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Merci, madame la présidente. Bonjour à toutes et à tous.
Je vous remercie de nous donner la possibilité de comparaître, à titre de représentants d'une institution muséale, devant le Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes.
Je suis Joanne Watkins et j'oeuvre dans le milieu de la muséologie depuis plus de 30 ans. J'ai été directrice d'un centre d'interprétation, puis d'un écomusée, et je suis aujourd'hui directrice générale du Musée de la mode. J'ai aussi été coordonnatrice d'un réseau en région composé de 17 institutions muséales. Je suis présentement membre du conseil d'administration de la Société des musées de Montréal.
Je vous présente M. Jean-Claude Poitras, créateur de mode, designer multidisciplinaire et récipiendaire de nombreux prix et distinctions au Québec ainsi qu'au Canada. Monsieur Poitras a reçu l'Ordre du Canada en 1995, l'Ordre national du Québec en 1996 et a été élevé au rang d'Officier de l'Ordre national du Québec en 2012.
Ensemble, nous allons témoigner des réalités de notre musée comme un exemple parmi d'autres institutions de petite taille, et ce, dans une conjoncture où les ressources financières de toutes provenances sont limitées.
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Le fait d'assumer le rôle de président du conseil d'administration du Musée de la mode est un beau défi que j'ai accepté parce que je crois que la mode est essentielle pour le Canada dans son entier. J'ai moi-même évolué dans ce domaine pendant des années. J'ai vraiment apporté mes collections partout dans le monde, beaucoup aux États-Unis, et partout au Canada, cela va de soi. Or je me rends compte que plusieurs pays ont des musées de la mode. C'est de cette façon que l'on bâtit la fierté d'un peuple vis-à-vis cette industrie exceptionnelle. C'est pourquoi j'ai accepté d'assumer la présidence du conseil d'administration de ce musée, qui demeure un trésor trop bien caché.
Le Musée de la mode, qui portait jusqu'à tout récemment le nom de Musée du costume et du textile du Québec, a 37 ans. Créé en 1979 à Saint-Lambert, il a été relocalisé en 2013 au Marché Bonsecours, dans le Vieux-Montréal, de façon à pouvoir profiter de conditions de fonctionnement plus adéquates pour mener à bien sa mission. Ses collections, constituées au fil des ans par des dons de citoyens, sont conservées dans une réserve muséale. Elles comptent plus de 7 200 pièces d'origine tant québécoise que canadienne et internationale.
Le centre de documentation du musée possède quant à lui près de 900 ouvrages spécialisés concernant la mode, ses artisans, ses designers, le textile, bien sûr, l'art textile dans son ensemble et l'histoire de la mode. La Collection Régor, actuellement en traitement, se compose d'environ 5 000 magazines, journaux et dessins de mode. Elle a été cédée au musée par Bibliothèque et Archives Canada au cours des années 1990.
Depuis 2011, le Musée a redéfini sa mission afin de faire du patrimoine textile et vestimentaire, de l'ethnologie et de la mode les axes privilégiés de recherche, de conservation et d'éducation du musée.
Animés par un devoir de mémoire, de mise en valeur et de partage de l'héritage vestimentaire et textile, ses activités et ses produits reflètent également la créativité et le dynamisme du présent. Entre tradition et innovation, le Musée de la mode met un point d'honneur à exposer des créations tant québécoises que canadiennes, mais également des artefacts internationaux, afin de mettre en lumière des artistes et des artisans qui ont fait ou font encore le succès de la mode dans l'ensemble du pays.
Le Musée de la mode mène à bien diverses initiatives de diffusion au moyen d'expositions virtuelles et temporaires in situ et extra muros, d'activités éducatives et de médiation, de publications, d'ateliers et de conférences. Les activités proposées par le Musée sont destinées autant à un public large et généraliste qu'à des clientèles dont les intérêts sont spécialisés. Sa boutique présente des produits liés à ces thématiques, soit la mode, le costume, le textile et la fibre.
À Montréal, une quarantaine d'institutions muséales desservent le territoire, dont neuf sont situées dans le Vieux-Montréal, notamment le Musée de la mode. Si ce réseau compte des institutions d'envergure et des lieux historiques nationaux importants, il est majoritairement composé de plus petites institutions bien réparties dans l'espace géographique et dont l'unicité est à préserver. L'engagement des communautés qui les ont fait naître et des citoyens, individus, collectionneurs et mécènes qui les alimentent et les soutiennent exige une reconnaissance soutenue.
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Le Musée de la mode doit faire face à des défis importants depuis plusieurs années, avec des problèmes communs à de nombreuses institutions au Canada et au Québec, selon nos collègues muséologues.
Le premier défi est la diversification des ressources financières. Les institutions muséales, sans compter tous les organismes à but non lucratif oeuvrant dans le secteur de la santé, de l'éducation, de l'environnement et de la culture, sont à la recherche de partenaires financiers pour soutenir les activités liées à leur mission réciproque. De ce fait, il est difficile d'obtenir des fonds d'organismes corporatifs et même d'organismes publics puisque les demandeurs sont de plus en plus nombreux. Malgré un plan de redéploiement réussi incluant des aménagements muséaux importants, des résultats financiers à la hausse et une fréquentation accrue, le Musée de la mode doit aujourd'hui composer avec une adaptation financière qui nécessite une plus grande diversification de ses ressources étant donné que les budgets requis pour assumer ces mandats ne sont pas au rendez-vous.
Comme de nombreuses autres petites institutions muséales au Québec et au Canada, le Musée de la mode est confronté à une conjoncture financière difficile. Le désengagement graduel des gouvernements à l'égard du financement des institutions et des événements culturels ainsi que la concurrence des musées nationaux et provinciaux au chapitre des dons philanthropiques contribuent largement à cet état de faits. Depuis plusieurs années déjà, les associations régionales et nationales peuvent en témoigner. Les directions de musées multiplient les démarches pour trouver le financement nécessaire à l'accomplissement des grandes fonctions muséales, ce qui représente maintenant un travail presque à temps complet. Quand il y a de petites équipes dans les musées, c'est la direction qui cherche de l'argent presque à temps complet. Faire plus avec moins dans un monde concurrentiel en évolution constante, sans perdre de vue la sauvegarde des patrimoines qui nous ont été confiés, et ce, au profit de tous et, en particulier des générations futures, est tout un défi.
Abordons la question des actions entreprises par le Musée de la mode. Depuis 1987, ce dernier est soutenu quant à son fonctionnement par le ministère de la Culture et des Communications du Québec, ce qui représente environ le tiers du budget nécessaire à ses opérations. Ses revenus autonomes sont générés par les admissions, les adhésions, la location et diverses activités: visites guidées, ateliers, cours, conférences, soirées bénéfices et ainsi de suite. Il fait aussi une campagne annuelle de financement. Le Musée bénéficie depuis deux ans de la générosité d'une mécène qui nourrit l'inventaire de sa boutique de pièces et d'accessoires vintage. Les ventes en boutique représentent maintenant une portion importante de ses revenus. Je reviendrai sur le soutien nécessaire si j'ai le temps d'aborder cette question.
Le deuxième défi est la constitution d'une équipe permanente. La gestion d'un musée comporte beaucoup de défis pour chacune des fonctions à assumer. Selon nous, le principal défi concerne la constitution d'une équipe permanente. C'est un enjeu crucial pour le Musée de la mode. Chaque année, le Musée procède au maximum de demandes de financement public pour l'embauche d'étudiants actifs ou diplômés et de contractuels, mais sans nécessairement atteindre ses objectifs financiers. En fait, les réponses ne sont pas toujours à la hauteur des attentes et des besoins.
De plus, la précarité des emplois, les salaires peu concurrentiels — les programmes ne couvrent souvent que le salaire minimum —, la nécessaire polyvalence au chapitre des compétences et de l'expérience, la courte durée des projets, sans compter l'absence d'avantages sociaux font que l'embauche et la rétention des employés constituent un défi de taille et une jonglerie permanente. Malgré les efforts soutenus tant de la direction que du conseil d'administration ainsi qu'une gestion serrée des dépenses, le budget de fonctionnement minimal requis pour assurer, par un personnel compétent, les opérations courantes du Musée de la mode n'a toujours pas été atteint.
Parlons des actions entreprises. Annuellement, le Musée fait de très nombreuses demandes de financement dans le cadre des programmes existants auprès d'organismes publics, autant pour des...
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... projets spécifiques que pour l'embauche de personnel temporaire. Cette année, souhaitant établir le plus précisément possible ses besoins au chapitre des ressources humaines, le Musée a défini les grands secteurs couvrant l'ensemble de ses membres et pour lesquels il est important de consolider et d'établir des postes permanents en complément des trois postes actuels.
Le troisième défi est la reconnaissance des collections. La présence à Montréal du Musée de la mode suscite beaucoup d'intérêt chez les collectionneurs de vêtements et de textiles. Ils y voient le lieu tout désigné pour l'étude, la préservation et la mise en valeur de leurs collections. L'exposition actuelle intitulée « Parcours d'une élégante », qui est construite à partir des dons d'une seule et même collectionneuse et donatrice du musée, influence les visiteurs en ce sens. Les offres de dons de vêtements, d'accessoires et d'objets sont de plus en plus nombreuses. Cependant, la gestion des collections et de la réserve — d'autant plus que celle du Musée de la mode est située à quelques kilomètres du lieu de travail et de diffusion — requiert des moyens et des ressources humaines, matérielles et techniques pour lesquels un budget spécifique doit être dégagé. Cependant, cette fonction d'importance pour un musée n'étant pas visible et ne générant surtout pas de revenus, elle est souvent assumée de façon intermittente parmi de nombreuses autres priorités.
Je vais terminer avec le quatrième défi, soit la valorisation du réseau muséal canadien.
Le Musée de la mode fait face à une concurrence importante puisque l'offre culturelle et l'offre de divertissement sont très fortes à Montréal. Les autres musées mobilisent eux aussi en priorité beaucoup d'énergie dans la promotion et le bon déroulement de leurs activités, ce qui laisse, malheureusement, peu de place pour des collaborations entre les institutions. De par leur imposante visibilité et notoriété, les grandes institutions font beaucoup d'ombre aux petites au lieu d'exercer un rôle fédérateur. Une compétition s'exerce donc entre les musées et l'entraide s'avère difficile faute de personnel disponible pour les besoins des autres. De plus, les petites institutions subissent l'écrasante présence médiatique des plus grandes.
La visibilité du Musée de la mode a été grande lors de son aménagement à Montréal en 2013 et de son changement d'appellation en 2016. Toutefois, plusieurs outils publicitaires se montrent aujourd'hui obsolètes et mériteraient d'être réactualisés. Toute la signalétique à l'intérieur du Marché Bonsecours, où loge le Musée, doit être repensée.
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Madame la présidente, messieurs les vice-présidents et mesdames et messieurs les membres du Comité, merci de nous donner l'occasion de parler de l'état actuel des musées au Canada.
J'ai commencé à travailler dans les musées à l'âge de 15 ans, comme bénévole dans un musée de comté en Ontario qui était géré par des bénévoles. J'ai occupé des postes d'interprétation du patrimoine et de conservatrice dans des petits et des grands musées, j'ai aussi travaillé comme consultante en planification culturelle et en développement des politiques, en recherche stratégique et dans des initiatives communautaires novatrices pour les arts et le patrimoine, partout au Canada, en particulier dans le Nord, pendant plus de 30 ans. J'ai également occupé des fonctions à l'international et, en ma qualité de secrétaire générale du Commonwealth Association of Museums, j'ai une vision d'ensemble de ce sujet.
Le CAM est une organisation canadienne à but non lucratif orientée vers les droits humains, la justice sociale et le développement des professions muséales dans tout le Commonwealth.
Je vais parler de la situation des musées au Canada en partant des cinq fonctions primordiales des musées, de la manière dont les musées peuvent être bénéfiques et sont bénéfiques à la société et de la façon dont le CAM se positionne pour influer sur la politique et la pratique internationales en matière de patrimoine afin de contribuer à la bonne réputation générale du Canada dans le secteur des musées.
La définition internationale d'un musée est la suivante:
Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d'études, d'éducation et de délectation.
La manière dont ces cinq fonctions essentielles sont remplies a considérablement évolué ces dernières années, au Canada et ailleurs. Le public a tendance à se concentrer sur les expositions et les programmes, mais le travail invisible qui se passe en coulisse — les acquisitions, la conservation et la recherche — est également important et joue directement sur la qualité de ce que voit le public.
Le financement public n'a pas évolué au même rythme que les fonctions des musées. Les musées du monde entier sont en permanence en train de réévaluer ce qu'être au service de la société et de son développement veut dire et ils agissent sur les objectifs de développement durable de l'ONU, en gérant des questions aussi diverses que la sécurité, l'égalité et la durabilité. Au sein du Canada, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et les appels à agir de la Commission de vérité et de réconciliation ont des conséquences pour toutes les institutions du patrimoine.
Les musées fonctionnent sous fiducie d'intérêt public. Leurs avoirs sont publics.
De nombreux musées canadiens furent créés comme des projets pour le centenaire en 1967, installés dans des bâtiments du patrimoine qui nécessitent des restaurations ou dans de nouvelles installations dédiées qui requièrent une maintenance ou des agrandissements, ou les deux.
Il va falloir bâtir de nouveaux musées. Le Nunavut est devenu un territoire séparé en 1999, mais il n'a toujours pas de musée territorial. Notre pays est de plus en plus urbain et pourtant Vancouver est la seule grande ville canadienne disposant d'un musée municipal.
Pour revenir aux cinq fonctions, nos collections sont peut-être d'une grande valeur monétaire et sont inestimables en ce qui concerne le patrimoine canadien, mais elles ne reflètent pas nécessairement les grands thèmes de l'histoire canadienne et les événements plus récents.
Les musées ont une capacité limitée de collection, à cause du manque d'espace de stockage et de ressources humaines et financières. Lorsque des artefacts importants, qui amélioreraient les collections, deviennent disponibles, les musées n'ont pas toujours les ressources suffisantes pour les acquérir. Certains musées ont retiré des objets de leurs collections, soit pour libérer de la place, soit pour aller chercher des fonds nécessaires.
En ce qui concerne la conservation, les musées ont une capacité limitée de conservation des artefacts de leurs collections, à cause du manque de place et surtout du manque de personnel formé à la conservation en raison de la stagnation ou de la réduction des budgets de fonctionnement. Les musées de taille moyenne ont réduit le nombre de postes de conservateurs pour créer de nouveaux postes dans la programmation, la recherche de financements, la mercatique, la communication et les nouvelles technologies, par exemple.
En matière de recherche, la plupart des musées n'ont pas les ressources suffisantes pour mener des recherches, ou seulement pour des projets d'expositions en particulier. Quand un conservateur part en retraite, son savoir est souvent perdu plutôt que d'être transmis à des nouveaux.
Au sujet des expositions, le concept d'exposition permanente est désuet. Les visiteurs s'attendent à voir des expositions qui changent régulièrement, bien que les musées n'aient pas les moyens de renouveler les expositions aussi souvent que le voudraient les muséologues et les visiteurs. Il est difficile pour les musées canadiens petits et moyens de bâtir des expositions qui voyagent à travers le pays et il n'y a que les plus grands musées canadiens qui sont en mesure de participer à des expositions internationales itinérantes présentant le patrimoine canadien.
Pour ce qui est de la communication, en tant qu'institutions éducatives, les musées proposent des ressources pour les enseignants, pour des programmes éducatifs didactiques pour les étudiants et des offres d'éducation informelle continue pour les adultes. En tant que centres communautaires, ils jouent le rôle de coffre-fort pour les communautés en hébergeant d'importantes mémoires collectives. Ils peuvent proposer des programmes pour prendre en charge des problèmes sociaux particuliers, pour intégrer les personnes marginalisées, pour jouer un rôle de justice préventive, pour améliorer la santé et le bien-être, et jouent souvent le rôle de centre d'accueil pour les personnes âgées.
En tant qu'attractions culturelles, les musées peuvent attirer les gens dans une communauté et les inciter à y rester plus longtemps. Ce sont des moteurs de régénération économique et ils peuvent revitaliser des centres-villes. Ce sont des catalyseurs de créativité qui offrent un répit vis-à-vis des pressions du monde d'aujourd'hui et inspirent à leurs visiteurs une incroyable diversité de sujets de réflexion.
Les changements démographiques ont eu un impact énorme sur les mandats institutionnels. Il est de plus en plus important de comprendre les cultures mondiales. Les personnes qui constituent l'audience traditionnelle et les volontaires vieillissent et les musées se tournent vers les plus jeunes pour trouver de nouveaux publics, de nouveaux volontaires, du personnel et des dirigeants.
Au Canada, la proportion d'immigrants et, dans certaines parties du pays, d'autochtones, augmente. Les musées sont de plus en plus réactifs vis-à-vis de leurs communautés, ils emploient des Autochtones et des nouveaux Canadiens à des postes de direction, d'employés ou pour du volontariat. Les musées créent des partenariats avec les autochtones et les communautés ethnoculturelles pour le développement d'expositions liées à leurs cultures et pour monter des expositions et des programmes qui aient davantage de sens pour les gens d'origines diverses.
Les musées subissent les mêmes pressions que les autres institutions culturelles et éducatives. L'accent qui est davantage mis sur le travail d'équipe et les partenariats a fait que la planification et la mise en oeuvre des projets sont plus difficiles et prennent plus de temps, mais sont aussi souvent plus riches et plus satisfaisantes. Cela s'applique potentiellement à la collaboration internationale.
Le travail des musées est devenu plus complexe à cause des questions d'identité et de démographie, mais aussi en raison des innovations technologiques, qui ont permis d'autres manières de travailler, mais qui ont simultanément créé une nouvelle strate de travail dans les musées.
Les expositions, qu'il s'agisse d'art contemporain utilisant les nouveaux médias ou d'expositions interactives dans d'autres types de musées, peuvent constituer des défis technologiques. Les visiteurs s'attendent à trouver des éléments interactifs sophistiqués dans les expositions concrètes et virtuelles qui dépassent souvent les budgets des musées. Les salaires dans les musées sont faibles en regard du niveau de formation et d'expérience. De nombreux musées ont réduit leur personnel ou le nombre d'heures travaillées, ou les deux, afin d'équilibrer le budget et pourtant l'offre des musées n'a pas été réduite de façon significative.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les trois témoins trois d'être ici avec nous ce matin. Il est certainement très instructif d'apprendre quelle est votre réalité, qui est évidemment très différente de celle d'autres musées.
Il y a quand même déjà des parallèles que nous pouvons établir entre les différents témoignages. Lors de son passage mardi, Mme Blanchette, du Musée Pointe-à-Callière, indiquait par exemple que ce serait bien d'avoir un programme qui chercherait à stimuler le soutien de la part de l'industrie et du secteur privé.
Je pense que vous l'avez bien souligné, monsieur Poitras, à un point tel que j'ai l'impression que vous en faites votre croisade. Je vous en remercie, d'ailleurs. Honnêtement, c'est rare qu'on a, au sein d'un conseil d'administration, une personne aussi forte dans le domaine du design et de la mode.
Une autre constatation a aussi été faite lorsque nous avons entendu le témoignage de M. René Rivard, qui identifiait entre autres...
Je vois que vous acquiescez.
Le musée a 37 ans. Il était situé à Saint-Lambert dans un tout petit bâtiment classé monument historique. Il a tout de même fait de très belles et grandes expositions. Les collections ont été constituées par des dons. En 2005, en considérant de quoi était constituée la collection, la direction de l'époque a convenu qu'il s'agissait beaucoup plus de textile, de mode et ainsi de suite. C'est pourquoi le Musée Marcil est devenu le Musée du costume et du textile du Québec.
Il y a cinq ans, quand je suis entrée en fonction au musée, qui était à Saint-Lambert à l'époque, en tant que directrice administrative, mon mandat consistait à étudier ce qui avait été fait pour déménager ce musée et trouver une solution en ce sens. Il y avait des projets depuis 20 ans pour que ce musée change d'emplacement, notamment à Longueuil et à Saint-Lambert, dans le bureau de poste. Il était toutefois clair que si le musée voulait s'épanouir en conservant comme thématiques la mode et l'art textile, il devait déménager à Montréal.
Nous nous sommes alors penchés sur les emplacements possibles et, finalement, le Marché Bonsecours s'est avéré le bon endroit, précisément parce qu'il y a des liens entre le thème principal du musée et ce qui s'y déroule. Cependant, je ne vous cache pas que le fait de passer d'un loyer modeste à un loyer coûteux est un problème supplémentaire pour ce qui est des coûts de fonctionnement du musée.
Cela dit, nous sommes très heureux. Le lieu est adéquat et le taux de fréquentation a doublé. Nous souhaitons le quadrupler voire le quintupler. Chaque année, 700 000 personnes passent par le Marché Bonsecours. En étudiant le plan d'affaires qui nous a permis de déménager le Musée à Montréal, il m'est apparu clairement que si 10 % de ces personnes venaient au musée, les affaires se porteraient bien.
Je vous ai également parlé d'un problème de signalisation à l'intérieur du marché. En effet, la signalisation y est déficiente, ce qui cause des inconvénients. Je vais justement rencontrer bientôt une fonctionnaire de Patrimoine canadien pour étudier le problème et voir comment nous pourrions trouver une solution, et ce, non pas seulement pour le Musée. Nous nous trouvons effectivement dans un lieu classé bâtiment historique et cet endroit est fréquenté par tout le monde.
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Quand je parlais de la reconnaissance des institutions muséales, nous vivons quelque chose de particulier non seulement à Montréal, mais au Québec. À Montréal, il y a une quarantaine d'institutions muséales. Il y en a 400 au Québec et, au Canada, il y en a peut-être 2 000. Montréal pourrait se positionner comme une ville de tourisme muséal. Nous pourrions inviter les gens à venir à Montréal pour fréquenter les musées. Les grandes institutions sont toujours celles que l'on promeut et non pas l'unicité, la variété et ainsi de suite.
Je crois qu'il est important qu'il existe de plus petites institutions et des institutions de moyenne grandeur. Toutes les collections ne peuvent être présentées dans les mêmes lieux, parce que les grandes institutions n'ont pas nécessairement la vocation de montrer des collections de tous les genres.
En somme, un Musée de la mode à Montréal, c'est important. D'autres types de musées ailleurs sont aussi importants, quels que soient leur taille. Je me rends compte que, plus ça va et plus je travaille dans le milieu, plus il y a de l'iniquité. Les grandes institutions tirent de plus en plus les ficelles et réussissent, autant auprès du secteur privé que du secteur public, à recueillir des fonds, bien qu'elles puissent dire elles aussi qu'elles manquent d'argent, toutes proportions gardées. Lorsque je parle dl'iniquité, je parle de montants qui, parfois et tout à coup, aboutissent dans une grande institution et ne sont pas répartis entre les plus petites. On se demande comment elles font pour que cela se produise. Elles tirent à mon avis les ficelles.
En fait, l'iniquité est un problème. Il est important de reconnaître tous les types de musées et l'unicité des institutions muséales d'un peu partout. Les gens qui font des dons et qui les fréquentent et, en particulier, ceux qui contribuent gratuitement à des collections, s'intéressent à des institutions spécifiques.
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Je crois que le temps est venu de penser et d'agir différemment. On doit vraiment penser différemment.
Pour illustrer mon propos, j'étais à la base d'un développement qui a débuté lentement il y a quatre ans. Cela vient de connaître une belle apothéose à Toronto au plus grand salon de meubles au Canada.
C'est un peu une initiative du Cégep régional de Lanaudière, à Terrebonne, où il y a un département de design industriel. Ces gens sont venus me voir pour me dire qu'il était temps, en premier lieu, de repositionner le Québec, mais, éventuellement et idéalement, tout le Canada, en ce qui concerne notre approche du design et nos actions dans ce domaine.
Deux collègues chercheurs et designers industriels et moi avons fait ce qu'on a appelé le référentiel du meuble québécois pour tenter de trouver une nouvelle façon d'approcher cette image floue qui tourne autour des fabricants de meubles au Québec. Nous avons fait cela parce que l'industrie du meuble est très importante au Canada. Ceux qui ont résisté à la vague de production de l'Asie se cherchent un peu, se questionnent et se demandent comment ils se démarqueront et ce qu'ils feront. Ils sont toujours en mode survie. Il faut aller ailleurs.
Nous avons cru qu'il fallait vraiment croire au pouvoir du design afin de se démarquer et nous avons cherché dans nos racines et nos traditions au fil des ans. Nous avons d'abord convaincu sept manufacturiers.
Je voudrais remercier les témoins d'avoir été parmi nous. Je sais que le temps était très limité, mais nous procédons à un examen d'ensemble, alors je crois que vous nous avez permis de nous faire une idée de ce qui va et de ce qui ne va pas et de ce qui doit changer.
Je ne savais pas, par exemple, avant de me rendre dans cet endroit nommé Design Exchange à Toronto, que le Canada était après la Seconde Guerre mondiale à la pointe en conception industrielle. Toutes ces bouilloires étaient fabriquées à partir des phares en aluminium des avions que nous produisions. Nous sommes devenus un symbole de la conception industrielle à cette époque. Personne ne le sait. Je ne le savais pas avant de visiter le musée. J'ai pensé, mince, nous devons célébrer cela comme faisant partie de notre histoire. Pour notre 150e anniversaire, il faut que nous mettions cela en avant, pas seulement les bouilloires et ainsi de suite, mais aussi beaucoup de mobilier en résine, des objets en plastique, des horloges, la console qui permettait de loger la télévision, la chaîne haute-fidélité et tout le reste dans un unique meuble. Nous avons conçu cela. C'était une conception canadienne qui était très en vogue dans les années 1950.
Je crois que vous avez dit des choses très importantes, merci beaucoup d'être venus.
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Super, je vais pouvoir lire toutes mes notes. J'en suis ravie. Je vais pouvoir vous divertir.
Je tiens à insister sur le fait que le gouvernement fédéral doit prendre au sérieux la nécessité de revitaliser et de refondre complètement la politique nationale sur les musées ainsi que les subventions du PAM. Je vous invite à considérer que nous ne parlons pas ici uniquement dans le cadre de ces merveilleuses séances de consultation. Ce sont des aspects importants qui constituent un travail de fond. Il faut y voir la première étape d'un processus à long terme visant à revitaliser le modèle de financement ainsi que les politiques et les stratégies qui soutiennent les musées et les salles d'art communautaires, partout au Canada, dans l'accomplissement de leur mission communautaire, nationale, provinciale et même internationale.
Cela sous-entend un examen en profondeur de même que, comme je le disais, la transformation radicale de tout un ensemble de politiques et de procédures ainsi qu'une refonte du modèle de financement des musées et des salles d'art. Cela comprend, sans s'y limiter, la Politique nationale des musées, la Politique du droit d'auteur, la Loi sur les sociétés par actions, le PAM, le programme d'emplois d'été, les programmes Jeunesse Canada au travail, le Réseau canadien d'information sur le patrimoine, l'Institut canadien de conservation et le fait que les musées nationaux doivent servir de centres de ressources pour les musées communautaires.
Nous entretenons tous deux d'excellentes relations de travail avec les musées nationaux, mais il est maintenant question de passer à la vitesse supérieure. Les musées nationaux doivent devenir des pôles universels, les ministères fédéraux doivent communiquer entre eux et avec les musées communautaires et ils doivent coordonner les programmes et les ressources pour faciliter le travail des musées et des salles d'art communautaires dans leurs services à la population.
Je joue ici un rôle de témoin auprès du Comité, pour exprimer le point de vue d’un musée communautaire, petit mais dynamique, le musée Bytown. Vous avez tout à fait raison, nous sommes à un jet de pierre d'ici et notre porte vous sera toujours ouverte. Nous avons tout ce qu'il faut pour vous accueillir dignement.
Notre musée est un monument historique national classé au patrimonial mondial de l'UNESCO; il est géré par Parcs Canada, pour le compte de la population canadienne.
La plupart des musées du Canada sont des musées communautaires qui servent leur collectivité, leur province et leur pays depuis plusieurs années.
Les musées, ainsi que tous les organismes culturels, sont confrontés aux défis du XXIe siècle, comme la numérisation dont il a été question lors de la séance de mardi. La mobilisation des jeunes est déterminante. On constate des changements démographiques majeurs sous l'effet non seulement de la population vieillissante du baby-boom, mais aussi sous celui de la composition ethnique de la société canadienne dû, entre autres, à l'afflux annuel de nouveaux immigrants. Par exemple, la plupart des musées nationaux accueillent les cérémonies de la citoyenneté et, cette année, le site patrimonial du canal Rideau servira pour les fêtes du Canada. C'est tout à fait incroyable.
Nous devons aussi composer avec la situation économique mondiale. Et puis, nous sommes aux prises avec les sempiternels problèmes de limitations budgétaires, du maintien en poste de professionnels extraordinairement compétents, de l'augmentation de la demande de services de muséologie et des problèmes d'infrastructures.
Les musées sont une composante essentielle de l’industrie culturelle canadienne et ils apportent, chaque année, des milliards de dollars à l’économie du pays. En retour, l’investissement accordé à la culture est minime. Le ministère du Patrimoine canadien n’a pas mis à jour sa Politique nationale des musées ni son Programme d’aide aux musées depuis les années 1990 et ni l’un ni l’autre ne reflètent plus désormais les besoins et la réalité des musées ou des services culturels offerts au XXIe siècle.
Le Réseau canadien d’information sur le patrimoine, le RCIP, répond bien aux besoins des musées et des salles d'art pour ce qui est des services en ligne et de la numérisation. Or, les services du RCIP ont été transférés au Musée canadien de l’histoire.
Selon moi, outre la nécessité de produire un ensemble de politiques et de programmes à l'appui des musées et des salles d'art du Canada, la dimension la plus importante des nouvelles réalités de l'univers muséal est celle de la numérisation des collections et des services en vue de favoriser un accès local et global aux musées. C'est le fondement même de leur avenir.
Dans mon humble musée Bytown, en moins de quatre ans, nous avons déjà numérisé 4 000 images et téléchargé 2 000 dossiers et images dans une base de données en ligne pour permettre l'accès public. Nous l'avons fait grâce à une subvention provinciale — programme qui a été interrompu — et à deux subventions PAM pour lesquelles je serais éternellement reconnaissante. Le problème est que je ne peux plus, désormais, demander une autre subvention PAM pour ce projet parce qu'il sera considéré opérationnel après deux ans.
Il s'agit de subventions versées au projet. Il n'existe pas de financement opérationnel bien que la numérisation, pour n'importe quel musée, constitue un projet à long terme nécessitant un financement à long terme. Aucun palier de gouvernement n'offre de subventions, pas plus les provinces, les municipalités que le fédéral, pour les projets technologiques en muséologie.
En outre, les musées sont en train de devenir des plaques tournantes communautaires. Ils l'ont toujours été, mais ils le seront davantage. Par exemple, le musée Bytown a une galerie d'art communautaire qui est mise gratuitement à la disposition de tout groupe communautaire, ethnique ou autre, ainsi que des artistes locaux, comme des photographes, pour leur permettre d'exposer. En quatre ans, nous avons ainsi exposé des oeuvres des communautés chinoise, guatémaltèque, mexicaine et polonaise. Nous allons accueillir une exposition de la communauté indonésienne et nous avons déjà exposé de nombreux artistes locaux.
[Traduction]
Je vais sauter le reste.
Le gouvernement est en train d'examiner et d'actualiser son modèle de financement et c'est d'ailleurs ce que je vous demande de faire. Nous sommes en 2016, mais le modèle de financement du gouvernement fédéral repose sur des réalités économiques des années 1970 et il ne correspond plus ni aux besoins ni à la réalité des musées et des salles d'art du XXIe siècle au Canada.
Voici, très brièvement, une liste de certains des problèmes auxquels nous sommes tous confrontés.
Il faut améliorer les infrastructures physiques et numériques des musées. Nous sommes une société multiculturelle, et les musées et les salles d'art sont tout en bas de la pyramide, là où le multiculturalisme s'exprime; c'est ce que nous constatons dans nos expositions et nos programmes.
Il faut investir dans l'amélioration de la gestion culturelle et de la gestion patrimoniale — ce dont il a, je crois, été question plus tôt —, non seulement pour permettre à nos professionnels de continuer d'améliorer leurs compétences, mais aussi pour améliorer les programmes en gestion muséale et en gestion du patrimoine culturel dans les collèges et dans les universités.
Ce dernier point est très important: le gouvernement fédéral doit coordonner avec nous l'administration de programmes de subventions fédérales, provinciales et municipales ainsi que d'autres programmes, non seulement pour réduire et rationaliser le processus de demande dont M. O'Regan a parlé l'autre jour, mais aussi pour nous assurer que nous pouvons correctement faire notre travail pour la population canadienne.
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Bonjour. Je remercie le Comité de cette invitation à comparaître aujourd'hui.
[Traduction]
Merci de m'avoir donné l'occasion de m'exprimer devant le Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes. Afin de gagner du temps, je vais m'en tenir à mes notes.
Je suis directeur et PDG de la Galerie d'art d'Ottawa. J'ai l'honneur de représenter notre galerie municipale, mais aussi de m'exprimer au nom des salles d'art municipales et régionales de partout au Canada.
Mon point de vue et un grand nombre des exemples que je vais citer sont ceux d'une salle d'art publique locale, la mienne, qui est en plein projet d'expansion majeure, non seulement en ce qui a trait aux installations physiques et à l'infrastructure — puisque nous déménageons d'un espace de 12 000 pieds carrés dans un nouveau bâtiment de 80 000 pieds carrés — mais aussi en ce qui concerne l'augmentation de nos effectifs, le développement, les opérations de financement, l'adoption de nouvelles plateformes technologiques et numériques, la production de recettes, la gouvernance et le renforcement de la programmation.
La nouvelle Galerie d'art d'Ottawa devrait ouvrir à l'automne 2017 en tant que projet d'héritage culturel d'Ottawa et un grand nombre des défis et des attentes que nous constatons dans notre secteur, y compris le changement de paradigme pour les musées au XXIe siècle, occupent désormais une place prépondérante dans l'état d'esprit collectif qui règne au sein de notre organisation.
De nos jours, une salle d'art publique ne peut plus simplement être un temple de la haute culture, car il lui faut être ce fameux troisième espace, cette plaque tournante, ce leader d'opinion qui contribue à proposer des programmes progressistes dans nos villes.
Qu'est-ce qui fonctionne? Comme Robin l'a mentionné, le programme d'assistance des musées fonctionne bien. Je peux vous parler de son utilité parce que j'ai reçu une importante contribution du PAM pour notre exposition Alma Duncan. Cette contribution nous a non seulement permis d'effectuer la recherche de base sur cette artiste peu connue, qui a été la première cinéaste canadienne à l'ONF — si bien qu'on peut parler d'un « programme de reconstitution » à caractère féministe —, mais il nous a aussi permis de créer une importante publication d'accompagnement et d'effectuer ensuite une tournée régionale. Personne n'aurait entendu parler de cette artiste très importante si ce n'avait été du financement essentiel du PAM.
Toutefois, comme Robin l'a dit, il faut que cette subvention, et les autres subventions du ministère du Patrimoine canadien, fassent l'objet d'une mise à jour en fonction des réalités muséales du XXIe siècle.
Quant aux espaces culturels, je peux vous dire que le Fonds du Canada pour les espaces culturels est, pour le moment, essentiel à notre croissance. Jusqu'ici, nous avons eu accès à la catégorie des « équipements spécialisés » de la subvention qui nous a permis de réaliser des études de faisabilité et d'autres activités du genre. Le Fonds est fondamental. Aucune salle d'art ne peut envisager de prendre de l'expansion si elle ne bénéficie pas de cette subvention.
Nous avons été ravis de constater que le fonds a été remis en vigueur et mieux doté, mais étant donné l'état de l'infrastructure culturelle au Canada, ce programme va bientôt craquer aux coutures sous l'afflux des demandes. J'ajouterai que beaucoup de salles d'art ont eu de la difficulté à réunir les fonds de contrepartie exigés dans le cadre de ce programme.
Robin vous a aussi parlé de l'Institut canadien de conservation, ou ICC. Je ne saurais vous dire à quel point cet organisme a joué un rôle important pour nous, puisqu'il nous a guidés dans tous les aspects de la conception et de la planification fonctionnelles de notre nouveau musée, de même que dans la révision de toutes les étapes majeures de nos plans de conception. Autrement dit, le personnel de l'Institut a veillé à ce que — après que nous serons installés dans notre nouvel édifice dans un an d'ici et que nous demanderons au gouvernement fédéral de nous accorder la reconnaissance officielle de musée — nous répondions au cahier des charges pour ce qui est du contrôle de la température et de l'humidité, des systèmes de CVC, de la sécurité et autres. L'Institut a joué un rôle fondamental en ce qui nous concerne. Cela nous permet donc d'être un musée, un espace désigné, où nous pouvons installer notre propriété culturelle que nous allons partager avec des organisations soeurs.
Beaucoup de salles d'art au Canada ne se trouvent pas à Ottawa où se situe ICC et n'ont pas accès à ce programme, et elles risquent donc de ne pas recevoir la reconnaissance officielle de musée.
Évidemment, une partie de nos défis tient à l'argent qui nous parvient de nos bailleurs de fonds. Je crois que vous en avez parlé un peu, mais je peux vous dire, d'après mon expérience du Fonds des acquisitions du Conseil des arts du Canada, que les programmes de financement de contreparties intéressent beaucoup les bailleurs de fonds. Nous aimerions que soit mis sur pied un programme national de dons de contreparties qui nous permettrait de faire fond sur l'argent qui nous est donné et d'aller en chercher davantage.
L'accessibilité est un aspect négligé depuis longtemps, mais aujourd'hui, il est très en vogue chez les musées et les salles d'art. Il convient de favoriser l'accessibilité sur de nombreux fronts: dans les espaces physiques, pour les biens numériques, pour le recyclage du personnel et pour l'accessibilité des lieux de travail qui se trouvent souvent dans des bâtiments n'ayant pas été conçus pour accueillir du personnel, comme c'est le cas de notre situation actuelle, puisque nous sommes logés dans l'ancien tribunal de comté. Nous avons besoin d'un soutien pour nos infrastructures et pour le renforcement de nos capacités, pas simplement pour être conformes avec la loi, mais pour devenir des chefs de file.
Il y a également la représentation des Autochtones. En tant que membres de l'Organisation des directeurs des musées d'art canadiens, nous sommes très conscients des mesures que nous devons prendre pour que les Premières nations, les Inuits et les Métis fassent partie intégrante de nos musées et de nos galeries, pas seulement au niveau de la programmation — car je pense que nous le faisons très bien — mais au niveau de la direction et de la gouvernance dans les conseils d'administration et le personnel. Nous avons besoin d'incitatifs pour atteindre cet objectif, mais il faut également une certaine intervention de la part du gouvernement.
En ce qui concerne le droit d'auteur et les nouvelles compétences numériques, il ne fait aucun doute que le monde numérique et toutes les nouvelles plateformes des médias sociaux obligent les musées à repenser les compétences nécessaires pour tous les postes, non seulement dans les communications, mais dans tous les aspects. Cela pèse plus lourdement sur les galeries d'art car, bien entendu, nous ne sommes pas les seuls propriétaires du droit d'auteur de l'art que nous exposons. Pour promouvoir et communiquer sur les médias sociaux, nous avons de véritables défis qui sont en corrélation directe avec la Loi sur le droit d'auteur.
En ce qui concerne la gouvernance, je peux dire que le conseil d'administration du Musée des beaux-arts de l'Ontario est solide et réfléchit. Il adopte un nouveau modèle de gouvernance du conseil pour notre galerie au moment où nous entamons une période de croissance et de changement importants. Mais cette réalité est rare et je dois dire que l'une des plus grandes difficultés que connaissent les organismes sans but lucratif est le schisme qui peut se produire entre le personnel professionnel et les conseils d'administration. C'est pourquoi nous aimerions voir une formation et une surveillance de la part du gouvernement fédéral.
Dans les quelques minutes qui me restent, je veux parler du contexte de la capitale nationale. Robin et moi avons une expérience nationale d'autres galeries au Canada, notamment en Saskatchewan, mais le contexte de la capitale nationale est très particulier et j'aimerais donc prendre un moment pour en parler. Je dirais que notre réalité serait la même à Winnipeg ou à Halifax, dans d'autres municipalités qui ont des musées nationaux.
Le premier aspect est la dotation en personnel et les salaires compétitifs. Il nous est extrêmement difficile d'attirer et de retenir du personnel face à ces grands organismes nationaux. Robin et moi avons formé des employés, les avons motivés pour les voir partir pour le Musée des beaux-arts du Canada et le Musée de la nature. Nous en sommes heureux pour eux, mais c'est difficile pour nous.
Il y a ensuite le bilinguisme. Le Musée des beaux-arts de l'Ontario est le seul musée bilingue de cette taille, et le fait d'avoir à trouver et retenir du personnel bilingue pour traduire la myriade de communications de marketing et sur les médias sociaux constitue un important fardeau financier pour notre organisation.
Le marketing et les attentes à notre égard sont un autre problème. Notre département et les fonds de marketing ne peuvent pas se comparer aux musées nationaux, mais on s'attend à ce que nous soyons au même niveau. Même si nous sommes flexibles et réactifs et pouvons faire des choses très intéressantes que ne peuvent pas faire les musées nationaux, nous sommes souvent éclipsés.
Je ne veux pas du tout avoir l'air de me plaindre. Je pense, comme l'a dit Robin, que nous avons d'excellentes relations avec nos organisations nationales, mais nous aimerions plus d'initiatives comme le festival des Scènes du Centre national des Arts, qui fait participer les galeries et les musées communautaires locaux, nous donne des fonds pour des programmes parallèles et nous englobe dans ce contexte de marketing plus vaste. Cela nous est très utile. Nous sommes devenus la deuxième journée de votre voyage à Ottawa. Vous voyez les musées nationaux le premier jour et vous venez voir cet élément de terrain local le deuxième jour.
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Merci. J'ai presque fini.
En ce qui concerne les donateurs, il est évident que la concurrence est rude ici et dans la région de la capitale nationale. Même si nos musées nationaux disent qu'ils ont des membres au niveau national, un parrainage national et des donateurs nationaux, en réalité quand on regarde leur mur dédié aux donateurs, cela n'est pas du tout confirmé. Beaucoup de nos dirigeants et donateurs communautaires qui se tourneraient naturellement vers nous vont au niveau national. Nous sommes souvent négligés par les entreprises, qui ne voient que la région, en ce sens qu'ils ne font pas la distinction entre les institutions locales et nationales. Cela complique encore une fois notre travail pour générer des revenus.
En conclusion, je pense que je peux parler au nom de notre secteur pour dire que nous sommes très heureux que le gouvernement canadien voie dans ses musées des éléments clés de notre identité culturelle et reconnaisse le pluralisme et les espoirs et les aspirations de notre pays. J'encourage notre gouvernement, comme Robin l'a dit, à réfléchir à une nouvelle stratégie et à une nouvelle politique pour nos musées nationaux de façon à paver la voie pour une croissance durable afin que nous puissions vraiment refléter les changements démographiques et les tendances régionales et mondiales. Cette politique, comme Robin l'a dit également, doit tenir compte d'autres lois et politiques qui touchent la politique des musées. Cela ne peut pas se faire isolément.
Pour terminer, je vais citer le merveilleux texte polémique de Max Wyman pour définir l'imagination. Il dit:
Pour conserver un Canada distinctif et pluraliste dans lequel les récits de ses habitants sont entendus et valorisés, nous devons nourrir les éléments qui expriment cette spécificité. C'est une tâche à laquelle le milieu culturel et le gouvernement doivent s'attaquer ensemble...
Là-dessus, je vous remercie d'entamer le dialogue avec nous aujourd'hui.
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Madame la présidente, c'est une excellente question et je ferai de mon mieux pour y répondre.
Tous nos jeunes accèdent à l'information de cette façon. Pour obtenir notre information en ligne, nous devons donc numériser non seulement les documents et les images des collections, mais également nos services. Cela n'empêche pas les gens de venir au musée. En fait, en quatre ans, nous avons doublé la fréquentation et nous avons doublé les recettes. Ce n'est pas l'un ou l'autre, ce sont les deux ensembles.
Il y a également des raisons liées à la recherche mondiale. Nous avons des gens en Europe et au Mexique qui nous demandent des renseignements sur notre collection. Cela élargit notre rayonnement et améliore notre capacité. Pour ce faire et pour rester compétitifs avec les autres organisations, nous devons faire la même chose. Nous allons devoir numériser notre collection et nos services.
Pour répondre à votre autre question, ainsi qu'à la question de madame la présidente il y a deux jours, cela facilite réellement notre stratégie de marketing. Nous les mettons sur Twitter et sur Facebook, ce qui améliore notre dialogue et notre présence, non seulement dans notre communauté immédiate, mais également au niveau provincial et national.
Parallèlement, nous avons des visites audio-guidées en six langues. Tourisme Ottawa nous aime. Nous les avons téléchargées sur notre site Web. Ce n'est pas seulement la numérisation des collections en soi. C'est un ensemble de stratégies et de tactiques qui nous permettent d'être connus dans notre communauté et notre province et à l'étranger.
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Il y a également la rédaction des demandes de subventions. Nous ne sommes pas contre la rédaction des demandes de subventions, mais nous demandons que tout ce processus de demande soit rationalisé et coordonné avec les trois ordres de gouvernement, car les trois réclament les mêmes renseignements, mais sous des formes différentes. C'est alourdir inutilement ce travail.
Alex en a parlé et je vais continuer. Nous devons respecter toutes les lois. Je vais chaque année à l'atelier juridique Carters pour les organismes sans but lucratif et la phrase dont je me souviens distinctement, à part l'obtention du remboursement de la TVH, est que les organismes de bienfaisance et sans but lucratif doivent respecter les mêmes lois que les sociétés et les entreprises. Nous devons respecter les lois sur la santé et la sécurité, l'accessibilité, le patrimoine, les droits de l'homme, le droit du travail, etc. Il est très difficile pour une petite organisation d'être en conformité en permanence. Je ne dis pas que c'est impossible, et nous y arrivons, mais c'est difficile.
La raison pour laquelle je pense qu'il faudrait un examen de l'ensemble des politiques, des pratiques et des stratégies qui nous touchent, c'est que si on en change une seule, si on actualise une politique muséale — ce qui, soit dit en passant, ne serait pas une mauvaise chose au bout de 30 ans — aucune des autres ne serait en phase avec la politique actualisée. Ce n'est pas seulement le gouvernement fédéral. Nous devons toutes les examiner et collaborer pour que tout soit harmonisé. Sans cette harmonisation, cela se répercutera à tous les niveaux et nous affectera.
Est-ce que vous comprenez?
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Je pense que c'est une réalité à laquelle nous devrons faire face.
Je pense qu'entre ceux qui peuvent trouver les moyens et le soutien nécessaires pour aller de l'avant et développer leur organisation et ceux qui ont bien commencé, mais ne peuvent pas aller plus loin, inévitablement certains musées vont fermer. Ce n'est évidemment pas ce que nous voulons, mais je pense que c'est la réalité, compte tenu des difficultés que connaissent les musées.
Nous devons donc faire en sorte que d'autres musées assument le mandat de ces musées-là et veillent à s'occuper de leurs collections, à les conservent et à raconter et interpréter leurs histoires.
Bon nombre de musées communautaires locaux souffrent. Certaines grandes institutions dans leur région pourraient avoir ce dialogue avec eux, mais c'est une énorme tâche de penser à aliéner des œuvres ou des artefacts de leurs collections et de les redonner à leurs donateurs, si on peut encore les trouver, et voir comment créer une stratégie de gestion pour cette collection étrangère qui arrive dans un musée.
Oui, je pense que c'est peut-être la réalité, mais ce n'est pas une bonne réalité. Nous aimerions tous voir un financement durable qui permette même aux plus petites organisations, qui ont des histoires uniques à raconter, de survivre aussi.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie toutes les deux d'être ici parmi nous ce matin.
Madame Etherington, je peux confirmer que votre musée vend de l'excellente crème glacée. J'étais sur place l'année dernière et j'ai mangé une barre Magnum, ce qui m'a valu les reproches de mon épouse.
J'ai été bien impressionné de participer à une séance portant sur une page d'histoire particulière. Une quinzaine de personnes étaient assises et écoutaient une présentation. Je n'ai pas eu l'impression que c'était des touristes, mais plutôt des gens de la région qui étaient passionnés d'histoire.
Je ne sais pas si vous faites beaucoup de médiation locale, mais on parle ici de la capitale nationale, qui n'est tout de même pas une région banale. Beaucoup de touristes la visitent. Est-ce que les gens de la région participent beaucoup à vos activités?
La question suivante s'adresse plus particulièrement à Mme Badzak.
J'ai visité le site qui porte le nom « Ottawa, Canada's Capital », à l'adresse www.ottawatourism.ca, mais je ne vous y ai pas trouvée, madame Badzak.