[Français]
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Je remercie le Comité de cette merveilleuse occasion de témoigner sur ce sujet très important. Je sais que c'est votre dernière audience. Nous espérons pouvoir vous aider le dernier jour de votre étude et vous donner d'excellentes suggestions.
J'ai pensé que ce serait bien de vous présenter BIOTECanada, pas parce que je pense que notre organisation est particulièrement intéressante, mais parce que je veux parler de nos membres. Nous avons 250 entreprises membres. Elles sont situées dans tout le pays et oeuvrent dans des secteurs importants.
Les services de santé représentent l'un de nos secteurs importants. C'est le secteur où l'on voit de grandes sociétés pharmaceutiques multinationales, mais aussi de nombreuses petites entreprises qui conçoivent de nouveaux produits pharmaceutiques, médicaments et traitements pour garder les gens en santé. Nous comptons également des entreprises de biotechnologie industrielle, agricole et environnementale. Elles sont situées partout au pays, généralement dans des grappes réparties dans les différentes provinces. Chaque province a une spécialité. Les entreprises sont habituellement près des universités et des instituts de recherche, comme de raison.
Que font-elles? Elles font de la biotechnologie, qui consiste essentiellement à transformer des organismes vivants en produits utiles. La première forme de biotechnologie est ce qui nous tient à coeur — la bière, le vin et le pain —, mais nous avons fait beaucoup de chemin depuis. Les entreprises conçoivent des solutions en biotechnologie pour le monde entier, et je pense que l'important, c'est de comprendre le problème auquel elles s'attaquent.
Lorsqu'on regarde le monde, on constate une croissance de la population mondiale. On s'attend à ce qu'il y ait aux alentours de neuf milliards de personnes d'ici les 30 à 40 prochaines années, peut-être même plus, 10 milliards. Cette croissance s'accompagne d'énormes défis, notamment comment nourrir ces gens sur un territoire qui change, où certaines terres sont moins disponibles et d'autres, plus disponibles. C'est en partie attribuable aux changements climatiques.
Pourquoi le climat est-il en train de changer? Nous savons que la croissance de la population mondiale s'accompagne d'une croissance économique massive, plus particulièrement dans des pays comme la Chine et l'Inde, où vous voyez ces économies progresser et prospérer. Outre cette croissance économique, il y a la classe moyenne qui est en pleine expansion, qui dépense plus d'argent et demande plus de biens de consommation, ce qui fait proliférer la croissance économique.
Ce type de croissance économique exerce d'énormes pressions sur la planète aussi, car les usines fabriquent plus de produits et plus de gens gaspillent. Nous devons trouver des moyens de relever ces défis. Nous ne pouvons pas continuer de vivre ainsi. Nous devons changer fondamentalement comment nous fabriquons les produits, comment nous cultivons la terre et comment nous menons nos vies. Au final, la planète se portera bien, comme les dinosaures peuvent en attester. C'est nous qui sommes en danger. Nous devons trouver un moyen de nous sauver, et la biotechnologie est la solution qui nous aidera à y parvenir. Cela semble être un défi de taille et, bien entendu, c'est le cas, et nous devons le surmonter.
C'est une occasion économique énorme pour un pays comme le Canada. Dans la sphère agricole, si nous regardons notre histoire, nous sommes dans une période fantastique pour proposer des solutions incroyables afin de régler ce problème mondial. Nous avons de nombreuses entreprises au pays qui s'appuient sur ce passé d'innovation et sur notre patrimoine agricole et qui élaborent de merveilleuses solutions.
Je vais en nommer deux pour illustrer mon point, car je pense que c'est la façon la plus efficace de le faire. Il y a une entreprise qui s'appelle Agrisoma. Agrisoma prend une graine de moutarde génétiquement modifiée ou une version d'une graine de moutarde. Cette graine peut être cultivée dans n'importe quel endroit où l'on ne peut pas cultiver d'autres plantes. On peut la faire pousser dans des champs en jachère. On peut la cultiver dans des endroits où il n'y a pas suffisamment de nutriments dans le sol, pas suffisamment de lumière du soleil, pas suffisamment d'humidité; on peut donc la faire pousser un peu n'importe où.
Lorsqu'on a cultivé la graine, on l'écrase en on en extrait l'huile. L'huile est transformée en carburéacteur. Il n'y a pas de combustible fossile dans le mélange. Le carburéacteur peut aller directement dans le moteur à réaction et l'avion volera. Il y a l'avion du CNRC. Bon nombre d'entre vous en sortant de l'aéroport d'Ottawa ont vu un petit hangar à la droite de l'aéroport. Il abrite un petit avion à réaction et un avion renifleur. Les avions ont volé avec ce carburant. Aucune modification ne doit être apportée au moteur à réaction. L'avion renifleur vole derrière et parce qu'il n'y a aucun combustible fossile dans le mélange, il n'y a pas d'émission.
C'est une histoire fantastique, mais ce n'est pas tout. Si je reviens à cette semence dont je vous ai parlé, une fois que vous l'écrasez, ce qui en reste, c'est de la nourriture. Cette nourriture retourne dans la chaîne alimentaire. Elle est utilisée comme protéine pour nourrir le bétail et d'autres animaux.
C'est un merveilleux cycle de vie. On utilise tout le produit. Il est cultivé dans les champs et les agriculteurs, s'ils ont un champ en jachère, peuvent l'utiliser pour réintégrer des nutriments dans le sol tout en cultivant la semence, qui génère des revenus. De toute évidence, du point de vue du transport et de l'environnement, il y a un avantage fantastique, puis le produit retourne dans la chaîne alimentaire. C'est un excellent exemple, à mon avis, mais lorsqu'on vous raconte cette histoire, on commence à comprendre tous les différents organismes du gouvernement qui exercent une surveillance en matière de réglementation.
Vous avez le transport, l'environnement, l'agriculture, et à la toute fin, vous avez Santé Canada par l'entremise de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, qui s'occupe de la nourriture génétiquement modifiée qui retourne dans la chaîne alimentaire.
L'autre exemple dont je vais vous parler est une entreprise qui s'appelle Okanagan Specialty Fruits, située dans la vallée de l'Okanagan. Elle a trouvé une façon d'empêcher les pommes de brunir. Je suis le père d'un enfant de 12 ans et j'aimerais qu'il mange des pommes, mais il refuse d'apporter des pommes à l'école parce que dès qu'elles sont coupées à la maison, elles brunissent. Les enfants ne veulent pas les manger. On ne peut pas les mettre dans les salades de fruits à l'école, et on ne peut parfois pas les donner aux enfants parce qu'ils refusent de manger des pommes brunies. Des centaines, voire des millions, de livres de pommes sont jetées chaque année parce qu'elles virent au brun. C'est une façon de mettre fin à ce gaspillage alimentaire.
Comme vous, lorsque j'ai entendu cette histoire la première fois, je me suis demandé si le but était simplement d'empêcher une pomme de brunir. J'avais l'impression que ce n'était peut-être pas le but ultime, et ce n'est effectivement pas le cas. Si l'on regarde cette entreprise, les scientifiques et les arboriculteurs ont aussi découvert une façon d'empêcher ce que l'on appelle le « feu bactérien ». Il s'agit d'un champignon qui infeste un verger entier et le détruit, voire le contrôle. En utilisant ce type de technologie, ils ont découvert comment prévenir cette infestation, et c'est sur quoi ils travaillent. C'est un changement par étapes. On élabore certaines choses, on améliore ce qu'on a déjà découvert et on l'utilise pour faire d'autres découvertes.
Lorsque nous repensons au défi auquel nous sommes confrontés en tant que civilisation pour gérer la population mondiale et la nécessité d'être plus efficaces dans la façon de cultiver la terre, de fabriquer les produits et de mener nos vies, ce sont là des solutions qui vont nous aider à y parvenir. Nous avons une merveilleuse histoire où nous y sommes arrivés grâce à l'innovation dans nos ministères de l'agriculture. Nous recevons un appui considérable de la part du gouvernement. Comme on vous l'a sans doute dit, de nombreux programmes nous appuient. Le plus récent est la supergrappe des industries des protéines, qui mettra au point de nombreuses innovations fantastiques dans les Prairies. Ce sont de grands progrès. C'est une industrie passionnante, et c'est une excellente occasion pour le Canada d'être au premier plan et d'être un chef de file pour régler une partie des problèmes.
Je vais m'arrêter ici, monsieur le président. Je vous remercie beaucoup et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
[Français]
C'est pour moi un grand plaisir de participer à cette séance, ce matin, à partir de Winnipeg.
[Traduction]
Au nom de la société Richardson International Limited, je suis vraiment reconnaissant d'avoir l'occasion de comparaître devant vous pour parler d'une question qui est à la fois critique et d'actualité dans le secteur agricole canadien, notamment les avancées en technologie et en recherche dans l'industrie agricole qui peuvent soutenir les exportations canadiennes.
Pour vous mettre en contexte, je pense qu'il est important de fournir des renseignements généraux sur la société Richardson International. La société a été fondée en 1858, soit 10 ans avant la Confédération, par James Richardson à Kingston, en Ontario. L'entreprise appartient toujours à la famille Richardson et a son siège social à Winnipeg. Elle est devenue la plus grande société céréalière, dont les activités vont de la vente d'intrants aux producteurs qui doivent cultiver leurs récoltes, à la vente de ces cultures à des fins d'exportation vers plus de 50 pays dans le monde, en passant par le traitement dans nos propres usines de transformation et d'empaquetage du canola et des usines de transformation de l'avoine situées au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni.
J'estime que ces renseignements sont importants, car nous jouons depuis longtemps un rôle de premier plan dans le secteur agricole canadien et l'exportation des céréales et des oléagineux et, plus récemment, des céréales et des oléagineux transformés. Notre expérience nous a appris que lorsqu'il est question de l'exportation de produits agricoles canadiens, nous évoluons dans un marché mondial extrêmement compétitif.
Malheureusement, lorsque nous regardons de manière objective ce marché mondial, nous sommes énormément désavantagés. Notre coût de production, plus particulièrement la main-d'oeuvre, est élevé. Notre saison de culture est courte. Le climat hivernal est rigoureux. Notre production est loin des côtes et la géographie pour s'y rendre est difficile. Nous avons malheureusement aussi connu dans un passé récent d'importantes défaillances du service ferroviaire qui ont eu une incidence négative sur notre réputation en tant que fournisseurs fiables.
Comment pouvons-nous alors soutenir la concurrence et réussir malgré ces importants défis? La réponse est la question que vous étudiez: la technologie et la recherche. La technologie nous a offert et continue de nous offrir la possibilité d'accroître les quantités de céréales et d'oléagineux produites au Canada, réduisant ainsi le coût global de la production. Elle nous donne l'occasion d'améliorer la qualité des céréales et des oléagineux et de réduire l'impact environnemental de l'agriculture, et plus particulièrement les émissions de carbone.
Le Canada a des chercheurs de calibre mondial dans les secteurs public et privé, et nous avons des producteurs qui adoptent de nouvelles technologies pour les intrants et les pratiques agronomiques. Cependant, cet avantage que nous avons, que nous devons pouvoir soutenir le marché mondial, est actuellement grandement menacé à l'échelle nationale et internationale, selon nous.
Notre industrie est mise à mal au pays par des particuliers et des groupes qui veulent éliminer l'utilisation de certains produits dans le secteur agricole canadien, les plus récents étant le glyphosate et les néonicotinoïdes. Ils le font en faisant des déclarations alarmantes selon lesquelles il n'y a pas d'analyses scientifiques rigoureuses à l'appui de ces produits pour tenter de discréditer les nombreux rapports qui confirment qu'ils sont sécuritaires.
Malheureusement, trop peu de gens, y compris le gouvernement, dénoncent ces tactiques et, par conséquent, la science et les avantages de la technologie et de la recherche dans la production alimentaire sont compromis.
Dans le cas d'une interdiction éventuelle des néonicotinoïdes qui a récemment été annoncée, nous voyons qu'un organisme de réglementation, l'ARLA, l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, est en train de changer son approche à l'égard de l'homologation des produits, en raison de ces pressions. Soyons clairs. Ces attaques ne sont pas seulement contre le glyphosate et les néonicotinoïdes. Ce sont des attaques contre la technologie, la science et l'agriculture moderne.
En raison de l'inaction du gouvernement à encourager et à appuyer activement la sécurité de ces produits et des technologies, ce qui est un problème, la situation se détériore considérablement lorsque les gouvernements provinciaux et les administrations municipales se lancent dans le mouvement contre la technologie en adoptant des mesures telles que des interdictions relatives à l'utilisation de pesticides à des fins esthétiques qui, là encore, ne sont pas étayées par des données scientifiques. Vous vous demandez peut-être ce que les interdictions de pesticides à des fins esthétiques ont à voir avec les exportations canadiennes de céréales et d'oléagineux. Il y a un rapport direct qui m'amène à mon deuxième argument: l'attaque internationale contre les exportations de céréales et d'oléagineux canadiens.
De toute évidence, nous connaissons actuellement une période de protectionnisme commercial mondial. Tandis que les barrières commerciales les plus évidentes sont habituellement des tarifs douaniers imposés sur les importations, dans le secteur agricole, des obstacles tout aussi efficaces, voire meilleurs, sont les barrières commerciales non tarifaires, qui se manifestent souvent par l'entremise de règlements phytosanitaires ou de processus d'approbation des technologies.
Par exemple, les pays utiliseront leur réglementation nationale pour limiter les quantités de résidus de pesticides — connues sous le nom de limites maximales de résidus ou LMR — sur les cultures canadiennes à des niveaux incroyablement faibles afin d'empêcher l'entrée de cultures canadiennes, habituellement lorsque le pays importateur a une production excédentaire.
La capacité du Canada de remettre en question la légitimité de ces mesures sous prétexte qu'elles sont déraisonnables et qu'elles ne sont pas étayées par des données scientifiques fiables est complètement bafouée lorsque, à l'échelle nationale, nous avons une réglementation qui interdit l'utilisation de ces produits sur les terres que nous foulons. Comment pouvons-nous dire que les décisions en matière de réglementation à l'échelle internationale doivent être fondées sur des données scientifiques quand nous ne le faisons pas au pays?
J'ai commencé mes observations en disant que le progrès de la technologie et de la recherche dans l'industrie agricole pouvant favoriser les exportations canadiennes est une question critique et d'actualité. Nous avons vraiment atteint un point tournant. Nous devons décider, d'un point de vue stratégique, quelle est notre position sur la mise au point et l'application de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole. Nous sommes en train de nous engager sur une pente dangereuse où nous disons que nous appuyons la technologie et la recherche dans le secteur agricole, mais nous sommes incapables de tenir tête à leurs détracteurs nationaux et internationaux et, plus important encore, d'adopter des règlements qui vont à l'encontre des données scientifiques. Sans une décision claire et réfléchie sur notre position, nous perdrons inévitablement l'avantage actuel et futur que le Canada a dans les secteurs de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole.
Par conséquent, je terminerai en disant que plutôt que d'étudier le progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole pouvant favoriser les exportations canadiennes, je vous exhorte à examiner la question sous un angle un peu différent, à savoir l'appui requis pour assurer le progrès de la technologie et de la recherche dans le secteur agricole pouvant favoriser les exportations canadiennes.
Merci beaucoup du temps et de l'attention que vous m'avez accordés.
[Français]
Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de participer à cette séance.
:
Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, j'aimerais remercier le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de cette occasion unique qui nous est donnée de présenter le dispositif des centres collégiaux de transfert de technologie, les CCTT, dont fait partie le Centre d'innovation sociale en agriculture, ou CISA.
Il y a 40 ans au Québec, la recherche au niveau collégial était émergente. Aujourd'hui, on compte plus de 59 centres collégiaux de transfert de technologie répartis sur l'ensemble du Québec. Nous avons pour mission de servir l'industrie dans ses efforts d'innovation en vue d'accroître son développement et sa profitabilité. Les partenaires impliqués doivent contribuer efficacement à la complémentarité de cette mission.
Le CISA est relié au Cégep de Victoriaville, qui est situé dans le Centre-du-Québec, une région agricole très porteuse. Je dirais qu'elle représente environ 15 % de la production du Québec. Nous sommes financés par le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, étant donné qu'au Québec, les cégeps constituent le premier palier de l'éducation supérieure. Nous recevons aussi du financement de base du ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation.
Le CISA est un jeune centre; son statut a été reconnu en 2009. Cette année-là, le Québec et même le Canada sortaient d'une crise qui avait touché le secteur porcin. Dans le Centre-du-Québec, plusieurs producteurs avaient subi les conséquences de cette crise. Sur le plan psychologique, les producteurs étaient aux prises avec la fatigue, et le taux de suicide parmi ceux-ci était alarmant. L'innovation sociale nous a permis de concevoir des solutions novatrices.
En quoi consiste l'innovation sociale et quelle en est notre définition? C'est toute idée, toute approche, toute intervention, tout service, tout produit, toute loi ou toute organisation qui offre une réponse adéquate et durable à un besoin social, économique ou environnemental. On parle ici d’une solution qui a trouvé preneur et qui offre à une collectivité des avantages mesurables. Il s’agit d’une solution systémique dont la portée est transformatrice. C’est un projet de méthodologie qui vient renforcer l’innovation. À notre avis, lorsqu’on travaille avec l’innovation technologique et l’innovation sociale dès le départ pour établir des programmes et répondre aux besoins des entreprises, ces innovations permettent aux entreprises d’acquérir une façon de travailler qui est beaucoup plus porteuse sur le plan commercial. C’est d’ailleurs l’une de nos premières recommandations.
Selon Grands Défis Canada, le croisement entre les organisations spécialisées en innovation sociale et celles du domaine technologique, auxquelles s'ajoutent les entreprises de commercialisation, est susceptible d'apporter aux innovations un rayonnement à l'échelle mondiale et une viabilité si, dès le départ, les organisations sont développées parallèlement à des innovations sociales et commerciales appropriées. À cet égard, on n'a qu'à penser au iPhone. C'est exactement ce qui s'est produit, il y a plusieurs années. Sur le plan social, on étudie même les répercussions du iPhone sur les êtres humains.
Je vous donne un exemple concret. Nous développons présentement un véhicule désherbeur autonome et électrique en collaboration avec un autre CCTT, l'Institut du véhicule innovant, qui est associé au Cégep de Saint-Jérôme, ainsi qu'avec la compagnie Elmec, dans le coin de Shawinigan, qui se spécialise dans la construction et la fabrication de bornes électriques. Le président de cette compagnie adore le modèle de Tesla et a décidé de faire appel à un CCTT en technologie pour que celui-ci l'accompagne en matière d'innovation. On nous a abordés et nous avons pris contact avec cette entreprise ainsi qu'avec ce centre collégial de transfert de technologie en vue d'étudier avec eux les besoins sociaux et technologiques des producteurs agricoles, qui vont rapidement utiliser cette technologie.
Notre projet a été financé en partie par un petit programme du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur visant à soutenir le transfert et l'innovation sociale. On parle d'un montant d'environ 100 000 $ pour un projet qui, au total, représente plus de 3,5 millions de dollars dans le cadre de programmes technologiques du gouvernement fédéral. On parle ici du CRSNG et de tout ce qui touche la FCI en matière d'infrastructure.
Ce projet est actuellement à l'étape du prototypage, à la suite de nos travaux. Le Centre d'innovation sociale en agriculture est maintenant un partenaire industriel, de même que le Cégep de Victoriaville, pour tester ce produit à l'échelle précommerciale dans les terres avoisinant les infrastructures de recherche. En conséquence, nous souhaitons un renforcement de la capacité d'innovation technologique par la contribution et le croisement d'innovations sociales au début du processus de création.
Je reviens rapidement sur le Cégep de Victoriaville. Depuis 25 ans, ce cégep offre de la formation aux producteurs agricoles dans les secteurs de l'agriculture conventionnelle et de l'agriculture biologique. Nous avons acquis une spécialité en agriculture biologique grâce à un nouveau programme technique de trois ans conduisant à l'obtention d'un DEC en agriculture.
J'aimerais simplement vous rappeler que le croisement de la recherche et de la formation collégiale nous a permis d'attirer énormément d'étudiants à notre collège. Il y a environ 15 ans, le Cégep de Victoriaville comptait une quinzaine d'étudiants en agriculture. À présent, nous visons 250 étudiants d'ici 2021. Des fonds fédéraux et provinciaux de l'ordre de 20 millions de dollars ont servi à financer nos infrastructures, qui nous ont été livrées cette année.
Malgré tout, les défis quant au fonctionnement de ces dispositifs et de ces infrastructures demeurent très importants. Nous sommes constamment à la recherche de financement de la part de nos partenaires, que ce soit au niveau municipal, fédéral ou provincial. Il est important de financer la formation pour répondre adéquatement aux besoins des entreprises à court et à moyen termes. Nous souhaitons que ce soit l'une des priorités des gouvernements fédéral et provincial.
Nous souhaitons que soit prise en note l'importance de soutenir l'Institut national d'agriculture biologique du Cégep de Victoriaville, tout comme d'autres besoins en infrastructures au Québec.
En terminant, j'aimerais apporter un éclairage sur la main-d'oeuvre. Au début de mon allocution, je vous ai parlé des besoins des producteurs sur le plan psychologique. J'aime bien aborder aussi le sujet du bien-être des producteurs ou des transformateurs au Québec. Actuellement, la pression des marchés...
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup aux trois témoins de leur présence, que ce soit par vidéoconférence ou en personne.
Monsieur Dugré, je vous salue. Nous demeurons vraiment très près l'un de l'autre. Cela me fait plaisir que vous soyez des nôtres et de constater que l'agriculture dans le Centre-du-Québec se porte aussi bien, particulièrement au Cégep de Victoriaville.
Aujourd'hui, nous touchons au coeur même de l'étude que nous menons. C'est un sujet dont nous aurions dû parler peut-être un peu plus tôt. Ce sont les deux tendances qui s'affrontent.
Monsieur Casey, vous l'avez bien dit au départ, la population augmente et la demande est croissante. La réponse est technologique, mais la tendance des gens est de dire non à la technologie. C'est un non-sens.
Comment cette cassure s'est-elle produite? Qu'est-ce qui s'est brisé? Qu'est-ce qui a fait que les gens n'ont plus confiance en la technologie, monsieur Casey?
:
Je vais vous répondre en anglais, pour être plus précis.
[Traduction]
C'est tout à fait vrai. Ce sont des innovations fantastiques, fondées sur la science. Elles évoluent très rapidement.
En règle générale, les gens hésitent à adopter de nouvelles technologies qui leur semblent incompréhensibles. Dans notre cas, nous parlons de produits biologiques et d'utiliser la biologie pour modifier diverses structures. Je crois que l'important, c'est de veiller à ce que la science et le système de réglementation soient aussi stricts et solides que possible. Dans le cas de l'industrie, je crois qu'il s'agit d'un avantage concurrentiel pour nous, parce que le Canada est reconnu à l'échelle mondiale pour sa capacité en matière de réglementation. Il a parfois de la difficulté à suivre le rythme du changement, mais il est considéré à titre d'administration d'avant-garde en matière de réglementation. Si nos règlements se fondent sur la science, alors nous avons de très bonnes chances de faire changer les gens d'idée. Au fil du temps, ils comprendront.
Par exemple, je sais que le soleil n'est pas bon pour ma peau. Je sais que la crème solaire la protège du soleil. Est-il possible que dans 10 ans, une étude révèle que la crème solaire cause le cancer? Tout à fait. Ce que je sais, pour l'instant, c'est qu'elle me protège du soleil. C'est ce que la science nous dit.
Il en va de même pour les aliments génétiquement modifiés ou tout autre type de produit. La science nous dit qu'ils sont tout à fait sécuritaires. On les consomme depuis des centaines, voire des milliers d'années. Lorsqu'on parle d'aliments génétiquement modifiés, il s'agit d'une version un peu plus chirurgicale que ce qui était présent naturellement au cours des siècles passés. Le maïs d'il y a 1 000 ans ressemblait à un grain de blé. Il ne ressemblait pas au maïs d'aujourd'hui, mais au fil du temps, nous avons pu en faire une reproduction sélective et cultiver le maïs que nous consommons aujourd'hui. De nos jours, la reproduction sélective est faite de manière beaucoup plus précise, ce qui nous permet d'aller plus vite, et tout cela se fonde sur la science.
:
Vous avez tout à fait raison: c'est un grand défi.
[Traduction]
C'est l'un des plus grands défis de l'industrie. Nous excellons dans l'innovation. Nos universités excellent en sciences. Nous avons des idées fantastiques. Qu'est-ce qui arrive ensuite? Tout cela s'en va vers d'autres pays, pour plusieurs raisons. Je vais vous donner les deux plus importantes.
La première, c'est que pour créer une entreprise au Canada, il faut des investissements. Les coûts sont élevés, les délais très longs et les résultats sont incertains. Il faut donc des investisseurs particuliers; des investisseurs très patients qui sont prêts à venir ici et à passer à travers ce long processus. Dans le domaine des thérapies médicales, il faut réaliser de longs essais cliniques et les délais sont à peu près les mêmes lorsqu'il est question de faire avancer certaines technologies. Il faut donc un investisseur très particulier.
Il faut aussi des gens. Comme l'a dit M. Dugré, les écoles forment ces gens. Ce qu'il faut faire, surtout, c'est développer le leadership, former les leaders, les PDG de ces entreprises, parce qu'il s'agit d'entreprises uniques. Il ne faut pas seulement former des personnes qui pourront gérer des opérations existantes au sein de grandes organisations. Il faut des gens qui pourront créer quelque chose et attirer les investisseurs.
Le gouvernement a un rôle à jouer en matière de politique publique, parce que l'investisseur est comme un globe-trotteur. Il fait le tour du monde et cherche des endroits à visiter. Le Canada doit faire comme un hôtel. À l'hôtel, on met un chocolat sur l'oreiller, on vous offre l'Internet sans fil gratuit, un petit-déjeuner, des draps confortables, etc. On tente de vous faire plaisir en tant que touriste. Le Canada doit faire la même chose pour attirer les investisseurs et pour les garder ici. Il faut mettre des chocolats sur l'oreiller.
Pour les investisseurs, ce qui importe, c'est notre façon de gérer l'imposition et les politiques réglementaires. Ce sont ces éléments qui leur assurent que les entreprises dans lesquelles ils vont investir sont là pour de bon; qu'elles vont croître et réussir. C'est ce que nous devons faire en tant qu'économie.
Ce que nous n'avons pas pour l'instant, c'est une stratégie nationale en matière de bioéconomie qui regroupe tout cela; une stratégie qui prendrait tous ces fils pour en faire un tissu. C'est l'une des choses les plus importantes que nous pourrions faire, parce que comme le montrent mes exemples, toutes ces entreprises sont réglementées par quatre ou cinq ministères différents, qui n'ont pas de lien entre eux. Nous reconnaissons l'importance de ce secteur et les grandes innovations connexes, mais comment pouvons-nous les utiliser pour créer des entreprises dont le siège social sera ici, au Canada?
Ce qui aiderait grandement, ce serait que le gouvernement mette sur pied une stratégie nationale qui ciblerait ces objectifs et qui adapterait la politique publique en conséquence.
:
Tout à fait. Certaines de nos entreprises nous en parlent assez souvent.
D'après les exemples que je vous ai donnés, qu'il s'agisse des graines de moutarde que l'on transforme en carburant d'avion ou de la pomme qui ne brunit pas, ces deux entreprises sont passées par de longs processus réglementaires qui ont probablement semblé être trop longs. En fait, l'entreprise qui produit des pommes a obtenu l'approbation de la FDA des États-Unis bien avant d'obtenir celle du Canada.
Est-ce qu'on peut faire mieux? Tout à fait.
La seule chose que je dirais, toutefois, c'est que notre marque n'est pas seulement la feuille d'érable. Nous sommes reconnus pour la qualité de nos sciences et de notre politique réglementaire. C'est reconnu. Nous ne voudrions pas perdre cela, parce qu'à notre avis, il s'agit d'un avantage concurrentiel. Est-ce qu'on pourrait rationaliser le processus? Le rendre plus efficace? Oui.
D'un point de vue promotionnel, il serait pratique d'intégrer cela aux délégations commerciales. De façon plus importante encore, toutefois, il faudrait améliorer notre capacité en matière de réglementation en ayant plus de scientifiques capables de suivre le rythme des changements, parce que ces changements sont très rapides et on fait d'énormes bonds en avant dans nombre des cas. Il serait très important de suivre le rythme. Nous devrions viser à accroître notre capacité de gestion en la matière, parce que ce n'est que la pointe de l'iceberg. D'autres innovations viendront. Ce n'est pas comme si l'on ralentissait la cadence et c'est un avantage concurrentiel pour nous de pouvoir être en avance dans tout cela. Cela me semble très logique d'un point de vue économique.
:
Sur le plan de la réglementation, vous avez parlé de l'ACIA. Dans notre secteur, nous sommes assujettis à la réglementation de l'ACIA, de la Commission canadienne des grains et de Santé Canada à divers moments et parfois — peut-être trop souvent —, leur réglementation et leur participation dans l'industrie se chevauchent. Il serait bon de revoir le mandat de chacun de ces organismes de réglementation afin de cibler les chevauchements et les inefficacités de notre système dans le domaine de l'exportation des grains.
De plus, d'un point de vue réglementaire, ce qui est très difficile et qui nuit à l'exportation de produits canadiens, c'est ce que j'appelle le manque de collaboration en ce qui a trait à l'enregistrement des nouvelles technologies dans les diverses administrations. Nous avons un processus d'enregistrement canadien, mais pour pouvoir exporter les produits dans d'autres administrations, nous devons passer par de très longs processus réglementaires, souvent dans des pays qui ont un parcours et des enjeux fort semblables aux nôtres.
Les États-Unis en sont un bon exemple. Il semble inefficace de devoir passer à nouveau par un long processus réglementaire. Il faudrait viser une approbation synchronisée des nouvelles technologies dans divers pays afin de pouvoir les déployer beaucoup plus rapidement.
Vous avez parlé des ambassades et du rôle qu'elles peuvent jouer dans les pays importateurs. Ce qu'il faut, comme je l'ai dit plus tôt, c'est de faire tomber les barrières commerciales non tarifaires érigées sous le couvert de la réglementation et des questions sanitaires et phytosanitaires. Nous devrons reconnaître qu'il ne s'agit pas en fait d'une question de sécurité, mais bien d'une barrière commerciale non tarifaire et défendre avec ardeur les intérêts des exportateurs canadiens. Toutefois, comme je l'ai dit, il faut pour cela que nos politiques nationales soient fortes et stables, ce qui n'est pas toujours le cas.
:
Merci beaucoup et bienvenue à nos invités.
L'un des problèmes, qui est au coeur de nos discussions, tient à la différence entre les sciences pures et les sciences politiques. Un scientifique ne dira jamais que les risques sont nuls et, bien entendu, c'est alors qu'intervient le politologue. Voilà donc l'une des préoccupations. Comment pouvons-nous transmettre ce message aux militants anti-OGM ou aux défenseurs de l'anti-modernisme agricole? Nous savons qu'ils bénéficient, eux aussi, de financement pour exercer des pressions.
Les néonicotinoïdes constituent certes un problème. En Alberta, il s'agit d'un produit de prédilection pour enrober le canola, et c'est justement là que la présence d'abeilles est souhaitable pour aider à la production, mais nous instaurons des changements qui détruisent complètement cette technologie, qui est pourtant un excellent outil.
Nous avons toutes ces nouvelles technologies, comme celle des chaînes de blocs, dont nous n’avons pas parlé, et une technologie connexe appelée CRISPR. Comment pouvons-nous prendre les devants pour nous assurer que nos messages se rendent à l'ensemble de la population?
J'aimerais entendre M. Casey et, ensuite, peut-être M. Ruest.
:
Il y a là quelques points que j'aimerais aborder. L'un concerne l'opposition, comme je l'appellerai. C'est ainsi que je qualifierai ce groupe, au lieu d'utiliser le préfixe « anti ».
Avant mon arrivée à BIOTECanada, je travaillais dans l'industrie des produits forestiers. Pendant huit ans, je me suis occupé des politiques et du commerce au sein de l'Association des produits forestiers du Canada. Les écologistes ont joué un rôle énorme dans l'amélioration de la performance environnementale de l'industrie canadienne des produits forestiers. Ce sont eux qui ont fait pression sur l'industrie et qui lui ont demandé de faire mieux. L’industrie a alors compris qu'elle obtiendrait un avantage concurrentiel en étant plus respectueuse de l'environnement. Elle a donc amélioré ses pratiques, si bien que le Canada est aujourd'hui l'un des principaux producteurs forestiers au monde, du point de vue de la performance environnementale.
Je ne voudrais pas dénigrer l'opposition au point de la voir disparaître. Elle a encore un rôle très important à jouer pour ce qui est de soulever les questions auxquelles il faut répondre. Cela permet aussi de monter la barre pour les organismes de réglementation, de sorte qu'ils doivent faire preuve de la plus grande diligence possible.
Cela rejoint un point soulevé plus tôt par M. Ruest, ainsi que ma réponse à M. Breton. Il s'agit d'une question d'investissement. Si nous faisons l'autruche en disant que nous ne pouvons pas aller de l'avant à cause des répercussions éventuelles... D'autres pays sont bien conscients de cette possibilité économique et ils mettent au point leurs technologies, eux aussi. Ils soutiennent leurs industries. Ils se dotent de stratégies en matière de bioéconomie pour appuyer leurs industries. Voilà où iront les investissements. Ils iront à ces pays. Nous continuerons à produire des graines oléagineuses et des céréales, comme nous l’avons toujours fait, mais nous laisserons filer cette occasion. Comment créer des entreprises ici? Les investissements ne seront pas au rendez-vous.
Contrairement à d'autres industries, comme celles de l'exploitation forestière, minière, pétrolière et gazière, la technologie dont nous parlons repose, en grande partie, sur l'informatique. Elle pourrait être transposée n'importe où dans le monde. Si nous n'attirons pas les investissements ici, cette technologie ira là où se trouvent les fonds et les gens. Ce sera une perte énorme, car nous ne profiterons pas des avantages économiques de sa commercialisation ici. Si nous adoptons le bon processus réglementaire et la bonne stratégie en matière de bioéconomie, nous pourrons être des chefs de file dans ce domaine.
[Traduction]
Merci, monsieur le président et distingués membres du Comité, d'avoir invité l'Association of Equipment Manufacturers à témoigner devant vous ce matin.
Permettez-moi, pour commencer, de dire quelques mots sur les entreprises qui font partie de notre association. L'AEM représente les fabricants d'équipements utilisés dans les secteurs de la construction, des services publics, des mines, de la foresterie et de l'agriculture.
Je me suis entretenu avec quelques-uns d'entre vous, et nous avons eu l'occasion de rencontrer des députés au fil des ans. Par exemple, dans la circonscription de Guelph, nous comptons parmi nos membres des entreprises comme Skyjack et Blount, qui ont chacune 500 employés, et Hitachi, qui emploie 150 personnes.
Ce matin, alors que je consultais des sites Web, j'ai été heureux de constater que le député de l'île de Vancouver était assis sur un tracteur fabriqué par une entreprise qui fait partie de notre association. Je ne nommerai personne.
Des voix: Ah, ah!
M. Howard Mains: Par ailleurs, le député de Glengarry—Prescott—Russell se tenait devant une salle de traite qui est également fabriquée, si je ne me trompe pas, par l'une de nos entreprises membres.
Le point important à retenir, c'est que les fabricants d'équipements produisent du matériel qui est utilisé dans de nombreux secteurs, mais j'aimerais vous parler aujourd'hui en particulier du secteur agricole. J'ai avec moi une étude, qui n'est disponible qu'en anglais pour l'instant. Je peux en remettre une copie à la greffière tout à l'heure, mais ce n'est qu'en anglais. Cette étude traite en détail des enjeux macroéconomiques auxquels fait face le secteur. Ensemble, les entreprises membres de l'AEM appuient environ 150 000 emplois au Canada — on parle là d'emplois directs — et elles contribuent à l'économie canadienne à hauteur de 44 milliards de dollars par an.
Ce matin, je souhaite aborder trois points: d'abord, l'importance du commerce en tant que moteur de croissance pour l'agriculture; ensuite, les réalisations novatrices des fabricants d’équipements canadiens; enfin, les défis auxquels se heurtent les fabricants d'équipements et les agriculteurs dans des domaines tels que l'accès aux services à large bande en région rurale.
La technologie joue un rôle important pour ce qui est d'accroître les mesures durables en matière d'agriculture et de protection de l'environnement. L'AEM appuie les objectifs que le gouvernement a annoncés dans le budget de 2017, notamment celui de porter à 75 milliards de dollars les exportations agroalimentaires annuelles d'ici 2025. De plus, le rapport du Conseil consultatif de 2016, dirigé par Dominic Barton, a permis d'établir que le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire présente un fort potentiel de croissance économique.
Lors d'une conférence organisée par Canada 2020 en juin dernier, Dominic Barton a discuté des résultats d'une recherche d'analyse menée par la société McKinsey, résultats qui mettent en évidence un certain nombre de possibilités de croissance susceptibles d'être ciblées par les investissements des entreprises agroalimentaires. Les quatre domaines les plus prometteurs sont les protéines en Asie, les aliments fonctionnels, l’aquaculture et les équipements agricoles. À en juger par ces débouchés à l'échelle mondiale, le matériel agricole et le secteur agricole dans son ensemble continueront d'être essentiels à la croissance économique future du Canada.
Le Conseil consultatif a également recommandé au gouvernement de commencer à élaborer des stratégies destinées à favoriser la croissance de secteurs prometteurs, comme l'agriculture. À notre avis, pour atteindre ces objectifs, le gouvernement du Canada doit s’engager à fixer des cibles stratégiques pour 2025 à l'intention des ministres de l', de la , du , de l', ainsi que de l'. Il faudra établir, dans l'ensemble des ministères, des cibles de rendement bien définies et mesurées — par exemple, en matière d'emplois et d'exportations — afin que ces objectifs puissent se concrétiser. En effet, la mesure du rendement est l'un des principes énoncés dans la politique et la directive du gouvernement du Canada sur les résultats.
Les entreprises membres de l'AEM exploitent des activités et exportent des produits dans le monde entier, et je tiens à souligner qu'à Guelph, Skyjack exporte ses produits dans 142 pays, si je ne m'abuse, d'après ce qu'on nous a dit lors de notre visite là-bas. Par conséquent, le commerce international et l'harmonisation constante de la réglementation entre le Canada et les États-Unis continuent d'être une priorité pour les membres de l'AEM. D'ailleurs, en tant qu'ardente défenseure de l'ALENA, notre association préconise un accord modernisé entre les États-Unis et le Canada.
L'AEM continue de diriger les efforts de l'industrie en vue de décourager l'imposition de tarifs, qui nuisent non seulement aux fabricants, mais aussi à leurs clients. Il est d’une importance vitale, pour notre industrie, que le matériel agricole fonctionne sans problème de l'autre côté de la frontière canado-américaine et que les fabricants puissent exporter librement leurs produits vers d’autres marchés.
Parlons maintenant des innovations au chapitre de la fabrication d'équipements. L'intégration de technologies novatrices dans le matériel agricole a permis d'accroître la productivité agricole, tout en rendant l'industrie plus viable que jamais. Les agriculteurs canadiens comptent sur les équipements conçus et mis au point par les membres de l'AEM pour avoir accès à des technologies non polluantes et à des outils novateurs en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre attribuables à la production agricole.
Les membres du Comité ont pu constater de près, lors de leur visite à l'usine de CNH Saskatoon, comment les investissements dans l'innovation aboutissent à l'atelier et se traduisent par la fabrication d'équipements. De nos jours, les procédés de fabrication modernes permettent de produire des équipements propres aux besoins de chaque agriculteur. À l'aube de la prochaine phase de l'agriculture, souvent appelée l'agriculture 3.0, les techniques agricoles de précision, les mégadonnées et l'intelligence artificielle seront essentielles et révolutionnaires.
Récemment, l'AEM a commandé une étude pour analyser les tendances futures de l'agriculture au cours des 10 à 25 prochaines années. Le contexte actuel est propice à la transformation numérique. Les pressions visant à accroître la production alimentaire continueront de s'intensifier; par ailleurs, les agriculteurs doivent s'adapter à l'évolution de la clientèle, et les consommateurs veulent en savoir plus sur leurs aliments. C'est une période passionnante pour le milieu agricole.
Bien qu'il soit difficile de prédire exactement à quoi ressemblera l'avenir de l'agriculture, nous pouvons convenir que ce secteur sera différent de celui d'aujourd'hui et, certes, de celui de mon époque, il y a 35 ans.
Bonjour. Je tiens à remercier les membres du comité permanent de me donner l'occasion ce matin de discuter de la technologie agricole pouvant être mise au service des exportations canadiennes — dans notre cas, les exportations saskatchewanaises.
Je m'appelle Ray Orb et je suis le président de la Saskatchewan Association of Rural Municipalities, connue sous l'acronyme de SARM. Constituée en société en 1905, la SARM est le porte-parole de la Saskatchewan rurale depuis plus d'un siècle. Nous représentons l'ensemble des 296 municipalités rurales de notre province, lesquelles couvrent 53 % du territoire provincial. Notre plus petite municipalité dessert une population de 76 habitants alors que notre plus grande en dessert plus de 8 000. Nous travaillons pour nos membres afin de trouver des solutions aux défis auxquels on fait face en région rurale dans notre province.
Notre association a pour mandat de travailler dans le secteur agricole, secteur primordial dans notre province. La Saskatchewan est un des principaux producteurs de blé, d'avoine, de graines de lin et d'orge au Canada. On y retrouve aussi des fermes céréalières, des élevages de bétail et des fermes laitières. De plus, notre province compte un secteur des microbrasseries en plein essor. Selon un rapport récent d'Economic Development Regina, en 2017, la bière artisanale représentait une industrie de plusieurs millions de dollars en Saskatchewan, et on s'attend à ce qu'elle continue de croître, ce qui n'est pas étonnant. L'agriculture est un mode de vie chez nous.
Notre paysage a changé au cours du siècle dernier. Les avancées technologiques ont ouvert d'énormes débouchés pour nos agriculteurs, nos éleveurs et les personnes qui habitent à la campagne, mais à l'heure actuelle, la majorité des municipalités en région rurale ne sont pas dotées de l'infrastructure à large bande nécessaire pour assurer le soutien et l'adaptation technologiques. La technologie à large bande en milieu rural est un investissement essentiel qui permettrait aux agriculteurs et aux éleveurs de tirer parti des avancées technologiques. Pour nos producteurs qui cherchent à être concurrentiels sur le marché mondial, les services à large bande, les téléphones intelligents et les technologies sont cruciaux.
Nous voyons d'importants débouchés technologiques dans le secteur agricole — par exemple, dans l'agriculture de précision. Ce type d'agriculture se sert de la technologie de diagnostic et des capteurs pour assurer qu'on utilise seulement la quantité exacte d'eau, d'engrais, de médicaments et de produits de protection des cultures, ce qui rehausse la qualité des cultures et le bien-être des animaux tout en améliorant le rendement. L'agriculture de précision cible mieux les intrants et augmente le rendement en plus de permettre une meilleure planification et prise de décisions. Sans un service à large bande fiable, les producteurs ne sont pas en mesure d'utiliser ces technologies au meilleur escient possible.
Les capacités GPS offrent un autre débouché en agriculture. Les tracteurs se servant de GPS pour optimiser leur trajet minimisent l'érosion et le compactage du sol tout en améliorant le rendement des cultures, mais l'utilisation de tracteurs autonomes sans conducteur n'est toujours pas monnaie courante. On a déjà fait pousser des cultures ainsi cultivées dans le cadre d'un projet au Royaume-Uni. Dans ce même pays, les éleveurs de bétail bénéficient déjà de technologie pouvant les aider à optimiser l'alimentation de leurs animaux ainsi qu'à surveiller activement la fertilité et le vêlage pour que les troupeaux de vaches laitières et de bovins de boucherie soient plus en santé et productifs. Les taux de mortalité pendant le vêlage pourraient connaître une baisse pouvant aller jusqu'à 80 %.
On en revient encore une fois au besoin d'avoir un accès fiable à Internet haute vitesse en région rurale qui permettrait aux agriculteurs et aux éleveurs d'être connectés à leur exploitation, entre eux et au reste du monde. Si les producteurs agricoles avaient accès aux outils agronomiques actuels qui sont adaptés aux fermes et aux champs individuels, cela leur permettrait d'obtenir des prévisions et des données agronomiques pour prendre des décisions viables et simplifier leurs opérations.
Un autre secteur d'importance sur le plan agricole et technologique est celui des sciences végétales: l'étude des systèmes végétaux. L'Ouest canadien a une saison de culture courte et sèche, si bien que la croissance efficace des plantes est cruciale pour les producteurs des Prairies. Le département des sciences végétales de l'Université de la Saskatchewan est le seul au Canada qui soit capable d'offrir une expérience aussi diversifiée de l'étude des sciences végétales.
Les scientifiques de ce département et du centre de développement des cultures mènent des travaux de recherche pour développer de nouvelles variétés qui pousseront bien dans les conditions de croissance des Prairies. Les études sur les innovations actuelles comprennent la création d'outils pour protéger les cultures contre les insectes, les mauvaises herbes et les maladies, ainsi que le développement de variétés de cultures plus fortes, plus saines et plus utiles que celles dont on dispose.
L'université collabore avec des institutions comme l'Institut de biotechnologie des plantes au Conseil national de recherches, le centre de recherche d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, l'usine pilote d'extraction de protéines, d'huiles et de féculents, et le Centre canadien de rayonnement synchrotron, qui permettent tous de mettre la recherche interdisciplinaire au service de l'innovation. Ces types d'innovations aident les agriculteurs à faire pousser, de façon durable, des aliments sains tant pour les Canadiens que les gens d'autres pays, permettant ainsi de nourrir le monde et de stimuler la croissance économique.
Tout est une question de connectivité. Sans une connexion Internet haute vitesse qui soit fiable, constante et abordable, impossible d'avoir accès à ces technologies. En 2016, on a signalé que 82 % des Canadiens avaient accès à la technologie à large bande. Les 18 % qui restaient résidaient surtout dans les collectivités rurales, si bien que nombre de producteurs se retrouvaient sans accès fiable.
À titre de président du forum rural de la Fédération canadienne des municipalités, je fais remarquer que la FCM milite depuis longtemps en faveur d'une participation fédérale accrue dans le développement de l'infrastructure des télécommunications qui est essentielle à la vitalité des collectivités rurales canadiennes. L'accès Internet à large bande est devenu fondamental dans la vie moderne et a le pouvoir de transformer le Canada rural. Les réseaux modernes contribuent à la croissance économique en améliorant la productivité, en offrant de nouveaux services, en appuyant l'innovation et en améliorant l'accès aux marchés, surtout dans le secteur agricole.
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Merci, Howard et Ray. C'est bon de vous revoir tous les deux.
Je veux enchaîner sur ce que M. Orb avait commencé à dire. Nous savons qu'Internet haute vitesse pose problème. Dans le secteur agricole actuel, une génération de jeunes gens sont séduits par les débouchés incroyables qu'ils y voient, non seulement au niveau de la production primaire, mais aussi à la grandeur du secteur dans son ensemble.
Monsieur Mains, vous avez parlé notamment de ce suivi, non seulement de ce que les agriculteurs utilisent, mais aussi de l'endroit où nos produits se retrouvent et de la façon dont on gère le tout au moyen d'équipement de transformation.
Pour ce qui est des producteurs incapables d'avoir Internet haute vitesse, certains producteurs laitiers de ma région — qui est très agricole — dépensent entre 30 000 $ et 40 000 $ parce qu'ils ne peuvent pas mettre en place les innovations à moins d'avoir des câbles haute vitesse. Que doivent faire les agriculteurs qui travaillent dans le secteur des cultures commerciales? C'est l'autre problème. II y a ici un écart à combler.
Que peuvent faire les industries, monsieur Mains, en ce qui concerne la production de ce secteur de pointe dont il est ici question? Comment combler cet écart? Avez-vous des idées?
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Je pense qu'il a fallu 60 ans pour construire l'infrastructure téléphonique au Canada; nous voulons donc évidemment raccourcir ce cycle dans le cas d'Internet parce que les Canadiens vont réclamer le service à cor et à cri. Nous devons toutefois tirer parti du financement, comme mon collègue M. Longfield l'a souligné. Quand vient le temps de s'assurer que tout le monde a accès à Internet, je pense qu'il manque 10 milliards de dollars en investissement au pays.
Je suis entièrement d'accord avec vous: le problème ne se limite pas à la Saskatchewan. C'est un problème qui touche le Canada rural.
Monsieur Mains, vous avez fait une observation qui m'a semblé très intéressante, affirmant que les agriculteurs s'occuperont davantage de gérer des données que de travailler dans leurs granges et leurs champs. J'ai discuté de la question avec des agriculteurs d'un certain âge et ils ont dit que j'étais fou, mais j'ai observé le phénomène de mes propres yeux. Juste dans le domaine de la robotique laitière, j'ai aidé un agriculteur à transférer des vaches, et tout ce que nous avons eu à faire, c'est les aider à s'habituer au robot, et elles étaient essentiellement dressées. C'est à peine si l'agriculteur a besoin d'entrer dans la grange une fois que les vaches sont dressées pour se diriger vers les robots. Le seul ennui, c'est que certaines vaches en bousculent d'autres et les empêchent d'atteindre le robot, mais les agriculteurs s'emploient à résoudre le problème.
Pendant que nous parlons de données — et vous avez évoqué l'agrégation de données —, quel rôle le gouvernement pourrait-il jouer afin d'apporter de l'aide dans ce dossier, selon vous? J'ai entendu des agriculteurs déplorer le fait que certaines entreprises conservent leurs données et qu'ils n'y ont pas accès. Le gouvernement devrait-il intervenir dans le domaine de l'agrégation de données? Ces informations pourraient être utiles dans le cadre d'études futures et favoriser les avancées technologiques.