La Chambre reprend l'étude de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Madame la Présidente, je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi .
Je veux cependant commencer par souhaiter à mes électeurs un joyeux Noël et j'espère qu'ils passeront une période des Fêtes en toute sécurité. Je veux également transmettre ces mêmes voeux à mes collègues à la Chambre. Je suis ravi de travailler avec eux. Ce fut pour moi un privilège et un honneur de discuter et de débattre de sujets tels que ce projet de loi.
Je pense que les Canadiens sont très satisfaits. En fait, selon les plus récents sondages, ils estiment que le gouvernement se dirige dans la bonne direction et ils applaudissent le travail que nous accomplissons.
Je suis persuadé que nous passerons tous du bon temps dans nos circonscriptions et que nous pourrons discuter avec nos électeurs des mesures législatives telles que le projet de loi .
Cette mesure législative vise l'équilibre. Je pense d'ailleurs que l'équilibre en a toujours été l'élément clé. Bref, ce projet de loi cherche à établir le juste équilibre.
Si nous parvenons à trouver un bon équilibre dans la loi, je crois que beaucoup d'animateurs d'émissions de radio se retrouveront au chômage ou n'auront plus leur vieille série de sujets dépannage et ne pourront plus dire: « De quoi parlons-nous aujourd'hui? Parlons des victimes d'actes criminels. Parlons des arrestations par des citoyens où celui qui fait l'arrestation est celui qui se voit condamné. »
C'est ce que les électeurs demandent. Si je retournais dans la circonscription de , que je représente, et discutais avec les électeurs, c'est ce qu'ils demanderaient au nom des victimes d'actes criminels ou en termes d'équilibre — ou, en l'occurrence de rétablissement de l'équilibre — lorsqu'il s'agit du droit des citoyens de se défendre eux-mêmes ou de défendre leurs biens.
Il est intéressant de voir que, lorsque nous parlons de sécurité publique et de la capacité de nous défendre nous-mêmes, les mots ont un sens différent selon l'endroit où nous nous trouvons dans le monde. Si nous allons aux États-Unis et parlons du droit de se protéger et de protéger nos biens, nous pensons à une personne qui franchit le seuil d'une maison pour connaître une fin désagréable. Ce n'est pas ce que nous faisons au Canada. Nous ne nous en rapprochons même pas.
Dans d'autres parties du monde, comme l'Amérique centrale ou l'Amérique du Sud, où la sécurité publique fait toujours problème, les gens aimeraient ce que nous faisons ici aujourd'hui. Ils jugeraient notre mesure raisonnable et équilibrée et ils aimeraient voir leurs forces policières atteindre le niveau qu'elles ont au Canada.
Je veux rappeler aux députés que nous ne proposons pas d'enlever les corps policiers. Nous comprenons le rôle des forces policières. Si quelqu'un se retrouve dans une situation malheureuse et risque de devenir victime d'un acte criminel ou si quelqu'un voit un acte criminel en train d'être commis, nous recommandons d'abord de composer le 911. Je ne pense pas que quelqu'un conteste cela. Je crois que tout le monde estime que nous devrions faire intervenir les policiers le plus rapidement possible.
Cependant, il y a toujours des situations où cela n'est pas faisable. Il y a toujours des situations où les policiers ne peuvent tout simplement pas intervenir rapidement. Je ne blâme pas les policiers, c'est juste une réalité dans notre vaste pays.
À Canwood, en Saskatchewan, la ville où j'habite, les policiers couvrent un vaste territoire. Si, par exemple, un incident se produit la nuit à la ferme ou si je suis témoin d'un vol d'essence, j'appelle le 911. Or, la réalité, c'est qu'il faudra probablement 15 à 25 minutes au policier pour arriver chez moi si, au moment de mon appel, il se trouve à l'autre bout du territoire qu'il couvre. Peu importe la vitesse à laquelle il conduit, c'est le temps qu'il lui faudra pour intervenir.
Lorsque nous parlons aux agriculteurs ou aux résidants des régions rurales du Canada, ils ne parlent pas de revanche et n'envisagent pas de former une petite troupe en vue de traquer et capturer les gens qui commettent des crimes. Nous ne parlons pas non plus d'un scénario à la John Wayne, rendu populaire dans les films western dont l'action se déroulait dans les années 1800. Personne ne l'accepterait. Nous parlons tout simplement d'un juste équilibre.
Si un agriculteur surprend un gars en train de voler un quad dans son garage et qu'il est capable de l'appréhender et de le détenir, il ne devrait pas être accusé d'enlèvement ou de voies de fait. En fait, aucune accusation ne devrait être portée contre lui, eu égard aux circonstances et aux faits entourant ces circonstances. Tout ce que nous faisons, c'est essayer de préciser — pour la gouverne des tribunaux et des policiers — dans quelles circonstances il est justifié de porter des accusations. Nous essayons d'établir un juste équilibre.
Je sais que les députés de l'opposition ont déclaré qu'ils présenteront des amendements. Je les invite à les présenter au comité. C'est grâce aux amendements que nous pouvons promulguer de bons projets de loi. Il s'agit certainement d'amendements demandés par leurs électeurs. Lorsqu'ils seront présentés au comité, ce dernier les examinera. Je suis certain que le comité les examinera tous et fera ensuite des recommandations à la Chambre. Ensuite, nous voterons, en fonction de la volonté de nos électeurs. C'est la façon de faire de notre gouvernement.
Par conséquent, j'invite les députés à présenter leurs amendements au comité. Je les invite à les présenter, à les soutenir avec passion, à plaider leur cause puis à laisser les membres du comité et les députés décider du sort qui leur sera réservé.
La myriade de crimes perpétrés dans nos circonscriptions illustre une triste situation. Personne ne souhaite être victime d'un crime. Personne ne souhaite que cela lui arrive. Si un agriculteur dans une région rurale de la Saskatchewan voit quelqu'un pénétrer dans sa cour à deux heures du matin, s'approcher de son véhicule et briser le bouchon du réservoir pour voler de l'essence, il n'y est pour rien. Il ne devrait donc pas être pénalisé s'il sort et appréhende le voleur. Il ne devrait pas être inquiété s'il séquestre l'intrus.
Or, c'est ce qui se passe aujourd'hui dans notre système de justice. Comme le député de l'a dit tout à l'heure, des gens qui vaquent simplement à leurs occupations quotidiennes se retrouvent dans des situations difficiles sans l'avoir cherché, et voilà qu'ils se retrouvent devant les tribunaux. Ils doivent se défendre en cour. Ce qui est arrivé n'est pas de leur faute. Ils n'ont pas voulu qu'un intrus s'introduise sur leur propriété pour voler de l'essence. Pourquoi leur imposer de livrer une bataille juridique pendant six mois?
C'est là le but ultime de cette mesure législative. Son objectif tient en un mot: équilibre.
Le projet de loi propose de préciser le droit. Essentiellement, nous fournissons aux policiers des précisions pour qu'ils sachent s'il convient ou non de porter des accusations. Nous précisons à l'intention des tribunaux les cas où il serait indiqué d'inculper, ou de ne pas inculper, quelqu'un.
Quiconque utilise une force excessive pour contraindre quelqu'un, se montre vindicatif, ou a l'intention de l'être, doit être poursuivi avec toute la rigueur de la loi. Cette mesure ne sera pas une autorisation pour tirer sur une personne qui met les pieds sur votre propriété. Ce n'est pas le but visé. Nous voulons trouver un équilibre. Les gens n'auront pas le droit de faire tout ce qu'ils veulent si quelqu'un met le pied sur leur propriété. Pas du tout. Ce qui est acceptable, et ce qui ne l'est pas, est énoncé très clairement dans la loi. Encore une fois, le mot clé est équilibre.
C'est le terme central de cette mesure législative. Il faut répéter inlassablement le terme « équilibre ». Si nous réussissons à atteindre un équilibre grâce à cette mesure, les Canadiens en seront très reconnaissants au gouvernement et au Parlement car ils auront réglé un problème qui les irritait depuis des années.
Mes électeurs feront certainement ce commentaire lorsque je retournerai dans ma circonscription pour la pause des Fêtes. Ils me diront: « Au moins le gouvernement conservateur a agi. Vous êtes allés à Ottawa, vous avez fait des promesses et vous les avez honorées. Vous avez fait ce que nous voulions que vous fassiez. Le gouvernement conservateur a répondu aux voeux des électeurs canadiens. » Ils vont nous respecter et nous remercier pour cela.
Maintenant que nous nous apprêtons à retourner à nos circonscriptions pendant la relâche et que le projet de loi passe à la prochaine étape, j'encourage tous les députés à parler de cette mesure législative avec leurs électeurs. Il faut bien expliquer ce que nous essayons de faire.
Si certains députés souhaitent déformer les faits ou soulever la colère des gens, qu'ils le fassent. N'importe qui peut le faire. Cependant, on devrait prendre la peine d'expliquer qu'on ne veut pas avoir un autre cas comme celui de M. Chen. Comment s'y prendre pour trouver le juste milieu afin qu'une telle situation ne se reproduise plus? Comment s'assurer qu'un agriculteur qui est réveillé au beau milieu de la nuit par une personne qui tente de lui voler de l'essence ne se retrouve pas devant les tribunaux pendant huit mois, du seul fait qu'il a empêché le vol d'être commis?
C'est l'équilibre que réclament nos électeurs; c'est l'équilibre dont les Canadiens ont besoin, et c'est ce que nous visons dans cette mesure législative. Si les électeurs ont des suggestions pour améliorer le projet de loi, alors les députés devraient les présenter au comité sous forme d'amendements. Ils devraient faire confiance au comité dans leurs démarches pour peaufiner cette mesure législative.
Je sais une chose: la loi, dans sa forme actuelle, ne fonctionne pas. Quand les victimes d'actes criminels se voient condamnées ou poursuivies en justice de manière plus sévère que l'auteur du crime, alors nous savons qu'il y a un déséquilibre. Nous savons qu'il y a quelque chose qui cloche.
Je vais conclure là-dessus et rappeler à mes collègues qu'une fois rendus dans leur circonscription, ils devraient parler à leurs électeurs de l'équilibre et des niveaux appropriés de sécurité publique. Il sera intéressant d'entendre les réponses que recevront les députés.
Si nous nous y prenons comme il faut, comme je l'ai dit au début de mon intervention, beaucoup d'animateurs d'émissions de radio auront soudain un sujet de moins à discuter au cours des deux ou trois prochaines années.
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Madame la Présidente, nous nous trouvons devant un texte de loi, le projet de loi , qui justifie très bien le vieil adage voulant que « l'enfer est pavé de bonnes intentions ».
Si, du côté de l'intention, l'ensemble du texte est valide, on peut se poser des questions quant à son application et surtout, malheureusement, quant à ses résultats. On parle ici de permettre à des gens de procéder à l'arrestation d'auteurs de méfaits, notamment de méfaits contre les biens, ce qui, en soi, est tout à fait louable. Lorsque des officiers de police ne peuvent être présents, c'est presque un devoir civique de soutenir l'esprit de la justice et de permettre que des gens qui commettent des actes criminels répondent de leurs actes devant la justice. On accepte que des citoyens deviennent des soutiens à la justice. Là où ça commence à devenir problématique, c'est lorsqu'on permet à une personne d'utiliser la contrainte physique ou de commettre un acte de violence contre une autre personne pour procéder à son arrestation. De là découle tout le reste. Qu'est-ce qui est raisonnable et qu'est-ce qui ne l'est pas?
En ce qui a trait à la légitime défense, le Code criminel, en matière de rédaction et de jurisprudence, a développé une grande expertise pour s'assurer que, lorsque quelqu'un est agressé, sa défense est véritablement légitime, pondérée, proportionnée et acceptable en termes de justice. Ce n'est pas pour rien qu'on évalue des critères comme l'âge, la santé et la taille de l'agresseur, s'il est armé ou non, s'il a clairement indiqué ses intentions d'attaquer physiquement l'autre et non simplement de proférer des insultes. Tous ces éléments sont pris en compte pour déterminer si, oui ou non, la personne agressée avait le droit légitime de se défendre.
Après cela, on pose la deuxième question: cette défense était-elle proportionnée? Si un enfant de cinq ans menace avec un bout de bâton quelqu'un qui lui répond à coups de fusil de chasse, il ne faut pas s'attendre à ce que la justice ferme les yeux. C'est clair, net et précis, cette personne aura de sérieux problèmes avec la justice.
Je pense que tous les gens, peu importe leur allégeance politique, reconnaîtront qu'il y a eu là un manquement majeur. Dans ce cas, on n'a pas commis un acte de justice, on a plutôt utilisé une violence disproportionnée. C'est devant ce problème qu'on se retrouve à l'égard des gens qui commettent des crimes à l'encontre d'un bien. La vie n'est pas en danger dans pareil cas. Je dirais même qu'en procédant à une arrestation, on risque sa santé. On risque même sa vie si l'agresseur est malheureusement le mieux armé.
Ce n'est pas pour rien que mes distingués confrères du gouvernement ont insisté pour dire que la première réaction d'un honnête citoyen devait être d'appeler la police et de ne pas risquer sa vie pour protéger un bien. Cependant, on peut parfois le faire. De là vient toute la question: quelle est la violence raisonnable pour procéder à une arrestation?
Faut-il rappeler que des gens peuvent commettre des actes criminels sans être des criminels? Il y a la défense de nécessité. On connaît tous l'histoire de quelqu'un qui, pris dans une tempête de neige, commet une entrée par effraction pour ne pas mourir de froid et pour se protéger des intempéries. On connaît tous l'histoire d'une personne qui vole une voiture pour en conduire une autre gravement malade à l'hôpital. Ce sont des défenses de nécessité. Elles sont acceptées dans notre justice.
On peut comprendre que de nombreuses personnes ayant des problèmes de santé mentale et n'étant plus soignées convenablement au Canada se retrouvent dans la rue et commettent des méfaits. C'est malheureusement de plus en plus fréquent. Ces gens sont totalement irresponsables. Leur place n'est ni en prison ni dans la rue. Ces gens ont besoin de soins de santé.
Malheureusement, ces gens commettent des méfaits. Est-ce que, pour procéder à leur arrestation ou pour les interroger sur la situation, ces gens-là méritent de se retrouver avec une blessure grave? Personne n'est intéressé à cela.
Tout le monde sait que lorsqu'un policier procède à une arrestation, il n'a pas le droit de recourir à une violence déraisonnable. Le policier est entraîné pour utiliser un minimum de violence. Il n'est pas là pour être le juge et le bourreau. Il est là pour procéder à une arrestation et dire à cette personne qu'elle doit comparaître devant un juge pour se justifier et s'expliquer. C'est tout à fait raisonnable.
Dans le cas présent, on ne retrouve pas ce caractère raisonnable, cette proportionnalité. De très nombreux intervenants sont venus dire au Comité permanent de la justice et des droits de la personne qu'il y avait là un problème et ce serait donc extrêmement intéressant que ce projet de loi soit amendé. Dans sa présentation actuelle, ce projet de loi présente de sérieux problèmes et la loi ne passerait pas le test des cours de justice.
En voulant protéger des gens qui procèdent à des arrestations, il serait déraisonnable qu'on se retrouve à adopter un projet de loi qui, dans sa première application, sera considérée comme ultra vires, parce qu'il ne respecte pas la Charte des droits et libertés. On n'a pas à appliquer une sentence juste et raisonnable vis-à-vis de la violence. On se retrouverait exactement dans la situation actuelle, à savoir l'absence de loi. Non, cela nous prend un texte législatif. C'est important que les gens qui procèdent à des arrestations aient une certaine couverture juridique et qu'ils puissent aider des officiers de police.
Quelquefois, des policiers se retrouvent seuls dans une auto-patrouille et doivent procéder simultanément à l'arrestation de deux ou trois suspects. Ils ont beau appeler les renforts, ceux-ci n'arriveront pas rapidement, particulièrement dans les régions rurales. À ce moment-là, c'est bien intéressant que d'honnêtes citoyens jouent le rôle de bons samaritains et portent assistance à ces officiers de police. C'est donc raisonnable qu'un texte de loi vienne les protéger.
Ce qui est déraisonnable, c'est essentiellement qu'on permette toute violence, particulièrement pour un bien. On a dit tout à l'heure qu'il ne fallait pas reproduire ce qu'on trouvait aux États-Unis. Le député de a fait une prudente réserve à ce niveau, réserve amplement justifiée.
Je vais rappeler à mes collègues un cas extrêmement malheureux de défense de biens survenu en Arizona, sans aucun critère de raison ni de proportionnalité. Un jeune homme qui allait rencontrer des amis, s'est trompé d'adresse. Il s'est présenté au mauvais endroit et le propriétaire de la propriété lui a tiré une balle dans le dos alors que le jeune homme s'en allait! La justice américaine a jugé non coupable l'homme en question parce qu'elle a déclaré que cet homme défendait sa propriété, qu'il était sur sa propriété et que le jeune homme n'avait pas été invité à se présenter sur cette propriété. Il ne faudrait pas que de pareils précédents se produisent au Canada.
En outre, il ne faudrait pas non plus qu'on applique le principe du juge Lynch. Ce juge était un juge de droit administratif de la Virginie pendant la Révolution américaine de 1776. Il avait établi le principe que si de nombreux individus décident d'appliquer la justice, cet acte devient la justice. C'est en l'honneur de ce triste individu qu'on a appelé ce genre d'application de la justice un lynchage, du nom du juge Lynch. De telles choses sont maintenant interdites. Maintenant, des individus ne peuvent pas communément et spontanément déclarer qu'ils vont se faire justice. Les citoyens qui doivent se faire justice doivent le faire en vertu de nos lois et non pas en vertu d'une tradition ou d'une tolérance de l'appareil judiciaire. Le problème est là car ce texte de loi semble indiquer une certaine tolérance de l'appareil juridique vis-à-vis de la violence, lorsque cette dernière n'est pas proportionnée.
Ces éléments sont importants. On va bientôt avoir une loi sur le drapeau national. Il ne faudrait pas que ce projet de loi permette à des gens d'utiliser de façon déraisonnable ce droit légal à la violence.
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Madame la Présidente, je me réjouis de pouvoir parler du projet de loi . Il est important de revenir aux raisons pour lesquelles nous débattons de cette mesure législative. Bien sûr, c'est parce que le gouvernement est à l'affût de ce qui se produit au Canada. Plus particulièrement, nous savons qu'il y a eu des incidents dans le cadre desquels les dispositions de la loi concernant les pouvoirs d'arrestation d'un citoyen, la légitime défense et la défense des biens auraient gagné à être plus claires. C'est exactement le but visé par le projet de loi .
Le projet de loi n'introduit pas de nouveaux concepts en ce qui concerne le Code criminel. Il précise les pouvoirs et les responsabilités des citoyens. Nous parlons toujours de nos droits, mais jamais de nos responsabilités. Comme nous vivons dans une société civile, nous avons tous des responsabilités en tant que citoyens, ce qui suppose entre autres que nous devons nous assurer que le monde dans lequel nous vivons est sûr, afin que nous puissions vaquer à nos occupations quotidiennes dans une atmosphère de paix et de tranquillité relatives.
Il y a environ un mois, le a présenté le projet de loi . L'objectif consistait à élargir et à simplifier les dispositions relatives à la légitime défense et à la défense des biens, de même qu'à élargir les circonstances dans lesquelles les citoyens canadiens respectueux de la loi peuvent procéder à des arrestations. Le projet de loi a été présenté parce que le gouvernement est déterminé à emprisonner les vrais criminels. Les Canadiens qui ont été victimes d'un crime ne devraient pas être pénalisés de nouveau.
Je pense à des situations dans lesquelles des gens ont défendu leurs biens. Parce que la loi n'était pas suffisamment claire, la police a jugé nécessaire d'arrêter ces gens, mais avec le recul, le gouvernement et les tribunaux ont déterminé qu'il n'y avait pas lieu de les condamner pour l'infraction à l'origine de leur arrestation. Le gouvernement veut s'assurer que les victimes d'un crime ne soient pas pénalisées de nouveau en se retrouvant devant les tribunaux, et je crois que c'est ce que souhaitent aussi tous les députés de la Chambre.
Comme je l'ai déjà mentionné, l'objectif consiste à pousser un peu plus loin la loi en vigueur afin de permettre à un propriétaire ou à une personne en possession d'un bien, ou à une personne mandatée par celui-ci, d'arrêter une personne dans un délai raisonnable après avoir constaté que cette personne a commis une infraction criminelle sur sa propriété, par exemple si l'infraction est commise dans la cour du propriétaire ou à son commerce, ou si les biens sont volés dans un stationnement public ou un endroit de ce genre.
Quand je repense à l'époque où j'étais policier, je ne vois aucune situation où il y avait une zone grise. Tout était relativement noir ou blanc. Cependant, nous avons effectué des recherches dans des revues, où j'ai pu lire des cas de personnes qui sont allées bien au-delà de ça. Voilà pourquoi notre gouvernement tient à préciser dans le projet de loi que le suspect doit avoir été surpris à commettre un délit sur une propriété dont la victime est propriétaire ou dont elle est responsable.
Nous savons que c'est une responsabilité, de préserver l'ordre public. C'est quelque chose qu'il faut toujours garder à l'esprit. Chaque citoyen et tous les législateurs dans cette enceinte doivent se rappeler qu'il existe des professionnels qui sont formés expressément pour appliquer la loi et qui ont le devoir de préserver l'ordre public. Par contre, nous sommes aussi conscients qu'il n'y a pas un policier tous les coins de rue, toutes les 10 verges, tous les 10 milles ou tous les 10 kilomètres. J'en reviens une fois de plus à l'idée que chaque citoyen a le devoir et le droit de protéger ses biens et les personnes dont il est responsable.
Voilà pourquoi le gouvernement a proposé de préciser le pouvoir d'arrestation des citoyens. Si je le répète, c'est parce que certains pensent que ça conférerait de nouveaux pouvoirs, ce qui n'est pas le cas. Le pouvoir n'existe que s'il y a des motifs raisonnables de croire qu'il ne serait pas possible à un policier de procéder à l'arrestation. Qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire qu'à moins que le citoyen procède à l'arrestation, il sera probablement impossible de retracer l'auteur du crime. Autrement dit, le citoyen n'a pas noté un numéro de plaque d'immatriculation ni le signalement du suspect, ou le crime s'est déroulé si rapidement qu'il n'a pas pu bien voir le suspect ni même obtenir un nom ou une adresse potentielle. Il faudrait alors interrompre le crime ou empêcher que d'autres crimes soient commis en en appréhendant l'auteur, puis appeler dès que possible des policiers sur les lieux afin qu'ils terminent l'arrestation et entament les recours judiciaires, par exemple en accusant le suspect du crime qu'il a commis.
Il est important de dire que, dans tous les cas, une arrestation par des citoyens est une affaire très grave et potentiellement dangereuse. J'ai entendu aujourd'hui d'autres intervenants dire qu'une personne qui n'est pas très forte physiquement ne devrait pas tenter de faire une telle arrestation, et, d'ailleurs, aucun député ni agent de police ne recommanderait à une telle personne de le faire. Possédons-nous des biens qui valent qu'on risque sa vie ou de subir de graves blessures pour les préserver? La réponse est évidemment non.
Par conséquent, avant de passer à l'action pour exercer son droit de protéger ses biens, il faut réfléchir et assurer d'abord sa propre sécurité et celle des gens qui sont autour. Si une personne armée d'une arme à feu commet une infraction et qu'il y a beaucoup de gens aux alentours, ce serait pure folie que d'essayer de procéder à une arrestation. Le citoyen qui n'a pas suivi une formation spécialisée comme les agents de police a la responsabilité d'évaluer la situation avant de procéder à une arrestation. Le gouvernement recommande que personne ne prenne le moindre risque. Cependant, si le citoyen juge qu'il y a possibilité d'appréhender cette personne, il peut le faire parce que c'est précisément ce que dit ce projet de loi qui vient préciser la loi existante.
D'autres intervenants à la Chambre ont évoqué le droit qu'ont les gens de défendre leurs biens et leur propre personne. Encore une fois, il est important de réitérer que les modifications proposées aux dispositions sur la défense des biens visent à simplifier ces dispositions et à faciliter la tâche des agents de police et des procureurs. C'est très important parce que nous voulons rendre plus simple l'application de nos lois de manière que les procureurs, les agents de police et les tribunaux, de même que les citoyens, comprennent et soient mieux en mesure de jauger leurs droits et leurs responsabilités relativement à leurs biens.
Bien sûr, le mot « raisonnable » revient constamment dans le texte afin d'en limiter la portée et pourrait donc constituer une défense contre une accusation d'infraction criminelle. Les agents de police ont un pouvoir d'arrestation, mais ce pouvoir comporte une limite, et les agents suivent une formation pour connaître cette limite. Le citoyen ordinaire doit savoir que les pouvoirs qu'il possède comportent une limite, et c'est pourquoi nous avons pris bien soin de préciser qu'il peut agir contre une personne qu'il trouve en train de commettre une infraction criminelle contre ses biens ou biens dont il a la responsabilité.
Les dispositions concernant la défense des biens ont été grandement simplifiées à la suite de certaines affaires qui ont incité le gouvernement à agir et qui ont mis en lumière cette situation. Tous nos journaux en fait état. Nous en étions bombardés tous les jours. Nous avons senti le besoin d'apporter des précisions à cette loi parce qu'une personne qui avait trouvé quelqu'un en train de commettre une infraction contre ses biens a été traînée devant les tribunaux et accusée d'une infraction. Nous, au gouvernement, devons répondre aux besoins de notre collectivité et du Canada. Nous avons trouvé qu'il était nécessaire de clarifier et de simplifier la loi en ce qui a trait aux pouvoirs d'un citoyen de procéder à une arrestation en ce qui concerne ses biens ou...
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Madame la Présidente, j'ai l'honneur de prendre la parole au sujet du projet de loi qui prévoit une réforme du Code criminel qui permettra aux tribunaux de connaître précisément les circonstances donnant le droit aux citoyens de procéder à une arrestation et de recourir à la légitime défense.
Je viens d'une circonscription rurale. Nous savons que les services de police sont souvent situés très loin des gens qui vivent à la campagne. Plusieurs députés ont parlé aujourd'hui des problèmes qui surviennent couramment lorsque la GRC doit d'abord se rendre dans une localité rurale avant d'y intervenir. Certains détachements en milieu rural sont situés à 20 ou 30 miles des collectivités auxquelles ils doivent offrir des services. Bien souvent, les agents qui sont affectés dans ces détachements doivent s'occuper d'autre chose, par exemple de la surveillance des routes et des questions de sécurité publique. Il est donc important que les Canadiens sachent que les dispositions concernant ce qu'ils peuvent faire pour se défendre et protéger leur famille et leur propriété seront plus claires.
Nous avons discuté du cas de M. David Chen et des ennuis qu'il a connus parce qu'il a arrêté lui-même un citoyen à Toronto, il y a quelques années. Lorsque j'ai appris ce qui était arrivé, j'ai lu les articles 34 à 42 et les articles 44 et 45 du Code criminel et tout ce qui portait sur la légitime défense, l'arrestation par des citoyens et la protection de la propriété. J'ai trouvé tout cela très compliqué.
La nécessité de réformer le Code criminel a été reconnue dans un certain nombre de jugements et de notes judiciaires. Les dispositions qui nous intéressent datent de la première version du Code criminel, qui a été rédigée en 1897. Elles ont donc plus de 100 ans et n'éclairent pas suffisamment les policiers et les procureurs, qui doivent procéder à des enquêtes sur les activités criminelles et porter des accusations. En outre, elles n'apportent pas les clarifications nécessaires aux juges, qui doivent rendre de bonnes décisions. La mesure législative tombe donc à point.
Quand on considère les problèmes que connaissent les régions rurales du Canada, on constate que ceux qui sont liés à la criminalité sont à l'heure actuelle souvent le fait de jeunes, en particulier de ceux que beaucoup d'entre nous appelleraient des voyous. Ces jeunes viennent voler sur les fermes. Ils ne cherchent pas de petits objets. Ils ne s'introduisent pas dans les maisons pour voler des montres et des bijoux. Ils prennent des quatre-roues, des motos et des motoneiges dans les garages. Ils les enfourchent et s'en vont avec.
Il y a à peu près deux ans, dans ma circonscription, un résidant a pourchassé deux jeunes garçons. Il a réussi à établir leur identité, à les arrêter et à faire porter des accusations. Nous ne voulons absolument pas que les gens prennent des risques inutiles qui les mettraient en danger. Nous ne voulons pas non plus qu'ils décident de se faire justice eux-mêmes. Ce projet de loi indiquerait explicitement que cela ne serait pas toléré. Nous ne voulons pas voir une foule de personnes s'ériger en agents de police. Nous continuons de dire aux gens qu'il faut d'abord et avant tout communiquer avec la police ou composer le 911 pour que la police soit au courant de la situation et puisse, espérons-le, intervenir rapidement.
Il reste que la criminalité est importante, surtout dans les régions rurales, bien qu'elle soit aussi fréquente dans les centres urbains. Comme l'a signalé plus tôt le député de , Winnipeg est une collectivité dangereuse. Nous avons la palme au pays en matière de vols d'autos et nous sommes presque au somment du palmarès pour ce qui est des meurtres, des invasions de domicile et des infractions à caractère sexuel. Alors, quand des citoyens sont mis en danger si souvent à cause de ces éléments criminels, nous devons leur donner le pouvoir de prendre les mesures voulues pour se protéger et protéger leur famille et leurs biens.
Par conséquent, je félicite le et le gouvernement d'avoir présenté ce projet de loi.
Quand on regarde les définitions que les tribunaux utiliseront pour déterminer si un individu a usé de force excessive, on constate que le code actuel fournit cette précision. Nous n'avons donc pas besoin d'entrer davantage dans les détails. Si une personne non armée entre par effraction dans une maison, les gens n'iront pas lui tirer dessus. Ce ne sera pas toléré.
Par contre, il est possible de prendre des mesures pacifiques raisonnables pour appréhender quelqu'un qui entre par effraction chez soi. Une personne qui est en possession paisible d'un bien et qui ne veut pas qu'on le lui enlève peut réagir de manière raisonnable, qu'il s'agisse d'un cambriolage dans un commerce ou un domicile. Les gens qui veulent commettre ce genre de méfait doivent savoir que les Canadiens ne toléreront pas une telle conduite.
Je crois qu'en habilitant les Canadiens de la sorte, on transmet un message clair aux contrevenants qui commettent ces crimes. Les Canadiens seront prêts et disposés à intervenir s'ils se croient physiquement aptes à se protéger et à protéger leurs familles et leurs biens.
Nous voulons que ces criminels réfléchissent longuement à ce type de comportement. Nous voulons qu'ils sachent qu'ils ne pourront pas faire appel à un avocat pour porter des accusations contre les citoyens qui ont tenté de les appréhender. Les criminels doivent savoir qu'ils seront tenus responsables de leurs actes, conformément aux nouvelles mesures de justice plus rigoureuses que nous avons mises en place, non seulement au moyen de ce projet de loi, mais aussi au moyen du projet de loi et d'autres mesures législatives en matière de justice pénale qui sont en en train d'être adoptées. Ils doivent savoir qu'ils devront répondre de leurs actes, qu'ils purgeront une peine proportionnelle à leur crime et que ce type de comportement criminel ne sera pas toléré au Canada.
La grande priorité pour les Canadiens d'un bout à l'autre du pays, et plus particulièrement de ma circonscription, Selkirk—Interlake, c'est de se sentir en sécurité dans leurs foyers, leurs rues et leurs quartiers. Ils ne veulent pas que les jeunes contrevenants et les éléments criminels de notre société prennent le contrôle de leurs vies.
Comme je l'ai signalé plus tôt, au Manitoba, les médias ne parlent plus que de crimes, de meurtres, d'infractions sexuelles, de dommages à la propriété, de violence liée aux gangs de rue et au trafic de drogue. Ces éléments sont là. La police ne suffit plus à la tâche pour gérer cette criminalité dans nos collectivités.
Les policiers sont débordés et se trouvent souvent loin de l'endroit où ils sont appelés. Il est donc important de donner aux gens la possibilité de se défendre et de protéger leur propriété et leur famille.
Je n'ai jamais eu à faire face à une telle situation, mais je sais au plus profond de moi-même que, si quelqu'un menaçait ma famille ou essayait de voler mes biens, en l'absence de services policiers, je serais prêt à prendre les mesures nécessaires. Je ne voudrais pas faire de mal à personne, mais j'arrêterais moi-même le criminel. Après avoir discuté de cette question avec de nombreux électeurs de Selkirk—Interlake, je sais qu'ils seraient prêts à faire la même chose.
Un commerce de quatre-roues et de motoneiges a été la cible de plusieurs cambriolages, mais les agents de la GRC n'étaient pas disponibles au moment de chacun des crimes. Le propriétaire du commerce a commencé à travailler de nuit pour tenter de mettre la main au collet des individus qui ont violé sa propriété et volé ses biens à répétition. Il sait pertinemment que, dès qu'il aura remplacé sa marchandise, les voleurs reviendront.
J'encourage tous les députés à appuyer le projet de loi pour que nous puissions inclure dans le Code criminel les précisions dont le système judiciaire a tant besoin.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole sur le projet de loi . La mesure vise à modifier le paragraphe 494(2) du Code criminel afin de permettre aux propriétaires d'un bien ou à la personne en ayant la possession légitime, ainsi qu'à toute personne qu'ils autorisent, d'arrêter dans un délai raisonnable toute personne qu'ils trouvent en train de commettre une infraction criminelle sur le bien ou relativement à celui-ci.
Comme le porte-parole du Parti libéral l'a dit, les libéraux appuient le projet de loi en principe, mais nous avons des réserves quant à l'étendue des dispositions sur la légitime défense. Celles-ci doivent être examinées de manière plus approfondie au comité.
Je signale que, durant le débat, des députés conservateurs ont donné l'assurance à la Chambre que d'éventuels amendements seraient débattus, examinés et peut-être intégrés au projet de loi. Je tiens à dire que ce n'est certainement pas ce qui s'est passé jusqu'à maintenant durant la 41e législature. Tous les projets de loi qui ont été présentés ont été adoptés à la vapeur, y compris le projet de loi , mesure d'une très vaste portée qui avait besoin d'amendements. Même le ministre a reconnu que des amendements étaient nécessaires. Il a essayé de les ajouter ultérieurement et a échoué parce que les amendements avaient été rejetés du revers de la main au comité, où ils auraient dû être acceptés.
Nous sommes optimistes et avons bon espoir que le gouvernement conservateur va changer d'attitude et cesser de faire pression unilatéralement pour faire adopter ses projets de loi. Nous avons bon espoir que le gouvernement va commencer à écouter les partis d'opposition et les diverses voix qui émanent des quatre coins du pays.
Le projet de loi ne renferme aucun nouveau pouvoir ou concept, comme je l'ai fait remarquer tout à l'heure à l'occasion d'une question posée dans le cadre du débat et comme l'a dit le député de .
Cependant, la législation du Canada sur la légitime défense est complexe et désuète. Ce projet de loi rassemblerait dans une seule disposition les diverses mesures relatives à la légitime défense qui sont éparpillées dans quatre articles du Code criminel.
Les libéraux ont des réserves au sujet du projet de loi qui, à notre avis, doit être examiné à fond au comité. Notre porte-parole, le député de , a clairement énoncé nos préoccupations. En bref, il y a dans le projet de loi apparence de discrimination fondée sur le sexe. Le caractère raisonnable des actes posés en légitime défense est en rapport avec la taille, l'âge et le sexe des personnes impliquées dans l'incident. Nous soutenons que la taille et l'âge peuvent être des facteurs critiques, mais que si l'on ajoute le sexe, cela risque de renforcer la notion du « sexe faible », ce qui est un anachronisme dans le monde d'aujourd'hui. Cela n'a rien à voir. Les femmes sont tout aussi capables que n'importe qui de se jeter au collet de quelqu'un.
J'ai vécu personnellement un incident impliquant un crime contre des biens. Le député de a décrit sa situation difficile, mais la mienne a été réglée beaucoup plus facilement.
Je suis retournée au bureau de ma compagnie tard le soir, comme le font beaucoup de parents de jeunes enfants, après avoir mis les enfants au lit et réglé les affaires de la journée. C'est un grand immeuble de 5 000 pieds carrés où se trouvent bon nombre de bureaux. Il est clair que le système d'alarme n'avait pas été bien armé. En entrant dans le bureau, je suis tombée nez à nez avec un solide gaillard qui était probablement dans la vingtaine avancée. Il n'avait pas d'affaire là. Il fouillait dans la petite caisse et les tiroirs et les effets personnels de mes employés. J'étais toute seule tard le soir à mon bureau et ce fut tout un choc pour moi de tomber sur cet individu. J'ai eu recours à une arme très puissante pour régler le problème, nommément la parole. J'ai réagi en lui énumérant toutes les raisons pour lesquelles il devrait s'en aller tout de suite. Je lui ai dit qu'il n'avait pas le droit d'être là puisqu'il s'agissait d'une entreprise familiale où nous travaillions très dur pour fournir un bon service. En somme, j'ai réussi à lui faire honte et il est parti.
Toutefois, j'ai réalisé par la suite qu'il aurait pu être armé. Il aurait pu décider de ne pas quitter les lieux parce qu'il n'avait pas mis la main sur l'argent qu'il voulait pour je ne sais quoi. Il aurait pu résister, et il m'aurait fallu prendre d'autres mesures; je l'aurais fait pour protéger mon bien.
Je suis consciente que les lois devraient être claires et que les gens qui ont à défendre leurs biens ou leur personne ne devraient pas craindre d'être accusés en vertu du Code criminel en raison d'une imprécision. Je suis en faveur de cela.
De nombreux ministériels ont parlé de leur approche globale en matière de criminalité. L'approche globale du gouvernement conservateur en matière de criminalité me préoccupe beaucoup. Notamment parce qu'elle ne fait rien du tout pour prévenir les crimes contre les biens ou la personne; il s'agit justement des situations où le projet de loi offre un recours aux citoyens.
Pourquoi ne pas chercher des moyens de réduire la criminalité? Pourquoi le gouvernement engage-t-il des milliards de dollars de deniers publics dans un programme ou un régime de lutte contre la criminalité qui va complètement à l'encontre des données et des avis d'États comme le Texas et la Californie, qui ont fait l'essai du genre de dispositions sur lesquelles se fonde l'approche en matière de criminalité du gouvernement conservateur? Ces dispositions ont été un échec, elles ont coûté cher, elles ont miné la justice et elles ont en fait conduit à une augmentation de la criminalité. C'est pourtant cette voie que le gouvernement a choisi d'emprunter.
[Français]
Comme l'a déjà dit le député de , il n'y a pas de concept nouveau, ni pouvoir nouveau dans ce projet de loi. Ce dernier clarifie une loi existante qui vise à protéger les citoyens dans des situations où ils doivent défendre leur vie, et ainsi de suite. De plus, on dispose du même temps pour débattre de ce projet de loi que celui dont on a disposé pour débattre du projet de loi , qui englobait neuf projets de loi. Le projet de loi C-10 a des implications très sérieuses qui changent énormément l'approche juridique à l'égard des jeunes. Plusieurs professionnels ont dit que c'était un mauvais projet de loi, mais on n'a pas eu plus de temps pour en débattre à la Chambre, dans cette 41e législature, avec les nouveaux députés. Le projet de loi est beaucoup plus petit que le projet de loi C-10, et pourtant, on a disposé du même temps pour débattre de ces deux projets de loi.
[Traduction]
Je veux savoir pourquoi il n'y a pas de prévention. Pourquoi préfère-t-on incarcérer des Canadiens toxicomanes ou atteints d'une maladie mentale, alors qu'on devrait prévoir des fonds pour les traiter et faire de la prévention. À Vancouver, le programme Skills Connect pour les jeunes a été éliminé, des programmes de prévention pour les jeunes sont donc supprimés. L'équilibre est rompu et poussera le système de justice du Canada dans une fort mauvaise direction.
Les libéraux appuient le projet de loi, mais certainement pas l'approche globale en matière de criminalité du gouvernement conservateur.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un privilège de prendre la parole sur ce projet de loi qui va clarifier des dispositions législatives qui sèment la confusion chez bien des gens depuis des années.
En fait, je dois préciser à mes collègues que je représente une vaste circonscription rurale, dont une partie importante jouxte la grande ville de Grande Prairie. Actuellement, je représente environ 20 p. 100 de la superficie de l'Alberta. C'est donc un vaste territoire. Sur ce territoire, dans ma circonscription, il y a environ 60 000 personnes qui vivent à proximité de Grande Prairie et les 100 000 autres sont disséminées dans de petits villages ou petites villes et parfois, ce qui n'est pas négligeable, dans des collectivités reculées et rurales.
Les gens de ma circonscription se réjouissent de ce projet de loi et de ses dispositions parce qu'il va clarifier dans les textes de loi une situation qui en préoccupe beaucoup.
Ces dernières années, de nombreux députés, quelle que soit leur allégeance, ont suivi l'une ou l'autre des affaires qui ont défrayé la chronique, où des citoyens qui essayaient simplement de défendre leurs biens, leur famille ou leur commerce avaient maille à partir avec la justice pour avoir fait quelque chose que nous jugeons tous, je crois, parfaitement raisonnable, à savoir défendre leurs biens, leur famille, et étaient déclarés coupables d'avoir enfreint la loi. Je pense que c'est cela que la Chambre essaie de clarifier.
Indépendamment des discours que nous avons entendus aujourd'hui, je pense que les députés des différents partis appuient largement ce projet de loi, parce que les électeurs des députés d'en face leur disent aussi qu'ils ne sentent pas protégés par la justice pénale.
Je crains que les Canadiens ne soient de plus en plus sceptiques face à la justice pénale. Ils pensent que le système s'est mis à protéger les criminels plutôt que les citoyens innocents et vulnérables. Ce qui les choque le plus, ce sont les histoires qu'ils lisent à propos de commerçants qu'on arrête parce qu'ils ont essayé d'empêcher quelqu'un de voler leurs marchandises ou à propos d'agriculteurs qu'on arrête parce qu'ils ont expulsé de leur propriété des gens qui chassaient tout près de leur bétail.
C'est le genre de choses qui fait peur. Ces histoires font vraiment frémir ces gens qui sont en fait les plus héroïques de nos collectivités, ces gens prêts à intervenir en toute circonstance quand ils assistent à une injustice, ces gens qui veulent essayer de défendre leur famille, leur entreprise, les biens de leurs voisins et leurs voisins eux-mêmes.
Il faut que tous les députés s'unissent pour appuyer ces dispositions législatives qui vont clarifier la loi.
J'ai dit tout à l'heure que je représentais une circonscription rurale. On y trouve diverses composantes et communautés. Je représente un grand nombre d'agriculteurs. Or, bon nombre d'entre eux vivent assez loin de leurs voisins, du poste de police ou du centre de répartition de la GRC. Il peut y avoir un problème si un voleur s'introduit dans une ferme, même si je dois dire que, dans ces communautés rurales, nous avons la chance de ne pas avoir beaucoup de criminalité.
Il y a cependant des incidents, en augmentation malheureusement. Des gens entrent dans les fermes pour voler du matériel ou des outils ou souvent de l'essence ou du diesel. S'ils sont à des heures d'un centre de répartition, les agriculteurs n'ont guère d'autre choix que d'intercepter le malfaiteur et d'essayer de le détenir jusqu'à l'arrivée des autorités.
Souvent, des personnes non identifiées pénètrent dans des propriétés agricoles. Si elles ne sont pas à bord d'un véhicule ou encore si elles se trouvent dans un véhicule sans plaque d'immatriculation ou un véhicule volé, il est difficile de fournir suffisamment d'information à la police pour qu'elle puisse identifier les intrus. Il est important que les agriculteurs aient, dans la loi, l'assurance de pouvoir s'opposer, sans risquer d'enfreindre la loi, aux gens qui viennent leur voler du bétail, des outils, de l'essence ou d'autres biens, en attendant l'arrivée des autorités.
Il faut souligner que, dans toute situation où l'on intervient contre des individus en train de commettre un crime, la considération la plus importante, évidemment, est la sécurité de toutes les personnes en cause, et notamment de celles qui interviennent. Nous devons être conscients que la prudence est de mise. Cependant, il y a des circonstances où des vies peuvent être en danger à cause des actes d'individus qui pénètrent dans un commerce, dans une propriété agricole ou ailleurs. Il est important que nous donnions aux Canadiens la garantie qu'il pourront invoquer la légitime défense s'ils s'opposent à un individu qui entre dans leur domicile familial et qui veut s'en prendre à eux ou à leurs proches.
La circonscription que je représente compte une importante population autochtone. À l'instar de mes électeurs qui sont agriculteurs, les Autochtones habitent souvent dans des localités isolées. Je leur ai souvent entendu dire qu'il leur est nécessaire de pouvoir appréhender l'auteur d'un crime et le retenir jusqu'à ce que la police puisse intervenir. Le gouvernement ne ménage pas les efforts pour établir une présence policière partout au pays et pour accroître les ressources nécessaires. Cependant, la police ne peut pas être partout en même temps. Je tiens à souligner que le gouvernement a annoncé récemment un accord tripartite ayant pour but d'augmenter les ressources de la police au service de ces populations autochtones. Cependant, les territoires concernés sont vastes. Même lorsque les hommes et les femmes ayant la responsabilité de protéger la population, c'est-à-dire les membres de la GRC, sont en train de patrouiller, ils peuvent être à une distance de plusieurs kilomètres lorsqu'un crime est commis. Dans certains cas, se rendre d'un bout à l'autre du territoire peut prendre plusieurs heures. Il est important que les dispositions proposées entrent en vigueur.
Selon ce que j'ai entendu, des Canadiens sont inquiets, et je pense que tous les députés s'en rendent compte. Ce problème ne touche pas seulement les collectivités rurales. L'un des cas de légitime défense les plus connus s'est produit au centre-ville de Toronto. Mes collègues sont au courant de cette histoire. De nombreux députés ont rencontré les personnes concernées, et nous savons que ce ne sont pas seulement des incidents isolés qui ne se produisent que dans les collectivités rurales; ça arrive également dans les centres urbains. Il est donc important de clarifier la loi.
J'appuie ce projet de loi, tout comme le gouvernement et mes électeurs, et je sais que l'électorat d'une grande partie des députés d'en face l'appuie aussi.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir aujourd'hui pour participer au débat sur le projet de loi . Nous avons débattu d'un grand nombre de mesures législatives sur la criminalité en cette fin de session. Les conservateurs se sont employés à faire progresser leur programme de lutte contre la criminalité. Cependant, la mesure législative dont nous sommes actuellement saisis fait l'objet d'un certain consensus. Il est bien de constater que le problème soulevé par la députée de est abordé dans ce projet de loi. Je parlerai plus tard de l'incident survenu au magasin Lucky Moose Food Mart.
Ce projet de loi prévoit une modification au Code criminel pour faire face à des situations qui se produisent actuellement et pour préciser aux tribunaux les règles relatives à l'arrestation par des citoyens et à la protection de la propriété privée.
Il est important cependant de faire un petit retour en arrière et de parler de la criminalité au Canada. Nous savons que le taux de criminalité est à la baisse au Canada. Je sais que le gouvernement soutient que le nombre de crimes non signalés a augmenté. Je ne sais pas comment cela peut-être possible, mais c'est apparemment ce que le gouvernement soutient. Il semble connaître le nombre de crimes non signalés. Toutefois, les statistiques révèlent que les conservateurs ont tort. À entendre ce que disent les députés d'en face on devrait avoir peur de laisser nos enfants sortir le soir. Cependant, la vérité, c'est que le Canada est un pays relativement sûr et que les policier qui servent les collectivités sont bien formés.
En l'occurrence, nous cherchons à modifier le Code criminel pour régler certains problèmes qui sont survenus. Le cas de David Chen et du Lucky Moose Food Mart est important. Laissez-moi raconter l'histoire aux personnes qui ne la connaissent pas. M. Chen a pris sur le fait un homme qui avait déjà commis des vols dans son magasin. Il a décidé de l'appréhender pour l'empêcher de le voler de nouveau et mettre fin à une telle atmosphère qu'il trouvait pénible. Les policiers ont plus tard porté des accusations contre M. Chen parce qu'il avait détenu le voleur. Il a également été accusé de port d'arme parce qu'il avait en sa possession un couteau polyvalent, comme c'est souvent le cas dans les épiceries.
C'était une triste situation qui a finalement été réglée de nombreux mois plus tard et les accusations ont été abandonnées. Cependant, cela a fait ressortir le vrai problème auquel certaines personnes sont confrontées compte tenu des contraintes de nos services publics, qui n'ont bien souvent pas les ressources pour répondre. J'ai été conseiller municipal. Je peux affirmer que les policiers ne peuvent pas toujours intervenir à temps et ne sont pas toujours disponibles. Les problèmes sont tels que, bien souvent, les gens jugent qu'ils n'ont pas le choix. C'est ainsi qu'a eu lieu cette arrestation, qui a eu des résultats regrettables. Le projet de loi modifierait le Code criminel pour corriger la situation.
Nous devons prendre bien garde de ne pas créer une société qui fourmille de groupes d'autodéfense. Nous devrons entendre des témoins nous parler de cela en comité. Nous avons vu des cas où le remplacement des policiers par des citoyens a eu des effets négatifs.
Il y a le cas des Minutemen. Ce groupe est composé d'individus qui patrouillent certaines sections de la frontière canado-américaine parce qu'ils estiment qu'il n'y a pas suffisamment de gardes frontières et de policiers pour le faire. Ils se sont organisés eux-mêmes. J'ai discuté avec des agents du Congrès des États-Unis au sujet de ces groupes parce qu'ils sont souvent armés. comme ils sont aux États-Unis, ils s'arment. Ils sont à la recherche de personnes le long de la frontière entre le Canada et les États-Unis. Ils sont aussi à la frontière sud. Nous avons entendu beaucoup de choses sur ce qu'ils font et sur la manière dont ils le font. Les agents d'exécution de la loi aux États-Unis sont très préoccupés parce que les Minutemen ne sont pas bien formés et qu'ils utilisent des tactiques extrêmes. Il y a eu des actes de violence uniquement parce que des gens traversaient la frontière illégalement ou là où ils ne le devaient pas. il nous faut prendre garde de créer de telles situations. Les Minutemen sont un bon exemple de groupe d'autodéfense qui va trop loin.
En Amérique du Nord, et même dans ma circonscription, Windsor-Ouest, nous avons vu à une époque les Anges gardiens patrouiller les rues. Leur manière d'appréhender des gens a soulevé des questions. Certains chapitres des Anges gardiens sont apparus puis ont disparu, mais pas tous.
Un projet de loi comme celui-là peut alimenter l’idée que nos villes ne sont pas sûres ou que le crime est endémique au Canada. C'est ce que le gouvernement a fait avec son projet de loi omnibus sur la criminalité, qui ne sera pas adopté au cours de la présente session parlementaire, ironiquement parce que le gouvernement a refusé de présenter les amendements qui l’auraient rendu légal. Nous devrons aussi composer avec l’attribution de crédits budgétaires pour ce projet de loi.
Nous devons reconnaître que les ressources seront étirées au maximum. Cette mesure est attribuable à l’existence de groupes comme les Anges gardiens. Ce groupe a été créé à Los Angeles. Il s’est établi partout au États-Unis, puis des chapitres se sont établis au Canada, mais ils n’ont toutefois pas survécu, pour bien des raisons.
Ce projet de loi modifierait le Code criminel pour préciser la loi concernant des situations précises. C'est la grande différence. Selon moi, et d’autres députés pensent peut-être comme moi, ce projet de loi permettra d’aider des gens comme David Chen. Il aidera aussi les députés, par exemple la députée de , à régler des situations comme celle qui s’est produite au Lucky Moose.
Il est aussi question de protection et de possession de biens. Ce sont des facteurs importants. Un certain nombre d'affaires relevant du Code criminel ont été portées devant la justice. Le juge en chef Lamer a affirmé que les articles 34 et 35 n’étaient pas clairs sur la question des biens personnels. Nous voulons que les mesures à prendre et la responsabilité soient établies plus clairement, et nous voulons savoir s’il pourra y avoir réciprocité.
Ce sera intéressant d’entendre l’opinion des témoins, à la prochaine étape de l’étude de ce projet de loi. À mon avis, il faudra vraiment que le gouvernement se montre ouvert à la possibilité d’amendements. Nous voulons nous assurer que la loi sera équilibrée. Le projet de loi proposé par la députée de est équilibré. Des précisions supplémentaires sont nécessaires concernant la possession de biens.
Toutefois, pour être réalistes, nous devons veiller à ce que les gens n’aient pas l’impression qu’ils ne sont plus en sécurité au Canada et que la criminalité y fait maintenant des ravages. Ce n’est absolument pas le cas. En fait, la criminalité diminue au Canada, mais nous devons moderniser certains outils. C'est l’une des choses que nous pouvons faire sans que cela réduise l’efficacité du Code criminel.
Chose intéressante, le projet de loi ne fixe aucune peine minimale obligatoire. Il n'impose aucune peine automatique. Cependant, il clarifie la situation. C'est la différence importante entre cette mesure législative-ci et le projet de loi omnibus du gouvernement, qui coûtera une fortune. Il pose de nombreux problèmes.
Lorsque j'étais coordinateur au conseil multiculturel, j'ai travaillé avec des jeunes à risque. Nous avons constaté que si on leur en donnait l'occasion, ils préféraient travailler ou aller à l'école plutôt que de récidiver. Il est essentiel d'offrir de tels programmes. Nous étions responsables de 16 jeunes à risque, dont 8 étaient des nouveaux arrivants et 8 des Canadiens de longue date. Ces derniers avaient commis de graves erreurs — vol à l'étalage, voies de fait, de petits délits, parfois une infraction liée aux drogues ou un vol mineur. Nous les avons présentés aux néo-Canadiens et inscrits à un programme de lutte contre le racisme et de promotion des programmes communautaires.
Le taux de réussite des participants à ce programme était de plus de 90 p. 100. Les jeunes à problème comprenaient que les néo-Canadiens avaient seulement besoin d'apprendre le processus pour améliorer leur vie. Ils connaissaient le système et apprenaient toutes sortes de choses aux néo-Canadiens. Nous offrions également un programme sur la rédaction de CV, le développement des compétences, l'autonomie fonctionnelle et toutes sortes d'autres choses. C'était une approche beaucoup plus progressiste, et nous affichions un taux de réussite de 90 p. 100. Les jeunes voulaient trouver un emploi.
En conclusion, je remercie la députée de d'avoir soulevé cette question à la Chambre des communes. Il importe de signaler que, pour une fois, le gouvernement devra rechercher le consensus et essayer d'améliorer le système au lieu de fomenter des conflits.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi . J'ai entendu un certain nombre de mes collègues des deux côtés de la Chambre. Au risque de répéter certaines choses qui ont été dites aujourd'hui, je soulignerai les aspects de la mesure qui sont uniques et qui seraient bénéfiques pour les Canadiens.
J'exprime le point de vue de quelqu'un qui représente une vaste circonscription rurale, le territoire du Yukon. Dans une aussi grande circonscription, les contraintes géographiques font qu'il est difficile pour la police d'avoir des agents en nombre suffisant pour couvrir tout le territoire. Cela n'est pas différent de ce qui se passe ailleurs, dans d'autres circonscriptions rurales du Canada. Lorsque des crimes sont perpétrés et que des citoyens peuvent intervenir, il est scandaleux que ces personnes se retrouvent hors-la-loi. Comme l'un de mes collègues l'a fait remarquer, ces héros se sont portés à la défense de leurs concitoyens et de leurs biens; ils ont fait leur devoir. Par le biais de la mesure à l'étude, nous voulons faire en sorte que lorsque des gens agissent en héros, qu'ils interviennent et qu'ils font ce qui s'impose pour prévenir des crimes, ils ne soient pas punis, car ils ont agi de façon responsable en tant que citoyens canadiens.
De nombreux programmes en vigueur au Canada consacrent déjà le rôle que jouent les citoyens dans la prévention du crime. Je songe notamment à des programmes comme Échec au crime et Surveillance de quartier et aux patrouilles effectuées par les citoyens. Ce sont là autant d'exemples qui encouragent les simples citoyens à devenir les yeux et les oreilles de la police. Sans leur aide, les policiers auraient beaucoup de mal à s'acquitter de leur travail étant donné leurs lourdes responsabilités, les grandes distances qu'ils doivent couvrir et les ressources limitées dont ils disposent dans certaines régions de notre pays. Ils comptent énormément sur ces programmes exceptionnels.
On peut voir dans les journaux canadiens des annonces d'Échec au crime sollicitant des tuyaux et l'aide des Canadiens. L'organisation publie la photo de contrevenants qui sont recherchés pour divers crimes. Ce faisant, elle demande de toute évidence l'aide de la population. On ne demande pas aux citoyens de se lancer à la recherche de ces personnes, mais plutôt d'observer et de noter ce qui se passe et d'en faire rapport aux autorités pour que la police puisse intervenir le plus rapidement possible. C'est certainement là le genre d'activités que notre gouvernement continuera de promouvoir.
Le terme « justicier » a été employé des deux côtés de la Chambre aujourd'hui. On craint que tout à coup, investis de ce nouveau pouvoir, les gens se mettent à se faire justice eux-mêmes, comme si les Canadiens n'avaient rien de mieux à faire que de patrouiller les rues en prétendant être des policiers. Je ne pense pas que l'intention du projet de loi soit de conférer aux simples citoyens un pouvoir élargi qui leur permettrait de patrouiller les rues et d'agir comme s'ils étaient des policiers. On devrait plutôt parler de protection, un terme plus approprié lorsqu'il s'agit de personnes qui agissent en héros. Nous encourageons tous les Canadiens à recourir à la police comme première ligne de défense, cette entité étant mandatée pour protéger les rues et réprimer le crime au Canada. Quant aux simples Canadiens, leur rôle consiste à observer, à noter ce qui se passe et à faire rapport à la police lorsqu'ils sont témoins de crimes.
Que ce soit dans les déclarations de députés ou au cours des débats sur d'autres projets de loi ou d'autres questions, j'entends des députés des deux côtés de la Chambre proclamer qu'ils s'opposent à l'intimidation et à la conduite avec facultés affaiblies au pays, dénoncer la violence à l'endroit des femmes et la violence familiale et affirmer que nous ne pouvons pas tolérer de telles choses. Le projet de loi protégerait les personnes qui ont les qualités, les connaissances, la capacité et parfois même simplement le courage voulus pour faire que cela cesse. Je ne voudrais pas que ces personnes deviennent victimes d'une mesure législative qui n'est pas claire.
Peut-on s'imaginer que si, en marchant dans la rue, on entendait un appel à l'aide, il faudrait craindre qu'en intervenant, à supposer qu'une intervention physique soit nécessaire, on risquerait de se faire arrêter alors qu'on chercherait simplement à faire ce qu'il faut et à porter secours à quelqu'un?
Nous savons aujourd'hui que l'une des façons les plus efficaces de prévenir l'intimidation est d'oser la dénoncer. Imaginons cependant qu'on le fasse, mais qu'on finisse par devoir recourir à une force raisonnable pour protéger un concitoyen et qu'on se fasse arrêter et accuser pour être ainsi intervenu. C'est arrivé dans notre pays et c'est une honte, parce qu'on décourage ainsi les Canadiens de faire ce qu'il faut faire. On les décourage d'agir, non pas seulement pour être des héros, mais pour faire la bonne chose, ce qu'on attend d'eux et ce que nous devrions faire en tant que Canadiens.
Il est un peu ironique que nous ayons à la Chambre le courage d'affirmer que nous ne tolérerons pas l'intimidation, la conduite avec facultés affaiblies, la violence familiale et la violence à l'endroit des femmes, mais que nous permettions l'existence de lois qui font passer pour des criminels des gens qui ont le courage, les qualités, les connaissances et la capacité voulus pour agir.
J'attire l'attention de la Chambre sur un livre magnifique, écrit par Amanda Ripley, intitulé L'impensable. Elle y explique qu'il y a de fortes chances que la personne qui sauve notre vie en cas de problème, que ce soit à la ville ou à la campagne, soit l'un de nos concitoyens, un Canadien ordinaire. C'est un fait, peu importe le lieu de résidence.
Un député de ce côté-ci de la Chambre a donné l'exemple de la prévention des incendies. Que notre maison brûle, que l'on soit blessé et que l'on ait besoin d'une ambulance ou que l'on soit victime d'un crime, il y a de fortes chances que la première personne qui interviendra, qui sera là et qui sonnera l'alarme, n'exerce pas le métier de pompier, d'ambulancier paramédical ou de policier. Les premiers intervenants sont généralement des citoyens canadiens ordinaires. Ils sont les héros qui, quotidiennement, sauvent des vies si un incendie, une urgence médicale ou un acte criminel se produit. Notre objectif, c'est de nous doter de dispositions législatives permettant aux Canadiens de jouer le rôle que nous voulons et espérons qu'ils joueront dans ces situations et d'éviter qu'ils ne fassent l'objet d'accusations criminelles par la suite.
Je comprends les préoccupations exprimées des deux côtés de la Chambre voulant que ce projet de loi pourrait inciter les gens à vouloir se faire justice eux-mêmes, mais je ne pense pas que ce sera nécessairement le cas. À mon avis, les gens comprennent que cette mesure législative ne leur confère pas des pouvoirs élargis. Comme je l'ai dit, je ne pense pas que cette mesure donne des pouvoirs élargis aux Canadiens. Je suis d'avis qu'il s'agit d'une mesure importante et nécessaire pour mieux protéger les Canadiens.
Des articles du Code criminel régissent déjà l'utilisation de la force et les situations dans lesquelles le recours à la force est justifié. En vertu de l'article 37, toute personne est fondée à employer la force pour se défendre d'une attaque, ou pour défendre toute personne placée sous sa protection, si elle n'a recours qu'à la force nécessaire pour prévenir l'attaque ou sa répétition. C'est la disposition actuelle, mais nous devons veiller à ce qu'elle soit claire, afin d'éviter que les gens ne se fassent justice eux-mêmes et qu'ils abusent de cette autorité. Je crois que le projet de loi nous permettrait de faire cela.
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Monsieur le Président, je me lève dans cette Chambre aujourd'hui pour appuyer le projet de loi lors de la deuxième lecture.
Ce projet de loi résulte des évènements ayant eu lieu à l'épicerie Lucky Moose. Je suis bien certaine que nous sommes tous au courant des événements, mais je vais tout de même revenir rapidement sur les faits. M. Bennett avait volé une plante à l'épicerie de M. Chen. Ce dernier avait déjà été victime de plusieurs vols dans son établissement. Avec l'aide d'une caméra, il a été capable d'identifier M. Bennett. Une heure plus tard, M. Bennett est revenu au Lucky Moose. À ce moment-là, M. Chen, aidé de deux parents, a arrêté M. Bennett avec un couteau et ils l'ont attaché à l'arrière d'un camion, si je ne me trompe pas. Il serait important de souligner que, lors du procès qui a eu lieu, suite à cet incident, M. Bennett a avoué être revenu à l'épicerie de M. Chen avec l'intention de commettre à nouveau son méfait.
Après avoir arrêté M. Bennett, M. Chen a appelé la police afin que des agents puissent prendre le malfaiteur en charge. Cependant, au moment où les policiers sont arrivés, ils ont arrêté non seulement M. Bennett, mais aussi M. Chen et ses parents. Ces derniers furent inculpés pour l'enlèvement, l'agression et la réclusion de M. Bennett puisque, selon les policiers, M. Bennett n'était pas en train de voler au moment de son arrestation par M. Chen. Cette arrestation a soulevé une réaction médiatique dans la population et a soulevé un sentiment d'injustice à l'endroit de M. Chen. J'aimerais répéter qu'il s'agissait du patron d'une PME qui a arrêté un voleur lorsque celui-ci le cambriolait et ainsi, lui enlevait son gagne-pain.
Finalement, l'idée du projet de loi est née de ce sentiment d'injustice qui a gagné le pays tout entier. C'est la députée de qui fut la première à réagir avec son projet de loi émanant des députés, projet de loi qui a été présenté à cette Chambre lors de la dernière législature.
Je souhaite souligner mes sentiments de solidarité envers M. Chen et les patrons de PME, partout au pays. Ils travaillent dur afin de rendre des services indispensables à leur communauté tout en gagnant leur vie. Les PME et les familles qui les dirigent sont particulièrement vulnérables face à des vols tels que celui commis par M. Bennett. Elles ne peuvent que se résigner à un maigre profit sur leurs ventes puisqu'elles possèdent beaucoup moins de biens et de capitaux que les grandes entreprises qui peuvent se permettre d'être plus concurrentielles. Ces PME sont au coeur des communautés de notre pays. Nous devons leur donner les moyens de survivre.
Ma circonscription de compte de multiples PME semblables à celle de M. Chen et notre richesse économique provient beaucoup de leur travail. Il me tient à coeur d'écouter et de comprendre leurs besoins, leurs craintes et les difficultés auxquelles elles font face. Je comprends très bien jusqu'à quel point tous les vols, aussi petits soient-ils, affectent le revenu modeste de M. Chen et de sa famille, et jusqu'à quel point il était important pour eux d'arrêter M. Bennett puisqu'aucun policier n'était présent.
La raison pour laquelle j'appuie ce projet de loi en deuxième lecture est fondée sur ce sentiment de solidarité envers les PME. Dans sa nature actuelle, la loi n'a pas réussi à défendre les intérêts de M. Chen. Il était victime de vols à répétition et, par la suite, victime de notre système juridique puisque la loi reflétait une vision insensible à son cas.
Dans des cas comme celui-ci et pour lesquels nous reconnaissons que le statu quo est déséquilibré, il s'agit d'une responsabilité que nous, les politiciens, devons prendre en charge. Nous avons l'obligation de réfléchir et de déterminer un nouvel équilibre légitime et juste. C'est pourquoi j'appuie le principe de ce projet de loi en deuxième lecture.
Ceci étant dit, j'ai hâte de poursuivre plus en profondeur l'étude de ce projet de loi au sein du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Il est impératif de souligner quelques aspects de ce projet de loi méritant plus de discussions.
Tout d'abord, nous devons reconnaître que ce projet de loi ne doit pas devenir une invitation pour les patrons des PME à utiliser cette forme d'arrestation, car ce n'est pas leur travail. À cet égard, nous devons être très prudents en ce qui concerne le message envoyé par ce projet de loi. Lorsque nous parlons de l'arrestation par un citoyen et de l'établissement d'une flexibilité en ce qui concerne le moment où l'arrestation devient légale — ce qui est introduit par ce projet de loi — il est nécessaire de souligner qu'il s'agit d'un droit qui devrait être utilisé seulement lors de cas exceptionnels et extrêmes.
Je répète que ce projet de loi ne doit pas être un incitatif ou une invitation publique pour que n'importe quel citoyen, dans n'importe quelle circonstance, exerce le droit d'arrêter quelqu'un soupçonné de vol. Ce projet de loi n'est qu'une réponse à la double injustice qu'a subie M. Chen et celle que pourraient subir d'autres patrons de PME qui pourraient se retrouver dans la même situation.
Nous ne souhaitons pas mettre en péril la situation de patrons d'épiceries comme M. Chen. Nous devons donc encourager davantage d'autres formes d'îlotage et d'autres mesures qui pourraient contribuer à réduire la propension de voler que peuvent ressentir certaines personnes.
Je tiens également à souligner que ce projet de loi ne devrait absolument pas ouvrir la porte à n'importe quelle forme de traitement envers ceux qui seront arrêtés par un concitoyen en attendant l'arrivée de la police. J'espère que le comité se penchera sur cette question afin de l'étudier en profondeur.
J'aimerais donc conclure sur ce dernier point. Je ne connais pas bien le parcours de vie de M. Bennett, mais je souhaite vivement mettre l'accent sur le fait que, afin de protéger des gens comme M. Chen, il nous incombe, en tant que politiciens, d'étudier les facteurs et les déterminants humains et sociaux qui poussent vers la criminalité des citoyens comme M. Bennett. Je ne dis pas qu'il n'y aura jamais de voleurs dans notre société, et nous devons nous assurer qu'il y aura des lois pour protéger nos concitoyens contre le vol. Je dis simplement que l'événement malheureux ayant eu lieu à l'épicerie de M. Chen ne devrait pas nous donner carte blanche afin de catégoriser les gens comme bons ou méchants.
La réalité est beaucoup plus complexe et nous ne devons pas l'oublier. Afin de rendre nos rues plus sécuritaires pour nos familles et pour nos commerces, comme celui de M. Chen, nous devons nous pencher sur les racines des gestes de M. Bennett. Nous devons protéger tous nos concitoyens.
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Monsieur le Président, j'ai l'honneur et le privilège de me prononcer à la Chambre sur ce dossier, que mes électeurs prennent très au sérieux. Le débat entourant cette question découle d'un incident qui s'est produit il y a quelques années, près de la petite municipalité rurale de Tees, en Alberta. Cette collectivité est située à environ 45 minutes de route du poste de la GRC le plus près. C'est ce poste de la GRC qui serait intervenu.
La nuit de l'incident, le citoyen de la municipalité en question a été réveillé au milieu de la nuit; il était environ une heure. Je ne connais pas les détails, puisque je n'étais pas là, mais selon les divers reportages des médias et les renseignements dont je dispose, l'homme a été réveillé. Je crois que son épouse était à l'extérieur, en train de surveiller la ferme, et ses jeunes enfants étaient sur les lieux. Il a remarqué trois individus qui essayaient de voler un quatre-roues dans sa cour. En fait, ils utilisaient son propre camion pour le faire.
Comme il était dans une maison de ferme éloignée, l'homme en question a saisi des outils, est sorti de la maison et s'est lancé à la poursuite de ces individus sur la route. Il a fini par se servir de sa propre voiture pour heurter le camion et le faire sortir de la route; bien sûr, le quatre-roues est tombé dans le fossé. Ensuite, l'homme a téléphoné à des voisins, et une battue s'est organisée pour attraper ces individus. Ils ont été capturés, puis ils se sont enfuis de nouveau à bord d'un des véhicules. Sans donner trop de détails sur les événements, disons qu'on a fini par recourir à la force.
L'homme qui protégeait ses propres biens a fini par recevoir plus de chefs d'accusation que ceux qui complotaient pour voler les biens personnels qu'il avait obtenus à force de travail. Ce citoyen respectueux des lois a payé ses impôts et a utilisé son revenu net pour acheter ces biens. Il a tout fait selon les règles. En fait, il est de ces hommes qui n'hésiteraient pas à prêter main forte à la GRC ou à un agent de police en cas de besoin. Pourtant, en raison des dispositions imprécises concernant l'arrestation par un simple citoyen et le degré de force que l'on peut employer, c'est celui qui protégeait ses biens qui a reçu le plus grand nombre de chefs d'accusation.
C'est scandaleux. Cela a choqué tant de gens dans la collectivité que beaucoup d'argent a pu être amassé. Je n'ai jamais vu une meilleure raison d'amasser de l'argent dans une collectivité. Un fonds de défense a été créé pour cette personne. Des dizaines, sinon des centaines de milliers de dollars ont été donnés par des propriétaires inquiets, des citoyens respectueux des lois qui ont jugé qu'il y avait eu une très mauvaise interprétation des règles de justice pour que la personne en question se retrouve avec plus de chefs d'accusation contre lui que contre les individus qui avaient commis le crime. Après des procès, les trois individus qui avaient conspiré pour voler la propriété de cette homme se sont vus imposer à eux trois un total de 45 jours d'emprisonnement et 400 $ d'amende.
L'individu qui défendait son bien est passé par la négociation de plaidoyers avec son fonds de défense et ses avocats et, après avoir examiné la situation, il a pris sa propre décision. Je ne présumerai pas des raisons qui l'ont amené à la négociation de plaidoyers, mais il a plaidé coupable à une accusation et les autres ont été abandonnées. Cet homme a été condamné à un total de 90 jours d'emprisonnement. Donc, pour avoir défendu ses biens, cet homme, qui n'a pas respecté les règles de défense de la propriété, des arrestations par des citoyens et autres — mais peut-être que ces règles n'étaient pas claires — s'est retrouvé avec des accusations plus lourdes que celles des individus qui avaient conspiré pour lui voler des biens.
De telles situations heurtent sans raison la sensibilité des électeurs de , circonscription que je représente. Sans entrer dans le détail, est-ce que des erreurs ont été commises des deux côtés? Tout à fait. Des erreurs ont été commises. Cependant, je ne voudrais pas faire douter qui que ce soit de la nécessité d'apporter de sérieuses modifications à la loi qui s'applique à de telles accusations.
Avant de devenir député, j'ai eu l'honneur et le privilège de servir comme agent d'exécution de la loi. Je n'étais pas policier, mais j'ai été pendant une courte période agent de conservation, c'est-à-dire gardien dans un parc national, aussi je comprends certaines subtilités des difficultés auxquelles sont confrontés les agents d'exécution de la loi. Nous ne pouvons pas être partout tout le temps. Nous ne pouvons pas combler tous les besoins et prévenir tous les crimes.
Cependant, même si des gens aiment dire que les taux de criminalité sont à la baisse, dans notre société, il se produit énormément de crimes mineurs contre les biens. J'en entends constamment parler dans ma circonscription. C'est devenu un problème de société plutôt qu'un problème strictement de criminalité.
Normalement, en bons citoyens canadiens, des gens prendraient les choses en main et pourchasseraient le voleur. Soit dit en passant, lorsque j'étais agent de la paix, j'ai pu arrêter des personnes et les faire inculper la plupart du temps non pas à cause de mes patrouilles sur le terrain, mais grâce à l'information que j'ai reçue de la part de citoyens m'ayant signalé des crimes, par exemple, des actes de braconnage.
Les policiers comptent sur le public en général pour obtenir l'information leur permettant d'intervenir. Ils ont besoin de témoignages pour pouvoir porter des accusations, car la police n'a pas le don d'ubiquité.
Dans ce cas, la personne est intervenue et a pris l'affaire en main, comme tout bon citoyen le ferait, en sachant que l'autre solution consistait à téléphoner à la police et à attendre qu'elle arrive sur les lieux, ce qui aurait pris au mieux de 45 minutes à une heure, en supposant que des agents aient été disponibles pour intervenir.
La police aurait alors simplement rédigé un rapport. Le propriétaire aurait transmis ce rapport à son assureur, qui aurait déduit la franchise de l'indemnité versée. Puis, le propriétaire aurait eu à remplacer les biens volés en payant de sa poche. Les voleurs n'auraient probablement pas été appréhendés, et les primes d'assurance de tout le monde auraient augmenté légèrement en raison des incessants vols mineurs. Cette histoire m'est beaucoup trop familière. Elle se produit constamment, et les vols concernent en particulier les quatre-roues et les autres véhicules à but récréatif.
En bon citoyen qu'il est, cet homme de ma circonscription a pourchassé les voleurs, ce qui lui a causé des ennuis additionnels. Je tiens vraiment à souligner que c'est une insulte à l'intelligence de mes électeurs. Les précisions dont nous avons besoin sont contenues dans ce projet de loi. Voilà ce qui s'est produit dans cette affaire.
Le projet de loi prévoit plusieurs changements, notamment que la personne ne sera plus obligée d'attraper l'auteur de l'infraction sur le fait, sans jamais perdre contact avec lui. Selon la loi actuelle, je dois poursuivre immédiatement l'auteur de l'infraction si je veux effectuer une arrestation en tant que simple citoyen. Je ne peux rien faire d'autre qu'appréhender la personne au moment où je viens de la voir commettre une infraction ou en la pourchassant sur-le-champ.
Ceci nous amène au cas de M. Chen. Celui-ci savait que quelqu'un avait commis à plusieurs reprises des infractions dans son magasin. C'est formidable qu'il ait été acquitté; ce qui a heurté la sensibilité des Canadiens, c'est sa mise en accusation. Voilà ce que le projet de loi vise à changer, et je crois que de nombreux députés à la Chambre sont en faveur de cela. C'est une très bonne chose.
L'autre modification proposée vise à clarifier les dispositions régissant les moyens de défense relativement aux biens, qui sont actuellement réparties dans trois ou quatre articles du Code criminel. On cherche essentiellement à regrouper l'information pour la rendre plus claire.
Je ne saurais trop insister sur l'importance d'appuyer cette mesure législative. Je l'ai déjà dit et je le répète, à titre d'ancien agent de la paix, je sais fort bien à quel point j'ai compté sur des renseignements provenant de la population; j'en avais besoin et je m'y fiais. Les agents de la paix comptent sur la population, car celle-ci leur permet d'avoir accès à des informations, de déposer des plaintes et de porter des accusations. Il s'agit de l'élargissement des moyens de défense relativement aux biens et de la clarification des règles à l'égard des personnes qui portent des accusations à titre de simples citoyens contre des gens parce qu'ils savent que ces derniers ont commis récemment une infraction.
Le libellé devra être mis à l'épreuve, mais il me semble que c'est une simple question de logique pour la vaste majorité des honnêtes citoyens canadiens qui sont prêts à aider la GRC, leur service de police ou toute autre force de l'ordre avec laquelle ils se trouveraient à collaborer. Il s'agirait d'un prolongement naturel leur permettant de s'impliquer activement et de prêter main-forte à la police, au lieu de simplement téléphoner à la police ou à Échec au crime. Nous savons que la tâche est déjà fort difficile. Nous savons que les policiers ont beaucoup à faire quotidiennement. Il semble logique que la société joue un rôle de plus en plus actif.
:
Monsieur le Président, comme c'est la dernière occasion que j'aurai de prendre la parole à la Chambre avant la pause des Fêtes, je vous souhaite à vous, aux pages et à tous mes collègues un joyeux Noël et une bonne année.
[Français]
Je veux souhaiter aux citoyens de Nickel Belt un très Joyeux Noël et une très bonne et heureuse année.
[Traduction]
Permettez-moi de résumer le projet de loi . Le projet de loi modifie le paragraphe 494(2) du Code criminel portant sur l'arrestation par des citoyens pour y intégrer plus de souplesse. Les changements permettraient à un citoyen de procéder à une arrestation sans mandat dans un délai raisonnable. En l'occurence, les mots clés sont « dans un délai raisonnable ». En ce moment, le paragraphe 494(2) exige qu'une arrestation par un citoyen se fasse au moment où le crime est perpétré. Parfois, c'est impossible.
Le projet de loi modifie également les articles du Code criminel portant sur la légitime défense et la défense des biens. Selon le gouvernement, ces changements entraîneront des réformes nécessaires qui simplifieront les dispositions complexes du Code criminel en matière de légitime défense et de défense des biens. Ils préciseront aussi les cas où l'emploi de la force, dans une mesure raisonnable, est autorisée.
Étant donné que la moitié du projet de loi propose des mesures que la députée néo-démocrate de avait déjà réclamées, nous allons l'appuyer, du moins à l'étape de la deuxième lecture. Cette partie du projet de loi modifie le paragraphe 494(2) du Code criminel portant sur l'arrestation par des citoyens afin de permettre des arrestations sans mandat dans un délai raisonnable. On reprend encore une fois l'expression « dans un délai raisonnable ».
L'autre moitié du projet de loi vise à clarifier des articles du Code criminel portant sur la légitime défense et la défense des biens. Nous appuyons en principe l'idée d'en améliorer le libellé pour qu'il soit plus clair, surtout parce que les tribunaux ont critiqué son manque de clarté. Un examen plus approfondi s'impose pour déterminer si la mesure clarifie effectivement ces articles, et si les conséquences de ces éclaircissements sont acceptables à nos yeux. C'est le genre de travail que nous pouvons faire à l'étape de l'étude en comité.
J'ajoute que nous ne sommes pas disposés à appuyer quoi que ce soit qui encouragerait le phénomène du justicier, ou qui inciterait les gens à compromettre leur propre sécurité. Cela ne semble pas être l'objectif du projet de loi, mais nous croyons savoir que les questions relatives à l'arrestation par des citoyens, à la légitime défense et à la défense des biens suscitent bien des préoccupations. C'est une autre raison pour laquelle nous devons examiner attentivement le projet de loi à l'étape du comité.
Permettez-moi de mettre cette mesure législative en contexte. Le 23 mai 2009, David Chen, propriétaire du Lucky Moose Food Mart, à Toronto, a appréhendé un homme, Anthony Bennett, qui avait commis un vol dans son établissement. M. Bennett a d'abord été vu en train de voler dans le magasin sur la vidéo de sécurité. Il est retourné sur les lieux une heure plus tard. À ce moment-là, M. Chen, qui était âgé de 36 ans, et deux employés ont ligoté l'homme et l'ont enfermé à l'arrière d'une camionnette de livraison.
Quand les policiers sont arrivés, ils ont accusé Chen d'enlèvement. C'est incroyable, mais vrai. On l'a accusé d'enlèvement, de port d'arme dangereuse, un couteau polyvalent que la plupart des employés d'épicerie ont normalement sur eux, de voies de fait et de séquestration.
La plupart des députés qui sont intervenus aujourd'hui ont parlé d'expériences qu'ils avaient vécues personnellement. Je vais vous parler de quelque chose qui m'est arrivé. Quelqu'un a volé deux choses dans ma remise. Il y avait d'une part ma boîte à outils. Je suis bien loin d'être Monsieur Bricole, mais j'aime faire des petits travaux dans la maison. Mais une des choses que je déteste le plus, je ne sais pas pourquoi, c'est poser des rideaux.
Quand je suis allé chercher ma perceuse électrique pour poser des rideaux comme me le demandait ma femme, ma perceuse avait disparu. Il y avait du bon et du mauvais là-dedans. Cela pouvait être catastrophique parce que j'avais perdu ma perceuse électrique, mais cela pouvait aussi être une bonne chose parce que je déteste installer des rideaux. Il y avait du pour et du contre. En l'occurrence, j'ai été plutôt soulagé, parce que je n'aime vraiment pas poser des rideaux.
La deuxième chose qu'on m'avait volée, c'était mon sac de golf. Ça, ça peut être catastrophique. Je ne joue plus beaucoup au golf, mais je suis sûr que tout le monde imagine ce que j'ai ressenti quand j'ai vu que mon sac de golf avait disparu. Ça fait mal, surtout quand il y a les bâtons dans le sac. C'est vraiment frustrant, surtout quand c'est un samedi matin, qu'il fait 75° et qu'on voit que son sac et ses bâtons ont disparu alors que les copains vont faire une partie de golf. Cela peut faire vraiment mal, plus mal que de perdre des outils électriques, encore que les bâtons de golf soient aussi un outil, un outil de plaisir.
Pour en revenir à M. Chen, les procureurs ont laissé tomber les accusations d'enlèvement et de port d'arme, mais ils ont conservé celles de séquestration et de voies de fait.
En vertu du Code criminel actuel, un propriétaire ne peut procéder à une arrestation que s'il prend sur le fait le malfaiteur présumé.
Cela marche dans certains cas, si par exemple c'est un magasin Walmart où il y a des gardes de sécurité qui peuvent arrêter les gens. Mais les propriétaires de dépanneur n'ont pas les moyens de se payer des gardes de sécurité. S'ils voient quelqu'un voler leurs marchandises, ils sont obligés d'intervenir.
Le 29 octobre 2010, M. Chen et ses deux coaccusés ont été acquittés des accusations de séquestration et de voies de fait. Anthony Bennett a plaidé coupable en août 2009 à l'accusation de vol dans le magasin et a été condamné à juste titre à 30 jours de prison.
Cette affaire a suscité beaucoup de controverse, notamment quant à la question de savoir s'il y avait une présence policière suffisante dans le secteur.
Ma circonscription, , couvre un vaste territoire. Le trajet entre Foleyet, à l'Ouest, et Garden Village, à l'Est, peut prendre sept heures, tandis que, pour franchir la distance entre Killarney, au Sud, et Capreol, au Nord, il faut compter quatre ou cinq heures. Nous avons un excellent poste de police, et les policiers sont très compétents, mais leurs services ne sont pas offerts 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Comme le territoire est énorme, un agent de police peut rarement arriver sur les lieux d'un crime en quelques minutes. Il faut tenir compte de cela.
Comme il ne me reste plus qu'une minute, je vais dire en terminant que nous allons appuyer ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Nous souhaitons qu'il soit examiné soigneusement; autrement dit, il ne faut pas précipiter les choses. Nous voulons entendre des témoins spécialisés dans le droit pénal et des experts du ministère de la Justice, de l'Association du Barreau canadien et d'autres organismes. Nous devons examiner très attentivement le projet de loi. Nous ne devrions pas nous fier uniquement à nos connaissances, mais plutôt mettre à profit l'expertise des personnes qui ont analysé ces dispositions, qui ont étudié tous les cas et qui peuvent nous aider à prendre les bonnes décision.
Cela dit, nous allons appuyer le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, mais nous voulons qu'il fasse l'objet d'un examen très attentif en comité.
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Monsieur le Président, comme mon collègue qui a pris la parole avant moi, je ne suis pas avocat, ce qui est d'ailleurs souvent un avantage en campagne électorale. C'est le petit cadeau que je fais à mes collègues. J’ai pensé que je pourrais juste lancer ces remarques et voir ce qu’il en ressortira.
J’ai une certaine expérience en matière de maintien de l’ordre, entre autres, puisque j’ai été solliciteur général de l’Ontario. Ainsi, je suis un peu au courant des enjeux qui sont en cause sur le plan du droit criminel et de son application.
Je suis sûr que d’autres l’ont déjà dit avant moi, mais je souligne qu’il est intéressant de voir que nos notes d’information précisent que cinq des articles visés par ce projet de loi proviennent du Code criminel original de 1892, ce qui met certaines choses en évidence. La première chose qui saute aux yeux, c'est que ces dispositions sont en vigueur depuis vraiment longtemps. La deuxième, c'est qu’il y a là des éléments qui sont encore pertinents, même s’ils ont été adoptés au XIXe siècle. Cela nous en dit long. Je lève mon chapeau à nos prédécesseurs qui ont su concevoir un droit criminel aussi pertinent pour les Canadiens.
Il est aussi intéressant de voir que cette mesure législative est maintenant connue sous le nom de projet de loi Lucky Moose, ce qui me rappelle une autre histoire qui faisait l’actualité quand j’étais à Toronto et que je siégeais à l’Assemblée législative de l’Ontario. On parlait alors du tristement célèbre Loose Moose, mais il s’agissait d’un tout autre problème. C’était un bar, et beaucoup d’activités criminelles se déroulaient probablement dans ses environs. Je ne crois pas y être jamais allé, alors je ne cours aucun risque. Quoi qu’il en soit, nous parlons maintenant du projet de loi Lucky Moose.
Je vois que mon collègue est arrivé. Je ne sais pas s’il désire que j’abrège mon intervention ou que je poursuive. Je le remplace et j’attends un signe de sa part. Il sait que, s’il ne me fait pas signe de me taire, je peux continuer longtemps.
M. Peter Julian: J’apprécie le discours du député, mais je serais heureux de prendre la parole.
M. David Christopherson: Monsieur le Président, je pense que la Chambre aura maintenant droit à une pièce de choix, parce que voici quelqu'un qui s’est préparé beaucoup plus que moi à prendre la parole sur ce projet de loi, et je suis tout à fait prêt à conclure mon intervention pour permettre à mon collègue de faire un discours plus réfléchi.
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Monsieur le Président, je suis reconnaissant à mon collègue, le député d', d'avoir comblé le vide entre certaines des observations à la Chambre aujourd'hui et mon allocution. Compte tenu des événements d'aujourd'hui, il se passe toutes sortes de choses, qui m'ont retardé de quelques minutes. J'en demande pardon.
Je remercie également mon confrère d'en face d'avoir indiqué vouloir continuer d'écouter le député d'. S'il a fait cette proposition, ce n'est pas seulement à cause de la belle éloquence du député d', mais aussi parce qu'il sait très bien que je suis déjà intervenu à la Chambre, comme je m'apprête à le faire, pour critiquer vertement le soi-disant programme du Parti conservateur en matière de justice.
Nous avons entendu le député de parler du projet de loi avec beaucoup d'éloquence. La mesure législative est l'aboutissement du travail de la députée de . Il faut d'ailleurs lui rendre hommage parce qu'elle a défini de nombreux éléments du projet de loi que nous étudions. Puisque c'était un de ses électeurs, le propriétaire du magasin Lucky Moose Food Mart, qui a été accusé à l'origine, elle s'est attaquée à ce dossier afin de préciser la manière dont les petits entrepreneurs peuvent se protéger dans une situation de ce genre. C'est la députée de qui a jeté les fondements du projet de loi.
Un problème se pose quand on va au-delà du projet de loi. Nous l'appuierons à l'étape de la deuxième lecture. Toutefois, nous constatons que de nombreuses dispositions ont été ajoutées au travail de la députée de . Comme la Chambre le sait, les députés néo-démocrates font toujours leurs devoirs. Je suis sûr que les députés ont vu les chiffres: 71 p. 100 de tous les projets de loi présentés à la Chambre proviennent de notre caucus, qui est composé de vétérans aguerris et de nouvelles recrues très dynamiques. C'est, de loin, le caucus le plus riche en talents à la Chambre. C'est pourquoi la députée de a pu présenter ce projet de loi.
Malheureusement, comme les conservateurs rédigent souvent leurs politiques en matière de justice au dos d'une serviette de table, nous allons devoir examiner les dispositions supplémentaires à l'étape de l'étude en comité, comme nous le faisons toujours. Nous allons faire notre devoir. Nous allons étudier l'incidence de chacune des dispositions supplémentaires ajoutées par le gouvernement conservateur et faire des suggestions pratiques et positives, comme d'habitude.
La question est de savoir si les conservateurs accepteront ces suggestions positives. Seul le temps le dira.
Toutefois, quand on tient compte de la teneur générale du prétendu programme en matière de justice du gouvernement conservateur, on constate qu'il y a de très bonnes raisons de ne pas faire confiance au gouvernement.
Les conservateurs ont mis en place un programme carcéral massif, sans prévoir de budget. Ils ne savent pas d'où proviendront les fonds. Les provinces ne le savent pas non plus. Les conservateurs ont rédigé le projet de loi au dos d'une serviette de table, sans tenir compte des conséquences, et ils ont présenté un des projets de loi les plus coûteux de toute l'histoire du Canada.
De plus, le gouvernement conservateur a réduit le financement consacré à la prévention du crime. Il faut être complètement déconnecté des collectivités de partout au pays pour décider de détruire des programmes de prévention du crime, alors que ces investissements sont au coeur même des efforts qui servent à créer des fondations solides sur lesquelles ont pourra bâtir des collectivités plus sûres. Le NPD a toujours soutenu ces programmes avec ferveur. Le gouvernement a coupé des programmes de prévention du crime et de lutte contre la toxicomanie au moment où nous avons justement besoin de ces outils pour éviter que des gens soient victimes de crimes et pour continuer de réduire le taux de criminalité. Voilà le genre de mesures qu'il faut adopter.
Mais le gouvernement fait le contraire: il utilise 10 ou 12 milliards de dollars — les gens de l'autre côté ne connaissent même pas le chiffre exact — pour bâtir des prisons, tout en mettant la hache dans les programmes de prévention du crime et de lutte contre la toxicomanie. Ça ne tient pas debout. Quand on y regarde de près, on ne peut pas être convaincu que le gouvernement agit à bon escient.
Le Président sait très bien — puisqu'il a étudié cette question, contrairement à ses collègues de l'autre côté — que d'un point de vue fiscal, chaque dollar investi dans les programmes de prévention du crime et de lutte contre la toxicomanie permet aux contribuables d'économiser 6 $ en dépenses liées aux services policiers, aux prisons et aux tribunaux. Donc 1 $ pour en économiser 6.
Les députés de l'autre côté disent: « Ça ne nous intéresse pas. Nous voulons seulement investir plus d'argent dans les prisons », mais cette décision ne peut pas être émotive. Les conservateurs ne doivent pas prendre une décision émotive. Ils doivent prendre une décision pratique et se rendre compte que la pire chose qu'ils puissent faire, c'est de mettre la hache dans les programmes de prévention du crime et de lutte contre la toxicomanie.
Quelles sont les autres réalisations des conservateurs? Ils ont bien sûr refusé de tenir leur promesse et d'embaucher des policiers de première ligne partout au pays. On voit aussi une multitude de complications parce qu'ils tentent d'empêcher les provinces de signer des ententes avec la GRC. Ce qui m'apparaît particulièrement grave — je prends un moment pour en parler parce que c'est un sujet qui nous tient beaucoup à coeur, à moi et à mes collègues de ce côté-ci de la Chambre — c'est qu'ils refusent depuis cinq longues années d'établir un fonds d'indemnisation pour les agents de la sécurité publique.
Il est vrai que le fonds d'indemnisation des agents de la sécurité publique était une initiative du NPD. Elle a été présentée à la Chambre par le NPD et a reçu l'appui des députés conservateurs. Depuis 2005, l'année où ils se sont engagés à le créer, ils ne cessent de rabrouer les policiers et les pompiers qui, chaque année, exhortent les parlementaires et le gouvernement à créer en priorité un tel fonds. Pourquoi insistent-ils autant? Parce que, parmi les pompiers et les policiers qui décèdent chaque année, certains ne sont pas couverts par des régimes d'assurance ou des conventions collectives municipales ou provinciales.
J'ai parlé à plusieurs familles et j'ai vu ce qui se produit lorsqu'elles ne sont pas couvertes par une assurance, comme par exemple le fonds d'indemnisation des agents de la sécurité publique. Nous parlons des personnes qui deviennent veufs ou veuves à la suite du décès d'un pompier ou d'un policier et qui risquent de devoir vendre leur maison. Nous parlons d'enfants qui faisaient des études postsecondaires jusqu'au jour où leur parent, qui exerce le métier de pompier, décède en sauvant des vies...
Les conservateurs se moquent de ce qui arrive aux enfants de pompiers et de policiers décédés, mais cela n'a rien de drôle. Ces enfants doivent souvent arrêter leurs études si leur parent n'était pas couvert par une assurance. Les veuves et les veufs doivent trouver le moyen de continuer à nourrir leur famille et de payer l'hypothèque.
Ils attendent depuis cinq longues années. Depuis cinq longues années ils exhortent le Parlement à mettre en oeuvre le fonds d'indemnisation des agents de la sécurité publique.
Nous réitérons que les 102 députés néo-démocrates appuient la mise en oeuvre immédiate du fonds d'indemnisation des agents de la sécurité publique, afin de pouvoir fournir une aide financière en cas de décès d'un pompier ou d'un policier. C'est notre engagement. Nous continuerons à le respecter et à le défendre. Nous continuerons à inciter le gouvernement à faire ce qu'il faut.
Nous ne proposons pas quelque chose de très compliqué. Il s'agit d'un programme qui peut coûter environ 3 millions de dollars par année. Comme nous le savons, un programme d'indemnisation similaire existe déjà aux États-Unis.
Comme le gouvernement a fait preuve d'un tel manque de respect à l'égard des pompiers et des policiers, les néo-démocrates n'ont pas confiance dans cette mesure législative. Comme je l'ai dit plus tôt, les conservateurs sont prêts à dépenser des milliards de dollars au titre d'un programme carcéral, mais ils refusent d'offrir aux pompiers et aux policiers une assurance-indemnité. Par surcroît, ils ont sabré les programmes de prévention de la criminalité et de traitement de la toxicomanie. Il y a quelque chose qui cloche ici.
Pour ce qui est du projet de loi , les néo-démocrates en appuient une partie. J'aimerais poursuivre mon intervention si mes collègues conservateurs souhaitent m'entendre. Le présent débat est constructif. Je pense que les conservateurs commencent enfin à comprendre que leurs politiques en matière de justice sont erronées et qu'ils devraient écouter les propositions du NPD. La situation est encourageante; c'est pourquoi les néo-démocrates appuieront le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Toutefois, nous allons faire nos devoirs et si ces dispositions inacceptables se retrouvent encore dans le projet de loi, il y aura de la bagarre lors de l'étude en comité.
:
Monsieur le Président, j'en profite pour souhaiter à la députée de un joyeux Noël et une heureuse nouvelle année.
La députée soulève une question légitime. C'est pour cette raison que j'ai dit plus tôt que le coeur même du projet de loi vient de la députée de , une députée qui défend avec passion l'intérêt de sa collectivité et qui a défendu vivement l'intérêt des entreprises de son secteur de Toronto.
Toutefois, le projet de loi initial qu'avait présenté la députée de est maintenant plus musclé, et les dispositions plus musclées semblent, pour la plupart, être l'oeuvre du gouvernement.
On ignore où les conservateurs ont puisé de telles dispositions. Elles découlent assurément du même amateurisme que nous avons pu observer avec le projet de loi . Il faut dire que ces mesures doivent être élaborées à la va-vite en coulisse.
En réalité, bien que nous appuyons le principe du projet de loi puisque c'est le NPD qui en est à l'origine, nous nous inquiétons des conséquences de toutes ces dispositions, notamment la disposition dont vient de parler la députée de . Pour cette raison, nous devrons faire ce qui s'impose à l'étape de l'étude en comité, comme nous le faisons toujours, et prévoir les conséquences éventuelles et veiller à ce que l'on convoque les témoins qui puissent vraiment témoigner des effets de chacune de ces dispositions pour le système judiciaire.
En comité, les conservateurs refusent régulièrement l'accès à des témoins qui possèdent une vaste expertise et qui pourraient contribuer à la mesure législative et la renforcer. J'ose espérer que le gouvernement conservateur ne fera pas de nouveau preuve de mépris à l'égard du Parlement, comme il le fait sans cesse, et qu'il n'empêchera pas le comité d'examiner chaque aspect de la mesure législative avec toute la diligence voulue, car il faut se pencher sur la mesure législative et étudier de façon approfondie chacune de ses conséquences éventuelles. Il faut également que tous les partis s'acquittent de leurs tâches avec sérieux pour qu'au terme de l'étude en comité le contenu du projet de loi corresponde aux intentions déclarées du gouvernement.