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Merci, monsieur le président.
Encore une fois, bonjour.
Nous sommes ici pour vous présenter les mesures que Travaux publics et Services gouvernementaux Canada a prises pour préserver la confiance du public à l'égard des marchés publics et des transactions immobilières, et pour en discuter avec vous.
Je suis accompagnée aujourd'hui de Barbara Glover, sous-ministre adjointe de la Direction générale de la surveillance. Cette direction générale regroupe le Secteur de l'intégrité opérationnelle, la Direction des enquêtes spéciales, le Groupe de la gestion juricomptable et le Secteur de la sécurité industrielle. Elle comprend également notre bureau de divulgation interne, en vertu de la LPFDAR.
Pierre-Marc Mongeau, qui a comparu devant vous à maintes reprises, m'accompagne aujourd'hui à titre de sous-ministre adjoint de la Direction générale des biens immobiliers.
Pablo Sobrino, sous-ministre adjoint délégué de la Direction générale des approvisionnements, a aussi comparu devant vous récemment au sujet du programme de réinstallation intégré. Ce sont les collègues qui m'accompagnent aujourd'hui.
[Français]
En ma qualité de sous-ministre, je suis fière du rôle clé que mon ministère joue en tant que fournisseur de services communs pour le gouvernement du Canada afin que les ministères et organismes puissent obtenir les biens, services et immobilisations nécessaires pour bien servir les Canadiens. C'est aussi un des plus importants intermédiaires gouvernementaux auprès des entreprises pour une vaste gamme d'activités d'affaires.
Au cours des trois dernières années, nous avons entrepris en moyenne 49 000 acquisitions dans le marché public pour une valeur moyenne de 14 milliards de dollars et nous avons logé quelque 270 000 fonctionnaires dans plus de 1 800 sites partout au pays, ce qui représente environ 500 transactions immobilières par année.
Comme vous pouvez le comprendre, les processus d'achat, par l'entremise desquels ces transactions s'opèrent, peuvent être très complexes. Ils impliquent alors d'importants montants d'argent ainsi que de l'équipement et des services sophistiqués, comme c'est souvent le cas pour les achats militaires. Ils peuvent être plus simples, comme pour les achats de moindre valeur, ou avoir un plus gros volume et être récurrents comme ce peut être le cas dans le cadre d'offres à commande ou d'arrangements en matière d'approvisionnement pour une vaste gamme de biens et services.
[Traduction]
En raison de son rôle et de ses responsabilités, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada s'emploie depuis longtemps à protéger l'intérêt public contre les personnes ayant des intentions criminelles ou vénales. Mon ministère a mis en place un cadre qui vise à assurer la responsabilisation et l'intégrité à l'égard de l'approvisionnement, grâce à une gouvernance solide, à des codes de conduite, à la surveillance de l'équité, à la vérification, à l'exercice de contrôles financiers et à la réalisation d'enquêtes internes. Ces mesures s'appliquent à tous ceux qui participent à nos activités d'approvisionnement.
Je crois que le comité a manifesté son intérêt à l'égard du programme de surveillance de l'équité ainsi que de notre cadre d'intégrité.
[Français]
Je vais donc commencer avec le Programme de surveillance de l'équité, qui est une composante de nos mesures d'intégrité. Le programme a été formellement créé en 2005 et rehaussé en 2009 afin de fournir aux gestionnaires du ministère, aux ministères clients, aux fournisseurs, au Parlement et à tous les Canadiens une assurance indépendante par une tierce partie que les acquisitions complexes sont réalisées de manière équitable, ouverte et transparente. Ce programme englobe tous les processus majeurs ou complexes en matière d'acquisitions ou de transactions immobilières. Les rapports des surveillants sont publiés sur notre site Web.
[Traduction]
Notre politique sur la surveillance de l'équité exige que l'on mène une évaluation obligatoire des activités qui, en raison de leur nature délicate, de leur importance ou de leur complexité, présentent un risque tel qu'elles doivent faire l'objet d'une surveillance de l'équité, de même que toutes les activités ministérielles devant être approuvées par la ministre ou le Conseil du Trésor.
Les autres activités ministérielles peuvent également être soumises à une surveillance de l'équité, qu'elle soit obligatoire ou facultative, lorsqu'on désire avoir une assurance élevée en matière d'équité, d'ouverture et de transparence. La sous-ministre adjointe de la Surveillance examine ces évaluations et me fait part de sa recommandation consistant à procéder ou non à la surveillance de l'équité.
La plus récente amélioration apportée au programme est une nouvelle offre à commandes pour des services de surveillance de l'équité qui sera lancée sous peu et dont la date de début sera le 10 juin 2013. Elle comprend notamment un cadre de référence bien défini des missions confiées aux surveillants. Je crois que le comité avait demandé à examiner l'énoncé des travaux pour l'approvisionnement de ces services et que nous le lui avons fourni.
Grâce à ce cadre, le ministère et les surveillants de l'équité seront sur la même longueur d'onde quant à la norme d'équité à appliquer et à la façon dont les surveillants doivent se conduire dans l'exercice de leur mission.
[Français]
Je vais maintenant passer à notre cadre d'intégrité plus global.
Tous les employés du ministère doivent se conformer au code de conduite du ministère, qui comprend des dispositions précises sur la bonne gestion des activités d'approvisionnement par l'application des pratiques, des politiques et des contrôles pertinents, entre autres afin d'éviter les situations de conflit d'intérêts réel, possible ou apparent. S'ils ont un emploi à l'extérieur ou possèdent une entreprise, ou ont le projet de créer une entreprise, ils sont obligés d'en informer les autorités compétentes du ministère. Ils doivent également se conformer aux lignes directrices sur l'acceptation des cadeaux, des marques d'hospitalité ou d'accueil et d'autres privilèges.
Outre ce code d'application général adopté en 2007 et renouvelé en 2012, le ministère a adopté un code de conduite en matière d'approvisionnement visant les fournisseurs et les employés du ministère. Ce code décrit en quoi consiste la conduite à observer quand un marché public est attribué. Nous avons pour objectif de veiller à ce que le ministère mène ses activités conformément aux normes d'éthique les plus rigoureuses, celles que les citoyens canadiens s'attendent à nous voir respecter et protéger. Il s'agit là d'un rôle que nous prenons très au sérieux. C'est pourquoi nous avons pris les mesures de conformité qui s'imposent.
[Traduction]
Permettez-moi de vous donner un aperçu de ces mesures de conformité importantes.
Depuis 2007, dans le cadre de la Loi fédérale sur la responsabilité et du plan d'action connexe, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada a inclus un code de conduite pour l'approvisionnement à ses documents d'invitation à soumissionner. Selon ce code, les fournisseurs qui sont aussi reconnus coupables des infractions suivantes sont inadmissibles à soumissionner des contrats d'approvisionnement: le paiement d'honoraires conditionnels à une personne visée par la Loi sur le lobbying, ainsi que les fraudes contre le gouvernement qui sont punies par le Code criminel et la Loi sur la gestion des finances publiques. Les soumissionnaires doivent attester officiellement dans leur soumission qu'ils ont lu le code et qu'ils acceptent de s'y conformer.
Pour renforcer ces mesures, en 2010, le ministère a ajouté les condamnations anticoncurrentielles à sa liste d'infractions qui rendent les soumissionnaires inadmissibles en vertu de la Loi sur la concurrence. Ces condamnations comprennent la corruption, la collusion, le trucage de soumission et toute autre activité anticoncurrentielle.
[Français]
En juillet 2012, TPSGC a étoffé la liste des infractions écartant des marchés publics les entreprises et les personnes reconnues coupables de les avoir commises. Ces infractions sont le blanchiment d'argent, la participation à des activités d'organisations criminelles, l'évasion fiscale ou le non-paiement d'une taxe d'accise, la corruption d'un agent public étranger ou le trafic de drogues.
Pour la première fois, TPSGC a appliqué ces dispositions en matière d'intégrité à toutes ses transactions immobilières, y compris les contrats de location, quelle que soit leur vocation, la location de locaux commerciaux appartenant à l'État ainsi que l'acquisition et l'aliénation de biens appartenant à l'État.
[Traduction]
En novembre 2012, le ministère a précisé davantage ses mesures d'intégrité en retirant son exemption relative au traitement de clémence et en ajoutant une exemption relative à l'intérêt public. Les provisions relatives au traitement de clémence permettent à un demandeur de divulguer un acte répréhensible qu'il avait commis, de collaborer et de plaider coupable en échange d'un traitement de clémence pour la détermination des peines. Compte tenu de la gravité des infractions établies dans les dispositions en matière d'intégrité, le ministère ne fait plus affaire avec des personnes ou des entreprises reconnues coupables de telles infractions, sauf dans des circonstances exceptionnelles qui sont dans l'intérêt public. Cette mesure s'applique même si un traitement de clémence a été accordé à une entreprise dans le cadre d'un programme.
Selon ces dispositions, le ministère ne peut plus conclure de contrat ni de transaction immobilière avec des particuliers, des entreprises ou des personnes siégeant actuellement à leur conseil d'administration, y compris les filiales, reconnus coupables d'une infraction figurant dans la liste. Il ne peut également plus accepter leurs soumissions. Ces mesures ne visent toutefois pas les employés des entreprises.
Si une entreprise ou une personne siégeant à son conseil d'administration obtient la suspension de son casier — auparavant un pardon — ou le rétablissement de ses droits par le gouverneur en conseil, elle sera autorisée de nouveau à faire affaire avec Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Lorsque les contrats portent sur des questions d'intérêt national, comme la santé et la sécurité, les urgences ou la sécurité nationale, ou s'il n'y a qu'un seul fournisseur, le ministère pourra maintenir le contrat.
Les soumissionnaires retenus doivent tenir à jour l'information pertinente et leurs accréditations pendant toute la durée du contrat. Les soumissionnaires et leurs agents ne doivent pas faire l'objet de condamnations précisées dans le code de conduite, qui est intégré à leur contrat.
[Français]
Si une entreprise est reconnue coupable d'une infraction après qu'un contrat lui a été attribué, le ministère peut résilier le contrat si les modalités de celui-ci comprennent des dispositions renforcées en matière d'intégrité.
Cela dit, ces dispositions ne sont pas rétroactives. Par conséquent, si elles ne figurent pas dans les modalités du contrat, le ministère est tenu d'honorer cet engagement. Lorsqu'un tel cas se présente, on peut exercer une surveillance accrue et un contrôle rigoureux pendant le reste du contrat, afin de protéger les intérêts des contribuables.
Si nous avons des préoccupations quant aux activités d'une entreprise avec laquelle nous avons un contrat en vigueur, nous prenons des mesures administratives et rehaussons les suivis, nous menons des examens administratifs et des examens des processus d'acquisition afin de déceler des irrégularités s'il y en a, nous examinons toutes les factures, nous demandons l'insertion volontaire de nos mesures d'intégrité à même les contrats conclus, nous menons des vérifications et nous procédons à des enquêtes ministérielles formelles.
Si le ministère soupçonne que des actes répréhensibles ont été commis, nous n'hésiterons pas à prendre les mesures qui s'imposent, y compris demander une enquête officielle auprès de la Gendarmerie royale du Canada ou du Bureau de la concurrence.
[Traduction]
Ces mesures s'appliquent seulement aux marchés et aux transactions immobilières gérés par Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Le ministère gère environ 83 p. 100 de la valeur de tous les marchés du gouvernement fédéral. Les autres ministères et organismes, quant à eux, sont habilités à passer des contrats pour des biens dont la valeur ne dépasse pas 25 000 $. Cependant, certains ministères sont exemptés de cette règle, et la passation des contrats pour des biens leur revient exclusivement. Quant aux contrats de services, les ministères et les organismes peuvent les passer en vertu des pouvoirs qui leur ont été délégués. Toutefois, de nombreuses organisations, comme l'Agence du revenu du Canada, ont conclu un protocole d'entente avec notre ministère pour profiter de nos dispositions relatives à l'intégrité.
Le ministère a pris de nombreuses mesures qui démontrent son engagement à faire affaire avec des entreprises et des personnes qui respectent les lois et qui agissent avec intégrité. À titre de gardien des fonds publics, il a le devoir de continuer à miser sur ces mesures.
De plus, nous continuons d'améliorer nos méthodes et nos mesures. Par exemple, le mois dernier, nous avons conclu un protocole d'entente avec le Bureau de la concurrence du Canada afin de promouvoir la collaboration entre nos deux organisations en ce qui a trait à la prévention et à la détection du trucage d'offres et de l'activité collusoire possibles, de même qu'à l'établissement de rapports et à la réalisation d'enquêtes connexes. Notre ministre nous a également demandé d'étudier les améliorations à apporter à notre cadre d'intégrité pour déterminer comment il pourrait être appliqué d'une façon plus générale dans l'ensemble du gouvernement.
Cela met fin à mon allocution, monsieur le président.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir offert l'occasion de vous présenter nos mesures d'intégrité et notre programme de surveillance de l'équité.
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D'accord. Cela ne répond pas vraiment à ma question, mais je n'irai pas plus loin.
Oui, en fait, si l'on contrevient au Code criminel, on contrevient au Code criminel. Mais le gouvernement a décidé d'utiliser un code de conduite juridiquement non contraignant plutôt que de prendre des règlements en vertu des lois. Je me demande bien pourquoi, étant donné l'importance et la taille potentielles de ces contrats, nous ne procéderions pas de cette façon.
Mes prochaines questions portent sur la surveillance de l'équité. Nous accueillons Mme Glover, qui est, je crois, la SMA responsable de la surveillance de l'équité.
Beaucoup de questions ont été soulevées au sujet de la surveillance de l'équité. Je sais que vous ne vous sentirez pas à l'aise de discuter de l'action intentée par Envoy, car elle pourrait être portée en appel — d'après ce que je comprends, l'appel n'est pas encore déposé —, mais j'aimerais vous poser des questions au sujet des points soulevés et savoir si selon vous, ils méritent d'être examinés.
Dans cette affaire, le juge de la Cour supérieure de l'Ontario a soulevé de sérieux doutes quant à la partialité des surveillants, en raison du fait qu'ils sont directement engagés et rémunérés par Travaux publics et, par conséquent, il a dit: « Qui paie les violons choisit la musique ». Il y a du moins apparence de partialité, en ce sens qu'un surveillant ne voudra pas conclure qu'il y a des failles dans la façon dont Travaux publics gère les contrats.
L'OCDE a également indiqué que l'on devrait mettre en place des mécanismes indépendants. Dans les Principes de l'OCDE pour renforcer l'intégrité dans les marchés publics, au principe 9, on formule des recommandations pour traiter les réclamations des fournisseurs potentiels de manière équitable et dans les délais prévus. On recommande en fait la mise sur pied d'un organisme d'examen impartial ayant le pouvoir de faire appliquer la loi et indépendant des entités concernées par les marchés publics qui rendrait un avis sur les décisions en matière de marchés publics et proposerait des moyens de recours.
Je suis curieuse de savoir, étant donné les diverses questions qui ont été soulevées au cours des dernières années et dans l'affaire récente — qui est portée en appel, je crois, et qui n'est pas la seule affaire en cours —, si vous avez pris en considération les principes de l'OCDE, auxquels nous souscrivons dans ce pays, je suppose, ainsi que les questions soulevées par le tribunal en général au sujet du rôle des surveillants de l'équité?