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Je vous remercie, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité.
Je suis Gary Stanford, agriculteur du sud de l'Alberta. Je suis accompagné de Richard Phillips, qui représente aussi les Producteurs de grains du Canada.
Notre organisme représente 80 000 agriculteurs prospères de partout au pays, qui produisent un large éventail de grains dont du blé, de l'orge, de l'avoine, du colza, du seigle, du triticale, des lentilles et des haricots. Le Canada est un chef de file mondial en matière d'échanges de produits agricoles et est quatrième en importance, parmi les exportateurs agroalimentaires du monde. Nous exportons la moitié de notre production de boeuf et de blé, 60 p. 100 de nos produits porcins et 70 p. 100 de notre canola.
Un peu plus de 90 p. 100 des fermes du Canada dépendent directement de l'exportation, soit parce qu'elles exportent leurs produits, ou encore qu'elles les vendent sur le marché national à des prix établis sur le marché international. C'est plus de 200 000 fermes, réparties principalement entre toutes les provinces du pays. Des systèmes d'échanges commerciaux plus ouverts et équitables seront essentiels à la croissance et la prospérité futures du secteur agroalimentaire du Canada et à la vigueur de son économie en général.
Nous préférerions une conclusion heureuse des négociations commerciales du Cycle de Doha, mais en attendant une reprise concrète de ces négociations, les accords bilatéraux peuvent nous être très avantageux, ou à tout le moins nous permettre de préserver notre compétitivité devant d'autres exportateurs. Les accords bilatéraux n'abordent toutefois pas les questions liées aux subventions nationales, aux soutiens internes et aux subventions à l'exportation. Ces mesures, bien souvent, font du tort non seulement aux agriculteurs du Canada, mais aussi à ceux du monde en développement. En votre qualité de politiciens qui représentez tous les partis, il importe que vous encouragiez le gouvernement à faire activement pression sur d'autres pays pour qu'ils retournent à la table de négociation de l'OMC.
Je cède la parole à Richard, qui vous expliquera l'importance stratégique de la Jordanie pour les enjeux agricoles.
Nous remercions le comité de nous avoir invités aujourd'hui.
Pour ce qui est des importations, nous importons une petite quantité de légumes de la Jordanie. Au cours des dernières années, les importations agricoles, surtout de concombres et de cornichons, ont été de l'ordre de 1 million à 1,5 million de dollars.
Nous, les agriculteurs canadiens, nous intéressons surtout aux exportations. En 2008, les exportations agricoles vers la Jordanie, des pois chiches et des lentilles, surtout, se sont chiffrées à plus de 12 millions de dollars. C'est un marché en expansion pour nous. Rien qu'en 2007, la Jordanie a été le plus important marché pour les pois chiches du Canada, qui lui en a expédié plus de 10 000 tonnes. Quant aux cultures, nous exportons aussi des graines à canaris, des haricots secs et des graines de tournesol. La Jordanie est aussi un modeste marché pour notre blé. Nous exportons d'autres produits agricoles aussi, comme des frites congelées, des aliments pour animaux et des aliments prêts-à-servir.
Les exportations agricoles du Canada en Jordanie sont assujetties à des tarifs douaniers qui atteignent les 30 p. 100, actuellement. Cet accord, en premier lieu, supprimera les tarifs perçus sur la grande majorité des exportations canadiennes vers la Jordanie, ce qui bénéficiera directement aux exportateurs et agriculteurs canadiens; deuxièmement, il nous accordera un accès préférentiel par rapport à nos concurrents. Aucun autre concurrent de taille, comme l'Australie, n'a conclu pareille entente. Les États-Unis, pour l'instant, n'exportent pas beaucoup vers la Jordanie.
Bien que les gains commerciaux immédiats ne semblent pas aussi importants qu'ils peuvent l'être pour d'autres pays, nous estimons que trois éléments stratégiques jouent en notre faveur.
Tout d'abord, l'accès facile de la Jordanie à plusieurs autres pays en fait une plaque tournante du commerce et de la distribution au Moyen-Orient. Son dirigeant est plutôt modéré et son gouvernement est stable. À part les États-Unis, nous serons l'un de quelques exportateurs agricoles seulement à avoir un accord de libre-échange avec la Jordanie.
Deuxièmement, le manque d'eau est pour la Jordanie un important obstacle à l'autonomie en agriculture. Un accord commercial paraît donc logique. Quand nous exportons nos produits agricoles, nous ne supplantons pas les produits locaux et ne faisons aucun tort aux agriculteurs locaux.
Enfin, la Jordanie, avec ses six millions d'habitants, est une porte d'entrée dans un monde commercial plus vaste. Le Conseil de coopération du Golfe, composé de Bahreïn, du Koweit, d'Oman, du Qatar, de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. La population globale de ces pays est de 40 millions d'habitants. Cet accord permet donc d'espérer une entente future.
En résumé, l'accord présente plusieurs avantages pour les Canadiens: de nouveaux débouchés commerciaux, de nouveaux partenariats, de nouveaux clients et une visibilité accrue pour les compagnies canadiennes. C'est pourquoi, au nom des 80 000 agriculteurs que nous représentons, nous vous encourageons vivement à appuyer cet accord commercial.
Nous vous remercions de nous avoir accueillis aujourd'hui et nous répondrons volontiers à vos questions.
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Volontiers. Je vous remercie.
Bonjour.
Je remercie le Comité permanent du commerce international de m'avoir invité à lui parler de l'accord proposé de libre-échange entre le Canada et la Jordanie.
Bien que cet accord comporte de nombreux éléments qui méritent un examen attentif, je m'en tiendrai aujourd'hui à la question de savoir si le Royaume hachémite de Jordanie remplit actuellement les engagements qu'il a pris en signant de l'Accord bilatéral de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et le Royaume hachémite de Jordanie. En un mot, la réponse est non.
L'article 1 de l'accord stipule que chacune des Parties fait en sorte que ses lois et règlements, de même que les pratiques établies sous son régime, confirment et protègent huit catégories de principes et de droits. Les quatre premières touchent les droits fondamentaux du travail qu'énonce l'OIT dans sa Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail; les quatre autres se rapportent aux normes d'emploi minimales acceptables, notamment en matière de salaire minimum et de paiement des heures supplémentaires; à la prévention des maladies et accidents professionnels, et à la non-discrimination en matière de conditions de travail pour les travailleurs migrants.
Bien que le Royaume hachémite de Jordanie ait récemment institué d'importantes réformes par décret du cabinet, le code du travail est loin encore de satisfaire aux exigences de l'article premier. Ainsi, par exemple, et c'est important, le code du travail interdit aux ressortissants étrangers de s'affilier à un syndicat. C'est une violation flagrante de l'un des principes fondamentaux enchâssés dans la Convention no 87 de l'OIT concernant la liberté syndicale, qui dit que:
Les travailleurs... sans distinction d'aucune sorte, ont le droit, sans autorisation préalable, de constituer des organisations de leur choix, ainsi que celui de s'affilier à ces organisations, à la seule condition de se conformer aux statuts de ces dernières.
Cette exclusion prive les quelque 300 000 travailleurs migrants de la Jordanie de la possibilité de négocier leurs modalités d'emploi.
Le code du travail exige aussi un minimum de 50 travailleurs pour constituer un syndicat. Le comité de l'OIT sur la liberté d'association juge ce minimum trop élevé et suggère un seuil minimum plus approprié, soit une vingtaine de personnes.
Le code du travail permet au gouvernement de s'ingérer dans les activités des syndicats, particulièrement au niveau de la confédération, mais aussi dans celles de certaines fédérations.
Le code du travail autorise en outre le gouvernement à déterminer les industries dont les travailleurs peuvent constituer des syndicats et interdit la formation de plus d'un syndicat dans chacune d'elles, ce qui complique énormément la création de syndicats indépendants quand il existe déjà des fédérations. C'est évidemment une violation de la Convention no 87 et du principe de liberté d'association.
Le code du travail exige aussi des travailleurs qu'ils fournissent à leur employeur un préavis de 14 jours avant de déclencher une grève, et peut imposer la médiation et la conciliation, pendant lesquelles les grèves sont interdites.
L'OIT a aussi souligné qu'un système de médiation et d'arbitrage obligatoire qui fait obstacle au déclenchement de grèves enfreint le droit de liberté d'association.
Ce n'est vraiment pas tout, mais ce sont les principales incohérences relevées entre les obligations qu'impose l'Accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et le Royaume hachémite de Jordanie, et le code du travail actuel de ce pays.
L'article 3 de l'Accord dispose que le Royaume hachémite de Jordanie doit assurer l'application effective de son droit du travail, y compris des lois qu'il promulgue pour se conformer à l'article 1 de l'Accord de coopération dans le domaine du travail.
Nous avons constaté une légère amélioration dans le secteur du vêtement, depuis que l'exposé du comité national sur le travail en 2006 et une plainte de la FAT-COI au sujet de la ZLE ont mis en lumière les épouvantables conditions de travail qui règnent dans les manufactures, les Zones industrielles qualifiées qui produisent des vêtements et les exportent vers les États-Unis et d'autres marchés. L'OIT a depuis créé un meilleur programme de travail, qu'un décret gouvernemental imposera bientôt à l'intégralité de l'industrie du vêtement. Le premier rapport de synthèse de l'OIT sur la Jordanie, toutefois, révèle plusieurs graves problèmes.
En ce qui concerne le travail forcé, selon le rapport, les employeurs des deux tiers des manufactures évaluées fixent le couvre-feu à 20 heures. Les travailleurs, ne pouvant quitter les manufactures, sont donc confinés dans les dortoirs. L'OIT a constaté le non-respect des règles en matière de santé et sécurité au travail dans 65 p. 100 des cas, surtout à cause des piètres conditions de vie dans les dortoirs.
L'OIT souligne aussi que le droit du travail de la Jordanie n'impose aucune limite générale quant au nombre d'heures supplémentaires, ni de nombre maximal d'heures par semaine et, ainsi, tolère d'énormes excès d'heures supplémentaires. L'OIT y voit un problème particulièrement grave.
Encore à propos de la liberté d'association, la grande majorité des travailleurs de l'industrie du vêtement sont des travailleurs migrants auxquels, je le répète, la loi interdit d'exercer les droits de liberté d'association et de négociation collective. Ce ne sont pas que ces travailleurs qui en souffrent, mais aussi les Jordaniens, tant dans le secteur du vêtement qu'ailleurs.
Les problèmes, on s'en doute, ne se limitent pas au secteur du vêtement. De fait, nous pensons que les conditions doivent être encore pires en dehors de ce secteur, là où l'OIT n'assure pas vraiment de présence ni de surveillance. Le rapport de 2010 que le Département d'État des États-Unis a publié sur les droits de la personne en Jordanie a relevé au cours de la dernière année plusieurs violations des droits des travailleurs. Il était question notamment d'emploi de force excessive par la police pour mettre fin à des rassemblements pacifiques de travailleurs des ports; de travail forcé continu de travailleurs migrants employés comme domestiques — même si des règlements ont récemment été adoptés pour régler ce problème — et d'heures supplémentaires excessives dans le secteur privé en dehors des Zones industrielles qualifiées.
La Jordanie, tant en droit que dans la pratique, ne respecte pas actuellement l'Accord de coopération dans le domaine du travail qu'elle a conclu avec le Canada. Je presse le Parlement du Canada à y réfléchir avant de ratifier l'accord.
Je vous remercie.
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Je vous remercie beaucoup.
Merci, monsieur le président, honorables membres du comité, mesdames et messieurs, de me permettre de vous parler aujourd'hui du projet d'accord de libre-échange entre le Canada et la Jordanie, et de la question des droits de la personne.
Je me penche depuis 10 ans sur les questions de droits de la personne au Moyen-Orient, et je suis recherchiste pour Human Rights Watch depuis cinq ans et demi. À ce titre, je me suis concentré entre autres sur la Jordanie, et aussi sur l'Arabie saoudite, le Koweït et le Yémen. J'étais en Jordanie en juillet et août derniers pour faire enquête sur la situation des travailleurs domestiques, au chapitre des droits de la personne. Par ailleurs, je voulais voir si les changements que la Jordanie a incorporés dans ses lois et qu'elle a mis en oeuvre pour réglementer ce secteur ont eu des effets positifs.
Avant d'aborder les enjeux liés au travail, toutefois, permettez-moi une parenthèse sur le contexte des droits de la personne en général dans le pays, en ce qui concerne l'administration de la justice et la liberté d'expression, d'association et de réunion.
En novembre 2009, le Roi Abdullah a dissous le Parlement par décret et a ordonné la tenue de nouvelles élections dans l'année suivante. Les élections doivent avoir lieu dans deux semaines. Depuis la dissolution du Parlement, le gouvernement gouverne par décret et il a adopté une multitude de nouvelles lois, dont l'une sur l'indépendance du système judiciaire. Un assez grand nombre de juges — plus de 100, je crois — ont plutôt mal accueilli cette loi et les règlements afférents qui, selon eux, restreignent encore plus le système.
Les professionnels du monde juridique de la Jordanie se plaignent depuis longtemps des pouvoirs administratifs et financiers dont jouit le ministre de la Justice sur la profession juridique. Dans ce pays, le ministre de la Justice recommande les candidats au poste de juge avant leur nomination par le Conseil judiciaire suprême. Un décret du roi avalise ensuite les nominations.
La position des procureurs du pays constitue un autre sujet de préoccupation, en ce qui a trait à l'administration de la justice. Ils relèvent du ministre de la Justice, mais ce sont eux, et non des juges indépendants, qui émettent les mandats d'arrestation et de détention, lesquels ne sont pas revus par un tribunal judiciaire indépendant. Ces mandats sont valides 15 jours et peuvent être renouvelés pour une période maximale de deux mois avant qu'aucun juge ne les regarde.
Il existe aussi en Jordanie plusieurs tribunaux spéciaux, dont le plus important est le tribunal de sécurité de l'État. Les deux tiers de juges de ce tribunal et son procureur sont des militaires. Il a compétence sur un grand nombre de questions touchant la sécurité intérieure, mais sur d'autres aussi, comme les affaires liées à la corruption.
En cinq ans et demi, j'ai connu plusieurs cas où des avocats de la Couronne avaient émis des mandats d'arrestation et de détention sans faire au préalable un examen attentif des preuves fournies, ne se fiant souvent qu'aux plaintes de citoyens ou d'autres personnes.
De plus, l'emprisonnement pour dettes a cours en Jordanie, en violation avec le droit international. Le pays est signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont l'article 11 interdit l'emprisonnement pour dettes.
La Jordanie est devenue en mars 2009 l'un des premiers pays de la région à adopter une loi contre le trafic de personnes. Cette nouvelle loi digne d'éloges applique la définition internationale de la traite de personnes, qui englobe le travail forcé. Nous verrons plus tard ce qu'elle donne.
Le pays applique aussi le concept de détention administrative — des détentions commandées par un fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, le gouverneur local — sans le moindre examen judiciaire et pour une durée indéterminée.
Pour ce qui est de la liberté d'expression, d'association et de réunion, la Jordanie a procédé en 2007 à une mise à jour de sa loi sur les publications, en prétendant ne plus emprisonner de journalistes. Bien que ce soit vrai, le code pénal du pays comporte encore une pléthore de dispositions qui violent le droit à la liberté d'expression, instituant en infraction notamment l'insulte au roi, le lèse-majesté ou le salissage de la réputation des institutions publiques comme le Parlement, un ministère ou ses membres.
La Jordanie a adopté tout récemment, en août dernier, une loi sur l'Internet, laquelle assujettit les messages sur Internet à toutes ces dispositions du code pénal.
En 2008, la Jordanie a procédé à une modeste mise à jour de sa loi sur les assemblées publiques. Le principal sujet de critique, c'est que le gouverneur jouit encore d'une discrétion absolue en matière d'autorisation des assemblées publiques, y compris des réunions de routine d'organismes non gouvernementaux qui pourraient souhaiter louer une salle d'hôtel pour discuter, par exemple, de surveillance des élections. Le gouverneur a régulièrement refusé d'autoriser ce genre de réunions.
En 2009, la Jordanie a fait une petite mise à jour de sa loi de 2008 sur les organisations non gouvernementales, qui est très semblable à celle de 1966. Cette loi continue d'accorder aux autorités de la Jordanie un vaste pouvoir de discrétion sur l'enregistrement des organisations non gouvernementales et, dans certains cas, aussi sur leur dissolution. Cela se fait par décret gouvernemental plutôt que par décision d'un tribunal indépendant. De plus, depuis 2009, pour la première fois, les ONG doivent obtenir l'approbation du premier ministre avant de rechercher du financement à l'étranger.
La Jordanie a mis à jour sa loi sur le travail, comme le disait mon collègue, en 2008. Je crois que les étrangers sont maintenant autorisés à s'affilier aux syndicats. Ils n'ont toutefois pas de droit de vote, et ne peuvent donc voter en faveur d'une grève. Le grand progrès, dans la loi du travail de 2008, c'est l'inclusion des travailleurs domestiques qui, pour la première fois dans toute la région, sont assujettis à la loi sur le travail. Les mécanismes de protection sont par contre encore loin de protéger les travailleurs domestiques comme ils le font pour les travailleurs d'autres secteurs. Par exemple, les employeurs jordaniens peuvent légalement confiner à la maison leurs domestiques, pour la plupart asiatiques et de sexe féminin, et restreindre leur liberté de mouvement. De plus, comme l'a dit mon collègue, les heures de travail sont beaucoup plus longues que dans d'autres secteurs, et aucune limite n'est fixée aux heures supplémentaires.
J'aimerais vous parler de certains événements survenus récemment, cette année même. Par exemple, une petite manifestation a eu lieu alors que le ministre de l'Agriculture devait prononcer une allocution dans le cadre d'une réunion. C'étaient ce qu'on appelle des journaliers, des employés du ministère, qui protestaient contre le congédiement récent de plusieurs de leurs collègues. Ces gens avaient travaillé pour le ministère du Travail plusieurs années sans jamais avoir eu le titre d'employés du gouvernement. Le dirigeant de ce modeste rassemblement non violent a par la suite été accusé devant le tribunal de sécurité de l'État d'avoir tenu un rassemblement illégal, et il a été condamné à la prison. En mai encore, un étudiant de l'université, Hatim as-Shuli, aurait, selon les accusations portées contre lui, écrit et publié dans son propre site Internet un poème qui, paraît-il, fait insulte au roi. Il a été détenu pendant 90 jours et accusé d'insulte au roi. Le procès se poursuit. La semaine dernière à peine, un incident est survenu à l'approche de la campagne électorale. Certaines personnes qui recommandaient aux Jordaniens de s'abstenir de voter, estimant qu'ils n'étaient pas libres, ont été arrêtées par le gouvernement pour avoir exprimé leur point de vue en public et provoqué un petit rassemblement non violent aux abords du bureau du premier ministre.
J'ai pu jeter un bref coup d'oeil sur les clauses relatives au travail, dans l'accord de libre-échange qui est envisagé, et je pense que l'inclusion des normes de l'OIT est un pas important. Selon nous toutefois, il vaudrait mieux qu'elles fassent partie intégrante de l'accord plutôt que d'être l'objet d'un accord parallèle, pour que les infractions en matière de travail et de commerce aient le même poids. De plus, comme mon collègue l'a déjà souligné, la Jordanie ne respecte pas encore tout à fait tous ces accords et normes de l'OIT. Il aurait peut-être été plus judicieux de chercher des moyens de la pousser à les respecter en contrepartie d'un accord de libre-échange.
J'incite vivement les membres du comité à considérer les infractions et les restrictions, dans les lois et pratiques de la Jordanie en matière de liberté d'expression et d'association, comme faisant partie intégrante des accords dans le domaine du travail, puisqu'elles peuvent constituer un obstacle au commerce. Mon collègue a déjà fait allusion aux Zones industrielles qualifiées. C'est de là que nous proviennent le plus de plaintes des travailleurs migrants. Ils se plaignent d'abus, de violence physique, de non-paiement du travail, de longues heures de travail et de confinement. Je conviens tout de même que le service d'inspection du ministère du Travail a amélioré un peu les choses depuis quelques années, en grande partie avec le soutien technique et financier des États-Unis, mais ces mesures n'ont pas encore porté fruit, en tout cas pas dans le secteur des travailleurs domestiques, sur lequel ont porté mes recherches récentes.
Pour terminer, je pense que les dispositions de l'accord de libre-échange qui concernent le travail auraient des chances d'améliorer les conditions de travail si la Jordanie s'y conforme pleinement. Je conseille vivement au comité d'envisager d'accorder le même poids aux enjeux liés au travail qu'à ceux qui concernent le commerce; de réfléchir à un moyen d'inciter la Jordanie à s'y conformer; de s'assurer que cette clause prévoit un mécanisme de plaintes individuelles; enfin, de porter une attention particulière aux droits des travailleurs migrants, et au travail forcé en particulier.
Je vous remercie beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie infiniment tous les témoins pour leur présence. C'est un peu différent pour les témoins par vidéoconférence, mais leur participation est néanmoins très appréciée.
Je vais interroger d'abord les Producteurs de grains, puisque le temps nous est compté. Quand vous fournirez ces documents, peut-être pourriez-vous y ajouter des comparaisons — avec certains de vos compétiteurs au Canada, dans vos domaines; ce que les écarts dans les tarifs douaniers signifient maintenant, et ce qu'ils pourraient signifier plus tard. Ce serait très utile.
Je m'adresse aussi bien à M. Vogt qu'à M. Wilcke. Je crois bien que les enjeux liés aux conditions de travail, à la liberté d'expression et à la liberté d'association tiennent à coeur à tout le monde, ici, sans exception. Je pense que nous portons tous un vif intérêt à ces questions. Je vous suis reconnaissante d'avoir pris le temps de nous exposer certaines préoccupations qui s'y rapportent.
Je pense que ce qu'il importe surtout de savoir, pour nous, c'est si le commerce contribue à ces situations ou y fait obstacle. Après tout, il s'agit ici d'un accord commercial, et nous appliquons des règles en matière de travail. J'apprécie les commentaires de M. Wilcke sur la pertinence d'un accord parallèle en matière de travail.
J'ai une question d'ordre plus général, à savoir si vous pensez que l'amorce d'échanges commerciaux — ou leur augmentation, puisque nous en avons déjà avec la Jordanie — risque d'aggraver la situation.
Monsieur Wilcke, peut-être pourriez-vous répondre le premier.
Il est évident qu'on parle d'un accord contraignant concernant les conditions de travail entre la Jordanie et le Canada. On peut certainement citer des pays de la région qui font mieux ou qui font pire que la Jordanie. Je pense bien sûr aux Émirats arabes unis, qui imposent des contraintes importantes et qui, en fait, bannissent tout simplement les syndicats. Par exemple, nous sommes très préoccupés par la liberté d'association et la négociation collective en Égypte.
Donc, il y a un certain nombre de pays de la région qui nous préoccupent beaucoup en ce qui a trait aux droits des travailleurs. Cela dit, je pense que, dans le cas de la Jordanie, les deux pays ont négocié un accord contraignant et qu'il est évident qu'actuellement, la Jordanie ne le respecte pas. Si on ratifie la version actuelle de l'accord, on accepte essentiellement de faire des échanges avec un pays en sachant, dès le départ, qu'il n'en respecte pas les conditions.
Concernant la question et d'autres chapitres qui, selon moi, méritent d'être examinés, je recommande évidemment qu'on discute avec le gouvernement de la Jordanie pour qu'il adapte ses lois et ses pratiques aux exigences de l'entente avant qu'elle soit ratifiée.
Je vais simplement apporter une précision. Plus tôt, on a parlé de la liberté d'association et du droit de négocier collectivement pour les travailleurs migrants. Je suis en train de regarder le rapport de mai 2010 de l'Organisation internationale du Travail. Je pense qu'en 2008, on voulait étendre les droits des travailleurs aux travailleurs migrants, mais cela n'a pas marché. Ainsi, selon le rapport de l'OIT de cette année, les travailleurs migrants ne peuvent toujours pas se syndiquer ni négocier collectivement.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de comparaître aujourd'hui.
J'aimerais commencer par MM. Wilcke et Vogt, parce qu'ils ont, à juste titre, souligné que ce n'est pas le commerce qui est bon ou mauvais en soi, mais le genre d'accord commercial conclu.
Par exemple, nous connaissons les conséquences que l'ALENA a entraînées au Mexique. Les dispositions de cet accord de libre-échange ont nui aux conditions de travail de la plupart des Mexicains, provoqué l'effondrement de l'économie rurale et mené à l'intensification notable des hostilités entre les cartels de la drogue. Donc, la façon dont est structuré un accord commercial est très, très importante.
J'aimerais revenir sur ce qu'a dit M. Wilcke concernant le droit du travail. Si j'ai bien compris, on a seulement permis aux travailleurs étrangers de se syndiquer de façon symbolique; ces travailleurs ne peuvent ni participer aux activités ni voter et ils n'ont aucun droit, sauf le droit symbolique de se joindre à un syndicat. Je vous prie de m'éclairer à ce sujet.
Je pense que ce que MM. Wilcke et Vogt essaient de dire, c'est que le Canada peut tirer des leçons de l'expérience des États-Unis et qu'il doit tout mettre en oeuvre pour qu'on respecte les accords internationaux, à l'avenir.
Dites-vous tous les deux qu'au lieu d'accoler une étiquette de mauvais joueur à la Jordanie, le Canada doit adopter une attitude positive et négocier un accord commercial qui favorise les travailleurs jordaniens?
On se méprend quelque peu sur le statut exact des travailleurs non jordaniens et leur droit de se syndiquer. Ce qui est certain, c'est que ces travailleurs n'ont pas le droit de participer aux grèves ni de les voter. Nous nous entendons là-dessus.
Étant donné que j'ai discuté, au fil des ans, avec des travailleurs jordaniens, je sais qu'il y a des mécanismes indépendants qui ressemblent à un syndicat. Il y a une douzaine d'associations professionnelles pour les médecins, les avocats, les ingénieurs agricoles, les dentistes, etc. Ces associations sont strictement réglementées par le gouvernement de la Jordanie et elles n'ont pas beaucoup de liberté par rapport à ce à quoi on peut s'attendre.
Vous avez demandé si nous devrions accoler à la Jordanie une étiquette de mauvais joueur. Je pense que la Jordanie réagit aux pressions internationales. Le Canada doit discuter avec la Jordanie des conditions de travail appropriées et des changements à apporter dans les ministères. Par exemple, en Jordanie, les ministres du Travail se sont succédé très rapidement. Seulement cette année, la Jordanie en est à quelque chose comme son troisième ministre du Travail.
En juillet, on a retiré des pouvoirs au tribunal des salaires, qui était chargé par le ministère du Travail de régler les différends salariaux jusqu'à six mois après que les travailleurs avaient quitté leur emploi. Désormais, le tribunal peut seulement trancher les différends pour ceux qui occupent un emploi. Par conséquent, si on quitte son travail parce qu'on n'est pas payé, on n'a pas accès à ce mécanisme rapide. En Jordanie, la loi prévoit que les tribunaux habituels doivent régler les conflits de travail dans les trois mois. Mais dans les faits, cela ne se produit pas. Voilà un autre problème que je pourrais...
J'aimerais remercier tous nos invités pour leur présence aujourd'hui. Vous m'excuserez — car je présume que pourrons poser une deuxième série de questions —, mais je voudrais adresser mes questions principalement à nos collègues de l'agriculture, les Producteurs de grains du Canada.
La semaine dernière, l'association canadienne des éleveurs de bovins est venue témoigner devant nous. Comme vous, les éleveurs de bovins sont très favorables à un accord de libre-échange. Et comme vous, ils comprennent l'importance de la Jordanie à plusieurs égards. Même si le marché pour le boeuf n'est pas le plus important à l'heure actuelle et est plus petit que le marché des producteurs de grains dans certains créneaux particuliers, les éleveurs sont d'avis comme vous qu'il s'agit d'une occasion ayant une importance stratégique. Compte tenu des marchés existants au Moyen-Orient, cet accord ouvre de nouvelles portes aux entreprises canadiennes.
Il est plutôt intéressant d'entendre les éleveurs de bovins parler, comme vous, de tarifs douaniers variant entre 10 et 28 p. 100. Vous avez indiqué que les tarifs étaient d'environ 30 p. 100.
Les témoignages de nos quatre invités d'aujourd'hui représentent deux perspectives différentes, mais me paraissent faire partie d'un même ensemble, si vous voulez. Nous nous intéressons certainement au respect des droits de la personne, comme mes collègues d'en face l'ont indiqué tout à l'heure. C'est important pour nous, tout comme il est important que les accords contiennent des dispositions garantissant le respect des normes sur les conditions de travail.
Mais nous ne devons pas oublier qu'il s'agit également de conclure un accord avantageux pour le Canada. Il ne faudrait pas rater l'occasion qui se présente. Alors que nous examinons le projet de loi visant à ratifier cet accord, je ne voudrais pas que nous oubliions ce qu'il va rapporter au Canada, notamment aux agriculteurs de partout au pays. Qu'il s'agisse des producteurs du Québec ou de l'Ontario, de l'Est, de l'Ouest ou du Nord, l'ensemble du secteur agricole au pays trouvera son compte dans cet accord, et il importe que nous le ratifiions.
Parfois, je trouve que cette idée ne ressort pas assez dans le dialogue actuel. Bien que nous devions nous intéresser à ce qui se passe dans les pays avec lesquels nous concluons des accords commerciaux, je vous dirais qu'il n'a pas été question aujourd'hui de... Bien que nous ayons parlé de l’Accord de coopération dans le domaine du travail, je n'ai entendu personne mentionner l’Accord sur l’environnement, qui a également une importance vitale. Dans le cadre de nos efforts commerciaux, nous nous employons à établir un système reposant sur des règles qui n'existait pas auparavant.
Alors, je voudrais revenir à ce point. Je voudrais souligner l'importance de l'accord pour le Canada. Il ne s'agit pas seulement de respecter les gens avec lesquels nous négocions.
J'aimerais que vous nous disiez, monsieur Phillips et monsieur Stanford, pourquoi, de votre point de vue, cet accord est si important pour les producteurs de grains. Vous pouvez étendre vos arguments à l'ensemble du secteur agricole, si voulez, mais dites-nous pourquoi l'accord est si important. Pourquoi cet accord nous vaut-il une visite et un témoignage de votre part?
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Merci, monsieur le président.
Permettez-moi de saluer nos invités, que ce soit ceux qui sont en train de partir ou ceux qui se trouvent en Europe et à Washington.
À l'intention de M. Phillips, qui est en train de nous quitter, j'aimerais préciser, comme je me le fais souvent, que je préfère être sur place et y faire mon possible pour sensibiliser les gens et changer les choses, plutôt que de rester à l'écart et de n'être utile à personne.
Monsieur le président et chers membres du comité, pendant que les autres membres du comité prenaient la parole, ma collègue Martha Hall Findlay et moi discutions de cette question en privé. Comme je lui disais, qui aurait pu s'imaginer, il y a 35 ou 40 ans, que des syndicats verraient le jour en Chine, par exemple? Qui aurait pu s'imaginer, il y a 35 ou 40 ans, qu'il serait question là-bas de droit du travail, de normes et de toute la panoplie des questions dans ce domaine? Je pense que, si la Chine en est là, c'est que nous avons eu l'audace de conquérir ce marché et d'y promouvoir ces changements. Et les Chinois ont beaucoup changé.
Ce que les agriculteurs avaient à dire m'a impressionné, mais il y a aussi une contrepartie, monsieur le président, car ils ont parlé du groupe de pays, soit Bahreïn, le Qatar, les Émirats arabes unis, et ainsi de suite. J'ai été agacé récemment de constater que nous risquions de perdre ces partenaires simplement parce que l'accord commercial vise notamment l'accès à notre marché du transport aérien. Je voudrais que ce problème soit réglé également, d'une manière ou d'une autre, avec le transporteur aérien Emirates, de manière à ce que nous puissions avancer dans l'intérêt de tous.
Monsieur le président, je voudrais poser une question aux deux témoins, peu importe lequel répond. Ce pourrait être le monsieur en Allemagne ou celui qui est aux États-Unis. Je reprends où mon collègue a dû s'arrêter pour donner aux témoins l'occasion de terminer leur réponse de tout à l'heure.
Ces pays profitent-ils de la présence du Canada sur leur marché ou en subissent-ils un préjudice? Je demanderais aux témoins de bien y songer, car ils ont parlé de l'industrie du vêtement, mais pas des exportations agricoles, c'est-à-dire le boeuf, les lentilles, les pois chiches, et ainsi de suite. J'ai entendu les témoins nous parler sans arrêt de l'industrie du vêtement.
Je me souviens, monsieur le président et chers collègues, des appels au boycottage de certaines marques lancés il y a quelques années — je n'en nommerai aucune pour ne pas être injuste —, en raison des conditions de travail des travailleurs fabricant les vêtements en question. La communauté internationale a réagi comme il se doit, tout comme l'entreprise visée.
Je me demande si nous pouvons nous attendre à de bons résultats en mettant la clé dans la porte et en la jetant parce qu'il y a des violations... Nous avons entendu parler des violations. C'est le travail de notre comité de se pencher sur cette question.
Messieurs, n'y aurait-il pas une autre manière de régler ces problèmes que de refuser de conclure un accord de libre-échange avec ce pays?
J'aimerais entendre le point de vue de l'un ou l'autre des deux témoins à ce sujet, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins.
Je voudrais faire suite aux observations de mes collègues sur le fait que nous sommes ici pour aider au développement des entreprises canadiennes, et que nous nous préoccupons aussi de la situation des droits de la personne partout dans le monde. Nous tentons de trouver le juste équilibre.
J'aimerais revenir sur l'accord États-Unis-Jordanie conclu il y a presque dix ans, le 24 octobre 2000. Cet accord est entré en vigueur le 17 décembre 2001 et depuis, ces deux pays ont doublé leurs échanges commerciaux. Entre 2007 et 2009, ces échanges ont augmenté de près de 40 p. 100, passant d'un peu plus de 900 millions de dollars à 1,35 milliard de dollars.
En tant que nation commerçante, le Canada tire de l'arrière. Nous devons aller de l'avant et mettre nos entreprises sur le même pied d'égalité que leurs concurrents grâce à un système commercial axé sur des règles auquel on a fait référence plus tôt.
Pendant que les États-Unis continuent de négocier de façon musclée, nous voulons être des chefs de fil, tant au chapitre de l'économie que des droits de la personne. L'accord de coopération dans le domaine du travail respecte la Déclaration de 1998 relative aux principes et droits fondamentaux au travail. La déclaration aborde, entre autres, la liberté d'association, le droit de négociation collective, l'abolition du travail des enfants, question que d'autres témoins ont soulevée, l'élimination du travail forcé ou obligatoire et l'élimination de la discrimination en matière d'emploi et de profession. De plus, l'accord comprend un mécanisme d'observation.
Donc, ma question pour vous, messieurs, est la suivante: devrait-on prendre du recul pour rédiger un accord parfait tout en laissant les Américains accroître leurs échanges commerciaux, ou devrait-on aller de l'avant, créer un système commercial axé sur des règles et mettre en place un mécanisme d'observation afin d'améliorer la situation du travail et la situation économique des deux pays?
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Certainement, et je vais tenter d'être le plus bref possible.
En février dernier, je me suis rendu à Amman pour discuter avec des responsables du ministère de l'Intérieur de la pratique jordanienne qui consiste à retirer de façon arbitraire la nationalité jordanienne aux citoyens d'origine palestinienne.
En 1988, le roi Hussein de Jordanie a déclaré qu'il ne voulait plus rien savoir de la Cisjordanie sur le plan juridique et administratif, un territoire occupé par Israël depuis 1967, et que tous ceux qui habitaient cette région perdraient leur citoyenneté jordanienne.
Ce que nous voyons aujourd'hui, ce sont les conséquences de cette décision. Les Jordaniens d'origine palestinienne qui vivaient à l'époque au Koweït, par exemple, ou même en Jordanie se font maintenant retirer leur citoyenneté jordanienne. C'est la pratique actuelle, et celle-ci contrevient clairement à la loi jordanienne. Elle va à l'encontre des textes internationaux que la Jordanie n'a pas encore signés, comme le traité sur la prévention de l'apatridie. De plus, cette pratique est utilisée dans le contexte des négociations de paix et de la situation au Moyen-Orient. La Jordanie veut avoir le plus grand nombre de personnes apatrides possible sur son territoire pour qu'ils puissent être considérés comme des réfugiés et renvoyés en Israël ou en Cisjordanie ou recevoir un dédommagement si jamais un accord de paix était conclu.
Ayant perdu leur statut de résident de la Jordanie, ces gens n'ont plus le droit de travailler dans le pays, tant dans le secteur public que privé. La seule façon de contourner cet obstacle, c'est d'obtenir une permission spéciale de travailler, mais ces permissions sont délivrées par les services du renseignement de la Jordanie.
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Merci, monsieur le président. Bienvenue à nos témoins.
J'aurais quelques questions à poser.
Premièrement, même si les représentants et les témoins du secteur agricole ne sont plus ici, il convient de revenir sur un point qu'ils ont soulevé, soit que la Jordanie a un sérieux problème d'eau, tout comme la plupart des autres pays du Moyen-Orient, d'ailleurs. Le Canada, les États-Unis et l'Union européenne disposent d'une quantité d'eau plutôt suffisante et de grandes ressources agricoles. Donc, il est clair que nous pouvons aider ces pays à subvenir aux besoins alimentaires de leurs citoyens, et cela pourrait être encore plus important pour l'avenir. La Jordanie ne constitue pas l'unique marché dans la région. Tous les pays du Moyen-Orient réunis représentent un marché d'au moins 40 millions de personnes. Selon moi, il s'agit d'une excellente occasion.
J'en arrive à la question que je voulais poser. Nous avons ici des accords contraignants sur le travail et sur l'environnement. Comme tout le monde, je suis conscient des problèmes logistiques liés à la mise en oeuvre de ces accords, mais les explications de nos deux témoins portent un peu à confusion.
Vous avez dit, monsieur Vogt, que l'accord de libre-échange États-Unis-Jordanie ne pouvait qu'être bénéfique à long terme. Je dirais la même chose au sujet de notre accord de libre-échange avec la Jordanie. Nous avons déjà des échanges commerciaux avec la Jordanie. Ce n'est rien de nouveau. Nous ne faisons que mettre en place un système commercial fondé sur des règles contraignantes pour les deux parties. Personne ne prétend qu'il s'agit d'une solution parfaite, mais ce que je veux dire, c'est que contrairement à un système commercial qui repose sur très peu de règles et sur des tarifs élevés, cette option ne peut qu'être profitable pour les deux pays à long terme. Tout ce que nous tentons de faire, c'est d'adopter des paramètres pour une situation qui existe déjà.
J'aimerais d'abord entendre votre opinion sur le sujet, s'il vous plaît.