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Je vous remercie de me recevoir. C'est avec grand plaisir que je suis ici aujourd'hui.
J'aimerais vous parler du projet Villes amies des aînés, connu en anglais sous le nom de Age-Friendly Cities Project. Il s'agit d'un projet international qui a été, dès ses premières phases, appuyé fortement par le Canada, plus précisément par l'Agence de la santé publique du Canada, qui a joué un rôle important dès les premiers balbutiements de ce projet. La première phase s'est échelonnée de 2005 à 2007.
J'ai distribué un petit document. Ce projet a mené à une recherche réalisée dans près de 33 villes dans 22 pays différents, dont la ville de Sherbrooke. Nous y avons donc participé. Cela a permis à l'Organisation mondiale de la Santé d'établir de grands paramètres de concertation et de développement sur plusieurs thèmes relatifs au vieillissement de notre population et d'expliquer comment on peut rendre nos villes mieux adaptées aux personnes âgées et les rendre beaucoup plus vivables pour celles-ci.
Il s'agissait d'une première expérience au Québec et, à l'époque, je travaillais encore avec ma collègue Marie Beaulieu. Sous la direction de l'équipe de recherche que je dirige maintenant, nous avons mis en place un modèle de participation des ainés, bâti en fonction des grands paramètres de l'Organisation mondiale de la Santé, dont celui du vieillissement actif, qui se construit autour de trois grands axes, soit la santé, la sécurité et la participation.
Nous pensons que la santé doit être comprise de façon globale dans un cadre d'analyse et que ces trois éléments contribuent à l'amélioration de la santé.
J'aimerais attirer votre attention sur ce qu'on avait appelé la participation sociale. Cela a des effets fondamentaux sur la santé des aînés. Toutes les études démontrent que les aînés ayant une vie active et qui ont le sentiment de participer à la société ont une bien meilleure santé objective, c'est-à-dire démontrée. Ils ont aussi le sentiment — c'est-à-dire une santé subjective — que leur santé s'est améliorée. Cela réduit la morbidité et la mortalité en plus d'augmenter le sentiment de bien-être et de satisfaction de ces aînés.
Il est aussi démontré scientifiquement que l'effet de la participation réduit grandement la dépression et les symptômes de dépression. Cela joue un rôle dans la stabilisation du déclin cognitif et réduit le sentiment d'avoir des douleurs. Cela augmente la force musculaire et le fonctionnement physique et réduit le recours aux services de soutien à domicile.
Pour toutes ces raisons, il est important d'avoir des villes amies des aînés qui rendent nos installations adéquates de manière à permettre à nos aînés d'avoir leur vraie place et d'être des acteurs à temps plein.
De concert avec les aînés, nous avons donc mis en place à partir de ces fondements un projet destiné à ceux-ci. Cela permet ainsi à nos aînés d'agir en tant que décideurs, dans la mesure où ils participent à toutes les étapes du projet ainsi qu'à celles du diagnostic dans leur milieu et dans leur ville. Ils établissent le fonctionnement, ciblent les éléments qui ne fonctionnent pas et ceux qui pourraient être améliorés. De plus, ce comité constitué d'aînés maintient un lien jusqu'à l'implantation du projet par l'entremise d'un plan d'action où, là encore, ceux-ci sont invités à participer aux solutions. Ils ne sont donc pas seulement en attente de services, mais ils sont aussi des acteurs de ces services. Ils deviennent des gens qui contribuent à leur société par l'entremise de leurs associations et de leur implication dans la phase de recherche. Les aînés participent à l'établissement de groupes témoins dans lesquels ils sont à la fois participants et analystes des résultats.
Les grands axes sur lesquels travaille l'Organisation mondiale de la Santé consistent évidemment en de grands déterminants de la santé. Chacun de ces huit thèmes, à savoir l'espace extérieur, le transport, l'habitation, la participation sociale, le respect et l'inclusion, le travail et la participation citoyenne, que ce soit relativement au soutien communautaire ou encore au sujet de l'importance d'être entendu par la communication, sont pris en considération. Pour chacun de ces déterminants, des projets ont été mis en place dans nos villes.
Il existe un élément très important. Au Québec, on a réalisé plusieurs dizaines de projets. Dans certains projets pilotes, on avait plus de 450 personnes qui y participaient. Dans les projets qui sont en cours présentement, le modèle est maintenant implanté de la même façon. Nous avons 7 projets pilotes qui sont maintenant implantés dans 316 villes différentes. On a encore des comités responsables des projets pilotes et des groupes témoins constitués d'aînés. Dans les thèmes relatifs aux grands déterminants de la santé que je viens de vous nommer, on retrouve évidemment ce que l'on a appelé l'habitation, le chez-soi. C'est un élément important qui est ressorti.
J'aimerais vous faire part de quelques-uns des éléments qui étaient présents. Entre autres, l'importance d'avoir des ressources d'habitation qui conviennent bien aux aînés et qui peuvent les aider à rester le plus longtemps possible dans leur chez-soi afin de jouer un rôle social et ne pas dépendre de services. Pour cela, il faut des logements adaptés, adaptables et peu coûteux car ce n'est pas tout le monde qui peut se payer un logement dans des résidences coûteuses.
Je continue rapidement ma présentation. Pour être en mesure de vieillir chez soi, il faut également avoir accès à des services de proximité. Il est question ici d'épiceries, de loisirs, de services reliés à la santé ainsi que d'un environnement sécuritaire et, le plus possible, accessible à pied ou bien desservi par le transport en commun. Une aide à domicile pour les activités de la vie quotidienne ou les travaux saisonniers doit être aussi mise en place.
Au Québec, le projet implique 316 villes. Au Canada, plus de 500 villes développent actuellement ce type de projets. Le modèle québécois est basé sur cinq ans. Il a été repris par l'Organisation mondiale de la Santé comme un modèle qui comprend un diagnostic, un plan d'action et une implantation. Tout cela implique des aînés pour des projets qui leur sont destinés. Ce modèle a également été repris par le Canada. Les aînés sont au coeur de cette démarche. Cette initiative a amené une nouvelle façon de travailler de la part des différents partenaires de l'habitation et de la santé qui, souvent, ne se connaissaient pas. Cela permet aussi un transfert de connaissances en termes de recherche. Plusieurs collectes de données destinées à la recherche sont faites. Ce transfert se fait de notre équipe de recherche du Centre de recherche sur le vieillissement de l'Université de Sherbrooke à des organisations sans but lucratif qui administrent et travaillent avec chacune des villes afin de mettre en place le modèle.
On est donc passé de sept projets pilotes à 316 villes en très peu de temps. Ce financement provient du ministère de la Famille et des Aînés du Québec. C'est un investissement social, selon les dires mêmes de notre ministre, Mme Blais. C'est essentiellement ce que j'avais à vous dire pour le Québec.
Les choses vont aussi très bien au Canada. Avec l'aide de l'Agence de la santé publique du Canada, plusieurs provinces ont procédé à la mise en oeuvre. Trois provinces sont extrêmement actives: le Manitoba, où il y a également un Centre de recherche sur le vieillissement, ainsi que la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse, qui étaient présentes dès le départ et qui ont continué ce travail.
Sur le plan international, notre équipe et le Canada jouent un rôle important de leader mondial. La plupart des chercheurs qui ont mis sur pied le modèle font partie de AncAge, de l'Organisation mondiale de la Santé. Avec mes collègues français et européens, je suis en train de mettre sur pied un sous-groupe francophone qui sera établi en juin prochain.
J'ai utilisé tout mon temps de parole, n'est-ce pas?
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Merci, madame la présidente. Merci aux députés de leur invitation.
Je m’appelle Jeff Poston, et je suis chef de la direction de l’Association des pharmaciens du Canada, l’APhC. Je suis accompagné de Phil Emberley, le directeur de l’innovation dans la pratique de la pharmacie. Nous sommes l’association nationale qui représente tous les pharmaciens, toutes pratiques confondues. De plus, l’APhC est la maison d’édition qui publie à l'intention des professionnels de la santé le plus grand nombre de documents sur les médicaments et les traitements thérapeutiques. Nous offrons aux médecins, aux infirmières et aux autres professionnels de la santé des renseignements fondés sur des données probantes pour les aider dans leurs décisions cliniques.
D’ici 2021, il devrait y avoir 6,7 millions d’aînés au Canada. Actuellement, 74 p. 100 des Canadiens de 65 ans et plus prennent au moins un médicament. En 2008, plus de 75 p. 100 ont dit être aux prises avec au moins l’une des 11 maladies chroniques, ce qui comprend divers cancers, la douleur chronique, le diabète, les maladies cardiaques et la dépression.
De plus, nous déboursons environ 833 $ par personne annuellement en médicaments, ce qui nous place parmi les pays de l’OCDE qui dépensent le plus à cet égard. Nous avons deux défis importants, soit de maintenir l’abordabilité des médicaments et d’obtenir un meilleur rendement. Les données nous confirment également que les aînés sont plus propices à avoir des problèmes liés aux médicaments et à ressentir des effets secondaires, parce qu’ils prennent un ou plusieurs médicaments pour soigner leurs maladies chroniques et que le corps perd avec l’âge la capacité de bien réagir aux médicaments. Les maladies chroniques posent également des défis pour les jeunes, surtout en ce qui a trait à la poursuite et au respect de leur pharmacothérapie.
Les pharmaciens sont les spécialistes des médicaments dans le système de soins de santé. Les pharmaciens doivent suivre une formation universitaire d’au moins cinq ans qui comprend un internat. Récemment, la plupart des provinces ont adopté une mesure législative qui accorde, jusqu’à un certain point, aux pharmaciens le droit de rédiger une ordonnance, ce qui leur permet de modifier la pharmacothérapie d’un patient pour en améliorer les résultats. C’est évidemment fait en collaboration avec le médecin qui traite le patient et les autres membres de l’équipe de soins de santé. Je vais aborder plus en détail les soins collaboratifs dans un instant.
Les pharmaciens sont les spécialistes des médicaments et les professionnels de la santé auxquels la population a le plus facilement accès. Grâce à ces modifications législatives, ils sont les mieux placés pour aider à la prestation des services aux aînés. Ils peuvent jouer un rôle considérable dans la gestion des maladies chroniques en assurant une gestion approfondie des médicaments. Le pharmacien peut évaluer de manière éclairée le patient et sa pharmacothérapie pour s'assurer qu’elle est appropriée, efficace, sécuritaire et adaptée, relever les problèmes et élaborer un plan pour les régler. Ce plan doit être transmis aux autres professionnels de la santé qui traitent le patient, et le pharmacien doit assurer un suivi du patient pour veiller à ce que les résultats désirés soient obtenus.
La recherche a démontré que de tels services se traduisent par des économies et aident les patients. Selon l’estimation de l’Association des pharmaciens de l’Ontario, la prestation de services élargis permettrait d’économiser 72,4 millions de dollars par année en soins de santé en Ontario. Selon une importante étude américaine, les services de gestion des médicaments dispensés par les pharmaciens ont donné un rendement de 1,29 $ par dollar investi. En outre, plus de 95 p. 100 des patients interrogés étaient d’accord ou fortement d’accord pour dire que leur état de santé global et leur bien-être se sont améliorés grâce à ces services.
En plus des nouvelles mesures législatives, les pharmaciens font également partie des nouveaux modèles de collaboration interprofessionnelle, comme les équipes de santé familiale. Des études ont démontré que les pharmaciens au sein de telles équipes peuvent jouer un rôle crucial dans la gestion des maladies, comme l’hypertension, le taux de cholestérol élevé, l’asthme et d’autres maladies chroniques. Si nous améliorons la pharmacothérapie par la collaboration interprofessionnelle, moins de gens se rendront aux salles d'urgence ou à la clinique, ce qui laisse présager des économies dans les soins de santé. À l’avenir, il sera important d’inclure un pharmacien au sein des équipes interprofessionnelles de soins de santé, parce qu’il joue un rôle important dans la prestation des soins nécessaires aux aînés.
En juin 2010, dans votre rapport sur les ressources humaines en santé, vous avez proposé des recommandations pour améliorer les soins collaboratifs interprofessionnels, dont une augmentation de tels soins pour les gens qui sont du ressort du gouvernement fédéral. Nous appuyons vos recommandations et nous vous proposons de les réitérer dans votre rapport final.
Il faut investir dans les dossiers de santé et ordonnances électroniques pour venir appuyer les soins collaboratifs et améliorer la continuité des soins.
Nous sommes heureux de voir que les provinces ont commencé à financer de nouveaux services offerts dans les pharmacies. Par exemple, le gouvernement ontarien paye les pharmaciens pour aider les patients à arrêter de fumer et optimiser la pharmacothérapie des patients qui prennent plus d’un médicament, qui reçoivent des soins à domicile et ceux qui sont atteints de diabète. Les pharmaciens sont aussi rémunérés pour examiner la pharmacothérapie des patients au Québec, en Saskatchewan et en Nouvelle-Écosse. La Colombie-Britannique finance actuellement un projet pilote à cet effet.
Nous recommandons que le gouvernement fédéral étudie la possibilité de financer les services de gestion des médicaments par les pharmaciens au sein des programmes de soins de santé des employés fédéraux, du Partenariat fédéral pour les soins de santé et de la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits.
Le gouvernement fédéral a déjà mis en place certains programmes et a affecté des fonds pour lutter contre les maladies chroniques et aborder le vieillissement, dont la stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme et la stratégie canadienne sur le diabète. Nous avons collaboré étroitement avec le gouvernement pour offrir des programmes en vue de mettre en place des services dans les pharmacies et d’améliorer les résultats pour les patients en ce qui concerne l’abandon du tabagisme et la gestion du diabète. L’APhC encourage le gouvernement à continuer d’accroître son soutien dans ces programmes.
De plus, l’accessibilité des pharmaciens dans les collectivités fait en sorte qu’ils sont également bien placés pour jouer un rôle important dans le dépistage précoce et la prévention de maladies, comme l’hypertension artérielle. Les pharmaciens peuvent aussi inoculer des vaccins et faire la promotion du mieux-être et d’un mode de vie sain. Les gouvernements de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, du Nouveau-Brunswick, du Manitoba et de la Nouvelle-Écosse ont pris conscience de la capacité des pharmaciens d’offrir des services de vaccination. Ils ont, par conséquent, adopté des mesures législatives pour leur permettre d’offrir de tels services. Ces progrès permettent au Canada d’être mieux préparé à répondre aux menaces contre la santé publique.
La recherche a démontré que les programmes de dépistage dans les pharmacies ont réduit le nombre d’hospitalisations. Par exemple, une importante étude canadienne publiée plus tôt cette année a démontré que les programmes de dépistage de l’hypertension artérielle dans les pharmacies de 39 collectivités en Ontario ont réduit de 9 p. 100 le nombre d’hospitalisations en raison d’une crise cardiaque pour les patients de 65 ans et plus.
Il sera bientôt temps de renouveler l’accord sur la santé signé en 2004. L’APhC invite fortement les gouvernements à faire de la promotion de la santé et de la prévention des maladies, les pièces maîtresses du nouvel accord prévu en 2014, parce que nous croyons particulièrement que ces éléments refléteront les besoins de notre population vieillissante.
J’aimerais aborder brièvement le rôle de l’APhC en tant que maison d’édition de documents sur les médicaments et les traitements thérapeutiques. Notre service électronique, e-Therapeutics+, donne aux médecins, aux infirmières et aux pharmaciens un accès à des renseignements récents fondés sur des données probantes sur les médicaments et les traitements thérapeutiques qui les aideront à prendre des décisions éclairées pour garantir de meilleurs résultats pour les patients.
L’APhC aimerait collaborer avec Santé Canada et Inforoute Santé du Canada pour améliorer l’accès à notre ressource aux points de service en l’intégrant aux diverses utilisations des dossiers de santé électroniques, comme les ordonnances électroniques.
En terminant, les pharmaciens jouent un rôle crucial dans la gestion et la réduction des effets des maladies chroniques avec lesquelles sont aux prises les aînés au Canada. En essayant de renforcer ce rôle, en partenariat avec les provinces et les territoires ou avec les pharmaciens, le gouvernement fédéral peut vraiment aider nos aînés à avoir accès aux soins de qualité qu’ils méritent pleinement.
Merci beaucoup.
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Merci, madame la présidente.
Je m’excuse de ne pas vous avoir apporté de crudités ou de quartiers de pomme, mais je ne sais pas si ma mallette aurait été assez spacieuse pour tout contenir.
Pour vous mettre en contexte, l’Initiative nationale pour le soin des personnes âgées a été créée il y a environ cinq ans grâce au financement du réseau national des centres d’excellence du Canada. Notre initiative regroupe des gériatres, des infirmières, des travailleurs sociaux et d’autres professionnels de la santé. Nous comptons maintenant plus de 2 000 membres, dont des avocats, des policiers et d’autres personnes soucieuses de promouvoir la santé et le bien-être des personnes âgées.
Je suis infirmière spécialisée principalement dans les soins de longue durée, mais aussi dans les soins à domicile. Mes commentaires refléteront donc mon bagage.
Mon exposé portera précisément sur le vieillissement, les personnes âgées et les maladies chroniques, le tout présenté sous forme de messages clés. Étant donné le nombre de témoins que vous avez convoqués et que vous convoquez encore, je suis persuadée que vous êtes pleinement conscients de l’augmentation du nombre de maladies chroniques et des statistiques à cet égard.
Premièrement, le vieillissement est un processus permanent. Au Canada, on entend normalement par personnes âgées les hommes et les femmes de 65 ans et plus. Cet énorme bassin en pleine croissance est extrêmement hétéroclite; on y retrouve des gens ayant des valeurs, des niveaux de scolarité et des statuts socio-économiques différents, mais aussi diverses maladies chroniques qui affectent l’état de santé global.
Les femmes et les hommes vieillissent différemment et leurs maladies chroniques se manifestent donc de diverses façons. Par conséquent, leur gestion se fait bien entendu différemment. Il y a d’importantes différences entre la vie à 65 ans et la vie à 75 ou 85 ans. Le vieillissement peut entraîner divers degrés d’indépendance ou de dépendance, selon la présence de maladies chroniques.
La majorité des personnes âgées au Canada, plus de 90 p. 100, vivent principalement de manière indépendante chez eux et veulent y demeurer. Voilà pourquoi la notion de « vieillir chez soi » est répandue, et c’est aussi pourquoi nous nous en servons dans la planification des ressources et la prestation des services. Nous devrions peut-être plutôt nous dire qu’il faut vieillir au bon endroit avec les bonnes ressources.
Je dois aussi vous rappeler que les aînés d’aujourd’hui ne seront pas les aînés de demain. Les décideurs et les fournisseurs de services doivent prendre les mesures qui s’imposent, parce que cela influera sur notre façon de lutter contre les maladies chroniques.
Deuxièmement, les maladies chroniques ne sont pas une conséquence inévitable du vieillissement. Même si leur présence augmente avec l’âge, on ne devrait pas voir le vieillissement et les maladies chroniques comme un rapport de cause à effet.
Les maladies chroniques sont le résultat d’une multitude de facteurs, dont la constitution génétique, le sexe, l’environnement et le mode de vie. La majorité des maladies chroniques qui touchent les aînés s’expliquent par une combinaison de facteurs de risque comportementaux, comme une alimentation malsaine — voilà pourquoi j’ai proposé plus tôt des crudités —, l’inactivité physique et le tabagisme, et de facteurs de risque naturels, comme l’âge et l’hérédité.
C’est un fait établi qu’il y a, au Canada, de plus en plus de maladies chroniques et de personnes âgées, surtout de plus de 80 ans. En mettant l’accent sur le vieillissement en santé, nous stimulerons l’activité physique et la santé au Canada, ce qui aidera à réduire ou à retarder l’apparition de maladies chroniques et les besoins en soins de santé.
Troisièmement, les maladies chroniques sont synonymes d’une dégradation de l’état de santé et d’une déficience pour certaines personnes âgées. Les maladies chroniques entraînent très souvent une dégradation de l’état de santé et une déficience chez les gens du troisième âge, notamment une dégradation de la vue ou de l’ouïe ou des troubles d’équilibre qui provoquent des chutes et des blessures.
L’OMS a récemment décidé de mettre à l’avant-plan quatre types de maladies non transmissibles, soit les maladies cardiovasculaires, le diabète, le cancer et les maladies respiratoires chroniques. Ces maladies causent des décès prématurés. L’OMS a aussi mis l’accent sur quatre facteurs de risque, à savoir le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, l’inactivité physique et les régimes alimentaires élevés en sel et en gras.
La majorité des personnes âgées vivant à domicile, environ 80 p. 100, sont aux prises avec au moins une maladie chronique. De ce nombre, 33 p. 100 en ont trois ou plus comparativement à 12 p. 100 pour les jeunes adultes dans la même situation. Pour les personnes âgées, les cas de cancer, de maladies cardiovasculaires et de démence sont extrêmement nombreux. De plus, de 10 à 15 p. 100 des personnes âgées montrent des symptômes de dépression ou ont une dépression clinique, qui est une autre maladie chronique.
La polypharmacie est un problème de santé reconnu et est souvent associée à la présence d’une maladie chronique. Je tiens à préciser que je parle exclusivement de polypharmacie.
On doit se rappeler que permettre aux personnes âgées de préserver leur autonomie devrait être un objectif poursuivi par la personne, la collectivité et les responsables de l'élaboration des politiques. En effet, la présence de maladies chroniques et la douleur qui y est associée sont souvent en grande partie responsables de la dépendance.
En favorisant les activités et les choix qui aident les personnes âgées à retarder l'arrivée des maladies chroniques et à gérer la douleur — par exemple, des activités physiques appropriées et des programmes de prévention des chutes —, on peut réduire la dépendance créée par les maladies chroniques et, au bout du compte, les aider à vivre dans la collectivité. Pour y arriver, il faudrait réorganiser les priorités en soutenant la promotion de la santé, du vieillissement sain et de l'appui familial et communautaire et en encourageant la prévention des maladies et des blessures, plutôt que de se concentrer sur les traitements médicaux et les soins actifs.
Un autre message clé nous rappelle qu'il faut mettre sur pied et utiliser des programmes d'autogestion, une technique qui fait référence aux tâches qu'une personne doit accomplir pour bien vivre avec une ou plusieurs maladies chroniques. Parmi ces tâches figure celle d'acquérir la confiance nécessaire pour gérer ses médicaments, ses habitudes de vie et ses émotions. Il s'agit habituellement d'un processus entrepris par la personne âgée, en partenariat avec un professionnel de la santé.
L'éducation représente un élément clé, car la personne âgée a besoin de renseignements exacts et à jour qui l'aideront à gérer sa maladie chronique de façon éclairée. On dit souvent qu'une personne âgée a fait un choix inapproprié ou — et je cite — stupide, mais en réalité, nous devons nous demander quels renseignements on lui a fournis pour l'aider. Il existe plusieurs programmes d'autogestion au Canada, et le premier a été mis sur pied à l'Université de Victoria.
Voici un autre message clé: il est essentiel d'appuyer les aidants naturels. Par exemple, l'appui aux personnes âgées qui souffrent d'une maladie chronique et qui pourraient avoir besoin d'aide pour faire leur épicerie ou se rendre à un rendez-vous avec leur médecin fait partie de soins qui sont, dans une grande mesure, dispensés par des membres de la famille. Toutefois, ces personnes demeurent souvent invisibles. De plus, elles ne sont souvent ni formées ni éduquées sur le vieillissement; par exemple, comment répondre aux besoins mineurs en matière de santé associés à une maladie chronique, comment différencier les changements normaux liés au vieillissement des changements problématiques qui peuvent se transformer en une maladie chronique chez les personnes âgées ou enfin, comment naviguer le système de santé?
Les familles, par leur appui, représentent une contribution de plusieurs milliards de dollars par année; en effet, on estime que les aidants naturels représentent entre 60 et 80 milliards de dollars en appui. Toutefois, les dépenses liées aux soins de santé, par exemple le temps perdu au travail, peuvent appauvrir certaines familles.
La fatigue, le fardeau des aidants naturels et l'épuisement sont aussi partie des défis auxquels font face les familles. Dans nos programmes de formation, nous disons souvent à nos étudiants qu'ils ont deux patients: la personne âgée et celle qui se trouve à ses côtés. Toutefois, le financement ne permet de traiter que l'une d'entre elles.
Voici un autre message clé: les relations sociales peuvent contribuer à la qualité de vie. Il existe de solides indications selon lesquelles un niveau plus élevé d'intégration sociale serait associé à de plus bas taux de morbidité et de mortalité. On a aussi découvert qu'une meilleure intégration sociale protège contre un grand nombre de maladies physiques et mentales.
Après avoir vérifié de nombreux autres facteurs, une étude américaine récente allègue que la solitude pourrait être associée avec un plus grand risque de coronaropathie. En Thaïlande, une étude visant des personnes âgées a démontré que l'appui social atténuait les répercussions liées à la dépendance et à l'invalidité et diminuait le risque de dépression.
La participation sociale peut être un facteur favorisant la santé des personnes âgées qui souffrent d'une maladie chronique, et il est important de l'explorer, mais d'un autre côté, les défis liés au transport — par exemple, se rendre à un arrêt d'autobus ou obtenir des membres de la famille qu'ils les conduisent quelque part — sont des préoccupations graves qui peuvent gêner les relations sociales.
Voici un autre message clé: les hôpitaux de soins actifs ne sont pas conçus pour soigner les patients souffrant de maladies chroniques. Ils sont plutôt conçus pour les interventions à court terme qui visent à soigner les symptômes. En effet, on se concentre plutôt sur les problèmes de santé apparents et souvent, on ne se rend pas compte que la personne âgée est un tout, avec ses forces et ses défis liés au vieillissement. Les personnes âgées qui se présentent souvent dans les hôpitaux de soins actifs alors qu'elles sont déjà atteintes d'une maladie chronique — par exemple, l'hypertension ou le diabète — influent sur l'attitude des médecins, des infirmiers et infirmières, etc.
Voici un autre message clé: il faut intervenir dès le début. Les maladies chroniques ne sont pas un cadeau que l'on reçoit à son 65e anniversaire. La promotion de la santé doit être un objectif clair et obligatoire dans tous les programmes d'éducation au pays, et doit s'enseigner dès les premières années du primaire.
J'aimerais vous remercier de nous avoir écoutés.
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Merci, madame la présidente, et merci aux membres du comité.
Nous, les Canadiens, vivons plus longtemps et nous sommes plus en santé que jamais. Certains d'entre nous, toutefois, souffriront d'une maladie chronique comme l'Alzheimer ou d'une autre forme de démence liée à l'âge. Même si nous serons en mesure d'habiter dans nos foyers et dans nos collectivités plus longtemps, tôt ou tard, les soins dont nous aurons besoin dépasseront les capacités de nos familles et de nos collectivités et nous serons placés dans un centre de soins, où nous passerons les dernières années ou les derniers mois de notre vie. Nous prévoyons qu'en 2038, un million de Canadiens souffriront d'Alzheimer ou d'une maladie semblable liée au vieillissement, et que les trois quarts de ces personnes mourront dans un centre de soins.
La démence est une maladie progressive qui se manifeste par des pertes permanentes sur le plan de la mémoire et de la capacité de gérer ses affaires et de reconnaître les membres de sa famille. Au bout du compte, on perd la capacité d'accomplir les activités de base de la vie quotidienne, c'est-à-dire manger, marcher, parler, avaler, et aller à la toilette. Cette maladie est incurable.
Étant donné qu'un grand nombre d'entre nous ne sont pas en mesure de se représenter à quoi peut ressembler la vie dans un centre de soins, je vous demanderais d'imaginer pour un instant une expérience que tout le monde connaît: prendre l'avion. Je ne parle pas d'un voyage éclair entre Ottawa et Toronto ou entre Ottawa et Montréal, mais d'un vol entre Ottawa et Sydney, en Australie.
L'organisation de la vie quotidienne dans un centre de soins peut être comparée à l'organisation de la vie dans un avion.
Tout d'abord, vous ne pouvez pas choisir votre voisin de siège, et il pourrait sentir mauvais, faire du bruit en mangeant, placoter sans arrêt ou au contraire, refuser d'échanger quelques plaisanteries à l'occasion. Vous devez ranger les quelques effets personnels qu'on vous permet d'apporter, afin qu'ils n'empiètent pas sur l'espace de votre voisin ou dans l'allée. Vous mangez selon l'horaire imposé par le transporteur, et non lorsque vous avez faim — en admettant qu'on vous nourrit, bien sûr — et de plus, vous ne pouvez pas vraiment choisir ce que vous mangez. Vous devez utiliser les installations communautaires comme les toilettes et vous devez attendre votre tour; parfois, vous ne pouvez pas vous y rendre lorsque vous en avez besoin, car un chariot bloque l'allée ou la consigne lumineuse vous enjoignant de boucler votre ceinture est allumée. La télévision est allumée, que vous soyez intéressé à la regarder ou non. Vous devez vous attacher avec une sangle afin de vous protéger des blessures, même si le risque est très faible. Il n'y a rien à faire et nulle part où aller.
Il est intéressant de mentionner que la qualité du service peut aussi dépendre de votre capacité de payer. Lorsque nous voyageons en avion, nous acceptons de bonne grâce ces ennuis temporaires qui réduisent notre espace et diminuent notre autonomie, car en retour, on nous amène où nous voulons aller.
Nous pourrions alors nous demander à quels avantages peuvent s'attendre les résidents des centres de soins. Les gens âgés qui vivent et meurent dans ces centres ne contribuent plus à la société comme lorsqu'ils étaient jeunes ou adultes. Ils ne sont plus enseignants, agents de police, médecins ou infirmières. Ils n'ont plus la possibilité de construire, de rénover, de jouer dans un film, de gouverner, de nager, de skier ou de courir. Ils ne votent plus. Ils sont Rita Hayworth et Ronald Reagan, Norman Rockwell et Tommy Dorsey, Winston Churchill et Margaret Thatcher. Mais encore plus important, ils sont nos mères, nos pères, nos soeurs, nos frères, nos maris, nos femmes et parfois, ils sont nous.
Nous apportons toutes nos connaissances et nos capacités aux soins des bébés prématurés, qui sont fragiles et vulnérables. Nous les plaçons dans certaines des installations les plus dispendieuses et technologiques du pays, c'est-à-dire les unités néonatales de soins intensifs. Nous assumons qu'il est tout à fait normal d'agir ainsi, car nous croyons qu'une vie à vivre est précieuse et possède une valeur intrinsèque. À l'autre extrémité de la vie, toutefois, nous plaçons nos personnes âgées, fragiles et vulnérables, dans des centres de soins, qui représentent l'environnement le moins coûteux et le moins bien planifié au Canada. On peut alors se demander quelle valeur les Canadiens accordent à une vie qui a été vécue et qui a contribué à bâtir le pays.
Nous pourrions vous en dire long sur ce qui ne va pas avec les centres de soins au Canada et avec les services que nous fournissons ou ne fournissons pas aux personnes âgées. Par exemple, le système de centres d'accueil, mal conçu et fragmenté, ne parvient pas à fournir des soins efficaces et compatissants aux personnes âgées qui sont fragiles et vulnérables; l'énorme quantité de données fournies par les provinces et le fédéral ne font que prouver la mauvaise qualité de vie et la piètre qualité des soins accordés aux personnes âgées qui vivent dans ces centres; enfin, la qualité de vie de leurs aidants naturels est grandement diminuée.
Plutôt que vous les énumérer, nous pensons qu'il serait plus utile de vous dire comment certaines de ces choses pourraient être améliorées.
Tout d'abord, nous appuyons tout ce qui pourrait retarder l'entrée des Canadiens dans les centres de soins aussi longtemps que possible et qui leur permettrait d'habiter dans leurs propres maisons et dans leurs collectivités, mais pas aux dépens de la santé et du bien-être de leurs aidants naturels. Toutefois, nous ne pouvons pas échapper à la réalité des centres de soins ou au fait qu'environ 80 p. 100 des aidants naturels ne sont pas réglementaires et qu'ils ne possèdent que peu ou pas de formation. Nous ne pouvons pas non plus fermer les yeux sur le fait que le secteur des soins de longue durée en résidence est le moins bien financé de tous les secteurs liés aux soins de la santé, compte le moins de chercheurs et affiche les taux les plus bas de financement en recherche.
Peu d'entre nous connaissent bien les maisons de soins infirmiers, qui représentent une partie de notre système. C'est simplement que nous n'y pensons pas vraiment tant que l'un de nos êtres chers n'a pas besoin d'y séjourner. C'est l'un des seuls lieux de soins où nous n'avons pas terminé la désinstitutionnalisation.
Toutefois, les maisons de soins infirmiers d'aujourd'hui sont bien différentes de ce qu'elles étaient il y a 10 ou 20 ans. Les résidents ont plus d'intimité. On utilise moins de moyens de contention. Les maisons les plus récentes et les types de soins les plus modernes offrent un milieu qui ressemble à un domicile, un accès plus sécuritaire à l'extérieur et un meilleur traitement de la douleur. Nous avons de meilleures façons d'améliorer la qualité de vie de ces Canadiens âgés, en leur offrant des petits plaisirs de la vie tous les jours.
Cela passe entre autres par, et je crois que c'est la raison pour laquelle nous avons été invitées, la recherche appliquée — pour notre part, il s'agit du TREC, le translating research in elder care program, ou programme de concrétisation de la recherche dans les soins aux aînés. Jusqu'à présent, le programme TREC est une belle réussite, et à notre avis, un bon modèle pour changer ce volet du système — il est bon parce qu'il est important. Il a reçu une subvention de cinq millions de dollars des Instituts de recherche en santé du Canada, un fort vote de confiance pour un travail essentiel dans le domaine. Cela inclut jusqu'à maintenant 40 maisons de soins infirmiers, 3 000 aides-soignants et 500 membres d'une profession de la santé réglementée, ainsi que des milliers de dossiers médicaux de résidents.
Nous pouvons ainsi étudier les différences considérables entre les provinces et leurs différentes conditions. Il nous faut plus d'études sur les services de santé appliquées à grande échelle, qui doivent être complétées par des recherches cliniques qui nous montreront comment gérer les problèmes de mobilité, de douleur, et d'incontinence et faire en sorte que les aînés aient du plaisir dans la vie de tous les jours.
Dans le cadre du programme TREC, nous avons été en mesure de trouver des maisons de soins infirmiers dans lesquelles les membres du personnel utilisent plus de nouvelles connaissances et sont plus en santé et moins épuisés, et qui sont donc capables de procurer des soins de meilleure qualité. Nous avons également réussi à trouver des stratégies pour amener le personnel des soins de santé de première ligne à améliorer les pratiques de soins et à utiliser de nouvelles connaissances qui amélioreront la qualité de vie des aînés au quotidien et en fin de vie, la sécurité, la qualité de la vie au travail des fournisseurs de soins de santé, le soutien des familles et d'autres aidants naturels, et à utiliser davantage de pratiques exemplaires.
Le système TREC rend cela possible en nous aidant à cibler des champs d'intervention clés et des bonnes pratiques que nous devrions diffuser; à produire des rapports comparatifs de manière à ce que les maisons de soins infirmiers puissent savoir où elles se situent par rapport aux autres; à fournir une plateforme à l'aide de laquelle nous pouvons éprouver l'efficacité de nouvelles stratégies et de nouveaux programmes; et à déterminer des secteurs importants pour des travaux supplémentaires ou à venir.
Docteure Pringle.
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Quelles mesures devrons-nous prendre si nous voulons améliorer les soins prodigués aux personnes âgées fragiles qui vivent dans des maisons de soins infirmiers à la fin de leur vie? Permettez-nous de vous parler de deux volets pour lesquels nous croyons que le gouvernement fédéral peut jouer un rôle de premier plan.
Le programme TREC a montré qu'il nous faut une approche coordonnée qui contribue à regrouper les diverses administrations des soins prodigués aux personnes âgées fragiles et vulnérables au Canada. Le gouvernement fédéral doit créer, le plus tôt possible, une loi sur les soins de longue durée pour les soins de santé communautaire et les soins en établissement, qui s'ajouterait à la Loi canadienne sur la santé pour les soins actifs et les services de médecins.
Il faut que la loi comporte un fonds d'assurance pour les soins de longue durée, comme c'est le cas dans bon nombre de pays européens. Elle doit comprendre des normes sur la qualité des soins, notamment sur ce qui définit des effectifs adéquats. Au pays, comme il y a des différences importantes en ce qui concerne les ressources pour les soins de longue durée et les règles régissant l'accès à ces soins, il est donc difficile pour les familles d'installer leurs aînés qui ont besoin d'un centre de soins de santé communautaire ou d'une maison de soins infirmiers près de chez elles.
Ensuite, il nous faut augmenter le nombre de recherches qui guident les soins de longue durée, surtout en appuyant des études à grande échelle comme celles du programme TREC, qui coûtent cher. Des coupures dans le budget des IRSC risquent de limiter le nombre de recherches, qui n'est déjà pas très élevé — voire de le réduire.
Surtout, il faut un plus grand nombre de chercheurs qui se consacrent aux recherches sur les services cliniques et les services de santé axées sur les personnes âgées qui reçoivent des soins de longue durée. Cela nécessitera un plus grand nombre de bourses postdoctorales pour aider les étudiants à payer leurs études.
À défaut d'une découverte presque spectaculaire qui permettrait de prévenir et de traiter plus efficacement la démence liée à l'âge, nous sommes confrontés à un problème national de taille qui s'étalera durant toute notre vie et celle de nos enfants et de nos petits-enfants. Même si l'on fait une découverte spectaculaire, les maisons de soins infirmiers feront partie de notre société pendant longtemps. Il nous faut trouver la façon de bien gérer la situation.
La recherche est importante, mais elle ne suffit pas pour l'instauration de changements nécessaires permettant de servir adéquatement les aînés canadiens fragiles atteints de démence. Nous aurons besoin de la volonté des Canadiens ainsi que de leurs fonctionnaires de prêter attention, de façon coordonnée, et c'est nécessaire, à un groupe de citoyens qui ont déjà contribué à la productivité de la nation et qui ne peuvent plus le faire de la même manière, mais qui, selon nous, contribuent encore au tissu social du Canada.
Merci.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à remercier tous les témoins de leurs excellents exposés. Vous avez mis en évidence certains des principaux enjeux dont il nous faut discuter. L'un deux porte sur le vieillissement chez soi.
J'ai assisté récemment à la conférence de Baycrest à Toronto. On y a indiqué que selon les études, lorsqu'on retire les personnes âgées de leur environnement... Car leur environnement les aide toujours à se souvenir: quand elles voient une photo ou un objet familier, cela les aide à conserver leur mémoire. Lorsqu'on les retire de cet environnement et qu'on les place dans un centre d'hébergement, toutes les petites balises qui les aidaient à se souvenir ne sont plus là. Elles deviennent confuses et désorientées, et leur état commence alors à se dégrader. La question n'est pas de savoir si la qualité des soins offerts au centre d'hébergement est satisfaisante ou non, mais de savoir que c'est un facteur important à prendre en considération lorsqu'on retire les gens de leur environnement.
Vous avez beaucoup parlé des soins à domicile, des soins communautaires, des modèles de soins de longue durée et des modèles de collaboration en matière de soins, dont parle le collège des médecins de famille: des modèles intégrés avec des équipes multidisciplinaires qui gèrent les maladies chroniques dans la collectivité. Mais pour que cela se produise... Je sais que dans l'accord de 2004, on a réservé des fonds pour certains de ces projets, afin de vérifier ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas. Nous savons maintenant que ce genre de système fonctionne.
J'aimerais savoir si vous considérez que ce sera un élément très important de l'accord de 2014. Aimeriez-vous qu'il y ait des changements? Dans quelle mesure?
Au sujet des pharmacies, vous avez dit que le coût des médicaments sur ordonnance est exorbitant. On parle d'un régime d'assurance-médicaments. Encore une fois, c'était dans l'accord de 2004 sur la santé. Pour que cela aille de l'avant, il est essentiel de se pencher sur la façon dont on peut fournir les médicaments nécessaires aux gens qui ne peuvent plus les payer, en particulier les personnes âgées.
Madame Pringle, vous avez proposé un plan très intéressant concernant une loi sur les soins de longue durée et un fonds d'assurance pour les soins de longue durée. J'aimerais que vous nous en parliez plus en détail, car je crois que c'est ce qu'il nous faut apprendre à faire: offrir des soins à l'extérieur du milieu hospitalier, comme vous le dites, dans un établissement approprié, où une personne qui n'est pas nécessairement médecin peut fournir les soins adéquats, parce que la Loi canadienne sur la santé concerne les médecins et les hôpitaux.
Une dernière question...
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Je vais répondre à la question sur le vieillissement chez soi. Je vais commencer, et mes collègues pourront continuer.
À mon avis, il ne fait aucun doute que nous accusons du retard en ce qui concerne un bon soutien communautaire. Nous avons de bons modèles. Les programmes SIPA et PRISMA, au Québec, montrent clairement comment nous pouvons garder les gens chez eux plus longtemps en utilisant des équipes interdisciplinaires et des gestionnaires de cas qui peuvent transférer des sommes — qui ont le pouvoir de transférer de l'argent lorsqu'une personne s'en va à l'hôpital — et qui peuvent ensuite mettre en place les services, des services appréciables, sur une courte période pour les faire sortir de l'hôpital.
Je connais davantage les programmes ontariens à ce chapitre. Nous avons commencé par un solide programme de vieillissement chez soi qui s'est érodé au fil des ans. Nous n'avons pas de loi fédérale qui vise les soins à domicile, et d'une manière ou d'une autre, les fonds ont été transférés pour respecter nos temps d'attente. Ils ont été versés dans le système de soins actifs, qui ressemble à un gros aspirateur, qui avale toutes les ressources.
C'est la raison pour laquelle nous avons fait cette proposition. Nous ne sommes pas les premiers à en parler. Je pense que Neena Chappell, de l'Université de Victoria, que vous connaissez peut-être, et Marcus Hollander ont proposé ce qu'ils appellent une loi sur les soins continus, ou sur les soins de longue durée, afin de fournir des soins continus, à domicile et de longue durée. Si nous avons de bons soins continus, nous pourrons retarder le recours aux soins en établissement.
Je ne veux pas dire qu'il faut éliminer les maisons d'hébergement. Le Danemark est probablement allé aussi loin qu'il est possible d'aller sur ce plan, car il possède un programme de soins à domicile approfondi et très bien coordonné. Pour obtenir cela, nous avons besoin du leadership du gouvernement fédéral pour instaurer cette loi sur les soins continus. Et il faut qu'on y joigne des fonds.
Le Dr Réjean Hébert, de l'Université de Sherbrooke, a récemment écrit un article à propos de la nécessité d'élaborer ce plan de soins de longue durée. Il servirait aux soins communautaires et aux soins dans les centres d'hébergement, et fournirait du financement qui ne pourrait être menacé par les besoins en matière de soins actifs. Il serait financé par l'impôt, par l'État.
Ce qu'il propose, c'est un fonds au moyen duquel les provinces pourraient établir leurs propres projets. Il pourrait s'agir de verser des fonds à des membres de la famille ou à des aînés qui ont besoin de soins de longue durée dans la collectivité, afin qu'ils puissent se les procurer ou compter sur un fournisseur, qui pourrait être payé par l'État; mais ce pourrait très bien être fourni par un organisme public ou privé.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
D'abord, j'aimerais remercier les témoins d'être venus aujourd'hui. J'ai trouvé que vos exposés étaient tous très bien préparés et remplis de renseignements pertinents.
À mon avis, ce qui en ressort, c'est que tandis qu'il y a de très bonnes choses qui sont mises en oeuvre, il suffit de jeter un coup d'oeil à la carte des villes amies des aînés que Mme Garon nous a présentée pour voir qu'il existe une grande disparité d'un bout à l'autre du pays, qu'on parle des 40 centres d'hébergement et de soins de longue durée ou... Je pense que c'est un problème flagrant.
J'ai aussi trouvé alarmant d'entendre — je crois que c'est vous qui en avez parlé, madame Estabrooks — que 80 p. 100 des fournisseurs de soins sont non réglementés. C'est très alarmant et je pense que cela souligne la nécessité d'avoir quelque chose comme une loi sur les soins continus.
J'ai deux questions.
Dans le rapport Romanow, on parlait des soins à domicile. On disait que cela allait être le prochain grand projet. C'était dans l'accord de 2004. Où en sommes-nous par rapport à l'idée d'avoir une loi sur les soins continus? Considérez-vous que cela devrait être assujetti aux principes de la Loi canadienne sur la santé, ou est-ce quelque chose de complètement différent?
Monsieur Poston, pour ce qui est de l'utilisation sécuritaire de médicaments, je suis tout à fait d'accord avec ce que vous avez dit. Vous avez parlé de points essentiels.
Je me demande si vous connaissez la Therapeutics Initiative de l'Université de la Colombie-Britannique, à laquelle la faculté de pharmacologie participe activement, je crois. On s'en occupe dans une province. Je sais que vous faites des choses à cet égard par l'intermédiaire de votre service en ligne e-Therapeutics+, mais il me semble, encore une fois, qu'il ne se passe rien dans l'ensemble du pays par rapport à la question de l'utilisation sécuritaire de médicaments et de l'abordabilité des médicaments. Encore là, c'était dans l'accord, mais il n'y a eu aucun progrès à cet égard.
Si vous connaissez bien la Therapeutics Initiative, croyez-vous que c'est quelque chose que l'on devrait mettre en oeuvre? Au moins, cela nous permettrait de progresser.
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La réglementation n'est pas la solution à tous les problèmes. Elle fait partie de la solution.
Si, dans les établissements de soins, la population a changé considérablement au cours des 10 ou 15 dernières années, la prestation de soins n’a pratiquement pas changé. Auparavant, les gens venaient dans les maisons de soins infirmiers pour y séjourner souvent pendant huit ou dix ans.
Quand nous avons commencé une étude il y a cinq ans, ils restaient en moyenne 18 mois. Quatre ans plus tard, les patients y séjournaient en moyenne 12 mois, donc les professionnels de la santé réussissent très bien, mais les pensionnaires sont plus âgés et ont des besoins de soins plus complexes et nous n’avons pas changé le modèle. En fait, le modèle connaît de plus grandes difficultés, notamment sur le plan de la dotation car la conservation du personnel des maisons de soins infirmiers est devenue un très grand problème.
En Alberta, ma province d’origine, il est plus difficile de trouver du personnel de la santé en période d’essor économique qu’en période de ralentissement économique; il y a donc un véritable cycle. Les fournisseurs font de leur mieux, mais nous avons aussi un modèle mixte de prestateurs de soins de longue durée; un modèle qui est absent du système de soins actifs. Nous avons un secteur privé à but lucratif, des organisations religieuses bénévoles, il y a donc un certain nombre de fournisseurs de soins.
Nous estimons que si nous pouvions y ajouter les travailleurs non réglementés, ce serait un premier pas vers la solution de ces problèmes. Il serait utile d'étudier des normes éducatives minimales, des normes de formation minimales, des normes minimales de renouvellement d’accréditation ou des normes équivalentes dans le secteur. Tous les problèmes ne seront pas résolus, mais ce serait un début.
Si nous pouvions étudier le genre de normes qu’il faudrait établir… Nous n’avons pas vraiment aborder les soins en fin de vie dans ces organisations et ce type de soins diffère un peu des soins palliatifs. Un régime de soins palliatifs peut être très coûteux, mais, aujourd’hui, les maisons de soins infirmiers dispensent des soins en fin de vie et nous n’avons pas fait d'étude comparative entre les soins d'aujourd'hui et ceux prodigués à nos parents il y a 20 ans.
Nous pouvons réaliser beaucoup de choses sans nécessairement nous imposer une réglementation et sans nous engager dans un engrenage dont nous ne pourrons plus sortir. Quand il s'agit de la réglementation, il faut être prudent.