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Monsieur le Président, je vous remercie de m'avoir accordé 6 minutes et demie de plus, car je m'étais préparé mentalement à parler pendant 16 minutes et demie. Je vous remercie d'avoir précisé le temps qu'il me restait.
Cette semaine, j'ai écouté une conférence en ligne d'Alltech, une grande société agricole. Un des conférenciers a déclaré ceci: « Une crise ne forge pas le caractère; elle révèle votre caractère et celui de votre équipe. » Je pense que ce commentaire est plus pertinent que jamais, puisque, en ce moment, les Canadiens s'attendent non seulement à ce que nous agissions en tant que parlementaires et représentants élus, mais aussi à ce que nous fassions figure de phares de la démocratie et incarnions les valeurs que défend le Canada. Ils s'attendent à ce que nous soyons des sources d'inspiration et des leaders. En temps de crise, nous devrions jouer un rôle de premier plan et être des chefs de file. À mon avis, pour assumer ce rôle, il faut notamment aller au travail.
J'aimerais récapituler un peu pour la gouverne des députés qui n'étaient pas à la Chambre hier.
Hier, la députée d' a dit dans son discours que la Chambre ne compte pas et qu'il ne faudrait pas se formaliser d'être absent du Parlement. Je pense qu'elle a tort. Pour notre part, il n'y a pas de plus grand honneur que d'avoir été élus par nos concitoyens et de les représenter ici au Parlement, à la Chambre des communes. Je pense que le Parlement constitue le fondement même de notre démocratie.
Quelqu'un m'a dit un jour qu'il y a eu plus de joueurs de hockey dans la Ligue nationale de hockey qu'il n'y a eu de députés. Selon moi, la plupart d'entre nous se sont fait dire par leurs parents qu'ils n'avaient aucune chance de devenir joueurs de hockey professionnel, mais je ne sais pas s'ils nous auraient dit que nous ne pourrions pas devenir députés. Me voici au Parlement, et ce, grâce aux habitants de ma circonscription.
Lorsque les gens de Foothills m'ont élu, pour moi, mon travail consistait à être ici pour les représenter, pour parler en leur nom à la Chambre des communes et travailler au sein du Parlement. J'aimerais penser que mes collègues, indépendamment de leur parti, comprennent que leur présence ici fait partie intégrante du travail de député. S'ils ne veulent pas être ici, je pense qu'ils devraient s'interroger sur ce qu'ils veulent accomplir en tant que politiciens et représentants élus. S'ils ne considèrent pas leur présence ici, à la Chambre des communes, au Parlement, comme un service essentiel ou une priorité, ils devraient vraiment se demander s'ils veulent ce travail, car notre présence ici en est un élément très important. Ce devrait en fait être vu comme un honneur. C'est quelque chose dont nous devrions tous être très fiers, peu importe quel parti nous représentons. Chose certaine, les habitants de nos circonscriptions s'attendent à nous voir ici.
Hier soir, j'ai lu quelques courriels que m'ont envoyés mes concitoyens. Comme tous mes collègues, j'en ai reçu un bon nombre. Mes concitoyens de Foothills me demandent de retourner au travail, ce qui ne consiste pas seulement à participer à une réunion de comité virtuelle, mais à remettre en marche le Parlement. J'aimerais lire certains des commentaires que j'ai reçus de mes concitoyens.
Missy, une habitante de Twin Butte, en Alberta, a écrit ceci:
Continuez à exercer des pressions sur notre gouvernement afin qu'il se remette au travail! N'est-ce pas un service essentiel? Il faut que l'opposition puisse offrir de la rétroaction et poser des questions [au premier ministre]. À l'heure actuelle, il n'y a pas de freins et contrepoids... C'est effrayant!
Voici ce que Pat, un habitant de High River, a écrit:
J'aimerais savoir ce que vous faites, le cas échéant, pour ramener les libéraux à la Chambre afin que vous puissiez tous remplir les fonctions que nous vous payons à remplir... Prétendre que le virus vous empêche de travailler est de la pure foutaise. Les employés dans les épiceries et autres magasins travaillent. [Pourquoi pas vous?] Je ne vois aucune raison pour laquelle vous et [les parlementaires] ne devriez pas travailler aussi. Si les libéraux refusent de retourner [au] Parlement, [celui-ci devrait être] dissous et des élections devraient être déclenchées.
Karen a écrit ceci:
Je suis extrêmement déçue que le gouvernement fédéral estime que le Parlement n'est pas un élément essentiel de l'administration du Canada. La justification [invoquée] est une gifle pour ceux [d'entre nous] qui travaillent tous les jours [...] [Il est] temps de permettre aux Canadiens de retourner au travail.
Rick a écrit ceci:
Le Parlement doit reprendre ses travaux, ne serait-ce que dans un format réduit. J'ai regardé la séance de la semaine dernière, et l'opposition a soulevé quelques excellentes questions et de bonnes idées. Cette [version] inadéquate d'appareil gouvernemental ne peut pas continuer à elle seule.
Ellen, de High River, a écrit ceci:
Le Parlement DOIT reprendre ses travaux! C'est le moins qu'on puisse dire. Il doit y avoir un moyen d'obliger le premier ministre à rappeler le Parlement, sans qu'un million de personnes aient à descendre dans les rues d'Ottawa [pour l'exiger].
Il ne s'agit là que de certaines des observations de mes concitoyens sur ce qui est, selon eux, l'endroit névralgique où les travaux parlementaires ont lieu.
Hier, le a déclaré que nous étions dans un Parlement virtuel. Nous ne sommes pas dans un Parlement virtuel: nous tenons des réunions virtuelles de comité, un comité plénier. C'est très différent du Parlement.
Le gouvernement induit la population en erreur lorsqu’il prétend que le Parlement siège en séance virtuelle, car l’opposition ne peut pas présenter des motions, nous ne pouvons examiner que des projets de loi portant sur la COVID-19, et nous ne pouvons pas discuter de la possibilité de faire revenir la majorité des comités. Certes, la pandémie de la COVID-19 est une priorité, nous en convenons tous. Pour autant, il ne faut pas dire qu’il n’y a pas d’autres questions presque aussi importantes.
Le chef de l’opposition officielle a parlé hier des projets énergétiques qui s’entassent sur la table du Cabinet, des projets d’une valeur de 85 milliards de dollars. L’un de ces projets concerne la mine de charbon Riversdale, près de Crowsnest Pass, en Alberta, dans ma circonscription. Il s’agit de charbon métallurgique, ce qui montre bien le degré d’ignorance des libéraux, qui piaillent en disant qu’il faut fermer l’industrie du charbon. Je précise donc, pour leur gouverne, puisque manifestement certains ne se sont pas bien renseignés, qu’il s’agit d’une mine de charbon métallurgique dont on exploite le charbon pour fabriquer de l’acier.
Je constate que la députée s’empresse de réclamer à cor et à cri la fermeture de cette industrie, sans savoir que l’emploi de milliers de personnes de ma collectivité en dépend. L’ouverture de cette mine serait un don du ciel pour cette collectivité qui est en mauvaise posture, car elle permettrait de créer plus de 1 000 emplois pendant sa construction et des centaines pendant son exploitation.
Le projet est en suspens, on ne sait pas s’il va être approuvé ou non, alors qu’il a déjà franchi toutes les étapes et qu’il ne lui manque plus qu'un permis et l’approbation du Cabinet. Imaginez l’incertitude dans laquelle vit cette collectivité. Imaginez les conséquences de cette incertitude sur la quincaillerie de Blair, sur le restaurant-café-couette de Dawn, sur le journal de Lisa, sur l’organisation d’activités locales et sur les autres entreprises de la collectivité.
Cette collectivité retient son souffle en attendant la décision qui sera prise au sujet de cette mine, mais le dossier traîne sur la table du Cabinet ou dans un autre bureau du gouvernement à cause de la COVID-19. J’espère que le gouvernement est capable de faire plusieurs choses à la fois, car nous devons non seulement nous occuper de la COVID-19 mais aussi faire revenir le Parlement pour pouvoir examiner d’autres dossiers tout aussi importants.
Une fois que la crise de la COVID-19 sera passée, nous allons nous retrouver face à un gouffre financier abyssal. Le directeur parlementaire du budget a déjà indiqué que le déficit s’élevait à environ 252 milliards de dollars. Avec la prolongation de la Prestation canadienne d’urgence et de la subvention salariale, ce chiffre risque fort de doubler et de faire grimper la dette du Canada à 1 billion de dollars. Pour sortir le Canada de ce gouffre financier, il va falloir que nous nous appuyions sur quelques industries.
Il y a très peu de secteurs d'activité, dans les circonstances actuelles, vers lesquels les Canadiens peuvent se tourner et dont le gouvernement devrait tout faire pour consolider les assises, à part sans doute l'énergie et l'agriculture. Quoi qu'il advienne avec la COVID, les gens auront toujours besoin de chauffer leur maison, de mettre de l'essence dans leur voiture, d'acheter des vivres et de nourrir leurs proches. À ce sujet, certains commencent d'ailleurs à évoquer très sérieusement la crainte d'une pénurie mondiale de nourriture. Le reste du monde risque alors de compter sur le Canada et ses agriculteurs pour fournir une partie de la solution. À ce compte-là, ne devrions-nous pas faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que ces deux secteurs d'activité se portent le mieux possible une fois la pandémie terminée?
Or, s'il y a deux secteurs d'activité que le gouvernement libéral néglige, c'est bien ces deux-là, alors qu'il devrait plutôt les considérer comme des piliers de l'économie nationale et de la relance économique. Je ne comprends tout simplement pas qu'il puisse en être autrement. Si le Parlement revenait, nous pourrions en discuter ici même.
Prenons par exemple le secteur énergétique. Le Comité permanent des ressources naturelles ne siège pas. Pourquoi? Il s'agit pourtant d'un des plus importants secteurs d'activité du pays, dont les redevances, pour le seul gouvernement fédéral, dépassent les 60 milliards de dollars — et c'est sans parler des centaines de millions de dollars en taxes et en impôts que récoltent le fédéral, les provinces et les municipalités. Le Canada aura besoin de cet argent lorsque la COVID-19 sera derrière nous, mais, pour l'heure, impossible d'en discuter, car nous n'avons droit à rien d'autre qu'une grosse séance de comité, ce qui veut dire qu'on ne peut pas parler de quoi que ce soit hormis le sujet à l'ordre du jour.
Il y a des projets qui sont essentiels pour les communautés, comme la mine de la société Riversdale l'est pour Crowsnest Pass, dans ma circonscription, par exemple. Il s'agit d'un seul projet parmi les dizaines de projets dans toutes les circonscriptions et toutes les régions à l'échelle de notre pays. Si, de mon côté, j'entends les gens que je représente me parler d'un projet d'une telle envergure et des retombées qu'il pourrait avoir sur leur économie, je suis convaincu que, de leur côté, mes collègues ont les mêmes conversations avec les gens de leur circonscription.
Au fur et à mesure que nous traversons cette pandémie et que nous progressons vers la relance de notre économie — peu importe la manière dont nous procéderons —, les provinces auront leur mot à dire sur la façon d'y arriver et nous voudrons nous assurer d'agir dans les conditions les plus sûres possible. Par ailleurs, nous ne pouvons qu'imaginer dans quelle situation seraient notre pays et notre économie si nos secteurs de l'énergie et de l'agriculture étaient vigoureux. Nous serions dans une position bien différente, car, au départ de cette pandémie de la COVID-19, nos assises financières étaient très faibles en raison des dépenses incontrôlées du gouvernement libéral.
Je me rappelle qu’aux élections de 2015, l’actuel déclarait que le déficit allait être de 10 milliards de dollars pendant quatre ans et qu’en 2019, le budget serait équilibré. Ce n’est manifestement pas ce qui est arrivé. Le déficit a atteint 28 milliards de dollars, et ce, avant la COVID-19. Des projets de loi néfastes ont été adoptés, comme les projets de loi et , qui ont ravagé le secteur de l’énergie. Des gens ont érigé des barrages illégaux. La taxe sur le carbone nous a été imposée. Les retards dans le transport ferroviaire ont eu des effets catastrophiques sur le secteur agricole. Plus de 5 milliards de dollars se sont envolés sur des marchés étrangers à cause des gaffes politiques du premier ministre.
Les députés se doutent un peu que nous n'en serions pas là si ces deux industries s’étaient bien portées quand a éclaté la pandémie de la COVID. Nous serions assez bien placés pour nous en sortir, mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Des gens auraient du travail, au lieu d'être sans emploi. En tout cas, pour nous, en Alberta, qui comptions près de 200 000 travailleurs du secteur de l’énergie au chômage bien avant la COVID-19, la situation ne s’arrange pas du tout avec ce que nous vivons en ce moment.
Quand je parle à mes concitoyens, ils comprennent la situation dans laquelle se trouve le pays avec la pandémie. Nous voulons tous que nos familles et nos amis soient en sécurité, mais ils veulent aussi retourner travailler. Je trouve cela difficile. Mon épouse et moi quittons de temps en temps la maison pour aller faire des provisions et, le week-end dernier, nous sommes allés dans une jardinerie acheter des arbres et des fleurs pour le jardin. Des adolescents de 15 ans y travaillent. Ils aident leur collectivité à leur façon, et j’ai du mal à admettre que nous ne puissions pas en faire autant en servant notre collectivité ici, à la Chambre des communes.
Pourquoi les députés libéraux, ceux du Bloc québécois et ceux du NPD essaient-ils de se cacher? Pourquoi ne veulent-ils pas siéger en ces murs? Qu’est-ce qui les retient? Nous sommes 60 députés au Parlement cette semaine, mais nous sommes là seulement pour une réunion de comité. Pourquoi ne pouvons-nous pas faire un petit effort de plus et revenir à la normale? Je pense que c’est ce que les Canadiens nous demandent de faire. Comme je le disais au début de mon intervention, nous sommes censés donner l’exemple. Alors, pourquoi sommes-nous à la traîne derrière tout le monde? Pourquoi demandons-nous aux Canadiens de toutes les catégories sociales de reprendre le chemin du travail, tout en refusant nous-mêmes de le faire? Nous disons que c’est bon pour eux, mais pas vraiment pour nous. C’est regrettable, à mon sens, et cela donne une très mauvaise impression aux Canadiens. Ils se tournent vers nous, leurs représentants élus, chaque jour. Ils nous ont choisis. Ils nous ont élus pour que nous parlions ici en leur nom et il est anormal que les libéraux, les néo-démocrates, les bloquistes et les verts nous en empêchent.
Je ne sais pas comment ils font pour expliquer aux habitants de leur circonscription, en les regardant dans les yeux, que, contrairement aux députés, eux doivent reprendre leur travail à l'épicerie, à l'hôpital, à la pharmacie ou à la quincaillerie. Si c'est ainsi qu'ils pensent vraiment, ils devraient faire un examen de conscience et se demander pourquoi ils ont voulu devenir députés, à l'origine, puisqu'ils ne veulent pas monter au front, faire preuve de leadership, être une source d'inspiration pour le reste du Canada et être de ceux qui montrent que tout va bien aller. Nous serons ici pour prendre des décisions difficiles dans l'intérêt des habitants de notre circonscription.
Il s'agit véritablement de demander des comptes au gouvernement. Le pays ne peut pas être gouverné éternellement au moyen de conférences de presse. Notre démocratie, ce n'est pas cela.
Je sais que les habitants de ma circonscription en ont assez de voir le sortir de sa résidence tous les matins, faire ses annonces, puis regagner ses pénates et c'est tout. Ils veulent qu'on leur rende des comptes. Très souvent, ils approuvent les programmes qui ont été mis en œuvre et ils apprécient vraiment les améliorations que l'opposition officielle a obligé le gouvernement à apporter. Quoi qu'il en soit, ils attendent de nous que nous nous comportions comme des meneurs, et non des suiveurs. Ils attendent de nous que nous retournions travailler, et c'est ce que le gouvernement devrait faire.
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Monsieur le Président, j'avise la Chambre que je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
J'aimerais remercier tous nos travailleurs de première ligne au service des Canadiens qui risquent leur vie pour que le reste de la société puisse accéder aux services essentiels en toute sécurité. J'aimerais également saluer les fonctionnaires, qui travaillent nuit et jour pour offrir aux Canadiens l'aide dont ils ont besoin en cette période de pandémie.
Il est important de souligner ce point de départ. Nous traversons une pandémie. Des millions de Canadiens ont perdu leur emploi parce que les experts en santé publique recommandent de rester à la maison de manière à ce que les gens soient séparés, que le virus ne se propage pas davantage et qu'il y ait le moins de pertes de vie possible. En tant que gouvernement, conformément aux conseils des scientifiques et des experts en santé publique, nous avons demandé aux Canadiens de demeurer chez eux. Nous avons demandé aux Canadiens de modifier leur méthode de travail. La même chose vaut pour le Parlement.
L'une des premières mesures prises par le Parlement — et c'était une décision judicieuse — a été de demander au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre d'étudier comment le Parlement pouvait s'adapter à cette nouvelle réalité. J'ai la chance de siéger à ce comité. Les membres du Comité ont ensuite poursuivi leurs travaux. Nous nous réunissions virtuellement pour entendre les témoignages d'experts du Canada et d'autres Parlements dans le monde. Nous avons présenté un rapport établissant un plan d'action en vue de la reprise des travaux du Parlement.
Nous avons signalé au Parlement qu'il devait créer de nouveaux articles du Règlement relatifs aux circonstances exceptionnelles, et que ces nouveaux articles ne s'appliqueraient pendant une période déterminée que si tous les partis reconnus à la Chambre des communes y consentaient. Si nous souhaitions prolonger cette période déterminée, il nous faudrait toujours obtenir le consentement de tous les partis à la Chambre. Il va sans dire que dans des circonstances exceptionnelles, nous devons tous travailler ensemble. Ces dispositions exceptionnelles permettraient au Parlement de poursuivre ses travaux dans ces circonstances exceptionnelles. Nous reverrions la façon de tenir les journées de l'opposition, de déposer les projets de loi, de débattre de ces projets de loi et de les mettre aux voix.
Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre des communes a mis au point un plan de reprise des travaux parlementaires. Néanmoins, pour une raison que j'ignore, les députés conservateurs n'étaient pas d'accord et se sont opposés farouchement à ce plan. Ils ont présenté un rapport dissident, et c'est leur droit. Toutefois, je tiens à rappeler que l'objet du présent débat n'est pas de déterminer si le Parlement est un service essentiel; nous sommes tous d'accord sur ce point. Là où nous ne sommes pas d'accord, c'est la raison pour laquelle les conservateurs refusent de penser à d'autres moyens de continuer à faire fonctionner le Parlement.
Tous les députés devraient bénéficier d'un accès égal au Parlement afin que leurs privilèges soient respectés. Chaque député, quels que soient son lieu de résidence et la circonscription qu'il ou elle représente, doit être en mesure de jouer son rôle parlementaire. Voilà pourquoi le Comité a demandé au Parlement de veiller à ce que les privilèges de chaque député soient respectés. Cependant, l'opposition officielle nous demande de réduire le nombre de députés en cette enceinte. Nous comprenons leur position, mais comment les députés qui ne pourront siéger en personne pourront-ils s'acquitter de leurs fonctions? Comment les privilèges des autres députés seront-ils protégés si les conservateurs ne sont pas disposés à leur permettre ou à leur donner un moyen de participer aux débats?
Je voudrais en fait poser une question à ce sujet au député conservateur qui vient de s'exprimer. Il a dit que nous étions à la traîne, et je suis bien d'accord. Si les parlements du monde entier trouvent des moyens pour mener leurs travaux de manière hybride ou virtuelle, ils donnent aussi aux parlementaires les moyens de faire leur travail.
Or, les conservateurs font de l'obstruction. Ils rejettent nos idées et disent que nous devons travailler exactement de la même façon et revenir « à la normale ». C'est exactement ce qu'a dit l'intervenant précédent. Nous savons que nous ne nous trouvons pas dans des circonstances normales. Nous savons que le Parlement, le gouvernement et les responsables de la santé publique ont demandé aux autres Canadiens de trouver une façon différente d'accomplir leur travail afin de respecter les conseils de santé publique. Pourquoi le Parlement ne le ferait-il pas aussi? Nous avons demandé à des millions de Canadiens de le faire.
Les députés conservateurs regarderont-ils leurs concitoyens dans les yeux et leur diront-ils que, certes, ils leur ont demandé de rester chez eux, mais qu'eux-mêmes sont incapables de trouver un moyen d'accomplir leur travail différemment et qu'ils obligent les députés à se présenter au Parlement? Les conservateurs disent qu'ils ne demandent pas à l'ensemble des 338 députés d'être présents à la Chambre, mais comment ceux qui ne le sont pas pourront-ils représenter leurs concitoyens? Comment pourront-ils participer aux débats? Comment pourront-ils voter?
Lorsque j'ai posé la question au hier, il a répondu que nous devions nous pencher là-dessus. C'est ce que nous avons fait. Nous avons étudié les questions et le comité a proposé une solution, mais les conservateurs n'étaient pas d'accord. Ils ne peuvent pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Ils ne peuvent pas dire qu'ils souhaitent que le Parlement travaille, mais s'opposer aux solutions proposées quant à la façon dont le Parlement peut travailler. Où est la logique dans leur raisonnement?
J'ai entendu mon collègue dire que ce n'est pas ainsi que le Parlement doit travailler. Je suis d'accord. Il a raison. Lorsque nous nous réunissons en comité plénier, le Parlement n'est pas pleinement fonctionnel. Toutefois, lorsque nous avons proposé de rendre le Parlement pleinement fonctionnel, les conservateurs ont dit non. Que veulent-ils enfin?
Ils sont incohérents. S'ils veulent un Parlement hybride, ils doivent déterminer quels articles du Règlement requièrent une modification. Comment les députés qui sont absents pourront-ils débattre? Comment pourront-ils voter? Les conservateurs ne peuvent pas demander que le Parlement reprenne ses travaux sans d'abord discuter de ces questions. L'un ne va pas sans l'autre.
D'autres pays et d'autres législateurs, ailleurs dans le monde, ont trouvé une solution. Pourquoi les conservateurs sont-ils incapables de s'entendre sur une formule? Pourquoi ne vivent-ils pas dans le présent et ne reconnaissent-ils pas que nous traversons une pandémie et que le gouvernement a demandé aux Canadiens d'un bout à l'autre du pays de travailler à distance et de respecter les conseils des dirigeants de la santé publique? Les conservateurs disent que les partis pourraient choisir les députés qui seraient présents à la Chambre, ceux qui n'y seraient pas et ceux qui voteraient ou ne voteraient pas. Cette façon de procéder constituerait une violation des privilèges des députés qui représentent les gens de leur circonscription.
Je conviens avec les conservateurs que le Parlement constitue un service essentiel et j'ajoute que nous souhaitons tous qu'il fonctionne pleinement dans les circonstances actuelles. La question est de savoir comment procéder. Nous convenons tous que les 338 députés ne peuvent être physiquement présents à la Chambre. Bon, il y a du progrès. Nous sommes d'accord sur le fait que le Parlement est essentiel et qu'il n'est pas nécessaire que tous les députés soient présents à la Chambre, mais comment les députés qui ne seront pas ici, lorsque le Parlement fonctionnera pleinement, pourront-ils participer et représenter leurs électeurs? Les conservateurs sont muets comme des carpes. Bref, ils ne proposent aucune solution.
Toutefois, j'ai de bonnes nouvelles. Le comité a émis des suggestions. Le comité propose une façon pour le Parlement et les députés de représenter les électeurs tout en respectant les directives des autorités de la santé publique, en tenant compte du fait que nous sommes en plein milieu d'une pandémie qui, malheureusement, a fait énormément de victimes.
C'est le défi que je lance aux députés du Parti conservateur. Trouvons une façon de faire fonctionner le Parlement dans les circonstances actuelles de façon à ce que tous les députés puissent accomplir leur devoir dans le respect de leurs privilèges. Que l'on m'épargne les discours grandiloquents. Nous sommes tous d'accord pour dire que le Parlement est un service essentiel. Attardons-nous à faire notre travail et à bien représenter nos concitoyens. Les partis de l'opposition ont un rôle à jouer et le gouvernement a un rôle à jouer. Ce qui sera avantageux pour les Canadiens, c'est un Parlement pleinement fonctionnel qui respecte les directives des représentants de la santé publique.
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Monsieur le Président, je remercie le d’avoir partagé son temps avec moi aujourd’hui.
C’est un réel plaisir, comme c’est toujours le cas, d’être ici avec vous tous. Je suis ravie de voir certains députés pour la première fois depuis des mois. Tout le monde m'a manqué. Encore une fois, il n’a pas été facile de venir ici. J’ai pris la route avec ma famille pour venir jusqu’ici depuis le Nouveau-Brunswick. Ils resteront avec moi. Nous demeurerons ici le temps qu'il faudra pour les travaux du Parlement qui sont cruciaux à ce moment-ci.
Je pense à tous les députés qui ne sont pas ici aujourd’hui. S'ils n'y sont pas, ce n’est pas faute de vouloir être là ou parce qu’ils ne travaillent pas. En balayant du regard cette enceinte, je vois que nous sommes une trentaine séparés par plusieurs sièges vides. Je me rappelle que chaque siège vide représente environ 100 000 Canadiens. Leurs voix ne seront pas entendues ici aujourd’hui.
Certains députés croient qu’une juste représentation des députés par parti est adéquate pour prendre des décisions et poser des questions au gouvernement. Cependant, n’oublions pas que nous travaillons d’abord et avant tout pour nos électeurs et non pour nos partis.
Je suis ravie de représenter la circonscription de Fredericton et de soulever les questions qui sont importantes pour mes électeurs. Comme le député de l’a mentionné, c’est une expérience inoubliable d’avoir été élue à la Chambre et de me tenir ici dans cet endroit historique, qui constitue un symbole de notre liberté et de notre démocratie. C’est un endroit où se côtoient la dignité et le respect. Pourtant, il y a eu des commentaires irrespectueux, tels que des insinuations voulant que nos collègues ne se présentent pas au travail parce qu’ils ne peuvent pas être ici en personne.
Nous avons entendu des anecdotes du temps de la guerre et des citations de Winston Churchill, entre autres, laissant sous-entendre que la COVID-19 en 2020 est en quelque sorte similaire à la Seconde Guerre mondiale et à l’épidémie de grippe. Bien sûr, nous savons que ce n’est pas le cas.
L’expression « sans précédent » a été utilisée un nombre de fois inégalé pour décrire la situation à laquelle nous faisons face. Nous ne voyons pas les forces mondiales affronter des régimes tyranniques. Il n’y a pas de bombes qui explosent au-dessus de nos têtes. Nous faisons face à un ennemi invisible. C’est un ennemi qui ne fait aucune distinction, qui infecte son hôte à un rythme que vous n’avons jamais vu auparavant et qui a laissé nos communautés vulnérables.
Nous avons assurément un rôle essentiel à jouer en tant que parlementaires, mais c’est aussi un rôle sans précédent dans toute notre histoire. La motion dont nous sommes saisis nous demande d’être créatifs, coopératifs et respectueux les uns des autres. Elle vise, j’en suis convaincue, à permettre la pleine participation, dans cette Chambre, des représentants de toutes les circonscriptions de notre beau pays.
Peu de députés du Canada atlantique ont pu être présents aujourd’hui. Cela me préoccupe, car ma région natale fait face à des problèmes urgents et uniques. À l’heure actuelle, nous avons des problèmes concernant la saison du homard, les quotas de pêche et l’incapacité des transformateurs à recruter suffisamment de travailleurs. Les travailleurs saisonniers étrangers n’ont été autorisés à entrer au Nouveau-Brunswick que vendredi dernier, ce qui a retardé le démarrage de la saison et entraîné de graves conséquences pour l’économie et la production agricole.
Mentionnons aussi le traitement de la tragédie de Portapique à l'égard duquel les gens réclament une enquête publique. Cette tragédie a également suscité un débat au sujet des mesures collectives à prendre en matière de santé mentale et de violence familiale, surtout dans les zones rurales.
Les villes et les villages du Canada atlantique sont beaucoup plus petits que les grands centres urbains des autres provinces, ce qui signifie qu’une partie des fonds fédéraux alloués au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard et même à la Nouvelle-Écosse ne peuvent pas être utilisés par les municipalités qui en ont le plus besoin.
Sans compter que le Nouveau-Brunswick, dans sa situation unique de province bilingue, doit aussi s’assurer que la minorité francophone reçoit des informations précises et pertinentes sur le virus. Je signale que cette province jouit d’une position très enviable dans le monde, car elle compte très peu de cas de COVID-19 et aucun décès. Finalement, habiter au Nouveau-Brunswick, c’est un avantage.
Le Canada devrait surveiller de près ce qui se passe dans ma province au fur et à mesure qu’elle déconfine son économie, car il pourra en tirer des leçons sur la façon dont les entreprises peuvent se relancer après la COVID-19, avec l'aide nécessaire. Il faut pouvoir parler des enjeux propres à certaines régions. Or, la plupart des députés qui représentent les circonscriptions de ces régions ne peuvent pas être ici à cause des restrictions imposées en ce qui concerne les déplacements interprovinciaux, les liaisons aériennes nationales et le nombre de députés présents à la Chambre.
Je note également que, pour d’autres députés, il n’est pas prudent d’être ici. Je songe notamment à ceux qui viennent de localités isolées ou qui risquent de contaminer leur collectivité en se rendant à Ottawa. Pouvons-nous vraiment demander à ceux qui ne sont pas ici aujourd’hui de risquer de devenir des vecteurs de transmission? Par ailleurs, comment la Chambre peut-elle prendre des décisions et représenter tout le Canada sans la présence des représentants de ces régions vulnérables?
Je reste convaincue que, tant que nous ne pouvons pas avoir l’assurance que la participation virtuelle pourra être totalement intégrée à la participation présentielle à des séances de la Chambre ou d’un comité spécial, nous ne servons pas les intérêts des Canadiens des régions rurales, du Nord, de l’Atlantique et de la côte Ouest. Aujourd’hui même, nous ne représentons pas toutes les régions du Canada de façon équitable, ce qui est pourtant l’un des principes fondamentaux de la Chambre. Cela dit, je vois que le gouvernement fait un effort en présentant une motion qui intègre la participation virtuelle et les séances présentielles.
Je reconnais également que les séances quotidiennes se dérouleraient au sein du Comité spécial sur la pandémie de la COVID-19, plutôt que dans le cadre de séances plénières à la Chambre des communes, ce qui serait l'idéal.
Compte tenu de ces éléments, j’appuierai la motion parce que je crois qu'elle sert la démocratie à ce stade.
Lorsque nous aurons déterminé comment fonctionnera l’intégration virtuelle des députés, la Chambre devra se réunir à nouveau pour déposer des projets de loi urgents, notamment celui qui concerne l’aide médicale à mourir. À ce chapitre, le a demandé en février à la Cour suprême de surseoir de quatre mois l'application de son arrêt afin d'éviter qu'il y ait un cadre différent au Québec et dans le reste du Canada. Nous avons déjà bénéficié d’une prolongation. Des questions difficiles restent à régler et les Canadiens qui souhaitent recevoir l'aide médicale à mourir comptent sur nous pour adopter ce projet de loi.
En mars, le gouvernement a présenté un projet de loi visant à criminaliser la pratique cruelle de la thérapie de conversion. Nous devons nous engager à interdire au plus vite cette dernière. Nous devons également prendre connaissance des détails du projet de loi sur les armes à feu censés découler des changements réglementaires apportés le 1er mai. Les Canadiens doivent en prendre connaissance pour mettre un terme aux suppositions qui polarisent la population.
En trouvant le moyen d'intégrer en un tout la présence virtuelle et la présence concrète des députés, le Canada ouvre la voie de l'avenir au moment où le monde du travail se transforme radicalement. Certains Canadiens devront continuer à faire du télétravail pendant un certain temps. D'autres souhaiteront le faire. D'autres encore devront répartir leur travail entre leur domicile et leur bureau. Nous savons faire preuve de créativité. Il y aura moins de déplacements par avion et moins de déplacements pour se rendre au travail. Proposons des modèles de lieux de travail en permettant aux députés de prendre les meilleures décisions pour leurs concitoyens et de participer pleinement au débat et au processus décisionnel qui ont lieu à la Chambre.
J’espère que tous les Canadiens sauront à quel point nous travaillons fort pour eux chaque jour. Que nous soyons dans nos salons en compagnie de nos enfants devant un écran Zoom, ou ici à la Chambre des communes, notre engagement et nos efforts sont indéfectibles.
Je pense constamment à ceux qui sont laissés pour compte dans la lutte contre la COVID-19, par exemple les organisations à but non lucratif, les organisations caritatives et les groupes religieux qui, pour une raison ou pour une autre, ne sont pas admissibles au programme de subvention salariale en dépit des services essentiels qu’ils fournissent dans la collectivité. Mentionnons aussi les nettoyeurs et les caissiers qui ne bénificient pas du supplément de salaire au Nouveau-Brunswick; les dentistes inquiets de leur avenir et qui ont du mal à se procurer de l'équipement de protection individuelle; les étudiants étrangers qui n'ont toujours pas droit aux prestations pour étudiants et qui n’ont nulle part où aller et aucun soutien; les femmes enceintes qui n’ont pas de réponses précises au sujet de leurs prestations de congé parental pour les semaines à venir, et bien d’autres.
Mes collègues et moi travaillons pour eux. Je sais que nous pouvons continuer à faire ce travail de façon à protéger la santé et la sécurité de nos communautés.
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Monsieur le Président, le Québec est une société distincte. Même le très fédéraliste Robert Bourassa le mentionnait et le défendait face aux autres Canadiens.
« Société distincte » veut dire, entre autres, que nous parlons majoritairement le français. C'est la seule langue officielle du Québec. Nous avons une culture qui est différente. Nous ne sommes ni meilleurs ni pires, nous sommes différents.
Économiquement, nous sommes différents aussi. Nous sommes le royaume de la petite et de la moyenne entreprise. Le dynamisme québécois repose sur le dynamisme des petits entrepreneurs québécois qui, à force de labeur et de travail, ont été capables de créer des entreprises qui étaient petites au départ, certes, mais qui sont devenues moyennes, voire grosses dans certains cas.
La pandémie est une menace pour ce tissu industriel québécois, pour cet esprit novateur, pour cet entrepreneuriat. Menacées par la faillite à cause de la pandémie, certaines PME vont disparaître. D'autres endroits au Canada peuvent tenir le même discours et c'est correct. Cependant, au Québec, la PME est encore plus importante étant donné la différence de notre tissu industriel.
Ces entreprises sont menacées par la faillite, certes, mais également par autre chose: elles sont menacées d'être achetées par des étrangers. Ce faisant, tous les efforts et toute la créativité échapperaient aux Québécois, et les décisions seraient prises, à moyen et à long terme, dans un autre pays. Cette menace ferait que les entreprises aux prises avec la situation temporaire qu'est la pandémie de la COVID-19 pourraient en subir des effets permanents. Il faut donc se méfier et faire attention à ce que cela ne se produise pas.
Le Bloc québécois a pour seul objectif de veiller à l'intérêt des Québécois. C'est pour cette raison que les 20 et 29 avril, lors des débats sur des motions qui ont été adoptées à la Chambre, face à un gouvernement qui se montrait ouvert à nos suggestions, nous avons soumis des propositions pour protéger l'entrepreneuriat de la pandémie, où nous savions que nous étions fragiles.
Le 20 avril, quand nous avons soulevé l'idée de collaborer au projet de Subvention salariale d'urgence du Canada, nous savions que certaines entreprises étaient très fragilisées par le maintien de leurs coûts fixes en dépit de l'absence de revenus, une situation pouvant leur être fatale. C'est pour cela que nous avions demandé au gouvernement de greffer à l'entente du 20 avril une aide supplémentaire pour faire face aux coûts fixes.
Nous avions devant nous une proposition de subventions salariales évaluées à 73 milliards de dollars. Nous avons réussi à convaincre le gouvernement d'inclure dans sa motion une subvention partielle des coûts fixes des entreprises, une mesure importante qui permettrait d'éviter la faillite à des vedettes de demain. C'est ce que nous proposions.
Qu'avons-nous obtenu en retour?
Nous avons obtenu un programme qui n'apportait à peu près aucune solution pour les entreprises. Ce programme était trop timide, trop léger, voire inaccessible dans certains cas. La plupart des entreprises nous ont dit que ce programme n'était pas bon pour elles et qu'il leur fallait autre chose.
C'est pour cette raison que nous avons talonné le gouvernement en lui disant qu'il fallait améliorer ce qui avait été proposé dans la motion. Nous lui avons rappelé qu'il s'était engagé et qu'il nous avait donné sa parole. Nous lui avons dit qu'il fallait aider les entreprises, l'heure étant grave.
Cependant, rien n'a été fait depuis. C'est le silence radio. Quand le gouvernement a déposé sa motion il y a 11 jours, le Bloc a immédiatement dit que, pour protéger les entreprises, il fallait améliorer et accroître l'aide accordée pour faire face aux coûts fixes.
Hier, le leader du gouvernement à la Chambre a dit que le gouvernement avait fait un premier pas — petit pas, s'il en est. Si le petit pas s'arrête là, c'est insuffisant, alors que nous proposions justement de continuer à aider ces entreprises. Il s'agit donc là d'une promesse non tenue.
Monsieur le Président, j'ai oublié de vous indiquer que je vais partager mon temps de parole avec la députée de . Je suis désolé. Je suis sûr que vous saurez me pardonner. Vous êtes tellement gentil, cela n'a pas de sens. C'est avec vous que je devrais négocier à l'avenir.
Le deuxième aspect important, c'est que des entreprises veulent engager des gens et que des municipalités ont besoin d'engager des gens. On sent que la reprise économique arrive, on voit de meilleurs jours venir. Pour que les entreprises trouvent des employés et que les gens souhaitent reprendre le collier, il faut les aider. Il faut inciter les gens à travailler. Il faut leur dire de recommencer à travailler et à faire un effort de production. L'économie québécoise et du reste du Canada ne s'en portera que mieux.
Le 29 avril, le gouvernement a créé la PCUE et nous l'avons félicité puisqu'il est vrai que certains étudiants ne trouveront pas d'emploi et qu'ils ont besoin d'une sécurité financière pour poursuivre leurs études. Nous avons applaudi cette mesure. Lorsque nous avons analysé la proposition du gouvernement, nous avons constaté qu'elle contenait une tare qui ferait que les étudiants seraient peut-être moins portés à travailler.
Est-ce que je les trouve paresseux? Non, ce n'est pas de la paresse. Toutefois, tel qu'il a été structuré et rédigé, le programme fait que le salaire d'un étudiant qui travaille deux ou sept jours par semaine reste le même. Même un caniche royal avec un képi sur la tête comprend que, si son salaire ne change pas, peu importe qu'il travaille deux ou sept jours, il devrait travailler deux jours. C'est assez clair, mais il semble que le gouvernement n'a pas compris. C'est pourquoi nous avons demandé au gouvernement de s'engager à inciter les étudiants à travailler en s'assurant que, en toutes circonstances, le salaire des étudiants augmente s'ils travaillent plus. Notre soutien était conditionnel à cela.
C'est une règle fondamentale de l'économie: plus on travaille, plus on gagne. Nul besoin de sortir des marionnettes et des crayons de cire pour comprendre cela. Le gouvernement nous a dit que c'était une bonne idée. La a dit à la Chambre qu'il s'agissait d'une bonne idée et que le gouvernement travaillerait là-dessus. Trois semaines plus tard, il n'y a rien; il n'a fait aucun pas en avant. C'est pire que pour les coûts fixes, pour lesquels les libéraux ont fait un pas et sont épuisés. Dans le cas de la PCUE, aucun pas n'a été fait.
Nous sommes devant un gouvernement qui ne respecte pas ses engagements. Ainsi, quand arrive une autre ronde de négociations, nous ne pouvons pas embarquer. Nous ne pouvons pas négocier avec un gouvernement qui nous promet des choses qu'il ne fait pas. Nous avons déjà joué dans ce mauvais film, mais cela ne nous tente plus.
Nous lui avons même donné une chance. On voit à quel point nous sommes gentils. Nous avons dit au gouvernement de tenir les deux promesses qu'il avait faites. Nous lui avons donné huit jours, mais il n'a pas fait d'effort. Il devait faire d'autres pas pour les coûts fixes afin d'améliorer ce qu'ils ont commencé très timidement, et ensuite faire ce qu'il a promis.
Nous avons attendu, mais, finalement, nous nous sommes fait dire non et indiquer comment cela fonctionnerait. Alors, aujourd'hui, nous disons comment les choses vont fonctionner pour nous, au Bloc. Nous ne pouvons pas intervenir et nous asseoir à une table avec des gens qui n'ont que peu de respect pour leur parole.
Nous avons une parole et nous avons des idées très claires. Ce qui est bon pour le Québec est bon pour le Bloc québécois. Ce qui est bon pour la nation québécoise est bon pour le peuple québécois. Il faut aider les petites et les moyennes entreprises à survivre à la pandémie, ces bourgeons qui deviendront des Bombardier éventuellement. Il faut donner la chance à ces entreprises de survivre et c'est ce que nous faisons depuis le début. Nous travaillons fort là-dessus et nous ne lâcherons pas. Notre programme est simple et clair: ce qui est bon pour le Québec est bon pour nous.
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Monsieur le Président, je remercie mon très estimé collègue de La Prairie de m'avoir laissé la parole. Je lui en suis reconnaissante.
On me demande à l'occasion comment j'entrevois la sortie de crise, ce que j'espère que nous retenions de cette crise. J'y ai réfléchi et je pense que c'est important qu'on y pense tous un petit peu.
Je vais faire un parallèle en remontant dans mes souvenirs à un moment où j'étais beaucoup plus jeune, en 1998. J'avais 13 ou 14 ans.
Ma région a vécu la crise du verglas, qui a marqué l'imaginaire collectif. On avait réalisé à ce moment qu'il s'était créé des mouvements de solidarité, un peu comme c'est le cas maintenant. Il y a eu de l'aide entre les citoyens. Je me souviens de mon père qui se promenait avec sa génératrice pour aller vider les caves de gens qui habitaient sur le rang chez nous et les pompes qui ne fonctionnaient pas parce qu'il n'y avait pas d'électricité. On a aussi réalisé — et ce sont les plus vieux qui nous le font remarquer parce que j'étais moi-même trop jeune pour m'en rendre compte — qu'au moment où on a rallumé les lumières, beaucoup de cette solidarité a été perdue. Malheureusement, je crains que cela arrive aussi au moment où on trouvera un vaccin. Présentement, nous sommes dans une situation où on encourage énormément l'achat local.
J'ose espérer qu'on pourra garder cette belle solidarité, mais il y a des choses qui devront être mises en place par le gouvernement et par le Parlement pour s'assurer qu'il nous restera quelque chose de cette crise. Ce serait une insulte aux gens qui souffrent présentement et aux gens qui auront péri des suites de la COVID-19 que de ne pas tirer de leçon de cette pandémie et de ne pas saisir l'occasion pour devenir meilleurs.
Des choses peuvent être faites présentement dans certains dossiers, mais elles auraient aussi pu être faites par le passé, ce qui nous aurait permis de passer un peu mieux à travers la crise. Je vais donner trois exemples particuliers. Il y a la question des aînés, qui a été un des clous sur lesquels le Bloc québécois a énormément tapé. Même avant la crise, même avant qu'on puisse penser qu'il y aurait un jour ce genre de pandémie, le Bloc québécois soulevait le problème. Au moment où on a instauré le système de Sécurité de la vieillesse, cela couvrait l'équivalent de 20 % du revenu industriel moyen. Compte tenu du désinvestissement qu'il y a eu année après année, cela correspond à l'équivalent de 13 % du salaire moyen. Le pouvoir d'achat des aînés a grandement diminué. Nous souhaitons pouvoir dire que les 300 $ qui ont été octroyés, c'est un bon coup, mais cela ne doit pas être ponctuel. Oui, cela aidera en partie pendant la crise, mais les problèmes que les aînés vont subir vont continuer d'exister.
On peut penser notamment au coût du panier d'épicerie à l'automne, qui risque d'être très élevé, notamment pour les fruits et les légumes frais, surtout ceux qui viendront de nos maraîchers et de nos agriculteurs. Quelque chose aurait dû être fait avant la crise, mais on peut encore le faire dans le cadre de la crise. Il s'agit d'augmenter le pouvoir d'achat de nos aînés et de s'assurer, par la force des choses, qu'ils continuent à contribuer à notre économie, qu'ils continuent à faire leurs achats chez nos producteurs locaux et qu'ils continuent à être actifs, économiquement parlant, dans notre société. Malheureusement, ce sont des choses que nous ne pourrons peut-être pas faire si le Parlement se résume à quatre périodes de questions par semaine.
Il y a un autre point que nous avons beaucoup soulevé pendant la crise, et c'est la question des transferts en santé. Depuis plusieurs années, il y a un désinvestissement massif des transferts fédéraux en santé vers les provinces et le Québec. Dans certains cas, on peut critiquer certaines réformes que les provinces ont tenté de mettre sur pied. Même certains acteurs de ces réformes admettent que ce qui a été fait était peut-être perfectible, qu'ils auraient pu faire les choses autrement et que cela aurait été mieux. Il reste que, quand on n'a pas l'argent, on part avec une béquille énorme. Le désinvestissement fédéral est la cause principale des problèmes actuels du système de santé. Cela existait avant la crise. Cela aurait dû être réglé avant la crise. La situation que nous vivons présentement devrait à tout le moins nous faire dire que nous ne voulons pas que cela se reproduise plus tard.
Il y a une chose qu'on peut faire présentement, c'est de s'assurer que les entreprises qui bénéficient des paradis fiscaux ne reçoivent pas de subvention salariale. Nous avons fait le calcul. Les grandes banques épargnent en impôt annuellement l'équivalent d'environ 2,5 milliards de dollars; or il en coûterait entre 1,9 et 2 milliards de dollars pour rétablir les transferts en santé. En s'assurant que les vrais fautifs, les gens qui légalement, mais immoralement utilisent les paradis fiscaux, paient leur juste part d'impôt, on pourrait rétablir les transferts en santé.
On espère que cela n'arrivera pas, mais il faudra être prêt à réagir si une autre crise survient. Il faut s'assurer de tirer des leçons de la crise que l'on vit présentement.
Un autre sujet que j'ai beaucoup aimé aborder pendant la crise est toute la question des agriculteurs, plus spécifiquement sous l'angle des travailleurs étrangers temporaires qui sont les piliers de notre production. Ce sont des gens qui sont absolument nécessaires à notre sécurité et à notre souveraineté alimentaires et qui nous permettent de nous approvisionner en produits frais et locaux.
La problématique des permis de travail fermés existe depuis longtemps. Les producteurs agricoles se plaignent du manque de flexibilité qu'impose un permis de travail fermé. Je vais donner quelques exemples d'avant la crise.
Pensons d'abord à un agriculteur qui n'aurait besoin de quelqu'un qu'à temps partiel, peut-être une journée par semaine. Cela ne vaut pas la peine de faire venir quelqu'un du Guatemala en lui disant qu'il ne va travailler qu'une journée par semaine. Cependant, un permis de travail fermé ne permet pas d'échanger ou de partager le travail d'un employé entre plusieurs entreprises agricoles.
Par ailleurs, la charge de travail n'est pas répartie de la même façon d'une entreprise agricole à une autre. Par exemple, la fin de l'hiver représente une charge de travail un peu moins grande pour les producteurs laitiers, puisque ce n'est ni le début ni la fin des récoltes. Par contre, pour les producteurs acéricoles, la fin de l'hiver est une période très occupée de l'année, car c'est à ce moment-là qu'ils commencent à semer. Cette répartition inégale de la charge de travail empêche là aussi de se partager les services des employés. Ce problème existait déjà avant la crise.
Pendant la crise, alors que l'on subissait une pénurie majeure de travailleurs étrangers temporaires, des producteurs ont été incapables de se partager l'aide de travailleurs dans des moments très critiques. Pensons ici aux pomiculteurs qui avaient besoin de faire tailler leurs pommiers pour lancer leur saison. Au même moment et souvent sur le terrain juste à côté, des producteurs acéricoles dont la saison de cabane à sucre avait été annulée avaient à leur disposition une poignée de gens qu'ils ne pouvaient pas faire travailler et dont ils auraient bien aimé pouvoir partager les services avec les pomiculteurs.
Pensons aussi aux producteurs maraîchers qui ont souvent deux récoltes par été. Alors qu'un premier lot de travailleurs récolte les produits, un deuxième groupe juste en arrière plante en prévision d'une seconde récolte. Or, la majorité des maraîchers de chez nous ont présentement suffisamment de gens pour récolter, mais pas assez pour planter en arrière. Si toutes les entreprises s'étaient entendues pour mieux utiliser les travailleurs à leur disposition, elles auraient pu avoir deux récoltes, ce qui aurait constitué une meilleure production à la fin de l'année.
Advenant une autre crise, il serait bien de considérer de nouvelles modalités en lien avec les permis fermés. Si une tempête de grêle détruisait ma récolte, mais pas celle de mon voisin, ce dernier pourrait sauver sa récolte en recourant à davantage de main-d'œuvre si l'on pouvait se partager les services des travailleurs. Plus près d'ici, lorsqu'il y a eu des inondations, les travailleurs agricoles qui n'étaient pas trop occupés à ce moment-là n'ont pas pu prêter main-forte et installer des sacs de sable pour protéger les gens des inondations.
Ce problème existe depuis longtemps et pourrait être résolu. Pour notre part, nous faisons des propositions et nous suggérons des pistes, comme la possibilité de permettre à un travailleur titulaire d'un permis fermé d'aller quand même travailler ailleurs pendant un certain nombre de jours.
Cependant, nous ne pouvons pas présenter toutes ces réflexions à l'heure actuelle, puisque deux partis ont choisi de restreindre la tenue de ces échanges à entre nous. Pourtant, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a mené une étude remarquable sur la tenue de séances virtuelles du Parlement.
Je trouve dommage que l'on reconnaisse d'entrée de jeu que la pandémie de la COVID-19 constitue un immense problème, mais que l'on décide de se lier les mains en s'empêchant de trouver des solutions pour maintenant et pour l'avenir. D'une certaine façon, je trouve que le fait de ne pas travailler dès maintenant à aider les gens qui souffrent et ceux qui meurent de la COVID-19 constitue un manque de respect envers ces personnes. Il est dommage que cette crise ne fasse pas ressortir le meilleur de nous-mêmes.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée d'.
Depuis deux mois et demi, une menace commune pèse sur la santé des Canadiens et l'économie du pays. Dès l'arrivée de la COVID-19 au Canada, le gouvernement a adopté une approche coordonnée qui respecte les valeurs démocratiques que nous partageons tous: elle accorde la priorité aux gens et s'efforce de ne laisser personne en plan. Il nous incombe de lutter contre la propagation de cette pandémie et de préparer le pays en vue de la reprise. Nous ferons tout ce qu'il faudra.
Nous prenons des mesures pour contrer les vastes répercussions de la COVID-19 sur la santé, la société et l'économie. Nous faisons tout en notre pouvoir pour aider les Canadiens et les entreprises à traverser cette pandémie et pour leur offrir le soutien dont ils ont besoin. Je parle notamment de la prise de mesures décisives et énergiques pour stabiliser l'économie canadienne.
La Subvention salariale d'urgence du Canada est un élément essentiel du plan d'intervention économique pour répondre à la COVID-19. Pour les employeurs qui ont été touchés durement par la pandémie, le gouvernement a mis en place un programme qui les aidera à garder leurs employés et même à réembaucher ceux qui ont été mis à pied. Ce programme est offert aux entreprises, aux organismes de bienfaisance et aux organismes à but non lucratif. Il soutient les Canadiens qui travaillent dans des entreprises, petites ou grandes, dans tous les secteurs de l'économie.
Le gouvernement a créé la Subvention salariale d'urgence du Canada pour prévenir des pertes d'emploi supplémentaires et pour encourager les employeurs à réembaucher les employés qui avaient été auparavant mis à pied à cause de la COVID-19. Le programme vise à faire en sorte que les familles de toutes les régions du Canada n'aient pas à se demander d'où viendra le prochain chèque de paie. En cette période de grande incertitude, il leur permet de savoir qu'elles auront de l'argent pour payer l'épicerie, le loyer et les médicaments sur ordonnance. De plus, au moment de la relance, les entreprises canadiennes pourront ainsi compter sur des employés déjà formés pour se préparer à reprendre progressivement leurs activités.
Le programme de Subvention salariale d'urgence du Canada offre aux entreprises de toutes les tailles et de tous les secteurs ayant subi une chute de revenus bruts d'au moins 15 % en mars 2020 et 30 % les mois suivants une subvention de 70 % du salaire hebdomadaire d'un employé jusqu'à concurrence de 847 $. Le 15 mai, le gouvernement a annoncé qu'il prolongeait le programme de 12 semaines, soit jusqu'au 29 août 2020. Le programme étant prolongé, les travailleurs auront davantage l'assurance de pouvoir continuer à recevoir l'aide dont ils ont besoin en ces temps difficiles et les employeurs auront plus de temps pour reprendre leurs activités. Nous savons que la reprise doit se faire de façon graduelle et prudente.
En même temps, nous avons effectué des changements réglementaires afin de bonifier la subvention et d'en accroître la portée pour inclure davantage d'employeurs. Grâce à ces modifications, la subvention atteindra son objectif, qui est de soutenir les employeurs les plus durement touchés par la COVID-19 tout en protégeant les emplois dont dépendent les Canadiens.
La réglementation permettra dorénavant l'admissibilité des employeurs suivants à la Subvention salariale d'urgence du Canada: les sociétés de personnes détenues à concurrence de 50 % par des membres non admissibles; les sociétés appartenant à un gouvernement autochtone qui exploitent une entreprise, ainsi que les sociétés de personnes dont les associés sont des gouvernements autochtones et des employeurs admissibles; les associations canadiennes enregistrées de sport amateur; les organisations journalistiques enregistrées; les collèges non publics et les écoles non publiques, y compris les établissements qui offrent des services spécialisés, comme les écoles de formation artistique, les écoles de conduite, les écoles de langue et les écoles de pilotage.
La pandémie de COVID-19 a eu de graves répercussions sur les Canadiens partout au pays. Tous les secteurs de l'économie en ont ressenti les effets implacables et destructeurs. Le gouvernement travaille dur pour protéger les emplois dans tous les secteurs de l'économie. Nous avons été attentifs aux préoccupations soulevées par des employeurs de tout genre, des petites entreprises de quartier à certaines des plus grandes entreprises canadiennes qui emploient des milliers de personnes.
Nous savons qu'étendre la portée du programme de subvention salariale contribuera à aider plus de travailleurs. Grâce à cette subvention, même si notre économie est à l'arrêt, les entreprises peuvent se permettre de conserver leurs employés et, par conséquent, sont prêtes à reprendre leurs activités dès que cela sera possible de le faire en toute sécurité. Il s'agit de protéger les emplois maintenant et de faire en sorte que la reprise ne soit pas hésitante. Nous devons veiller à ce que le Canada puisse revenir en force.
De nombreuses mesures prises par le gouvernement à ce jour pour aider les Canadiens et leurs familles complètent ce programme. La Prestation canadienne d'urgence a été versée à plus de sept millions de Canadiens. Ainsi, quiconque ne peut travailler à cause de la COVID-19 a l'argent nécessaire pour couvrir ses besoins de base.
Nous avons fourni un soutien aux étudiants, dont un investissement dans plus de 116 000 occasions d'emplois pour l'été afin de les aider à obtenir l'expérience de travail dont ils ont besoin pour pouvoir concrétiser leurs rêves.
Le Compte d'urgence pour les entreprises canadiennes a permis d'accorder des prêts sans intérêt à plus de 600 petits employeurs.
Toutes ces mesures, ainsi que d'autres, forment globalement un des ensembles de mesures de soutien économique les plus ambitieux au monde. Nous savons que si nous investissons dans les Canadiens, la reprise sera d'autant plus rapide et vigoureuse.
La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions incroyables pour les Canadiens et pour le monde entier. Elle a paralysé des entreprises sur toute la planète. Elle a bouleversé le marché international, anéantissant sur son passage les espoirs et les rêves de travailleurs et de propriétaires d'entreprise. Depuis deux mois et demi, un grand nombre de gens d'affaires, au Canada et ailleurs, connaissent des difficultés sans précédent. Bien des entreprises n'ont pas pu résister aux ravages de la COVID-19. Or, pendant toute cette période, le gouvernement est resté prêt à adopter des mesures additionnelles pour stabiliser l'économie et atténuer les effets de cette pandémie.
Protéger la santé des Canadiens et répondre à leurs besoins immédiats restent la grande priorité du gouvernement. Nous allons continuer de protéger les emplois et l'économie du pays tout au long de cette crise. Quand nous en sortirons, nous serons prêts à travailler avec les Canadiens pour relancer l'économie et continuer de bâtir un Canada plus fort pour demain.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur de prendre la parole à la Chambre des communes au sujet de la question dont nous sommes saisis, à savoir comment nous organiserons les séances du Parlement à venir dans ce contexte de pandémie.
Je n'ai sûrement pas besoin de rappeler aux députés à la Chambre que nous traversons une période exceptionnelle. Alors que nous nous prononçons sur la manière dont nous nous réunirons à l'avenir, nous devrons être soucieux de l'exemple que nous donnons aux Canadiens et des messages que nous leur véhiculons.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, j'aimerais remercier sincèrement le greffier de la Chambre des communes et toute l'équipe administrative de l'excellent travail qu'ils font pour nous présenter différentes options afin que nous puissions continuer de nous réunir et d'effectuer nos travaux pendant la pandémie de COVID-19.
[Français]
Nul besoin de rappeler que nous vivons une période extraordinaire. Avant de parler de la substance de mes remarques, j'aimerais tout d'abord adresser mes plus sincères remerciements aux membres de la sécurité, de l'Administration de la Chambre des communes et à tout le personnel de la Chambre. Ceux-ci se joignent aux centaines de milliers de Canadiens qui continuent à travailler dans nos secteurs essentiels. Que ce soit dans nos CHSLD, nos dépanneurs, nos pharmacies ou nos hôpitaux, leur dévouement permet de continuer à faire rouler notre société.
[Traduction]
Pour en venir maintenant à la discussion sur les prochaines étapes à suivre pour la tenue de nos séances à l’avenir, les arguments que font valoir mes collègues d’en face me laissent un peu perplexe. Je me permets encore une fois de préciser pour les Canadiens que les députés se réunissent, que les ministres rendent des comptes et qu’ils répondent aux questions. De fait, en l'espace de seulement trois jours, les députés ont posé plus de 300 questions, et le gouvernement y a répondu. Par comparaison, en temps normal, lorsque la Chambre siège pendant cinq jours, les députés ont la possibilité de poser, en moyenne, environ 190 questions.
Pendant le débat d'hier sur la motion dont nous avons été saisis, j’en suis venue à comprendre que la reddition de comptes, qui continuera indéniablement d’exister aux termes de la proposition dont la Chambre a été saisie, n'est pas ce qui pose problème aux conservateurs. Ils font plutôt valoir que les députés doivent être assis dans leur siège, en suivant le règlement habituel, pour avoir l’impression de travailler.
Je suis une députée de relativement fraîche date. En effet, j’ai été élue il y a un peu plus d'un an seulement, et c’est peut-être pour cette raison que je vois les choses un peu différemment de mes collègues. En ce qui me concerne, il n’y a rien de plus important que le travail que j’accomplis dans ma circonscription, au service de mes concitoyens.
Pour ma part, et c’est probablement le cas de nombreux autres députés, je travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 — littéralement 7 jours par semaine — de très tôt le matin jusqu’à très tôt le lendemain matin. Je parle avec des aînés dans des établissements de soins de longue durée qui sont préoccupés par leur santé et leur sécurité. Je m’entretiens avec des personnes qui aimeraient bien comprendre comment avoir accès à la prestation d’urgence de 2 000 $ par mois que plus de huit millions de Canadiens ont demandée et reçue. Je parle aussi avec des mères qui demandent de l’aide pour ramener au pays un enfant se trouvant à l’étranger dans le cadre d’un programme d’échange. Je discute avec des étudiants qui prennent contact avec un député pour la toute première fois de leur existence parce qu'ils veulent discuter des mesures que nous avons mises en place pour leur venir en aide et de leurs perspectives d’emploi cet été. Je trouve que c’est un travail important.
Dans quelle mesure est-ce important que les organismes de bienfaisance ou à but non lucratif qui viennent en aide aux populations vulnérables, en donnant littéralement de quoi manger aux familles qui en ont besoin, reçoivent un financement de l'État? C’est essentiel, et nous sommes ici pour les soutenir.
[Français]
Nos organismes locaux travaillent fort. Je pense notamment à la cafétéria communautaire MultiCaf, à Côte-des-Neiges, au Refuge Le Chaînon, qui vient en aide aux femmes vulnérables, à la Mission communautaire Mile-End, qui offre à manger aux résidants dans l'Est de ma circonscription, à Jeunesse au soleil, qui fait un travail colossal afin de livrer de la nourriture partout à Montréal, et à bien d'autres. Je travaille sans relâche pour épauler nos organismes de bienfaisance à Outremont, à Côte-des-Neiges et dans le Mile-End.
On assiste à des choses extraordinaires. Il y a même des nouveaux organismes qui apparaissent en réponse à la crise actuelle. Le travail d'un député est de les appuyer. La Fondation Aide Outremont COVID-19 fait un travail extraordinaire pour soutenir nos résidants âgés et vulnérables. Cette magnifique équipe constituée de bénévoles du quartier a déjà effectué des centaines et des centaines de livraisons d'épiceries et de médicaments.
[Traduction]
À titre de secrétaire parlementaire de la ministre de la Petite Entreprise, au cours des 10 dernières semaines, j’ai parlé à des milliers d’entrepreneurs de ma circonscription et d'ailleurs au pays. Ils avaient besoin de discuter avec un membre du gouvernement. Ils avaient besoin de réponses, et, pour ma part, je me devais de les écouter jusqu’au bout.
Le travail que nous accomplissons avec le secteur privé et les propriétaires d’entreprises est justement ce qui a permis d’apporter les ajustements et les modifications nécessaires aux programmes d’aide. Les commentaires que j’ai reçus jusqu’ici à la suite de tous ces appels et de toutes ces réunions virtuelles, ce sont: « Ouah, merci. Merci d’être à notre écoute. Merci d’être là. Merci de travailler pour nous. » C’est la raison d’être d’un gouvernement.
Le travail que nous accomplissons au service des Canadiens dans notre circonscription respective est absolument nécessaire. C'est insultant pour moi, et aussi pour les Canadiens, de laisser entendre que nous ne travaillons pas lorsque notre derrière n'est pas bien calé dans notre fauteuil. Je trouvais important de mettre les points sur les i pour le compte rendu.
Je vais maintenant vous donner plus de détails sur ce que nous proposons. Notre proposition nous permettrait de poursuivre ce travail important dans nos circonscriptions. Nous pourrions nous réunir dans cette enceinte tout en respectant la distanciation physique et d’autres consignes de santé et de sécurité, et les députés de toutes les régions du pays pourraient participer virtuellement à ces séances et, surtout, nous pourrions continuer à rendre compte aux députés de l’opposition et à répondre à leurs questions.
[Français]
Je vais entrer un peu dans les détails de l'approche proposée d'un modèle hybride. Pour les députés qui sont présents physiquement à la Chambre, il n'y aura aucun changement et l'expérience sera la même que lors d'une séance normale. Les députés seront en mesure d'entendre leurs collègues participant de manière virtuelle en utilisant l'oreillette et pourront les voir sur deux écrans installés de chaque côté du fauteuil du Président.
Pour les députés participant virtuellement, l'accès aux débats de la Chambre se fera au moyen d'une plateforme de vidéoconférence en ligne très facile à utiliser qui est intégrée dans l'infrastructure et dans les systèmes préexistants de la Chambre des communes. Quand les députés participeront par vidéoconférence, ils seront en mesure d'assister aux affaires se déroulant à la Chambre lorsque les autres députés auront la parole. Ils auront aussi accès à une vidéo de leurs collègues participant virtuellement. En tout temps, tous les députés auront accès à l'interprétation simultanée et tous les députés, y compris ceux qui participent par vidéoconférence, pourront s'adresser à la Chambre pendant les débats ou faire un rappel au Règlement.
Après que le modèle des séances hybrides de la Chambre eut été établi, l'Administration de la Chambre a effectué une simulation du déroulement du débat, et les résultats ont été excellents. En conséquence, le Président de la Chambre a écrit aux leaders de la Chambre pour les aviser que le modèle hybride pouvait être utilisé.
[Traduction]
En créant un modèle de séances hybrides, l’Administration de la Chambre a pu examiner les différentes solutions que d’autres assemblées législatives au Canada et dans le monde ont adoptées pour relever les défis inhérents à cette pandémie, tout en veillant à ce que les affaires parlementaires urgentes soient traitées. En particulier, l’Administration a consulté 30 Parlements et collaboré de près avec plusieurs assemblées législatives dont les besoins étaient similaires. Cette collaboration a consisté entre autres à tester des solutions et à partager quotidiennement des stratégies opérationnelles, des expériences et des résultats.
En plus de collaborer avec d’autres assemblées législatives, l’Administration a mené une vaste étude de marché indépendante et travaillé avec des chefs de file de l’industrie et des partenaires internationaux de la sécurité nationale. Dans le cadre de la collaboration avec ces partenaires, l’Administration s’est fixé pour objectif de veiller à ce que la diffusion d’une séance se fasse sans accroc et que la couverture publique demeure d’excellente qualité. C’est la proposition que nous présentons.
:
Monsieur le Président, c’est pour moi un honneur de prendre la parole dans cette enceinte et d’avoir la possibilité, en qualité de députée de Lethbridge, de me faire l’écho des citoyens de ma circonscription et j’irais même jusqu’à dire de l’ensemble des Canadiens. Je suis heureuse d’avoir ce privilège.
J’ai été élue la première fois en 2015 et réélue en 2019. En qualité de députée du Parlement, j’ai la possibilité, tout comme les autres députés, de participer au processus législatif de notre pays, que nous appelons une démocratie parlementaire.
J’accorde au poste que j’occupe tout le sérieux qu’il convient et ne prends aucunement à la légère la responsabilité qui m’échoit. De plus, comme députée de l’opposition, j’ai l’obligation constitutionnelle de m’allier avec mes collègues conservateurs pour demander des comptes au gouvernement libéral au sujet de ses décisions et de veiller à ce que les Canadiens soient bien représentés.
Or, ces responsabilités m’ont, à toutes fins utiles, été retirées au cours des derniers mois. Oui, j’en conviens, j’ai pu participer à des séances de débat virtuelles improvisées et je me suis servi des médias sociaux pour faire connaître haut et fort mes préoccupations et celles de mes concitoyens, mais je n’ai pas pu prendre la parole à la Chambre et m’adresser publiquement au gouvernement, comme c'est mon droit et mon devoir.
Lorsque la nouvelle de la pandémie et de ses répercussions possibles a commencé à se répandre, nous sommes très rapidement entrés en confinement. Cela remonte à peu près au 13 mars. La pandémie était mondiale et se répandait à la vitesse de l’éclair, nous le savions, et nous avons accepté de suspendre le Parlement un certain temps. Toutefois, à mesure que les semaines passaient et que les mesures de distanciation physique étaient mises en place, il est devenu de plus en plus incertain que le Parlement reprendrait ses activités et que les députés seraient rappelés à la Chambre.
Même si nous voulions collaborer avec le gouvernement pour assurer la sécurité de tout le monde, il est rapidement devenu évident que le se servait de la pandémie pour éviter de rendre des comptes, et ce, au détriment des Canadiens. Il était parfaitement à l’aise de faire des déclarations aux médias devant chez lui, mais, dans l’ensemble, il refusait de répondre aux questions de l’opposition. Il a fallu négocier pendant des jours pour obtenir une séance par semaine à la Chambre. Et même là, le premier ministre n’a été visible que quelques instants.
Si nous donnons à entendre que le Parlement joue un rôle facultatif, comme des députés d’en face l’ont fait maintes fois, nous disons effectivement aux Canadiens qu’il n’y a aucune différence entre une démocratie et une autocratie, et cela est une honte.
Si la voix des Canadiens n’a pas d’importance au beau milieu d’une crise, qu’en est-il quand tout va bien?
Le travail que nous faisons dans cette enceinte est-il optionnel ou revêt-il de l’importance?
Pouvons-nous fermer les portes sans qu’il y ait de conséquences pour les Canadiens, ou faut-il garder ces portes ouvertes pour permettre à notre nation de continuer à aller de l’avant?
En refusant de rappeler le Parlement, le fait passer un message fort aux Canadiens selon lequel il est le seul qui compte. Je dirai que c’est absolument faux. Le Parlement est essentiel. Les parlementaires sont des travailleurs essentiels, et ce, tout particulièrement en temps de crise. Le Parlement a la responsabilité de demander des comptes au gouvernement, et c’est ici même, à la Chambre des communes, qu’il peut le mieux faire son travail.
Il ne faut pas se leurrer. Ce que le gouvernement propose aujourd’hui, ce n’est pas un rappel complet du Parlement. Il aimerait que les Canadiens aient cette impression, mais ce n’est tout simplement pas vrai. Ce que veut le gouvernement aujourd’hui, c’est en fait former un comité spécial, ou un comité plénier. Ce comité serait privé de certains pouvoirs et responsabilités essentiels. Par exemple, le gouvernement refuserait encore de permettre la présentation de motions par l’opposition. Il ne permettrait pas la tenue de débats d’urgence. Il ne permettrait pas la tenue de débats sur des projets de loi d’initiative parlementaire. Il ne serait pas possible d’ordonner la publication de documents du gouvernement ni de débattre des rapports des comités et de tenir un vote par la suite.
Toutefois, si le est disposé à venir maintenant à la Chambre pendant quatre jours pour tenir un comité plénier, il prouve aux Canadiens qu’il est possible de se réunir en toute sécurité. En effet, nous pouvons nous réunir à la Chambre tout en assurant la sécurité de chacun.
Si c'est possible, alors pourquoi ne pas reprendre pleinement les travaux parlementaires comme en temps normal afin de nous permettre de débattre des enjeux actuels? Pourquoi ne pas permettre aux parlementaires d'effectuer le travail important pour lequel nos concitoyens nous ont élus?
Le gouvernement libéral ne manque jamais une occasion de se soustraire à ses responsabilités. Un grand nombre d'habitants de ma circonscription m'ont fait remarquer la chose suivante: si les commis d'épicerie, les employés de restaurants, les coiffeurs, les agriculteurs, les infirmières, les médecins et les travailleurs de première ligne peuvent travailler et servir leurs concitoyens, alors les parlementaires aussi peuvent assurément se réunir à nouveau régulièrement dans cette enceinte en toute sécurité. Les parlementaires peuvent revenir et reprendre pleinement leurs travaux.
J'ai reçu des centaines d'appels téléphoniques, de courriels et de messages d'électeurs qui nous exhortent à recommencer à siéger tous ensemble au sein d'un Parlement complet. En effet, ils comprennent qu'il y a du travail important à accomplir dans les circonscriptions, mais ils sont également conscients de l'importance des travaux au Parlement canadien. Ils souhaitent avoir l'assurance que les parlementaires débattent des enjeux d'actualité et qu'ils continuent de les représenter dans la capitale nationale.
Voici un aperçu des messages que j'ai reçus.
« Si le premier ministre ne peut quitter sa résidence, il ne devrait pas être autorisé à prendre des décisions. »
« Pourquoi cela fait-il même l'objet d'un débat? »
« Le Parlement doit immédiatement se réapproprier tous les pouvoirs nécessaires à la gouvernance du pays. »
« Le Parlement doit siéger dès maintenant. »
Le Parlement est un service essentiel, et les députés sont des travailleurs essentiels. Lorsque chacun d'entre nous a fait inscrire son nom sur un bulletin de vote, nous aurions dû le faire avec un grand sérieux et avec la conviction profonde que nous sommes là pour servir. Nous servons en temps de prospérité et en temps difficiles. C'est ce que cela signifie de mettre son nom sur un bulletin de vote. Il se trouve que nous traversons une période difficile, mais cela ne nous donne pas le droit de fuir et de nous cacher. Cela ne signifie pas que nous pouvons rester chez nous et profiter de la sécurité de nos maisons. Cela veut dire que nous, les 338 députés privilégiés qui ont été envoyés ici pour représenter les électeurs, devons venir siéger à la Chambre et nous occuper de notre pays.
Comme l'a dit Marc Bosc, ancien greffier de la Chambre des communes:
Il faut que la Chambre des communes fonctionne et qu'elle soit perçue comme étant une Chambre des communes qui fonctionne. [Elle] est un service essentiel pour le pays. Les députés sont [...] des travailleurs essentiels.
La Chambre doit fonctionner et être perçue comme une Chambre qui fonctionne, ce qui signifie que nous devons être ici, dans cette enceinte. C'est à la Chambre des communes que nous pouvons tenir des débats vigoureux. Ce n'est pas sur Facebook. Ce n'est pas sur Twitter. Ce n'est pas dans les grands médias. C'est ici. C'est sur ce principe que repose notre système parlementaire. Il s'agit de la nature historique de cet endroit. C'est de cela que dépendent la santé et la prospérité du Canada.
Si les députés considèrent que leur travail n'est pas essentiel, j'avancerais donc qu'ils ne comprennent pas leur rôle ni leurs responsabilités et que leur nom ne devrait pas apparaître sur un bulletin de vote aux prochaines élections. Ce n'est pas seulement un lieu où s'accomplit un processus. C'est un espace de réunion où nous utilisons notre intelligence et nos aptitudes pour convaincre nos opposants politiques de la valeur de nos positions. C'est là où nous prononçons des discours enflammés et que nous exprimons de vive voix notre insatisfaction à l'égard de la réponse pour le moins lacunaire du gouvernement. Avec un peu de bonne volonté, les échanges peuvent mener à l'excellence. Un côté met de l'avant une thèse, l'autre côté riposte avec une antithèse, puis la synthèse des idées jaillit. Voilà ce qu'est la démocratie. C'est l'échange d'idées. Quand avons-nous perdu ce concept de vue?
Comme l'a dit Diefenbaker, « le Parlement est autre chose qu'un code de coutumes; il a la garde de la liberté de la nation ». La Chambre des communes n'est pas qu'un endroit quelconque qui sert simplement à appliquer des règles de procédure parlementaire. C'est un lieu crucial où les débats, l'examen minutieux, l'opposition et toutes les questions adressées au gouvernement sur tout ce qui touche la population canadienne sont autant de piliers qui soutiennent la démocratie. Lui donner tout autre qualificatif qu'« essentielle » serait une atteinte à notre Constitution et aux libertés fondamentales pour lesquelles nos ancêtres se sont battus. Au cœur même de la démocratie se trouve la préservation de nos libertés individuelles, et le gardien de ces libertés est le Parlement.
Donc, nous sommes 338 élus à qui ont été confiés l'immense privilège et l'insigne responsabilité d'être présents ici pour représenter les Canadiens. Si nous ne sommes pas ici à le faire, qui le fera?
Il est inadmissible que le gouvernement utilise la pandémie pour éviter de rendre des comptes et pour faire en sorte que nous nous rencontrions seulement virtuellement, puisque lors des séances en ligne, on peut littéralement faire taire la dissension d'un simple clic de souris.
Il était une fois un homme qui travaillait dans une scierie. Cet homme travaillait assidûment jour après jour et, à la fin de la semaine, le vendredi, quand il sortait de l'usine, il passait devant un gardien de sécurité en poussant une brouette pleine de sciure de bois. Le gardien de sécurité regardait la brouette, demandait à l'homme ce qu'il y avait dans cette dernière, et l'homme lui répondait qu'il ne s'agissait que d'un peu de sciure de bois. Le gardien lui disait alors qu'il pouvait passer.
La semaine suivante, le même travailleur retournait travailler assidûment le lundi, le mardi, le mercredi et le jeudi. Puis, quand vendredi arrivait, le travailleur remplissait sa brouette de nouveau avec un peu de sciure de bois et passait devant le gardien de sécurité, qui lui demandait ce qu'il y avait dans la brouette. L'employé répondait qu'il ne s'agissait que d'un peu de sciure de bois, puis il poursuivait son chemin.
Cette situation s'est reproduite pendant plusieurs semaines. Finalement, un vendredi, l'agent de sécurité a intercepté l'homme et lui a demandé s'il voulait bien lui dire ce qu'il faisait de cette sciure. Sans la moindre hésitation, l'employé s'est penché vers lui et lui a demandé en chuchotant s'il pouvait garder un secret. L'agent de sécurité lui a répondu que oui, et le travailleur lui a dit qu'il n'emportait pas la sciure, mais qu'il volait plutôt des brouettes.
Comme il est facile de se laisser distraire et de ne pas voir ce qui se passe réellement sous notre nez. Il est vrai que le gouvernement doit prendre des mesures à l'égard de la pandémie actuelle et assurer la sécurité des Canadiens. C'est d'ailleurs la plus grande responsabilité de tout gouvernement, mais ce que nous voyons n'est que la pointe de l'iceberg.
Le est prêt à répondre aux questions des médias dans le confort de son foyer, mais il n'est pas prêt à répondre aux questions des Canadiens qui lui sont posées par l'entremise de leurs représentants au Parlement. Le premier ministre est prêt à donner de l'argent à des particuliers, à des entreprises et à des organismes sans but lucratif, mais il exige quelque chose en échange.
Le gouvernement veut que la population canadienne soit informée, mais qu'elle reçoive seulement l'information qu'il a soigneusement choisie. En mars, les libéraux ont indiqué qu'ils envisageaient de mettre en place une mesure législative pour sévir contre ce qu'ils appelaient la « désinformation », soit le genre d'information que le gouvernement juge inutile.
De surcroît, la a récemment confirmé que le gouvernement consacre des millions de dollars à la censure. Or, aucune mesure législative n'a été présentée ni aucun débat n'a eu lieu dans cette enceinte à ce sujet. Les libéraux se croient maintenant habilités à déterminer ce qui est vrai ou faux, ce qui est acceptable ou inacceptable, et ce qui peut être conservé ou doit disparaître.
Depuis quand le gouvernement a-t-il pour mandat d'être l'arbitre de la vérité? Une telle façon d'agir n'est pas démocratique. Or, voilà le genre de mesures ridicules qui sont prises lorsque la Chambre des communes cesse de se réunir et que l'opposition officielle ne peut pas tenir le gouvernement pleinement responsable de ses actes. Il s'agit d'une atteinte directe à notre liberté.
Bien sûr, personne n'aime la désinformation, mais depuis quand est-il acceptable que le gouvernement détermine ce qui est faux, ce qui est acceptable ou non, et ce qui peut être inclus ou ce qui doit être exclu? Il s'agit là d'un énorme abus de pouvoir. Je trouve cela particulièrement troublant compte tenu du fait que le gouvernement actuel est responsable de la propagation de certaines des fausses informations les plus dangereuses à avoir été véhiculées. En effet, les Canadiens se rappelleront que c'est lui qui a laissé entendre que la COVID-19 n'était pas transmissible d'humain à humain. C'était faux, comme cela a par la suite été prouvé. De plus, la a déclaré qu'il n'était pas nécessaire de fermer les frontières canadiennes pour protéger les Canadiens, car la COVID-19 disparaîtrait rapidement. C'était aussi faux. Enfin, le gouvernement libéral a induit la population en erreur en lui laissant croire que le port d'un masque facial n'était pas nécessaire et serait inutile. Encore une fois, c'était faux.
S'il ne s'agit pas là d'exemples de désinformation, alors je me demande bien ce que c'est. Si le gouvernement cherche à lutter contre les renseignements inutiles ou trompeurs sur la COVID-19, alors il n'a qu'à se regarder dans le miroir. Il devrait au moins commencer par là. Le gouvernement ne détient pas toutes les réponses. Nous sommes tous dans le même bateau; nous découvrons et nous apprenons en même temps. Les données évoluent.
La liberté de parole est partie intégrante d'une société florissante. La liberté de parole nous aide à maintenir les assises de notre nation. Elle nous permet de partager des idées, de faire preuve de créativité, de progresser, d'innover, d'aller de l'avant. À quel moment avons-nous commencé à avoir peur d'une discussion vigoureuse? À quel moment sommes-nous devenus incapables d'être en désaccord sans devenir désagréables? À quel moment ces idéaux ont-ils disparu des valeurs canadiennes, de notre tissu social, de ce pays qui est le nôtre?
Ayant convaincu le gardien de sécurité qu'il ramenait simplement de la sciure de bois dans sa brouette, l'homme rentrait chez lui en sachant qu'il pourrait réaliser un profit. Les choses ne sont pas ce qu'elles semblent être à première vue. Elles ne sont pas ce qu'elles semblent être à l'œil nu. On nous demande à nous, Canadiens, d'échanger, sciemment ou non, notre liberté contre ce que le gouvernement appelle la « sécurité », mais à quelle fin?
Lorsque le Parlement ne se réunit pas et que le gouvernement n'a plus à rendre des comptes, on peut dire sans se tromper que la démocratie est menacée. Je déplore que tant de personnes soient prêtes à court-circuiter la démocratie lorsque les temps sont difficiles. J'ai entendu des députés parler du temps de déplacement supplémentaire nécessaire pour venir ici, des précautions de sécurité supplémentaires qu'ils devraient prendre, du stress physique que cela entraînerait, et ainsi de suite. Certains députés ont exprimé leur inquiétude quant à la distanciation sociale. Nous semblons y arriver assez efficacement aujourd'hui et nous pourrions probablement continuer à le faire.
Nous avons fait le serment de servir notre pays dans les bons comme dans les mauvais moments, lorsque les choses vont bien et lorsqu'elles sont difficiles. Depuis quand les députés mettent-ils leur nom sur un bulletin de vote parce que c'est commode? Il y a beaucoup d'autres carrières qu'ils auraient pu choisir si c'était leur but ultime. Si la vie est censée être simple, si c'est ce que les députés recherchent, alors ils n'ont pas choisi la bonne carrière. La Chambre est un lieu au service de la population. C'est un lieu où 338 personnes de tout le pays se réunissent et discutent sérieusement et efficacement pour le bien des Canadiens. C'est un lieu où on échange des idées et où on prend des décisions législatives. C'est un lieu où la voix des Canadiens est censée être représentée. Lorsque nous décidons de ne pas venir dans cette enceinte parce que c'est compliqué, c'est une honte, et ce ne sont pas les Canadiens qui doivent en avoir honte, mais nous tous à la Chambre.
Cet endroit est essentiel et nous sommes des travailleurs essentiels, car nous représentons les Canadiens et ils méritent que leur député y parle en leur nom et prenne des décisions dans l'intérêt du pays.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
C’est un immense plaisir d’être à la Chambre aujourd’hui pour débattre du problème important de la pandémie qui touche le pays et des mesures que prend le Parlement pour y faire face, non seulement par des programmes, mais aussi par la façon dont nous nous organisons pour fonctionner en tant que voix de la démocratie, en dépit de ce que j’appellerai le plus grand bouleversement qu’ait connu notre pays depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Avant de commencer, j’aimerais profiter de l’occasion pour remercier mes collaborateurs, qui sont infatigables. J’ai vérifié la définition de ce mot dans le dictionnaire, pas parce que je ne la connais pas, mais parce que je voulais une définition plus précise. Il veut dire « qui ne peut se fatiguer », et cela décrit parfaitement mes collaborateurs, toujours, mais encore plus au cours des deux derniers mois. Je souhaite les nommer individuellement: Maire Whitley, Joanna Markowicz, Alex Slusar, Ashley Sanchez, Lauren Roy, Philippe Guay, Paul Kaiser et Vicki Bas, qui a dû interrompre son travail sur la Colline, mais qui participera pleinement à la remise en route de nos bureaux.
Ils font un travail remarquable. Ils ont aidé les concitoyens qui appelaient à la recherche de réponses. Ils ont proposé des améliorations à des programmes, que j’ai fait suivre. Je suis heureux de voir que certaines de leurs idées ont été retenues, pas nécessairement à cause de mon intervention, bien entendu, mais parce que les députés de tous les partis communiquent leurs propositions au gouvernement pour rendre ces programmes plus généraux, plus justes et plus efficaces.
Comme je le disais quand j’ai pris la parole pour poser une question, je me sens au Parlement. Même s’il s’agit d’un comité plénier, cela ressemble beaucoup au Parlement. Je veux dire de manière générale, depuis quelques jours, même le mercredi quand je suis ici, et ainsi de suite. De plus, les réunions virtuelles du comité plénier ressemblent au Parlement. Les députés de l’opposition peuvent poser des questions précises et ces questions, du moins les bonnes, sont reprises dans les médias. Tout cela fait partie du processus de reddition de comptes auquel nous participons, même si ce n’est pas comme d’habitude.
J'ai remarqué au cours des délibérations du comité de la COVID qu'à peu près n'importe quel sujet peut être abordé sous l'angle de la COVID. C'est évidemment dû à l'ouverture d'esprit dont vous avez fait preuve, monsieur le Président, et à la latitude que vous accordez aux députés.
Des députés ont déjà mentionné à la Chambre les travailleurs des commerces de détail des différentes régions du pays et je voudrais aussi tirer mon chapeau à ces derniers. Ce sont des travailleurs essentiels dont la tâche est extrêmement importante. Ils assurent la continuité des chaînes d'approvisionnement au pays. De plus, les commerces de détail prennent des mesures de précaution. Ils adoptent différentes mesures. Je vais parler de certaines de ces mesures que j'ai constatées lors de ma dernière visite dans un supermarché.
Les gens devaient faire la queue à l'extérieur, à deux mètres d'écart l'un de l'autre. La queue s'étendait le long du supermarché. Une fois à l'intérieur, on devait se laver les mains et parfois répondre à des questions pour indiquer si quelqu'un de notre foyer était malade. Je sais que tout le monde a vécu cette expérience, parce que tout le monde a dû faire la même chose pour se procurer les articles de première nécessité pendant la pandémie. Dans le supermarché, les flèches indiquent la direction à suivre dans les allées. Évidemment, on doit toujours garder deux mètres d'écart avec les autres personnes présentes. Une fois arrivé à la caisse, un employé indique aux clients vers quelle caisse se diriger en fonction du nombre de personnes déjà en file.
C'est essentiellement ce que nous avons fait au Parlement. Nous avons instauré des mesures d'éloignement social. Voilà pourquoi il n'y a pas 338 députés présents à la Chambre des communes aujourd'hui.
Tout comme les commerces de détail, nous nous sommes adaptés en ayant recours à la technologie. Pour être franc, je ne connaissais pas vraiment Zoom avant la pandémie, mais je me suis adapté et je suis désormais capable de tenir une réunion sur Zoom. Le Parlement s'est adapté lui aussi. Grâce à la technologie, nous avons été en mesure de maintenir le fonctionnement du Parlement, de continuer à tenir des débats et de laisser l'opposition poser des questions. En vérité, la seule différence entre les réunions sur Zoom et les séances normales à la Chambre tient au fait qu'il n'y a pas de chahut sur Zoom, de sorte que l'on peut se concentrer sur le contenu de la question posée et sur la réponse. Il importe que les Canadiens sachent que nous nous sommes adaptés, que nous continuons de fonctionner et de débattre, malgré les mesures d'éloignement social appliquées à la Chambre.
J’ai également entendu certains députés de l’opposition dire que nous ne parlons pratiquement que de la COVID-19. Cela me paraît normal, car nous sommes confrontés à une crise sans précédent. Il est donc normal que le Parlement concentre quasiment toute son attention sur cette question, même si vous nous permettez, monsieur le Président, d’aborder d’autres dossiers. C’est vraiment une crise sans précédent. Certains ont fait des comparaisons avec le Parlement anglais pendant la Seconde Guerre mondiale, mais je crois bien qu’à cette époque, les députés n’y abordaient pratiquement que des questions liées à la Seconde Guerre mondiale. C’est comme ça. Il serait malhonnête de prétendre que nous pouvons fonctionner exactement comme nous le faisions en février dernier et aborder toutes les questions que nous voulons, car nous devons faire face à une grave pandémie qui a bouleversé notre pays et le monde entier. Certes, il y a des questions budgétaires dont nous devons discuter. La députée du Parti vert a soulevé la question de l’aide médicale à mourir. Nous avons déjà demandé une prolongation. Comment allons-nous discuter de cette question? Je suis sûr que nous allons trouver une solution pour débattre des questions prioritaires qui doivent être examinées en parallèle avec la COVID-19.
L’avantage que nous avons par rapport au Parlement britannique est la technologie des communications. L’autre différence qui nous distingue du Parlement britannique, c’est qu’on peut s’y rendre à partir de n’importe quelle ville d’Angleterre sans devoir prendre l’avion. Ce n’est pas du tout la même chose au Canada, étant donné l’immensité de notre pays.
J’aimerais conclure en revenant sur ce qu’a dit la députée de , dans son discours un peu philosophique où elle a parlé notamment de synthèse et de concessions propres aux débats. J’estime que l'assemblée virtuelle, la Chambre hybride qui serait créée au terme de ce débat, est une belle illustration de cet esprit de synthèse: des partis qui s’écoutent respectueusement pour essayer de trouver une solution acceptable et réaliste, face à une crise sans précédent.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de . Par ailleurs, monsieur le Président, j'aimerais que vous me fassiez signe lorsqu'il ne me restera que deux minutes, car j'ai tendance à parler longuement.
Nous avons assisté à des échanges fougueux et entendu plusieurs arguments convaincants au sujet de la crise de la COVID-19. Les députés m'ont entendu plus tôt faire mention des 6 180 décès causés par le virus. Dans le contexte de cette pandémie mondiale, chaque chiffre représente une histoire, une famille éprouvée par la perte d'un être cher. En présence de statistiques aussi impressionnantes — on parle de 80 000 cas —, je ne crois pas que nous soyons en mesure de bien saisir la gravité de la situation. Je ne crois pas que nous ayons pris le temps, en tant que pays, de faire le deuil de toutes ces victimes.
Hier, nous avons entendu les hommages rendus à une officière et pilote décédée lors d'un tragique accident. Je tiens à exprimer la même empathie pour la perte de milliers de Canadiens partout au pays. Je le fais parce que nous vivons un moment historique. La Chambre a la possibilité de tracer l'avenir du pays. J'admets que nous avons entendu bien des discours enflammés de la part de députés de tous les partis. Quand une personne prétend que le gouvernement ou un parti induit la population en erreur, je crois qu’elle se trompe profondément en laissant entendre que nous ne travaillons pas pour affronter la crise en cours. En faisant croire que nous ne retournons pas au travail, on va à l’encontre même de l’esprit des propos de l’intervenant précédent, qui a souligné à quel point le personnel travaille dur et à quel point les émotions sont à fleur de peau. Les membres du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, tous partis confondus, travaillent chaque jour avec diligence pour veiller à ce que le gouvernement rende le plus de comptes possible à la population.
Je suis heureux d'informer la Chambre que j'ai collaboré, en cours de route, avec des collègues du Bloc québécois et du Parti conservateur pour nous assurer d'être suffisamment préparés en vue de la deuxième vague qui a été annoncée. Nous savons que le gouvernement avait la responsabilité de créer une réserve de millions de pièces d'équipement de protection adéquates. Nous savons aussi qu'au début de la pandémie, nous aurions pu observer de meilleures pratiques fondées sur des données probantes, ce qui se serait peut-être traduit par un bilan inférieur à 6 000 morts. Il est trop tard pour la crise actuelle, mais il faut commencer à planifier dès maintenant pour prévenir des morts et des tragédies dans l'avenir.
Derrière chaque chiffre, il y a une histoire. Chaque mort brise le cœur des Canadiens partout au pays, sans oublier qu'il ne s'agit que des chiffres rapportés. Ces chiffres m'empêchent de dormir. Ce sont ces chiffres qui me réveillent le matin pour que je me mette au travail, que ce soit à distance à partir d'Hamilton-Centre ou ici même aujourd'hui.
Nous vivons des moments historiques. Les gens de nos circonscriptions nous ont choisis pour représenter non pas leurs intérêts financiers, mais leur vie elle-même, qui est en jeu en ce moment. C'est un honneur et un privilège et c'est la chose la plus importante que je ferai de toute ma carrière. Je ne m'en excuserai pas. Je n'ai pas à m'excuser du travail que les néo-démocrates ont fait à la Chambre pour les Canadiens. Si, parmi les députés ici présents, certains ont l'impression qu'ils ne sont pas en train de travailler ou qu'ils n'arrivent pas à obtenir des résultats, ils en sont les seuls responsables.
Lorsque nous, les néo-démocrates, avons proposé de créer un système hybride qui permettrait de représenter toutes les voix de partout au pays, nous l'avons fait au moyen d'un petit, mais formidable, caucus de 24 députés des quatre coins du Canada, du à St. John's, en passant par Windsor et jusque dans , dans le nord de la Colombie-Britannique.
Nous comprenons la complexité de la situation. Nous comprenons la ferveur des propriétaires de petites entreprises qui sont sur le point de tout perdre après avoir travaillé pendant des décennies pour subvenir aux besoins de leur famille. Nous comprenons les travailleurs comme ceux de l'usine de transformation des viandes de Cargill, qui sont obligés de retourner au travail pour assurer notre sécurité alimentaire, sachant les risques que cela comporte pour eux. Nous comprenons les parents seuls qui sont à la maison et qui doivent choisir entre nourrir leur famille ou payer le loyer, une décision déchirante s'il en est. La crise nous a présenté des visions éloquentes de l'avenir.
Soyons clairs: ce n'est pas la classe moyenne qui est pressée de retourner au travail, mais bien les capitalistes. Beaucoup d'opinions ont été exprimées sur ce que le socialisme a l'air. On a formulé des commentaires très malveillants sur la manière dont nous nous sommes rendus au travail aujourd'hui et insinué que nous aimons le pétrole et l'essence. Pour ma part, j'aimerais demander aux députés s'ils aiment les soins de santé, l'éducation publique et tous les biens et services chers aux Canadiens. Ceux-ci ont été mis sur pied par un État social démocrate et nous distinguent des autres pays du monde.
Nous avons l'occasion de répondre aux besoins de tous les Canadiens. Nous avons la possibilité de répondre aux besoins de toutes les personnes qui se trouvent à être au pays durant la pandémie. Nous avons non seulement l'occasion, mais aussi l'obligation morale de le faire, peu importe la citoyenneté de la personne. Qu'il s'agisse de travailleurs étrangers temporaires ou de personnes sans papiers qui se sont rendus ici à la recherche de la liberté dont parlent nos amis conservateurs, tous méritent d'avoir la possibilité de survivre à la pandémie. Or, nous savons que tous ne vivent pas la pandémie avec des moyens égaux.
Les néo-démocrates sont déterminés à remédier à ce problème coûte que coûte. Nous travaillerions dans un système hybride selon une formule qui permet aux députés de s'exprimer partout au Canada, et ce, pendant tout l'été ou tant et aussi longtemps que nécessaire afin de trouver une solution pour les Canadiens. Nous sommes résolus à le faire.
Le a déclaré clairement que le reste des députés préfèrent voir comment pourrait être le Canada, mais que les conservateurs, eux, préfèrent le voir tel qu'il est. C'est très révélateur. Dans Hamilton-Centre, d'où je viens, je vois des gens qui souffrent.
Est-ce que la réalité à laquelle nous voulons retourner est celle de la profonde inégalité économique et des disparités raciales qui persistent ici ou celle où les Autochtones sont considérés comme des citoyens de deuxième classe dans tout le pays selon la définition prévue dans la Loi sur les Indiens? Non. Je ne m'excuserai jamais de vouloir que le pays devienne ce qu'il pourrait être et non qu'il redevienne ce qu'il était.
C'est l'occasion qui s'offre à nous aujourd'hui. Nous pouvons faire quelque chose d'aussi simple que d'ajouter 10 jours de congés de maladie payés à l'assurance-emploi, que de créer un régime d'assurance-médicaments qui couvrirait chacun et chacune d'entre nous ou que de garantir le droit au logement, ce qui se traduirait par la construction de 500 000 logements d'un bout à l'autre du pays. Si nous en parlons, c'est parce que nous voyons la souffrance qui nous entoure — et si jamais certains députés ne la voient pas, c'est qu'ils sont encore plus privilégiés que les autres. S'ils ne voient pas la souffrance autour d'eux, je les invite à venir dans ma circonscription, qui arrive au troisième rang national pour la faiblesse du revenu. Je vais leur montrer ce que cela signifie, moi, 6 000 morts. Le pire, c'est qu'il y en aura encore bien plus quand tout sera fini.
Nous avons l'obligation morale de faire tout ce qui est en notre pouvoir sur le plan législatif. Qu'on utilise le nom qu'on veut, Parlement ou comité plénier, et que les séances se déroulent en personne ou à distance, nous devons suivre les consignes des scientifiques et des médecins et faire comme le reste du pays afin que chacun comprenne à quel point la situation est critique. Quand tout cela sera derrière nous, peut-être la Chambre pourra-t-elle mettre la politique de côté un instant et pleurer les milliers de vies qui auront été perdues. C'est pour ça que je suis ici. C'est pour ces gens que je suis ici.
Sur ce, je vais me rasseoir et laisser le reste de mon temps de parole à mon collègue de .
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Monsieur le Président, c'est comme toujours un grand honneur de prendre la parole à la Chambre pour représenter les habitants de Timmins—Baie James et d'être ici en cette période où notre monde entier change fondamentalement et à jamais. Ce que la Chambre doit accepter, c'est que nous sommes en plein milieu d'une crise économique et sanitaire sans précédent et qu'il incombe au Parlement de se réunir pour trouver une façon de répondre à celle-ci.
Avant que je prenne la parole, nous avons entendu parler d'un rapport de l'armée canadienne dans lequel on a appris que des militaires envoyés en renfort dans des centres de soins de longue durée y ont constaté un mépris flagrant pour la vie des personnes âgées et ont été témoins de cas de mauvais traitements et de négligence au sein du système de soins à but lucratif. Tous les yeux du pays sont tournés vers nous. Les Canadiens nous regardent et ils vont nous demander ce que nous prévoyons faire pour remédier de façon permanente à cette horrible situation. Certains députés diront que c'est une question de compétence provinciale, mais à cela je leur répondrai que c'est sous la surveillance de plusieurs provinces que cette négligence a eu lieu. Les personnes âgées méritaient mieux, et nous allons étudier comment garantir que les soins de santé offerts soient dignes du XXIe siècle.
La COVID a très clairement mis au jour les mythes et l'arrogance de notre société. Elle a fait ressortir les iniquités et nous a forcés à commencer à y remédier. Le Canada se réveille maintenant dans un nouveau siècle, et celui qui l'a précédé avec toutes ses certitudes arrogantes est disparu pour de bon.
Hier, le a parlé de la main invisible, magique et mystique du marché qui crée tout ce dont on a besoin. Ce sont là des propos vraiment étranges quand on sait que le Canada n'avait pas suffisamment d'équipement de protection individuelle, que notre plus proche voisin, les États-Unis, volait les fournitures médicales qui nous étaient destinées et que les travailleurs de la santé de première ligne ont dû quêter de l'argent parce que le pays n'avait pas la capacité de gérer la pandémie.
Les Canadiens se tourneront vers le Parlement pour demander ce qu'il compte faire pour éviter qu'une telle situation ne se reproduise. Nous ne devrions jamais être forcés de faire intervenir l'armée pour que les aînés restent en vie. Le Canada a envoyé des militaires lors des tremblements de terre en Haïti. Voilà une situation qui nécessitait la présence de l'armée, comme les inondations et les incendies catastrophiques. Cette fois-ci, il a fallu faire intervenir l'armée parce qu'on a fait preuve d'une terrible négligence en ce qui concerne les soins de santé aux aînés, et les reportages font état de négligence et d'abus flagrants.
Il a également fallu adapter le fonctionnement du Parlement. Néanmoins, une chose est certaine: les députés de l'opposition ne renoncent jamais à leur temps de parole. C'est leur outil le plus précieux. Les députés n'écourtent jamais le débat et ne ratent jamais une occasion d'intervenir, parce que c'est l'outil dont ils disposent. Dans le contexte de la présente crise, nous avons bien vu que nous devions nous retirer du Parlement et réfléchir à la façon de reprendre les travaux. Nous, les néo-démocrates, nous sommes mis à négocier puisque le gouvernement est minoritaire. C'est ainsi qu'on procède en situation de gouvernement minoritaire.
La première série de négociations avait comme point de départ le fait que des millions de Canadiens se retrouvaient soudainement dans une situation où ils ne pouvaient plus payer leur loyer. Voilà pour le fameux mythe de la classe moyenne et de ceux qui veulent en faire partie. On a pu voir que des millions de gens qui ont des petits boulots et des millions de travailleurs à contrat ne seraient pas en mesure de payer leur loyer. C'est alors que nous avons commencé à pousser le gouvernement.
Au départ, le gouvernement voulait apporter de petits changements à l'assurance-emploi et augmenter un peu l'Allocation canadienne pour enfants. Les néo-démocrates estimaient que l'ampleur de la crise était telle qu'il fallait faire quelque chose de tout à fait différent, une chose que l'on aurait crue impossible en février: un montant minimal de 2 000 $ par mois pour aider les gens à tenir le coup. Nous avons travaillé avec le gouvernement sur cette prestation. Nous n'avons jamais eu le moindre soutien des conservateurs. Ils étaient tous là à hurler. Ils parlaient des tire-au-flanc et de gens dormant dans leur hamac. Nous avons collaboré avec le gouvernement, mais lui avons dit que la mesure était trop restrictive. Nous avons soulevé la question des travailleurs autonomes. Il fallait apporter un changement pour eux, et nous avons dû négocier à chaque étape. Voilà ce qu'on peut faire dans une situation de gouvernement minoritaire.
Les Étatsuniens ont obtenu un paiement unique de 1 250 $. Pas étonnant qu'il y ait tant de troubles sociaux aux États-Unis actuellement: il y a une rupture de la solidarité sociale. Si nous avions versé un paiement unique de 1 250 $ en mars, cela aurait été une catastrophe économique pour le Canada. Nous avons compris que nous avions le pouvoir du gouvernement fédéral, que les provinces n'ont pas. Nous disposons de la Banque du Canada pour soutenir ces mesures. Nous savions que nous pouvions accorder à tout le moins 2 000 $ par mois, alors nous avons inclus les travailleurs autonomes.
Sous Boris Johnson, l'Angleterre a aussi adopté un revenu de base, mais il n'inclura pas les travailleurs autonomes avant juin. Si nous avions fait la même chose au Canada, des millions de personnes auraient tout perdu.
Voici comment nous avons négocié. Nous avons fait des concessions par rapport à notre temps de parole, pour lequel nous avons l'habitude de nous battre pour empêcher le gouvernement de clore le débat et pour que nous puissions intervenir en comité. Nous avons fait des concessions à cet égard au nom d'un principe plus important: aider les Canadiens en temps de crise.
Nous avons négocié avec le gouvernement au nom des petites entreprises. À l'origine, le gouvernement comptait offrir une subvention salariale de 10 %. Nous avons fait valoir que ce pourcentage était inadéquat et qu'il fallait le faire passer à 75 %. Nous avons négocié ce pourcentage. Nous sommes en mesure de négocier dans un contexte de gouvernement minoritaire.
Le gouvernement a maintenant présenté une motion afin que la Chambre se réunisse en comité plénier quatre jours par semaine. Les gens de ma circonscription ne m'ont jamais entendu expliquer les tenants et les aboutissants du processus parlementaire parce que je n'en ai pas l'habitude, mais l'idée qu'il s'agisse là de simulacres de séances est une fausseté, une déformation de la réalité. Nous avons pu nous adresser directement aux ministres et leur poser des questions très précises pour exercer plus de pressions.
Nous avons demandé comment nous allions procéder d'ici la fin de juin. Il ne s'agit pas de fermer le Parlement de façon permanente.
Comment allons-nous procéder d'ici la fin de juin? Nous avons dit que nous avions deux demandes claires.
Nous voulions la tenue de certaines séances pendant l'été parce que nous ne savons pas comment la COVID évoluera durant cette saison. Les conservateurs n'ont nullement exprimé le désir de se présenter au travail cet été. Le Parlement ne siège habituellement pas l'été, mais nous avons obtenu gain de cause à cet égard.
Nous avons aussi dit que nous appuierions cette motion clé du gouvernement si ce dernier se penchait sur la situation des personnes qui retournent à un emploi où elles gagnent 14 $ l'heure et n'ont pas de congé de maladie. Nous ne voyons jamais les conservateurs intervenir pour parler des gens gagnant 14 $ l'heure, à part pour remercier une personne leur ayant servi le hamburger qu'ils ont commandé le matin au service au volant. Il est formidable d'entendre un député remercier un employé d'un service au volant, comme ce fut le cas plus tôt, mais les conservateurs ne disent pas un mot sur le fait que les travailleurs qui tombent malades ne peuvent pas s'absenter.
Il est extraordinaire que nous ayons réussi à négocier 10 jours de maladie avec le gouvernement. Ce qui est aussi extraordinaire, c'est que nous devrons commencer à discuter à l'échelle fédérale de la façon dont nous pouvons instaurer ces congés de maladie partout au pays en temps de pandémie, ce qui risque de faire perdre la raison à nos collègues bloquistes. Nous devrons négocier une solution ici.
Nous allons maintenant parler jusqu'à la fin de juin de ce que nous devons faire, mais pour nous sortir de cette situation, nous devons avoir les idées très claires. La reprise économique ne va pas se faire toute seule.
Nous avons entendu le chef de l'opposition dire que le gouvernement doit cesser d'intervenir pour que les gens puissent faire leurs propres choix. Parler de faire des choix alors que des millions de Canadiens ne peuvent pas payer leur loyer, c'est vraiment avoir une vision du siècle passé. Empêchons le gouvernement d'intervenir et laissons faire le secteur privé. Quiconque a discuté avec des représentants des différentes industries sait qu'ils ne pensent pas pouvoir sortir de cette crise sans une sorte de vision et de l'aide.
Nous discutons de ce que sera le rôle du gouvernement. Cela fait deux jours que nous sommes là et les conservateurs nous ont parlé de beaucoup de choses. Ils ont parlé de Margaret Thatcher. S'en souvient-on? Elle avait affirmé que la société, cela n'existe pas. Devinons quoi? La COVID nous a montré qu'une telle affirmation était fausse. Bien sûr, les conservateurs ont aussi parlé de Winston Churchill puis on est revenu à Margaret Thatcher et on est passé à l'Union soviétique et à sa bonne vieille approche. La seule chose qu'ils ne nous ont pas dite, c'est de tenir le delta du Mékong pour éviter l'effet domino.
On nous répète sans cesse les mêmes excuses éculées tirées d'une vision désuète du XXe siècle. Ce que nous avons appris en 2020 grâce à la COVID-19, c'est que les vieux mythes ne suffisent plus. Nous aurons besoin d'une nouvelle stratégie pour les investissements publics dans les services de santé. Nous devrons faire appel à un engagement du public et nous soumettre à des normes afin que le retour au travail ne soit plus dangereux. Il ne faut pas simplement demander au gouvernement de rester à l'écart. Nous aurons aussi besoin d'un plan pour rebâtir l'économie.
Nous, les néo-démocrates, sommes prêts à céder une partie de notre temps de parole afin que nous puissions débattre dans un contexte de gouvernement minoritaire et ainsi accorder la priorité aux besoins des Canadiens. C'est ce que nous continuerons de faire. Nous laisserons les conservateurs s'insurger et gesticuler sur leurs banquettes. Peut-être qu'ils mentionneront Castro dans leur prochaine intervention, ou une autre personne inspirée de leur vision du XXe siècle.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Je suis heureux d'être de retour à la Chambre. J'adore être ici. Un de mes amis, qui est de la presse écrite, dit de la journée où il fait le montage des articles et des photos de son journal qu'elle est magique. Pour nous, politiciens, c'est ici, à la Chambre, que la magie opère. Je crois que c'est le seul endroit où on peut vraiment ressentir la façon dont le Parlement est censé fonctionner.
J'apprécie le fait que certains collègues rendent hommage à leur personnel, et j'aimerais en faire autant. Les membres de mon personnel travaillent avec tellement de diligence et d'ardeur au nom de nos concitoyens qui éprouvent des difficultés pendant cette pandémie. Je tiens à remercier chaleureusement Dana, Lisa, Laura, Lindsay, Megan et Gianfranco. Les services qu'ils rendent à nos concitoyens sont sans égal, et je suis fier de chacun d'entre eux. Je suis conscient des efforts et des prouesses dont ils font preuve pour chacun des dossiers qui nous parviennent, que ce soit par courrier, par courriel ou par téléphone. Même si les visiteurs ne sont pas encore admis dans nos locaux, nous travaillons à mettre en place les mesures de sécurité appropriées qui nous permettront de rencontrer à nouveau nos concitoyens lorsqu'un coup de fil ne suffira tout simplement pas.
Les séances et les discussions à la Chambre sont un élément fondamental de la démocratie. Nous les conservateurs, nous pensons que le Parlement doit siéger, comme nous le faisons aujourd'hui, et ce, de manière constante. Nous ne sommes pas en train de dire que les 338 députés doivent être sur place. Nous pouvons fonctionner selon un modèle hybride, ce que nous allons essayer de faire pour le comité plénier spécial sur la COVID-19. Il y a moyen de fonctionner de cette façon et aussi de pouvoir procéder aux votes. Nous souhaitons arriver à un compromis qui permettrait au Parlement de fonctionner et de poursuivre ses travaux.
Les gouvernements municipaux se réunissent. Les conseils municipaux tiennent des réunions tous les mois pour régler des dossiers au nom de leurs contribuables. Toutes les assemblées législatives provinciales continuent de se réunir. Elles tiennent compte des règles de distanciation sociale, mais poursuivent leurs travaux pour s'assurer de bien gérer la crise de la COVID-19 tout en s'occupant de tous les dossiers qui relèvent du gouvernement.
Si nous regardons dans le monde, nous pouvons voir que les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Union européenne, de l'Australie et même de la Chine se réunissent. Compte tenu de l'admiration du pour la « dictature » chinoise, je suis convaincu qu'il surveille de près la réunion des membres du Congrès national du peuple de Chine, qui travaillent côte à côte. Les députés qui les ont vus aux nouvelles ont remarqué qu'ils portent tous des masques, mais qu'ils sont assis côte à côte dans leur assemblée législative. Il est important que les députés se réunissent. Nous échangeons des idées et menons des débats rigoureux, ce qui est impossible avec Zoom en raison de problèmes technologiques, de l'incapacité de s'entendre les uns les autres et de mauvaises connexions.
Je suis convaincu que le député de sera heureux de m'entendre lire la citation suivante de Winston Churchill:
Il est difficile d’expliquer cela à ceux qui ne connaissent pas notre façon de faire. Il peut être difficile de comprendre pourquoi nous considérons que l’intensité, la passion, l’intimité, le caractère informel et la spontanéité de nos débats représentent la personnalité de la Chambre des communes et lui donnent son but et sa force.
C'est le meilleur moyen d'expliquer pourquoi nous devons être ici à débattre, et même à chahuter. C'est ici que nous avons l'occasion d'échanger des idées, de voir les réactions et, dans une certaine mesure, de nous nourrir des émotions de nos collègues, à condition de ne pas aller trop loin bien sûr. C'est le rôle des parlementaires qui siègent à la Chambre des communes de tenir de telles discussions. Même si la motion du gouvernement parle d'une période des questions de 95 minutes en comité plénier comprenant des échanges de cinq minutes, cela ne peut remplacer ce que nous faisons ici dans nos échanges et nos discussions sur les différents projets de loi, chose que nous ne faisons pas du tout lorsque nous sommes constitués en comité parlementaire spécial. Nous ne débattons pas d'un budget, par exemple. J'y reviendrai plus tard.
Voici ce qu'a déclaré Christian Leuprecht, professeur à l'Université Queen's:
Au bout du compte, le grand principe constitutionnel sous-jacent en l'espèce est le principe du gouvernement responsable. C'est d'abord et avant tout une question de responsabilité ministérielle en situation de crise et d'urgence. [...]
Le Parlement a le devoir suprême, surtout en temps de crise, d’obliger l’appareil exécutif à rendre des comptes. Les Canadiens ont besoin d'une surveillance parlementaire continue du pouvoir exécutif et des décisions des instances gouvernementales.
C'est le rôle des députés de l'opposition et des députés ministériels d'arrière-ban de poser les questions difficiles. Notre Constitution, notre système parlementaire fondé sur le modèle de Westminster, s'appuie sur cette reddition de comptes ministérielle, qui n'a pas lieu lorsque nous travaillons au moyen de Zoom.
Cela préoccupe les gens dans ma circonscription. Lorsque je suis ici, je peux prononcer mon discours de 10 minutes, participer à la période de questions et disposer d'une certaine période de temps en comité pour parler des préoccupations des habitants de ma circonscription. J'aimerais d'ailleurs parler de certaines de leurs préoccupations maintenant.
L'une des propriétaires de petites entreprises de ma circonscription possède quelques entreprises. Elle a dit qu'elle avait dû fermer les portes en raison du genre d'entreprise qu'elle exploitait, et qu'elle avait du mal à payer son loyer. Malheureusement, son propriétaire refuse d'adhérer à l'Aide d'urgence du Canada pour le loyer commercial. Elle va donc être obligée de quitter les lieux sans payer et son locateur va devoir lui courir après pour les mois qui lui restent à payer. Cette affaire va se retrouver devant les tribunaux et pourrait même avoir des conséquences sur ses autres entreprises, car la propriétaire en question n'a plus d'argent.
Si j'ai l'occasion de participer à une réunion du comité spécial et aux 95 minutes pour les questions et réponses, je vais peut-être obtenir des réponses du ministre, mais si nous sommes ici toute la journée, j'aurai plus de chance d'aborder les questions directement avec le ministre.
Pour leur part, les agriculteurs sont vraiment aux prises avec de grandes difficultés. La région d’Interlake que je représente a connu sécheresse après sécheresse. Il y a eu auparavant la crise de la vache folle ainsi que les inondations le long du lac Manitoba et du lac Winnipeg, qui ont frappé durement beaucoup d’agriculteurs. Ces derniers ont suffisamment de pâturages et ils essaient de cultiver leurs champs et d’obtenir de quoi nourrir leur bétail pendant l’hiver. En outre, comme nous le savons — et je remercie mon collègue de pour le magnifique travail qu’il fait en qualité de porte-parole en matière d’agriculture —, les prix de la viande sont à la hausse parce qu'il y a moins de viande bovine transformée dans nos usines, les abattoirs étant touchés par la COVID et les travailleurs ne pouvant pas se rendre au travail.
Le contraire se produit en raison de l’offre excédentaire dans les parcs d’engraissement et chez les éleveurs de veaux de boucherie. Un citoyen de ma circonscription a perdu 600 $ par tête sur les veaux qu'il a gardés pendant l’hiver, comme il le fait toujours. Il a vendu ses bêtes au printemps 600 $ de moins que l'année précédente. La plupart des éleveurs ne pourront pas soutenir une telle baisse. La perte s’élève à plus de 60 000 $ pour ce seul agriculteur.
Ma circonscription compte également une exploitation de pêche commerciale qui a suscité de nombreuses préoccupations. L'Office de commercialisation du poisson d'eau douce a cessé d'acheter du doré du lac Winnipeg et n’essaiera même pas de le mettre sur le marché parce que les restaurants qu’il approvisionne ont tous fermé et qu'il y a une surabondance de stocks. Les pêcheurs doivent se rendre plus loin sur les lacs et ne peuvent rien attraper d’intéressant, comme du doré ou du poisson blanc qu’ils pourraient vendre.
Ce qui manque dans tout ce processus, c’est un budget du gouvernement. Nous faisons cette année des dépenses qui pourraient très bien nous amener à avoir un déficit égal au budget de l’an dernier, qui s’élevait à 350 milliards de dollars. Avec la contraction de l'économie et l'augmentation des dépenses gouvernementales en réponse à la COVID-19, nous pourrions avoir un déficit de 350 milliards de dollars. Or, le gouvernement n’a toujours pas présenté de budget ni rendu compte de la façon dont il dépense cet argent sans faire s'effondrer l’économie et sans nous engloutir dans une dette dont nous pourrions ne plus jamais émerger.
Comme parlementaires, il nous incombe de nous occuper des contribuables, mais nous ne pouvons pas le faire à cause de ce comité spécial.
Je pourrais continuer longtemps. Dans ma circonscription, les propriétaires d'armes à feu sont mécontents. Les questions de ce genre doivent faire l'objet de discussions en comité, mais les travaux de certains comités sont suspendus. Le comité de la sécurité publique ne se réunit plus. Le comité de la défense nationale, dont je suis le vice-président, a interrompu ses travaux. En l'absence de ces comités, nous ne pouvons pas étudier en temps opportun les enjeux de l'heure afin de pouvoir répondre aux préoccupations des Canadiens d'un bout à l'autre du pays.
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Monsieur le Président, c'est un privilège et un honneur pour moi de pouvoir m'adresser à la Chambre des communes et de prendre part au débat d'aujourd'hui. Le simple fait de pouvoir être ici pour débattre, prendre la parole et voter est un privilège en soi, le même qu'ont eu les membres des 42 législatures qui nous ont précédés.
En cette 43e législature, j'ai du mal à imaginer que certains élus soient disposés à renoncer à ce privilège, mais on dirait que c'est le cas. En pleine pandémie, le gouvernement a présenté une motion limitant les attributions du Parlement. Même si force est d'admettre que le texte à l'étude est mieux que la première version qui nous a été soumise, nous sommes encore loin d'un Parlement en bonne et due forme. Je trouve honteux que l'on puisse utiliser ainsi la crise pour dévaloriser la démocratie.
Les Canadiens se sont montrés à la hauteur depuis le début de la pandémie. Ils ont respecté les consignes de la santé publique et pris leurs précautions. Les travailleurs de la santé qui sont en première ligne ont risqué leur santé et leur sécurité pour prendre soin de leur prochain. Ceux des services essentiels se sont adaptés afin de pouvoir offrir aux Canadiens les biens et les services dont ils ont absolument besoin. Tous autant que nous sommes, nous avons subi des bouleversements et vécu des difficultés imprévues. Qu'elles soient de nature sociale, économique ou sanitaire, les répercussions de la pandémie de COVID-19 se font sentir partout, et même si chacun peut être touché à un degré différent, personne n'est complètement à l'abri.
Alors que les Canadiens de partout au pays affrontent ces défis, ils doivent savoir que le gouvernement se montre aussi à la hauteur. Ils doivent être convaincus que le gouvernement est déterminé à obtenir les meilleurs résultats pour eux et qu'il multiplie les efforts pour que personne ne soit laissé pour compte. En ce moment, nous vivons les répercussions immédiates de cette crise sanitaire, mais nous ignorons toujours quels seront les effets à long terme.
Le leadership dont fera preuve le gouvernement déterminera, dans une large mesure, les effets à long terme de cette crise. Un bon dirigeant rend des comptes. Or, la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui est essentiellement une demande du pour avoir moins de comptes à rendre. En limitant le rôle du Parlement, le premier ministre dit aux Canadiens qu'il aimerait avoir un public au lieu d'une opposition. Le gouvernement voudrait que le Parlement gouverne sans examen, sans débat et sans opposition. Ce n'est toutefois pas ainsi que le régime démocratique canadien fonctionne.
Le Canada est une démocratie représentative. Trois cent trente-huit députés sont élus partout au pays afin de représenter des dizaines de milliers d'habitants. Tous ont été envoyés au Parlement avec un mandat confié par ceux qui les ont élus. Chacun d'entre nous a la responsabilité de représenter tous les électeurs de sa circonscription.
Si certains députés pensent qu'en temps de crise, leur responsabilité envers les gens de leur circonscription est moindre, je me demande pourquoi ils ont fait inscrire leur nom sur les bulletins de vote. En temps de crise, notre responsabilité envers les habitants de nos circonscriptions est encore plus grande. En tant que députée de la loyale opposition de Sa Majesté, j'ai le devoir de demander des comptes au gouvernement. J'ai le devoir de demander des réponses au nom des habitants de ma circonscription, de défendre leurs intérêts et de les faire connaître.
En tant que députée de la Saskatchewan, je souligne que l'Ouest du Canada est remarquablement absent du Cabinet et des banquettes du gouvernement en général. L'automne dernier, l'Ouest du Canada a rejeté les politiques inefficaces de l'actuel gouvernement libéral. Il a rejeté les attaques du contre son gagne-pain et ses collectivités. Dans notre démocratie, il en a le droit.
Le , toutefois, n'a pas la liberté de faire taire leurs voix en gouvernant sans les partis de l'opposition. En fait, les principaux moteurs économiques de ma circonscription, Battlefords—Lloydminster, ont été totalement exclus de la réponse du gouvernement à la COVID-19. Ils ont été exclus malgré l'importance pour notre pays de ces deux moteurs économiques.
Premièrement, le n'a rien fait pour soutenir le secteur pétrolier et gazier du Canada, un secteur qui sera très important pour favoriser une reprise économique rapide dans l'Ouest canadien et, en toute honnêteté, dans l'ensemble du Canada. À part faire de beaux discours pour la forme, le premier ministre n'a rien fait pour aider concrètement ce secteur. Les heures, les jours et les mois passent, et ses paroles sont vides de sens. Étant donné les attaques passées du premier ministre envers le secteur pétrolier et gazier et son but avoué de le supprimer graduellement, il est difficile de ne pas voir cela comme une tactique dilatoire destinée à faire péricliter le secteur jusqu'à ce qu'il disparaisse.
L'agriculture est un autre secteur qui a été laissé pour compte dans le cadre des mesures du gouvernement à l'égard de la COVID-19. Les familles de travailleurs agricoles de tout le pays doivent déjà faire face à une crise qui les touche plus particulièrement. Dans la dernière année, ce secteur a déjà dû composer avec de nombreuses difficultés, et la COVID-19 est un autre coup dévastateur. Les agriculteurs doivent composer avec une hausse des coûts de fonctionnement, la perturbation du secteur des services, des pénuries de main-d'œuvre et des capacités réduites dans les usines de transformation. Les agriculteurs et les producteurs ont déjà sonné l'alarme.
Pour maintenir un approvisionnement constant en aliments sains et abordables, nous devons renforcer le premier maillon essentiel de la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Nous savons que la Fédération canadienne de l'agriculture a demandé au gouvernement de constituer un fonds d'urgence. Or, au lieu de répondre aux difficultés liées à la COVID-19 qui touchent plus particulièrement les agriculteurs, les libéraux ont annoncé de nouveau un financement déjà prévu dans le budget. Pire encore, pendant que les agriculteurs essaient de composer avec les difficultés liées à la COVID-19, le gouvernement a augmenté la taxe sur le carbone, allant ainsi chercher plus d'argent dans leurs poches pendant la période où ils en ont le moins les moyens.
Une telle incurie à l'égard de ces deux secteurs importants pour le pays vient souligner le rôle absolument crucial du Parlement. Le gouvernement doit rendre des comptes tant sur ce qu'il fait que sur ce qu'il ne fait pas. Il est essentiel que les députés puissent soulever des questions importantes qui touchent les gens qu'ils représentent. Ils sont leur voix dans le processus démocratique.
À maintes reprises, pendant les séances du comité spécial sur la COVID-19, le gouvernement a esquivé les questions des députés de l'opposition. Il ne veut tout simplement pas y répondre. Il fait la sourde oreille aux questions qu'il ne veut pas qu'on lui pose et se justifie en disant qu'elles débordent du cadre du mandat du comité. Je dirais que les répercussions de la COVID-19 sont tellement vastes qu'il n'y a pas grand-chose qui peut déborder de ce cadre. Devant cette tendance à l'évitement, difficile de se convaincre que les choses changeront tant que la Chambre des communes ne tiendra pas de séances en bonne et due forme.
Ce n'est pas au gouvernement en place qu'il revient de décider comment il devra rendre des comptes sur sa façon de diriger le pays. Par ailleurs, le et le ne semblent pas vraiment intéressés par la responsabilité financière ni par la reddition de comptes.