:
Merci, madame la présidente.
Je voudrais, tout d'abord, remercier tous les membres du comité de l'occasion qui nous est donnée aujourd'hui de comparaître devant le comité.
Nous avons été invités à participer à une étude menée par le comité sur le financement par le gouvernement du Canada de projets d'énergie renouvelable, et sur d'éventuelles activités de lobbying liées à ce financement.
Madame la présidente, quand je suis arrivé au Parlement en 1997, à titre de premier député musulman, beaucoup de gens, y compris les membres de ma famille, étaient tout excités à l'idée de cette réalisation, surtout étant donné mes origines et les circonstances qui ont entouré notre arrivée au Canada. Comme vous le savez, madame la présidente, nous avons les mêmes antécédents culturels. Bon nombre de nos familles ont pu échapper à la persécution en Ouganda, et nous avons eu la chance de venir au Canada en tant que réfugiés.
Au moment de commencer notre vie en tant que fiers Canadiens, nous avons laissé derrière nous le régime meurtrier d'Idi Amin, pour qui de simples allégations suffisaient pour ordonner l'assassinat des gens, sans que ces derniers aient pu se défendre. Nous avons donc saisi avec joie l'occasion de devenir Canadiens, et nous étions fiers de pouvoir faire du Canada notre pays d'adoption. Nombreux sont ceux qui tiennent pour acquis les idéaux de la liberté, de la démocratie et de la primauté du droit. Mais ce sont des valeurs auxquelles nous étions profondément attachés au moment de commencer notre nouvelle vie ici au Canada.
Je me rappelle que ma famille m'a appris que tout est possible si on travaille fort et si on fait preuve de persévérance. Et elle avait raison. Qui aurait imaginé qu'un fils de réfugiés pauvres finirait, 24 ans plus tard, député fédéral à la Chambre des communes? J'étais fier de cette réalisation et je me sentais honoré d'avoir eu l'occasion d'occuper ce poste.
Après les dernières élections, ma vie a changé. Après presque une douzaine d'années comme député fédéral, j'ai dû changer mon fusil d'épaule et prendre une nouvelle orientation. Je me suis marié, et j'espérais fonder une famille. Comme je venais de finir ma maîtrise en administration pour cadres, je me suis joint à mon ami d'université pour lancer une nouvelle entreprise, soit Green Power Generation, ou GPG, qui avait pour mission particulière de commercialiser de nouvelles solutions technologiques novatrices qui sont à la fois profitables et bonne pour l'environnement. En tant qu'administrateur, j'apporte à la compagnie ma capacité à communiquer avec les différents intervenants et surtout à trouver de nouveaux débouchés dans les marchés émergents d'Inde et de Chine.
Au départ, quand j'ai su que nous devions témoigner devant le comité, j'ai trouvé un peu inhabituel que le comité désire nous parler, étant donné que notre entreprise ne fait pas de lobbying et que nous ne cherchons aucunement à obtenir des crédits publics pour mener à bien nos projets. J'ai compris ensuite, à cause des attaques brutales des médias et, notamment, des partis de l'opposition, que si on exigeait notre présence devant ce comité, c'était en raison d'allégations obtenues de seconde main, de rumeurs et d'insinuations malveillantes, et ce en raison des impératifs politiques des uns et des autres, qui ont pour résultat de nuire à la réputation des gens et de détruire leur vie sans fondement et sans qu'ils aient la possibilité de se défendre de façon adéquate.
S'agissant du sujet d'étude du comité, je tiens, pour les fins du compte rendu, à vous présenter les faits suivants: premièrement, GPG et ses administrateurs n'ont reçu aucun crédit sous forme de subvention, de contribution ou autre de la part du gouvernement du Canada. Deuxièmement, GPG et ses administrateurs n'ont reçu ni rémunération ni versement d'aucune sorte au nom de quiconque ou de quelque organisation que ce soit pour des activités de lobbying.
Je crois savoir que la question qui a donné lieu à mon invitation à comparaître devant le comité a déjà été renvoyée à un fonctionnaire du Parlement, soit la Commissaire au lobbying. C'est justement le Commissariat au lobbying qui devrait, aux termes de la Loi sur le lobbying, établir dans quelle mesure ces allégations sont fondées. Je trouve assez étrange que le Parti libéral du Canada, qui a demandé au Commissariat au lobbying de faire enquête sur la question, ne soit pas prêt à suivre la procédure établie, c'est-à-dire attendre qu'elle publie ses conclusions. Au lieu de faire cela, et pour pouvoir marquer des points politiques dans l'immédiat, les libéraux compromettent toute apparence d'équité en demandant à faire témoigner certaines personnes devant le comité sur la même question.
Cela dit, bon nombre d'entre vous me connaissent personnellement depuis l'époque où je servais mon pays. Les liens d'amitié que j'ai noués avec des députés de toutes les allégeances politiques me tiennent à coeur. Après les résultats dévastateurs des dernières élections, où j'ai perdu mon siège, il était évident que bon nombre de ces amis, qu'il s'agisse de députés, de ministres ou de sénateurs, voudraient demander de mes nouvelles. Et, si nous avions l'occasion de nous rencontrer, ce genre de rencontres auraient nécessairement eu un caractère social. Bien entendu, les gens voulaient savoir quelle serait la nature de ma nouvelle carrière et, pour ma part, je les renseignais sur le travail que nous effectuions en vue de créer une nouvelle entreprise. Les discussions que j'ai eues avec eux au sujet de mes activités d'homme d'affaires ne sont jamais allées plus loin. En fait, au cours des huit derniers mois, je n'ai eu aucune interaction avec personne en raison des difficultés auxquelles j'ai fait face à l'automne.
Je voudrais justement prendre quelques minutes pour vous parler de ces difficultés, madame la présidente.
Comme le savent la plupart des gens, j'ai manqué de jugement quand j'ai décidé de rentrer chez moi en voiture le soir du 10 septembre 2009. J'ai manqué de prudence. J'avais bu un peu et je n'aurais jamais dû prendre le risque de prendre le volant. Je tiens donc à m'excuser auprès des citoyens des localités concernées pour mon irresponsabilité, et je peux les assurer que j'ai tiré les bons enseignements de cette expérience. Je tiens également à déclarer publiquement que je n'ai jamais utilisé de substances illégales, pas plus que je n'ai cautionné ce genre de comportement. C'est pour cela, à mon avis, que les accusations contre moi ont été abandonnées. Mais, cela dit, j'aurais dû être plus prudent, de façon à éviter de me retrouver dans cette situation compromettante.
Je voudrais également profiter de l'occasion pour m'excuser publiquement auprès de mes collègues pour les difficultés que tout cet épisode leur a causées. Je pense qu'ils me connaissent suffisamment bien pour admettre que cela ne me ressemblait pas du tout et que je n'avais pas l'habitude de me comporter de cette façon.
Je tiens également à présenter mes excuses à ma famille, à la fois immédiate et nouvelle. La douleur et les souffrances qu'elles ont subies à cause de mes actes ont été considérables. Sans leur amour et leur appui inconditionnels, je ne sais pas comment nous aurions pu survivre au cours de cette période extrêmement difficile.
Enfin, je tiens à présenter mes excuses à ma femme, Helena. J'ai toujours essayé de l'appuyer dans son travail, et je sais que cette erreur de jugement lui a causé de graves problèmes sur le plan politique. Elle a été une bonne ministre et une bonne députée pour ses électeurs, et je tiens à remercier la population de Simcoe—Grey de continuer à saluer son dur labeur et son dévouement. C'est la personne qui compte le plus pour moi dans ma vie et je l'adore. Ainsi je regrette beaucoup que sa bonne réputation ait été salie injustement à cause de mes problèmes.
Pour conclure, madame la présidente, je voudrais demander à tous les membres du comité, et par extension, à tous les députés, de prendre un peu de recul et d'examiner le précédent qu'ils sont en train de créer. Au lieu de mettre la barre très bas, de sorte que la vie des gens soit détruite à cause de rumeurs et d'allégations non fondées qui permettent à certains de tirer certains avantages politiques dans les médias, je vous invite à placer la barre plus haut. Fondez donc vos arguments sur les faits et soyez justes envers les gens en leur permettant de se défendre, au lieu de vous cacher derrière le privilège parlementaire qui vous permet de lancer de telles attaques personnelles.
Le fondement même de notre régime est la primauté du droit et la présomption d'innocence, alors que ce dernier élément semble totalement absent en ce qui concerne le traitement que vous me réservez à moi, à mon associé, et surtout à ma femme. Il me semble que les Canadiens méritent au moins cela de la part de leurs élus. Si c'était cette norme-là qui s'appliquait, je suis convaincu qu'on n'aurait pas exigé ma présence devant vous aujourd'hui.
Je vous remercie.
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Merci, madame la présidente.
[Traduction]
Madame la présidente, permettez-moi de vous remercier de l'occasion qui m'est donnée de comparaître devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires dans le contexte de votre étude sur le financement des projets d'énergie renouvelable par le gouvernement, et sur les activités de lobbying et de conseil liées à ce financement.
Je m'appelle Patrick Glémaud. Je suis né le 13 août 1968 en Haïti. Je suis marié avec une femme du nom de Lenore, qui est à la fois belle, patiente et intelligente, et j'ai quatre beaux fils. Notre plus récent fils, qui s'appelle Bena, est né il y a à peine quatre semaines.
Ma famille s'est installée au Canada quand j'étais adolescent. Nous nous sommes d'abord établis à Montréal, mais nous nous sommes installés ensuite à Toronto, avant de venir à Ottawa en 1988. Nous étions une famille de six personnes qui vivaient dans un appartement à deux chambres. Mon père était malade et a dû recevoir des allocations pour invalidité. Ma mère a réussi à obtenir un emploi à temps partiel à titre d'enseignante suppléante. J'apprécie les sacrifices de mes parents, qui ont quitté leur pays d'origine pour que leurs enfants aient une meilleure vie au Canada. Je suis un fier Canadien et je suis fier de mes parents.
Grâce au dur labeur et aux conseils de mes parents, j'ai pu contourner l'obstacle d'être issu d'une famille immigrante à faible revenu et payer mes études universitaires et de droit. Je me suis fortement investi dans les activités d'organismes étudiants et communautaires. Si j'ai décidé de devenir bénévole communautaire, c'est parce que je voulais partager mes connaissances et mon expertise et apprendre des autres. Étant nouveau Canadien, je ressentais le besoin et la responsabilité d'apporter ma contribution personnelle à ce grand pays et à son peuple. Mon travail communautaire me donne un grand sentiment de fierté.
Madame la présidente, je suis un Canadien qui travaille fort. Mon premier emploi a été celui de livreur pour le Journal de Montréal. Après, j'ai eu la chance d'obtenir toute une série d'emplois fantastiques qui comportaient un grand potentiel d'apprentissage social — à titre de travailleur agricole saisonnier, de porteur pour VIA Rail, de plongeur à la Tour du CN, et en tant que membre de la Réserve des Forces armées canadienne rattaché au Governor General's Foot Guards, ce qui m'a permis de participer à la cérémonie de relève de la garde à la Colline du Parlement.
Mon premier emploi professionnel après l'université, en 1995, a été aux services juridiques communautaires, alors que j'étais encore étudiant en droit, ce qui m'a permis d'agir comme conseiller juridique gratuit auprès de familles à faible revenu et de fournir des conseils à ces dernières. En tant qu'avocat, j'ai fait du bénévolat au sein de la police communautaire de la GRC. J'ai également joué le rôle de mentor commercial auprès d'entrepreneurs immigrants ou issus de minorités ethniques et j'ai été administrateur d'organisations communautaires dans la région d'Ottawa.
Madame la présidente, en 2002, je suis devenu fonctionnaire, puisque j'ai commencé à travailler au ministère de la Justice du Canada. J'ai ensuite été promu au poste de conseiller principal chargé de dossiers d'entreprises et commerciaux liés à l'énergie renouvelable et aux changements climatiques. C'est ainsi que j'ai eu l'occasion d'entreprendre et de diriger une vaste gamme d'activités. En 2002, on m'a demandé de rédiger le premier accord d'acquisition de crédits de carbone par le gouvernement du Canada, dans le contexte de l'annonce du premier ministre Jean Chrétien, à Johannesburg, que le Canada ratifierait le Protocole de Kyoto.
J'ai conseillé le gouvernement fédéral, surtout à l'époque de l'ancienne administration libérale, et mon travail m'a valu différents prix d'excellence. Celui dont je suis le plus fier est le prix qui m'a été décerné en juin 2008, dans le contexte du programme de leadership des visiteurs internationaux, par le Département d'État des États-Unis dans le domaine des changements climatiques et de la politique de sécurité énergétique.
En novembre 2008, j'ai constitué en société la Green Power General Corp, ou GPG, conformément aux lois canadiennes et je suis devenu le premier administrateur de cette entreprise. Mon ami, Rahim Jaffer, est devenu administrateur de la compagnie en avril 2009.
Madame la présidente, comme l'indiquent les renseignements qui figurent sur le site Web de GPG, la spécialité de notre entreprise est la commercialisation de « solutions technologiques novatrices… liées à l'atténuation des gaz à effet de serre ». De plus, « GPG conseille les entreprises commerciales sur les moyens à prendre pour intégrer et élargir leurs capacités en matière d'énergie renouvelable, améliorer leur efficacité énergétique et… mettre en oeuvre des solutions économiques en matière d'énergie écologique dans tous les coins de la planète ».
Madame la présidente, dans l'invitation à comparaître devant le comité que vous nous avez fait parvenir, il est indiqué que nos témoignages devront porter sur une question bien précise dans le contexte de votre étude sur le financement des projets d'énergie renouvelable par le gouvernement ainsi que les activités de lobbying et de conseil qui peuvent y être associées.
Comme vous le savez, madame la présidente, le sujet de l'étude menée par le comité a été évoqué dans une lettre envoyée par le Parti libéral du Canada à la Commissaire du lobbying en date du 12 avril 2010. Cette lettre précise que la Commissaire du lobbying a le pouvoir de mener une enquête sur les activités des représentants de GPG en vue de déterminer si ces dernières sont conformes aux dispositions de la loi et du code de conduite qui vise les lobbyistes.
Madame la présidente, en réponse à la lettre envoyée par le Parti libéral du Canada, une lettre a été transmise à la Commissaire du lobbying pour lui faire savoir que GPG et ses administrateurs ont l'intention de coopérer sans réserve avec le Commissariat, si jamais une nouvelle enquête ou un nouvel examen est lancé concernant les prétendues violations qu'évoque le Parti libéral du Canada.
Madame la présidente, j'ai eu une discussion vendredi dernier avec le directeur des enquêtes au Commissariat du lobbying du Canada concernant les allégations du Parti libéral du Canada. Je tiens à dire, pour les fins du compte rendu, qu'à notre avis, le fait que le comité ait décidé de mener une étude sur le même sujet, en fonction des mêmes faits, alors que le Commissariat est déjà en train d'effectuer son propre examen va à l'encontre des principes de justice naturelle et crée une impression de double incrimination et de traitement injuste, et ce, tout simplement à cause des machinations politiques des uns et des autres qui se poursuivent.
Par contre, madame la présidente, si j'ai décidé de comparaître devant le comité, c'est pour défendre mon nom et ma bonne réputation contre des allégations et des insinuations malveillantes qui sont, en droit et en fait, sans fondement et fausses. Madame la présidente, le cirque actuel — puisqu'un membre du comité l'a même reconnu comme tel — et ces mensonges que débitent les partis de l'opposition causent un préjudice irréparable à ma réputation et à ma capacité de faire vivre ma famille.
Madame la présidente, je suis un nouveau Canadien qui travaille fort et qui respecte les règles. J'ai beaucoup de chance et je suis fier de vivre au Canada. Mais le fondement de ce grand pays est la primauté du droit, qui s'appuie sur la présomption d'innocence.
S'agissant du sujet de l'étude menée par le comité, je voudrais, pour mémoire, vous rappeler les faits.
GPG et ses administrateurs n'ont reçu aucun crédit sous forme de subventions, de contributions ou d'autres avantages financiers de la part ou au nom du gouvernement du Canada. De même, ni GPG ni ses administrateurs n'ont reçu quelque indemnisation ou versement que ce soit au nom d'un particulier ou d'un organisme pour des activités de lobbying.
Madame la présidente, d'après le résumé des nouvelles exigences qui remontent à juin 2008 et qui ont été publiées par le Bureau du directeur des lobbyistes: « La Loi sur le lobbying définit les activités qui, quand elles sont exécutées contre rémunération, sont considérées comme du lobbying. »
Comme j'estime qu'il faut encourager les Canadiens…
Permettez-moi d'ajouter, madame la présidente, que c'est moi qui ai envoyé un courriel au bureau de au sujet de trois documents que nous appelons des « sommaires ».
Madame la présidente, je ne sais pas si les membres du comité ont eu l'occasion de consulter le site Web établit pour le Fonds pour l'infrastructure verte, afin de se renseigner sur les conditions du programme ou de la politique relative aux paiements de transfert, politique qui établit les modalités du programme.
Ce programme, madame la présidente, comporte trois étapes. La première étape consiste à présenter un sommaire. Si les responsables du programme sont d'avis que c'est un projet intéressant, on vous demande ensuite de soumettre une proposition en bonne et due forme et, après cela, de verser un montant correspondant à votre participation.
Madame la présidente, nous n'avons jamais dépassé la première étape, c'est-à-dire la présentation d'une lettre d'intérêt.
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Je vais vous répondre rapidement, parce que je crois que mon associé voudrait également intervenir.
Au cours de la dernière année, pendant laquelle nous cherchions à établir notre entreprise, notre objectif a été double: premièrement, d'établir, grâce à l'expertise de mon associé, quelles compagnies pourraient nous fournir éventuellement les technologies environnementales nécessaires, à quelle étape d'avancement étaient ces technologies, et les moyens qui permettraient aux compagnies concernées de les commercialiser, notamment dans de nouveaux marchés comme ceux de la Chine et de l'Inde.
Je ne vais pas vous la nommer, mais nous travaillons actuellement avec une entreprise en vue de profiter des débouchés en matière d'énergie renouvelable en Chine, et ce avec des partenaires chinois. Il s'agit là d'une de nos activités principales. L'autre aspect de notre entreprise concerne la mise sur pied de projets potentiels d'énergie solaire dans la province de l'Ontario, en vertu du programme de tarifs de rachat garantis, programme auquel participent bien des gens. Nous cherchons donc des sites où il serait éventuellement possible d'entreprendre des projets d'énergie solaire, et ensuite nous nous adressons à des sources privées pour assurer le montage financier nécessaire.
Nous n'avons pas encore fait cela. Nous avons un projet en train, et nous espérons qu'il sera prêt d'ici la fin de l'été.
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Merci, madame la présidente.
Vous savez, Rahim, ce que je déteste le plus, c'est que vos actes rejaillissent de façon très négative sur nous tous — je suis tout à fait sérieux. Je me rappelle que nous avons été élus la même année. Je me souviens que vous êtes arrivé sur le cheval blanc de Preston Manning, et vous disiez que vous alliez rétablir l'intégrité dans la conduite des affaires publiques. Vous alliez exclure du temple les prêteurs sur gages. C'était un discours hautement moralisateur, et le fait est que vos attaques diffamatoires et celles de votre parti étaient, à l'époque, à ce point extrême que vous avez causé du tort à beaucoup de carrières.
Et le fait est que, à cette époque, vous accusiez tout le monde à Ottawa d'être des pourris ou des profiteurs — je ne sais plus quels termes vous avez employés — ce qui n'a fait qu'intensifier le cynisme des électeurs à l'égard de leur institution démocratique. Donc, je trouve que vous avez tout de même pas mal de culot de nous faire la morale aujourd'hui au sujet de la rigueur excessive des normes déontologiques qu'on vous impose, alors que nous sommes réunis aujourd'hui pour parler de vous et de la pauvreté de vos propres normes déontologiques — peu importe votre vie personnelle; elle ne m'intéresse pas du tout. Par contre, comment avez-vous pu croire que ce que vous faisiez ne correspondait pas à des activités de lobbying? Vous étiez bien présent quand nous avons adopté la Loi fédérale sur la responsabilité. Vous la connaissez aussi bien que moi.
Votre ancien site Web — vous niez que cette affirmation y figure maintenant, mais nous n'avons pas simplement accepté la parole du Toronto Star; nous sommes allés voir votre site Web, qui était encore accessible, et nous avons vu nous-mêmes qu'on y disait que Rahim affirmait pouvoir vous aider « grâce aux nombreuses relations qu'il a établies au cours de son ancienne carrière de parlementaire ». N'importe quel client qui lisait cela se dirait: « Très bien; si j'engage Rahim, il va m'aider à développer mon entreprise, grâce à ses nombreuses relations. » Pour vous dire la vérité, je ne comprends ni pourquoi ni comment votre radar déontologique peut être à ce point détraqué pour qu'il n'y ait pas eu de signal d'alarme dans votre tête qui vous aurait permis de vous rendre compte que vous dépassiez les bornes.
Avant de vous laisser parler, je voudrais également vous dire ceci. Vous dites que vous avez quitté la réunion avec Gillani en vous disant qu'il n'y avait pas de synergie possible. Eh bien, vous lui avez donné l'impression tout à fait inverse; il pensait avoir trouvé une mine d'or. Il était excité. C'est-à-dire que vous vous l'avez quitté en vous disant qu'il n'y avait pas de synergie possible, mais avec la poche pleine de cocaïne; pour sa part, il était convaincu que vous seriez d'excellents associés, que vos rapports commerciaux iraient en s'intensifiant et que vous seriez accueilli à bras ouverts au Cabinet du premier ministre. C'est tout de même une grave contradiction.
Je voudrais vous demander ceci: vous dites que vous n'avez touché aucune rémunération pour les services que vous avez rendus au nom d'un autre client. Vous a-t-il donc donné la cocaïne pour vous récompenser en partie pour les services que vous deviez lui rendre?
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Je n'aurais jamais accepté non plus de faire une utilisation abusive des ressources fournies à ma femme.
Ce qui s'est produit — et c'est justement cela qui a entraîné une certaine confusion, c'est qu'après les dernières élections, comme vous le savez, j'avais seulement deux semaines pour vider mon bureau ici à l'édifice du Centre. Comme je n'avais encore rien, aucun bureau où mettre mes affaires — j'ai envoyé toutes les boîtes que je ne voulais pas jeter ou dont je n'avais pas eu le temps d'examiner le contenu, au bureau de ma femme. J'y allais très rarement, à part pour l'aider en ma qualité de conjoint — par exemple, pour l'aider à préparer les cartes de Noël, assister concernant l'établissement de son horaire ou des choses de ce genre, comme le fait peut-être votre conjoint, étant donné que mon rôle avait changé.
Et le fait est que nous avons eu chacun notre bureau tout au cours de la période pendant laquelle j'essayais de constituer ma nouvelle entreprise; nous avons d'ailleurs de la documentation à l'appui. Si j'ai utilisé le BlackBerry de ma femme, c'était uniquement pour me mettre au courant de son horaire; voilà tout. J'ai des comptes commerciaux distincts, un compte de courrier électronique distinct pour l'entreprise — tout cela. Et je ne me suis jamais présenté à son bureau pour quelque activité que ce soit qui était liée à notre entreprise. Si j'y allais, c'était uniquement pour aider ma femme, en tant que conjoint.
Je trouve donc malheureux que vous souleviez tous ces éléments, encore une fois en raison d'allégations sans fondement.
Je constate de plus en plus que, dans cette affaire, c'est la parole de l'un contre la parole de l'autre, alors qu'il y va de la confiance du public, monsieur Glémaud.
Je suis en train de regarder ce qui est dit sur le site Web de M. Rahim Jaffer, soit rahimjaffer.com. Son profil biographique indique bien que M. Jaffer apporte à l'entreprise « son expertise commerciale en matière de financement industriel », ce qui lui permet « d'obtenir l'aide du gouvernement canadien et de conclure des contrats à l'étranger »; on dit aussi qu'il joue « un rôle critique dans les activités de prospection et de marketing grâce aux nombreuses relations qu'il a nouées au cours de son ancienne carrière de parlementaire ».
Ce sont les énoncés mêmes qu'on retrouve sur le site Web.
Je reviens donc au fait que c'est la parole de l'un contre celle de l'autre. Monsieur Glémaud, quand je vous interrogeais tout à l'heure au sujet de vos réunions avec M. Jean, ce qu'elles avaient donné et ce qui s'est réellement produit, vous m'avez dit que vous vous étiez contenté d'appeler le bureau du secrétaire parlementaire, ou qu'on vous a recommandé cette démarche et que vous aviez soumis à son examen le sommaire de votre proposition. Mais M. Jean nous dit que ce n'est pas tout à fait exact. Il nous a dit que vous lui avez soumis des propositions en bonne et du forme et qu'il avait tous les documents à l'appui.
Encore une fois, c'est la parole de l'un contre celle de l'autre, et nous avons eu de nombreux exemples de ce genre de problème aujourd'hui. Je pourrais justement évoquer l'affirmation de M. Gallani, selon laquelle il existait entre lui et vous une relation d'affaires.
Mais je voudrais vous poser une question en tant qu'entrepreneur. Je suis une ancienne entrepreneure et j'ai créé bien des compagnies; j'ai donc du mal à comprendre votre modèle d'entreprise. Si vous vous contentez d'aider ou de conseiller vos clients, comment êtes-vous rémunéré pour vos services?
J'ai une question à vous poser: si les projets que vous avez soumis à l'examen de M. Jean avaient été retenus, cela vous aurait-il procuré un avantage financier ou autre?
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Rahim, votre entreprise s'appelle Green Power Generation Corp., mais en réalité, vous ne générez aucune énergie verte grâce à votre entreprise. En fait, je dirais que votre seul produit commercialisable est l'influence dont vous faites la publicité sur votre site Web, avec le logo du Parti conservateur à côté.
À présent nous avons tous reçu des copies. Donc, vous avez nié que vous faisiez croire aux gens que vous pourriez obtenir l'aide du gouvernement canadien grâce à de nombreuses relations que vous aviez nouées au cours de la période où vous étiez parlementaire, et qu'est-ce qu'une compagnie ou client potentiel va croire en voyant cette promotion? Pour moi, cela veut dire: je peux vous vendre ce service — c'est-à-dire l'accès au gouvernement — pour un prix.
J'ai l'impression que vous avez dû fréquenter la même école de relations gouvernementales que Frank Moores — on parle de trafic d'influence, de comptes en banque à l'étranger et d'attentes stratégiques en vue d'attendre la grosse transaction qui garantirait votre succès futur. Ou alors vous avez une participation en capital dans cette entreprise que vous prétendez constituer ou alors vous vous faites payer des honoraires conditionnels, alors que vous devriez savoir que ce genre de choses est également inadmissible.
Le gouvernement dont vous faisiez partie autrefois vient d'intenter des poursuites contre David Dingwall pour les honoraires conditionnels qu'il a obtenus d'une compagnie pharmaceutique en échange d'un contrat de 10 ans pour la fabrication de vaccins. La Loi sur le lobbying interdit le versement d'honoraires conditionnels. Il n'y a que le paiement à l'acte qui soit autorisé. Vous pouvez faire payer 600 $ de l'heure, comme Don Boudria. C'est un assez bon salaire. Vous n'êtes pas obligé d'attendre le gros contrat qui va vous rendre riche.
Tout ce que vous nous avez dit jusqu'à présent nous a permis de constater qu'il s'agit vraiment d'une sale affaire, Rahim. Même si je vous aime bien comme personne, je dois dire que je suis vraiment déçu; et, bien sûr, cela ne favorise pas beaucoup l'image de marque des parlementaires ou du système parlementaire dans son ensemble quand on voit que, dès que vous avez l'occasion de le faire, vous cherchez à profiter encore plus du favoritisme politique que les personnes que vous attaquiez au moment de votre arrivée ici.
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Jaffer, il y a moins d'une heure, je vous ai demandé précisément s'il était indiqué sur votre site Web que vous seriez en mesure d'obtenir l'aide du gouvernement canadien. Vous m'avez dit que non. Votre réponse était parfaitement claire. Je ne crois pas que quiconque dans cette salle ait compris autre chose.
J'ai maintenant une copie des textes devant moi. En fait, je suis allé vérifier… Quand il en a été question dans les médias, votre site Web n'était plus en service. Il n'y avait pas de cache. Comme je n'avais pas pu le consulter moi-même, je m'appuyais sur ce qui avait été rapporté par les médias. Vous avez ensuite affirmé que cette information était inexacte.
J'ai maintenant devant moi le profil biographique qui figure sur le site rahimjaffer.com, je suppose, où vous dites justement cela. Ensuite vous parlez du rôle important de vos relations antérieures, ou plutôt des relations que vous avez pu établir au cours de votre carrière politique, pour ce qui est de faciliter votre carrière actuelle.
Je ne comprends pas pourquoi vous auriez nié la présence de ces affirmations, alors qu'en fait, elles y étaient. Il est évident qu'elles y figuraient au moment où le journaliste a rédigé son article, et par la suite, le site n'était plus en service. Vous avez dû savoir que certaines informations sur ce site Web étaient douteuses ou inexactes, ce qui semblait suggérer un comportement contraire à l'éthique.
Vous ayant dit tout cela, je ne sais même pas quelle question je pourrais vous poser. J'ai la preuve devant moi. De toute évidence, cette affirmation est inexacte — cela suggère à tout le moins un comportement contraire à l'éthique. Ce qui me dérange encore plus, c'est que vos affirmations devant le comité sont tout à fait contraires à ce que m'indique ce document.
En décidant de faire une carrière politique, nous avions tous à l'esprit de faire quelque chose de positif pour les Canadiens. Je ne doute pas que c'était votre intention, monsieur Jaffer, mais vous devez comprendre que ce genre de comportement déconsidère l'ensemble des députés.
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Pourrais-je réagir, monsieur Warkentin?
Comme je vous l'ai dit, et je suis content que vous me permettiez de tirer les choses au clair, nous parlions tout à l'heure de mon site Web commercial, et c'est à ce moment-là que je disais que vous ne trouveriez aucune allusion sur ce site Web de la possibilité d'obtenir de l'aide du gouvernement — encore une fois, je parle du site Web de notre entreprise. Par contre, il en était question sur mon site Web personnel.
J'ai essayé de vous apporter des éclaircissements… La seule explication que je puisse vous fournir serait de vous dire que, en réfléchissant à mon expérience comme député et aux efforts que j'ai déployés pour obtenir de l'aide pour divers projets — d'ailleurs, je continue à me tenir au courant de tout ce qui se passe dans mon ancienne circonscription électorale, en ce qui concerne le centre communautaire, le centre GO et d'autres projets, car nous avons travaillé très fort pour obtenir une aide gouvernementale pour toutes sortes d'initiatives de ce genre.
Ces deux sites Web sont complètement différents en ce qui concerne la nature de la promotion qu'on y trouve. Sur mon site Web personnel, je parlais de toute mon expérience; sur le site Web de mon entreprise, j'explique la nature de l'entreprise que nous essayons de constituer. Voilà ce que j'essaie de vous faire comprendre depuis un moment.
Je regrette la confusion que cela a pu éventuellement causer, car je peux vous assurer qu'il n'y a jamais eu de promotion, ni à mon sujet, ni au sujet de mon associé, concernant notre capacité d'obtenir de l'aide du gouvernement pour qui que ce soit. Si ce n'était pas vrai, nous aurions pris contact avec certains députés du parti ministériel, nous nous serions enregistrés comme lobbyistes, et nous aurions fait tout ce qu'il fallait dans ce contexte. Mais telle n'est pas l'activité principale de notre entreprise. C'est pour cela que cette information ne figure pas sur le site Web de l'entreprise.