:
Merci, madame la présidente.
Il est assez inhabituel que le chef d'un parti politique vienne témoigner devant un comité parlementaire. Je ne l'ai jamais fait auparavant. C'est pour moi un honneur et un privilège. Je vous remercie de l'occasion qui m'est donnée de vous parler ce matin et de répondre à des questions sur le projet de loi .
[Français]
C'est un honneur pour moi, même si c'est un peu inusité qu'un chef de parti politique témoigne devant un comité parlementaire. Je suis ici pour répondre à vos questions au sujet du projet de loi .
[Traduction]
En tant que parti, nous partons —et, personnellement, je pars — d'une proposition simple, à savoir que l'équité salariale n'est pas une question de relations de travail, mais une question de droit fondamental de la personne.
Au Canada, les femmes, juste pour prendre cet exemple de l'équité salariale, gagnent 72 ¢ pour chaque dollar gagné par un homme. Les femmes ayant des enfants gagnent un peu plus de 50 ¢. Ce projet d'initiative parlementaire, le projet de loi , vise à faire quelque chose au sujet de ces données statistiques qui nous semblent injustes, à nous et, je pense, à beaucoup de Canadiens et de Canadiennes.
Le gouvernement du Canada est le plus important employeur. À titre de plus important employeur, nous devrions donner l'exemple en matière d'équité salariale. Le gouvernement fédéral a également compétence sur les sociétés d'État et sur un certain nombre d'industries réglementées par le fédéral, alors ce projet d'initiative parlementaire est conçu pour promouvoir l'équité salariale de manière proactive dans toutes les sphères de compétence fédérale.
[Français]
Ce projet de loi vise à promouvoir l'équité salariale dans tous les organismes du ressort du fédéral: la fonction publique fédérale, les sociétés d'État et tous les employeurs qui relèvent du fédéral.
Le fédéral, en tant que plus grand employeur du Canada, doit montrer un bon exemple en matière d'équité salariale. Nous pensons que la meilleure façon de le faire, c'est en créant une commission d'équité salariale à l'échelle fédérale, et ce, afin de promouvoir l'équité salariale dans toutes les instances fédérales. Quand je dis « promouvoir », cela ne signifie pas simplement réagir aux cas d'abus, mais bien promouvoir des plans actifs pour atteindre l'équité salariale dans tous les domaines du fédéral. Nous pensons que c'est la meilleure façon de procéder et d'agir.
[Traduction]
Le coeur du projet de loi en tant que mesure législative, c'est l'idée que le Canada a besoin du gouvernement fédéral, le plus important employeur, pour créer une commission fédérale proactive en matière d'équité salariale comportant, si c'est nécessaire, un tribunal pour entendre les cas d'abus individuels, mais le rôle d'une commission fédérale en matière d'équité salariale est de promouvoir la réforme proactive de l'équité salariale partout dans la fonction publique fédérale, dans les sociétés d'État et pour tous les employeurs relevant de la compétence fédérale. Nous pensons que c'est de cette façon que nous devons réagir au fait vraiment saisissant que les Canadiennes gagnent 72 ¢ pour chaque dollar que gagne un homme, et tout juste un peu plus de 50 ¢ dans le cas des femmes ayant des enfants, et on trouve également des exemples très éloquents d'iniquité salariale touchant les Canadiens autochtones, les Canadiens handicapés et d'autres minorités défavorisées.
Cette proposition aurait pour effet d'inverser l'approche utilisée par le gouvernement conservateur dans cette question. Le gouvernement conservateur a jugé que l'équité salariale était fondamentalement une question de relations de travail et a remis cette question entre les mains du tribunal canadien des relations de travail. Notre point de vue, c'est qu'il y a une objection de principe et qu'il y a certaines objections pratiques.
L'objection de principe, c'est que nous pensons que l'équité salariale est un droit de la personne et non pas une question de relations de travail. C'est une question fondamentale.
L'autre question, c'est que le tribunal des relations de travail, à notre avis, n'a pas la compétence pour prendre une position proactive sur l'équité salariale et pour promouvoir l'équité salariale comme une question active dans toutes les sphères de compétence fédérale.
L'autre problème lié à l'approche fondée sur les relations de travail, c'est que les femmes sont incapables de se faire représenter dans leur cause. Par exemple, elles ne sont pas autorisées à faire comparaître leur syndicat pour les défendre. Nous croyons que c'est une erreur.
Par conséquent, nous pensons qu'une meilleure façon d'aborder cette question est de créer une commission fédérale sur l'équité salariale ayant un mandat proactif pour exiger de tous les employeurs relevant de la compétence fédérale qu'ils établissent des plans pour promouvoir l'équité salariale comme un droit de la personne. Voilà l'approche que nous préconisons. Nous pensons qu'elle est supérieure à l'approche adoptée par le présent gouvernement et nous pensons qu'il est extrêmement important pour tous les Canadiens et Canadiennes de comprendre quel est l'enjeu ici.
Notre société vit en fonction de l'égalité: égalité des chances et égalité de rémunération. Un salaire égal pour un travail de valeur égale est une idée qui relève des droits de la personne et non pas simplement une question de relations de travail. Nous serions très préoccupés si les questions liées à l'équité salariale étaient assujetties au processus de négociation où elles pourraient être sacrifiées dans le cadre de la négociation.
Nos recommandations sur le projet de loi découlent des travaux d'un groupe de travail qui a étudié cette question de manière approfondie de 2001 à 2004. Nous ne les avons pas inventées; elles sont issues de la consultation des intéressés partout au Canada durant trois ans. Le gouvernement conservateur n'a pas jugé bon de prêter une oreille attentive à ce processus de consultation et a décidé de faire des choses à sa manière. Nous essayons de corriger ce que nous estimons être une grave erreur.
[Français]
Nous pensons que l'équité salariale, je le répète, est un droit fondamental de la personne. Nous pensons que mettre l'équité salariale sous l'égide du Conseil canadien des relations industrielles est une erreur. Ce conseil n'a pas la compétence de prendre des décisions relatives à des questions d'équité salariale. Dans ce conseil, les femmes n'ont pas le droit de faire venir le représentant des syndicats. Nous pensons aussi que le Conseil canadien des relations industrielles n'a pas le pouvoir de demander aux employeurs du domaine fédéral des plans d'action proactifs pour régler ces problèmes d'inégalité des salaires de façon stratégique et générale. Il a le pouvoir de réagir de façon individuelle, mais il n'a pas la capacité d'agir de façon systématique et stratégique.
Pour nous, c'est le fond du problème. Nous pensons qu'il est très important que le fédéral, en tant que plus grand employeur du Canada, montre le bon exemple en ce qui touche ces questions d'équité salariale. La meilleure façon de le faire est en créant de nouveau une commission nationale sur l'équité salariale avec un tribunal. Ainsi, le fédéral pourra faire ce que le Canada se doit de faire, c'est-à-dire montrer l'exemple de bonne conduite relativement aux questions d'équité salariale pour les femmes et pour tous les gens qui ont besoin d'équité dans le système fédéral.
Je vous remercie, madame la présidente, de m'avoir donné l'occasion de venir discuter de mon projet de loi devant vous aujourd'hui.
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Je remercie l'honorable députée de sa question.
Il vaut la peine de noter que c'est la première fois que j'ai l'honneur de présenter un projet de loi d'initiative parlementaire au Parlement et, personnellement, je suis très fier d'être associé à cette question. Il s'agit d'une déclaration de principe, non seulement en mon nom, évidemment, mais au nom du parti que j'ai l'honneur de diriger.
Je suis simplement frappé par ces chiffres. Je suis tout simplement frappé par le fait que les femmes dans notre pays n'obtiennent pas un salaire égal pour un travail de valeur égale. Nous devons combler cet écart. Nous avons dit que nous devrions le faire, mais nous ne l'avons pas fait.
Alors, la question devient: comment le gouvernement fédéral assure-t-il le leadership? De nombreuses provinces ont des commissions sur l'équité salariale. Pourquoi le gouvernement fédéral ne peut-il pas avoir une commission sur l'équité salariale qui dit: « Soyons proactifs à cet égard »? Ne nous contentons pas d'y aller au cas par cas lorsqu'une femme a une plainte à formuler. Alors, allons-y et élaborons une stratégie dirigée par une institution fédérale qui dit: «Montrez-nous le plan et montrez-nous comment vous prévoyez réduire ces iniquités ».
J'ai eu honte en tant que Canadien d'être dans une situation où des gens qui ont les mêmes droits de la personne que moi n'obtiennent pas la reconnaissance financière pour la valeur de leur travail. Il s'agit d'une iniquité qui doit être corrigée. Nous croyons fermement que la façon dont le gouvernement actuel a abordé cette question, c'est-à-dire d'en faire une question de relations de travail, ne met pas en place l'appareil nécessaire pour faire en sorte que cette question soit corrigée au nom des Canadiennes.
Alors, c'est la voie que nous avons choisie. C'est l'affirmation de notre engagement face à l'équité salariale comme un droit de la personne. C'est l'affirmation de l'engagement que le gouvernement du Canada devrait être un chef de file en mettant de l'avant l'équité salariale pour les femmes dans toutes les sphères qui relèvent de la compétence fédérale. C'est l'affirmation de mon engagement personnel, et c'est l'affirmation de l'engagement de mon parti.
Merci beaucoup de la question.
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Merci de cette question.
Le groupe de travail de 2001 a rédigé des lignes directrices très utiles. Nous les examinerions en détail et nous retournerions consulter les intervenants.
Il y a toujours des choses que nous pouvons améliorer. Alors, premièrement, vous écoutez les intervenants. Premièrement, vous écoutez les spécialistes. Vous revenez aux travaux du groupe de travail. Mais, essentiellement, je pense que le mandat, c'est d'abord et avant tout qu'elle a compétence sur les sociétés d'État, la fonction publique fédérale et tous les secteurs qui relèvent de la législation fédérale — ce qui représente beaucoup de monde au Canada — et le mandat de base est de prendre une position proactive auprès de chaque employeur.
La commission fédérale sur l'équité salariale irait voir chaque employeur pour lui dire: « Quel est votre plan? » Elle leur demanderait comment il se propose de réduire cet écart qui touche les droits des femmes, les droits des personnes handicapées, les droits des Canadiens autochtones et les droits de tout Canadien qui n'obtient pas un salaire égal pour un travail de valeur égale. Montrez-nous le plan, demanderait-elle, et fixons ensemble des étapes pour réduire cet écart avec le temps, de sorte que vous puissiez faire rapport à vos employeurs et que nous puissions faire rapport au Parlement du fait que nous travaillons ensemble pour réduire cet écart, de sorte que le Canada puisse offrir ce qu'il dit qu'il va offrir, à savoir une égalité fondamentale pour les hommes et les femmes et tous les Canadiens et les Canadiennes.
Je pense que c'est l'élément proactif de cette question qui est le mandat clé. De plus, je pense qu'il doit y avoir une fonction de tribunal de manière que quelqu'un qui a une plainte précise ait le droit de présenter sa cause et que cette cause soit entendue rapidement, et par-dessus tout, par des professionnels, par des personnes dont le seul travail est de s'occuper des questions d'équité salariale.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Monsieur Ignatieff, merci d'être avec nous aujourd'hui. J'ai plusieurs questions pour vous, et aussi plusieurs interrogations.
La première fois que le comité a déposé son rapport sur l'équité salariale en 2001, l'une des préoccupations les plus importantes concernait effectivement l'adoption d'une loi proactive sur l'équité salariale. À ce moment, le gouvernement au pouvoir était libéral. Nous étions en situation de surplus budgétaire. Il aurait été facile de promouvoir et de mettre en avant une loi proactive sur l'équité salariale. Cela n'a pas été fait. Lors du dernier budget, vous avez malheureusement voté pour le projet de loi, qui mettait en avant une loi très rétrograde sur la rémunération équitable, et qui a fait de l'équité salariale un droit négociable.
Votre projet de loi doit-il être interprété comme un repentir d'avoir abandonné les femmes au profit de considérations strictement électorales? Aujourd'hui, vous déposez un projet de loi comme si vous aviez oublié votre vote en faveur du projet de loi . C'est comme si vous vous refaisiez une virginité en ne nous indiquant pas que vous avez du regret d'avoir voté pour le projet de loi C-10. Vous ne mentionnez pas du tout le fait que vous ayez voté pour le projet de loi C-10, ni le fait que ce vote ait causé un tort irréparable à des milliers de femmes qui sont dans la fonction publique. Ce tort ne sera pas réparé par le fait que vous ayez déposé le projet de loi .
Je vais certainement voter pour le projet de loi , parce que je veux que les femmes obtiennent l'équité salariale. Malheureusement, ce projet de loi est beaucoup trop peu et beaucoup trop tard. Malheureusement, des femmes ont déjà souffert du fait que vous avez voté pour le projet de loi .
Comment pouvez-vous expliquer cela?
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Je remercie l'honorable députée de sa question.
Comme je l'ai dit dans l'autre langue officielle, vous ne pouvez pas déclencher des élections chaque fois que vous êtes en désaccord avec le gouvernement. Voilà le premier point. Je pense que vous-même avez reconnu que dans un Parlement minoritaire, il s'agit, en fait, d'une position raisonnable à adopter.
Deuxièmement, le projet de loi , le projet de loi sur le budget dont nous parlons, est ce que nous appelons, dans le jargon, un « projet de loi poubelle »; vous empilez un tas de choses dans ce projet de loi. À notre avis, c'est une façon absolument horrible de faire de la législation parlementaire. Si le gouvernement conservateur avait décidé de présenter ce projet de loi comme un projet de loi autonome, il aurait obtenu un résultat différent, et je pense qu'il le savait.
Alors, c'est notre point de vue pour l'avenir, alors que nous cherchons à faire fonctionner les parlements, que ce genre de projet de loi poubelle, dans lequel vous mettez plein de choses, constitue une façon atroce de faire un travail législatif sain au Parlement du Canada. Souvenez-vous que nous étions dans une situation financière très difficile, dans une récession mondiale. Il y avait des raisons d'adopter ce projet de loi, mais nous avions dit à cette époque que c'était à contrecoeur que nous le faisions au sujet de l'équité salariale...
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Merci, monsieur Ignatieff.
Vous avez utilisé l'expression « glissé en douce ». Or, le projet de loi du gouvernement était à la portée de tout le monde. Je crois qu'il est trop tard d'en parler un an et demi après. Il y a eu beaucoup d'effets préjudiciables.
Je suis évidemment en faveur de l'équité salariale. Je le suis depuis que j'étais députée à l'Assemblée législative de l'Ontario. En fait, à la lumière des travaux du groupe de travail de 2004, j'ai présenté un projet de loi sur l'équité salariale. Si jamais j'ai l'occasion de le refaire, j'espère que vous donnerez votre appui.
Il y a environ un mois, vous avez dit que le , un projet de loi d'initiative parlementaire, était voué à l'échec; il ne mènerait à rien parce qu'il lui fallait une recommandation royale. Donc, puisque qu'une partie du nécessite une recommandation royale qui, je pense, ne sera sûrement pas accordée, je me demande si, lorsque vous rédigiez votre projet de loi, vous aviez considéré mettre de côté cette partie — qui, selon vos propres mots, n'offre aucun espoir — et de vous pencher sur la modification accessoire qui révoque la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public? Cette révocation nous ramènerait au point où nous étions avant la présentation du projet de loi conservateur. Les femmes auront alors la possibilité d'interjeter appel devant la Commission des droits de la personne, avec des amendes infligées aux employeurs et aux syndicats. Ces amendes sont très élevées dans le cas de syndicats qui veulent défendre leurs membres. En plus, avec cette modification l'équité salariale ne ferait plus l'objet de négociations.
Avez-vous songé à suivre cette voie pour vraiment concrétiser quelque chose d'important qui nous le savons se poursuivra à l'avenir — ou plutôt qui aurait une chance d'aller de l'avant?
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître de nouveau pour parler de l'équité salariale.
Aujourd'hui, je vous donnerai un aperçu des principaux fondements de la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public. Je vous expliquerai également comment cette loi reflète l'intention des travaux du Groupe de travail sur l'équité salariale de 2004, connu sous le nom de Groupe de travail de Bilson.
Comme je l'ai mentionné la dernière fois, nous reconnaissons tous que l'ancien régime d'équité salariale de la fonction publique fédérale était réactif, laborieux, coûteux et litigieux. Des mesures n'étaient prises que par hasard, et uniquement en réaction à des plaintes. De plus, les plaintes étaient déposées sans discussion préalable ni à la table de négociations ni dans d'autres forums. Les 15 à 20 années nécessaires au traitement des plaintes ont épuisé les ressources, la productivité des relations de travail et les femmes de la fonction publique.
Dans son rapport de 2001 sur l'équité salariale, la Commission canadienne des droits de la personne a souligné les longs délais et la nature litigieuse des plaintes relatives à l'équité salariale. La commission a constaté que les dossiers d'équité salariale représentaient moins de 8 p. 100 de toutes les plaintes, alors qu'elle y consacrait environ la moitié de ses dépenses en service juridique, ce qui prouve la complexité et les difficultés posées par l'administration du régime précédent.
Confronté à ces problèmes durant des années, le gouvernement fédéral a beaucoup appris. D'ailleurs la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public s'appuie sur cette expérience. À titre d'employeur, nous nous sommes également inspirés des régimes proactifs provinciaux, des travaux du Groupe de travail sur l'équité salariale ainsi que des recherches menées au Canada et ailleurs dans le monde.
Compte tenu du fait que le comité étudie le projet de loi , il serait utile que je décrive brièvement comment la nouvelle loi aborde certaine des recommandations clés du Groupe de travail sur l'équité salariale de 2004. Je porterai mon attention sur quatre aspects clés des recommandations du Groupe de travail.
D'abord, le Groupe de travail a conclu que la réglementation actuelle — c'est-à-dire l'article 11 de la Loi canadienne sur les droits de la personne — n'était pas efficace. Il recommandait l'adoption d'une nouvelle loi distincte et proactive.
La Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public constitue une loi indépendante. La nouvelle loi établit un régime proactif visant à assurer l'équité salariale pour les employés du secteur public fédéral. Cette nouvelle loi remplace un régime fondé sur les plaintes par une démarche proactive. Ainsi, le régime fédéral ressemble maintenant à celui de nombreuses provinces dont les régimes exigent la proactivité. C'est d'ailleurs une pratique qu'appuient la plupart des spécialistes en la matière.
[Français]
Passons maintenant au deuxième aspect des recommandations du groupe de travail que traite la nouvelle loi.
Le groupe de travail recommandait qu'une loi assure le maintien de l'équité salariale. Il recommandait que la nouvelle loi crée l'obligation pour l'employeur et pour les syndicats de maintenir l'équité salariale lorsqu'ils revoient ou lorsqu'ils négocient les salaires.
La Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public prévoit que la rémunération équitable sera non seulement établie de façon proactive, mais qu'elle sera aussi maintenue de façon régulière et continue. Pour ce faire, la loi rend les employeurs et, pour la première fois, les agents négociateurs conjointement responsables de s'assurer que les employés reçoivent une rémunération équitable chaque fois que les salaires sont révisés.
La nouvelle loi prévoit des exigences solides concernant les évaluations en matière de rémunération équitable. Elle prévoit aussi que les résultats doivent être communiqués aux employés de façon transparente. Ainsi, la nouvelle loi veille à ce que l'analyse comparative entre les sexes ne constitue pas une réflexion après coup, et qu'elle ne soit pas déterminée en fonction d'un processus distinct en voie de litige. À la place, la loi intègre les pratiques d'établissement de salaires de façon continue. En d'autres mots, la loi prévoit que l'analyse comparative des sexes doit se faire au moment de la fixation des salaires.
En rendant l'employeur et l'agent négociateur conjointement responsables, la nouvelle loi reconnaît le rôle important que jouent les syndicats dans l'établissement des salaires. En établissant des obligations détaillées pour les deux parties sur la façon d'obtenir et de maintenir une rémunération équitable, la nouvelle loi ne permet pas aux parties de négocier un droit fondamental. Au contraire, elle reconnaît le rôle important que la négociation collective, telle que la Cour suprême l'a reconnue, a à jouer dans la réalisation et la protection des droits de la personne, dont ceux touchant l'obtention de salaires équitables, les heures de travail et les conditions de travail justes, y compris les congés parentaux ainsi que la santé et la sécurité au travail.
Le rôle des négociations collectives dans l'atteinte des objectifs d'équité salariale soutient également les obligations du Canada aux termes de la Convention sur l'égalité de rémunération de 1951 de l'Organisation internationale du Travail. En vertu de cette convention, les membres sont tenus d'intégrer le principe de l'égalité de la rémunération pour un travail de valeur égale dans les méthodes pour déterminer les taux de rémunération. C'est précisément ce que fait la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public.
Comme vous le savez peut-être, dans la réponse présentée en 2005 au comité à propos du rapport du Groupe de travail sur l'équité salariale, les ministres de la Justice et du Travail de l'époque ont précisé qu'ils estimaient que la relation entre l'équité salariale et les négociations collectives, de même que les obligations des employeurs et des agents négociateurs, devait faire partie de ce qu'ils appelaient « les questions primordiales à régler » sur lesquelles devait reposer toute loi judicieuse en matière d'équité salariale. La nouvelle loi intègre ces questions.
Le groupe de travail recommandait aussi que les employés syndiqués et non syndiqués puissent participer à l'atteinte et au maintien de l'équité salariale. Il s'agit du troisième fondement de ces recommandations dont j'aimerais vous parler aujourd'hui.
La Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public comprend des exigences solides en matière de transparence et de reddition de comptes afin d'informer de façon proactive et régulière les employés de leurs droits et de ce qui a été fait pour assurer une rémunération équitable avant que ne soit établi leur salaire. Cette obligation vise à renforcer la responsabilité à l'égard des résultats. Les employés syndiqués peuvent également participer par l'intermédiaire des négociations, et j'ajouterais qu'ils peuvent aussi s'exprimer par l'intermédiaire des votes de ratification sur les ententes de principe conclues entre l'employeur et leur agent négociateur.
[Traduction]
Le quatrième point que j'aimerais soulever est la recommandation du Groupe de travail selon laquelle la nouvelle loi renferme des dispositions précises établissant un processus de plaintes.
En vertu de la nouvelle Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public, les employeurs et les syndicats doivent s'acquitter avec sérieux de leurs obligations, conjointement et de manière transparente. La nouvelle loi maintient le droit des employés de déposer des plaintes auprès de la Commission des relations de travail dans la fonction publique. Cet organisme quasi-judiciaire indépendant administre actuellement la Loi sur les relations de travail dans la fonction publique. La commission a contribué à résoudre les problèmes salariaux des 40 dernières années. La commission a aussi maintenant le pouvoir d'interpréter les questions relatives aux droits de la personne.
La nouvelle loi prévoit de nombreuses mesures de sauvegarde, entre autres le droit du syndicat de recourir unilatéralement à un arbitrage exécutoire pour résoudre les différends. Un des volets essentiels de la nouvelle loi est que les conseils d'arbitrage seront tenus de rendre des décisions à propos de questions de rémunération équitable.
Ce n'était que quelques exemples des façons dont la nouvelle loi reflète l'intention des recommandations faites en 2004 par le Groupe de travail sur l'équité salariale et s'appuie sur ces dernières.
La Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public entrera en vigueur dès que le nouveau règlement sera terminé et établi par le gouverneur en conseil.
Ce règlement est en cours d'élaboration par l'entremise d'un processus de consultation. Il permettra de mieux définir et de préciser les modalités, les obligations et les processus prévus dans la nouvelle loi.
Nous avons collaboré étroitement avec les agents négociateurs et environ une trentaine d'organismes distincts, la Gendarmerie royale du Canada et les Forces canadiennes pour élaborer ce règlement qui, selon nos estimations, devrait être prêt, comme prévu en 2011.
En guise de conclusion, je tiens à souligner que la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public permettra non seulement de protéger le droit à un salaire égal pour un travail de valeur égale, mais elle constitue aussi la meilleure solution pour atteindre et, surtout, maintenir — j'insiste sur le terme « maintenir » — l'équité salariale pour les années à venir.
Je vous remercie de votre attention. Il nous fera plaisir, à ma collègue Mme Bogden et à moi-même, de répondre aux questions.
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Merci, madame la présidente.
En écoutant le débat, je constate très clairement que tout le monde et tous les partis autour de cette table souhaitent la même chose, à savoir l'équité salariale pour les femmes. En fait, le seul point sur lequel on ne semble pas s'entendre, c'est le meilleur moyen d'y parvenir. Certes, notre gouvernement croit que nous avons atteint cet objectif grâce à la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public, mais je pense que, selon le projet de loi de M. Ignatieff, ce dernier croit qu'il y a un régime qui nous permettrait d'obtenir de meilleurs résultats.
J'aurais bien aimé qu'il soit ici pour entendre votre témoignage parce qu'il se sentirait très rassuré d'apprendre que nous atteindrons l'objectif visé dans la Loi sur l'équité dans la rémunération du secteur public.
Bien entendu, nous voulons donner l'exemple, comme nous en avons parlé tout à l'heure; oui, nous avons compétence sur le gouvernement fédéral, mais si nous envisageons des modèles qui pourraient être utilisés dans l'ensemble du Canada, nous avons besoin d'un système proactif à la table de négociation — y compris dans le secteur privé. Voilà pourquoi je crois que nous avons un modèle qui pourrait servir d'exemple à tous les employeurs.
J'ai deux petites questions. Je crois qu'il me reste un peu de temps.
Quand on parle des 72 ¢ pour chaque dollar...
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Merci, madame la présidente.
Merci, madame Laurendeau et madame Bogden, d'être des nôtres.
Je comprends qu'il s'agit d'une situation plutôt difficile pour vous, et je vais essayer de ne pas la compliquer outre mesure. Toutefois, j'ai quelques questions à vous poser, et j'irai droit au but. Quand j'ai demandé que des fonctionnaires viennent nous expliquer la loi, je m'attendais à obtenir des renseignements techniques sur la LERSP et, pour vous dire franchement, vous semblez plutôt en faire la défense.
Je suis déçue. Nous avons franchi toutes les étapes de ce processus en juin 2009 lorsque nous avons publié notre rapport sur la mesure législative du gouvernement, et je m'attendais à plus. Alors, je vais tâcher de dénicher certains des renseignements que je cherchais à obtenir.
Dans sa réponse à notre rapport de juin 2009, le gouvernement s'est engagé à consulter « en bonne et due forme » les intervenants, y compris les employeurs du secteur public fédéral, les agents négociateurs et les employés du secteur public. Quand le gouvernement a-t-il mené ces consultations, et qui a-t-il consulté? Les consultations ont-elles toujours lieu?
Si quelque chose est ressorti de ces consultations, j'aimerais voir les documents de discussion et le projet de règlement. Je me demande donc si vous pouvez les remettre au comité pour que nous puissions les consulter et voir exactement où en est la situation.
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Comme Hélène l'a dit, le règlement vise à clarifier davantage les conditions et les obligations ainsi que le processus prévu dans la nouvelle loi. Nous élaborons le règlement dans le cadre de consultations. Pour ce faire, nous avons travaillé étroitement avec les agents négociateurs ainsi qu'avec plus d'une trentaine d'organismes distincts, les employeurs du secteur public fédéral, la GRC et les Forces canadiennes.
Les employeurs du secteur public, ainsi que l'administration de base, organisent et valorisent le travail différemment; il est donc important que nous tenions compte de ces différences au moment d'élaborer le règlement. Pour les agents négociateurs, il est important que nous examinions comment le processus fonctionnera pour en assurer l'efficacité, tout en évitant de contribuer aux retards dans le processus de négociation collective. Avant tout, je pense que nous voulons nous assurer de trouver le juste milieu, c'est-à-dire veiller à ce que le règlement énonce ce qui s'impose, mais faire en sorte aussi qu'il résiste à l'épreuve du temps.
À cette fin, vers la fin de l'année 2009 et au début de l'année 2010, nous avons tenu plusieurs séances d'information pour tous les intervenants concernés. Un des objectifs, bien entendu, c'était de sensibiliser les fonctionnaires et les agents négociateurs à l'objet de la nouvelle loi et de les aider à le comprendre pour qu'ils soient prêts à nous parler de la partie technique du règlement.
Nous avons ensuite organisé, en avril, une table de concertation intensive de deux jours avec les agents négociateurs et tous les employeurs du secteur public fédéral. Par la suite, en juin, nous avons mis de l'avant des propositions de politiques provisoires afin de stimuler la discussion sur chacun des aspects importants du règlement, après quoi nous avons tenu une autre séance intensive de deux jours avec les gens. Nous avons obtenu beaucoup de commentaires qui nous ont permis de pousser plus loin nos réflexions; alors, ces consultations se sont avérées très utiles.
À la fin du mois d'août, je crois, nous avons reçu un certain nombre de mémoires détaillés de la part d'agents négociateurs et d'autres personnes, qui ont présenté leurs points de vue et leurs idées sur la façon de procéder. Nous sommes en train de faire cette analyse et nous continuons de consulter certains des intervenants, de façon bilatérale pour l'instant, afin d'essayer de peaufiner les propositions de politiques concernant le règlement.
Est-ce qu'il me reste encore du temps? Devrais-je m'arrêter là?
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Merci, madame la présidente.
Merci, madame Laurendeau. Je voulais revenir sur une réponse que vous avez donnée tout à l'heure à Mme Boucher. Ça me blesse un peu, en tant que femme, d'entendre dire que lors du procès qui a été soi-disant remporté en 1999, les femmes ont été gagnantes. Je pense qu'elles n'ont pas été gagnantes; elles ont finalement eu justice. Cela a pris 15 ans avant qu'elles n'aient pu faire reconnaître devant la justice un salaire égal pour un travail égal. Ce n'est pas un gain; c'est la constatation d'une réalité, d'un droit fondamental pour les femmes. C'est ce qui me dérange énormément dans ce projet de loi du gouvernement.
C'est pourquoi notre chef, M. Ignatieff, a déposé le projet de loi qui ne vise aucunement un retour à un processus de plaintes. Ce n'est pas du tout ce qu'il vise. Il vise à adopter les recommandations du rapport de 2004 et à implanter un véritable système proactif de gestion de l'équité salariale également régi et surveillé par une commission.
Actuellement, le problème lié à ce que vous présentez, c'est-à-dire négocier l'équité salariale en même temps que tout le reste du contrat collectif, cela ne pourra jamais rendre justice aux problèmes auxquels font face non seulement les femmes, mais toutes les minorités.
Je ne comprends pas comment vous pouvez penser que le projet de loi tel qu'il est actuellement présenté ou la loi telle qu'elle est actuellement présentée puisse résoudre ces questions fondamentales de droit pour les minorités, peu importe lesquelles: femmes, Autochtones, personnes handicapées. J'aimerais savoir, selon vous, comment cela pourrait régler ces problèmes.
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Bon. Je sens que je vais me faire des ennemis ici.
Personnellement, moi, Sylvie Boucher — et je tiens à remercier l'organisme La Fédération des femmes du Québec —, en raison d'une réflexion faite au cours des deux dernières semaines, je vais voter contre cette motion. Les organisatrices adoptent une démarche controversée. On sait ce qui s'est dit au sujet de la guerre en Afghanistan et de « la chair à canon ».
Aussi, mes filles m'ont mis en lien avec une certaine vidéo présentée sur YouTube. Cela s'appelle Capsule # 4, pour ceux qui ne l'ont pas vue. C'est de la Fédération des femmes du Québec. Cela vaut le déplacement.
C'est par respect pour les mères des militaires. On sait tous que, quand nos enfants décident de prendre un chemin dans la vie, on n'est pas toujours d'accord avec les choix qu'ils font. Toutefois, on se doit d'avoir assez de respect pour ces femmes et, pour toutes ces raisons, je vais voter contre cette motion.
Les actions des deux dernières semaines m'ont démontré que cet événement visait à promouvoir l'activisme politique radical, et je ne suis pas une femme radicale, en rien. Alors, pour ces raisons, je vais voter contre la motion de Mme Demers.