'être humain, les animaux et l'environnement.
Je tiens à souligner l'initiative louable de votre comité qui se penche sur la biotechnologie à la recherche de solutions. Bien que nous ne soyons pas nécessairement d'accord avec M. Atamanenko et son , nous lui sommes tout de même reconnaissants de l'avoir présenté et de stimuler ainsi le débat, ce qui nous permet d'explorer ces questions plus en profondeur. Merci pour cela, monsieur Atamanenko. Certains membres de mon conseil n'apprécieront peut-être pas de me l'entendre dire, mais je respecte le fait que certains puissent faire valoir des opinions différentes devant ce comité pour mettre les enjeux importants sur le tapis.
Merci.
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Je suis effectivement heureux de pouvoir compter sur la technologie pour participer à votre séance. Je vous remercie.
Je représente aujourd'hui la Canadian Canola Growers Association dans mon rôle de directeur général. Je cultive également le canola depuis longtemps sur notre ferme du Sud-Est de la Saskatchewan. Je vous remercie d'avoir invité notre association à prendre la parole devant votre comité pour discuter de l'importance des sciences et de la technologie, et surtout de la biotechnologie, pour notre industrie d'aujourd'hui et de demain.
Notre association représente les producteurs de canola de tout le Canada. Elle est gouvernée par un conseil d'administration formé de représentants des provinces de l'Ontario jusqu'à la Colombie-Britannique. Pris dans son intégralité, le secteur du canola contribue à hauteur d'environ 14 milliards de dollars par année à l'économie canadienne. Pour les agriculteurs, la culture du canola est devenue la principale source de rentrées de fonds, atteignant un montant de 5,6 milliards de dollars en 2010.
Bien que nos superficies cultivées soient moins grandes, le canola génère davantage de recettes que tous les blés combinés, y compris le blé dur. Comme le canola devient au fil des ans l'un des choix de culture les plus rentables pour les agriculteurs, il ne faut pas s'étonner que l'on prévoie pour cette année des niveaux de production sans précédent, avec plus de 18,5 millions d'acres, ce qui pourrait en faire le végétal le plus ensemencé au Canada ce printemps.
L'histoire du secteur du canola au Canada se caractérise par l'innovation et par l'adoption rapide de nouvelles technologies, lesquelles ont rehaussé la rentabilité, la durabilité, la compétitivité et le bien-être général de toute la chaîne de valeurs, à commencer par les agriculteurs. On peut, dans une large mesure, attribuer la croissance dont notre secteur bénéficie depuis 25 ans au fait qu'il est disposé à mettre au point des technologies et des systèmes de production dans une démarche de collaboration, notamment grâce au recours à la biotechnologie.
Si les membres du comité cherchent un exemple concret de la manière dont le développement et l'adoption de la biotechnologie fonctionnent, ils en trouveront un très probant dans le secteur du canola au Canada. Bon nombre des variétés de canola ont été génétiquement modifiées pour permettre la tolérance aux herbicides, et ces variétés dominent maintenant le marché. En 2009, environ 93 p. 100 du canola cultivé au Canada était génétiquement modifié. En agriculture, c'est un taux renversant d'adoption dans le cas d'une technologie qui remonte à moins de 15 ans. Les motifs pour lesquels cette technologie a été adoptée jettent un éclairage instructif sur la façon dont les agriculteurs, pris individuellement, prennent des décisions qui donnent de bons résultats pour leur entreprise.
Personne n'a ordonné aux agriculteurs canadiens de cultiver des variétés de canola tolérantes aux herbicides. Ils ont été nombreux à faire ce choix eux-mêmes parce que la technologie avait déjà été entièrement testée et approuvée. Elle réglait un problème biologique de base qui entravait la production de canola: la lutte contre les mauvaises herbes.
J'aimerais insister sur un point. Même si la première génération d'améliorations apportées au canola grâce à la biotechnologie ne visait pas directement à accroître les rendements, elle a fini par avoir un impact énorme en ce sens en augmentant les chances de succès dans la lutte contre les mauvaises herbes et en bonifiant d'autant les taux de survie des semis. Certains de nos membres signalent des améliorations de rendement de l'ordre de 30 à 40 p. 100 pour les plus récentes variétés de semences de canola tolérantes aux herbicides, par rapport aux variétés conventionnelles.
L'arrivée d'un canola tolérant aux herbicides a également coïncidé avec l'adoption largement répandue de systèmes de labour de conservation. Ces deux innovations ont eu pour effet combiné de donner des pratiques moins onéreuses, plus simples et écologiquement plus saines que les opérations de labourage conventionnelles.
Bien que la première génération d'innovations découlant de la biotechnologie ait été incroyablement bénéfique pour la production, les efforts à venir seront encore plus déterminants dans le cadre de notre lutte contre les changements climatiques et les maladies des plantes ainsi que de nos efforts pour améliorer notre productivité de manière à continuer à alimenter et à fournir en carburant une population en pleine croissance à l'échelle planétaire.
Au cours du prochain siècle, la biotechnologie jouera un rôle clé dans le développement d'innovations bénéfiques, et ce, en agriculture davantage que partout ailleurs. La population humaine s'accroît, ce qui se traduit par une demande sans précédent au chapitre des ressources, et notamment des terres et de l'eau. La mise au point de technologies et de systèmes de production qui maximisent la productivité des agriculteurs et réduisent leur dépendance à l'égard de ces ressources est clairement une des voies de l'avenir.
En rendant la production agricole aussi efficiente que possible, nous accroîtrons la durabilité de notre secteur d'activité, réduirons les émissions de gaz à effet de serre, abaisserons encore plus notre utilisation de pesticides, nous attaquerons aux défis du changement climatique et rendrons les agriculteurs du Canada plus compétitifs.
De nos jours, les chercheurs se servent des outils biotechnologiques pour mettre au point toute une brochette de caractères, dont ceux de la tolérance au gel, de la tolérance à la sécheresse et de l'efficience dans l'utilisation de l'azote. Chacun de ces caractères représente un important bond en avant pour les agriculteurs et leur mise au point devrait se heurter au minimum d'obstacles possible.
Le système canadien misant actuellement sur une approche réglementaire fondée sur la science est une composante cruciale du secteur en plein essor du canola. Il est rigoureux et repose sur un processus prévisible doté de critères de mesure clairs. Cela favorise un climat propice à l'investissement qui est crucial pour la poursuite du succès du canola. C'est en grande partie grâce à cela que nous avons des investissements dans le canola. C'est une grande culture d'un point de vue canadien, mais la part du lion des budgets de mise en valeur à l'échelle planétaire va aux cultures beaucoup plus importantes, à savoir celles du soja, du maïs, du riz et du coton. Le fait que le Canada s'en remette à des critères scientifiques à jour nous a permis de garder notre place parmi les protagonistes tout en améliorant notre capacité concurrentielle sur le marché mondial du canola.
Depuis l'adoption du canola génétiquement modifié en 1996, nous avons continué d'étendre nos marchés d'exportation pour les semences, l'huile et la viande. L'industrie s'est donnée un objectif de 15 millions de tonnes de production durable d'ici 2015. La moitié de cette production devrait être exportée sous forme de semences non traitées et, lorsqu'on y adjoindra l'huile et les autres produits transformés, la part des exportations devrait grimper jusqu'à 85 p. 100. Ces objectifs témoignent de notre confiance dans notre capacité de renforcer nos marchés du canola transgénique, et de son acceptation par nos principaux concurrents et clients.
On a lancé certaines barrières à nos exportations, avec l'exemple notable de l'Union européenne, mais nous avons la ferme conviction que leur principale motivation est de protéger leur secteur intérieur du canola. Cela démontre que la conservation d'un accès équitable et ouvert aux marchés demeure un défi fondamental, mais cela ne nous donne pas à penser que nous devrions, en guise de réaction, altérer notre politique sur la biotechnologie. Cela met plutôt en relief le besoin de s'attaquer à la question sous-jacente pour éliminer le potentiel d'en abuser et d'en faire une barrière commerciale non tarifaire. La meilleure façon d'avancer consistera à agir de manière proactive au sein de structures internationales établies afin de mettre au point des politiques sur la concentration pour faire en sorte qu'une présence d'un niveau extrêmement faible ne perturbe pas les échanges commerciaux normaux.
Le secteur du canola a bénéficié de solides investissements dans la recherche de la part des secteurs public et privé. Au moyen d'un système de prélèvements automatiques, les agriculteurs continuent d'investir directement dans la recherche sur le canola, tandis que l'engagement du Canada envers la Grappe canola a grandement contribué à aplanir certaines des difficultés qui se posent dans notre secteur d'activité. De plus, le canola est l'une des rares cultures canadiennes à bénéficier d'investissements considérables du secteur privé aux fins de la recherche.
L'an dernier, votre comité a produit un rapport intitulé « Compétitivité de l'agriculture canadienne » où l'on pouvait notamment lire que « l'innovation technologique est l'un des meilleurs moyens d'améliorer la compétitivité des agriculteurs canadiens grâce à des gains d'efficacité, à la hausse des rendements et au développement de produits innovants. » Nous n'aurions pas pu mieux dire. L'innovation est essentielle pour que le canola puisse demeurer une histoire de réussite pour les Canadiens. Il faut absolument continuer à investir dans les technologies de pointe, y compris la biotechnologie et ses nombreux outils scientifiques, pour maintenir la capacité concurrentielle du Canada à l'échelle mondiale, lutter contre les changements climatiques et nourrir une population croissante. Notre pays et notre industrie doivent donc être prêts à financer des projets de recherche ciblés de même que les infrastructures requises pour permettre les applications scientifiques les plus efficaces qui soient au sein de l'agriculture canadienne.
Monsieur le président, j'aurais un dernier commentaire en guise de conclusion. Lorsque nous présentons des exposés semblables devant votre comité, il est fréquent que nous demandions des changements en vue de combler une lacune, mais nous nous retrouvons cette fois-ci à réclamer que l'on maintienne le statu quo, avec bien sûr l'ajout d'une politique sur la présence de faibles niveaux de concentration. La situation actuelle a fait du Canada un chef de file et nous a donné un avantage sur la concurrence en matière de sciences, de recherche et d'agriculture. Elle a fait de nos agriculteurs les plus grands et les plus efficients producteurs de grandes cultures dans le monde. Si nous voulons conserver et promouvoir ce statut, nous devrions appuyer le cadre qui a permis son développement.
Merci de nous avoir donné l'occasion d'exprimer nos points de vue. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous les trois pour vos exposés.
Richard, je remarque malgré moi le gros volume près de vous. Nos amis conservateurs ont l'habitude de se munir de tels bouquins sur la procédure. Je me demandais donc si le vôtre sert à la même chose.
Un témoin: Non, le mien n'a que des pages blanches.
L'hon. Wayne Easter: C'est une idée qui m'a traversé l'esprit.
Merci à vous tous pour vos exposés.
Vous avez tous parlé de l'importance de la recherche publique. Il est indubitable que, dans la recherche dans laquelle il a investi pour moitié, le secteur privé envisage d'empocher des bénéfices au bout d'environ six ans. Il faut donc accroître la recherche publique au pays.
Je suis cependant inquiet — et je me demande si vous pouvez l'être également — par le fait que, dans le Budget des dépenses, le gouvernement fédéral a amputé l'enveloppe attribuée aux sciences, à l'innovation et à l'adoption de 38 p. 100, soit 152 millions de dollars. Cela m'inquiète. Cependant, il en a remis un peu dans le budget, 50 millions de dollars en deux ans, dans un fonds d'innovation, ce qui nous laisserait à court d'environ 127 millions pour l'année prochaine. Est-ce que cela vous inquiète? Sinon, étiez-vous au courant de cette compression de 38 p.100?
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L'important, pour le Conseil canadien du canola, c'est de considérer l'objectif général du cadre stratégique Cultivons l'avenir 2. Nous arrivons au terme de Cultivons l'avenir 1, et des consultations ont lieu sur les orientations qui seront celles de Cultivons l'avenir 2. C'est une étape vraiment critique, parce que la recherche en fait partie, et nous sommes engagés dans ce genre de discussion avec le gouvernement sur la façon de s'y prendre.
Dans Cultivons l'avenir 1, le gouvernement a établi un processus de grappes agricoles, et le Conseil canadien du canola formulera une demande en ce sens. Du fait de ce travail, nous effectuons beaucoup de recherche, en partenariat avec le gouvernement du Canada, une recherche très orientée. Nous pensons que c'est un modèle très attrayant, dont on devrait s'inspirer pour Cultivons l'avenir 2. Il s'agit de mettre en commun l'argent des secteur privé et public, les compétences du secteur public, des universités et des sociétés de technologie du privé, d'orienter la recherche d'une façon précise, avec l'apport de tous ceux qui sont associés à la recherche sur le canola. Nous sommes donc vraiment emballés.
Rick a mentionné les montants faramineux dépensés par les autres groupes de producteurs. À l'échelle du monde, le canola est un produit secondaire. Au Canada, en nous concentrant sur lui, nous devons donc faire exactement cela — faire travailler ensemble le secteur public, le secteur privé et les universités, parce que nous avons besoin d'une stratégie très claire, afin de pouvoir être concurrentiels avec les autres productions mondiales et de le rester.
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Merci, monsieur le président.
Je suis content que ce soit un des témoins qui ait mentionné le projet de loi . En même temps, monsieur Phillips, vous félicitez M. Atamanenko d'avoir présenté le débat à la Chambre des communes. Vous savez qu'on a même de la difficulté à en parler ici, en comité, parce que le projet de loi a été muselé quand est venu le temps d'obtenir une prolongation du débat là-dessus. Les députés conservateurs membres du comité ne veulent pas en entendre parler. Je pense que vos organisations ne voulaient pas trop en entendre parler non plus.
Chacun d'entre vous a certainement des expertises et des informations qui lui viennent d'un peu partout. En ce qui concerne l'ajout, contenu dans le projet de loi, d'une analyse de l'impact sur le commerce international à l'analyse qu'on fait sur la santé et l'environnement, seriez-vous capables de me donner un exemple d'un pays où on a imposé cette analyse et où cela aurait à tout le moins affecté un secteur agricole ou complètement mis à terre tout un secteur agricole?
En Argentine, ils ont ce type de projet de loi. L'Argentine est le deuxième ou le troisième producteur d'OGM au monde. J'ai essayé de faire des recherches, mais nos effectifs sont quand même limités; je ne suis pas un ministère. Cependant, je n'ai pas réussi à trouver un moment où il y a eu des poursuites de la part d'autres pays de l'OMC, ou autres, en raison de cette mesure qu'ils imposent concernant l'exportation des OGM. Et les Argentins continuent à être de très grands producteurs d'OGM. J'aimerais donc savoir si vous êtes capables de me donner un exemple précis où ça aurait causé des problèmes, n'importe où dans le monde.
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Merci, messieurs de vous être déplacés et merci particulièrement à M. White d'être ici sans y être vraiment.
Monsieur White, vous conjecturez. Je ne suis pas sûr qu'il existe, quelque part dans le monde d'aujourd'hui, une preuve que les critères axés sur l'acceptation du marché ont nui à la capacité, par exemple, de l'Argentine à améliorer son sort.
J'aimerais vous suivre sur ce thème. Grâce à l'étude de mon projet de loi, nous connaissons un certain nombre de choses. D'abord, que biotechnologie n'équivaut pas à génétiquement modifié, et que les matériels génétiquement modifiés ne représentent qu'une petite partie des biotechnologies. Ensuite, que l'industrie des biotechnologies, en sus de la recherche sur les méthodes classiques d'amélioration génétique et d'autres sujets de recherche, a contribué à augmenter le rendement de nos cultures. Le canola en est un exemple.
Nous parlons d'un critère scientifique. Devant chacune de nos tentatives, la motion sur la luzerne ou mon projet de loi, l'opposition proteste contre son caractère non scientifique. Nous avons vu que certains scientifiques, dans le monde, ne sont pas d'accord avec la majorité. Je ne suis pas ici pour juger des mérites de leurs études, dont certaines montrent les risques pour la santé que présente le maïs Monsanto 810. Un dénommé Séralini, en France, fait partie de ce groupe et il y en a d'autres. C'est leur science.
Ma question s'adresse principalement au secteur du canola. Il est prospère. Il n'est pas menacé. L'introduction de caractères de canola génétiquement modifié ou non n'aurait certainement pas de répercussions négatives sur vos marchés. C'est ce que je crois comprendre. Je ne vois donc pas tout à fait pourquoi vous vous êtes opposés à l'analyse des répercussions négatives potentielles sur les marchés.
Nous pouvons utiliser un critère. Vous devez sûrement comprendre que certaines cultures non génétiquement modifiées sont menacées, la luzerne, par exemple. Nous en avons discuté et nous avons une motion à cette fin. Mon projet de loi vise à réagir au fait que 50 à 80 p. 100 de nos marchés n'acceptent pas de blé génétiquement modifié. Nous savons qu'il existe une contamination. Nous savons qu'elle pourrait survenir pendant la manutention.
Dans ma circonscription, des producteurs de fruits sont furieux contre cette nouvelle variété de pommes dont la chair ne brunit pas, la pollinisation croisée.
Il est sûr que le seul fait d'ajouter un seul critère n'est pas antiscientifique. Cela ne fait que donner plus d'assurance aux producteurs. Je ne comprends pas. Est-ce parce que l'industrie des biotechnologies manifeste son autorité et menace les organisations de producteurs? Un représentant des producteurs m'a déjà dit qu'ils ne voulaient pas que le sujet soit discuté ici.
Richard, merci de vos commentaires.
Nous avons discuté du pour et du contre. Pourquoi certaines organisations s'opposent-elles à l'idée d'une étude des répercussions sur les marchés, comme assurance pour les producteurs de luzerne, de blé et de pommes qu'ils n'éprouveront pas de difficultés?
Je laisse cette question en suspens.
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Je voudrais revenir brièvement en arrière, soit à l'époque où Monsanto allait commercialiser le blé Roundup Ready. L'association agricole dont je faisais partie a dit à Monsanto que c'était une très mauvaise idée, que ce produit allait désorganiser le marché. Il a été retiré, suite aux nombreuses objections qui ont été soulevées.
En bout de ligne, on ne peut commercialiser un produit que les agriculteurs ne cultiveront pas. Et ils n'en veulent pas.
Concernant l'incertitude qui entoure cette question, vous dites que vous allez procéder à une évaluation du marché. Or, il faut se demander s'il va s'agir d'une véritable évaluation, ou si le ministre va se contenter de demander à un de ses cadres supérieurs ou à Agriculture Canada de mener une brève consultation et de fermer le dossier.
Qu'arrive-t-il si un pays refuse ce produit? Va-t-on cesser de le commercialiser? Si un petit pays comme la Zambie ne veut pas de blé génétiquement modifié et que l'Union européenne, elle, en veut, que va-t-il se passer? L'incertitude est très grande.
Le sujet va probablement faire l'objet de nouvelles discussions. Il faut, de toute façon, en discuter plus à fond, car si nous voulons que les gens investissent dans la recherche, il faut qu'ils sachent comment le processus va fonctionner — ce qu'on entend vraiment par une évaluation —, sinon, ils n'investiront pas au Canada. Ils vont investir dans la culture du blé australien plutôt que dans la culture du blé canadien.
L'incertitude fait fuir les gens, et c'est ce qui préoccupe nos agriculteurs. Les fonds alloués à l'innovation et à la recherche doivent être dépensés ici. Reste à savoir comment.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Ce que vous dites là est fort intéressant. M. Atamanenko a laissé entendre qu'on lui avait dit qu'il n'était même pas nécessaire de tenir une discussion là-dessus. C'est faux. Ce qui posait problème, à l'époque, c'était le projet de loi. Pas la discussion elle-même, mais un projet de loi qui aurait pu être adopté, qui aurait, en fait, modifié les lois du Canada et imposé une solution, alors qu'il n'avait pas suffisamment fait l'objet de discussions ou de consultations avec l'industrie.
M. Everson et M. White ont tout à fait raison de dire que le gouvernement a un rôle à jouer, sauf que c'est l'industrie qui possède des solutions. Elle a elle aussi son mot à dire. Elle ne veut pas nécessairement avoir un projet de loi qui lui pend au-dessus de la tête. C'est ce qui complique les choses.
Nous avons, M. Atamanenko et moi, parlé de la possibilité de discuter de la question en comité avant qu'un projet de loi ne soit déposé, de tenir un débat — comme nous le faisons maintenant dans le cadre de l'étude sur la biotechnologie —, mais sans nécessairement avoir un projet de loi en main.
Je voudrais maintenant revenir à un point important qui a été soulevé. Monsieur Vandervalk, vous avez parlé des économies que pourraient réaliser les agriculteurs. Je trouve cela intéressant, car un des principaux arguments en faveur de la biotechnologie, c'est que les agriculteurs doivent demeurer compétitifs. Ils doivent réduire le coût de leurs intrants, accroître leur production, mais pas seulement au niveau macroéconomique. Je me demande si vous pouvez nous fournir un peu plus de détails sur les avantages que présente la biotechnologie pour l'agriculteur moyen, les économies qu'elle lui permet de réaliser, économies qui vont lui permettre d'être plus compétitif.
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Volontiers. Excellente question.
Je suppose que, mis à part l'augmentation du revenu, la biotechnologie permet de réaliser des économies grâce à une meilleure utilisation des terres. En termes réels, le fait de tracer deux sillons de moins, par exemple — moins d'équipement, de ressources humaines, de carburant —, représente une économie, si je fais un calcul rapide, qui se situe entre 10 $ et 20 $ l'acre. Il est question de cultiver 19 millions d'acres cette année. On économiserait entre 200 millions et 300 millions de dollars, et nous n'avons pas tenu compte des bienfaits côté environnement.
Je ne sais pas si vous êtes déjà allé à Lethbridge, mais c'est l'endroit le plus venteux en Amérique du Nord. On ne peut pas travailler le sol. C'est impossible. Le vent emporte tout. Les économies qui pourraient être réalisées là-bas sont incalculables.
Donc, rapidement, si l'on réduisait le nombre de sillons, on économiserait entre 10 $ et 20 $ l'acre. Il y aurait d'autres économies aussi.
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Ce sont là de bonnes observations, et je pense qu'il est utile pour le comité d'obtenir des données concrètes sur l'incidence de la biotechnologie sur les agriculteurs. Je crois que nous avons tous l'intérêt des producteurs à coeur et nous voulons tous qu'ils réussissent bien. Lorsque nous avons mené notre étude sur les difficultés économiques touchant la compétitivité de l'agriculture, nous nous sommes penchés là-dessus, et aujourd'hui, vous contribuez à enrichir notre examen.
Dans un autre ordre d'idées, je me suis fait dire à plusieurs reprises que les agriculteurs utilisent le gouvernement et qu'ils sont aussi à la solde des entreprises de semences, ce qui est faux. Comme je l'ai dit, en tant que comité, en tant que gouvernement, nous souhaitons la réussite des agriculteurs et nous voulons leur donner les outils nécessaires à leur réussite. Il faut laisser les agriculteurs décider quels outils ils veulent utiliser.
Vous avez fait valoir un point intéressant, monsieur Phillips. Vous avez souligné que SeCan, un des plus importants fournisseurs de semences, appartient à des agriculteurs, et vous avez également fait quelques commentaires au sujet de la recherche.
J'aimerais revenir sur les observations que vous avez faites en ce qui a trait à la recherche publique par rapport à la recherche privée parce que les gens affirment que tout est mené par de grandes entreprises privées qui souhaitent s'enrichir. Pouvez-vous nous parler de la recherche publique et de la valeur qu'elle a par rapport à la recherche privée, question de déboulonner ce mythe?
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La recherche publique est essentielle. Il y a des sujets auxquels le secteur public s'intéresse qu'aucun... Je sais que le ministre, par l'entremise de la grappe, tente de faire en sorte que la recherche soit davantage axée sur les besoins précis, mais il faut quand même faire un peu de recherche sur des idées qui sont disons fantaisistes.
Je vais vous donner un exemple de travaux de recherche que des entreprises d'engrais ne financeraient jamais. Avant Noël, nous avons rencontré ici, à Ottawa, un chercheur d'Agriculture Canada, qui est en train d'étudier — et cela a des avantages énormes sur le plan de l'environnement et de l'économie — l'idée d'envelopper un engrais, par exemple, d'un polymère spécial qui ferait en sorte que l'engrais ne serait pas libéré jusqu'à ce que le bout de la racine l'atteigne.
Randy, vous êtes un agriculteur, tout comme M. Easter. Imaginez un engrais qui ne se disperserait pas, qui resterait là jusqu'à ce que le bout des racines l'atteigne et qu'ensuite l'enveloppe de polymère s'ouvre pour libérer l'engrais. Aussi, cette enveloppe pourrait se refermer lorsque le niveau d'humidité deviendrait trop élevé pour ainsi préserver l'engrais, ce qui empêcherait qu'il se répande et préviendrait la pollution. Voilà le genre de recherche que le secteur privé ne financerait pas, à moins qu'il prévoit en tirer beaucoup d'argent rapidement.
Le secteur public peut poursuivre ce type de recherche jusqu'à un certain stade, au-delà duquel il doit trouver des partenaires du secteur privé pour aller plus loin. C'est une possibilité, et je dois dire que les agriculteurs sont favorables à la recherche publique. À qui s'adresse l'agriculteur moyen pour obtenir de bons conseils? Il s'adresse à Monsanto, à Bayer, à Syngenta, mais aussi aux chercheurs d'Agriculture Canada, surtout dans le domaine des céréales. À Lethbridge, les agriculteurs aiment bien s'adresser aux chercheurs d'Agriculture Canada pour leur demander ce qu'ils étudient et où en sont les recherches. Ils sont une source fiable et objective, mais Agriculture Canada ne disposera jamais d'assez d'argent pour tout faire tout seul, alors il faut encourager ses chercheurs à aller jusqu'à un certain point et ensuite à trouver des partenaires dans le secteur privé, qui est en mesure d'injecter beaucoup d'argent, pour qu'ils puissent poursuivre leurs travaux.
C'est le genre de choses que nous pouvons envisager.
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Merci, messieurs, d'être venus aujourd'hui.
Vous savez, nous avons entendu beaucoup de choses. Je conviens que le changement climatique et la nécessité de nourrir la planète et d'accroître la production mondiale de 70 p. 100 d'ici 2050 pour pouvoir nourrir les trois milliards d'habitants de plus que comptera la Terre constituent des enjeux de taille. Je pense que la plupart d'entre nous comprennent que la biotechnologie, les OGM en particulier, est un des outils auxquels on peut avoir recours pour faciliter la tâche. En même temps, il existe une vaste gamme de points de vue. Certains préconisent l'absence totale de réglementation, pour laisser le marché s'autogérer, et d'autres réclament l'élimination complète des OGM.
Ce sont ces deux visions qui délimitent cette gamme de points de vue. Mon opinion se situerait probablement quelque part au milieu.
Monsieur White, vous avez dit que le gouvernement doit établir une réglementation parce qu'il doit veiller à la protection de l'environnement, et je ne peux que présumer que lorsqu'on se penche sur la protection de l'environnement, il faut examiner la protection de la biodiversité. L'une des grandes questions qui a été prédominante au cours de cette discussion sur les OGM, c'est la menace à la biodiversité. Essentiellement, on parle du droit à la coexistence de sorte que les organismes non génétiquement modifiés et biologiques puissent se développer sans être menacés, je suppose que c'est le terme à employer, et que les OGM puissent eux aussi se développer sans être menacés, ce qui signifie que les deux types d'organismes peuvent coexister.
Je me demande si l'un d'entre vous peut me dire si, dans le cadre de l'évaluation environnementale effectuée par Santé Canada, la question de la coexistence ou de la menace à la biodiversité est examinée? Je vous pose la question parce que, dans sa motion, M. Easter demande qu'on impose un moratoire en ce qui concerne la luzerne. Nous voulons ce moratoire en vue d'assurer l'intégrité génétique, la production et la conservation de divers organismes génétiquement modifiés, d'organismes naturels et de la luzerne biologique.
Est-ce que l'un d'entre vous peut formuler des commentaires là-dessus?
Monsieur White, je sais que vous avez parlé de cela.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie aussi les témoins.
Ce qui ajoute, selon moi, de la crédibilité à l'exercice d'aujourd'hui, c'est que les représentants de notre organisation de producteurs sont aussi des agriculteurs qui font leur travail chaque année, pour assurer le bon déroulement des cultures et des récoltes, ainsi qu'une production efficace.
Je crois que l'un des meilleurs commentaires que nous ayons entendus, c'est que les gens se tournent vers le gouvernement, car ils le considèrent comme une source neutre et fiable. Je trouve cela incroyable, mais vrai.
Richard, vous nous avez montré une brochure de SeCan. Cela vous dérangerait-il de la remettre au greffier pour que nous puissions la conserver?
Dans le mémoire présenté par le représentant du Conseil canadien du canola, je crois, la recommandation — question d'être clair et de mieux comprendre le processus — est que le gouvernement adopte une politique concernant la présence de faibles concentrations au Canada et appuie l'élaboration de lignes directrices internationales en la matière.
Il n'existe pas de tolérance zéro absolue — nous l'avons tous bien compris —, mais je crois que nous avons besoin d'éclaircissements. Je ne suis pas si sûr que vous vouliez que le gouvernement s'en occupe; alors, pourriez-vous nous décrire un peu le cadre et la façon dont cette initiative serait lancée? Comment le gouvernement pourrait-il intervenir pour que nous ayons des lignes directrices et un régime réglementaire adéquats. Pourriez-vous nous l'expliquer?
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Il y a quelque temps, lors de notre tournée, des témoins nous avaient parlé du cadre réglementaire. J'aimerais profiter de votre présence pour entendre vos commentaires à ce sujet. On nous a dit qu'on souhaitait un cadre réglementaire souple, clair, rapide. On a fait certains commentaires établissant que ce n'est pas le cas en ce moment. Le cadre réglementaire sur les biotechnologies est en place depuis 1993; il serait peut-être opportun de le revoir. Je ne le sais pas, je vous pose la question. Serait-il adéquat, à ce moment-ci, de revoir ce cadre?
Il y a quand même plusieurs ministères qui s'occupent de la biotechnologie et qui ont un mot à dire: l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Santé Canada et Environnement Canada. Il y a de nombreuses lois — au moins une demi-douzaine — qui touchent aussi le domaine de la biotechnologie: la Loi sur la santé des animaux, la Loi sur la protection des végétaux, la Loi sur les semences, la Loi sur les engrais, la Loi relative aux aliments du bétail et la Loi sur les aliments et drogues. J'en oublie peut-être, mais je pense que vous êtes bien placés pour nous dire s'il y a une complexité due à cela.
Je ne dis pas qu'on ne doit pas avoir des règlements et des lois et s'y conformer, au contraire, je suis tout à fait d'accord pour qu'on en ait. Par contre, vous pourriez nous dire si, du côté de l'industrie, vous croyez qu'il y aurait lieu de revoir la façon dont le gouvernement encadre les biotechnologies et de voir ce qui pourrait être fait, comme le disait justement un de nos témoins, pour rendre le cadre réglementaire plus souple, plus clair, plus rapide.
Si vous avez des exemples de cas où vous avez essayé d'avancer avec certaines biotechnologies et que le cadre réglementaire y mettait un frein, j'aimerais les connaître et savoir s'il y a des éléments que vous aimeriez modifier et améliorer.
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Je repense toujours à la phrase, dans le film
Jusqu'au bout du rêve: « Si tu le construis, ils viendront. »
Un des problèmes qui se présentent pour nous, c'est les nombreux dérapages, en particulier concernant les céréales dans l'Ouest. Par exemple, un faible pourcentage des producteurs d'orge paient entièrement pour la recherche, car la contribution est déduite du paiement final de la Commission canadienne du blé et beaucoup d'orge est cultivée sans que le producteur n'ait une contribution à verser. Seulement un petit nombre d'agriculteurs contribuent à la recherche.
À la table ronde sur l'innovation dans le secteur des grains, nous venons de mettre sur pied un petit comité sur le financement de la recherche. Je serai coprésident avec Don Dewar, de la Fondation de recherches sur le grain de l'Ouest. Nous allons aussi étudier comment nous pouvons augmenter les fonds investis par les agriculteurs.
Par exemple, au Québec, si on veut profiter des bonnes assurances-récoltes, on achète des semences certifiées. Par rapport à ce que nous faisons dans l'Ouest, on investit beaucoup dans la recherche sur les variétés de semences. Les discussions ne porteront pas vraiment sur le canola, car les gens achètent des semences, mais nous allons demander à ceux qui cultivent d'autres végétaux s'il importe de verser une redevance quand les récoltes sont vendues. Il faut savoir si un pourcentage des gains doit aller dans la recherche. C'est ce qui se fait en Australie, où on a de l'avance sur nous concernant les céréales.
Il est difficile de donner un chiffre précis et de savoir s'il faut doubler ou tripler les contributions actuelles, monsieur Storseth. Je pense que nous allons montrer beaucoup de leadership dans les six prochains mois concernant ce que nous souhaitons et la façon d'améliorer et d'augmenter les contributions. Nous vous demanderons ensuite si vous voulez participer à titre de partenaires.
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Quoi qu'il en soit, ne nous éloignons pas de notre sujet.
Je remercie les témoins de leur présence.
Messieurs, vous représentez beaucoup d'agriculteurs, qui exploitent une grande partie des terres cultivées. Ces deux ou trois dernières années, nous avons examiné beaucoup de problèmes et d'occasions. Nous avons discuté des changements climatiques, de la dégradation des sols et de l'augmentation de la demande alimentaire mondiale. Un facteur déterminant, c'est la sensibilisation des consommateurs et de la population à la façon dont nous cultivons les végétaux et à ce que nous allons cultiver au pays.
Je ne pense pas qu'il y a 50 ans, nous aurions prédit avec justesse ce qui est cultivé sur les terres à l'heure actuelle.
Selon vous, quelle technologie allons-nous utiliser, quels végétaux et quelles variétés allons-nous cultiver et comment allons-nous le faire dans 20 ans? Certains ont parlé de ce qui se fait en Australie, en Argentine ou ailleurs, mais au Canada... qu'allons-nous cultiver sur les terres, à votre avis? Je sais que vous représentez les producteurs de certains végétaux, mais pensez à tout ce qui a changé depuis 50 ans. Qu'allons-nous cultiver sur les terres et comment allons-nous le faire?
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Je peux juste comparer avec le canola et les cultures spéciales. Un des gros changements pour nous, c’est que nous pourrions conclure des contrats à terme. On pourrait mieux envisager les risques, car le prix et le délai de livraison seraient fixés.
Le plus gros problème en ce moment, c’est le service ferroviaire. Certains de mes voisins n’ont pas encore expédié un seul boisseau de blé. Je suis très sérieux. Pas un seul, et nous sommes à la fin mars.
Un des problèmes, c’est qu’il y a trop d’intervenants. Il y en a trois: les créanciers-exportateurs, comme les propriétaires de silos, la Commission canadienne du blé et les transporteurs ferroviaires. Ils se blâment mutuellement, mais personne n’accepte la responsabilité. La commission blâme les transporteurs ferroviaires ou les créanciers-exportateurs. Ces derniers blâment la commission ou les transporteurs ferroviaires.
Il est difficile de négocier avec certains représentants de la commission, car ils sont un peu déconnectés. Je vous donne un exemple. Vous négociez une entente avec un silo en particulier, parce que vous avez des grades différents à vendre. Selon l’entente, vous allez livrer vos grains au silo qui vous en donnera le grade. Pour une raison ou une autre, l’entente tombe à l’eau. Vous contactez la commission pour leur dire que, finalement, vous n’avez rien livré au silo, et on vous dit d’appeler d’autres silos.
Ça ne fonctionne pas de cette façon. On ne peut pas livrer nos grains où l’on veut. Il faut conclure des ententes. C’est comme ça que ça fonctionne.
Donc, il y a beaucoup d’accusations de part et d'autre. Il faut éliminer des intervenants. Ça, c’est une chose. C’est juste que… Ça n’a rien à voir avec la Commission canadienne du blé — elle est utile et elle fait partie du système. Le problème, c’est le monopole qu’elle exerce. C’est aussi simple que cela.
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Merci, monsieur le président.
Avant de poser mes questions, compte tenu des élections qui pourraient se tenir prochainement, j’aimerais profiter de l’occasion pour souhaiter à tous mes collègues la meilleure des chances sur le plan personnel — sur le plan électoral, c’est une autre histoire. Vous êtes devenus des amis autour de cette table. Vous vous êtes bien comportés au cours de cette session, notamment au cours de la présente étude.
Je veux simplement vous souhaiter bonne chance. C’est toujours un honneur d’être député dans notre merveilleux pays. Je crois que nous pouvons tous être fiers de ce que chacun de nous a fait dans ce que nous croyons être le meilleur intérêt des agriculteurs. Encore une fois, je vous souhaite bonne chance dans vos projets personnels. La réussite électorale dépendra des électeurs.
Maintenant, les questions. Je vais commencer par faire un peu d’histoire. En 2005 — et Stephen, vous pourrez nous en parler, puisque vous connaissez la situation dans les Prairies —, nous perdions des agriculteurs. Le secteur bovin s’écroulait. La culture du canola était peut-être le seul point positif, et encore, puisque le boisseau se vendait à 6 ou 7,00 $ à l’époque.
Comment cette situation se compare-t-elle avec ce que nous vivons d’aujourd’hui?