:
Merci beaucoup, monsieur le président.
C'est un grand plaisir pour moi de m'adresser à votre comité et je vous remercie de nous avoir invités.
[Français]
D'abord, je m'excuse de parler seulement en anglais. Toutefois, si vous avez des questions en français, j'essayerai de vous répondre.
Une voix: Faites un petit effort.
M. Duncan McKie: D'accord, je vais faire un petit effort. Ma femme est originaire de Val-d'Or. Il est donc obligatoire de parler français.
[Traduction]
Merci encore.
La Canadian Independent Music Association, qui était autrefois la CIRPA, représente depuis 30 ans les sociétés canadiennes de production musicale de langue anglaise. Aujourd'hui, la CIMA regroupe plus de 170 sociétés membres, dont des maisons de disques, des éditeurs de musique, des agents d'artistes et d'autres professionnels de la musique de tout le pays.
La CIMA s'intéresse essentiellement à la production et à la commercialisation de musique canadienne de langue anglaise, son rôle consistant à appuyer les entreprises et les créateurs qui font que la production musicale canadienne est unique au monde.
Le Canada produit chaque année 2 000 nouveaux titres, c'est-à-dire des albums en anglais. Cette productivité est constante depuis plusieurs années, malgré les grosses difficultés auxquelles le secteur est confronté par l'avènement du partage de fichiers à grande échelle. Le Canada s'est doté d'un régime de réglementation du contenu canadien pour la radio, conjugué à des mesures de soutien financier de Patrimoine canadien et d'autres organismes mandatés par le CRTC.
D'autres pays qui n'ont pas eu la sagesse et la volonté politique d'adopter des régimes similaires admirent le régime canadien et, bien souvent, l'envient. La majeure partie de la production musicale actuelle du Canada ainsi que du catalogue récent d'oeuvres musicales a été numérisée, et les producteurs sont conscients de la nécessité de diffuser leurs oeuvres dans le monde entier sous forme numérique, dans les formats adéquats et avec des méta-données permettant de suivre l'évolution des ventes et de la diffusion, et ils répondent à ce besoin. Cet effort dure depuis un certain temps et commence à porter fruit, comme le montrent les ventes internationales des sociétés canadiennes.
Cela dit, l'ère du numérique apporte avec elle un nouveau moyen de production et un large éventail d'outils pour stimuler les ventes par un marketing créatif. Elle permet d'avoir accès à de nouveaux marchés et rend possible la distribution mondiale des oeuvres à un coût largement inférieur à celui du monde physique. Les médias sociaux et d'autres outils permettent à nos créateurs d'entrer en contact de manière nouvelle et différente avec un marché beaucoup plus vaste et de faire connaître ainsi la créativité canadienne à un nouveau public.
Le secteur canadien de la musique a été l'un des premiers secteurs culturels à embrasser cette nouvelle réalité et à en tirer un avantage concurrentiel mondial. Il a été l'un des plus innovateurs dans l'élaboration d'un système mondial de marketing et de distribution par lequel il est possible de vendre du contenu canadien en ligne sur les marchés émergents les plus nouveaux et les plus vastes, comme la Chine, l'Inde et les économies croissantes du Brésil, de la Russie et de la Corée, ainsi que sur les marchés traditionnels comme les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Union européenne, où les ventes de musique enregistrée sont plus fermes et, dans bien des cas, s'améliorent.
Malgré ce progrès, nous sommes encore en butte au piratage numérique généralisé, à la fois de la part de consommateurs individuels et, de manière plus organisée, de sites P2P — poste à poste — opérant sans restriction. Cela s'est traduit par une chute brutale et bien documentée des ventes intérieures de disques, phénomène qui empêche les producteurs canadiens de gagner suffisamment d'argent pour payer leurs dettes et réinvestir dans de nouvelles oeuvres, surtout d'artistes et de musiciens canadiens.
D'aucuns affirment que ce problème ne touche que les plus grands acteurs de l'industrie mondiale de la musique, idée fallacieuse qui détourne l'attention de la situation canadienne où les petits acteurs nationaux sont plus gravement exposés que les grandes multinationales oeuvrant au Canada.
Les ventes canadiennes de contenu musical numérique sont à peu près la moitié de ce qu'elles sont aux États-Unis et, alors que la Grande-Bretagne et l'Allemagne abritent respectivement plus de 50 et 40 services nationaux légaux de téléchargement, l'équivalent au Canada est moitié moins élevé, et beaucoup des sites ne sont que des copies génériques d'autres sites. En outre, alors que des appareils mobiles comme ceux de Nokia viennent avec de la musique, et que beaucoup d'autres prolifèrent en dehors du Canada, le marché canadien a été remarquablement stagnant en ce qui concerne les nouveaux services mobiles de musique. Nous croyons que l'absence d'innovation dans ce secteur est un obstacle majeur à l'expansion des ventes de nos producteurs nationaux.
En réponse à ces défis, les sociétés sous propriété canadienne se sont efforcées d'être moins tributaires de la musique enregistrée comme source de revenus et ont créé d'autres canaux de vente. Ce nouveau modèle, appelé parfois modèle commercial 360 ou modèle holistique, consiste à développer le potentiel de recettes de l'artiste par la vente d'enregistrements sous forme physique et numérique et par les recettes issues des droits d'édition, des droits de télévision et de cinéma, des concerts et de la vente de produits dérivés. Une bonne partie de ce commerce se fait par Internet sans exiger d'interaction face à face. Toutefois, cela n'est au mieux qu'une stratégie de transition prometteuse, et une stratégie qui met en danger l'industrie de la musique enregistrée et impose à l'artiste un lourd fardeau de tournées.
Il est clair que cette solution a ses limites et que, sans revenus des enregistrements, les carrières des artistes seront écourtées, et le déclin prévisible de l'enregistrement nuira certainement à la réputation du Canada et réduira sa production culturelle.
Les industries créatives du Canada doivent faire concurrence et réussir sur un marché mondial, ce qui n'est pas nouveau mais, plus que jamais, le succès à l'étranger sera crucial pour la réussite à long terme des artistes canadiens, à cause du déclin de leur marché intérieur. Or, les pays où nous essayons de prendre pied et de réussir sont en même temps beaucoup plus actifs et utilisent les mêmes outils virtuels que les Canadiens pour vendre leurs propres productions en Amérique du Nord.
Les artistes européens créent leurs oeuvres et se produisent largement en anglais. Il existe aujourd'hui sur MySpace des millions de pages d'artistes musicaux étrangers. Étant donné ce niveau élevé de concurrence, enregistrer un disque et le mettre en vente sur MySpace ou YouTube n'est tout simplement plus suffisant. Alors qu'un artiste canadien indépendant et solide pouvait s'attendre à vendre 50 000 copies au Canada il y a 10 ans, une vente de 5 000 est aujourd'hui jugée exceptionnelle. Les artistes primés ne vendront au mieux que 20 000 copies de leurs albums les plus récents.
Cela ne permet pas de vivre. Face à ce succès limité, les artistes canadiens utilisent l'aide publique et leurs propres ressources pour faire des tournées à l'étranger, afin d'élargir leur public et de créer un marché pour leurs oeuvres. Par exemple, le nombre d'artistes canadiens faisant des tournées en Australie peut atteindre jusqu'à 350 en une année, et on peut en trouver jusqu'à 140 au festival de musique South by Southwest qui se tient pendant trois jours à Austin en mars.
Cette activité est cruciale pour notre industrie. Bien qu'il puisse sembler contradictoire que les Canadiens doivent se produire à l'étranger pour préserver une industrie culturelle au Canada, nous pensons que c'est la seule manière de continuer à obtenir suffisamment de revenus commerciaux pour continuer notre travail. Si l'on en croit les exemples de succès récents sur les marchés européens et britanniques, plus un artiste est prometteur, meilleures sont les perspectives pour la musique populaire canadienne.
Si nous voulons continuer à créer et à commercialiser notre musique populaire, il faut que les gouvernements, à tous les paliers, continuent d'investir dans les sociétés et artistes canadiens, surtout en ce qui concerne l'accès aux marchés étrangers. La CIMA, qui est l'organisation la plus active dans le développement des possibilités d'exportation de musique canadienne, a organisé des missions canadiennes dans le monde entier, notamment au Royaume-Uni et en Europe, jusqu'en Bulgarie, ainsi qu'au Japon, en Chine, à Singapour, en Australie, en Amérique du Sud — surtout en Argentine et au Brésil — et aux États-Unis, qui reste notre plus important marché d'exportation de musique.
Avec l'aide du gouvernement ontarien, nous avons recruté des représentants à temps partiel à Londres, à Los Angeles et à Singapour pour aider nos sociétés et nos artistes désirant faire des tournées et vendre dans ces régions. Nous offrons un moyen efficient et efficace d'avoir accès à ces marchés et d'appuyer la marque musicale canadienne dans les deux langues.
Nous tenons à remercier Patrimoine canadien de l'aide continue qu'il dispense par le Fonds de la musique du Canada, et nous pouvons vous assurer que cette aide est utilisée de manière responsable et productive. Toutefois, nous avons besoin d'une aide supplémentaire si nous voulons atteindre notre objectif d'accroissement de la part canadienne du marché mondial de la musique. Dans ce contexte, les retombées financières de choses telles que les droits d'auteur et le régime de la copie à usage privé seront cruciales pour nos succès futurs, et on ne devrait donc pas les réduire ou les laisser s'atrophier.
En fin de compte, nous devons jamais oublier que le succès des sociétés canadiennes de production musicale et de leurs artistes bénéficient à chacun d'entre nous. Les Canadiens en sont conscients et ont toujours entériné l'aide du secteur public à leurs industries créatives. Chaque Canadien est très fier du succès international d'artistes tels que Michael Bublé, Leslie Feist, Arcade Fire, Metric et Bruce Cockburn. Avec votre aide, nous continuerons ce bon travail.
Merci.
:
Merci beaucoup. Je vous remercie de nous avoir invités aujourd'hui.
Je m'appelle Don Quarles et je suis le directeur générale de l'Association des auteurs-compositeurs canadiens. Je veux parler en anglais. J'espère que ça ne vous dérange pas. Mon français est limité. Merci beaucoup de nous avoir invités à témoigner.
Brièvement, l'AACC est une organisation nationale à but non lucratif du secteur des arts. Nous existons depuis un peu plus de 27 ans. Dans l'ensemble, nous sommes les porte-parole des auteurs-compositeurs canadiens mais nous sommes surtout connus pour le travail d'éducation que nous menons auprès des aspirants auteurs-compositeurs du pays. Nous avons eu la grande chance de bénéficier de certains crédits de Patrimoine canadien, par le truchement du Fonds pour la musique du Canada, et de la Fondation SOCAN. Nous sommes ravis d'avoir pu organiser littéralement des centaines d'événements au cours des années où ce financement a existé.
Le partage de fichiers musicaux est sans doute le problème le plus grave que connaît aujourd'hui le secteur de la musique, mais c'est en même temps un atout potentiellement énorme pour les créateurs, offrant une opportunité rare. Je sais que cette affirmation est un peu controversée mais nous y croyons vraiment. Nous croyons que le partage de fichiers musicaux, une fois qu'il est monnayé, devient sa propre solution, comme ce fut plus ou moins le cas de la radiodiffusion, qui était considérée comme un problème dans les années 1920.
Netflix, iPad, Kindle et d'autres appareils et modèles sont devenus des canaux de diffusion légaux importants pour le film et le livre. Les autres industries culturelles essayent de s'adapter au numérique, dans lequel il n'existe pas de solution passe-partout.
Dans le cas de la musique, une décennie après l'avènement de Napster, des services légaux comme iTunes représentent moins de 10 p. 100 de la musique acquise au moyen des réseaux câblés et sans fil. La grande majorité des artistes et des auteurs-compositeurs ne gagnera jamais sa vie grâce aux concerts, aux produits dérivés et à d'autres sources.
On entend souvent dire aujourd'hui, et c'est un mythe: pourquoi ne pas prendre la route et faire une tournée? Donnez 300 concerts par an, dormez par terre et conduisez une camionnette Ford Econoline de 12 ans. Vous terminerez quand même l'année sans un sou en poche. C'est généralement ce qui se passe, sans parler du fait que vous n'aurez pas encore payé les auteurs-compositeurs qui ne font pas partie de l'orchestre, ni le producteur, ni le studio d'enregistrement, ni personne d'autre. Pourtant, des millions de iPods, iPhones et autres MP3 se vendent chaque année, et des dizaines de milliards de chansons s'échangent par Internet.
L'AACC défend vigoureusement le droit d'auteur. Nous avons examiné plusieurs modèles différents et avons consulté tous ceux qui pourraient nous aider à trouver une solution, y compris d'autres organisations de créateurs, des producteurs indépendants, de grandes maisons de disques, des futuristes et des experts internationaux du droit d'auteur. En fin de compte, l'AACC a fait ce que font tous les grands auteurs-compositeurs: elle a pris les meilleures idées pour en faire une synthèse.
L'idée et la solution sont le fruit de deux méthodes solides et éprouvées de monnayage des oeuvres protégées par le droit d'auteur. La première est l'administration collective des droits d'interprétation, et la deuxième, la télévision par câble. La méthode des droits d'interprétation existe depuis 160 ans ou plus et a fait ses preuves. Les recettes — en tout cas au Canada — ont augmenté de 40 p. 100 pendant les 10 années où les maisons de disques ont subi une baisse de près de 50 p. 100.
Comme pour les droits d'interprétation, nous proposons la perception d'un droit de licence pour le partage de fichiers, pas d'une taxe. L'utilisateur final aurait une licence dont les recettes seraient versées dans un fonds commun et distribuées au prorata — sur la base d'une collecte de données non intrusive — aux auteurs-compositeurs, aux interprètes, aux maisons de disques et aux éditeurs. Les consommateurs continueraient d'utiliser la technologie qu'ils préfèrent, comme BitTorrent, Gnutella et les réseaux sociaux.
Dans le deuxième modèle, celui de la télévision par câble, les FSI et les fournisseurs d'appareils mobiles deviendraient des partenaires commerciaux. Essentiellement, nous pourrions tous avoir accès à un choix de contenu pré-programmé. On nous rétorquera peut-être que l'accès et le contenu ont déjà été monnayés. Notre réponse est que nous espérons rendre cela aux créateurs.
Vous me demanderez peut-être ce qu'on pourrait faire payer pour quelque chose comme ça. Ça pourrait être 1 $ ou 5 $ par mois. Pour vous donner une idée des chiffres, si c'était 3 $ par mois au Canada pour une licence familiale, cela produirait plus de 360 millions par an. À titre de comparaison, SOCAN, notre organisation de gestion des droits d'interprétation, tire actuellement 250 millions de dollars des droits d'interprétation. Pour les États-Unis, on peut probablement multiplier ces chiffres par 10.
Un tel modèle offrirait d'autres avantages, ceci dit au cas où vous ne seriez pas préoccupés que par l'argent. Les technologies de partage de fichiers musicaux offrent aux créateurs un système mondial de distribution rémunérée, quel que soit leur niveau d'accomplissement et leur genre musical. Pour les créateurs établis, ce modèle offre un outil sans précédent de marketing mondial et de distribution. Pour les aspirants créateurs, pour ceux qui oeuvrent dans des genres très spécialisés, ainsi que pour les créateurs ethniques et autochtones, ce serait l'occasion d'attirer un public mondial. En règle générale, les maisons de disques ne s'intéressent pas à ces gens-là, et ils auraient donc un moyen pour trouver un public et gagner suffisamment d'argent pour s'épanouir.
En ce qui concerne les maisons de disques et les éditeurs de musique, le partage de fichiers offre de nouvelles sources importantes de revenus secondaires. Leur expertise en développement des artistes, en marketing et en promotion sera cruciale pour développer la carrière des interprètes et auteurs-compositeurs émergents.
L'objectif de la plupart des artistes et des auteurs-compositeurs est de sortir de la masse. Cela a toujours été et restera leur problème, et personne mieux que les maisons de disques ne peut les y aider.
En ce qui concerne les FSI, ils pourront réduire leurs coûts de bande large, développer de nouvelles synergies et différencier leurs services. Ils pourront entreposer les chansons populaires sur leurs propres serveurs protégés, créer leurs propres portails, vendre des services à valeur ajoutée, etc.
En bout de ligne, le public, les fans ou ceux d'entre nous qui… On nous qualifie parfois d'utilisateurs, de consommateurs ou de pirates. À la différence de nos collègues des maisons de disques et des éditeurs de musique, les auteurs-compositeurs et les artistes ont une relation directe avec leur public parce que celui-ci apprécie ce qu'ils font. L'objectif essentiel est de lui donner accès à ce que nous faisons et d'être rémunérés pour cela. Ça semble être un résultat gagnant-gagnant.
En contrepartie d'un paiement mensuel raisonnable, les gens continueront de faire ce qu'ils font, ils n'auront pas à changer leurs habitudes, et les mesures de lutte contre la violation du droit d'auteur auront finalement un sens. Selon une étude de 2008 de l'université du Hertfordshire, 80 p. 100 de ceux qui partagent des fichiers seraient prêts à payer pour pouvoir le faire légalement.
Si vous ne pouviez pas acheter de pain, vous devriez le voler. Il est absurde de s'attaquer aux gens qui partagent illégalement des fichiers tant qu'on ne leur propose pas d'option légale. Si 80 p. 100 d'entre eux sont prêts à payer, et si les autres services, comme iTunes, en représentent 10 p. 100 d'autres, il ne reste un problème de partage illégal que pour 10 p. 100 du public total, et non pas 95 p. 100 comme aujourd'hui.
Comme les clubs de Paris au XIXe siècle et les radiodiffuseurs au XXe siècle, la violation du droit d'auteur a précédé le système de licences. L'instauration d'un droit de licence a débouché sur l'innovation, la croissance et de la belle musique.
En règle générale, ce sont les détenteurs du droit d'auteur qui pourchassent les utilisateurs, pas le contraire. Croire qu'un système de licence étouffera l'innovation va tout simplement à l'encontre de l'histoire. Les gens ont toujours partagé de la musique et en partageront toujours. Partager de la musique a toujours fait partie de notre culture. Tous ceux d'entre nous qui font de la musique sont une partie essentielle de cette culture.
Ceux qui travaillent avec nous pour la monnayer ont devant eux un bel avenir et, à notre avis, un avenir profitable. L'Association des auteurs-compositeurs du Canada, de concert avec d'autres groupes de créateurs, des groupes de consommateurs, des collectifs et des détenteurs de droits, s'efforce de mettre sur pied un projet pilote interentreprises pour mettre ses idées à l'essai dans un avenir proche. Nous invitons nos collègues et toutes les parties concernées à creuser ces nouvelles idées avec nous, et nous demandons au comité permanent d'appuyer cette initiative afin d'assurer un avenir aux créateurs canadiens de musique.
Je vous remercie de votre attention.
Le collectif fonctionnerait probablement de manière assez semblable aux autres systèmes collectifs qui existent, comme celui de la SOCAN, qui ne fait que distribuer les recettes aux artistes, aux auteurs-compositeurs et aux éditeurs. Ceux de la copie privée auraient aussi une distribution.
Voici les détails du processus. Notre concept est d'instaurer un droit de licence qui serait payé au point d'accès au réseau. Dans mon cas, je paierais Rogers. L'argent que j'aurais payé serait versé dans un fonds commun et serait distribué de manière transparente.
Il y a aujourd'hui un certain nombre de firmes qui mesurent cette utilisation. Nous avons travaillé avec l'une d'entre elles pour obtenir des données. Il s'agit de BigChampagne, en Californie. Elle mesure essentiellement le trafic de BitTorrent, c'est-à-dire les fichiers partagés. En fait, elle fait cela pour les grandes maisons de disques afin de leur dire combien d'argent elles perdent, ce qui peut paraître paradoxal.
Quoi qu'il en soit, l'argent irait dans un fonds commun et nous proposons qu'il soit distribué au prorata. Voici un exemple. Disons que 10 000 fichiers de Bryan Adams sont partagés cette semaine, et deux des miens. Je recevrai ma part de ce gâteau. C'est comme ça que le collectif distribuerait l'argent.
M. Scott Simms: Pas parce que vous avez moins de talent, bien sûr.
M. Don Quarles: Évidemment.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous deux de la présentation à la fois claire et intéressante que vous avez faite.
Monsieur McKie, vous êtes dans le domaine de la création. On s'entend donc parfaitement sur le fait que les créateurs doivent être protégés. Dans le domaine du numérique, c'est le créateur qui, au départ, assure le bénéfice de l'organisation qui va évoluer par la suite. S'il n'y a pas de créateur, il n'y a pas de création; s'il n'y a pas de création, il n'y a pas de distribution; s'il n'y a pas de distribution, il n'y a pas de marché; s'il n'y a pas de marché, il n'y a pas de profit. C'est le créateur qui est le plus important dans ce processus. Jusqu'à un certain point, il est la poule aux oeufs d'or.
Nous voyons — et tous les autres groupes qui ont comparu avant vous nous l'ont dit — que plus il y a une concentration du marché du numérique à l'échelle internationale, moins les créateurs font d'argent. On s'est rendu compte au départ que les nouveaux supports numériques comme, les MP3, ne faisaient pas l'objet d'une surveillance et que les gens s'en servaient pour faire des copies sans avoir à payer quoi que ce soit. C'est pourquoi Mme Lavallée, ma collègue qui est ici d'habitude, a présenté d'abord au comité, puis à la Chambre, une proposition voulant que les supports audio comme les MP3 englobent ceux qui ont une mémoire interne et qu'une redevance soit payée à l'achat de ces appareils. On a soumis cette proposition à la Chambre et celle-ci a fait l'objet d'un débat.
Monsieur McKie, que pensez-vous de cette option, qui permettrait d'obtenir les fonds qui manquent à nos créateurs?
Cette discussion est fascinante.
Monsieur Quarles, vous aviez une camionnette Econoline vieille de 12 ans. La nôtre était vieille de 15 ans quand nous faisions des tournées. Il est intéressant de dire que le piratage a détruit le marché. Quand nous avions 18 ans et que nous étions sur la route, nous pouvions jouer six soirs par semaine. Nous n'avions pas beaucoup d'autres solutions. Ce n'est pas que nous étions un groupe extraordinaire mais, quand nous arrivions à Waterloo, les gens n'étaient pas en train de jouer avec la Wii ou de faire 10 millions d'autres choses.
Le marché a beaucoup changé, pour de nombreuses raisons. Les gens buvaient beaucoup plus dans les bars, à l'époque, ce qui n'est pas un facteur négligeable. On n'engageait pas un orchestre pour avoir de la musique mais pour vendre de l'alcool. Il y a toutes sortes de facteurs en jeu, comme le changement démographique. Aujourd'hui, comme vous dites, le modèle est brisé. Le vieux modèle ne reviendra pas. Il va falloir trouver autre chose.
Votre exemple m'intéresse beaucoup parce que nous avons connu les mêmes menaces technologiques dans le passé. Dans les années 1920, les musiciens ont eu peur de l'industrie du disque. Si vous enregistrez notre musique, disaient-ils, les gens n'engageront plus de musiciens. Une fois que l'industrie du disque s'est bien implantée, les maisons de disques ont eu peur de la radio en disant que plus personne n'achèterait de disques. Je suis allé aux réunions de la Future of Music Coalition, à Washington, où T Bone Burnett a présenté une statistique fascinante. Il a dit que les ventes de disques avaient chuté de 80 p. 100 à la fin des années 1920, et de 91 p. 100 au début des années 1930. Je suis sûr que la Dépression y était pour beaucoup.
A-t-on interdit la radio? L'a-t-on mise sous clé? On a monnayé la production. Une fois que la production a été monnayée, on avait trouvé un nouveau modèle.
Avec votre option, M. Quarles, il y a eu des tentatives pour faire ça: la SOCAN contre l'association des FSI canadiens. Un jugement a été rendu contre la SOCAN parce que la cour a dit que les tuyaux eux-mêmes n'ont strictement rien à voir avec ce qu'il y a dedans, et qu'on ne peut pas les tenir responsables à moins de les avoir informés d'une infraction au droit d'auteur.
Étant donné que les FSI vendent maintenant leur propre contenu — ce sont des distributeurs de contenu —, ils font aussi la mesure approfondie des paquets et ont donc une très bonne idée de ce qui passe dans leurs tuyaux. Puisque des mécanismes de mesure comme BigChampagne peuvent mesurer le trafic de BitTorrent, ne pourrait-on pas envisager, en dehors du modèle interentreprises, qu'ils acceptent volontairement le système, mais que le jugement originel de la SOCAN contre les FSI canadiens puisse être cassé parce qu'ils ne peuvent plus vraiment dire qu'ils ne savent pas ce qui passe dans leurs tuyaux?
:
Puis-je ajouter un mot?
Avec l'ADISQ, du Québec, nous représentons la quasi-totalité de la production canadienne de disques au Canada et nous détenons donc tous les droits d'auteur des choses qui seront échangées sur ces réseaux. Je ne veux pas débattre avec Don des mérites du système mais j'ai été chercheur pendant 25 ans, et les dernières recherches que j'ai faites, avant d'entrer dans cette association, portaient sur ce phénomène. La moitié des Canadiens n'a jamais acheté de CD en 2005. La moitié de nos concitoyens n'a jamais acheté de musique. En outre, la première tranche d'acheteurs, les premiers 20 p. 100, en ont acheté entre 15 et 20 par an.
Donc, le marché de la musique au Canada a toujours été fortement déséquilibré. Les jeunes hommes de 18 à 34 ans achètent beaucoup de choses, continuellement. Quand vous parlez d'option de renonciation, le problème que cela pose, si l'on se fonde sur les données historiques, c'est que la moitié des gens renonceront, ce qui réduira immédiatement les recettes de moitié. C'est un problème, à notre avis.
Ce n'est pas que nous n'apprécions pas la détermination de l'AACC à nous payer. Ça nous plaît beaucoup, c'est très bien, et je pense que c'est une idée intéressante à examiner, mais nos sociétés, comme j'ai tenté de l'indiquer dans ce document, partent d'une hypothèse différente, c'est-à-dire que ceci ne marchera pas et qu'elles devront créer de nouveaux modèles commerciaux dans lesquels les flux de recettes viendront d'autres secteurs pour appuyer leurs artistes. C'est dans cette voie que nous avançons aujourd'hui. Je parle ici des « Canadian cool kids », comme Arts & Crafts, qui ont Broken Social Scene et des sociétés comme ça. Ils ne partent pas du principe que c'est de cette manière qu'ils seront payés.
:
Monsieur Richards, j'aimerais essayer de vous répondre.
Si vous examinez les revenus annuels des sociétés de musique du monde entier, vous verrez que certaines ont de bons résultats. Il y a là une leçon pour le Canada. Lesquelles et pourquoi? Il y a la Suède, ainsi que le Royaume-Uni, l'Australie et la Corée. Il n'y a pas que de mauvaises nouvelles.
L'une des choses que possèdent ces pays, c'est un développement infrastructurel très vigoureux dans le secteur de la mobilité et le secteur des FSI. C'est quelque chose que nous n'avons pas ici, sérieusement. C'est un vrai problème pour le Canada. Il y a 10 ans, nous étions l'un des pays les plus avancés au monde en termes de connectivité, mais nous avons pris beaucoup de retard depuis. Dans le classement de l'OCDE, nous sommes au 27e ou 28e rang, aussi bien en coût par personne qu'en vitesse de réseau. Il n'y a pas de quoi être fier.
Ce qu'envisage le gouvernement de l'Ontario — je sais que vous n'aimez pas prendre de leçons de M. McGuinty, « le premier papa » —, c'est de mettre sur pied des choses comme des fonds de capital-risque pour financer le développement de l'infrastructure. Les gouvernements obtiennent un rendement de ce genre d'investissement, en bout de ligne, et ce ne sont pas simplement des subventions ou des prêts. Dans le cas de l'Ontario, les montants ne sont pas négligeables: 100 millions de dollars, 150 millions, auxquels auraient accès nos sociétés et d'autres pour développer l'infrastructure de distribution du Canada.
Quand on réalise que nous n'avons que 20 sites de téléchargement alors que les Allemands en ont 50, il ne faut pas se demander pourquoi leurs ventes de musique numérique augmentent. Ils ont tout simplement un meilleur système de distribution, ce que nous n'avons pas. En fait, nos FSI ont été vraiment paresseux, avec tous ces monopoles, bien sûr, et ils n'ont pas fait l'effort de développer l'infrastructure de distribution.
Il faut donc tenir compte de tout cela. Je suis d'accord avec Don, il n'y a pas qu'un seul problème. Il y a tous les autres éléments à prendre en compte, mais il y a aussi en ce moment un élément critique qui est d'agir pour relancer les ventes.
:
Bonjour. Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner. J'ai lu la plupart des rapports que vous avez publiés, le dernier remontant au mois d'avril, je crois.
Je vais d'abord vous dire qui je suis. Je suis Canadien et fier de l'être, mais je vis et travaille aux États-Unis. J'ai quitté le Canada en 2004 pour aller travailler au Royaume-Uni parce que je voulais comprendre le secteur du mobile et qu'il ne s'y faisait rien en Amérique du Nord. J'avais une société de production télévisée et une société de publicité que j'avais tenté de fusionner, ce qui était peut-être une erreur. Je pensais qu'il y avait là une occasion à saisir mais ça n'a pas marché comme je l'espérais. Je suis parti parce que les problèmes de financement d'émissions télévisées étaient tellement difficiles à résoudre et prenaient tellement de temps qu'il m'a semblé préférable d'aller voir ailleurs.
J'ai un passeport européen et je suis allé en Europe. Je me suis retrouvé chez Endemol, l'une des plus grandes sociétés au monde de production télévisée. Elle produit des choses comme Deal or No Deal, Big Brother et beaucoup d'autres émissions célèbres dans le monde entier, notamment de télé-réalité.
Je me suis donc retrouvé là, heureusement, et Endemol appartenait alors à Telefónica, un conglomérat espagnol géant qui possédait également O2, le plus grand exploitant de téléphonie mobile du Royaume-Uni. C'était très intéressant de voir ce qui se passait chez un exploitant de téléphonie mobile car ça m'a permis de réaliser que rien n'allait se faire avant cinq ou sept ans, tellement c'était archaïque. C'était très difficile de faire quoi que ce soit, nous traitions avec des producteurs internes du contenu, ce qui n'arrangeait pas les choses.
Chez Endemol, j'ai vu en 2005 qu'il y avait une possibilité de créer un service de développement d'une plate-forme multimédias. Ils m'ont donné un peu d'argent, je l'ai créée, et tout a bien marché pendant environ un an. Je suis revenu quelque mois au Canada puis je suis parti à New York travailler pour une société qui s'appelle Joost. C'était probablement l'une des toutes premières sociétés au monde de vidéo par Internet, et elle a englouti 100 millions de dollars en deux ans. C'était le chef de file mondial. Incroyable.
Je dois dire que ce fut une expérience extraordinaire, qui m'a beaucoup appris. Elle appartenait aux types de Skype, les types qui ont créé Skype et Kazaa. C'était un réseau de partage de fichiers poste à poste.
Je ne suis arrivé ici qu'à 16 heures et je vous ai entendu parler de BitTorrent et de choses comme ça.
A New York, j'ai quitté Joost — je voyais bien que ça craquait — et j'ai créé Jumpwire, essentiellement parce que les gens me demandaient constamment une stratégie. Avec mes antécédents, comme personne n'avait la même expérience que moi, je suis devenu l'un des chefs de file mondiaux dans ce que je faisais. J'ai donc travaillé avec Discovery, des sociétés indiennes, l'Australie, la Russie. Nous avons aidé Hulu à s'établir en Russie. C'était vraiment excitant. Nous n'existions que depuis un an et demi et c'était extraordinaire.
Nous venons tout juste d'ouvrir un bureau à Toronto parce que je suis canadien et que j'en suis fier. Ce qui se passe en ce moment est vraiment intéressant. J'ai lu votre rapport et les questions que vous posez. Malheureusement, il y en a beaucoup auxquelles je ne pense pas pouvoir répondre car je ne suis pas au Canada depuis assez longtemps. Par contre, je peux vous dire que, lorsque je suis revenu, j'ai fait partie d'un jury, très récemment, pour le FMC, parce que je voulais comprendre où était allé l'argent pendant les cinq dernières années. J'ai donc fait partie du jury expérimental qui a récemment donné tout un paquet d'argent. Ce fut une belle expérience car je pense que c'est vraiment l'avenir de ce que doit être le financement au Canada. Ce fut vraiment un soulagement de revenir et de travailler du côté du financement et de voir: « Voici une merveilleuse idée. Nous avons trouvé quelques idées innovatrices et, vous savez quoi, nous allons prendre une participation là-dedans ».
Le capital-risque est un gros problème. Je rencontre constamment des sociétés de capital-risque. Je cherche actuellement un investissement. C'est un cauchemar. Voir le gouvernement s'occuper de capital-risque peut paraître contestable mais, depuis que j'ai participé au processus, je suis vraiment encouragé parce que les émissions, les idées innovantes qui sont sorties du flux expérimental, n'avaient rien à voir avec le Canada. C'était simplement de bonnes idées.
C'est là-dessus que j'aimerais terminer mon exposé. Je pense vraiment que l'avenir, ce dont nous parlons avec nos clients, c'est que, si vous travaillez sur un plan de cinq ans, il y a probablement quelque chose qui ne va pas dans votre tête. Nous ne planifions strictement rien pour nos clients du monde entier à plus de 18 mois d'échéance. Pourquoi? Parce que les choses changent tellement vite que c'est absolument impossible. Et vous, qui allez essayer de rédiger un texte de loi à ce sujet…
J'ai eu une discussion intéressante hier sur le rôle du gouvernement dans ce qui se passe en ce moment. Est-ce que vous êtes des chefs de file? Est-ce que nous voulons être en tête du peloton mondial ou seulement rester au milieu, comme tout le monde le dit?
Ce que je veux dire, c'est que le Canada a toujours été un chef de file. Quand je suis parti au Royaume-Uni, en 2004, nous avions un taux de pénétration de la haute vitesse de 75 p. 100, alors que c'était 50 p. 100 au Royaume-Uni. La moitié des Anglais en étaient encore à l'accès par ligne téléphonique.
Quand j'allais à des réunions, c'était comme si je représentais l'avenir. Je dois dire que nous avons essayé ça en 1998. Ça n'a pas marché à ce moment-là et ça ne marchera probablement pas maintenant. Nous avons 10 méga-octets de vitesse et nous avons ça depuis cinq à sept ans.
Nous avons été le chef de file et nous le sommes encore maintenant avec le plus de vidéo en ligne par habitant, de vidéo par le Web. Les Canadiens sont absolument à un niveau tellement plus élevé que tout le reste du monde mais nous n'en profitons pas. Nous perdons encore notre temps à essayer de voir comment nous pourrions relier ça aux radiodiffuseurs.
Chez Jumpwire, en revenant au Canada dans les derniers… J'ai renoncé. Nous travaillons beaucoup avec les radiodiffuseurs mais le principal problème dont j'entends parler aujourd'hui vient des sociétés de production qui me disent que les radiodiffuseurs veulent tous les droits. Ils veulent les droits mais ils ne sont pas prêts à payer pour ça.
Nous avons donc élaboré une stratégie, que je vous communiquerai avec plaisir. Il s'agit d'aller acquérir les droits pour les services mobiles, les services en ligne, les produits dérivés, avant d'aller voir les radiodiffuseurs et de les forcer à demander combien ils pensent que ça vaut. C'est difficile, j'ai été du côté des radiodiffuseurs. Combien valent ces choses-là? Mais il y a des gens qui gagnent beaucoup d'argent là-dedans et je pense que c'est important à reconnaître.
En ce qui concerne notre société, à New York, j'utilise les trois territoires dans lesquels je passe beaucoup de temps.
Le créatif vient du Royaume-Uni. C'est probablement la production la plus créative que j'ai jamais vue au monde. Ils ont eu Shakespeare. Ils ont été à la bonne école. Vous savez, ils utilisent 40 000 mots de vocabulaire, nous en utilisons 20 000.
Quand j'étais avec l'équipe de production chez Endemol, c'est probablement là que j'ai vu les idées les plus innovantes. Ils sont pas très forts pour la vente il faut dire, mais alors pas du tout, contrairement aux Américains, qui sont les meilleurs pour ça.
Voici ce que nous avons commencé à faire. Quand j'ai créé le service multi-plates-formes, j'ai dit que nous allions tout tester au Canada. Pourquoi? Parce que nous sommes le pays le plus divers au monde. Si je veux faire quelque chose pour la Corée, je vais dans le quartier coréen de Toronto. Je peux faire de la publicité là-bas. Je peux tester très rapidement quelque chose sur un très petit marché d'un public très évolué. C'est comme ça que nous fonctionnons et ça marche très bien.
Les trois choses qui sont essentielles, et c'est ce que nous disons à tous nos clients, sont les données, la vidéo par Internet et le mobile. Pour les données, j'ai deux domaines clés. Je ne sais pas si vous vous intéressez à cela. La protection de la vie privée est évidemment cruciale, mais il y a aussi l'accès. Je veux l'accès à toutes les données des FSI. Je pense que je devrais l'avoir. Pourrais-je l'obtenir avec la loi sur l'accès à l'information? Je ne le sais pas. Est-ce qu'ils finiront par me le donner? Probablement pas.
Mais nous avons construit — nous utilisons BitTorrent — une machine de mesure de 250 000 $. Nous sommes les leaders mondiaux dans ce que nous faisons. C'est un système de filtrage. J'ai un employé qui a un doctorat qui mesure tout ce qui passe avec BitTorrent, chaque émission de télévision, chaque film, toute la musique, et nous revendons cette information aux sociétés de contenu. Je peux vous dire que c'est très difficile: « Je ne veux pas entendre parler de BitTorrent ». Mais je leur dis: « Mais c'est ce que font vos gens. Vous ne voulez pas en profiter? ».
Nous avons encore beaucoup de chemin à faire mais il y a beaucoup de possibilités. Quand vous voyez que nous sommes les premiers au monde pour la vidéo par le Web, nous devons exploiter ça. Nous avons besoin d'un fonds spécialement pour ça.
YouTube le sait. Nous passons beaucoup de temps avec les types de YouTube. Le Canada est le premier pays où ils ont ouvert un bureau secondaire. Facebook a ouvert son bureau secondaire au Canada. Yelp, Twitter, tout le monde est venu au Canada parce qu'ils n'en reviennent pas qu'un petit pays utilise tant l'Internet.
Nous ne sommes pas du genre à clamer sur les toits que nous sommes numéro un. Nous nous contentons simplement d'avancer. Nous sommes absolument le laboratoire du monde entier mais je ne pense pas que nous en profitions. Si vous pouviez nous y aider, les gars, ça serait utile.
Ma dernière remarque — nous pourrons continuer de discuter et vous pourrez me poser des questions si vous voulez — concerne le fait de savoir comment nous allons réussir à exploiter le fait que nous sommes l'un des pays les plus diversifiées au monde sur le plan culturel et les plus avancés sur le plan du numérique. C'est ça que je veux faire avec ma société et je ne sais pas vraiment comment je vais m'y prendre.
Pour l'avenir, je ne sais pas très bien ce qu'est ma société. Les choses avancent tellement vite que c'est très difficile à saisir. Si quelqu'un vous dit qu'il le sait, je dirais qu'il vous raconte des histoires.
Merci.
:
Vous avez une adresse de PI associée à votre ordinateur. Si vous la bloquez, les gens ne peuvent pas déterminer qui vous êtes ni où vous êtes. Beaucoup de gens utilisent cela quand ils se servent de BitTorrent ou de sites en continu.
La clé à ce sujet, et c'est la raison pour laquelle j'ai créé ma société de cette manière, c'est que je pouvais voir il y a déjà cinq ans que tout le monde payait déjà pour le contenu. On payait pour ça avec les données. Les gens payent pour le contenu depuis longtemps. Les gens pensent que les données ne valent rien et ne peuvent pas être monnayées mais, en fait, c'est possible et on fait ça tout le temps.
La plupart des gens ne réalisent pas que BitTorrent et un service de partage de fichiers. Chaque personne en a un petit bout dans son ordinateur mais ce qui est intéressant, c'est que les services de mesure qui mesurent tout le trafic de BitTorrent sont publics. N'importe qui peut capturer ces données, le gouvernement ou des sociétés comme la mienne. Il suffit d'avoir un très bon système de filtrage. Il se trouve que la personne qui a construit notre système de filtrage est un ami du Bram qui a construit BitTorrent. Nous avons donc le meilleur système de filtrage au monde, incontestablement.
Nous avons aussi dans notre personnel un détenteur de doctorat qui sait comment épurer les données, parce qu'elles peuvent être très embrouillées. Si vous téléchargez un épisode de Being Erica, ou même toute une saison de Being Erica, ça viendra comme un seul gros paquet. Ce qu'il faut faire, c'est filtrer ça pour séparer les données en deux groupes: combien de gens ont téléchargé toute la saison et combien ont téléchargé un seul épisode. C'est ce que nous voulons dire quand nous parlons de filtrage.
Pour revenir à toute cette idée que vous payez déjà avec vos données, il y a énormément de données gratuites sur le Web à l'heure actuelle. Quand vous créez une page sur Facebook, si vous êtes la personne qui la crée, vous obtenez toutes les données gratuitement. Tout est là.
Si vous regardez une vidéo sur YouTube et que vous allez voir en arrière-plan, vous pouvez cliquer sur les flèches descendantes et vous ne verrez que des données gratuites.
La plupart des gens disent que ce n'est pas monnayable mais ça l'est complètement. Si nous avions une connexion Internet, je pourrais vous montrer immédiatement toutes les données gratuites qu'il y a là-dedans et que nous utilisons tout le temps. Et BitTorrent, c'est la même chose.
On dit que les gens n'ont pas payé pour le contenu. Non, ils n'ont pas payé avec de l'argent mais ils ont payé avec quelque chose qui vaut plus que de l'argent, leurs données. Je suis toujours surpris quand on me dit que ce n'est pas la même chose que de l'argent. Pour moi, si.
Nous sommes tout le temps en contact avec beaucoup de gens du secteur de la musique, il y a beaucoup d'indépendants… Le secteur de la musique est en pleine débandade, et quiconque vient ici sera mécontent: son modèle commercial s'est effondré et il essaie de le préserver. Je ne le lui reproche pas mais il y a tous ces indépendants qui changent la manière dont se font les choses maintenant. J'en rencontre constamment. Ces jeunes types…
Écoutez, de combien d'argent avez-vous réellement besoin, comme artiste, si vous faites ça vous-même? Si vous gagnez deux ou trois centaines de milliers de dollars par an et que vous vivez à Fergus, en Ontario...
Une voix: La vie est belle là-bas.
M. Gavin McGarry: La vie est belle, au Canada, avec la santé gratuite…
:
Non, non, je ne suis pas aussi républicain que ça. Je suis un éco-capitaliste.
Il y a longtemps que les artistes sont exploités par de grandes sociétés qui — je vais peser mes mots parce que certaines sont mes clientes — placent des obstacles à l'entrée et exploitent ensuite la situation en donnant aux artistes, ou aux vedettes du sport, ou à je ne sais qui...
S'il y a quelque part un joueur de basket qui gagne 100 millions de dollars, je vous garantis qu'il y a quelque part un propriétaire qui en gagne 1 milliard. Et ça a toujours été comme ça.
Maintenant, les choses ont changé. Le paradigme a complètement changé. Il est perturbé. Les gens courent dans tous les sens comme des dératés, ce que je comprends parfaitement. Je vois maintenant tous ces nouveaux groupes qui créent leur propre contenu. Ils le placent sur YouTube, ils le monnayent eux-mêmes. Ils n'ont pas besoin de maison de disques. Ils n'ont pas besoin du gouvernement. Ils n'ont besoin de personne. Ils font ça eux-mêmes. Avec l'Internet et la téléphonie mobile, on est entré dans un monde d'autodidactes entrepreneurs mais, de toute façon, c'est ce que les artistes étaient déjà avant.
Ma soeur est peintre. C'est une artiste. C'est moi qui gère l'aspect commercial de ce qu'elle fait et c'est difficile. Les artistes doivent tout faire. Il arrivera un temps où ils auront besoin de gens pour gérer leurs affaires mais, pour le moment, la plupart font ça eux-mêmes. Ils trouvent un ami qui les aide et ils gagnent beaucoup d'argent.
Écoutez, si vous avez 16 ou 17 ans et que vous gagnez 10 000 $ par mois, nous avons un gros problème. Comment est-ce que toutes ces sociétés multinationales géantes que nous bâtissons peuvent espérer attirer un jeune de 16 ans en le payant 500 $ par semaine? Ça ne se fera pas.
J'ai déjà ce problème maintenant. Ils me disent: « Pourquoi est-ce j'irais travailler pour vous quand je peux gagner 10 000 $ par mois sur YouTube? »
Il y a deux jours, j'étais à l'université Ryerson. J'ai été choqué de voir combien de jeunes de 22 ou 23 ans en radio et en télévision ne gagnaient pas 1 000 $ par mois sur YouTube. Je leur ai posé la question: « Pourquoi ne gagnez-vous par 1 000 $ par mois sur YouTube? »
J'ai un peu tourné autour du pot avec votre question parce que je ne veux pas dire de choses trop controversées mais vous pouvez bien voir où je me situe. Ma position est que nous traversons l'une des plus grandes révolutions depuis la révolution industrielle. Beaucoup de gens, généralement plus âgés, sont très troublés parce que leur modèle commercial s'est complètement effondré, et ils essayent seulement de s'en sortir jusqu'à la retraite.
On voit ce qui se passe. Il y a huit semaines, à New York, chacune des grandes sociétés d'édition, même Condé Nast, a remplacé son PDG. La plupart avaient moins de 50 ans.
Il faut être capable de parler les deux langues. Je parle un peu de français et un peu d'anglais. Quand je vais au Québec, je me sens comme un idiot. Mais quand je parle de numérique ou d'analogue, je suis complètement à l'aise dans les deux mondes. Je n'ai pas de problème. Je peux parler à des ingénieurs très techniques de Web sémantique et de cryptologie, et aller jusqu'aux PDG des grandes multinationales des médias. C'est mon travail. Je suis le type dans le hamac. Je suis dans le groupe d'âge qui doit faire la traduction pour les deux.
Et c'est ça le futur. Le futur, c'est que je ne sais pas ce qui va arriver ensuite.
:
Eh bien, tout ceci est très provocant.
Vous savez, nous avons entendu beaucoup de gens ces dernières années qui sont venus critiquer YouTube en disant: « Ah oui, YouTube, c'est des gens qui regardent des vidéos de leur chat. » Évidemment, les gens sont vraiment choqués et horrifiés de voir ce qu'a fait YouTube. Ça a tout changé. C'est la télévision. Les enfants n'ont pas de téléviseur. Ils n'envisageraient jamais d'acheter un téléviseur même si c'était la dernière chose qui restait en magasin. Ils sont sur YouTube. Mais ils sont sur YouTube pour beaucoup de choses très différentes, pas pour regarder des chats actionner des chasses d'eau. Ils sont là pour regarder du contenu parce que le contenu reste roi.
Je m'intéresse à ce que vous avez fait avec le FMC car, finalement, quel est le rôle du gouvernement canadien? Quel est le rôle de nos institutions fédérales? Nous avons créé certains créateurs de contenu de tout premier niveau. Prenez l'Office national du film. Pour moi, ça reste encore l'un des grands laboratoires de cinéma au monde. Il y a Radio-Canada. Nous avons créé du très bon contenu.
J'ai cependant l'impression que nous avons pensé au cours des années que nous devions créer du contenu parce que nous devions nous assurer que les Canadiens ne disparaîtraient pas. Ensuite, nous avons dû créer du contenu pour nous assurer que les radiodiffuseurs ne disparaîtraient pas. C'était comme si la culture était devenue une sorte d'assistance sociale pour grandes entreprises. Il semblait y avoir cette mentalité.
Aujourd'hui, je me penche sur les possibilités du numérique mais, là encore, même si l'on modernise le Fonds des médias du Canada, la grande majorité est liée au fait qu'il faut être radiodiffuseur, et le radiodiffuseur va vouloir accaparer pour 12 années de droits d'auteur, et vous n'aurez même pas la certitude que ce sera diffusé. Ce sera un énorme investissement parce que vous n'allez pas réaliser une émission pilote si vous n'avez pas un gros paquet de fric à votre disposition.
Pendant ce temps-là, il y a tout cet autre monde en effervescence où beaucoup de choses commencent à se produire. Je suis heureux que vous ayez constaté que le flux expérimental est plein de bonnes idées. Ça me semble bizarre. Il me semble qu'on dirait plutôt que le flux expérimental existe à part, que ce n'est pas là qu'on trouve les choses sérieuses, alors que je me demande finalement si ce n'est pas vraiment là que les choses sérieuses seront créées.
Pensez-vous que nous devrions ouvrir ce Fonds des médias du Canada afin de fournir plus d'argent pour simplement créer du contenu, sans se demander pour le moment qui s'en servira, facteur secondaire, et en laissant peut-être tout ça s'en aller en ligne?
:
J'ai sans arrêt cette discussion. C'est difficile parce que ce n'est pas une discussion, c'est un changement. C'est inévitable. Regardez Craigslist, c'est local, hyper-local. Nous passons notre temps à discuter d'hyper-local.
Les gens n'aiment pas le changement. Ils ne veulent pas voir disparaître leur station de télévision. Ils ont l'habitude de s'asseoir dans leur fauteuil et de regarder les nouvelles locales.
Je ne lis même plus les journaux aujourd'hui. Je reçois mes informations par Twitter. Je suis probablement les activités de la moitié des députés fédéraux pour savoir de quoi vous parlez. Je sais qui vous êtes avant même de venir ici. Je suis allé sur LinkedIn. J'y ai trouvé toutes sortes d'informations. Que nous n'avions pas avant.
Avec tout ce changement, oui, nous devons tenir compte des gens qui sont habitués à faire ça. Ça veut simplement dire que nous avons besoin de jeunes de 25 ans pour diriger les stations de télévision locales, parce qu'ils s'intéressent à la télévision mais qu'ils comprennent les médias sociaux et qu'ils sont capables de faire le lien avec les jeunes et avec les plus vieux
Comment pouvez-vous réglementer ça? Que pouvez-vous faire? Ce sont les gens qui décident eux-mêmes, n'est-ce pas? Aujourd'hui, c'est l'approvisionnement par la foule qui compte. Vous décidez ce que veut la région locale et c'est ce que vous voyez sur Facebook. Les gens de Fergus, en Ontario, ne s'intéressent pas particulièrement à ce qui se passe ailleurs qu'à Fergus, en Ontario.
Moses Znaimer est le premier à l'avoir compris. C'est tout local, local, local. CityTV en est l'exemple parfait.
Divulgation obligatoire: il m'a engagé à ma sortie de l'université.
Il y a 17 ans, j'avais conçu une émission de télévision à Western qui était hyper-locale mais je m'étais dit que, si je produisais une émission de télévision sur le campus, personne ne pourrait me toucher. Je fais simplement ce que fait CTV. Personne n'était autorisé à venir sur le campus pour filmer des bandes vidéo à moins d'être étudiant. J'étais étudiant. Je gagnais 26 000 $ par an. J'ai payé mes études universitaires en utilisant ce facteur d'exclusion que possèdent la plupart de nos radiodiffuseurs.
Mais tout ça est en train de changer. Pourrais-je faire la même chose aujourd'hui? Probablement pas.
:
Je pense qu'ils le sont déjà. Si vous êtes dans une catégorie spécifique de musique…
Nous avons une maison à Toronto et une autre à New York. Quand je suis à Toronto, l'une des villes les plus multiculturelles, je peux aller voir un artiste hip-hop jamaïcain si j'en ai envie, ce qui n'est pas le cas à New York, croyez-le ou non. Nous avons l'une des collectivités musicales les plus dynamiques au monde et les gens considèrent vraiment…
J'ai des amis de New York qui viennent à Toronto pour voir des groupes. Tout passe par Toronto. La scène musicale y est vraiment très dynamique. Mais si vous êtes un rappeur hip-hop jamaïcain, que vous viviez au Canada, au Danemark ou en Suède n'a aucune importance.
Je vais vous donner un exemple. Un monologuiste qui n'avait pas trop de succès en Amérique, qui ne gagnait pas d'argent, a décidé de mettre certains de ses monologues sur YouTube. En analysant les données, il a constaté qu'il y avait toutes sortes de gens qui regardaient ses vidéos en Suède et au Danemark, en Scandinavie. Il est allé là-bas, il a fait une tournée et il a eu un succès énorme, absolument massif. Je ne me souviens plus de son nom mais il y a plein d'exemples de ce genre. C'est un créneau.
Je suis canadien et fier de l'être mais je ne veux pas regarder des choses faites par des Canadiens. Je veux regarder des choses qui m'intéressent. S'il se trouve qu'elles ont été faites par des Canadiens…
Dans beaucoup des réunions où je vais à New York, je dis en partant « au fait, je suis canadien », et je vois alors quatre autres personnes lever la main et dire « je ne le savais même pas ».
Pour moi, c'est une question de créneau et de passion. C'est ce que l'Internet a libéré. Le fait d'être canadien n'a aucune importance. Nous sommes déjà les premiers au monde. Nous avons un magnifique système d'éducation. Ce que peut faire notre gouvernement, c'est maintenir le mouvement, s'assurer que les Canadiens ont toutes les choses qui sont des droits humains fondamentaux, et tout ira bien.
:
Je suis vraiment désolé de ne pas parler mieux le français. C'est l'une de mes priorités.
Une voix: Je peux vous dire où vous pouvez apprendre à New York.
M. Gavin McGarry: D'accord.
Je suis très gêné, comme Canadien. Je vais en France tous les six mois, à Cannes, et je baragouine le français mais je suis vraiment très gêné de ne pas le parler mieux.
Quoi qu'il en soit, pour revenir à votre question sur le rôle du législateur, il est très difficile d'y répondre. Je devrais vraiment y réfléchir. Si vous pouviez me donner votre adresse de courriel, je vous enverrai un message car je ne sais pas…
Nous nous débrouillons assez bien. Le Canada se débrouille bien. Nous avons un bon système gouvernemental. Nous n'avons pas été frappés par la crise des hypothèques parce que nous n'avons pas suivi. Nous ne sommes pas allés en Irak parce que nous n'avons pas suivi. Je pense que ce que nous faisons maintenant…
Je disais hier à des amis que je venais ici aujourd'hui et ils m'ont dit: « Tu sais quoi? C'est vraiment super qu'ils fassent ça, qu'ils veuillent savoir ce que pensent les gens. »
Donc, je pense que nous faisons tout bien. En ce qui concerne la législation, j'ai vraiment l'idée d'investissement du FMC, de prendre l'idée de capital-risque, pour le gouvernement. Je pense que c'est nouveau, que c'est innovateur et que c'est unique. Reste à voir si ça va marcher.
C'est difficile quand le gouvernement met son nez dans des choses comme ça mais c'est ce que nous faisons mieux. Nous sommes un pays socialiste. Nous voulons donner sa chance à tout le monde, n'est-ce pas?
:
Ces conversations sont fascinantes. Vous parlez du futur, et c'est ce qui m'intéresse. Vous nous dites ce qui existe déjà, ce qui est possible et comment le modèle peut évoluer.
Je pense que nous passons énormément de temps… Je le dis à chaque réunion et je peux aussi bien le répéter aujourd'hui. Je ne cesse de réclamer une révision de la Loi sur la radiodiffusion parce que je pense qu'il est grand temps de la reformuler non pas en fonction de ce qui existait ou de ce qui existe mais de ce qui existera. Le monnayage... Les possibilités de gagner de l'argent sont tellement plus grandes aujourd'hui dans le nouveau modèle qu'elles ne l'ont jamais été dans l'ancien, et je pense que c'est ce à quoi les gens ont du mal à s'adapter.
Quand Jacob est venu ici, il a parlé du long terme, et je pense que c'est ce que vous dites aussi, c'est-à-dire que l'Internet crée plein de nouvelles possibilités. Vous avez demandé aux étudiants ce qu'ils font s'ils ne gagnent pas 1 000 $ par mois sur YouTube.
Hier soir, je n'étais pas en forme, je suis rentré chez moi et j'ai regardé des vidéos de musique des années 1980 sur YouTube pendant 3 heures pour me changer les idées. Chaque artiste que j'ai regardé a reçu une redevance de YouTube. Je ne sais pas si les gens savent ça.
Vous avez été très élogieux au sujet du Canada, ce que j'apprécie mais, en fin de compte, ce que nous voulons faire… J'ai souvent dit que c'est vraiment une question de contenu, à mon avis. C'est le contenu qui est important. Pour sa diffusion, il y a beaucoup de plates-formes. Nous sommes encore fascinés par les stations de radio et de télévision mais, en fait, il y a beaucoup d'autres plates-formes.
Je pense que ce n'est pas une question de législation. Vous avez parlé aussi des droits électroniques et numériques des artistes. À l'heure actuelle, la raison pour laquelle les artistes perdent ça, à mon avis, est reliée à la manière dont le Fonds des médias du Canada est structuré et à cette relation.
Pouvez-vous nous dire comment nous pourrions ôter les chaînes des créateurs et des artistes et faire en sorte qu'ils prennent conscience des nouvelles possibilités qui s'offrent à eux? Comment pourrions-nous faire ça?
:
Si vous allez sur notre site Web, Jumpwire Media, vous y verrez des « Torrent Tracker Reports » qui vous montreront exactement ce que nous faisons avec BitTorrent. Vous verrez aussi une bande vidéo sur mon blog. J'ai fait une communication d'une heure et demie environ à Cannes et vous pourrez la voir aussi.
Je connais très bien le PDG de BitTorrent, Eric. Il a fait une communication au festival mondial de la télévision de Banff. C'est là que nous nous sommes rencontrés et que j'ai eu l'idée d'essayer d'obtenir les données de BitTorrent. Je l'ai appelé pour lui dire que je voulais ses données et il m'a répondu: « Je ne garde aucune donnée parce qu'on nous fait un procès toutes les semaines. »
Les gens commencent à réaliser que la raison pour laquelle les gens partagent du contenu sur BitTorrent — et c'est pourquoi BitTorrent est si intéressant — est d'abord qui n'ont pas à payer pour ça. Vous pouvez obtenir le contenu que vous voulez. C'est le laboratoire ultime. Et il y a à peu près 100 millions de personnes sur la planète qui s'en servent.
Deuxièmement, nous avons fait des recherches. Nous avons commencé à tout mesurer depuis juin 2008, quand Hulu a été créé. Nous avons mesuré tout le contenu de Fox avant et après et nous avons constaté une baisse d'utilisation de BitTorrent une fois que Hulu est devenu disponible. On voit beaucoup ça.
J'étais à une table ronde à Ottawa et c'était la même chose. Les gens disaient qu'ils allaient tout le temps sur des sites Web pour voir des vidéos. Ils vont voir MTV. On commence à voir cette évolution.
Le problème est que les radiodiffuseurs ne s'adaptent pas assez vite. Ça coûte cher de diffuser des vidéos. Ils veulent faire ça en continu. J'ai discuté avec des radiodiffuseurs il y a trois ou quatre ans et je leur ai demandé pourquoi ils n'utilisaient pas BitTorrent.
BitTorrent est la méthode la plus facile et la plus efficiente pour partager des fichiers, pas du contenu illégal, par Internet. Plus les gens en partagent, plus c'est facile. C'est pourquoi Napster avait décollé. Pour comprendre comment fonctionne BitTorrent, si vous avez un petit bout de fichier sur votre ordinateur, et que trois autres personnes en ont un autre petit bout, ça prendra longtemps à télécharger mais, si vous avez 3 millions de personnes dans le réseau, c'est dispersé.
Pourquoi aucun pays — c'est peut-être une idée pour le Canada — ne passe-t-il pas un accord avec BitTorrent en disant qu'il va essayer de trouver le moyen de légiférer et de monnayer ça, auquel cas BitTorrent sera autorisé au Canada, mais il faudra payer d'une manière ou d'une autre, et cet exercice...
Mais je dois préfacer cela en disant… car vous parliez tout à l'heure de comment…