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Bonjour, mesdames et messieurs. Nous allons commencer la réunion du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires.
Notre mandat ne consiste pas seulement à examiner les dépenses prévues et les budgets des différents ministères, mais aussi à réviser les programmes législatifs. Une des recommandations formulées à l'issue d'une étude menée récemment par le comité était de resserrer nos pratiques de surveillance. Je crois qu'il était question de s'engager à examiner toutes les dépenses législatives importantes au moins une fois tous les quatre ou huit ans. Évidemment, il est difficile d'en faire plus.
Nous sommes très heureux d'entreprendre pour la première fois cet examen supplémentaire des dépenses législatives engagées par le gouvernement. Nous avons donc le plaisir d'accueillir aujourd'hui un groupe très sélect d'experts du régime de pension de retraite de la fonction publique.
Se joignent à nous, du Secrétariat du Conseil du Trésor, Mme Kim Gowing, directrice, Pensions et avantages sociaux, et Ernest Meszaros, conseiller principal, Pensions et avantages sociaux.
Bienvenue, madame Gowing et monsieur Meszaros.
Nous accueillons également, du Bureau du surintendant des institutions financières, Jean-Claude Ménard, actuaire en chef.
Bienvenue, monsieur Ménard.
Nous avons aussi des représentants de l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public, Martin Leroux et Mark Boutet. Je leur laisserai le soin de nous donner leur titre.
Je crois que les trois groupes de témoins ont de courts exposés à nous présenter. J'espère que nous aurons assez de temps pour une bonne séance de questions et réponses.
Selon l'ordre du jour, j'inviterais d'abord Mme Gowing, directrice du Secteur des pensions et des avantages sociaux au Secrétariat du Conseil du Trésor, à nous donner sa déclaration liminaire.
Bienvenue, madame Gowing.
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Merci, monsieur le président.
Merci de m'avoir invitée à comparaître devant le comité aujourd'hui. Je suis accompagnée d'Ernest Meszaros, conseiller principal aux Pensions et avantages sociaux du Conseil du Trésor.
Nous aimerions vous donner un aperçu du régime de pension de la fonction publique et du travail que nous faisons avec nos partenaires afin de gérer et d'administrer ce régime.
Le Régime de pension de la fonction publique est en place depuis plus d'un siècle, soit depuis 1870. Dans sa forme actuelle, il est régi par la Loi sur la pension de la fonction publique. Les dispositions du régime contenues dans cette loi ont été modifiées de temps à autres et tout récemment l'an dernier, par le budget de 2012. Il s'agit d'un régime contributif à prestations déterminées couvrant la plupart des employés de la fonction publique fédérale, des gouvernements des territoires et de certaines sociétés d'État. Au 31 mars 2012, le Régime comptait 565 125 participants, dont 313 652 contributeurs actifs.
Le président du Conseil du Trésor répond de la gestion globale du régime. Le Secrétariat du Conseil du Trésor fournit au président le soutien opérationnel requis pour gérer les dispositions du régime, ce qui comprend la présentation de recommandations sur les taux de cotisation et la production du rapport annuel. Le Secrétariat du Conseil du Trésor, fournit également des conseils stratégiques et de programme au Bureau de l'actuaire en chef, à l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public, tous les deux représentés ici aujourd'hui, et à d'autres partenaires.
Travaux publics et Services gouvernementaux Canada assure l'administration courante du régime. Le Comité consultatif sur la pension de la fonction publique, qui est composé de représentants des employés, de l'employeur et des pensionnés, est établi en vertu de la loi pour conseiller le président du Conseil du Trésor à l'égard de diverses questions touchant le régime.
Aux termes de la Loi sur la pension de la fonction publique, la prestation de retraite d'un participant équivaut au produit obtenu en multipliant 2 p. 100 par le nombre d'années de service (à concurrence de 35) et par le salaire moyen des cinq années les mieux rémunérées. Les prestations de retraite sont coordonnées avec le Régime de pensions du Canada et le Régime de rentes du Québec, et indexées selon l'indice des prix à la consommation.
Le régime a été modifié le 1er janvier 2013 pour mettre en place les changements annoncés dans le budget de 2012: les taux des cotisations salariales augmenteront au cours des cinq prochaines années afin que le ratio de partage des coûts entre le gouvernement et les employés atteigne 50-50 en 2017; la part des coûts à la charge du gouvernement était de 62 p. 100 en 2012; les nouveaux employés adhérant au régime après le 1er janvier 2013 auront droit à une prestation de retraite non réduite à 65 ans plutôt qu'à 60 ans comme dans le cas des participants existants. Les autres seuils de retraite liés à l'âge applicables aux nouveaux employés ont aussi été majorés de cinq ans. Le Comité consultatif sur la pension de la fonction publique fut consulté pour ces changements avant que ceci entre en vigueur. L'actuaire en chef fut également consulté afin de fournir ces experts conseils.
Avant 2000, les cotisations des employés et celles du gouvernement n'étaient pas investies. En 2000, le gouvernement a créé l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public (OIRPSP) afin d'investir les cotisations au régime sur les marchés de capitaux. Les cotisations salariales et patronales, nettes des paiements et des charges, sont maintenant versées à l'OIRPSP et investies. La capitalisation du passif des régimes de pension postérieur à 2000 dépend des cotisations salariales et patronales ainsi que du rendement obtenu par l'OIRPSP sur les actifs investis. Le président doit prendre certaines décisions au sujet de la capitalisation du régime, et il se fonde sur les conseils de l'actuaire en chef.
L'actuaire en chef fournit généralement ces conseils par l'entremise d'évaluations actuarielles, et la plus récente évaluation aux fins de capitalisation a été achevée en date du 31 mars 2011. Ce rapport a été déposé devant le Parlement le 21 juin 2012. L'actuaire en chef a aussi préparé un rapport actuariel à jour sur le Régime de pension de la fonction publique afin de tenir compte des changements décrits dans le budget de 2012. Ce rapport d'évaluation à jour a été déposé devant le Parlement le 25 mars de cette année.
Sur la foi des conseils de l'actuaire en chef, le président recommande le taux des cotisations salariales à l'approbation du Conseil du Trésor. Les taux pour 2013, 2014 et 2015 ont été approuvés et mis en oeuvre. Sur la foi des conseils actuariels de l'actuaire en chef, le président approuve les cotisations patronales requises en plus des cotisations salariales pour financer le coût des services courants.
Les coûts des pensions et les taux de cotisation correspondants ont augmenté au cours des 20 dernières années par l'effet de nombreux facteurs comme les taux d'intérêt très bas et les progrès de la longévité des pensionnés. Par exemple, en 1980, les cotisations salariales représentaient environ 5 p. 100 de la masse salariale ouvrant droit à pension; elles sont maintenant plus proches de 9 p. 100. Cette tendance n'est pas propre au Régime de pension de la fonction publique puisque tous les régimes de retraite sont aux prises avec ces mêmes défis économiques et démographiques.
Selon le rapport d'évaluation actuarielle de 2011, le passif des pensions postérieur à 2000 s'élevait à 46,8 milliards de dollars et la valeur actuarielle des actifs, à 42,4 milliards, d'où un déficit de 4,4 milliards.
Les régimes de retraite sont excédentaires ou déficitaires lorsque les résultats réels diffèrent des projections établies dans l'évaluation actuarielle précédente. Il y a plusieurs facteurs qui affectent la situation financière du régime de retraite et qui expliquent le déficit au 31 mars 2011. Entre autres, le passif du régime était plus élevé qu'attendu, pour diverses raisons, dont le fait que les Canadiens vivent plus longtemps. Les actifs du régime étaient aussi moins élevés que prévu, et ce, parce que le rendement obtenu depuis le début du financement du passif des pensions postérieur à 2000 a été moindre que celui qui était attendu initialement, et cela, dans une période marquée par deux des plus importantes crises financières.
La loi oblige le président du Conseil du Trésor à combler ce déficit sur une période d'au plus 15 ans. En 2012, le président a approuvé le versement au régime de paiements spéciaux de 435 millions de dollars par année sur 13 ans afin d'éliminer le déficit d'ici 2026. Le premier paiement a été versé le 31 mars 2013. Ces fonds sont transférés à l'OIRPSP en plus des cotisations régulières.
Merci.
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Monsieur le président, honorables membres du comité, bonjour. Je vous remercie de votre invitation à m'adresser à vous aujourd'hui.
Le Bureau de l'actuaire en chef est responsable, en premier lieu, de fournir des services actuariels au gouvernement fédéral et aux gouvernements provinciaux qui sont responsables du Régime de pensions du Canada. Bien que je relève du surintendant des institutions financières, j'assume l'entière responsabilité de la teneur des rapports que le Bureau de l'actuaire en chef prépare et des opinions actuarielles qui y sont exprimées.
Le Bureau de l'actuaire en chef a pour mandat d'effectuer des évaluations actuarielles prévues par la loi — généralement, à tous les trois ans — à l'égard du Régime de pensions du Canada, de la Sécurité de la vieillesse et des régimes de retraite et d'avantages sociaux des employés de la fonction publique fédérale, des Forces canadiennes, de la Gendarmerie royale du Canada, des juges de nomination fédérale et des députés. De plus, chaque fois que le Parlement est saisi d'un projet de loi ayant d'importantes répercussions sur la situation financière d'un régime de retraite public à l'égard duquel la loi confère des attributions à l'actuaire en chef, le bureau doit soumettre un rapport actuariel au ministre intéressé.
À la suite de l'adoption du projet de loi , la Loi sur la pension de la fonction publique a été modifiée pour hausser l'âge de la retraite de cinq ans, pour la faire passer de 60 à 65 ans dans le cas des nouveaux participants, soit les gens qui adhèrent au régime à partir du 1e janvier 2013. Les taux de cotisation des participants augmenteront pour faire passer de 35 % à 50 % leur part des coûts du service courant du régime, de manière à répartir les coûts à parts égales entre les participants et le gouvernement. Le président du Conseil du Trésor, l'hon. Tony Clement, a déposé un rapport actuariel le 25 mars 2013.
Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, on a assisté à des progrès remarquables sur le plan des gains en espérance de vie et en réduction des taux de mortalité. En 1965, l'espérance de vie moyenne pour quelqu'un qui avait 65 ans était d'environ 15 ans de plus. Cela veut dire que quelqu'un qui avait 65 ans cette année-là pouvait espérer, en moyenne, recevoir sa prestation pendant 15 ans, soit jusqu'à l'âge de 80 ans. À cette époque, les femmes vivaient un peu plus longtemps que les hommes.
De nos jours, les retraités de 65 ans peuvent espérer vivre encore 20 ans en moyenne, les femmes étant à nouveau légèrement plus avantagées que les hommes en termes d'espérance de vie. Toutefois, l'écart entre les deux sexes diminue rapidement. Selon les projections, compte tenu de l'amélioration de la longévité prévue, c'est-à-dire les autres gains futurs en espérance de vie résultant de la baisse des taux de mortalité, on peut s'attendre à ce que l'espérance de vie après 65 ans augmente encore de trois ou quatre années. Vers 2050, les gens vont donc atteindre, selon nos projections, l'âge de 88 ans, pour ceux qui eu ont 65 ans 23 ans plus tôt. Les Canadiens vivent plus longtemps, ils sont en meilleure santé et ils travaillent jusqu'à un âge plus avancé.
[Traduction]
Selon la plus récente Enquête sur la population active de Statistique Canada, le nombre de Canadiens âgés entre 65 et 69 ans qui travaillent a plus que doublé au cours des dix dernières années, passant de 144 000 en 2002 à 374 000 en 2012. Le nombre des 60 à 64 ans qui travaillent encore a aussi augmenté de façon sensible — à 1 million — en 2012. Dans l'ensemble, le nombre de travailleurs âgés entre 60 et 69 ans a plus que doublé depuis dix ans, passant de 600 000 à 1,4 million.
De toute manière, que l'on cible les régimes financés par répartition ou ceux pleinement capitalisés, les régimes à prestations déterminées ou à cotisations déterminées, ou encore les régimes du secteur public ou du secteur privé, la progression de la longévité continuera de faire pression sur le financement des régimes de retraite.
Je vous remercie de m'avoir invité à m'adresser à vous aujourd'hui.
Je serai maintenant heureux de répondre à toutes vos questions.
Je m'appelle Martin Leroux. Je suis vice-président du Portefeuille de référence et de la gestion des actifs-passifs à Investissements PSP, dont le nom officiel est Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public. À mes côtés, se trouve mon collègue Mark Boutet. Mark est notre vice-président responsable des communications et des relations avec le gouvernement.
C'est un plaisir pour nous d'être ici ce matin en vue de répondre à vos questions. Je vais d'abord vous donner un court aperçu de qui nous sommes et ce que nous faisons. Je vais être bref, de façon à ce qu'il reste le plus de temps possible pour vos questions.
[Traduction]
Investissements PSP est une société de la Couronne indépendante qui a été constituée en 2000 en vue d'investir les sommes qui lui sont transférées par le gouvernement du Canada pour la capitalisation des obligations postérieures à 2000 des régimes de pensions de la fonction publique du Canada, des Forces canadiennes et de la GRC. Depuis mars 2007, nous investissons également des sommes pour le compte du régime de pension de la Force de réserve. Investissements PSP est l'un des plus importants gestionnaires de fonds de pensions au Canada avec plus de 400 employés et un actif sous gestion de 64,5 milliards de dollars au 31 mars 2012. Notre actif a connu une croissance très rapide en raison des importantes entrées en capitaux de l'ordre de 4 à 5 milliards de dollars par année, ainsi que des rendements élevés sur nos placements. Notre actif sous gestion devrait excéder 450 milliards de dollars d'ici 2035.
Notre mandat consiste à gérer les fonds dans l'intérêt des contributeurs et des bénéficiaires et de maximiser le rendement des placements, tout en évitant les risques de pertes indus, compte tenu du financement et des principes et exigences des régimes ainsi que de l'aptitude de ceux-ci à s'acquitter de leurs obligations financières.
[Français]
Ramené à sa plus simple expression et compte tenu du niveau actuel des contributions, cela veut dire que le mandat d'Investissements PSP consiste à faire en sorte d'obtenir un rendement suffisant afin que l'actif soit suffisamment élevé pour couvrir les prestations de retraite, exception faite de tout autre facteur qui pourrait affecter le financement des régimes.
L'actuaire en chef a déterminé que, pour y arriver, il fallait un taux de rendement après inflation de 4,1 %.
[Traduction]
On peut se rendre compte qu'atteindre un taux de rendement de 4,1 p. 100, après inflation, n'est pas sans risque. Il n'existe aucune catégorie d'actifs ou de stratégie de placement en mesure de procurer année après année un tel rendement sans aucun risque. Ceci est particulièrement vrai dans la conjoncture actuelle, étant donné le faible niveau des taux d'intérêt. C'est ainsi qu'un minimum de risque de placement doit être pris de façon à atteindre le taux de rendement désiré. En d'autres mots, Investissements PSP doit investir dans les marchés financiers pour respecter le mandat établi par sa loi.
Permettez-moi de vous donner un aperçu de notre approche envers les placements. Le canevas sur lequel repose notre façon d'investir dans les marchés financiers et d'atteindre le taux de rendement de 4,1 p. 100 s'appelle le portefeuille de référence. Il s'agit de notre répartition stratégique d'actifs à long terme. Cette stratégie commande notre façon de déployer dans les marchés chaque dollar que nous recevons, par exemple en actions canadiennes, en actions étrangères, en instruments à revenu fixe, en immobilier et ainsi de suite. La stratégie de répartition d'actifs est le facteur déterminant des risques et des rendements dans le temps.
Notre portefeuille de référence va au-delà des actifs des marchés publics, comme les actions et les obligations. Il comprend aussi des catégories d'actifs privés moins liquides comme l'immobilier, les placements privés, les infrastructures et les ressources renouvelables. Ces catégories nécessitent des participations dans la propriété d'actifs qui ne sont pas négociés dans les marchés boursiers comme, par exemple, une participation en actions dans une société à capital fermé ou un immeuble de bureaux.
Pourquoi procéder ainsi? En raison de la manière dont les obligations des régimes sont capitalisées, nous prévoyons qu'Investissements PSP va continuer de recevoir d'importantes entrées en capitaux au moins jusqu'en 2030. Ceci nous place dans une situation unique où nous pouvons adopter une vision à très long terme quant à nos horizons de placement, ce qui nous offre l'occasion d'investir dans ces catégories d'actifs privés et moins dans les actifs liquides.
[Français]
Évidemment, ce faisant, nous nous attendons à être récompensés en obtenant des rendements excédentaires, que nous appelons également « primes à l'illiquidité ». C'est ce que les investisseurs demandent généralement lorsqu'ils prennent des risques en investissant dans des actifs moins liquides. Ce sont des risques qu'il nous est possible d'assumer, compte tenu de notre situation particulière.
Nous investissons également dans ce que nous appelons des actifs « à rendement réel », comme l'immobilier, l'infrastructure et les ressources renouvelables. Pourquoi? En fait, en plus de nous permettre de d'obtenir des primes à l'illiquidité, ce type d'actifs est une bonne contrepartie aux obligations des régimes de retraite. Ces actifs sont réputés être sensibles à l'inflation, tout comme les obligations des régimes de retraite actuels.
[Traduction]
Ainsi, le portefeuille de référence devrait générer un meilleur rendement qu'un portefeuille uniquement investi dans des actifs des marchés publics comme les obligations et les actions. Il devrait également bien correspondre avec les obligations et la capitalisation des régimes, réduisant ce faisant le risque associé à la capitalisation des régimes et contribuant à leur durabilité.
Vous vous demandez sans doute, quelle a été notre performance jusqu'à présent? Avons-nous atteint le taux de rendement actuariel de 4,1 p. 100 après inflation? En fait, depuis que nous avons adopté notre stratégie de diversification en 2004, Investissements PSP a obtenu un taux de rendement composé de 7,6 p. 100, après charges. Ceci se compare au taux de rendement actuariel de 6,2 p. 100 sur la même période, c'est-à-dire le rendement actuariel après inflation. Alors oui, nous avons surpassé le taux de rendement actuariel, et ce, malgré le fait que cette période a coïncidé avec l'un des pires effondrements de marché depuis la Grande Dépression.
Ceci met un terme à mes propos d'aujourd'hui.
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Je vous en saurais gré.
Le 12 juin dernier, on a annoncé la modernisation de la gestion des congés d'invalidité de la fonction publique fédérale. À cette occasion, on a dit que l'actuel régime lié à la réserve des congés de maladie était discriminatoire pour les nouveaux employés et les jeunes employés, mais dans le projet de loi , on adoptait, comme vous l'avez souligné, le premier régime de pension à deux vitesses de l'histoire de la fonction publique fédérale, ce qui se traduit pour les employés embauchés après le 1er janvier 2013 par une pension réduite.
Comment arrivez-vous à expliquer et à concilier ces deux positions contradictoires, selon lesquelles, d'un côté, on modernise le régime pour l'améliorer, alors que de l'autre, la pension est réduite?
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Premièrement, puisque les changements se produiront à l'avenir, le bilan au 31 mars 2011 n'est pas touché et le déficit demeure exactement tel quel.
Au fil du temps, les employés paieront un peu plus qu'auparavant, et le gouvernement paiera un peu moins.
Pour ce qui est du coût des services courants du régime, il est en ce moment d'environ 20 p. 100 de la masse salariale donnant droit à pension, mais il est d'environ 17 p. 100 pour ceux que nous appelons les contributeurs du groupe 2. Ce sont les gens qui commencent à cotiser au régime après le 1er janvier 2013. Donc, à l'avenir, le coût des services courants sera inférieur pour ces personnes-là et, bien sûr, les employés paieront un taux de cotisation inférieur, tout comme le gouvernement en ce qui les concerne.
Il faudra un certain temps — je dirais au moins deux rapports actuariels — pour voir l'effet sur le passif à l'avenir.
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Merci, monsieur le président.
Et merci aux témoins d'être ici.
Ma première question s'adresse à Mme Gowing.
Vous avez décrit les régimes, celui d'avant 2000 et celui d'après. Rendons à César ce qui appartient à César: à l'époque, le gouvernement libéral a reconnu, je pense, que nous avions besoin de financer différemment les régimes de retraite du secteur public.
Vous avez dit que, dans le régime postérieur à 2000, le déficit s'élève à 4,4 milliards de dollars. Pouvez-vous parler des paiements spéciaux à faire pour y remédier? Les membres de certains groupes d'âge qui ont adhéré au régime bien avant 2000 ont droit à certaines prestations. Mais, le déficit empêche de les verser, et les contribuables d'aujourd'hui doivent combler la différence.
De quels autres moyens le Conseil du Trésor disposait-il pour remédier à ce déficit?
Ma prochaine question s'adresse à M. Ménard.
Vous avez parlé de l'espérance de vie qui augmente, mais aussi du vieillissement de la population. Ce sont deux vecteurs. Maintenant, il y a moins de jeunes pour payer les prestations, mais il y a plus de retraités. Cela représente un certain transfert de richesse d'une génération à l'autre.
Je pense que des mesures importantes ont été prises, comme le fait de faire passer l'âge d'admissibilité de 65 ans à 67 ans et le taux de cotisation de 35 % à 50 %.
Comment ces mesures, c'est-à-dire l'augmentation de l'âge d'admissibilité et celle du taux de cotisation, se comparent-elles avec ce qui se fait dans d'autres pays?
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En fait, votre temps, malheureusement, est écoulé. Merci.
Nous sommes près d'entamer la deuxième série de questions. Mais si vous m'accordez une minute, j'avoue que ma curiosité reste entière au sujet des modifications notables du projet de loi , pour faire passer l'admissibilité de 60 à 65 ans et le taux de cotisation de 35 à 50 p. 100.
En ce qui concerne le surplus de 50 milliards de dollars que nous avions en 2000 et qui, par voie législative, a été sorti du fonds, si on l'avait investi à un taux annuel composé de 4 p. 100, est-ce que l'une de ces mesures aurait été nécessaire si la rémunération différée des employés ne leur avait pas été confisquée en 2000 à la faveur de la dernière décision de Marcel Massé en sa qualité de président du Conseil du Trésor? Quelqu'un a-t-il extrapolé la valeur du fonds, aujourd'hui, si ce surplus actuariel n'avait pas été confisqué en 2000?
Monsieur Ménard, vous êtes là depuis 1999. Cette étude a-t-elle été faite?
Parlons du portefeuille renouvelable. J'ai, à ce sujet, une série de petites questions.
Pour la sélection des titres dans le portefeuille renouvelable, de qui l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public obtient-il conseil? Dans vos évaluations, tenez-vous également compte d'autres externalités? Autrement dit, certains de vos éventuels investissements dans les ressources renouvelables peuvent procurer des recettes supplémentaires à l'État canadien, grâce à la fiscalité et ainsi de suite. Je m'intéresse particulièrement à l'investissement dans les forêts et je me demande si on accorde la préférence aux sociétés qui se consacrent à l'exploitation forestière durable et dont certaines préservent aussi l'habitat du caribou.
Ma dernière question porte sur les terres agricoles. Dans votre rapport annuel de 2012, vous vous dites désireux d'en acheter ou d'y investir. C'est étrange, parce que, en même temps, le gouvernement fédéral et celui de la Saskatchewan vendent des pâturages de 80 ans, dans les Prairies, ce qui fait entrer des dizaines de milliers de dollars de recettes fiscales dans les coffres de l'État fédéral, au moment où la caisse de retraite veut investir dans les terres agricoles.
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Je vais essayer de répondre à toutes vos questions.
Pour la prise de décisions, nous avons monté une équipe interne de décideurs, comme nous le faisons pour nos autres catégories d'actifs privés. De temps à autre, ils s'adressent à des conseillers de l'extérieur. Quant à nous, nous attachons une grande importance à la réalisation de ces investissements par nos propres spécialistes.
Pour vous expliquer pourquoi nous avons constitué cette catégorie d'actifs constituée de ressources renouvelables, ce qui comprend les forêts et les terres agricoles, nous voulons, en notre qualité d'organisme investisseur, ne pas perdre de vue certains critères. Il faut d'abord reconnaître que nous finançons du passif, ce qui nous amène à examiner de près sa nature. Comme j'ai dit, cela signifie que nous favoriserons l'investissement pour que, en cas d'échec, nous puissions obtenir une prime sur les capitaux propres qui, au fil du temps, nous protégera aussi, dans une certaine mesure, contre l'inflation. Il faut ensuite se rappeler que les obligations du régime de pension de la fonction publique sont très sensibles à l'inflation. Les gains moyens de fin de carrière sont entièrement indexés à la retraite, ce qui explique notre souci de l'inflation. D'après nous, les forêts et les terres agricoles sont tout à fait capables de conserver leur valeur en dépit de l'inflation.
Enfin, nous visons simplement la diversification. Pour nous, l'investissement dans les forêts et les terres agricoles tranche nettement sur les autres investissements dans notre portefeuille, en aidant à tempérer la volatilité du marché. Un bon exemple: quand nous investissons dans les forêts, nous investissons dans la croissance biologique, dont le rythme diffère de celui de l'économie ou du marché boursier. Cela présente donc pour nous de grands avantages.
Je pense que vous aviez une question sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance, les facteurs ESG. Mark, voulez-vous y répondre?
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous nos témoins pour leur témoignage. C'est en fait un sujet vraiment intéressant.
Monsieur le président, nous devrions examiner un élément, mentionné d'abord par M. Ménard, puis, je pense, Mme Gowing, la longévité plus grande des Canadiens. Je pense que c'est un objectif que, d'après la plupart des gens, le gouvernement devrait se donner. Nous devrions nous doter de politiques pour encourager les gens à s'instruire. Nous devrions offrir des soins convenables de santé pour, en fin de compte, assurer une meilleure santé.
Cela dit, monsieur le président, c'est aussi notre responsabilité de nous assurer que, bien sûr, les gens disposent d'un revenu stable. Je tiens à vous féliciter, chacun de vous, pour vos efforts pour donner droit à leurs prestations aux fonctionnaires fédéraux... vous cherchez à bien gérer ces fonds qui restent pour vous la priorité des priorités.
Monsieur le président, avant de passer à la question des régimes de retraite du secteur public, nous pouvons tous tomber d'accord sur une chose... et peut-être devrais-je simplement questionner le président de l'office à ce sujet.
Votre objectif est de stabiliser les rendements pour stabiliser le régime même de retraite, de manière aussi à prémunir le capital contre l'inflation dans le risque. Est-ce exact?
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Cela dit, nous avons eu... Je me souviens de l'éclatement de la bulle Internet en 2000. Cela a suscité beaucoup d'anxiété. J'en connais beaucoup qui ont perdu de 30 à 50 p. 100 de leurs revenus d'investissements. Puis il y a aussi eu la grande récession de 2007-2008, dont les effets se sont fait sentir quelques années après.
Si vous parvenez à maintenir ce..., c'est signe que, manifestement, vous êtes vigilants.
Quand vous avez mentionné que vous investissiez dans beaucoup d'actifs immobilisés et d'actions d'entreprises, etc., à l'étranger, on a entendu des murmures de désapprobation. Au Canada, le déficit est peut-être infrastructurel, mais, à votre place, je me demanderais comment me prémunir contre l'inflation et comment me diversifier pour que l'économie canadienne, en cas de difficultés, permette néanmoins d'encaisser les revenus des investissements. Pour moi, la réponse est d'aller à l'étranger.
J'ai une question à ce sujet. Vous avez parlé d'aéroports et de ports. Est-ce que le portefeuille d'actifs non financiers comprenait aussi des ponts...?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais me joindre à mes collègues pour souhaiter la bienvenue aux témoins d'aujourd'hui; vos exposés étaient très intéressants et informatifs.
J'aimerais tenter de comprendre l'histoire un peu mieux. Manifestement, nous savons que cette société d'État a été créée en 1999, et que les cotisations payées avant l'an 2000 n'ont pas été investies dans...
Monsieur Ménard, vous étiez ici en 1999. J'aimerais savoir si vous pouvez m'aider à comprendre ce qui s'est produit à l'époque, que ce soit dans l'industrie, ou peut-être dans d'autres pays, et qui a fait en sorte que le gouvernement du Canada a proposé des changements et la création de cette société d'État.
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Je ferai une comparaison avec les pays de l'OCDE. Il y a trois façons principales de reconnaître la promesse de pension ou les responsabilités liées aux fonctionnaires. Tout d'abord, au Mexique, par exemple, on paie les personnes à la retraite et on n'inclut pas nécessairement le passif à l'avance, lorsque le service est rendu. Deuxièmement, il y a ce qu'on appelle le financement théorique, et c'est ce que nous avions au Canada avant l'an 2000. Il y avait des crédits représentant les cotisations de l'employé et de l'employeur qui étaient inscrits au compte de pension de retraite par l'entremise du Trésor. La troisième façon est de garantir le passif par des immobilisations corporelles, et c'est ce qu'on fait depuis l'an 2000.
Ce que notre plan a de particulier, c'est que lorsque vous commencez à financer des années de service en 2000, 2001 et 2002, cela signifie que la minute juste avant, la totalité de votre passif est inscrite dans les livres comptables du gouvernement. Avec le temps, ce passif est transféré et garanti par des immobilisations corporelles. En ce moment, treize ans après le début de la mise en oeuvre, le 1er avril 2000, environ 30 p. 100 du passif total de la fonction publique est garanti par des immobilisations corporelles, et les autres 70 p. 100 liés aux années de service avant l'an 2000 sont toujours dans les livres comptables du gouvernement.
Étant donné qu'il faut beaucoup de temps pour transférer le passif, car le régime de pension est, par sa nature, un régime à long terme, presque toutes les promesses de pension seront garanties par des immobilisations corporelles d'ici 2050.
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Oui. Il y a deux éléments dans cette question, car vous pourriez dire que nous avions un petit excédent en 2008. Si on examine une période plus longue et qu'on commence avec le rapport de 1999 jusqu'à maintenant, à l'époque, nous avions prévu que l'espérance de vie des employés masculins de la fonction publique qui avaient 65 ans... Nous avions prévu qu'ils vivraient jusqu'à 85 ans. Dans le rapport le plus récent, l'âge prévu est de 87 ans. Nous avons donc dû modifier nos hypothèses, car les gens vivent plus longtemps que nous l'avions prévu. C'est le premier élément.
L'autre chose, c'est que la crise de 2008-2009 a changé les règles du jeu. Ce qu'il est difficile de prévoir, évidemment, c'est le taux d'actualisation ou le taux de rendement prévu sur les actifs, et depuis ce temps, nous avons réduit nos prévisions de 4,3 p. 100 à 4,1 p. 100, et cela a aussi augmenté le passif. Lorsque je fais cela, je compare d'abord les hypothèses avec celles de mes pairs. Un taux de 4,1 p. 100 correspond assez bien aux autres régimes de pension du secteur public au Canada.
Nous tenons également compte des travaux de Crédit Suisse. La société a publié un rapport en février 2013. Il y a un article intéressant sur le « monde à faible rendement ». Nous avons tenu compte de cela et nous avons diminué les prédictions concernant les actifs en conséquence, ce qui signifie que le passif augmente et, par conséquent, le déficit.
Cela termine notre deuxième série de questions. Il nous reste un peu de temps pour une troisième série.
J'ai deux questions de clarification. Je ne pense pas avoir vu dans le rapport, ou entendu, le montant des frais de courtage au cours d'une année donnée, en sus de vos coûts à l'interne.
Deuxièmement, au sujet de la composition de votre conseil d'administration, si vous passez à un taux de cotisations de 50-50, aurez-vous un conseil employeurs-employés dans les mêmes proportions? Même si certains d'entre nous considèrent les prestations de retraite comme un salaire différé, est-ce qu'on envisage de modifier la composition du conseil? De plus, donnez-nous une idée des frais de courtage versés dans le cadre des investissements.
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Merci, monsieur le président.
Encore une fois, merci d'être ici à titre d'experts.
J'aimerais aborder la dimension humaine de la question.
Madame Gowing, dans votre exposé, vous avez mentionné que sur les 565 125 participants, 313 652 sont des contributeurs actifs. Nous savons qu'il y a des compressions dans l'effectif à l'heure actuelle, et je présume que parmi les 12 000 ou 13 000 emplois qui seront supprimés, un certain nombre seront des jeunes et des contributeurs actifs au sein de la fonction publique.
Premièrement, quelles sont les répercussions de cela sur les obligations que vous avez calculées? Deuxièmement, quelles sont les répercussions, s'il y a lieu, sur les cotisations prévues? Avez-vous examiné la question?
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Merci, monsieur le président.
Merci, mesdames et messieurs, de vos exposés très intéressants.
Pour poursuivre dans la foulée de Mme Mathyssen, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer: nous vieillissons tous. C'est un fait, la population canadienne vieillit, mais je pense que, tout comme un bon vin de l'Okanagan, on s'améliore en vieillissant. Nos gens travaillent souvent plus longtemps ou vivent plus vieux, alors cela nous aide de ce point de vue.
J'ai quelques questions. Une s'adresse à monsieur Leroux. Premièrement, vous avez parlé dans votre exposé de la taille du régime de retraite. Est-ce qu'il se classe parmi les trois premiers en importance au Canada?
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Eh bien, les choses sont différentes, je dirais.
Nous publions maintenant chaque année sur notre site Web un document de deux pages sur la couverture des régimes de retraite agréés. Dans ce document, on peut voir qu'environ 87 ou 88 p. 100 des régimes de retraite dans le secteur public demeurent des régimes de pension à prestations déterminées.
Du côté du secteur privé, si on regarde tout d'abord la couverture, on constate qu'environ 6 millions de travailleurs sont couverts par un régime de retraite de l'employeur, soit environ 40 p. 100 de la main-d'oeuvre. Si on examine la tendance entre régime à prestations déterminées et régime à cotisations déterminées, on constate que dans ce cas, environ 24 p. 100 des travailleurs sont couverts par un régime de retraite.
C'est donc stable dans le secteur public, mais il y a une baisse dans le secteur privé.
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Je n'ai pas d'information à ce sujet. L'initiative dont vous parlez est le régime de pension agréé collectif.
J'ai deux observations à ce sujet. Je dirais premièrement que la taille du régime a de l'importance. En effet, Bill Morneau a publié un rapport pour l'Assemblée législative de l'Ontario dans lequel il mentionne qu'au chapitre de l'efficience, ou du rendement, un fonds ayant moins de 40 milliards d'actifs pourrait entraîner des charges qui seront préjudiciables aux membres du régime.
Cette idée, ce régime de pension agréé collectif vise, dans une certaine mesure, à permettre à tous les Canadiens de mettre en commun leurs actifs, leurs économies de retraite, pour obtenir, premièrement, un meilleur rendement, et ensuite pour réduire les coûts administratifs.
Merci, madame Gowing.
Cela met fin à la période de questions.
Nous tenons à remercier sincèrement tous les témoins de leurs exposés, qui ont été très intéressants et nous aideront à mieux comprendre les dépenses législatives du gouvernement fédéral dans ce secteur important.
Merci à vous tous.
Nous allons suspendre la séance quelques minutes avant de nous réunir à nouveau à huis clos pendant cinq minutes environ pour discuter des travaux à venir du comité.
Merci encore une fois madame Gowing, monsieur Leroux et monsieur Ménard.
[La séance se poursuit à huis clos.]