:
Merci beaucoup, monsieur.
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de me permettre de faire le point sur nos opérations.
Comme l'a mentionné le président, je suis le brigadier-général Craig King, directeur général des opérations au sein de l'État-major interarmées stratégique au quartier général de la Défense nationale. Vous connaissez déjà Mme Jill Sinclair, notre sous-ministre adjointe, Politiques, et la capitaine (Marine) Bernatchez, du Cabinet du Juge-avocat général, puisqu'elles ont comparu mardi dernier.
[Français]
Comme vous le savez, l'opération Athena est la participation du Canada à la Force internationale d'assistance à la sécurité en Afghanistan, et l'opération Attention est la contribution principale des Forces canadiennes à la mission de formation de l'OTAN en Afghanistan.
Vous avez devant vous sept diapositives qui donnent une mise à jour générale de notre force opérationnelle de fin de mission pour l'opération Athena et de la contribution canadienne à la mission de formation en Afghanistan dans le cadre de l'opération Attention.
J'aimerais examiner avec vous cette courte mise à jour opérationnelle, et je répondrai ensuite avec plaisir à vos questions.
[Traduction]
J'aimerais que vous regardiez la diapositive 1. Conformément à la motion parlementaire de 2008, les Forces canadiennes ont mis fin aux opérations de combat en juillet 2011 et termineront le redéploiement du personnel et de l'équipement qui se trouvent à Kandahar d'ici décembre 2011. Sous le commandement du brigadier-général Chuck Lamarre, la Force opérationnelle de transition de la mission comprend plus de 1 300 membres de tous les éléments des Forces canadiennes. Leur tâche principale est d'exécuter la fin de la mission pour l'Opération Athéna, afin de permettre aux Forces canadiennes d'effectuer la transition aux opérations ultérieures, telles qu'elles auront été prescrites par le gouvernement du Canada.
La Force opérationnelle accomplit sa mission en trois phases générales. La première phase, qui comprend le dégarnissage ou le retrait d'équipement non essentiel, la relève sur place par les forces américaines et la consolidation de tous les éléments des Forces canadiennes à l'aérodrome de Kandahar, s'est terminée en juillet.
La Force opérationnelle de fin de mission amorce maintenant la dernière phase de son opération en Afghanistan, qui porte sur l'exécution de la fin de la mission et le redéploiement. Toutes les activités sont conçues de manière à atteindre nos objectifs nationaux pendant notre retrait de Kandahar. La dernière phase, la reconstitution, est amorcée en même temps au Canada sous la direction des commandants d'armée respectifs.
La diapositive 2 montre que nous ne pouvons pas sous-estimer les difficultés auxquelles sont confrontés le brigadier-général Lamarre et son équipe. D'ailleurs, un rapport comparait récemment leur tâche à déménager une ville à l'autre bout du monde. La Force opérationnelle de transition de la mission est sans aucun doute un des engagements logistiques les plus importants de l'histoire des Forces canadiennes. Comme les chiffres vous le disent, nos militaires écrivent une nouvelle page de l'histoire des capacités expéditionnaires du Canada.
Sur la diapositive suivante, on peut voir que le concept général met à contribution les multiples zones d'étape et de relais afin de rapatrier efficacement le personnel et l'équipement au Canada, tout en conservant un contrôle intégral sur notre équipement opérationnel en tout temps. Nos centres de soutien opérationnel à Chypre et, depuis aujourd'hui, au Koweït ont considérablement facilité nos progrès.
Dans ce cas-ci, notre plan consiste à transporter tout le matériel non critique, comme les générateurs et les charges externes habituelles, en passant par le Pakistan, jusqu'à un terminal maritime d'où ils seront renvoyés au Canada. Étant donné son caractère critique, une petite quantité de matériel appartenant aux FC a été renvoyée au Canada par avion — l'équipement cryptographique, entre autres. Le reste de notre matériel, surtout des véhicules et des armes, est transporté en avion de ces terminaux d'étape intermédiaires pour être chargé sur des bateaux. Il sera rapatrié au Canada selon un horaire surveillé de près.
Actuellement, le brigadier-général Lamarre indique que toutes les lignes de production et le rapatriement se déroulent comme prévu ou mieux que prévu. On peut le constater à la diapositive 4, où un graphique conceptuel représente les progrès prévus relativement à l'élimination de notre infrastructure à Kandahar et au retour de notre équipement au Canada. Je suis désolé de vous présenter une diapositive à ce point simplifiée, mais vous comprenez sûrement que le fait de divulguer les données réelles dans un forum ouvert pourrait fournir à des adversaires réels et potentiels des renseignements précieux sur les capacités réelles prévues des Forces canadiennes.
Compte tenu des statistiques mentionnées, je peux vous annoncer que nous ne prévoyons pas avoir de questions non réglées qui influeront sur la capacité de la Force opérationnelle de transition de la mission de respecter l'échéancier établi par le gouvernement du Canada.
[Français]
La prochaine diapositive porte maintenant sur l'opération Attention. Comme vous le savez, le gouvernement du Canada a annoncé, le 16 novembre 2010, un nouveau rôle pour les Forces canadiennes en Afghanistan dans le cadre duquel nos soldats s'occuperaient de la formation, du mentorat et du développement des compétences professionnelles des Forces de sécurité nationale afghanes.
Sous le commandement actuel du major-général Michael Day, jusqu'à 950 soldats seront affectés à une nouvelle mission de formation à Kaboul jusqu'en mars 2014.
La contribution canadienne à la mission de formation en Afghanistan aidera le gouvernement de la République islamique d'Afghanistan à mettre sur pied des forces de sécurité nationale — à la fois les forces armées et la police — qui seront crédibles, efficaces et durables.
[Traduction]
J'aimerais souligner que le Canada occupe le deuxième rang parmi les pays qui ont le plus contribué à la mission d'entraînement de l'OTAN en Afghanistan, après les États-Unis.
Nous concentrons nos efforts sur le renforcement des capacités institutionnelles et la professionnalisation des forces de sécurité nationale afghanes. En offrant le mentorat et la formation aux formateurs afghans, le Canada continue de jouer un rôle essentiel pour ce qui est d'aider le gouvernement de l'Afghanistan à assurer la sécurité par ses propres moyens, en mettant sur pied des forces de sécurité qui seront autonomes dans un avenir proche.
Puisque notre priorité actuelle est d'aider les forces de sécurité nationale afghanes à renforcer les capacités institutionnelles et qu'il est nécessaire de créer une culture militaire professionnelle pour contrer une menace changeante, il est essentiel de se doter de formateurs très qualifiés. Le Canada s'acquitte de cette tâche avec sa combinaison de professionnalisme et de compréhension culturelle, afin de soutenir le gouvernement de l'Afghanistan dans le développement des capacités nécessaires pour mettre sur pied des forces de sécurité nationale afghanes vraiment efficaces qui représenteront tous les Afghans dans le cadre de leurs fonctions.
Comme vous pouvez le voir à la diapositive 6, l'opération Attention offre déjà de la formation dans 13 différents endroits et de l'aide à environ 24 différents établissements. Le calendrier de déploiement actuel prévoit que l'on atteindra la pleine capacité au début de novembre, avec des troupes déployées à trois endroits: Kaboul, où se trouvera le plus gros de nos forces, Mazar-e-Sharif dans le Nord et Herat dans l'Ouest.
Je tiens à souligner deux éléments importants de notre renforcement des capacités institutionnelles: le Centre de formation militaire de Kaboul et le Centre consolidé de mise en service, aussi à Kaboul.
Le Centre de formation militaire de Kaboul, ou CFMK, est le principal lieu de formation du commandement d'instruction de l'armée nationale afghane et le principal fournisseur de ressources militaires pour la défense nationale de l'Afghanistan. Le colonel canadien Mike Minor conseille le commandant afghan du CFMK. L'objectif du centre consiste à fournir à l'Afghanistan une armée compétente capable de désarmer les factions illégales, de lutter contre le terrorisme et d'assurer la sécurité en Afghanistan. Le CFMK est géré par des officiers et des sous-officiers responsables de l'armée nationale afghane qui sont conseillés et aidés par le personnel de la mission de formation de l'OTAN en Afghanistan. La véritable formation débute au niveau de chaque soldat par des cours sur les armes, les premiers soins, le droit des conflits armés et les valeurs et la culture de l'armée nationale afghane. Elle comprend aussi des cours sur le leadership et la planification pour les nouveaux officiers. Pour vous donner une idée, il y a 13 000 étudiants et membres du personnel au CFMK qui suivent jusqu'à 40 cours destinés tant aux recrues qu'aux sous-officiers supérieurs et aux officiers.
Le Centre consolidé de mise en service de Kaboul est un établissement de formation collective où les membres d'unités structurées de la taille de bataillons de l'armée nationale afghane, qu'on appelle des kandaks — et qui comptent environ 600 soldats —, suivent une formation et passent des examens conçus pour confirmer leurs compétences avant d'être affectés à un corps de l'armée nationale afghane pour servir en Afghanistan au sein de la force de campagne opérationnelle. Le centre est géré par les forces afghanes, mais elles sont soutenues et guidées par 400 mentors et formateurs de l'OTAN, sous le commandement du colonel Rory Radford, un Canadien.
En résumé, vous pouvez voir, sur la dernière diapositive, que nous respectons le calendrier et les objectifs de l'effort de fin de mission. Nous sommes également prêts à poursuivre notre engagement envers les Afghans par nos efforts de renforcement des capacités dans le cadre de l'opération Attention. Je suis heureux d'annoncer que nos soldats exercent déjà une influence importante sur l'efficacité générale des forces de sécurité nationale afghanes. Des personnalités importantes, comme le général Petraeus, en ont parlé lorsque nous avons annoncé la transition à la mission d'entraînement.
[Français]
J'espère que ce bref aperçu vous a permis de comprendre ce que les soldats, les marins et les aviateurs accomplissent actuellement en Afghanistan. Ils exécutent avec professionnalisme et dévouement des missions essentielles dans un milieu très difficile. Le Canada a reçu des éloges publiques de la part de l'OTAN, de la FIAS et des Forces de sécurité nationale afghanes pour sa contribution à cette campagne très exigeante. Tous les Canadiens peuvent être fiers des hommes et des femmes qui portent l'uniforme.
[Traduction]
Je vous remercie de votre temps. Nous pouvons maintenant répondre à vos questions.
:
Tout à fait. Et c'est ce que je dirais, n'est-ce pas, parce que j'y ai personnellement participé. Mais permettez-moi de vous donner une idée de la situation qui prévalait il y a à peine deux ou trois ans et où nous en sommes aujourd'hui.
Il y a deux ou trois ans, 86 p. 100 des recrues dont vous avez parlé étaient des illettrés. Actuellement, nous avons mis en place, dans tous les organismes, des cours d'alphabétisation obligatoires que doivent suivre toutes les recrues.
Nous avions des problèmes avec la paie et la qualité de vie, ce qui avait un effet négatif sur l'usure des effectifs qui avait lieu. Maintenant, les recrues reçoivent un salaire raisonnable et des primes de rendement qui leur permettent de fonctionner. De plus, afin de pouvoir gérer ces questions et réduire davantage l'usure des effectifs, nous avons adopté beaucoup de mesures pour régler les questions relatives à une qualité de vie de base, notamment par rapport à l'endroit où elles sont cantonnées, aux infrastructures et à l'accès à des programmes tels que les congés autorisés.
Auparavant, nous manquions cruellement de chefs. Ce que cela signifie, je dirais, c'est qu'un très grand nombre de troupes étaient dirigées par une seule personne qui, selon toute vraisemblance, avait été mise en poste non pas pour ses compétences professionnelles, mais en raison d'une quelconque influence politique. Donc, la direction qu'on exerçait — sur la police en particulier — était extrêmement faible. Nous avons maintenant quintuplé le nombre de programmes de formation de dirigeants et leurs effectifs dans l'ensemble des forces de sécurité.
Ce que je dis, c'est que seulement au cours des deux dernières années, la tendance a été marquée. Sur le plan institutionnel, nous avons fait de réels progrès pour les amener à être autonomes et nous avons toujours fait de notre mieux pour respecter leur façon de fonctionner, leur culture, leurs aspirations par rapport à leurs dirigeants et à la forme que prendra la force de sécurité afghane.
:
Merci, monsieur le président.
Général King, madame Sinclair, madame Bernatchez, je vous remercie.
Vous avez dit que c'était l'équivalent de déménager une petite ville à l'autre bout du monde. Je pense que je pourrais ajouter « pendant qu'on fait feu sur vous ». Je suis conscient qu'il s'agit d'un milieu très hostile.
Je ne sais pas si vous avez lu le The Globe and Mail ce matin, en particulier l'éditorial. On y exprime une opinion sur laquelle je suis largement d'accord. Dans un des paragraphes, on dit que c'est M. Karzaï qui a placé M. Rabbani dans une situation dangereuse en lui confiant une mission extrêmement dangereuse. Comme vous le savez, il a été assassiné. La personne qui essayait de négocier la paix avec les talibans a été assassinée.
Il semble que le président se prépare pour le jour où l'OTAN et la FIAS auront quitté le pays, lorsque la guerre en Afghanistan sera redevenue une guerre civile plutôt qu'une guerre civile qui comporte un volet international.
Dans votre exposé, vous avez dit que vous pouvez nous annoncer qu'il n'y a pas de questions non réglées qui influeront sur la capacité de la force opérationnelle de transition de la mission de respecter l'échéancier. L'assassinat de personnes clés du gouvernement Karzaï n'est-il pas un facteur important quant au succès réel de votre mission? Si, dans la réalité, les dirigeants sont systématiquement éliminés par les talibans, il semble qu'il s'agit là d'un élément plutôt important par rapport au succès de votre mission.
En dépit de tous vos efforts pour former la police et les militaires jusqu'à un certain niveau de capacité, s'il n'y a pas de dirigeants, si les éléments clés du gouvernement ont été éliminés, n'est-ce pas la plus grande menace au succès de votre mission?
:
Je pense que ce que vous avez souligné est une chose qui nous préoccupe beaucoup. Tout est lié au commandement. Voilà une des autres leçons que j'ai apprises pendant mon séjour là-bas. Lorsqu'on a des dirigeants forts et efficaces, on peut accomplir de grandes choses, particulièrement dans un tel contexte.
L'assassinat, hier, de l'ancien président Rabbani a eu deux ou trois répercussions. Premièrement, cela démontre à quel point les talibans sont impitoyables et dans quelle mesure l'ennemi auquel nous nous mesurons là-bas est déterminé. Et, comme vous l'avez dit, le fait qu'ils ont pris pour cible le ministre responsable de la réconciliation et de l'établissement de la paix — qui avait, pour l'avenir du pays, une véritable vision qui aurait rapproché des parties très à l'opposé l'une de l'autre — est le reflet de leur conception de l'avenir de l'Afghanistan. Absolument.
J'ai aussi été désolé d'apprendre que le ministre Stanekzaï avait également été gravement blessé lors de l'attaque.
À n'en point douter, cela a une incidence sur l'échiquier politique et sur l'avenir des progrès en matière de réconciliation. Cela ne fait aucun doute. Maintenant, pour ce qui est des effets d'une telle situation sur nos activités, en particulier pour la clôture de la mission, je pense qu'il y aura possiblement un effet indirect sur l'efficacité du gouvernement. Or, les délais que nous devons respecter actuellement sont très courts: nous aurons quitté le pays à la fin décembre. Les effets du genre de choses dont vous avez parlé prennent habituellement un certain temps à se faire sentir sur le plan tactique.
Il s'agit certainement d'une situation que nous continuons de suivre de près. À ce stade-ci, compte tenu du calendrier, nous croyons que nous sommes sur la bonne voie. Mais il s'agit certainement d'une situation préoccupante. Nous avons tous été attristés lorsque cet événement s'est produit plus tôt cette semaine.
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Tout à fait. Voilà une autre excellente question.
Comme vous pouvez le comprendre, une armée, c'est un organisme diversifié. Donc, il y a des programmes d'instruction pour tous, des recrues aux officiers et même aux officiers supérieurs. Donc, ce dont je vais parler n'est qu'un programme d'instruction type qu'on aurait, disons, pour les recrues.
On fait venir le soldat et on mettrait l'accent sur les compétences de base dont il aurait besoin: sa capacité de faire fonctionner son arme ou les armes qui sont utilisées dans son organisme; la condition physique et le développement d'une très grande endurance qui permettent de résister aux conditions dans lesquelles se déroulent les combats et les opérations dans son pays; des compétences précises sur les premiers soins et sur la communication de base. De plus, le programme comporterait des volets de formation très précis sur le droit des conflits armés, les droits de la personne et l'éthique, ce qui nous permettra de régler le genre de choses dont nous avons discuté récemment, comme les mesures à prendre pour empêcher l'apparition de seigneurs de guerre et toutes ces autres choses. Voilà le genre de choses qui sont en place.
L'autre chose qui est aussi intéressante dans les institutions que sont l'armée et la police est le rôle des femmes. On transmet la tolérance. Actuellement, les forces de sécurité comptent, je pense, environ 1 400 femmes réparties dans l'armée et la police. Je peux vous dire que pour un pays comme l'Afghanistan, c'est un exploit.
Pour ce qui est des aptitudes spéciales, nous offrons des cours de communication, particulièrement à Kaboul, pour vous donner une idée de la formation spécialisée. Nous offrons de la formation médicale à Mazar-e-Sharif. Environ 11 établissements ont été créés pour offrir aux Afghans une formation spécialisée plus poussée que celle qu'on offre aux recrues.
En plus de cela, on parle de formation plus avancée et de développement professionnel pour les dirigeants. Voilà la clé; c'est ainsi que nous transférerons aux Afghans le commandement de leurs forces de sécurité, afin qu'ils puissent le faire eux-mêmes, sans nous.
:
Merci beaucoup, madame.
Si cela vous convient, je répondrai dans ma langue maternelle.
[Traduction]
Pour régler les problèmes dont vous avez parlé, l'Afghanistan devra adopter une approche pangouvernementale.
Madame, je ne veux pas esquiver la question, mais je veux m'assurer que cela relève de mon champ de compétence. Je vous inviterais à discuter du rôle que vous avez mentionné dans ces domaines avec le ministère des Affaires étrangères et l'ACDI.
Je peux vous dire, du point de vue des Forces canadiennes, que nous mettons beaucoup l'accent sur les objectifs que nous a donnés le gouvernement du Canada. Donc, actuellement, les Forces canadiennes se concentrent sur la transition en vue de leur retrait de Kandahar et sur l'aide à la formation qu'elles fournissent aux Afghans dans le cadre de la mission de formation de l'OTAN.
La seule chose que je dirais par rapport à l'aide humanitaire, c'est que dans le cadre de la force opérationnelle de transition de la mission, si nous considérons qu'il est plus économique de donner du matériel que de le ramener au Canada, il y a — par l'intermédiaire d'organismes-cadre ou d'ONG afghanes — des mécanismes qui nous permettent de le céder à des organismes qui s'occupent d'aide humanitaire sur le terrain. Je dirais que dans ces domaines, c'est sur cela que se concentrent les Forces canadiennes.
De manière générale, notre système d'instruction vise, tout comme le système afghan, à former le meilleur soldat possible. Un soldat qui aura acquis toutes les connaissances et les compétences que nous attendons de lui. Cela se fait de deux façons: l'instruction individuelle et l'instruction collective.
Dans l'instruction individuelle, il faut que le soldat ait ces compétences, qu'il puisse marcher, tirer et communiquer. C'est la description fondamentale de ce genre de compétences. Qu'il soit ingénieur ou artilleur ou s'il participe aux combats dans un char, nous ferons en sorte qu'il puisse faire fonctionner efficacement les systèmes dont il dispose afin d'obtenir les résultats que nous attendons de lui sur le champ de bataille. Voilà pour l'instruction individuelle.
Dans l'instruction collective, nous formons des équipes, des pelotons aux compagnies de 150 soldats et aux bataillons de 600 soldats ou plus.
Donc les composantes du système d'instruction du Canada — qui, soit dit en passant, était à l'origine de notre succès à Kandahar — reflètent tout à fait la structure d'instruction suivie au sein de la mission de formation de l'OTAN.
Le Centre de formation militaire de Kaboul, que j'ai décrit et où le colonel Mike Minor fait un excellent travail, peut être comparé à une sorte d'école sur un champ de bataille ou peut-être à ce qui est enseigné à Gagetown au Nouveau-Brunswick. Le Centre consolidé de mise en service du colonel Rory Radford ressemble au Centre canadien d'entraînement aux manoeuvres situé à Wainwright en Alberta et à d'autres centres de ce type.
Le fait est que nos membres sont là-bas pour offrir à long terme un mentorat aux instructeurs de l'armée afghane pour les deux types d'instruction: individuelle et collective.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens tout d'abord à féliciter les Forces canadiennes qui ont bien performé à toutes les étapes de l'opération Athéna. Si je me souviens bien, Athéna est la déesse de la sagesse, de la guerre et de l'intelligence, et je crois que nos forces ont su faire preuve de ces qualités de manière exemplaire à chacune des étapes.
Nous pleurons tous, bien sûr, la mort de l'ancien président Rabbani. Le premier ministre a exprimé hier ses condoléances et ses préoccupations au nom des Canadiens. Le président Rabbani a joué un rôle de premier plan dans le processus de désarmement, dans la création du premier parlement en Afghanistan, et maintenant dans la réconciliation.
M. Stanekzai, dont vous avez parlé brigadier, était quelqu'un avec qui j'ai travaillé, comme bien d'autres, en étroite collaboration au cours des 10 dernières années — pendant six ans dans mon cas — en Afghanistan. Il est terrible d'apprendre qu'il a été gravement blessé.
Nous devons toutefois faire preuve de prudence dans nos conclusions au sujet de ce qui nous attend au cours de l'année ou en 2014. Je ne crois certainement pas que nous nous dirigeons vers une guerre civile. Au contraire, comme vous l'avez laissé entendre, si on examine la nature de ce conflit qui perdure et l'origine des attaques, on se rend compte que ses racines ne sont pas en Afghanistan. Nous devons bien sûr nous interroger sur l'avenir du processus de réconciliation à la suite de ces attaques, mais ce n'est pas là une question qui concerne la défense; c'est une question politique qu'il reviendra à d'autres comités d'examiner, et aussi à nous, je l'espère, en tant que parlementaires dans un autre contexte.
Ma question portera sur l'opération Attention. Tout d'abord, pourriez-vous nous préciser quel sera, en gros, le rôle du Canada dans cette mission? Nous savons que notre participation est la deuxième en importance, mais qu'est-ce que cela signifie en terme de chiffres? Deuxièmement, est-ce que le major-général Day joue un rôle dans la mission de formation de l'OTAN, en plus de celui de commander les troupes canadiennes?
:
C'est vrai, votre question portait sur la certification.
En fait, elle vise les unités aux ordres d'un commandant, comme les kandaks ou les bataillons, qui totalisent environ 600 soldats divisés en compagnies de 150 soldats environ, en plus du commandement, du contrôle et du soutien. Ces unités sont formées puis soumises à une série d'exercices d'entraînement tactique, au cours de laquelle elles sont évaluées attentivement sur tout, qu'il s'agisse des compétences de base des soldats ou de décisions de manoeuvre prises par un commandant dans un contexte particulier.
Le bataillon devra ensuite se livrer à un scénario d'évaluation qui permettra d'en apprécier la capacité dans tous les domaines. Ce processus très complexe vise à évaluer le commandement, le contrôle, les manoeuvres, les compétences et ainsi de suite, puis les résultats feront l'objet d'un rapport.
C'est ainsi qu'on vérifie si un kandak est composé de militaires compétents, a l'équipement nécessaire et a reçu la formation de rigueur, et s'il est prêt à joindre les forces de campagne de l'armée afghane. Il est alors affecté à la brigade et au corps d'armée d'une région donnée selon un programme fort complexe de déploiement des unités dans lequel tout dépend des directives que le gouvernement donne aux forces de sécurité en fonction de la situation au pays.
En résumé, c'est ainsi que se déroule le processus de certification. En collaboration avec le programme de mentorat, les Afghans déterminent... ils suivent une démarche comparative et commune. Comme le dit la devise de la Mission de formation de l'OTAN « shohna ba shohna », les intervenants « se serrent les coudes » pour évaluer les troupes.
En ce qui concerne la deuxième question, le programme de transfert des opérations de sécurité au gouvernement de l'Afghanistan a été confirmé l'année dernière à Kaboul, et le tout premier transfert a eu lieu en juillet; la Nouvelle-Zélande a cédé aux forces de sécurité afghanes l'entière responsabilité de la province de Bamyan, située au centre de l'Afghanistan. Le processus suit son cours, et deux ou trois autres régions feront la transition.
Comme vous pouvez le constater, c'est un processus complexe. Les facteurs dont nous avons parlé influencent tous les aspects de la situation, et pas uniquement la disponibilité et la préparation des forces de sécurité. Vous verrez que le processus est constamment révisé. Nous attendons donc les prochaines phases du déploiement.
En résumé, monsieur, le processus est lancé et suit son cours.
:
Si l'on observe la situation de prime abord, monsieur, votre malaise est compréhensible. Je vais donc tenter de vous rassurer, si je le peux.
Sachez tout d'abord que nous n'acheminons aucun objet de valeur en passant par le Pakistan. Si jamais ce que nous expédions à travers ce pays disparaît, que ce soit aux mains de bandits ou de qui que ce soit d'autre, ces pertes n'auraient que peu de répercussions sur les Forces canadiennes et notre situation future. Il s'agit toutefois d'actifs qui nous appartiennent et qu'il nous incombe de ramener.
De plus, à mesure que la mission du général Lamarre progressait, nous avons tenté, avec un succès certain, de réduire le nombre d'actifs que nous expédions par ce trajet, pour les motifs que vous avez évoqués, et ce, en adoptant de meilleures approches de dessaisissement. Nous prévoyons maintenant ne pas faire passer autant de containers maritimes par le Pakistan que nous l'avions pensé initialement, car la vente et le dessaisissement d'actifs donnent de meilleurs résultats.
Nous faisons très attention aux imprévus qui pourraient surgir. Au besoin, si la situation devenait intenable au Pakistan et qu'il était insensé d'y faire passer nos convois, nous pouvons nous rabattre sur des solutions de rechange, comme le transport aérien ou d'autres moyens. Ces solutions reviendraient plus chères, mais les analyses de coûts montrent que ce serait une option envisageable pour l'envoi de matériel de Kandahar à notre base de soutien au Koweït.
Tous ces facteurs ont été pris en compte. Les experts extrêmement compétents réunis à Kandahar, les responsables du transport et de la logistique, et tous ce qui relève actuellement de l'autorité du général Lamarre pour accomplir cet effort logistique immense et très détaillé vont très bien. Nous sommes donc en mesure d'atténuer le risque que pose le Pakistan.